J'aime cet endroit. Impérial. Je me sens comme bercée par les connaissances du monde entier, entouré de ces livres qui murmurent, de ces bruissements de pages, de ce silence à peine masqué. C'est simplement l'un des lieux où je e sens le plus à l'aise. Où toutes les histoires qu'on nous y racontent ne sont pas de simples commérages sans importances. C'est un temple sacré où chaque gardien peut changer une vie, la vision d'un monde. J'avais moi-même mes propres templiers, qui bénirent mon enfance il y a de cela plus d'une décennie. Abecassis, Beigbeder, Malzieu et les frères Grimm avaient été mon monde tout enter, gouverné par Jules Verne. Aujourd'hui, j'avais grandis en reconnaissant leurs métaphores, leurs illusions dans ma vie. Et à chaque fois cela m'arrachait un sourire, une pensée agréable. Aussi bien de bonheur que de nostalgie. Aussi bien de passion que de vie. Alors je me rendais de temps en temps, ici, simplement pour apprécier, me souvenir. Je venais souvent ici, simplement pour découvrir d'autres secrets, sachant très bien que je n'aurais jamais de temps, même en cent vies, de découvrir tout ces mystères.
Les mythes.
Je m'étais réveillée avec cette idée en tête, de découvrir toutes ces créatures magiques qui apparaissaient dans les ouvrages anciens, qui ont traversés les époques, n'évoluant qu'assez pour ne pas se faire chasser. Nous sommes les sorcières du Moyen-Âge. J'en suis persuadée. Enfin. Toute la matinée, j'avais rêvassé, griffonnant minotaures et sirènes sur les pages de mon cahier de philo jusqu'à ce que la sonnerie retentisse. J'avais également attendu de terminer mes cours l'après-midi, d'être officiellement en week-end pour laisser mes songes vagabonder dans ma tête, se battre les unes les autres. Alors j’arpentais les rayons, à la recherche de mon bonheur, vagabondant dans ce paradis.
Et voilà le livre parfait sous mes yeux. Un sourire sur mon visage. Je tire sur mon foulard vert comme pour mieux respirer. Je ne vois que le titre, l'auteur, et la reliure un peu ancienne. Je ne sais rien de ce livre, mais je sais qu'il est parfait. Comme lorsque l'on voit le nom d'un plat dans un restaurant qui fait savourer d'avance. J'approche ma main. Sens la reliure sur mes doigts, les yeux clos. J'inspire un grand coup avant de le retirer. Mais.
Mais je sens une main effleurer la mienne. Un sursaut. Un hoquet étouffé. Me voilà carmin comme mes chaussures à me retourner vers l'inconnu. Je bégaye d'embarras, regarde mes chaussures en ayant laisser le livre à sa place.
« Mh ! Euh ! Pa-pardon ! Je. Je voulais pas vous déranger. Prenez-le ! J'en trouverais un autre. Et euh... »
A cet instant, je m’aperçois qu'il s'excuse des mêmes choses en même temps que moi. Je relève la tête, à peine. A peine de quoi entrevoir son visage à travers mes mèches rousses. Je me sens comme une tomate exposée dans un musée. Rouge et qui n'a rien à faire ici. Une de mes mains se pose sur mes clavicules à travers l'étoffe sapin. L'autre serre un volant de ma jupe. Le silence gêner me semble bien plus imposant que la mélodie des livres, alors je me risque à quelques mots. Juste pour ne pas rester dans l'embarras. Je me risque à relever le visage, chercher le regard du blond devant moi.
« C'est rare, de voir des personnes apprécier ce genre de livres... Alors je vous le laisse. »
J'ai un sourire timide. Mes mains se décrispent, lâchant le tissus qu'elles entravaient. Un pas en avant, j'attends d'être proche du jeune homme avant de lui donner une accolade. Un peu distante. Pas très proche. Mais pleine de gratitude pour apprécier les livres. Ce n'est pas le genre d'étreintes que je donne à Sasha, encore moins celles que je réserve à cet Allemand qui vivait en Russie. C'est simplement ma manière de dire bonjour. Alors je me présente dans les murmure d'une voix un peu aiguë.
« Charlie. Je m'appelle Charlie. »
[HS : S'il y a un problème, tu me dis.]