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| Nikolai L. Valdick
Messages : 202 Date d'inscription : 08/01/2012
Carte d'Identité Âge: 19 ans Don:
| Ven 24 Aoû - 20:28 | |
| Aurelian K. & Nikolaï V. ♥
« It’s not important for me. It’s not new for you. It's useless for me. It's necessary for you. »04h37. Berlin, Allemagne. Veille du départ d'Aurelian Il fait nuit noir, et nous fuyons les lasers et autres spotlights, un peu hâtivement, pour retrouver l'ambiance orangée et sombre des ruelles de Berlin. La nuit est froide, et étrangement silencieuse. Et nous, nous sommes complètement ivres. D'alcool, de drogue, et de l'un et de l'autre. La musique résonne au loin, et le silence de la ville endormie nous appelle. Je pose mon doigt sur sa bouche. Tais toi, on va nous entendre. Arrête, j'suis déchiré. Il m'attrape la main, je le bouscule maladroitement.Il me tourne autour. J'aimerais pouvoir lui échapper, mais il sillonne mon cœur de long en large. Et mes yeux brillent comme jamais. J'aimerais comprendre ce qui m'arrive, mais je sais que cela m'échappe totalement. Je le regarde sourire, et il esquisse une moue bizarre, avant de m'attraper par les hanches, en titubant tout comme moi. Je me mets à rire aux éclats, et j'écarte ses mains, qui commençaient à se glisser sous ma chemise. Mes cheveux entravent ma vue de façon chaotique, tout comme l'alcool qui embrume mes pensées. Je sens sa peau, je sens son odeur. A cet instant, je sais qu'il est bien plus qu'un garçon quelconque. Je ne suis pas immunisé contre lui, et il ne quitte plus mes pensées. Il prend toute la place dans mon cœur vide et creux. Il a comblé la vacuité et maintenant il est tout pour toi. Il me prend la main, et je serre ses doigts entre les miens. Il essaye de m'embrasser, et moi, farouche, je me recule et le repousse de nouveau. Et nous rions aux éclats de nouveau. Je caresse sa joue, et il embrasse ma main. Alors je pose de nouveau un doigt sur sa bouche, car il fait encore trop de bruit, même si j'en fais autant que lui en réalité, et je lui ordonne de se taire. Il me plaque contre le mur, et là, il ne me laisse plus le choix. Mais qu'est ce que tu fais ? Ses lèvres s'écrasent sur les miennes, alors je les mords, et je rejette sa langue. Il me mord le cou, il glisse ses mains sous mes vêtements. Ses doigts labourent ma peau, et sillonnent mon être. Je me sens faible et fort en même temps, fragile et puissant. En fait, c'est parce que je suis au dessus du monde ce soir. Au dessus de tout. Au dessus du bien et du mal, de l'humanité et de la morale. Je crois qu'il m'élève au dessus des hommes. En ce monde, rien ne nous entrave. Nous avons laissés tomber nos chaînes, et nos poignets meurtris se sont trouvés, fragiles et abîmés. J'ai pris sa main, et depuis, j'ai compris qu'il était mon absolution. Le salut que j'attendais depuis si longtemps. Nous nous fichons de tout, à tel point que cela en devient outrageux. Le pavé froid fait frissonner ma peau, tandis que ses baisers brûlants me donnent de la fièvre, mon front bouillant peut en témoigner. Je me recule, et je le regarde un peu mieux. Je le trouve beau, même magnifique. Je fixe son regard perçant, et je scrute son âme. Je sais que son âme est belle. Je discerne à peine les courbes de son visage dans la lumière orangée des lampadaires. Mais je sais qu'il est beau à mourir, et que rien n'est plus magnifique à mes yeux, bien que je ne perçois qu'à peine son regard vert à travers les ombres. Je vois ses lèvres vibrantes, et ses traits fins cachés dans l'obscurité. Je le retourne sur le mur. Laisse moi faire maintenant. Et je l'embrasse comme si ma vie en dépendait directement, tellement je suis dingue de lui, et que l'envie me ronge de l'intérieur. Trop grand, trop puissant. Et comme si c'était un jeu, il renverse de nouveau les rôles, me bloque et prend appui sur son avant-bras contre le mur. Il est plus grand que moi, bien plus grand, et il baisse la tête pour m'embrasser, et je ferme les yeux en m'offrant tout entier à lui, soumis et libéré en même temps. Je souris, et je l'attrape par la main. Je crois que les ombres de la nuit nous appellent. Alors on reprend notre course un peu trop folle, dans cette ville un peu trop sombre et froide. On foule les pavés, on érafle les murs, et on traverse des ruelles, le souffle haletant et saccadé. On arrive finalement chez nous. Tu ne trouves pas que ça sonne bien, dis comme ça ? C'est un simple squat, un appartement pourri qu'on loue pour pas grand chose, juste pour vivre librement notre vie décousue et sans limite. C'est trois pièces seulement. Une cuisine-salon, une salle d'eau, et un toilette. C'est pas bien grand, et il n'y a quasiment aucun meuble. Le frigo est toujours vide, de toute façon, on n'a jamais faim. Même pas de lit, simplement une énorme matelas, épais et lourd sur le sol, recouvert de deux couvertures épaisses et d'une flopée d'oreillers. Le coin cuisine se résume à quelques meubles, un évier, un frigo, une petite table, un four. Mais la pièce est propre, les murs ne sont pas humides et la peinture n'est pas abîmée. Autour du lit, des tas de rouleaux de papiers, de toiles et de pots de peinture sont éparpillés. On peut apercevoir quelques dessins en cours, d'autres terminés. Dans un délire à l'ecstasy, on a même peint un pan de mur avec une immense fresque colorée. On ne sait pas trop ce que ça représente, mais on a toujours trouvé ça très joli au final. Aurelian se galère à ouvrir la porte, et finalement, on finit par l'ouvrir violemment en grand. Il m'embrasse, et je claque la porte du pied, juste avant qu'il me soulève et m'assoit sur la table. J'attrape son visage entre mes mains, puis il enlève avec hâte mes vêtements. Torse nu, je me redresse, et l'attire vers le lit sur lequel il s'allonge, puis je m'assois à califourchon sur lui, et j'ôte sa chemise. Je ne veux plus rien voir sur toi. Et nous avons fait l'amour, avec passion et fougue. Car ça a toujours été de cette façon entre nous, à la limite entre le fantasme et la réalité, toujours tangent. C'est dans ces instants là que je me sentais entier, en osmose avec lui, comme si il n'était que le prolongement de mon propre corps et de mon esprit. Ce n'était plus du sexe, c'était quelque chose de métaphysique, de bien plus puissant. En fait, ça dépassait l'entendement, ça n'avait rien à voir avec la drogue, car ça, c'était sain, c'était naturel. Mon souffle est court, et j'ai l'impression de ne plus respirer par moment, sûrement parce que mon cœur s'arrête de battre par moment, étreint par le bonheur. Ses mains sur ma poitrine brûlante, son ventre sur mon dos. Et dans un dernier éclat, après un long moment de passion et de bonheur, il me relâche, et je m'effondre sur le lit, encore nu et à bout de souffle. Je me redresse, après quelques minutes de repos, et j'enfile un jeans que je ne prends pas la peine de boutonner, et j'allume une cigarette avant d'aller me pencher sur la fenêtre ouverte. La vue n'est pas terrible ici, et on ne voit rien de véritablement intéressant, mais j'aime la sensation de l'air froid et humide de la nuit après avoir fait l'amour. La cigarette, c'est important aussi, bien que cela fasse un peu cliché, mais c'est vrai que c'est agréable. Je lui lance un regard, et je le vois allongé, en train de me fixer. Je ne peux me retenir de lui sourire, tout en me mordillant la lèvre inférieur, dévoré de ma passion intérieure. Je termine ma clope, et j'envoie voler au loin le mégot incandescent avant d'enlever mon jeans, et de m'allonger de nouveau à côté de lui. Je nous couvre avec la couette, tout en posant ma tête sur son torse encore chaud, et il m'entoure de son bras. N'avais-je pas vu venir la tempête ce soir là ? Non, je me suis endormi, innocent et naïf, comme si rien ne pouvait m'arriver, pas tant qu'Aurelian est là avec moi. Malheureusement, j'aurais dû entrevoir l'avenir, et comprendre qu'il partirait un jour ou l'autre. C'est le lendemain, le soleil pénètre dans la pièce faiblement, tandis que les rayons réchauffent les couvertures lentement. J'ouvre lentement les yeux, ébloui par cette lumière éclatante. Elle est même sublime. Je ne ressens rien, si ce n'est une lente et profonde léthargie, un engourdissement général du corps. Et j'ai senti un vide autour de moi, comme si quelque chose avait disparu. Je touche brièvement mon côté, et je sens les couettes froides. Alors je me redresse d'un bon, et je constate de mes yeux engourdis l'absence d'Aurelian. Je regarde autour de moi, pris d'une panique inexplicable et sourde, et je remarque que ses vêtements, ses affaires, et son sac n'est plus là. Je reste silencieux, paniqué et désarmé. Je sors du lit, et me redresse, la couverture posée sur mes épaules. Ses clés ont disparu également, et je comprends qu'il ne reste aucune trace d'Aurelian, comme s'il avait disparu dans la nuit. Comme s'il n'avait jamais existé autre part que dans mes fantasmes. Je lui envoie un SMS immédiatement, puis un deuxième, et encore un autre. Je lui ai envoyé exactement 14 SMS. J'ai essayé de l'appeler de nombreuses fois, sans succès bien sûr, pour finalement devoir me rendre à l'évidence. Il était parti. Il ne reviendra sûrement pas, ce n'est pas son genre de laisser son portable sonner sans répondre. Mais j'avais l'espoir, alors j'ai attendu, assis sur le lit. J'ai attendu toute la journée, en dessinant des conneries sur mes carnets de dessins. J'ai même écris quelques partitions. Et j'ai attendu comme ça des heures, jusqu'à la nuit. J'ai essayé de l'appeler, j'ai envoyer des messages, j'ai saturé sa boite vocale. Comme des centaines de SOS lancés à tout va. Mais plus le temps avançait, et plus je comprenais. Alors j'ai craqué : j'ai pété un câble. Je retourné tout ce que je pouvais, j'ai détruit cette putain de fresque à la con, et j'ai déchiré tout ce que j'ai pu trouver. Plein de rage et de haine. Comment pouvait-il m'abandonner ? J'ai détruit tout ce que j'avais sous la main, à mesure que je sentais mon cœur et mon amour tomber en morceaux. Un véritable fou. J'ai cru perdre la raison ce jour là, mais finalement je me suis arrêté, et je me suis écroulé à genoux, au milieu des papiers déchirés et des pots de peinture éventrés. Il ne restait plus rien, tout venait de voler en éclats dans la douleur la plus insupportable que je n'ai jamais connu. Je lui avais tout donné à ce garçon. Mon amour, ma confiance, mon corps. Tout ce que je suis lui appartenait, et il m'avait laissé en plan, tout seul. La peinture dégoulinait sur mes vêtements, mon t-shirt déjà maculé de tâches diverses, et mon visage en pleurs. J'avais terriblement froid, je me sentais seul et désarmé. Mais je n'avais plus la force de faire quelque chose. Mourir semblait être un sort presque enviable. Tout ce que je pouvais faire, c'était pleurer et crier, recroquevillé dans l'ombre au milieu des ruines de mon bonheur. Il n'y avait plus d'étoiles dans les yeux, plus de rêves ni d'espoirs. C'était terminé. Tout ce qu'il restait, c'était des promesses brisées et un avenir déchiré. Un amour meurtri, et un garçon détruit. Des milliers de questions se faisaient bataille dans mon crâne blessé, mais tout cela restait sans réponse. J'avais beau crier et hurler de toutes mes forces, rien ne pouvait changer. Cette nuit là, je n'ai pas dormi. Je n'ai fais que me décomposer tout seul, au milieu de cet endroit qui autrefois était notre repaire, à regarder mon univers s'écrouler autour de moi. Ce n'était que la genèse de ma future descente aux enfers, loin d'Aurelian. - Spoiler:
RP solo qui raconte le départ d'Aurelian, qui ouvre ainsi ma petite section personnelle. Hu hu ~ Je posterais certainement à la suite les autres solos que j'peux écrire parfois. J'pense qu'il faudra que j'raconte l'explosion de Synchronicity perçue par Nikolaï, pour mieux cerner son traumatisme lié à ça.
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| | | Nikolai L. Valdick
Messages : 202 Date d'inscription : 08/01/2012
Carte d'Identité Âge: 19 ans Don:
| Ven 31 Aoû - 16:19 | |
| Un solo un peu long qui raconte une fin alternative pour Niko'. Volontairement, je n'ai pas précisé énormément la date, le lieu, et les facteurs qui ont poussé Niko' jusqu'à ça, même si j'évoque quelques pistes au cours du texte. Cependant, ça se place dans la perspective où Nikolaï n'a jamais retrouvé Aurelian et qu'il s'est enfoncé plus profondément dans la drogue. C'est volontairement très dark, et un peu glauque. D'ailleurs, la scène finale est un peu gore ceci dit, donc bon. ATTENTION AUX ÂMES SENSIBLES Petite dédicasse à May, Will, Sasha, Yugi et Aurelian. Because of reasons. ~ - Spoiler:
« Beatus vir, qui suffert tentationem, quoniam, cum probatus fuerit, accipiet coronam vitae. » Je ne supporte plus cet endroit. Chaque jour est un combat pour vivre. Non, pour survivre. Et j'essaye de gratter un peu de temps, afin d'entrevoir le futur. Mais rien ne bouge, et rien ne change dans cet endroit stérilisé et aseptisé. Absolument rien. C'est la même comédie tragique qui s'exécute chaque jour avec une précision déroutante et malsaine. La valse des clowns qui tournent autour de moi, avec leur sourire immense et blanc. Ils finissent pas me blesser, m'entailler la peau et les veines, et quand ils se sont nourris de mon sang, ils me détruisent un peu plus avec leur venin. Chaque jour, c'est cette même folie qui se répète, inlassablement, comme si le temps n'avait pas d'emprise sur ce lieu. J'ai beau essayer de trouver un sens à tout ça, et d'envisager quelque chose d'autre, mais les médicaments grillent mes pensées, et il m'est impossible de me projeter dans le futur. Impossible, car ces murs blancs se referment sur moi un peu plus tous les jours. Je suis prisonnier de la plus horrible des prisons : celle que mon esprit s'est forgé. Je me suis plongé dans le mutisme, et mon esprit s'est dilué, pour ne laisser qu'un corps vide. Une carapace sans vie, sans cœur, faite de souvenirs et de rêves brisés. Cela fait bien 3 mois que je n'ai pas ouvert la bouche et qu'aucun son n'en est sorti. A part peut être les sanglots que je laisse échapper, quand les médicaments relâchent leur emprise annihilante sur moi. Je passe mes journées allongé sur ce lit miteux, au milieu de cette chambre blanche. C'est une petite pièce étouffante, bien que lumineuse et claire de part la blancheur de ses murs. Le mobilier est simple et se compose d'un lit simple en fer, d'un chevet, d'une petite table simple et d'une chaise. Une seule et grande fenêtre laisse passer la lumière et l'air, cependant, les barreaux empêchent qui que ce soit de s'enfuir par cette issue. Deux cadres de mauvais goût et bon marché ornent les murs. Ils n'ont pas de vitres, car ce serait trop dangereux pour les patients. Je reste recroquevillé, habillé de cette horrible robe blanche qui me sert de tenue au quotidien. Je fixe le mur intensément, et j'enterre chaque jour un peu plus mon esprit dans un passé déchu. Les mêmes images, les mêmes souvenirs et les mêmes rêves défilent devant mes yeux, sans jamais trouver de repos. Je dors peu également, à peine 2 à 3 heures par nuit, mais très vite, les cauchemars et troubles psychotiques me rattrapent et me détruisent. Et comme à chaque fois, je me mets à pleurer silencieusement, car de toute manière, ici, personne ne m'entendra pleurer la nuit. Tout le monde se fiche de ce que nous pouvons ressentir au final. A quoi bon ? Nous ne sommes que des fous. Des marionnettes brisées. Nos sentiments ne sont plus que des bribes de souvenirs perdus dans l'allée de notre folie. Le jour où nous avons perdu la raison, nous avons perdu notre existence. Et on nous a entreposé dans cet hôpital psychiatrique, comme pour nous venir en aide, mais ils en ont rien à foutre. Ils veulent juste nous voir nous décomposer lentement, et derrière leurs masques blancs, ils rigolent bien de leurs petites expérimentations sur le corps et l'esprit. Alors que notre âme, enchaînés, se consume lentement, et souffre dans le mutisme le plus abject. Mes yeux sont dilatés, comme souvent, et je ronge nerveusement mes doigts qui saignent, comme souvent d'ailleurs.
Mais l'infirmière entre, suivi du médecin à ce moment là. Je ne les vois pas rentrer, mais je les entends, et rien que le son de leurs pas et le bruissement des feuilles m'indiquent de qui il s'agit. Le médecin marmonne quelque chose sur mon état, mais il y a bien longtemps que je ne l'écoute plus. De toute façon, il dit à chaque fois la même chose, en hochant la tête de façon désespéré, puis il ordonne à l'infirmière d'augmenter les doses, afin de me faire réagir, et de me programmer de nouveau rendez-vous avec le psychiatre. L'infirmière, elle, c'est une potiche. Elle ne comprend jamais rien, et elle s'habille très mal. Elle s'approche de moi, hésitante, et avance sa main sur mon épaule tout en me demandant si je vais bien aujourd'hui. Je reste un moment immobile, fatigué de devoir jouer cette comédie jour après jour, et je me retourne vers elle avant de m'assoir sur le bord du lit, la tête ballante et les bras mous. Je lui lance un regard sombre. Un regard qui traduit la haine que je ressens pour elle. A chaque fois, je vois son visage angélique et naïf. Son air inquiet quand elle s'approche de moi, car elle sait que mes réactions sont imprévisibles et que je pourrais me jeter sur elle au visage pour la démolir, et lui faire ravaler la merde qu'elle me donne chaque jour. Mais mon corps est faible, et je n'ai pas envie. Il y a bien longtemps que j'ai perdu la notion d'envie, car c'est bien la première chose qu'ils vous enlèvent ici, quand vous arrivez. Ils vous font comprendre le non-sens de votre existence, et que votre raison est une erreur de la nature. Que vous finirez pas faire mal à ceux qui vous entourent si personne ne vous arrête. Et ils démontent avec beaucoup de précision chaque parcelle de votre détermination et de votre personnalité. Ils brident chacune de vos envies, et se nourrissent de votre désespoir. Un désespoir qui s'apparente à une gouffre immense qui se creuse au quotidien à la sueur de notre froid. Une gouffre sans fin qui s'abreuve de notre sang et de nos espoirs disparus. Je ne lui réponds pas à cette salope, et je continue de la dévisager sans pouvoir bouger plus. Elle prépare alors consciencieusement les médicaments. Un par un, pour finalement me les tendre dans un petit gobelet en plastique transparent avec une verre d'eau. Sans la quitter des yeux, j'attrape fébrilement les deux récipients et j'ingère les cachets, puis le verre d'eau. Je sens qu'elle jubile, car encore une fois aujourd'hui, elle a réussi son coup et m'a fait prendre ces horreurs. C'est encore elle qui a eu le dernier mot, et qui m'a battu. Ma mâchoire se serre à mesure que je la regarde, à mesure que mon regard s'assombrit et que mes poings se ferment. Dans un accès de rage, je lance le verre contre le mur opposé, sur lequel il explose et se répand par terre, brisé tout comme moi. Mon regard ne se décolle pas du sien, et je vois bien qu'elle a peur. Immédiatement elle se relève, et court chercher deux autres infirmiers qui entrent dans la chambre et me plaquent sur le lit, en maintenant mes épaules clouées au matelas. Évidemment, je n'oppose aucune résistance, tandis que je regarde l'infirmière qui ramasse rapidement les éclats de verre, et qui, comme l'idiote qu'elle est, se coupe et laisse derrière elle trois gouttes de sang qu'elle essuie vaguement, formant ainsi une trace effacée de sang rouge sur le carrelage blanc, habituellement immaculé. Elle sort la première, puis les deux gorilles la suivent et referment avec précaution la porte. Je reste un moment sur le dos, immobile et haletant, tandis que ma rage se consume lentement dans ma poitrine. Mon regard vitreux se perd dans le plafond blanc, et les souvenirs défilent de nouveau.
Je le revois, lui, beau et fier. Il n'a jamais quitté mes pensées. Absolument à aucun foutu moment de ma sale vie je n'ai pas pensé à lui. Son visage, son corps, sa peau, son souffle. Tout me revient avec une précision alarmante. Mes sentiments renaissent au creux de mon cœur, et se consument aussitôt, comme tout ce qui peut naître de positif en nous. Une larme s'échappe de mon œil, roule sur ma joue froide, et éclate sur le drap blanc. Je suis incapable de ressentir de nouveau l'amour que j'avais pour lui. Je n'ai que des bribes de souvenirs, des pistes sombres et diffuses de ce que c'était. Parfois des flashs et des réminiscences viennent me hanter, avec une précision digne des pires tortures. Des souvenirs acérés qui viennent écorcher un peu plus mon âme anéantie. Et quand les souvenirs ne sont pas assez forts, c'est carrément les hallucinations qui viennent me tourmenter. Parfois je le vois debout, et il s'approche de moi, avant de se glisser sous mes draps pour se coller contre moi, son ventre contre mon dos. Je sens sa respiration et sa chaleur, mais je reste immobile, recroquevillé et tremblant. Je sais que c'est faux, et qu'il n'existe pas, alors je tremble et je pleure, pour finalement entrer dans un délire psychotique en frappant tout ce qui passe. Au final, je termine toujours attaché à mon lit, hurlant et pleurant toute ma rage et mon dégoût, crachant mon venin sur le monde, à mesure que le chagrin me noie et m'empêche de respirer. C'est le défilé des visages dans mon crâne. De ceux que j'ai aimé, et qui m'ont aimé en retour ou pas. Le visage angélique d'Aniela me revient brièvement, accompagné de son florilège de souvenirs déchirés et de sentiments aseptisés. Les souvenirs se délient et se lient entre eux avec une incohérence déroutante. Plus rien n'a de sens, et les souvenirs se font et se défont au gré du hasard. Des souvenirs parfois inventés de toute pièce, mais je n'en ai pas conscience. C'est si réel, presque palpable. Je reste allongé sur mon lit, à visualiser le film de ma mémoire folle qui file au rythme des secondes implacables qui sonnent un peu plus mon échéance. J'entrevois le visage de Clyde, de Cassandre, de Charlie. Emporté dans un flot d'images et de fragments dénués de sens, je respire de plus en plus vite. J'ai beau absorber l'air, j'ai l'impression d'étouffer un peu plus à chaque respiration. Le visage de mes parents, et la haine perpétuelle qui anime mon existence. La noirceur de mon âme. Le darkside qui me dévore depuis ma naissance. Je ne leur pardonnerais jamais. Je les déteste au plus profond de moi, et cette rage dévore un peu plus ce qu'il me reste de raison et d'esprit. Je les déteste de m'avoir mis au monde et de m'avoir abandonné dans ce dernier alors qu'il n'était pas fait pour moi. Ils s'en fichaient de ce qu'il adviendrait de moi, et leur petit bonheur égoïste aveuglait leur esprit fermé et dénué d'amour. Car ces gens ne savent pas aimer. Ils ne savent pas ce que c'est d'offrir son amour à quelqu'un, et de chérir cette personne de façon sincère et pure. Je leur en veux car mon existence est une erreur. Que la cause de mes tourments n'est rien d'autre qu'une petite erreur de rien du tout. Un faux pas en somme. Et de cette irrégularité, j'ai été engendré. Je suis simplement le fils et l'héritier de rien du tout. Juste une erreur, un bug, lâché dans un monde hostile. Un peu trop faible, et un peu trop fragile. C'est de leur faute si je suis dans cet hôpital psychiatrique, et si aujourd'hui il ne me reste plus rien.
Je me relève lentement, et m'assoit de nouveau sur le bord du lit. Fébrilement, je pose mes pieds sur le carrelage gelé, ce qui provoque un intense frisson dans tout mon corps. Je me dresse debout avec précaution, mes jambes soutenant à peine mon corps faible, et j'avance lentement vers la fenêtre. J'aperçois dans la vitre mon visage. Une visage au teint gris et creusé, les yeux cernés et assombris. La lumière a définitivement quitté ces yeux à présent ternes et vitreux. Mes cheveux sont bicolores : mes racines noires sont revenues, et ont pas mal poussé. Ainsi, mon crâne est noire et le reste est d'un bleu dégoûtant, terne et sans vie. De toute manière, mes cheveux sont sales, et trop longs. Ils tombent autour de mon visage, et me donnent un air épuisé et vide. J'enlève cette robe blanche rapidement, car je ne supporte plus de la voir sur moi, et je me retrouve en sous-vêtement, tremblant de froid. Mon corps est amaigri et triste à voir. On peut apercevoir mes côtés à travers ma peau, et mes hanches saillantes. J'ai perdu beaucoup de poids et de muscles, à tel point que je tiens à peine débout plus de 5 minutes. J'observe lentement mes clavicules apparentes, et mes frêles épaules sur lesquelles repose un cou mince et tendu. J'ai envie de chialer quand je vois cette peau grise et blême, accroché à mes os, alors que ma chair se disloque et disparaît chaque jour un peu plus. Si seulement cette abomination n'était que physique. Car ce sont des nausées permanentes qui assaillent mon ventre, et me soulèvent le cœur. Un cœur brisé et meurtri, qui demeure cristallisé et stérilisé dans ma poitrine un peu trop froide. Mes jambes me font mal à chaque instant, et fourmillent. Tout comme mon bras gauche et le cratère noir et pourri au creux de mon bras. Une abomination de plus, qui ne cesse de me dévorer la chair et de continuer son processus de putréfaction. J'effleure du bout des doigts la crevasse, et grimace de douleur tout de suite. Je regarde brièvement mes bras et mes jambes, aujourd'hui fins et osseux, et je décide de m'assoir par terre, contre le mur face à mon lit. Je m'adosse sur le pan de mur, et je me laisse glisser lentement jusqu'au sol. J'ai terriblement froid, et mon corps entier me fait souffrir. Et c'est alors que le film décadent de ma vie reprend son cours infernal. Je laisse ma tête pencher en arrière, en me demandant quand cela prendra fin un jour.
Je ne supporte plus ma vie. De toute manière, ce n'est plus une vie que je mène. Plongé de force dans un état hybride entre la mort et la vie, je n'ai plus conscience de moi-même et de ce que j'étais réellement un jour. La chaîne de mes souvenirs a été brisé, et les maillons brisés hantent mes nuits et mes journées, à un rythme insoutenable. Et plus rien ne me raccroche à la vérité. J'ai sombré si profondément dans les ténèbres que plus personne ne peut m'entendre et me venir en aide. Et je regrette aujourd'hui de ne pas avoir saisi certaines mains qui se sont tendues vers moi. Je regrette d'avoir voulu m'en sortir tout seul. Mais je n'ai fais que me bercer d'illusions, et plus je pensais m'en sortir par moi-même, plus je sombrais profondément dans l'alcool et la drogue. A tel point que j'ai fini par en perdre la raison. Sûrement à cause des lésions sur mon corps, et le manque n'aidant en rien la situation. Et des troubles psychologiques qui sont apparus par la suite, qui font que j'ai fini ici, après avoir tenté de défigurer un garçon sans véritable raison apparente. Coupable d'être un cinglé doublé d'un junkie, j'ai atterri ici. Mais je n'en peux plus, à chaque fois, c'est la même chose. Je me laisse dépérir, je refuse de manger, et j'ingère des médicaments au quotidien. Les flashs se bousculent dans ma tête sur le point d'exploser. Je l'attrape entre mes mains, tremblant de tout mon corps. Il faut que ça cesse. Les voix se multiplient et résonnent de plus en plus fort, dans un crescendo infernal et chaotique. S'il vous plaît, il faut que ça s'arrête. Et les souvenirs en vrac volent en éclats et se mélangent, pour donner une succession incohérentes d'images. C'en est trop. Après un mutisme interminable, je me mets à hurler de toutes mes forces, à tel point que ma gorge s'enflamme et ma poitrine explose de l'intérieur. L'hyperventilation se fait de plus en plus importante, et mon corps se crispe dans son ensemble, alors que je tremble comme jamais. Je le jure que ça cessera. Et dans l'élan le plus désespéré et le plus abject, sur fond de requiem dans ma tête, je plante mes dents dans mes poignets que je mords de toutes mes forces. Je sens la douleur qui s'affole dans ma bras, et la sensation de la morsure qui s'approfondit. La chair se déchire, mes dents traverse la peau et les muscles, et j'arrache ce que j'arrive à attraper avec force, et je recommence toujours plus fort. Le sang se répand à flot sur moi, les veines ouvertes, et son goût horrible étouffe mes cris inhumains. Dans ce carnage sanglant, je détruis ce qui me raccroche à ce monde. Ce corps hideux qui n'est plus que l'ombre de lui même. Une enveloppe vide hantée de souvenirs et de rêves. Mes poignets meurtris saignent, tandis que je termine d'exploser mes mains contre le mur en les projetant dessus avec une force surhumaine. Je détruis mon corps, car il m'emprisonne. Je veux que ça cesse à tout jamais. Je sens la vie qui s'enfuit de mon corps, tandis que mes poignets saignent à flot. Les voix se taisent, et les visages se diluent. Plus rien ne bouge, plus rien ne change. Les souvenirs se cristallisent dans ma mémoire, alors que mon cœur ralentit. J'aime cette sensation chaude sur moi, elle me rappelle d'agréables moments. Les infirmiers débarquent en trombe, moi, je me contente de perdre connaissance. Ils se précipitent sur moi et gueulent des ordres à tout va, dans une panique générale. Je vous en prie, laissez moi. Je souhaite simplement de tout cœur qu'ils ne me sauvent pas. Car dans le sommeil glaciale dans lequel je m'enfonce, je n'entends plus les tourments. Je me sens bien, et par là, je pense avoir trouvé mon salut dans ce monde. Un garçon qui n'aurait jamais dû venir au monde n'a pas de place dans celui ci. Il doit donc retourner dans le néant auquel il appartient. Disparaître dans les ténèbres qui l'ont engendré. A tout jamais.
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