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 Bonjour, je suis un topic sans titre. |Raven

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Sidonie S. Schnoor
Sidonie S. Schnoor
Asinos


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Sam 14 Avr - 12:41

    L’heure du déjeuner. Le moment que l’on redoute tous dans notre pauvre vie de lycéen stupide et boutonneux. La foire aux bêtes, pour un simple petit bout de steak. La queue, oppressante. Les gens qu’on aime bien, un peu plus loin. Et les gens qu’on n’aime pas, deux pas derrière. Puis la dernière crème chocolat, que l’on n’aura pas. Ou l’heure de pointe. Et ma foi, quand on s’appelle Sidonie, et qu’il n’y a plus de tables vides, la vie devient d’un coup beaucoup plus difficile.
    Elle s’était plantée en plein milieu du réfectoire, son plateau en main, sa petite salade. Il fallait choisir une chaise. La bonne chaise, les bonnes gens. Et là, ça demandait un certain effort. Oui, le choix de la place était déterminant. Elle en était persuadée. Et s’il n’y avait plus de siège libre là où elle s’asseyait d’habitude, le tout était d’en trouver un autre bien placé. Et autant dire qu’entre les crétins et la fille qui ne ressemble à rien, Sid avait bien vite fait son choix. Oui, Raven. Dans un coin de la pièce, autour d’une table à deux. Horriblement seule. Frêle, presque invisible aux yeux de tous. A la table qui passe inaperçue, celle qu’on oublie toujours. Bref. Le coin parfait pour passer midi sans trop se faire déranger.

    Alors Sid sourit. Sid marche, dandine du cul, amplifiée. Droite et fière, poussée par le bruit de la salle. Il ne lui faut que quelques secondes pour rejoindre notre damoiseau. Qui dans la tête de notre petite poule, se trouve être une demoiselle. Bah. Tout le monde peut se tromper, hein ? Donc, elle pose son plateau. Histoire d'éviter la casse. Et, poitrine bombée, sous trois couches de maquillage, dans une robe trop petite et trop courte, elle ose se pencher, la bouche en forme de coeur, rouge pétard. Elle attrape la joue de la jeune fille, tire un peu dessus, dépose ses lèvres. La bise fatale qu'on déteste tous, un brin baveuse, qui vous marque la pommette en rouge, et qui vous reste toute la journée. La bise de la pouf. Et puis son rire. Sid prend la pose, la main sur la hanche. C'est drôle. D'un doigt, elle tente d'essuyer la chose, mais fait pire, l'étale juste.

    - Haaaan. Je crois que je t'ai mis du rouuuuuge !

    Véridique.
    Sans lui demander son avis, et sans plus se soucier de ce qu’il pourrait bien lui dire, elle s’installe en face de lui, croise ses jambes. Signe qu’elle compte lui tenir compagnie un petit moment encore. Elle commence son petit manège, comme elle fait toujours. D’une main nerveuse, elle passe son couteau dans sa main droite, sa fourchette à gauche, commence à découper sa salade, fait deux tas bien distincts. Celui qu’elle mangera, celui qu’elle ne mangera pas. Régime oblige. Et là arrive sa longue tirade, hypocrite, en même temps qu’elle s’acharne sur cette pauvre salade.

    - Non mais tu voois, comme je t’ai vuuu toute seuuule, je me suis dis tieeens la pauuvre elle doit s’emmeeerder, donc j’vais manger avec elle. Et puis a fait loongtemps qu’on a pas eu une discussion de fiilles ensemble ! Puis on s’aime bien en plus doonc bon, j’me suis dis que c’était juste troooop bête de pas manger ensemble, tu voiis. Breef, je mange ave toi.

    Raven. Au fond, elle ne la connaissait que de nom. Et parce qu'habituellement, elle se moquait d'elle. Et quelle idée aussi, d'être comme un garçon quand on est une fille, d'avoir une poitrine si plate, les cheveux trop courts. Et de ne jamais rien dire, ou presque. Raven, c'est sa petite cible. C'est facile de se moquer d'elle, qu'elle pense Sid. Ca risque rien, en général.

    - Tu ressembles à un garçon, c'est dingue !


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Raven Ninvenci
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Dim 15 Avr - 12:05

Pourquoi. Un retour de karma ? L’ironie du sort ? Qu’est-ce qui avait bien pu se passer ultérieurement pour que tu te retrouves dans cette situation ? A te frotter la joue en étalant le corps gras trop coloré sur ta peau. A subir un flot de parole sans le moindre sens à tes oreilles. Vraiment. Qu’est-ce que tu avais fais pour mériter ça ?

La journée avait relativement bien commencé pourtant. Rien d’anormal. Rien de dramatique. Tu t’étais levé dans les temps, avait vaguement fait semblant de participer aux activités physique de la matinée. Ensuite, tu avais pris le temps de récupéré ton énergie en dormant derrière un livre et puis était venu l’heure du déjeuner. Les bousculades, les échauffourées, le bruit. Tu n’aimais pas ces instants pourtant nécessaire. Vraiment, quelle plaie. Attrapant les premiers entré/plat/dessert qui se présentaient sous ta main, tu avais finis par te diriger vers ta table. Cette table juste au fond, presque en retrait. Cette table qui te laissait un accès à une fenêtre basse. Une table où presque personne ne venait t’embêter la plupart du temps.

Mais pas aujourd’hui. Aujourd’hui, si jamais il existait vraiment un dieu ou une entité quelconque là haut, elle devait bien se marrer. Tu ne l’avais pas vu arriver. Sinon, tu aurais poussé la chaise, avancer ton plateau, posé ton sac en face de toi, demander à une sourie de partager ton repas… N’importe quoi. N’importe quoi d’autre. Ce qui t’avait signifier son arrivé, ce fut son plateau qui se posa sur l’espace libre de la table, en face du tien. Ce n’est que lorsque ton regard ce posa sur son visage qui aurait pu être un échantillon de produit cométique à lui tout seul que tu te crispas dans un pensée simple. « Oh non, pas elle. ». Sa main t’attrapa, ses lèvres poisseuses de rouge à lèvre se collant contre ta joue en laissant la marque de son passage alors qu’une grimace à peine réprimer s’installa sur ton visage au bruit spongieux de ce contact humide. Et sa voix résonna. Trop forte, comme toujours, alors que son doigt étalait avec application les méfaits de ses lèvres. Une fois qu’elle daigna te lâcher, tu entrepris de faire disparaitre cette couleur criarde. Ca n’allait pas être une mince affaire.

Et c’était là que nous en étions. Toi, Raven, frottant ta joue et elle, Sidonie, assassinant sa laitue et tes oreilles. Par cette hypocrisie, cette fausse gentillesse qui te faisait grincer des dents. Avec cette erreur sur ton genre que tu ne t’étais jamais fatigué à corriger. A quoi bon de toute façon. A ses yeux, tu resterais soit une fille qui ressemblait trop à un garçon, soit un garçon qui ressemblait trop à une fille. Dans un sens comme dans l’autre, tu ne rentrais pas dans le cadre de la normalité et c’tai le genre de chose que ce type de fille aimait par-dessus tout pour ragoter, critiquer et autre synonymes.

« Dingue ouais. Mais ca m'va comme ça. »

Ce qui était dingue, c’était de l’avoir en face de toi, te parlant comme à une bonne amie. Prétendre avoir avec toi, une discussion de fille. Quel principe bizarre. Tu ne comprenais pas. Qu’est-ce qui faisait qu’une discussion pouvait être rattachée à un genre ? Vraiment, c’était trop bizarre. Les filles étaient comme une sous catégorie d’humain qui se complaisait dans la complication de chose déjà difficile à appréhender pour toi.

« T’es pas obligée de faire semblant d’être gentille. Y avait pas de place ailleurs j’imagine. »

Malheureusement, même. En fait, tu le savais qu’il y avait tellement de place potentiel. Mais surement que les autres publics ne s’était pas présenter comme suffisament distrayant pour cette fille. Tu bénissais chaque bouché de salade qui t’épargnait son exubérance. Tu maudissais te fichu légume de ne pas être plus difficile à mastiquer dès qu’elle retrouvait ses facultés de locution.

Le repas de ce midi allait être long. Très long.
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Sidonie S. Schnoor
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Sam 28 Avr - 9:30

    Elle joue avec sa salade, tourne sa fourchette dans l’assiette. Quelque part, y’a comme un truc qui la gêne. On a mis des pignons de pain au milieu de ses feuilles vertes. Et va savoir le nombre de calories qu’on prend, quand on mange un pignon de pain. Evidemment, ça perturbe. On lui aurait même dit, tenez-vous bien, qu’elle aurait grossi des cuisses ! Et c’est vrai que, depuis quelques semaines, la pauvre chérie peine pour rentrer dans son 38. Mais à chacun ses soucis comme on dit.
    L’avantage au moins, quand on mange avec Raven, c’est qu’on se sent belle. Parce qu’avec son tour de poitrine, Raven, elle doit pas en attirer beaucoup, des mecs poilus et bien virils. Et ça fait du bien, un peu de concurrence en moins.

    - Mais qu’eeeeest-ce que tu racoooontes ?

    Elle prend une voix outrée, fronce ses sourcils par mécontentement, finit par lâcher sa fourchette pour lui prendre la main. Elle lui tapote gentiment les doigts, se rapproche un peu, un sourire faussement innocent au bord des lèvres.
    La franchise, c'était rarement son truc. Pas avec des filles comme Raven. Et puis elle était tenue d'agir comme ça par le code. Le code des pétasses. Moqueuse, oui. Mais toujours avec le sourire. Et, entre vous et moi, au fond, Sid, c'était plus la complice un peu stupide dans les films. Pas la grande méchante. Juste celle qui suit et qui dit oui. Ca lui semblait plus simple, aussi.
    Elle a un ton faussement déçue, cette voix qui agace, vous donne un foutu mal de crâne. Il n'y a pas d'émotions qui passent. Juste une voix automatique, à peine intéressée, histoire de tenir la conversation. Comme si c'était vraiment important, quand son seul souci était de savoir exactement le nombre de pignons de pain qu'elle devait manger pour conserver sa ligne.

    - Evidemmeeeent, que je t'aime. Faut pas t'en faire, vaa.

    A peine crédible, bien sûr. Mais vous savez ce qu'on dit : c'est l'intention qui compte.
    Et comme quelqu'un qui n'en a rien à foutre de vous, mais qui pense quand même avoir balayé vos doutes, elle a ce sourire satisfait qui vient se coller sur son visage, en même temps qu'elle retourne à sa salade. Une bouchée plus tard, Sidonie s'apprête à repasser à l'attaque. Elle n'a pas grand chose à dire, et c'est vrai, que voulez-vous dire à une fille que vous ne connaissez pas et que vous n'appréciez pas ? Et pourtant, même sans ça, c'est toujours un monologue qui ressort, bête et vain. Elle mange à peine, papote surtout. Elle lui raconte des trucs. Qu'elle s'est trouvée un nouveau petit ami, et que bon, il lui a posé un lapin lors de leur dernier rendez-vous, mais que ça n'avait pas été volontaire parce qu'il était tombé malade à cause de la soirée qu'il avait fait la veille. Oui, parce que ce monsieur est un gros fêtard, un peu comme tout les petits amis qu'elle se trouve, ajoute-t-elle en riant. Même si, au fond, ce n'est pas vraiment drôle. Elle dit aussi que celui-ci s'appelle Simon, qu'il a des origines françaises et que, forcément, ça le rend beaucoup plus romantique, et qu'il est en plus carrément plus beau que tout les autres. Et que bon, pour assurer, il avait bien fallu s'acheter une nouvelle culotte et un nouveau soutien-gorge. Mais bon, Raven, elle peut pas vraiment comprendre hein ? Elle est encore pucelle, non ? Mais c'est pas grave. Elle a dépensé tout son budget du mois, pour s'acheter ce charmant soutif en dentelle. Rouge passion. Et c'est comme une envie de se vanter, de se montrer.
    Alors, toute contente, Sid déboutonne sa chemise. Pas trop non plus, s'agit pas de montrer ses seins aux trois quart de la salle non plus. Elle se penche un peu, parce qu'il faut que Raven puisse bien voir.

    - T'as vu, ça me les remonte bien, hein ?

    Ce qu'elle n'avait pas prévu, dans son geste, bien sûr, c'était déjà que, de un : Raven n'était pas une fille, et que à priori, montrer ses seins à un garçon dans un réfectoire en plus, c'est déjà pas très malin, mais que de deux : le fameux Simon qui tournait en rond depuis quelques minutes déjà à la recherche d'une place venait tout juste de trouver sa petite amie en compagnie de ce qui, à priori, semblait être un garçon. Et le petit bout de tissu rouge pétant qu'il voyait de loin, n'avait pas manqué à éveiller en lui une certaine animosité. Ainsi, il n'avait pas tarder à rappliquer le bout de son nez à la table de nos deux "tourtereaux", emportant avec lui une vague de visages qui, bien évidemment, ne diraient pas non à une petite scène de ménage pour agrémenter ce repas bien fade.

    - La vue est belle, Raven ?


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Raven Ninvenci
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Sam 28 Avr - 13:33

C’était l’expérience la plus épuisante et la plus difficile à supporter que tu avais eu à affronter depuis un moment. Depuis très longtemps. Le footing dont tu t’acquittais vaguement tout les matins était presque une promenade de santé par rapport à ce qu’on t’infligeait pour le moment. D’ailleurs, on aurait presque pu voir une sorte d’aura légèrement sombre au dessus de ta tête. Tu avais presque l’impression de pouvoir lire ses pensées rien qu’avec ses regards qui se posait par instant sur toi. Sur l’endroit où dans ses plus étranges lubies, elle te voyait avec une poitrine ridicule. Rien d’étonnant quand on savait que tu étais un garçon. Ca aurait été l’inverse qui aurait été inquiétant. Mais il fallait avouer que tu n’arrangeais rien en portant des vêtements vaguement lâche qui pouvait laisser croire qu’ils n’avantageaient en rien des formes qui étaient de toute façon inexistante.

Tu grimaças très légèrement quand elle te prit la main, dans une moue exagéré de mécontentement face à ta remarque, t’assommant de ce ton strident dont avait le secret les filles comme elle. Les filles comme elles. C’était presque une espèce à part quand tu y réfléchissais. Tu ne comprenais pas ce besoin de se réunir en troupeau, surtout quand on savait tout ce qu’elles pouvaient dire les unes sur les autres. Appelons ça le règne suprême de l’hypocrisie sociale. Et puis, parfois, quand elles étaient toutes ensemble, gravitant autour de la reine comme des pétales fades autour d’un bouton jaune et rayonnant, elles te donnaient tellement l’impression d’être des copies les unes des autres. En vérité, une partie de toi avait presque pitié de ce genre de fille… tant qu’elle ne venait pas perturber ton repas.

Mais elle semblait décidée à rester et aussi ne pas prêter la moindre attention à ce que tu pourrais dire. Comment pouvait-on parler autant sans s’essouffler ou fatiguer? Aussi tu décidas de t’essayer à un petit exercice. Juste pour cette fois. Parce que ca semblerait trop invraisemblable de le faire avec quelqu’un d’autre. Avec quelqu’un qui t’écouterait pour de vrai. Tu essayas de lui donner matière à son bavardage qui n’en avait clairement pas besoin. Elle te parlait de la dernière chanson de folie qui venait de sortir, tu demandais vaguement l’artiste, sachant qu’elle l’aurait surement dit même sans ta question. Déplaçant les aliments dans ton assiette, tu ponctuas ses remarques de monosyllabe, écoutant malgré ou au moins essayant. Si tu étais capable de survivre à cette fille, le reste de l’humanité ne serait qu’une partie de plaisir, tu étais (presque) persuadé. Elle te parlait de Simon, son futur ex-prétendant en devenir, si tu avais bien tout compris. Tu voyais vaguement de qui il pouvait s’agir. Très vaguement.

Puis, soudain, les choses dérapèrent légèrement. C’était le risque quand on se trompait. Et encore, pour une fois, les dégâts étaient moindres. Etre pris pour une fille n’était toujours sans risque. Il t’était déjà arrivé d’avoir à repousser des avances de garçon dramatiquement hétérosexuel. Une partie de toi trouvait ça amusant par moment. Mais là. Pas vraiment. C’était plutôt… embarrassant. Elle commençait de parler de ses sous-vêtements. Le rouge. Qu’est-ce que les filles pouvaient avoir avec le rouge ? Tu avais lu dans un livre que c’était la couleur associée à la passion mais franchement… Bref.

Là où tu manquas d’avaler ton eau de travers, c’est lorsque ton regard se leva à nouveau vers la pipelette. Il fallait être honnête. Même si ce n’était pas une chose auquel tu t’intéressais pour le moment, tu es un adolescent avec tout ce qui s’en suit. Après avoir légèrement toussé, ta main restant un peu sur ton visage pour cacher le vague rose aux joues qui t’avait prit sans ton consentement.

« O-ouais. » et ça les remontent même presque un peu trop pensas-tu sans le dire à voix haute pendant que tu regardais vers ton assiette plutôt qu’ailleurs. Très rouge en effet. Le soutient gorge. « Mais tu devrais pas les exhiber comme ça. Garde les pour Simon plutôt. »

Maintenant, il était complètement impossible pour toi de dissiper ce malentendu sans se retrouver dans une situation plus qu’inconfortable. Vraiment, cette fille n’avait aucune pudeur. Tout en reprenant rapidement tes moyens, ton attention fut soudain détournée par une voix à coté de toi. Là, c’était vraiment la pire journée que tu avais eu depuis un sacré moment.

Le fameux Simon, son plateau à la main était planté à coté de toi, l’air moyennement enchanté de voir sa future-ex-petite amie (si tu avais bien tout compris) montrer joyeusement ses attribus à un autre garçon. Difficile de savoir que la rouquine était persuadée parler à une fille. Durant un bref instant, tu te contentas de penser que tu préfèrais qu’il pose son plateau avant de te le mettre dans la figure.

« Tu es surement plus à même de juger que moi… Enfin, j’imagine. »

Après tout, c’était pour lui qu’elle avait acheté ces dessus aguichant. Et pourtant, les monologues fatigants et les éclats de voix de la squatteuse en face de toi avaient eu raison d’une partie, une grosse partie de ta patience. Le fait qu’il se fasse des idées sur toi alors que la plupart des gens qui connaissaient au moins ton nom savait que ce n’était franchement pas ton genre de draguer ou quoique se soit de semblable, ca te fatiguait encore plus. C’est pourquoi, les quelques mots qui suivirent étaient à la limite de la pensée qui avait été un peu trop forte. Suffisamment pour que ta voix en forme les mots de tes lèvres, vaguement traversée d’une expression narquoise l’espace d’un instant.

« Tu l’aurais eu avant moi si tu ne posais pas de lapin. »

Là, tu étais presque sûr que le plateau ne se poserait pas sur la table.
Vraiment, cette fille était fatigante et même, une source d’ennuie au fil des secondes. Mais qu’est-ce qui t’avait prit de ne pas simplement avaler ton repas rapidement pour t’enfuir ?

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Sidonie S. Schnoor
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Dim 29 Avr - 12:42

    J’ai glissé ma main dans mon soutien-gorge. L’inconvénient, quand on a deux pastèques à la place des seins, c’est que la chose a toujours tendance à déborder sur le côté. Délicatement, je les secoue un peu. Qu’ils emboîtent bien comme il faut la forme de mon dessous.
    Le visage rouge cramoisi de Raven m’arrache un énième petit sourire. Et je connais très bien ces yeux fuyants, ces mots un peu bredouilles, cette voix si mal assurée. Au fond, si ce n’est pas de l’envie ni de la jalousie, ça ne peut être qu’une chose : une profonde et fervente admiration. Evidemment. Raven, ma vierge effarouchée, ne peut pas se vanter d’en avoir des comme ça. Mais, pendant un bref instant, quand même, la gêne que je lis chez elle me force à m’interroger quand à la direction que prend son orientation sexuelle. Et je crois, non, je jure que cette nana-là a assurément les hormones qui partent en vrille dès qu’elle se retrouve en présence d’une fille. Un potin bien croustillant. Je tiens un scoop. Que je vais raconter aux autres, bien sûr. Pas par méchanceté, non. Jamais. Mais parce que je suis de celles qui croient que toute vérité est bonne à dire. Je pense au droit de l’information. Le monde veut et doit savoir.

    Je commence à peine à reboutonner mon chemisier, qu’une voix que je crois avoir déjà entendu quelque part rugit à quelques centimètres à peine de notre table. Et pour sûr que je la connais bien cette voix. Le grand Simon, son plateau à la main, la figure contrarié et le front creusé par trois grosses rides –dont je soupçonnais à peine l’existence au moment où je lui proposais qu’on sorte ensemble- nous toise un brin méchamment. Et je dis bien « nous ». Comme si moi, en particulier, avait fait quelque chose de mal. Je sais ce qui le chiffonne, ce gros bêta. Juste parce que Raven ressemble un peu à un garçon. C’est bête, mais en même temps je ne dis rien. Parce que peu importe comment je le regarde, mon français bien péteux a cette rage au fond des yeux, celle qui n’écoute rien et qui ne veut rien savoir. Il a les mains qui tremblent. Et je le sens bien capable, le nigaud, de me retourner une droite.

    Ce qui ne semble en aucun cas déranger ma petite vierge, qui se découvre soudain une nouvelle âme de rebelle. Simon tourne vert, je crois qu’il n’a pas l’habitude qu’on lui souffle sa copine juste sous ses yeux, et ni qu’on le lui revendique haut et fort. Parce que c’est un peu ce qu’elle fait, Raven.
    J’ouvre grand les yeux et grand la bouche devant la provocation. Et puis je me fais petite d’un coup. Je voudrais bien qu’on m’oublie un peu. Mais rien n’y fait. Simon fait des allers-retours entre mon visage et celui de Raven. Il a les joues gonflées, les larmes aux yeux, presque. Colérique. Il pose son plateau sur le coin de la table, attrape son plat principal avant d’écraser l’assiette sur le visage de ma pauvre Raven. Et ce sont des « oh ! » et des « ah ! » qui retentissent alors dans la salle.

    - Toi ! Il faut qu’on parle !

    Il me pointe du doigt, vocifère, mais je ne l’écoute plus déjà. Je suis fixée sur l’amas de couleurs qui recouvrent la figure de Raven. Et je sais que la rupture approche. Mon couple bat toujours de l'aile, de toute façon. Au fond, j'ai préparé mon discours de séparation depuis longtemps. Je ne suis pas faite pour les relations longues durées, quand bien même celle-ci n'a duré que trois jours. Oui. Trois pauvres jours. Pas même le temps de se faire sauter une fois ! Dire au revoir à mon Français. Il ne s'y attend sûrement pas. Je sais très bien de quoi il veut qu'on parle. Je vais me prendre un savon. Il va me hurler dans les oreilles, me déchirer les tympans jusqu'à ce que je plaide coupable. Au fond, ce n'est pas vraiment de sa faute à lui. C'est moi. Je suis bête et lâche. Il suffirait pourtant de tout expliquer. Mais ma voix ne sort pas. Je tremble un peu. Je sais pourquoi. Je sais qu'il faut que je m'en sépare. Quand même, c'est plus simple comme ça. Ca l'a toujours été.

    Je me lève. Je n'ai pas l'intention de le suivre, bien au contraire. Je vais lui offrir une séparation digne de ce nom, et combler la curiosité de tous ces visages tournés. Et au fond, pour ce que ça change. Je porte des talons hauts, des robes trop courtes, un maquillage trop lourd. Dans le jargon, je suis comme une pute. Donc je joue mon rôle. Ca ne devrait étonner personne. Mais quand même. On m'avait pourtant bien dit, que c'était un joli morceau. Il avait promis de m'emmener à Paris. Je voulais voir la tour Eiffel. Boire du bon vin. Je soupire, un peu. Adieu mon séjour de banlieusarde friquée très VIP.

    Je me penche vers Raven. J'attrape la serviette sur mon plateau, je l'aide à enlever le plus gros. Je prends son visage entre mes mains, j'essuie le contour de ses lèvres. Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire, parfois, pour se donner des airs. Et, sans lui laisser le temps de réagir, j'ai ma bouche qui se pose grossièrement sur la sienne. Je pince doucement sa lèvre inférieur, je tartine de rouge. Je force le passage avec ma langue, je trouve la sienne. Le contact n'est pas agréable. Je l'oblige, un peu.
    Mais au moins, ça a le mérite d'être clair.
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Dim 29 Avr - 16:18

Lorsque le plateau se posa brutalement sur la table, tu avais entrevu l’espoir d’éviter de te prendre son contenue dans la figure. Tu t’attendais à un coup de poing. Ou peut-être quelque chose de suffisamment viril pour que le prétendant puisse redorer son blason devant sa belle. Si ca l’amusait. Sous tes airs un peu mou, tu n’étais pas non plus du genre à te laisser frapper. Le rôle du punching-ball, ce n’était pas ta tasse de thé (et d’ailleurs, tu n’aimais pas ça… le thé). Il était droitier à voir son poing se serrer. Tu n’aurais surement qu’à balancer un peu ta chaise en arrière pour éviter son coup et …

Mais voilà, ce n’est pas son poing qu’il te mit en plein visage mais son assiette de spaghettis bolognaise. Au moins, il y avait l’effet de surprise. Quelle plaie les scènes de ménages. Tu n’avais plus qu’à te changer. Et en plus, tu détestais la sauce tomate. Entre ça et le fait que ca te plaçait au centre de l’attention (quoique le simple fait de manger avec Sidonie attirait l’attention). Vraiment, il n’avait rien fait pour arranger le piètre état de ta patience. Attrapant une serviette de façon un peu plus agacé qu’à l’ordinaire, tourna ton regard vers l’abruti de français qui n’était pas capable d’être à l’heure à un rendez-vous.

« Ca va ? T’es calmé maintenant ? »

Une pointe d’agacement dans ta voix. Chose rare. Mais certainement pas aussi rare que l’expression de surprise quand la serviette de Sidonie se posa plus rapidement que la tienne sur ton visage. Pourtant, elle n’avait pas décroché un mot depuis qu’il avait débarqué. Ca représentait une forme de soulagement d’une certaine façon, étant donner qu’elle t’avait assommé de phrases à peine ponctué pendant au moins vingt minutes juste avant. Mais tout de même. Tu l’observais faire, perplexe. Au fond de toi, tu le savais. Tu savais que ca cachait quelque chose. Elle avait eu l’air de bien s’amuser à ta réaction un peu gênée un peu plus tôt. Dieu seul sait d’ailleurs ce qu’elle a bien pu en déduire avec ses certitudes te concernant. Surement que tu étais une fille complexée. Au mieux. Et tu préférais éviter de songer au pire.

Mais tu n’eus pas vraiment le loisir de décider d’y songer quoiqu’il en soit. Alors que tu t’apprêtais à lui faire arrêter son manège des apparences, elle se rapprocha subitement pour écraser ses lèvres contre les tiennes, ne laissant sur ton visage qu’une expression de stupeur. La sauce tomate encore présente sur ton visage permis de limiter les dégâts des couleurs que prit ton visage sur le coup. Dans la salle, les « ooooh » et les « waaaah » se succédaient dans un vague brouhaha qui sonnait comme un bourdonnement sourd et lointain.

Dans ce genre de circonstance, on est sensé se sentir bien, peut-être un peu emporté dans le mouvement. C’était souvent décrit dans les livres comme quelque chose de doux et mouillé. Oui, car tu n’avais que cette expérience là de ce genre de pratique. Les livres. Qu’y avait-il d’étonnant dans le fond ? Tu n’avais jamais réellement prit la peine de te lier aux gens alors avoir une petite amie, il ne fallait pas trop compter dessus. Mais ce baiser ressemblait plus à une sorte d’agression. Tu te sentais gêné mais aussi oppressé. Il te fallut quand même quelques instants pour te remettre de cet assaut soudain mais le contact de sa langue sur la tienne, cette intrusion forcée.

Tu reculas dès que tes esprits se reprirent, tes mains serrés sur les bras de Sidonie pour la faire s’éloigner aussi. Tes mèches alourdis de sauce à la viande tombaient devant ton visage, voilant une partie de ton visage. C’est pour ça que tu n’aimais pas ce genre de fille. Sans gêne. Sans aucune notion de pudeur. D’espace vital. Une simple vengeance, un acte puéril. Entre ces deux là, tu avais été un instrument. De dispute. De rupture. Mais tu n’étais pas un objet. C’est pour cette raison que tu évitais les autres la majorité du temps. Parce qu’il ne savait faire que ça, utiliser les autres.

Sans t’en rendre compte, tes doigts se serraient les bras de Sidonie que tu n’avais pas lâchée, pour la tenir à distance. Finalement, tu finis par te lever en la lâchant. L’ensemble des regards de la salle centrale étaient tourné vers vous. Tu n’aimais pas ça. Tu n’étais pas là pour ça.

Te changer. Pour le moment, tu devais quitter cet endroit pour aller changer de vêtement. Laissant ton plateau sur la table, tu commenças de t’éloigner, bousculant Simon au passage, sans prendre la peine de t’excuser. Sans un mot pour Sidonie. Sans un regard pour ce public trop curieux.

Pourquoi avait-il fallut qu’elle s’assoit à ta table ?

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Sidonie S. Schnoor
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Ven 4 Mai - 17:56

    Je l’embrasse mal. J’aurai pu y aller plus doucement, plus gentiment. Je sais comment on fait. C’est prendre le regard qu’ils aiment, quand j’ai les yeux un peu ronds, et la bouche entre-ouverte. Chérir ces badigoinces, les frôler à peine. Etre tendre, procurer ce sentiment de douceur sucré. Celui qu’on décrit si bien dans les bouquins à l’eau de rose. Bien embrasser, c’est juste accentuer le désir d’en voir encore. Recommencer. Je sais tout ça. Il y en a eu des garçons, il y en a toujours. J’apprends.
    J’ai pas pu avec Raven. Je crois que c’est parce qu’elle ne me plait pas. C’est pas vraiment de sa faute, non. Au fond je sais bien, qu’elle m’a rien demandé. Et on doit facilement me détester. Mais il fallait bien que Simon comprenne que c’était fini. Je me sens garce. Mais c’est pas vraiment ma faute non plus. Je suis pas toujours innocente, et j’aurai pu le quitter autrement, sans nécessairement impliquer quelqu’un d’autre. Mettre Raven au milieu. Je suis désolée, un peu. Mais en même temps je suis comme ça. Et c’est pas ma faute, si je suis moi.
    Mais Simon n’était pas un mauvais bougre. Et je vois bien que je viens de lui faire de la peine. Il a les yeux un peu tristes. Il regarde plus vraiment Raven, je crois qu’il s’en fiche. Il me dit que je le dégoûte. Que je suis une garce. Une pute, en fait. C’est un mot qu’on sort plus facilement que garce, quand on est énervé. Ou quand on me regarde, juste.
    Et je me rends compte que, maman me manque.

    Et je me rends compte que ma lâcheté vient de mettre fin à une relation qui aurait pu durer, pour une fois. Tant pis.
    C’est pas grave. C’est ce que je me dis, en même temps que Raven me repousse. Ca non plus, ça n’a pas vraiment d’importance au fond. C’est sûrement pas de l’amour. Ca aurait du mal à y ressembler, rien qu’avec la sauce tomate qui coule le long de ses mèches de cheveux. Je me sens un peu pathétique, sans trop savoir pourquoi. Je crois lire de la haine, dans ses yeux. Enfin, je sais pas. J’imagine beaucoup de choses, des fois. Mais c’est plus facile de penser comme ça.

    Je me sens un peu sale. Pas à cause de cet arrière-goût de bolognaise, dans ma bouche. Autre chose. Comme la légère impression d’avoir fait quelque chose qui n’est pas bien. C’était peut-être son premier baiser. Enfin, j’en suis plutôt sûre même. Raven a pas une tête à avoir déjà essayé ce genre de trucs. Je me sens pas vraiment coupable. Le premier baiser, c’est important que dans les shojos. Moi, la première fois, ça m’a pas fait grand-chose personnellement. J’étais à moitié en train de décuver, quand un grand blond était bêtement venu s’asseoir sur moi. Je me souviens bien d’un baiser goût tequila. Il avait des lèvres toutes fines. A l’époque, j’avais un peu peur de les lui manger. Me semblait qu’il avait réussi à les mettre dans ma bouche. C’était maladroit. On se donnait des coups de dents. Je me rappelle que ça m’avait fait rire, sur le coup. Et c’est là que j’ai compris qu’un bisou ça n’avait rien d’extraordinaire. En soirée, ils ont tous le même goût que la première fois. On apprend juste à tourner la langue dans le bon sens, c’est tout.

    « Tu me fais un peu mal, Raven. »

    Je me sens horrible, d’un coup. Pas au point d’avoir des remords, mais je comprends mieux pourquoi on me traite de garce, parfois. Ou pourquoi on me gifle, quand ça arrive. Il y a des jours où je suis mignonne. Où je me trouve mignonne. Aujourd’hui, je ne le suis pas. Pas beaucoup. J’suis dégueulasse, même. Mais ça me choque pas vraiment.
    Je me trouve culotée. Parce qu’il faut être culotée, là, tout de suite, pour lui dire un truc comme ça, à Raven. Oh ! Ca paraît tout bête, tout innocent. Et c’est vrai qu’il me serre un peu fort. Mais je pense que c’est pas grand-chose, par rapport à ce que je viens de lui faire subir. Je me sens un peu comme un bourreau. Pour une fois. Mais il paraît que c’est quelque chose de bien, le culot. Pas vrai ?

    Elle finit par se lever. Je la regarde s’éloigner, je baisse la tête. Simon me toise.

    « Tu peux t’en aller… S’il te plait. »

    J’attends pas vraiment une réponse. Et c’est moi qui m’en vais. J’attrape mon plateau, je file. Pas bien loin. Je rattrape juste Raven. Genre. Je sais pas trop comment je fais, avec des talons vertigineux. Question d’habitude, je suppose. J’entends à peine les injures, celles qui sortent de la bouche de Simon. Et des autres. Mais je m’en fiche. C’est malheureux à dire mais, y’a pas grand-chose qui m’importe vraiment. Alors non, je vais pas lui dire que je suis désolée juste pour lui faire plaisir alors que je le suis pas. Je vais pas lui dire que je regrette, c’est pas vraiment le cas. Je veux pas me rattraper. Au fond, on sait bien que c’est pas trop mon genre. Enfin, je pourrai faire tout ça. Je le fais souvent. C’est mon côté hypocrite qui veut ça. Mais ce serait vraiment abuser pour le coup, non ?

    « Je crois que les gens jasent… On s'en fiche, non ? J'ai un peu mal fait. Le coup du baiser quoi. J'embrasse un peu mieux que ça, d'habitude. Fin' bref. Je recommencerai plus, c'est pas top avec une fille. Mais je vais t’aider à nettoyer tes cheveux. Ca, je le fais très bien. »
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Raven Ninvenci
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Ven 4 Mai - 20:58

Tu t’éloignes. Tu gardes la tête baissée. Tu les entends tous. Ces gens qui parlent, ces gens qui jasent. Tu laisses derrière toi la succube, cette fille aux cheveux roux. Et ce garçon, qui n’a plus le cœur de te haïr sans doute, trop occupé à la détester. Ce garçon qui sait que tu en ais un toi aussi. Pourquoi est-ce que tu n’as rien dis ? Tu ne sais pas. Tu n’as jamais estimé avoir à justifier ton genre. Tu n’étais pas responsable de ce que les autres pouvaient s’imaginer sur toi. Leur présomption n’engageait qu’eux. Mais cette fille. Elle ne s’engageait jamais seule. Ce baiser. Elle t’avait mis au milieu de ce cirque, cette comédie. De façon brutale, de façon tyrannique. Tu n’aimais pas ça. Tu ne l’aimais pas. Tu ne l’avais jamais aimé de toute façon.

Tu évitais de regarder les gens. Tu n’aimais pas agir ainsi, comme si tu avais quelque chose à te reprocher, ca ne te ressemblait pas. De baisser la tête. Mais cette sauce tomate te gênait, tes cheveux alourdis te piquaient les yeux. Ton seul objectif était de quitter le réfectoire, vite. Tu les entendais, derrière le grondement des murmures à ton passage, tu entendais les tourtereaux se quereller derrière toi. Tu entendais surtout Simon hurler. Un de ces flots d’insultes qui ne trahissent qu’une fierté blessée, peut-être un cœur meurtri. Tu t’en moquais. Ca ne te concernait pas. Tout ceci t’épuisait.

Le bruit de pas qui te poursuivent. Les murmures qui se muent en voix clairs. Et son parfum. Trop de parfum, comme toujours. Même la bolognaise ne pouvait pas t’empecher de le sentir. Tu tournas vaguement le regard vers elle quand tu l’entendis, déversé à nouveau ce flot de parole dans tes oreilles. Ca ne sonnait pas comme une excuse. Ca ne sonnait comme rien. Ces mots étaient creux. Ponctué par le claquement de ses interminables talons sur le sol. Alors que vous vous retrouviez dans le couloir, en dehors de la salle, quelques curieux guettant la suite de cet intéressant bruit de couloir qui allait bientôt faire le tour de l’école. Un nouveau couple. L’inattendu. Tu savais déjà qu’on allait venir te prendre la tête avec ça. Avant les cours, après les cours. Pendant tes siestes. Jamais tu ne serais tranquille. Peut-être même que certaine personne que tu n’appréciais pas et qui en avait autant à ton égard en jouerait. Ca ne faisait pas le moindre doute.

Et elle te suivait encore.
Le repas que tu n’avais pas finis. L’assiette que tu avais encaissé. Ses lèvres qui t’avaient agressé. Ca faisait trop pour que tu restes aussi impassible que d’ordinaire. Trop pour que tu gardes ton calme. Beaucoup trop pour que lorsqu’elle te suive au détours de ce couloir qui menait aux dortoirs, tu te retiennes d’avantage.

Tu fis volte face soudainement, la plaquant contre le mur avant de la bloquer en plaçant tes bras de part et d’autre d’elle. Tu plantais ton regard dans le sien. On aurait pu rire. De te voir agir de la sorte, le visage barbouiller de tomate, tes yeux ne détonant pas vraiment au milieu de tout ce rouge. On aurait pu. Mais rien dans ton expression ne laissait la place au rire. Même si ta voix n’éclata pas. Hurler n’avait jamais été dans tes habitudes. Même lorsque tu étais en colère. C’était trop fatiguant. Cette fille ne mérite pas que tu te fatigues d’avantage.

Arrête de me suivre.

Ca aurait pu s’arrêter là. Si tu n’avais été que contrarié. Si tout ceci ne t’avait que modérément gêner. Si cette histoire n’avait été rien de plus qu’une dispute de couple dont tu aurais subit les dommages collatéraux. Mais voilà. Elle t’avait mis en première ligne, comme un bouclier. Elle t’avait utiliser comme une arme, un vulgaire objet.

Je déteste les filles dans ton genre. Lâche. Hypocrite. Je n’ai pas besoin de tes faux semblants. Je n’ai pas besoin de ta fausse compassion. Je n’ai pas besoin de tes fausses attentions. Je ne suis pas un objet que tu peux utiliser comme ça te chante, quand ca te chante.

Parler autant, tu n’aimais pas ça. C’était fatiguant. Et pourtant, tu avais cette colère sourde. Celle qui te donnait l’énergie d’aligner encore quelques mots.

Laisse moi tranquille maintenant.

Lentement, tu détachas tes bras du mur. Doucement, tu fis quelques pas en arrière avant de reprendre ta route. Avant que cette odeur de sauce à la viande ne te donne la nausée. Tu n’avais pas l’intention d’aller assister au reste des cours de la journée. Après ta douche, tu irais sûrement t’écrouler sur un des lits de l’infirmerie. Pour dormir. Parce que tout ce cirque t’avait complètement vidé.

Alors tu t’éloignais sans te retourner sur cette fille au beau décolté. Cette pute au talon aiguisé. Cette rousse qui avait piétiner ta tranquillité.
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