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 Aurelian - Love hurts

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Aurelian L. Kieser
Aurelian L. Kieser
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Messages : 131
Date d'inscription : 15/07/2012

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Aurelian - Love hurts Empty
Ven 24 Aoû - 20:34


Baby can you see through the tears?


Ça ne peut plus continuer comme ça. Je vais le tuer, putain. Je vais rentrer un soir et il sera sur le matelas, convulsant, l’écume aux lèvres et la mort dans ses yeux révulsés. Ça ne peut plus continuer comme ça. Cette phrase qui se tourne et retourne dans ma tête, qui s’adapte, se transforme mais garde toujours la même essence fatale et douloureuse. Je lui fais mal. Je le mène au bord du gouffre et je ne peux pas le rattraper s’il tombe. C’est moi qui va l’y avoir poussé, sans même le réaliser. Il se brûle à petits feux, se consume, s’épuise. On est si jeunes et déjà, on se sent crever, parfois. Moi j’me sens crever, parfois. Quand ça tourne tellement que j’m’en vomis les tripes et qu’après, je me retape deux MDMA. Pour ne pas perdre mon high. Il est sacré, ce high. C’est l’absolution, la liberté. C’est mon cœur battant, arythmique. C’est l’air toxique et nocif que je respire, qui remplit mes poumons, qui me pourrit, me salit, me fait vivre. Ce sont mes sens parfois décuplés, parfois assourdis. Mes sens rendus synthétiques, plastiques, chimiques. C’est ma bouche sèche quand je passe trop de temps sans rien prendre, mes yeux vifs, presque effrayés quand je meure d’envie de me shooter, quand ça me démange tant que je me creuserai la chaire jusqu’à l’os. Je vais le tuer. Parce que franchement, je ne vois pas en quoi moi-même je pourrais vivre après vingt-cinq ans. Chaos, envie, démence, pulsions. Ça fait déjà un an que je ne me considère pas bien plus qu’un animal. Sauvage et damné à crever, abattu par une faim irraisonnée qui m’aura menée aux dernières secondes de ma vie. Comme le fauve orgueilleux que l’on tire au flanc alors qu’il chasse. I’ll die, and I don’t want to take him down with me. He’s worth so much more. He’s everything, and even more.

Ça fait un p’tit moment que j’y pense. Trois jours, plus exactement. Que je me dis qu’il faut que je parte. Un nœud serré, douloureux, voire violent vient étreindre mon torse et ma gorge quand je pense que c’était la dernière fois que je lui faisais l’amour. J’ai envie de le serrer dans mes bras encore, l’embrasser encore, le prendre encore. Le sentir contre moi, sur moi, sous moi, l’entendre appeler mon nom de sa voix brisée, serrer sa peau entre mes doigts, laisser mon nez se perdre dans sa chevelure. Encore et encore, comme cela vient de se produire. Mais je ne peux pas. C’était la dernière fois. Je n’ai pas pris la peine de m’habiller. La couverture à peine ramenée sur mes hanches, je me tourne pour étirer mon bras vers mon étui de métal. My magic box. Je l’ouvre, en observe le contenu. Il est bien plein. Un instant, je me demande si je ne devrais pas prendre un truc. Parce que je me sens mal dans ma peau, parce que j’ai spécialement envie de me défoncer la tête quand je me sens comme ça. Quand j’ai un peu envie de mourir. Mes doigts s’arrêtent un instant au-dessus d’une dose de crack. No, I can’t. J’ai besoin de savoir à peu près ce que je fais. Sinon je ne partirais jamais. Et il faut, putain. Il faut que je parte. Ça ne peut plus continuer comme ça. Pour lui. Je couche ma tête sur l’oreiller, passe ma main sur mon visage un instant. Avant de vite le regarder, pendant qu’il fume à la fenêtre. Il est tellement beau, what the fuck… How is that even possible? To be so damn perfect in every single way? Il me regarde un instant; je lui souris tendrement. Ouais, toi. L’être fait sur mesure pour moi, à croire que nos âmes n’étaient qu’une seule, avant de se séparer. Puis se retrouver. Puis se séparer une autre fois, ce matin. Je me mords l’intérieur de la joue lorsqu’il se retourne vers la fenêtre. Ne jamais oublier cet instant. Où je le vois heureux, bien, comblé. Mon cerveau cristallise cette image, l’entraîne dans ma mémoire effrayante et monstrueuse. Tu seras toujours avec moi. But I hope you’ll forget me. I’m not worth the tears you’ll cry.

Il se déshabille une nouvelle fois, retrouve sa place au creux de mon bras, sa tête doucement posée sur mon torse. Et j’ai envie de pleurer comme jamais avant. J’ai envie de sangloter, de m’épuiser du désespoir qui m’habite. J’ai envie de crier. Et si je me trompe? Et si on pouvait réellement arriver à quelque chose, nous deux? Et si on peut se sortir de cette merde main dans la main? Et si c’est l’homme de ma vie? Mes lèvres effleurent son front frais de l’air de l’extérieur alors que je le serre contre moi, en tentant d’avoir l’air le plus naturel possible. Malgré ce malaise qui m’étouffe, qui me permet seulement, à peine, de lui murmurer bonne nuit. Ce malaise qui me noue la gorge, les poumons, le ventre et le cœur. Je n’ai pas fermé l’œil. J’ai pensé. Je l’ai caressé, ma paume explorant une dernière fois les lignes, traits et sillons du corps que j’ai si souvent désiré et fait trembler. I’ll never forget you. Mais je t’aime trop pour rester. Le soleil finit par se lever, éclairant doucement de sa lueur bienveillante les traits apaisés de Nikolai qui sommeille toujours. I have to go. Je profite de sa présence encore quelques minutes, je le regarde, trace les traits captivants de son visage du bout de mes doigts. Je m’écarte doucement, habilement, puis je m’habille. Je ne veux pas partir. J’ai mal, fuck. J’ai mal à ma vie, j’ai mal à mon âme. Elle se déchire, se débat, agonise. Mes choses se retrouvent dans mon sac sans que je m’en rende compte. Une sorte de transe malsaine, où tout ce que je fais, c’est regarder autour de moi. Pour me souvenir. Des peintures, des dessins, de la fresque. Du lit, des fenêtres. De lui. Son sourire, ses rires, ses yeux. Je suis prêt. Non, je ne suis pas prêt. Mais je dois le faire. Mes clés sont dans mes poches, mes clopes, mon étui de métal, mon portable. Mon sac sur mon épaule creuse ma peau et mes os. Je m’approche du lit, je me penche vers lui. Je caresse sa joue une autre fois. Le bout de mes doigts se mêle un instant à la frontière de sa chevelure bleutée. Mon pouce trace délicatement la courbe de ses lèvres. Elles bougent délicatement, enlacent à peine mon doigt et le haut de mon ongle, même s'il dort toujours. Et je souris, désespéré. Du sourire le plus triste qui n'ai jamais pris place sur mon visage. Je souris parce que je ne peux rien faire d'autre. Parce que je suis con, parce que je veux rester.

Reste, Auré. Ça fonctionnera. Vous y arriverez, à vous deux. Et vous allez être heureux. Ensemble.
Shut the fuck up. He deserves so much more than what I can offer him.

Le sol ne craque presque pas, alors que je fais mon chemin vers la porte. Un dernier coup d’œil derrière mon épaule. Il est déjà trop tard. Je suis déjà parti. Je referme la porte derrière moi, la verrouille. Et je marche. Les rues n’ont jamais été aussi grises, moches, sales, dégoûtantes. J’ai encore envie de vomir. Je ne sais pas où je vais aller, je ne sais pas ce que je fais, je ne sais rien. Sauf que j’aime ce mec à mourir, et que je ferais tout pour lui. Même partir. Pour qu’il s’en sorte. Je ne l’ai que retenu. Il sera triste. Il m’en voudra. Mais un jour, peut-être, qu’il verra que je n’étais qu’une vermine, qu’un parasite. Et il ira mieux. Et il sera heureux. Et un autre type pourra le combler, mieux encore que j’ai pu le faire. Je marche jusqu’au parking où se trouve ma moto. J’essaie de me rendre. Mais mes genoux flanchent d’abord. Et sans que je ne puisse l’expliquer, je fonds en larmes. Je pleure, je pleure à m’en fendre l’âme, à m’en arracher le cœur. Je pleure, je pleure. À en être malade, finalement. Je pleure à venir prendre mon visage entre mes mains un moment, penché au-dessus de mes genoux. Mon téléphone vibre dans ma poche. Je m’arrête subitement, je sors le portable. Un premier SMS. Je le lis. « Tes trucs sont disparus, et toi aussi. T’es où, Auré? ». C’est un autre coup de poignard dans le ventre, alors que les sanglots reprennent de plus belle. Puis la sonnerie, il m’appelle. Arrête, je t’en prie. Je fais ça pour toi, chéri. Je t’en supplie. Arrête. Je pousse un rugissement alors que, de toutes mes forces, je lance le téléphone sur un mur de pierre. Il éclate en morceau. La sonnerie se tait. Les épaules toujours secouées et les joues toujours maculées de liquide lacrymal, je me redresse et cours jusqu’à ma moto. J’embarque, et je conduis.

Cette nuit-là, j’ai essayé de m’enlever la vie. J’ai été quelques jours à l’hôpital, pour traiter l’overdose d’héroïne que j’ai fait subir à mon corps. J’en ai voulu aux gens qui m’ont trouvé à moitié mort dans la rue. J’aurais préféré crevé. Ç’aurait été moins difficile.

Night has fallen. And I don’t expect the sun to rise.


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