Jean-Camille Douze
Messages : 214 Date d'inscription : 02/01/2012 Age : 29
Carte d'Identité Âge: 17 ans Don:
| Dim 8 Jan - 11:58 | |
| Palimpseste “Le palimpseste (du grec ancien παλίμψηστος / palímpsêstos, « gratté de nouveau ») est un manuscrit écrit sur un parchemin préalablement utilisé, et dont on a fait disparaître les inscriptions pour y écrire de nouveau. Cette méthode fut utilisée au Moyen Âge, surtout entre le VIIe siècle et le XIIe siècle, par des copistes qui, le parchemin coûtant cher, réutilisaient d'anciens manuscrits pour y copier de nouveaux textes. Pour cela, les vieux manuscrits étaient préalablement désencrés ou effacés grâce à de la pierre ponce.” Source : Wikipédia Je n'ai jamais su quoi raconter au début de ce genre de sujet ._. Ça parle tout seul, non ? Enfin, le fait est que je posterais peut-être quelques drabbles, digressions crossover ou en univers alternatif, GabCam écrits en cours, textes divers et variés. Seulement si je n'ai pas la flemme de les taper, c'est sous-entendu. |
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Jean-Camille Douze
Messages : 214 Date d'inscription : 02/01/2012 Age : 29
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| Dim 8 Jan - 12:02 | |
| Et donc, premier texte, participation au concours, la vision de l'explosion de Cam o/ Sans musique parce que je suis un rebelz de la société quoi (et que j'avais la flemme d'en chercher. hum.) - Spoiler:
Tu traînes les pieds sur le sol, tu traînes ta carcasse entre les couloirs, salues les tableaux, figures de pigments, tu salues tes camarades, pâles constructions de chair. Ô combien tes jours te semblent paisibles en cette après-midi de décembre. Tes plus gros problèmes du jour ? Éviter de se croire encore en Novembre en inscrivant la date à côté de ta leçon d’anglais. Une belle journée, si belle journée. Tu avais eu la chance de ne point voir, jusqu’ici, la figure honnie du plus haï de tes camarades. De cette unique personne capable de te faire perdre, en mal, ton calme, ta politesse posée. Gabriel de St Andrez n’étais pas entré dans ton champ de vision depuis la veille, ce qui t’avait laissé une nuit entière pour le dissoudre mentalement dans un bain d’acide, le ressusciter puis recommencer quelques dizaines de fois, jusqu’à ce que cela ne soit plus drôle. Tu te lassais vite de ces macabres tortures destinées à ton détracteur de toujours.
Ta journée se déroulait dans une quasi-perfection qui semblait pourtant héler les pires problèmes, comme un phare guiderait un vaisseau fantôme. Pourtant, tu avais évité les écueils, évitant toute personne susceptible de troubler ta voluptueuse félicité. Cassandre, pavanant avec la verste de St Andrez sur les épaules, n’avait eu le temps de t’approcher avant que tu ne l’esquive. Lewis semblait de bonne humeur, laissant le réseau électrique mener sa passionnante vie pleine d’électrons et de disjoncteur. Misty, qui avait pourtant voulu, fidèle à son habitude, te harceler de ses impudiques questions avait été, à ta grande joie, interceptée par un professeur plus bavard que ta petite personne. Ditfrid. Ditfrid que tu étais allé voir, durant la pause de seize heures… Quelques contacts trop brefs de vos mains, des sourires attendris alors que vous vous cachiez dans un cul-de-sac à l’écart des allées et venues. Tu titillais une dernière fois sa timidité d’un furtif baiser au coin des lèvres avant de retourner en cours. Aniela, la douce Aniela, ne t’avait point poussé à passer au bio, préférant une rapide, mais non moins agréable conversation. La dernière que tu ais eu avec un être civilisée jusqu’à ce que la roue tourne. Car la farandole des secondes repartit de plus belle, à peine avais-tu quitté la petite springtie qu’au détour d’un couloir, tu manquais de percuter l’Autre.
Tu espérais passer quelques heures à la bibliothèque ? Ce havre de paix, cette terre promise ? Mon pauvre Camille combien tu te trompais, cette journée avait été trop belle pour que tu ne puisses voir arriver le désagrément, une contrainte proportionnelle à cette diffuse félicité qui étirait tes lèvres en un tendre sourire. Le sourire tomba. Tes lèvres déformées dans un rictus ennuyé articulaient quelques mots. Secs. Des « Laisse-moi passer », un « Qu’est-ce que tu veux ? ». Tu ne savais que trop bien ce qu’il voulait, après tout, une altercation de plus, cela faisait trop longtemps que vous n’aviez pas échangé de mots doux, passionnelles déclarations de haine. Tu tentais de mettre fin à tout cela au plus vite, pressé de retrouver l’odeur du papier, le grain de la cellulose crissant contre ton ongle. Mais tu ne verrais plus cet endroit, bien des livres demeureront à jamais fermés devant tes pauvres yeux. Tu ne passerais plus la porte de bois sombre, n’écouterais plus les murmures feutrés, les soupirs de la bibliothécaire, les feulements des ouvrages tirés de leurs rayonnages de bois.
Alors que tu serrais entre tes doigts la toile de ton sac, futile essai pour contrôler la colère, le dégoût, l’horreur que t’inspirait l’héritier normand, les murs, immuables empilements de pierres, vinrent à se lézarder. La poussière, comme douée de vie propre emplit le couloir. Au loin, des cris, mais dans ce couloir désert, il n’y avait que vous deux. Et le premier qui osait montrer un signe de faiblesse perdait la partie. Telles étaient vos règles. Tu avais du mal à comprendre comment cette école, paraissant pourtant si solide, si stable, pouvait ainsi vaciller. Un tel bâtiment… Il devait être protégé par quelque magie, indestructible… Peut-être était-ce un exercice ? Peut-être juste une plaisanterie du fantasque directeur ? Tes questions étaient sans réponse. Malgré la proximité de St Andrez, ton regard s’était affolé. Des poutres, des blocs de pierres s’écrasaient contre terre avec un vacarme d’enfer. La poussière s’infiltrait dans ta gorge, te faisant tousser, tes yeux eux-mêmes étaient attaqués par cette sournoise ennemie. Le sol tremblait, se lézardait tout autour de vous, il paraissait utopique de penser que le périmètre allait résister.
Tu poussais sur tes pieds, t’éloignant comme tu le pouvais de cet endroit sinistré, trébuchant sur les gravats. Tu te retournais, peu après toi se tenait l’Autre. Tu lui criais, de ta voix éraillée de se dépêcher. Le grondement de l’éboulement couvrait tes paroles. Si elles pouvaient paraître presque protectrices aux yeux d’un spectateur aléatoire, tu savais bien que les codes changeaient entre vous. Il pouvait le lire dans tes yeux, tu lui disais de survivre, non pas pour échapper aux griffes de l’obscurité, non pas pour le protéger. « Si tu meurs ici, ce ne sera pas de ma main, si tu meurs ici, je ne pourrais me venger assez, je ne pourrais prendre mon temps pour déchirer ton être, abandonner ton âme aux pires tourments. Je suis le seul à pouvoir te faire choir de ton piédestal, le seul. ». Son regard te revoyais tes propres paroles, tu n’étais pas autorisé à trépasser par la main d’un autre que lui, tu ne pouvais oser te soustraire à ses brimades en fuyant lâchement sous un parpaing suivant sa course sous l’effet de la gravité. Les non-dits étaient, pour vous, un second langage, vous ne compreniez que trop bien les messages de haine que l’un et l’autre cachiez derrière d’hypocrites euphémismes.
Tu lui intimais de se dépêcher, tout en essayant d’éviter qu’il ne te dépasse, toi, le pauvre geek qui ne faisait de sport que ce que son médecin lui ordonnait. Tes chevilles se tordaient sur les déchets encombrant les couloirs. Une chute de roche et voilà que ton chemin était bouché. Tu avais peur. Bien peur, bien que jamais tu ne l’avouerais, pas à Lui. Sur son visage, tu vit se peindre une expression que tu n’avais pu voir qu’une seule fois dans ta vie. Quand l’héritier avait perdu sa chère sœur. Cette pauvre enfant, enlevée par l’ordure que tu étais, abandonnée. L’horreur, la stupéfaction, l’inquiétude même. Puis le carrousel du temps s’accéléra, s’approchant de toi trop brutalement, le blond te soutira un cri. Tu ne supportais plus, tu n’avais jamais supporté, une trop grande proximité physique entre vous. Tu tentais vainement de le repousser, il t’entraîna sous son poids.
Ta tête heurte le sol. Tu discernes encore le bruit des gravats s’écrasant contre terre. Ta gorges est sèche, encombrée de poussière. Ta tête de fait mal. Tu sens le contact du corps de St Andrez sur le tien. Tu sens son insupportable chaleur, contrastant avec le sol glacé dans ton dos. Ta tête t’élance. Tu voudrais bouger. Tu voudrais appeler à l’aide. Tu ne fais rien. Il fait noir à présent.
***
Tu te réveilles, couché sur un lit d’hôpital. La tête enrubannée. Tu ne saurais dire ce qui est arrivé. Autours, on s’active. Tu balbuties quelques mots, quémande des explications à une infirmière pressée. Sa réponse est lapidaire, sans doute lé répéte-t-elle à chaque survivant. Attentat. Bombe. Des morts. Des blessés. « Et puisque vous semblez bien aller, voudriez-vous bien aller en salle de repos ? On manque un peu de lits » Un rapide examen et tu te lèves, elle repart. Tu titubes vers ladite salle. Là, des cadavres sur pieds, des visages pâles, l’angoisse clouée au cœur, ils chuchotent, encore sous le choc. Tu entends des noms, des morts, tu n’oses parler. Kacey Ethelant. Casey Beliakov. Gabriella de Michelis. Alan Koyoshi. Ryan Butler. Keith Walter. Tu ne connais pas ces noms, mais tu tremble. Ces gens, sans doutes les avais-tu déjà croisé au détour d’un couloir, certains patronymes appellent un visage, des gens connus… Des célébrités. Puis ton cœur fait un bond. Ces premiers disparus t’étaient d’une certaine manière inconnus. Mais des noms connus attirent tes oreilles. Cassandre Lipovski. Cette même Cassandre que tu avais esquivée… Quand ? Ce matin ? Hier ? Tu déglutis difficilement, voilà que les disparitions s’attaquaient à ton cercle, pourtant fort réduit, de relations sociales. Des noms, encore des noms, alors que tes doigts tremblent, insérant quelque monnaie dans un distributeur de boissons. Tu saisis ton gobelet rempli de thé trop chaud, le porte à tes lèvres. Kylian Kinai.
Tu quittes la salle, le plus vite possible. Laissant au sol ta boisons renversée, les autres te regardent sûrement de travers, ne comprenant pas -ou peut-être ne l’entendant que trop bien- ton trouble. Tu essayes de respirer, te calmer. Ne pas se laisser aller. Se calmer. Ne pas penser. Ne surtout pas penser. Malgré tout tu ne peux empêcher tes larmes de couler. Pour Kylian et son mutisme confortable, son silence apaisant. Pour Cassandre. Pour tout ceux qui ont périt. Pour tous ceux qui se retrouvent blessés. Pour tous ceux dont tu n’as aucune nouvelle.
Même Lui, même l’Autre. Tu ne lui pardonnerais pas d’avoir trépassé, pas avant de lui avoir fait payer ce nouvel affront. T’avoir sauvé. Voilà que tu avais une dette envers lui. Lourde, et cette perspective devait bien le faire rire, où qu’il soit, quel que fût son état.
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