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 I'm bulletproof nothing to lose ~ [Charlie]

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May Bastide
May Bastide
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Mar 23 Oct - 20:24



    I'm bulletproof nothing to lose


    Un pull sur le dos, j’erre dans les couloirs, traînant des pieds, finissant allégrement de déchiqueter les semelles de mes chaussures, je marche sur les lignes des carreaux, comme une équilibriste qui n’a rien à craindre du vide. Un regard jeté par les immenses fenêtres, bien loin des meurtrières que j’aurais dû rencontrer dans un château digne de ce nom, et je dérape de mon fil imaginaire, m’explosant la cervelle sur un goudron imaginaire, cinquante mètres imaginaires plus bas. Déconcentrée par un coucher de soleil du mois de septembre à dix-huit heures trente à peine, qu’elles sont loin, les longues après-midi de Juillet aux côtés de jolies filles polonaises et de monstres de charisme allemands. Un soupir bruyant s’échappe de mes lèvres, je passe ma main dans mes cheveux trop longs, trop emmêlés, trop bleus. Je devrais peut-être les couper, les décolorer. Je devrais peut-être changer. Je me frotte les yeux, victime des agressions rougeoyantes d’un soleil trop grand, trop brillant pour moi et mon humeur massacrante. J’enfouis mes poings dans les poches de mon short, frissonne un peu : il est temps que je m’achète des collants. Et je reprends ma route vers la cafeteria, le ventre gargouillant, en espérant naïvement qu’il y aura des frites, du ketchup et du chocolat. Oui, je sais, je pars pour être déçue.

    Les cours ont repris, mais je n’ai pas revu William. Pas encore, du moins. On a beau être dans le même groupe, il a un an de plus que moi, et ne partage donc pas mon emploi du temps. Je ne l’ai ni croisé dans les dortoirs, ni aperçu dans les couloirs, encore moins rencontré à la bibliothèque. Rien, pas un mot, pas un sms, même pas un email.
    Le silence radio.
    Et je ne sais pas vraiment si je dois me décarcasser pour le retrouver, le traquer des yeux dans toutes les salles de classes et guetter l’entrée du réfectoire. Ben oui. Je ferais quoi quand je le reverrais ? Qu’est-ce que je vais lui dire ? « Eh ! Salut, Turner ! Je ne sais pas ce qui m’a pris, au bal, mais oublie ça, je te kiffe. On baise ? » Oui, ça serait parfait, autant aller me défenestrer tout de suite.
    De cette soirée, je n’y comprends plus rien. De mon attitude envers William qui ne me correspondait en aucun point jusqu’aux fameux feux d’artifices n’ayant jamais marqué mon esprit, quelque chose clochait et allait bien au-delà d’une vilaine cuite et d’une consommation d’huîtres pas fraîches. J’ai ces voix dans ma tête. Ce type aux cheveux rouges qui nous murmurent de tendres paroles aux creux de l’oreille alors que quelque chose m’effraie et me tord les poignets. Des flashs étranges, une main sur ma bouche, et puis mes cris qui s’étouffent dans cette paume. J’aurais du la mordre. Putain.

    Et je grogne en accélérant le pas. Ça ne sert à rien de ressasser, de se torturer l’esprit, ça ne ramènera pas ma mémoire, ça ne raccommodera pas ce que j’ai dit. Je relève les manches de mon pull derrière les coudes, plonge ma main dans mon décolleté et en sort ma carte de self. Un pas. Je souffle. Deux pas. J’inspire. Un tournant. Je le prends. Une porte. Je l’ouvre. Et me voilà noyée dans la masse d’adolescents affamés, se jetant corps et âmes en quête du dernier flanc ou de la dernière portion de purée. J’aurais du être de ces personnes-là, à filer des coups de pieds pour déblayer le chemin et atteindre glorieusement le dernier beignet au chocolat, mais je me retrouve à faire sagement la queue. J’attrape gentiment mon plateau, marmonne faiblement un « Bonsoir » aux employés de cuisine et ne m’extasie même pas devant la nouvelle marque flambante neuve de yaourt présente sous mon nez.
    Un cuisinier me demande si je suis malade. Je lui dis que non. Il insiste et veut savoir si j’ai mal au ventre. Je lui réponds juste que j’ai mal au cœur. Il explose de rire, mais moi je rigole pas et il me donne un chocolat en bonus.
    Pour aller mieux, qu’il raconte.
    Mais je vois pas en quoi prendre quinze kilos, devenir diabétique et être assez repoussante pour que même mes parents ne viennent plus me rendre visite pourrait me réconforter à long terme. Non. J’exagère pas. Et t’façon, je vous emmerde, je suis de mauvaise humeur, je dis ce que je veux, et on ne me contredit pas. J’attrape un morceau de pain, un plat principal dont je ne m’applique même pas à déterminer tous les constituants et soulève mon plateau inhabituellement léger des rails de métal. Je scrute la salle, aperçois une tête blonde, au loin, me rétracte : non, il doit être en train de serrer. Je cherche les boucles brunes d’Erika, mais mes yeux ne la trouvent pas. Je me mords la lèvre. Bon. Tant pis. J’aurais voulu la voir.

    Dans un coin, un visage familier, des joues toute rouges et un mignon minois. Chuck, toute seule, sûrement en train d’attendre ses amis, en bonne herbivore ou peut-être abandonné par sa troupe pour cause de mastication trop lente.
    Elle était avec moi, ce soir-là, j’en suis persuadée. Se souvient-elle de plus de choses que moi ? A-t-elle peur, elle aussi ? Ce n’est pas avec mes deux neurones qui se battent en duel que je trouverais des réponses. J’avance vers elle en lui adressant un rapide sourire, un peu forcé, peut-être, à peine :

    « Yo Chuck. La place est prise ? »





Dernière édition par May Bastide le Lun 3 Déc - 9:34, édité 1 fois
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Charlie Clarke
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Ven 16 Nov - 14:42


Tout tenter pour retourner dans un cadre de vie normal et sain. J'avais pris mon temps, retrouvé ce joli sourire qui m'allait si bien. J'avais repris mes habitudes, j'avais recommencé à écrire des lettres, à un peu tout le monde. J'avais recommencé à chanter, comme j'aimais tant le faire. J'avais refait mes racines qui avaient poussés, et me disais que le chocolat m'allait bien. J'avais abandonné les lentilles vertes pour laisser mes yeux bleus ressortir. J'avais éviter les grandes salles, j'avais évité les grandes foules. J'étais devenu un éclair en robe soleil qui traversait les couloirs en criant aux gens de s'écarter. Sur des rollers, en trottinette. Je ne voulais plus jamais restée en place.

Et aujourd'hui, me voilà dans une robe d'écume à dentelle blanche, voilà mes cheveux relevés en un chignon mal fait. J'avais attendu la fin du cours d'histoire pour vite me rendre à la cafétéria, attrapé un plateau et décider de me nourrir uniquement de salade. De salade et de mousse au chocolat. Juste pour bien montrer que je n'étais pas au régime. Alors j'étais là, assise devant mon plateau, plaçant un écouteur dans mon oreille avant d’assaisonner d'un filet d'huile d'olive les feuilles vertes et tout ce qui composait mon assiette. Et alors que je commence à enfoncer un morceau de fromage de chèvre dans ma bouche, des ondes bleues viennent se posées devant moi, dans un mouvement très aquatique, dans une grâce qui était propre à cette sirène échouée sur terre.

A peine a t-elle prononcée ces quelques mots avec son grand sourire, avec sa voix chantante que mon visage s'illumine. mangez seule n'est pas toujours bon. Alors je l'invite à s’asseoir, retire l'écouteur de mon oreille. J'ai envie de lui demander comment elle va, mais quelque chose m'en empêche.

C'est très simple. J'ai cette vague impression de l'avoir entendue. De ne pas savoir pourquoi, ni comment. Je m'étais dis "May !" c'est tout ce que j'avais pensé sur le coup, mais je n'avais pas essayé d'en savoir plus. A vrai dire, je voulais oublié. Oublié le peu dont je me rappelais. Ne plus faire de cauchemars la nuit, ne plus me dire qu'il s'est passées des choses étranges. Alors j'hésites à lui demander comment elle va. De peur d'avoir raison. De peur qu'elle aie été avec moi, si tout ce cirque n'est pas un rêve, de peur qu'elle se souvienne, de peur qu'elle me demande, de peur qu'elle me rappelle.

« Oh ! C'est du porc au curry non ? J'aime bien ça, mais ici, ils épicent pas assez, donc je me contente de la salade en général. »

Banalité, sorties comme ça. J'aurais simplement pu lui souhaiter bon appétit. Ouais, ça aurait sûrement été mieux.
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May Bastide
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Lun 3 Déc - 9:36



    I'm bulletproof nothing to lose


    C’est comme si tout était normal, absolument normal, merveilleusement normal, affreusement normal. Chuck et sa joie de vivre habituelle, le sourire bien étalé qui lui prend les trois quarts de son visage, une nouvelle teinture, et une petite salade dans l’assiette, un jour comme un autre, un midi comme un autre, un putain de moment comme un autre. Du soleil dans la voix, la voilà qui s’exclame sur le contenu de mon plateau pendant que ma figure se décompose peu à peu.
    Dites-moi que je rêve. Dites-moi que je délire, qu’elle n’est pas en train de faire comme s’il ne s’était rien passé. Comme si tout allait pour le mieux. Comme si personne ne nous avait enlevé. Comme si personne ne nous avait lié pieds et poings. Comme si elle avait tout oublié. Ou bien n’était-ce que l’un de mes cauchemars ? Une hallucination dérangeante, un rêve qui parait un peu trop réel ? Est-ce que c’était moi, la folle dans l’histoire, ou est-ce que c’était elle, qui se voilait la face en la repeignant en jaune et rose fluo ? Non. J’étais sûre et certaine de ce qui s’était passé. Et Chuck niait en bloc.
    Et elle me parlait de porc au curry.
    Non mais je rêve.

    « Tu te fous de ma gueule, j’espère. »

    Un silence polaire entre nous, même l’Antarctique semble plus chaleureuse à côté du ton que j’emploie. Méchante, peut-être, ce n’est pas vraiment ce que je recherchais, je m’en balance d’être quelqu’un de sympathique ou non. Mais qu’elle me fasse passer pour une tarée, ça, jamais.

    « Me dis pas que t’as oublié, je te croirais pas. On n’oublie pas des trucs comme ça. Y’avait même l’autre garce de Lyria, et un autre type aux cheveux rouges. Je m’en souviens, et je sais que toi aussi. Joue pas aux amnésiques, putain ! »

    Les poings serrés, le regard dur, et la panique qui m’enserre le ventre, j’attends qu’elle réponde autant qu’elle nie tout. Qu’est-ce qui serait le mieux ? Qu’elle ait raison, qu’il ne se soit rien passé, que je suis la seule barge à m’imaginer des scénarios plus improbables les uns que les autres ? Ce serait plus facile qu’elle me sourit en me disant « May ! Tu délires ! Vas te coucher ». Je serais cataloguée malade mentale, et l’affaire serait pliée. Mais putain. C’était vrai. C’est arrivé. Et Chuck est là, plantée comme une fleur, à gambader dans le pré verdoyant qu’est sa vie en chantonnant et en fermant les yeux très fort. Et ça m’exaspère, ça me rend dingue !
    Furieuse, je me lève de ma chaise et attrape son menton du bout de mes doigts. J’approche son visage du mien, parce qu’il faut qu’elle m’entende, et il faut que je décèle sur ce joli minois, l’expression de panique qu’elle affichera si j’ai bel et bien raison.
    Et j’ai toujours raison.

    « Te fous pas de ma gueule, Chuck ! Et t’avises même pas de me faire passer pour une dingue. Tu t’en souviens toi aussi. Tu t’en souviens, merde ! »

    Faites que je ne sois pas seule dans ce monde.



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Charlie Clarke
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Mar 1 Jan - 15:49

Des mots qui font un peu mal, parce qu'en vrai, je ne vois pas pourquoi elle s'énerve contre moi. Ou peut-être que simplement je ne veux pas savoir. Peut-être que je veux juste qu'on me laisse tranquille. Peut-être que je vois trop la vie en rose, que je veux oublier le monde et me dire : La vie est belle. Alors je me bloque, baisse le visage sur mon assiette lorsque ces mots crus sortent de sa bouche. Est-ce que je me fout d'elle ? Est-ce qu'aborder des choses futiles, parler de la météo, du beau temps, est-ce que tout ça, c'est se foutre de quelqu'un ? A vrai dire, je ne sais pas trop. Parce qu'elle veut sûrement parler de quelque chose. Parler de ça. Mais comment pourrais-je en être sûre ? Ce n'était qu'un cauchemar. Pas vrai ? Un cauchemar que j'essaye d'oublier, de ne plus refaire.

Le silence nous guette, et je préfère ça. Qu'elle ne dise aucun mot. Plus rien. Elle qui est si... Si joie, habituellement. Qui est une boule d'énergie positive, en un autre sens que le mien, elle est là, à me faire trembler de l'intérieur, à me faire prier des deux en lesquels je ne crois pas. J'ai peur. J'ai presque envie de pleurer. Sa voix s'élève. Non. Non je n'ai pas oublié. Non, ou oublie pas des choses comme ça. On les refoule, on les enterres, et on les retrouve dans le noir de nos chambre, on entends des cris imaginaires, encré dans un espace de notre tête. C'est tout ce dont je me souviens. Des cris, des voix. De la peur. Alors pourquoi j'irais en parler ? Pour que l'on me prenne pour une dingue ? Non, autant s'enfermer dans sa chambre en espérant que demain, tout ira mieux.

« Je ne joue pas. »

Chaque syllabe est articulée. Chaque mot est détaché, murmuré. S'il te plait, May, n'insiste pas. S'il te plait, laisse moi tranquille. Laisse moi me dire que ce n'est qu'un mauvais cauchemar. Si toi, tu as besoin de te rappeler, peut-être que moi j'ai besoin de mettre sa sous silence. Idées noires dans un coffre jeté à la mer que l'on ne retrouvera que dans des milliers d'années. Voilà, ça serait parfait.

Ses poings se serrent. Mes doigts s'agrippent au rebord de ma robe. Je respire lentement alors qu'elle me prie de lui dire la vérité. Je me demande si j'ai vraiment le choix. Peut-être qu'en parler,ça exorcisera tout ça. Peut-être qu'en parler, partager, ça me permettra de surmonter tout ça.

« Tu t'es pas dit que peut-être, je voulais pas m'en souvenir May ? Tu t'es pas dit que j'en dors déjà assez peu la nuit pour en parler, crier sur tout les toits que j'entends des cris qui n'existent plus. Non, non, qui n'ont jamais existés. Comment tu expliques ça ? On s'est réveillées dans nos chambres, les profs nous ont juste dit qu'on avait tourné de l'oeil. Pourquoi ils nous cacheraient la réalité ? Pourquoi est-ce qu'on doit croire en tout ce qui est flou, tout ce qui est dingue ? Pourquoi je peux pas simplement manger ma salade, te demander si ton repas est bon. Être heureuse en me disant que, woh, je suis là, je vais passer la journée dehors, à regarder le ciel, à me dire que la vie est belle, que je ne crains plus rien ? Peut-être que je me souviens, mais peut-être que ce n'est simplement pas vrai. »

Une mai sur ma bouche. Un cri étouffé. C'est tout ce dont je me souviens.
J'ai les larmes aux yeux. J'ai envie de lui crier de s'en aller. J'ai envie de partir, courir, ailleurs. Qu'on me laisse tranquille.

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May Bastide
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Jeu 24 Jan - 17:01



    I don't wanna be anything over than what I've been trying to be lately.



    « Je ne joue pas. »

    Un frisson parcourt mon échine lorsque la lueur enjouée quitte les iris de ses yeux. Je me surprends à avoir réussi, réussi à lui arracher son allégresse impérissable pour lui tirer les vers du nez. Mais quand je la redécouvre si sérieuse, les sourcils froncés et le regard dur, je me demande si j’ai réellement bien fait d’insister. Est-ce que ça vaut vraiment le coup de savoir ? Ne devrais-je pas jouer la joyeuse ignorante en attendant que la mémoire sélective fasse des merveilles ? Je n’en sais rien, je n’y comprends plus rien.

    « Tu t'es pas dit que peut-être, je voulais pas m'en souvenir May ? Tu t'es pas dit que j'en dors déjà assez peu la nuit pour en parler, crier sur tout les toits que j'entends des cris qui n'existent plus. Non, non, qui n'ont jamais existés. Comment tu expliques ça ? On s'est réveillées dans nos chambres, les profs nous ont juste dit qu'on avait tourné de l'oeil. Pourquoi ils nous cacheraient la réalité ? Pourquoi est-ce qu'on doit croire en tout ce qui est flou, tout ce qui est dingue ? Pourquoi je peux pas simplement manger ma salade, te demander si ton repas est bon. Être heureuse en me disant que, woh, je suis là, je vais passer la journée dehors, à regarder le ciel, à me dire que la vie est belle, que je ne crains plus rien ? Peut-être que je me souviens, mais peut-être que ce n'est simplement pas vrai. »

    Je lâche son menton et me rassoit lentement. Je scrute ses yeux et ces larmes qui les bordent, toutes prêtes à dégringoler sur ces petites joues rosies par tant de colère, tant d’émotions. Cette bouche qui tremblote, ces joues qui se creusent, mordues de l’intérieur, tant de signes qui l’enfoncent dans la panique, l’angoisse et l’épouvante. Je l’observe silencieusement se battre contre ses démons, leur jeter de grands draps blancs dessus pour ne plus les voir. C’est ça, Chuck, pas vrai ? Peu importe que tes cauchemars te dévorent, du moment qu’ils le font en silence, tant qu’ils le font discrètement. Tu t’en fous que le monde aille mal, ça te va, et ça ne te fait rien du tout, tant que ça ne se déroule pas devant tes yeux. Je te contemple, et je te trouve ridicule. Je vois en toi, tout ce que je ne veux pas être. J’empoigne ma fourchette, et avale un morceau du contenu de mon assiette en écoutant son souffle affolé reprendre un rythme normal.
    Je lève les yeux, et j’ai pitié. Pitié de Chuck.

    « T’es qu’une lâche. »

    Si elle veut faire comme si de rien n’était, qu’elle le fasse. Qu’elle s’endorme paisiblement, emmitouflée dans son tissu de mensonge, qu’elle continue à cacher sa crainte sous un sourire hypocrite, je m’en balance complétement. Mais je ne la suivrais pas dans sa folie, ça jamais. Parce que ce qui est dingue, aujourd’hui, c’est qu’elle s’acharne désespérément à oublier. C’est arrivé. Ça s’est passé. Et c’est bien grâce à elle que j’en suis convaincue.

    « Fais ce que tu veux, Chuck, amuse toi bien dans ton petit monde fragile d’illusions ! Continue à te voiler la face, c’est bien, je suis certaine que tu ne t’en porteras que mieux. Mais croire en tout ce qui est flou, croire en tout ce qui est dingue, tu penses pas que c’est un peu trop tard pour te faire cette réflexion ? On est dans une école de dons, putain ! Autour de toi, t’as des gens qui s’enflamment, qui volent et qui respirent sous l’eau ! J’vois pas en quoi se faire enlever serait quelque chose d’anormal, à ce stade-là. »

    Je ne peux pas vraiment lui en vouloir. Moi aussi j’ai peur, mais au-delà de la terreur, j’ai envie de savoir, et de vengeance. Les gens qui nous ont fait ça, ils ne s’en sortiront pas comme ça. Nos professeurs nous cachent quelque chose. Le directeur, les autres écoles, le monde extérieur, le reste du monde nous ment et nous tient gentiment au creux de sa paume, en attendant le bon moment pour nous écraser. Et je ne veux pas être une Charlie Bis, pétrifiée par la peur, incapable de lever le petit doigt face à un futur qui nous fait un doigt d’honneur.
    Je veux comprendre ce qu’il s’est passé.

    « Tu me fais pitié. Mais c’est pas grave. J’m’en sortirais toute seule. »

    Mes yeux se détachent de sa petite personne, ayant comme projet de ne plus jamais s’y raccrocher. Tu n’existes plus pour moi, tu fais juste partie de ces gens qui mettent les autres mal à l’aise en essayant de cacher une faiblesse qui s’étale sur leur front. Et ton abattement, je ne veux plus le voir.



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Jeu 24 Jan - 17:27

C'est parce que les gens sont différents qu'il y a des conflits. Ou peut-être parce qu'ils sont trop pareils et cherchent à être mieux que les autres. On m'a toujours dit que la vie était une compétition, mais j'ai toujours secrètement espéré qu'on ne se servirait pas du malheur des uns pour faire son bonheur. Pourtant, c'est comme ça que le monde fonctionne, et ça me donne envie de vomir. Même s'il n'y a que trois feuille de laitue dans mon estomac.

Je laisse tomber les couverts sur mon plateau quand elle fini par se rasseoir face à moi. Oui, je suis une lâche. Oui, j'ai peur de tout, j'ai peur de la vérité, j'ai peur des choses, j'ai peur de la vie. Tout me terrifie. J'aime mon quotidien parfait, j'aime déambuler dans les couloirs avec un grand sourire, j'aime entendre les gens rire dans la queue de la cafétéria, j'aime le fait d'écouter la même musique tous les matins pour être de bonne humeur. Je suis une lâche parce que je ne veux pas prendre le risque de perdre les choses que j'aie, ou du moins que je pense avoir. Parce que sans stabilité, je suis brisée, complètement seule, échouée sur le rivage. J'ai besoin de mes habitudes, de celles des autres. J'ai besoin des mensonges rassurants. Au moins ceux que je me réserve.

Mes doigts attrapent le col de ma robe alors qu'une autre main joue sur le plateau. Je respire lentement et me répète ne t'emballes pas Chuck. Parce que je me dit qu'après cet éclat tout rebasculera comme un jour normal. Encore une fois, je me ment à moi-même. J'ai perdu ma spontanéité depuis cette nuit étrange. J'ai perdu tout mon courage, aussi. Si j'en ai eu un jour. Parce que je suis cette fille excentrique mais tellement timide qu'elle n'ose même pas demander à quelqu'un d'aller lui chercher du sel. J'avais, il me semble encore il y a quelques mois, une spontanéité étrange qui m'échappait, par moments, par instants furtifs. Et là je rêverait de lui lancer ma salade su la figure. Je rêverait de lui crier de se la fermer. mais ce n'st pas moi ça. Mais je n'ai pas le droit de faire ça.

Le problème, c'est que quelque part, tout le monde souffre. D'une manière ou d'une autre. Et on veut être le salvateur, on veut jouer les super héros. J'ai essayer, vraiment, puis je me suis rendue compte d'une chose complètement débile, d'une chose complètement stupide.

« Si je ne peux pas me sauver moi-même, je ne peux pas sauver les autres. »

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Lun 4 Mar - 16:12



    Do you know where the wild things go ?


    « Si je ne peux pas me sauver moi-même, je ne peux pas sauver les autres. »

    Et ça sonne comme une phrase d’héroïne en manque de confiance en soi, au début d’un film de super héros. Je contiens un rire, parce que putain, elle est sérieuse, cette idiote. Est-ce que c’est à moi de la secouer ? Est-ce que c’est à moi de lui ouvrir les yeux ? Est-ce que je dois lui dire, qu’à vouloir se secourir elle-même en chantant plus fort que le brouhaha des ennuis, elle ne gagnera qu’un assourdissement ? Qu’à vouloir ignorer et s’assoir sur les faits, elle ne leur permettra que de grandir dans l’ombre de son sourire, pour mieux resurgir plus tard ?
    Qu’elle se débrouille.

    Elle m’en a dit assez, juste ce qu’il fallait pour que je me permette de me croire. Les cauchemars ne se partagent pas, et si ce n’était pas un rêve, alors c’était vrai. Je vais retrouver les enfoirés qui nous ont fait ça, et je trouverai pourquoi ils l’ont fait.
    Et ensuite, je leur casserai la gueule.

    Mais pour l’instant, j’ai qu’une gourde en face de moi qui refuse d’y mettre du sien. Tant pis pour elle, j’ai plus le temps pour ses conneries. Je veux savoir et je saurais. Je lui jette un regard teinté d’un dégoût que j’ai du mal à dissimuler, je détaille ses phalanges blanchies, bien accrochées à ses couverts tordues et laisse glisser mes yeux jusqu’à sa mâchoire serrée : elle m’en veut. J’admets que ça ne doit pas faire du bien, de voir une sale garce aux cheveux bleus se pointer pour chambouler une petite vie réglée comme du papier à musique. Peut-être qu’elle va me cracher ses trois feuilles de salade à la figure. Peut-être qu’elle va se mettre à chialer comme une gamine. J’en sais rien, elle y ressemble tellement.
    J’avale mon verre d’eau d’un trait, et balance négligemment mes couverts dans mon plateau : elle m’a coupé l’appétit. Ajustant la lanière de mon sac d’une main, et remettant ma chaise à sa place de l’autre, je fais mes au-revoir à Charlie. Au-revoir ou Adieu, ça ne dépendra que d’elle.

    « Ouais. Ben, c’est bien joli, tout ça. Je te souhaite pleins de bonheur avec tes troubles psychologiques futurs et tes cauchemars à la pelle. En attendant, si un jour tu veux savoir ce qui nous est arrivé, t’auras qu’à me prévenir. »

    Je ramasse mon plateau, m’éloigne de quelques pas, et lui confie, sûre de moi :

    « Parce que moi, je trouverai. »

    Un sourire faux à la cantinière lorsque je lui remets mon plateau, et je m’en vais prendre l’air, le pas rapide. Pas un regard, pas une œillade pour Chuck. Qu’elle se « sauve », qu’elle se guérisse au nectar de mensonge, mais moi j’ai passé l’âge d’avoir peur des monstres sous le lit.
    Parce que les monstres, c’est nous.


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Jeu 28 Mar - 16:44

Et je la laisse partir, s'en aller. Sans un mot ni un geste. Seule ma respiration trahissait le fait que mon temps n'avait pas été figé. Et j'attendais de ne plus la sentir dans mon dos. Et j'attendais de longues secondes, sûrement même quelques minutes, qu'elle s'en aille au loin. Qu'elle ne soit plus là. Avant de ma laisser tomber en arrière sur le dossier bleu de la chaise. Je poussais d'un revers de main mon plateau et fermais mes yeux. Un. Deux. Trois. Respire Chuck. Je suis obligée de me le dire. Respire, et tout ira bien. Mensonges. Je finis par me balancer en avant et enfouir mon visage dans mes bras collés à la table. Je ne dois pas me donner en spectacle. Alors je souffle, lentement. Et je me relève. Bien sûr que je devrais pour une fois dans ma vie prendre mon courage à deux mains et découvrir tout ce qui s'est passé dans ce souvenir noir. Bien sûr que je voudrais devenir une héroïne de BD, celle qui sauve tout le monde. Mais je sais que je n'en suis pas capable. Et à quoi bon se tuer sans raison ?

Je finis par chuchoter une mélodie avec une voix un peux trop roque pour m'appartenir, me déliant peu à peu de la table. Et j'attrape le plateau en metal entre mes mains avant d'aller le déposer devant la cantinière, étonnée que j'ai à peine touché à ma salade. J'hausse simplement les épaules, comme si de rien n'était. Comme si c'était une lubie. Parce que de toutes façons, on m'a toujours prise pour une énergumène dans ses murs. Parce que j'ai toujours voulu vivre à ma façon. Et parfois, le regard des autres fait un peu trop mal. Mais au moins il vous prépare.

Et me voilà repartie. Repartie dans une vie normale. Je chercher un de mes carnets dans mon sac en continuant de chantonner cet air que je ne connais pas vraiment, et ma voix change sans que je m'en aperçoive. Et j'avance dans les couloirs. J'irais en cours comme à chaque fois, sans me perdre dans les nuages.
Je reprends cette vie normale pour oublier ce cauchemar.
C'est misérable.
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21.04 Installation du design printemps-été. Les nouveautées arrivent bienôt, on a juste essayer de vous faire déjà un joli truc ! N'hésitez pas à donner votre avis dans le FLOOD
AVRIL Un petit rappel des derniers évènements survenus à Clever Cross. Comment s'est finalement terminé le bal tout droit sorti d'un conte de fée. ICI

RUMEUR
EN CONTINU L'été arrive. Préparez vous tous à sortir vos maillots ! Les directeurs de Virtus Insania et de Clever Cross vous réservent une jolie surprise !