« Une aide viendra toujours à ceux qui la méritent. - Le vieux avait vraiment un problème dans sa tête ! »
Gabriel, alors que tu cherchais à fuir, comme le reste des élèves, tu ne pouvais pas avancer à cause de la foule sur ton chemin. Camille, âme généreuse qui voulait plus t'embêter, attrapa ton fauteuil roulant et dégagea le passage. Sauf que, ne sachant pas vraiment où aller, ayant surement un sens de l'orientation laissant à désirer, ou voulant tout simplement t'embêter, il vous fit descendre par l'escalier dont les marches sont hautes et cabossées, humides et glissantes, dont le couloir est étroit où le fauteuil passait à peine. Vous arrivez alors dans un endroit sombre, et continuant votre chemin, vous vous retrouvez dans une grotte sombre et terriblement humide. En continuant votre chemin, vous commencez à entendre des chants mais, voulant les éviter, vous vous en rapprochez incontestablement. Dans la grotte, profonde dont le noir est à l'oeuvre, vous ouvre une porte qui, lorsque vous la pénétrez, vous entraîne dans une immense cavité où un lac semble s'y trouver.
En son bord, se trouve Raven, discutant avec des femmes sortant juste leur buste de l'eau. Elles n'ont pas l'air menaçantes et semblent prendre plaisir à discuter. En vous voyant arriver, elles replongent dans l'eau, et, au même moment, la porte derrière vous se ferme. Vous voilà coincés dans les abysses du troisième niveau. Raven, il s'avère que ton don permet d'apaiser les sirènes qui t'apprécient sans te vouloir de mal, enfin, tu crois. Tu t'es perdu en essayant de retrouver ton chemin et tu as été attiré par leurs appels assoiffés, à la base, de sang (appel que tu as pu décrypter dans leurs chants).
Problème ? Gabriel et Camille semblent être totalement captivés par les fées du lac, et tu dois absolument les empêcher de tomber sous leur charme, tu sais bien qu'elles ne leur voudront que du mal...
Camille commencera le sujet, suivit de Grabiel et enfin de Raven ! Attendez-vous à ce que je revienne vite vous voir chers enfants...
Jean-Camille Douze
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Sam 14 Jan - 14:58
Depuis toujours j'ai, contre le malheur, le silence pour remède.
Tout autour de toi, des murmures, des murmures effrayés, des murmures parfois incompréhensibles, sifflés, soufflés en allemand, langue qui t’échappait totalement. Ô combien la présence du concierge et son formidable don de traduction, plus utile, plus fiable que Reverso, Google Traduction ou autre, te manquait. Les sonorités caverneuses de la langue de Goethe résonnaient à tes oreilles comme un dialecte violent, sourd. Au milieu des voix, des chuchotements effrayés, tu gardais tes lèvres closes. Pensif, tu digérais l’information. Un géant, un géant dans l’école, une de ces bêtes sanguinaires, une de ces bêtes dangereuses… Le fait que le directeur de Synchronicity ai permit son entrée ici ne t’étonnait même pas, ce genre de bêtises lui étaient habituelle, de fait, plus que la culpabilité avérée du professeur Onstread, ce devait être l’exotisme de la créature qui excitait les élèves de l’école russe. Les géants n’étaient en général qu’évoqués et rares étaient les élèves en ayant déjà vu un de leurs propres yeux.
Cependant, tu n’avais point envie de faire connaissance avec le monstre si bien que tu choisissais bien évidement d’obéir au directeur de Virtus Insania qui exhortait les élèves à rejoindre leurs dortoirs. Soupirants, tu te levais, abandonnant les restes d’un repas trop riche pour ta glycémie. La foule, autours de toi, se mouvait ans un désordre extrême. Tu balbutiais quelques « Excuse me, excuse me » en te frayant un passage, usant d’un anglais parfois quelque peu maladroit pour te faire comprendre par les allemands, par tes camarades synchroniciens même, eux qui, trop habitués à bénéficier d’une traduction automatique, souffraient de l’absence du concierge. Ta cible dans cette foule ? Un pauvre, pauvre assisté qui, trop bas sur son fauteuil insultait toute personne osant lui couper la route. Gabriel de Saint Andrez, luttant avec les commandes de son fauteuil roulait allégrement sur quelques pieds, crachait du fiel dont le ton traduisait la signification mieux que n’importe quel dispositif magique. Guidé par ton devoir, cette dette dont tu te serais pourtant bien passée, tu agrippais les poignées de l’engin que tu poussais au travers de la marée humaine, t’excusant du regard aux innocents insultés, sifflant entre tes dents des paroles invitant ta Némésis à bien vouloir cesser céans ces successions acerbes d’insultes éhontées. Vous extirpant de la cohue, tu avisais une porte qui, si tes souvenirs étaient bons, devait mener aux dortoirs mis à la disposition des élèves de l’académie de Russie.
Mais en ce dédale de pierre, tes souvenirs te trompaient, tu te retrouvais face à bien des escaliers, montants, descendants… Cherchant un hypothétique et introuvable ascenseur, tu t’enfonçais entre les couloirs, accompagné par la détestable voix de St Andrez qui prenait grand plaisir à railler ton sens de l’orientation, sans être pour autant capable d’arranger la situation, ce que tu ne manquais pas de lui rappeler face à sa mauvaise foi. Excédé, tu finissais par pousser l’engin dans un étroit escalier, prenants un grand plaisir à imaginer l’inconfort de la situation pour sa majesté, les cahots imprévisibles, les roues patinant contre les marges glissantes, les secondes de chute libre quand "accidentellement" les poignées du véhicule t’échappaient des mains, le choc de la chute écourtée par un choc contre une aspérité du mur irrégulier… Oh, tu n’étais pas bien fier non plus, tes chevilles étaient soumises à rude épreuve sur les marches tordues, les trop rares, trop faibles, sources de lumières faisant naître d’inquiétantes ombres contre la pierre, une odeur de vase montait des profondeurs et surtout, un murmure, un chant, une étrange litanie semblait emplir l’air. Sourd aux menaces de l’autre, menaces que tu aurais pu réciter de mémoire tant tu t’y étais habitué, tu continuais d’avancer, imposant ta volonté au fauteuil. Fin de l’escalier, début d’un sol tout aussi accidenté, vaguement pavé, glissant, vaseux, et toujours ces chants. Inquiétants, entêtants… Et pourtant, si attirant, tu tentais vaguement d’y résister, mais le chemin le plus plan vous menait au bord d’une énorme étendue d’eau, un lac souterrain dont les rives opposées se perdaient dans les ténèbres.
Bruit de l’eau, sans doutes des poisons venaient ils de plonger dans les profondeurs aqueuses. Bruit de l’eau, entre deux roches, ton pieds s’était enfoncé dans un humide piège. Douloureux aussi, la roche avait superficiellement entaillé là pâle peau de ta cheville, furtivement tordue. Bruit de l’eau et tu apercevais furtivement des formes, très vaguement humaines, nageant dans l’ondée. Bruit de pierres qui s’entrechoquent et voilà que du coin de l’œil, tu percevais un fantôme, ou presque.
« -Kylian… ? »
Un murmure, rien qu’un murmure. L’ombre était relativement éloignée de vous, bien mal éclairée, différente, mais pourtant si proche de feu ton colocataire. Tu ne savais quoi penser. Il y avait cette apparition. Il y avait l’autre, incapable de se taire. Il y avait ta cheville t’élançant doucement. Et il y avait ce chant, si doux, si pénétrant, si captivant qu’irrémédiablement, ton regard, ton être semblait être attiré par ces formes ondulantes, ces profondeurs opaques.
Le géant, oh, quel géant, il était bien loin de tes préoccupations à présent, tu avais plus important, plus intéressant, plus envoutant.
Gabriel de St-Andrez
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Mer 18 Jan - 14:35
Tout autour de Gabriel, c'était la cohue. Les élèves couraient, hurlaient, juraient, la plupart en allemand, la langue de leur école, leur langue, d'autres dans des idiomes plus colorés, plus divers. Parmi ces voix incompréhensibles, il lui semblait en reconnaître quelques unes, celles de ses camarades Synchronicitiens, tellement habitués au don de leur concierge qui leur permettait de se comprendre les uns les autres sans même songer à changer de langue. Quel dommage que celle-ci, encore sous le choc de l'attentat, n'est pas encore récupéré la pleine maîtrise de son pouvoir, il semblait être en ce moment critique plus ou moins hors service, et les communications, de ce fait, en prenaient un coup. Ce qui n'empêchait pas le blond de jurer plus que son content, mots fleuris de son français natal, une langue si distinguée et vulgaire à la fois. Oh, ce n'était pas qu'il paniquait, ça, non. Un géant, la belle affaire, vu la hauteur de plafond dans cette salle, ils n'avaient pas grand-chose à craindre. Non, lui s'énervait sur ces autres bien trop grands, qui ne prêtaient aucune attention à ce qui se trouvait en dessous de leurs épaules. Or, depuis quelques temps, c'était à cette hauteur que Gabriel vivait, à cette hauteur qu'il était condamné pour avoir, dans un réflexe étrange, voulu sauver son pire ennemi. Gymnastique de la haine, ce n'était même pas par la volonté de Camille qu'il se retrouvait là-dedans, mais il arrivait tout de même à lui faire porter le chapeau. Alors, même si le brun n'apparaissait pas dans son champ de vision, son nom revenait quand même dans la litanie de Gabriel, au milieu d'insultes vindicatives à l'encontre de quiconque, dans un accès de panique, bousculait à peine son fauteuil, ce même fauteuil auquel il n'était pas encore habitué, dont il essayait encore de se lever, comme par réflexe, au moins trois fois par jour, et surtout qu'il ne savait pas encore contrôler comme il l'aurait voulu. Alors oui, il correspondait à ce que l'on trouvait de plus maniable sur le marché, commandes électroniques répondant au doigt et à l'œil au mouvements du joystick implanté sur l'accoudoir droit, un vrai bijou de technologie. Sauf que comme ça ne faisait qu'une semaine qu'il était sorti de l'hôpital, et donc qu'il ne se déplaçait plus qu'ainsi, il avait encore du mal. Surtout dans une cohue telle que celle qui avait lieu en ce moment même.
Et puis soudain, des mains agrippèrent les poignées situées derrière son dos, une voix bien trop connue lui intima de se taire. Ce qu'il fit, un instant seulement, les mais soudainement crispées sur les accoudoirs, le temps de laisser le frisson de haine qui le parcourait se dissiper. L'Autre, encore et toujours, présent surtout quand on ne voulait pas le voir, cet Autre qui venait s'acquitter de l'énorme dette qu'il avait contracté sans même le vouloir envers Gabriel. Sa vie était sauve grâce à lui, il devait devenir son esclave personnel, tel était le nouveau marché. Le nouvel ajout aux règles du jeu. Un ajout qui n'avantageait que Gabriel, un handicap pour l'Autre, pour compenser celui qui avait été infligé au blond. Pour rééquilibrer la donne. Les répliques acerbes montaient lui montaient aux lèvres, et, s'il les contenait, ce n'était que parce qu'elles seraient passées totalement inaperçues dans la cohue dans laquelle ils étaient plongés, mais qu'ils quittaient progressivement, guidés par le brun qui, campé sur ses deux jambes, avait déjà moins de mal à les déplacer tous les deux. Et puis la foule devint éparse, et puis ils s'éloignèrent petit à petit du brouhaha. Ce qui, alors qu'ils étaient censés se diriger vers le même endroit que le reste des élèves, n'était pas spécialement bon signe. Mais alors que le silence se faisait autour d'eux, les mots pleins de fiels qui se bousculaient sans interruption aux lèvres de Gabriel purent enfin les franchir :
- Rassure-moi, Camille... Tu ne vas quand même pas me dire que ton cher don t'as transmis l'admirable sens de l'orientation féminin ? Parce que sinon, on n'est pas sortis de l'auberge...
Les hostilités étaient lancées, mais pour ce soir, peut-être resteraient-ils calmes, après tout l'Autre ne semblait pas très réactif, peut-être cherchait-il réellement le moyen de retourner dans le dortoir qu'on leur avait attribué, ou peut-être... Peut-être cherchait-il uniquement un moyen de faire taire Gabriel en lui rappelant son état, une solution qui ne vint à l'esprit du blond que lorsqu'ils s'engagèrent dans un escalier étroit et glissant. Parce qu'il était persuadé de n'avoir utilisé aucun escalier pour aller de leur dortoir à la grande salle où avait lieu la réception. Parce que les cahots qui le secouaient étaient parfaitement le genre de châtiment que Camille était capable de lui infliger. Alors il râlait, à son habitude. Accablait le brun de toutes ses revendications, si habituelles qu'il lui semblait impossible de pouvoir s'adresser à lui autrement. Et puis, après une interminable descente, l'escalier toucha à sa fin. Autour d'eux, une grotte, avec un lac, au milieu. L'air, soudain plus lourd, comme s'il s'était épaissi. Et puis, venant du fin fond de la grotte, des rires, cristallins, des chants, voix féminines si douces, si claires, si belles. Tellement qu'un certain malaise s'empara de Gabriel. Et qu'il se tut un instant. Avant de reprendre ses remarques acerbes, comme pour mieux évacuer, ou mieux masquer son trouble. Et soudain, la voix de l'Autre, qui ne prenait même plus la peine de lui répondre, totalement hermétique ce soir-là à leur joute. La voix de l'Autre, qui prononçait un simple prénom, celui de son ancien colocataire, Gabriel le savait, il savait tout de la vie de l'Autre, n'avais jamais pu déterminer si ce colocataire présentait plus que de l'indifférence pour le brun. Mais connaissait le sort qui avait été le sien lors de l'explosion. Alors il saisit la balle au bond, puisque l'absence de réponse de l'Autre le rendait plus mal à l'aise encore que l'Autre :
- Allons bon, tu vois des fantômes mainte...
Mais il ne finit pas sa phrase. Parce que son regard avait suivi celui de Camille. Parce que lui aussi, dans la silhouette debout au bord du lac, croyait reconnaître celle, méconnue, du décédé. Parce que les rires et les chants s'étaient rapprochés, intensifiés. Parce que, ce soir, il lui semblait que tout s'emmêlait, se mélangeait, s'embrouillait.
Raven Ninvenci
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Mer 18 Jan - 19:38
Tu avais été troublé. Troublé par ce jeune homme aux traits presque aussi fin que les tiens. Il avait prononcé son nom. Kylian. A cet instant, ce bref instant dans ce couloir, avant que le professeur ne l’emmène rejoindre les autres, au moins où il avait prononcé le nom de ton cousin, ta tête s’était vidée. Pas dans le sens le plus agréable qui soit. Tu avais perdu toute faculté de communication, ta motricité. Tout. Seuls tes sens les plus sommaires étaient restés. La vue, ton regard le suivant alors qu’il s’éloignait. Ton ouïe, ton cerveau enregistrant le nom que le professeur avait prononcé.
Et puis, tu t’étais retrouvé à nouveau seul, désemparé, frustré. Tu avais passé plusieurs minutes assis sur la pierre froide du sol, ton front posé contre le genou de la seul jambe qui était ramené vers toi. Tu savais pour le banquet de bienvenue mais à cet instant, tu n’avais pas le moindre appétit. Alors tu t’étais mis à marcher. Comme tu le faisais souvent lorsque tu ne savais pas quoi faire d’autre. Tu marchais dans les couloirs, perdu dans tes pensées, revoyant cette scène comme un vieux film en boucle, te reprochant de ne pas avoir fait tel ou tel chose. C’était plus facile après.
Le fil de tes pensées fut interrompu par un son. C’était vague, c’était lointain mais tu l’entendais. Un chant qui t’apaisait, te guidait, te charmait. Attiré par cette douce litanie empreinte de mélancolie et de mort, tu t'étais laissé guidé, avec l'intime conviction que tu courrais à ta perte mais, ces voix, plaintives, déchirées de solitude avait réussit à capter ton attention, comme le pleur d'un faon perdu dans les bois, seul et isolé. Tu descendais un peu plus, un peu plus loin au cœur de cette école, dans une zone que tu aurais surement mieux fait d’éviter. Finalement, tes pas t’ont conduit dans une salle à l’atmosphère humide et plongée dans la pénombre. Et pourtant, tu entendais distinctement le clapotis de l’eau. Et leur voix. Les voix de ses femmes. Doucement, tu t’approchas de l’eau pour finir par t’assoir au bord, en silence, les yeux fermés. Tu avais oublié ce qui te tourmentait un peu plus tôt, et les chants macabres te berçaient. Malgré leur voix enjôleuse et le rythme lancinant de leur mélopée, elles ne contaient que les morts des malheureux qui étaient venus avant lui. L’une d’entre elle te rejoignit, lentement effleurant ta main de la sienne. Tu rouvris les yeux et baissa ton regard vers elle. « Vos chants sont vraiment apaisant mais je ne veux pas finir comme ces hommes. ». La main qui avait tenté d’entrainer la tienne dans l’eau se détacha doucement. Le bruit de l’onde t’indiqua que d’autres d’entre elle se rapprochait de l’endroit où tu t’étais installer.
De la curiosité. La soif, la faim avait doucement disparut de leur intention, tu le sentais, comme si elle t’avait simplement dit « Nous ne te voulons plus de mal ». Et tu t’interrogeais. Qu’étaient-elles ? Surement des sirènes ou quelque chose s’en approchant. C’était surement la raison pour laquelle tu avais finit par communiquer sans trop de mal. Parce qu’elles n’étaient pas humaines, parce que les choses étaient toujours plus facile quand ce n’était pas le cas. Oubliant le danger que tu avais couru quelques instants plutôt et qui te guettait si elle décidait de changer d’avis à ton propos, tu retiras doucement tes chaussures et tes chaussettes pour glisser tes pieds dans l’eau. Et comme s’il s’agissait de la chose la plus naturelle qui soit, tu commenças ce qui s’apparentait le plus à une discussion. Contrairement à d’habitude, malgré qu’elles ne soient pas humaines, elles te parlaient comme l’aurait fait n’importe qui d’autre. Tu avais presque l’impression de suivre une conversation normale avec des gens normales Et pourtant... C’était des sirènes, des êtres mythiques qui se régalaient de la chair humaines. Elles étaient seuls, elles étaient tristes, elles étaient cruelles. Mais tu ne t’en formalisais. Parce qu’elles ne cachaient rien. Parce que c’était ainsi que les choses fonctionnaient avec les autres, les non-humains, qu’il s’agisse d’animaux, de plante ou de créature comme elles. Il n’y avait que les Hommes pour mentir et tricher.
Battant légèrement des pieds dans l’eau glacé, tu connais tranquillement de conversé avec les sirènes qui semblaient ravies de ta compagnie. Mais soudain, un bruit de pas vous interrompit. Des bruits de pas et… d’autre chose. Une voix brayarde, le bruit d’un petit moteur, des bruits de pas. D’autres personnes s’étaient perdues dans ses cachots ? Perdu, tu ne l’étais pas vraiment. Attiré. Surement comme ces deux malheureux l’avaient été par le chant des sirènes.
Deux silhouettes arrivèrent dans la pièce et chassèrent celles qui te tenaient compagnie, ces dernières retournant se cacher dans les profondeurs abyssales de cette étendue d’eau. Retirant lentement tes pieds de l’eau sans remettre pour autant tes chaussures, tu tournas la tête vers les intrus. Ton oreille avait été attirée par une voix. Sans distinguer ce qui avait été dit, tes yeux désormais habitués à la lumière, n’eurent pas le moindre mal à reconnaitre l’un des deux égarés.
Avant même que tu puisses prononcer le moindre mot, la porte se ferma brusquement et le chant hypnotique reprit de plus belle, la soif de sang des ravissantes créatures aquatiques ayant reprit le dessus dans leur intention. Gardant tes chaussures à la main, tu rejoignis les deux autres d’un pas aussi rapide que ton manque de motivation pour quoique se soit pouvait te le permettre. Si tu n’avais pas une compréhension mineure du contenu de ses chants, tu te laisserais sans le moindre doute charmer pour tomber entre leurs griffes féroces. Pour d’obscures raisons, elles t’appréciaient. Mais il y avait très peu de chance pour qu’il en soit de même pour le brun et l’autre bruyant dans son fauteuil. Ou alors, elles les apprécieraient d’une façon bien plus vorace.
« Il ne faut pas rester ici. » finis-tu par dire une fois à leur hauteur. D’un ton entre conseil et ordre, d’une voix monocorde qui te ressemblait assez. En temps normale, leur sort n’aurait été que secondaire à tes yeux. Tu aurais surement vaguement tenté de les empêché de trop s’approcher de ses voix charmeuses, énoncer quelques conseils abstraits par acquis de conscience, sans plus. Mais là, le brun que tu avais déjà croisé une première fois avait prononcé la formule magique pour te faire réagir, te faire mettre en œuvre tout ce qui t’était possible de faire pour que vous sortiez de ce cachot sain et sauf. Les morts parlent rarement après tout.
Dernière édition par Raven Ninvenci le Lun 19 Mar - 20:55, édité 1 fois
Jean-Camille Douze
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Sam 28 Jan - 22:37
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Un, fantôme, un revenant ? La chose aurait pu être plausible, après tout, ce monde semblait bien apte à la distorsion… Il y a quelques années, tu n’aurais pas imaginé que ton corps, ta chair, puisse être soudainement modelé par les doigts invisibles d’un grand potier surnaturel, que tes hanches puissent s’élargir, ta taille se creuser, ta poitrine s’arrondir… Alors pourquoi pas un revenant, un ectoplasme abandonnant son corps sous les gravas, traversant le marbre de sa tombe ? C’étaient là des espoirs qui berçaient parfois ton esprit blessé par cette explosion. Mais l’ombre, la silhouette s’approche, et voilà que s’envolent tes vaines rêveries. Tu reconnais celui qui avait déjà semé le trouble en ton esprit, un peu plus tôt. Un élève de Virtus Insania, le premier auquel tu ais parlé, déjà intrigué par cette ressemblance qui, si elle n’était pas génétique était miraculeuse. Sous le choc, tu oubliais presque les chants envoûtant qui emplissaient l’air vicié de la grotte. L’énigmatique, flegmatique garçon venait de parler, vous invitant à ne pas rester ici. Bien étrange conseil, mais, un clapotis plus tard, il te semblait comprendre la raison de cette mise en garde. Ton côté Faithbee, ton côté féminin, ce bras blanc, cet éclat argenté… Quoique ce soit, une certaine intuition te mis en garde. Tu adressais un hochement de tête à cet être au visage trop semblable à celui d’un mort, tu empoignais le dos du fauteuil, tentait de le faire avancer sur le sol inégal, morcelé de la grotte.
Et puis tu te rendais compte que si l’on y réfléchissait bien, si l’on prenait en compte le fait que tu venais d’arriver dans le coin et n’avait donc qu’une vague idée de la disposition des lieux, et que l’on couplait cela avec ton incapacité actuelle à situer cette grotte dans l’espace temps, on se rendait bien compte que tu ne savais pas vraiment par où aller, et ce, hormone ou non, n’en déplaise à sa majesté de St Andrez. Mais le danger représenté par ces chants saturant l’atmosphère ne vous autorisait pas à rester ici. Toi même, tu devais te répéter inlassablement la nature des chanteuses pour ne pas lâcher ta poussette pour adultes et te laisser couler dans les flots. Tu te retournais donc vers l’inconnu au visage tristement familier et, tentant l’anglais, lui posait la question nécessaire à votre survie.
« -Par où faut-il aller ? »
Après tout, si tentant qu’étaient les chants des sirènes, ta curiosité, ton deuil te poussaient plus à parler avec le jeune homme plutôt qu’a faire trempette avec les nymphes aquatiques… Tes hormones féminines, sans doute, ou bien tes préférences personnelles, te permettaient sans doute de te soustraire quelque peu aux influences des dames des eaux. Et si là était la solution ? Voilà que tu enclenchais le frein du fauteuil, laissant son noble occupant hurler sa rage et son désir de rejoindre les naïades, tu lançais un regard signifiant « je reviens » au clone du décédé, puis t’écartais, t’éloignant un peu de l’ondée obscure. Après avoir résisté trois ou quatre fois à la tentation d’ôter tous tes vêtements pour aller faire de la natation synchronisée avec les nanas médaillées d’or qui s’égosillaient non loin de là, tu t’arrêtais, suffisamment à l’écart des regards, et surtout de St Andrez. Tu n’aimais pas faire ça en général, encore moins quand l’Autre était non loin de là. Heureusement était-il plus occupé à écouter les sirènes pour faire attention à toi. Te concentrant sur ta chair, évacuant sirènes, fantômes et gros lourds, tu te concentrais sur ta chair, activant ton don que tu commençait à comprendre, légèrement. Tu réprimais la désagréable nausée, complice de tes changements de forme, toussait quelque peu, respirait. Tu avais maintenant perdu quelques centimètres, quelques pointures aussi… Remontants tes manches, tu retournais auprès des deux autres, manquant d’autant plus de te tordre une cheville que tes pieds flottaient dans leurs écrins de cuir. Comme tu l’avais espéré, le chant avait perdu de son emprise sur ton être, bien que tu ressentes encore la tentation de te laisser aller à un paisible repos… Heureuse Camille, avide de mythes antiques, tu te rapprochais du fauteuil où St Andrez braillait, exigeant que l’on le mène au bord de l’onde, sa peau chauffant dangereusement du fait de la colère. Les sirènes semblaient l’avoir distrait de l’éventualité d’une réincarnation, mais toi, tu désirais plus ardemment que jamais avoir quelque explication, et avant cela, il vous fallait sortir d’ici.
Remerciant Homère, tu sortais de ta poche de quoi isoler l’Autre de ces voluptueux chants qui semblaient se faire plus pressants, plus oppressants… Point de bouchon de cire, mais un moderne lecteur èmpétrois et ses écouteurs intra auriculaires, bienvenue dans les temps modernes. Rapidement, tu enfonçais dans les oreilles du futur baron les coussinets de silicone, poussant le son à fond. Tu n’avais pas fait attention au morceau joué par l’appareil, un rapide regard vers l’écran confirma le côté sadique du destin. Perfume, Vitamin Drop. St Andrez allait sûrement railler tes goûts musicaux pendants de longues semaines. Espérant juste que la chanson, sûrement le comble du ridicule pour le noble, allait suffisamment le choquer pour qu’il n’ôte pas de suite les écouteurs de ses oreilles, tu reprenais en main le fauteuil et pestant contre le sol, tu continuais d’avancer, motivé par les révélations qu’allaient sans doutes apporter l’inconnu.
Gabriel de St-Andrez
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Dim 19 Fév - 20:55
Les chants étaient envoutants, les silhouettes, pour ce que Gabriel pouvait en apercevoir dans l'ombre qui régnait, entre deux remous de l'eau, au milieu des clapotis, semblaient prometteuses, si prometteuses. Tout son être voulait s'en approcher plus, toujours plus, les rejoindre, là-bas, aller nager avec elle, ou du moins se laisser flotter au milieu de leurs rires puisque ses jambes ne répondraient de toute façon pas, mais quelle importance après tout ? Les voix l'appelaient, lui promettaient mille délices, à l'unique condition qu'il puisse parvenir jusqu'à elles. Et pour cela, il était prêt à tout, à supplier l'Autre de pousser son fauteuil jusqu'au bord du bassin s'il le fait, il consentait même à s'abaisser à cela, s'il s'agissait là des conditions préalables au bonheur éternel qui semblait l'attendre à quelques mètres à peine, dans cette eau où s'agitaient ces créatures divines. Il en était si proche, si proche, et il savait que s'il pouvait ne serait-ce qu'entrer dans le lac, elles viendraient le chercher et l'emmèneraient dans leur monde de délices, il le savait, le sentait, l'entendait dans leurs chants si mélodieux, si prometteurs. Alors oui, il se prosternerait devant l'Autre, puisqu'il le fallait, puisqu'il restait sourd à ses demandes marmonnées, son honneur en pâtirait, et après ? Ces dames sauraient bien le consoler, redorer son ego, il voulait bien mettre sa haine de côté un instant si c'était pour pouvoir les rejoindre enfin. Mais alors qu'il voulait tenter ce dernier recours, cette ultime solution pour pouvoir rejoindre les anges qui nageaient dans ces eaux, il s'aperçut que, si l'Autre ne répondait pas lorsqu'on lui donnait l'ordre d'approcher le fauteuil du bord du lac, c'était peut-être parce que, tout simplement, l'Autre n'était plus là. Où était-il parti, quand, comment ? Grand mystère. Peut-être que cela avait un lien avec les voix qui lui avaient brouillé l'écoute quelques instants plus tôt, désagréablement masculines, couvrant la douce mélodie qui venait du fond de la grotte. Première douche froide, son ennemi, son esclave attitré avait osé le laisser là sans même tenir compte de ses ordres. Première douche froide, mais insuffisante, ne réussissant qu'à attiser plus encore son désir de rejoindre les merveilles féminines. Si c'était là une épreuve qu'elles lui imposaient pour vérifier s'il était digne de leur amour, alors il s'y plierait, il rejoindrait le bord par ses propres moyens, il se battrait avec le joystick qui commandait son fauteuil, il était prêt à tout pour elles. Mais pourquoi ce fichu appareil n'avançait-il pas ? Il avait beau faire ronfler le moteur de toute sa faible puissance, rien, pas un centimètre d'avancement. Le dernier tour en date de l'Autre, peut-être ? Il était parti rejoindre ces demoiselles en le bloquant ici, condamné à ne pouvoir que les écouter pendant que lui batifolait, voilà, ce ne pouvait être que ça. De marmonnements irrités en râleries ouvertes, Gabriel tentait de bouger, de faire quoi que ce soit qui lui permettrait de se rapprocher ne serait-ce qu'à peine de ses adorées. A force de se remuer, peut-être finirait-il par réussir à se déplacer, il était prêt pour une fois à laisser sa légendaire impatience de côté, cela prendrait le temps qu'il faudrait, mais il les rejoindrait. Mais voilà que déjà l'Autre revenait. L'Autre ? Vraiment ? Pas tout à fait. Pendant ce laps de temps où il s'était éloigné, abandonnant Gabriel à son immobilité, quelque chose avait changé. Il était devenu elle, formes adoucies, cheveux allongés, visage aminci, voilà qu'une autre Autre se tenait devant lui, appelant avec elle des images, une nuit, sous les étoiles, une trêve, paisible, bien plus calme que toutes leurs autres entrevues, une voix plus douce lui contant légendes et mythologies, sans violence, lui-même se contentant de quelques piques si répétées qu'elles en avaient perdu tout pouvoir… Mais non, il ne fallait pas qu'il repense à ce soir-là, qu'il se laisse distraire par ce changement. Ce n'était sans doute qu'une ruse, une de plus, pour le distraire des beautés qui nageaient là-bas, parce que tout ce qui touchait à l'Autre pouvait l'atteindre lui, parce que l'Autre en jouait et lui tendait surement ce piège pour que lui s'en désintéresse et que l'Autre puisse les garder pour lui seul. Une secousse de la tête pour chasser ce désagrément, quelle que soit sa forme, Camille restait Camille, et elle allait voir ce qu'il en coûtait d'oser abandonner Gabriel de St-Andrez, pis, d'oser ne pas obéir aux ordres qu'il donnait, d'oser défier son autorité, le ridiculiser d'une manière aussi effrontée devant les dames qui dansaient dans les eaux du lac. Déjà il ouvrait la bouche, s'apprêtant à accabler l'Autre de reproches, à lui intimer l'ordre de le rapprocher enfin de celles qu'il souhaitait plus que tout rejoindre, mais l'Autre ne lui en laissa pas le temps. Sans même que Gabriel ne puisse se défendre, on lui enfonçait deux morceaux de caoutchouc dans les oreilles, qui vinrent y déverser ce que le blond n'osa même pas appeler musique et, surtout, qui couvrit de manière totale les douces voix qui provenaient du fond de la caverne.
Cette fois, l'effet de la douche froide fut sans appel. Cinq secondes, il ne tint pas plus de cinq secondes avec ce qui semblait être une chanson d'otaku déviant dans les oreilles. Ce délai passé, il arracha les écouteurs, s'en prenant à leur propriétaire, puisqu'il ne pouvait décemment passé sa colère sur un appareil électronique.
- NON MAIS ÇA VA PAS ? Ça te prend souvent de forcer les gens à écouter tes trucs tordus, Camille ? Je te jure que la prochaine fois que tu fais ça, c'est mon poing que tu vas prendre dans la gueule, et ce sera pas la peine de te protéger derrière ton don ! Je frappe pas les filles, mais pour toi je pourrais faire une exception…
Grossièreté, cris, voilà qu'il était redevenu lui-même. Les sirènes et leur chant mélodieux ? Oubliées, s'il entendait toujours leur chant, elles ne lui faisaient plus aucun effet, tout concentré qu'il était sur sa colère à l'égard de l'Autre, ce qui était sans aucun doute le but, bien qu'il ne s'en rende absolument pas compte, de toute façon, même si cela avait été le cas, il aurait refusé d'admettre qu'il lui devait là une fière chandelle. Quand à l'autre brun, celui duquel ils se rapprochaient, guidés par Camille qui avait enfin enlevé le frein qui causait tant de soucis à Gabriel quelques instants plus tôt, ce revenant qui ressemblait tant à un Synchronicitien décédé dans l'attentat, il lui était complètement sorti de l'esprit, si bien qu'il ne se souvint de sa présence que lorsqu'ils arrivèrent tout près de lui.
Raven Ninvenci
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Mer 22 Fév - 5:34
Il sembla que ton conseil ne parvient aux oreilles que du brun, l’autre énergumène dans son fauteuil s’étant, dans un premier temps tut face aux voix charmeuses avant de s’agiter dans l’espoir vain de les rejoindre. Quelle idée idiote que cela. N’est-ce pas évident qu’elles étaient des sirènes ? A croire que la réputation des personnes blondes n’étaient pas si surfaite que ça. S’évertuant à donner des ordres à celui qui poussait son fauteuil jusqu’à maintenant, ordres que l’autre n’avait pas l’air décidé à suivre, il ne semblait même pas avoir remarqué ta présence depuis sa chaise motorisée.
Le dénommé Camille, comme tu l’avais deviné au milieu des fustigations du blondinet, semblait plutôt enclin à suivre ton conseil mais tout aussi décidé à trainer le bruyant personnage avec lui. Tant pis, tant mieux. Tu t’en moquais un peu, ce qui t’intéressait n’était pas l’orgueilleux diminuer mais bien son accompagnateur. Celui qui croyait avoir reconnu en toi Kylian, la raison de ta présence dans cette école, la raison qui te faisait encore avancé avec humanité sur le chemin de la vie. Pour le retrouver. Avançant avec quelques difficultés du a sol inégale, ignorant les vociférations qui résonnaient dans la grotte, le synchronicitien finit par marquer une pause, demandant par où se trouvait la sortie. Tu ne le savais pas vraiment mais dans ses sous-sols, tu allais bien trouver un rat ou une autre vermine qui connaissait l’endroit comme sa poche. Mais finalement, armant les freins de l’assise luxueuse à moteur, il s’éloigna promettant d’un regard qu’il reviendrait.
Tu ne compris pas tout de suite ce qu’il lui passait par la tête, non seulement en te laissant avec un hystérique (il l’était sans le moindre doute malgré son absence d’utérus) mais en plus en s’éloignant seul au risque de se faire happé par les mélodieux chants de mort. Et pourtant, tu ne bougeas pas d’un pouce, te contentant de l’observer dans la pénombre à laquelle tes yeux s’étaient familiarisés. Tu n’avais pas l’âme d’un héro, tu ne te voyais pas t’élancé nu pied vers le brun si jamais il amorçait une avancée trop franche vers l’onde. Mais peut-être que tu en étais capable. Par pour le sauver lui, pour sauver ce qu’il savait, ses souvenirs. Et tu regrettais. De ne pas pouvoir savoir ce genre de chose d’un simple contact. Tu te serrais alors contenté de toucher tout les élèves de l’ancienne Synchronicity, glanant un maximum d’information sans avoir à perdre un temps précieux en parole, en diplomatie, en contact humain que tu n’aimais pas. Parce que tu ne savais pas comment. La communication était bien trop verbale pour toi avec les humains. Et quand tu essayais de t’en accommoder, ça finissait comme avec cet élève dans la grande salle lors du petit déjeuner il y avait de cela quelques jours.
Ruminant cette incompatibilité avec tes semblables, tentant tant bien que mal d’ignorer les diverses tentatives dérisoires du blond dans son fauteuil, tu remarquas quelque chose… d’étrange. Dans un premier temps, tu pensas que ta vue avait été abusé par l’obscurité. Après tout, tu n’étais pas nyctalope. Mais rapidement, alors que Camille revenait vers vous, tu constatas que ta vue se portait très bien. Des formes plus marquées, des cheveux chutant un peu plus bas que quelques instants auparavant et des traites bien plus fin. Une fille. C’était après les mains fines d’une demoiselle qui aurait pu être la jumelle de Camille qui fouillaient ses poches avant de mettre deux écouteurs, coupant net les jérémiades de l’autre. Le temps pour toi de réaliser que c’était surement son don, le temps d’aller vers la porte pour l’ouvrir en ayant laissé tes chaussures un peu plus loin. Les travaux physiques n’étaient pas vraiment ton fort mais tant bien que mal, tu réussis à rouvrir la porte qui s’était lourdement refermé derrière les deux derniers intrus, sans prêter intention aux hurlements agacés du blond qui n’avait pas tenus plus de 5 secondes avec les écouteurs dans les oreilles.
Tu soupiras un bref instant, profitant du fait qu’il remarque enfin ta présence pour lâcher quelques mots à cet agaçant point mort qui tu n’auras pas eu le moindre remord à laisser dans cette cave. « Estimes toi heureux d’être encore en vie. ». Tu n’avais pas haussé le ton, tu n’avais pas fait preuve de hargne mais pourtant, tout dans tes mots exprimait le mépris sous jacent qu’il t’inspirait. Sans même accorder la moindre importance à ce qu’il pourrait te répondre, tu laissais le passage libre à Camille pour qu’il, ou plutôt, qu’elle puisse pousser le lourd fauteuil en dehors de cette cave alors que tu allais reprendre tes chaussures.
Rejoignant l’encadrement de la porte, tu jetas un regard en arrière, vers ses chants qui sonnaient à présent comme des pleurs à tes oreilles, les lamentations désespérés des créatures qui se retrouvaient à nouveau plongés dans la solitude, isolées. A mi-voix, sans l’espoir qu’elle puisse t’entendre, sans le désir que les deux autres en fasse de même, tu lâchas quelques mots. « Je reviendrais… » Pas une promesse. Pas un mensonge. Simplement une envie, parce qu’elles semblaient t’apprécier. Mais rien ne te garantissait qu’elles soient aussi dociles avec toi la prochaine fois maintenant que tu avais tiré hors de leurs griffes deux succulents amuse-gueules.
A peine tu avais fais quelques pas en dehors de la grotte que la porte de se referma à nouveau lourdement, étouffant complètement les supplications des nymphes des profondeurs. Tu finis donc par reporter ton attention sur les deux autres. Enfin, surtout sur Camille. Elle. Il. Ce changement te perturbait sans vraiment le faire. Tu n’aimais pas parler avec les filles. Elles étaient toujours aussi complexes, voilant leur idées d’être des mots et des concepts absurdes. Se voilant de sous entendu dans chacune de leur phrase, sous entendu que tu n’avais pas la moindre envie de déchiffré ce qui avait tendance à t’attirer leur pire foudre. Parce qu’il n’y a rien de pire qu’une femme bafouée. Mais d’un autre coté, tu savais. Tu savais qu’il s’agissait d’un garçon, enfin, tu préférais penser comme ça.
Sans vraiment un mot, tu pris doucement les devants, sans avoir prit la peine de remettre tes chaussures et tu te baissas vers une fissure plus large dans un mur. Sans hausser le ton, tu prononças quelques mots inaudibles pour les deux autres avant qu’un mustélidé passe le bout de son museau à l’extérieur de sa cachette. Tranquillement, tu le laissas remonter le long de ton bras. « Tu peux nous aider à sortir d’ici ? » avais-tu demandé le plus simplement du monde au petit résident des lieux qui s’était perché sur ton épaule. Deux, trois couinements plus tard, tu te tournas vers les deux autres. « Suis moi ». Tu ignorais royalement l’encombrant paquet que devait trimbaler la brunette. Mise à part la remarque que tu avais lâchée dans la cave, tu ne t’étais adressé qu’à elle. Après tout, il n’y avait qu’à elle que tu souhaitais parler.
Doucement, vu que le sol n’allait pas aider l’avancé de la chaise motorisé dernier cri qui avait oublié d’être tout terrain, tu commenças à avancer dans le dédale des couloirs de ses sous-sols. Il fallait espéré que le rongeur savait où il allait.
Dernière édition par Raven Ninvenci le Lun 19 Mar - 20:55, édité 1 fois
Jean-Camille Douze
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Sam 10 Mar - 18:51
Comme donner une ossature à un papillon.
Les mots de St Andrez, coups violents auxquelles tu était, bon gré, mal gré, habitué. Tu serrais les dents sous ses injures, au creux de ton poing fermé, tes ongles meurtrissaient les paumes de tes mains. Tu réprimais quelques tremblements, ne voulant pas te laisser aller à tes pulsions… Non Camille. Non. Tu lui tendrais une perche Camille, lui donnerais une nouvelle occasion de railler ta virilité exacerbée. L’Autre n’attendait que ça…
Pourtant, instinct féminin, réaction au stress, surdose de reproches, tu ne parvenais à contrôler ta main. Tu levais la bras et, d’un mouvement fluide, les lèvres serrées, tu frappais. Une gifle, la collision entre ta main tendue et la joue droite de l’injurieux personnage fut assez bruyante pour faire taire les sirènes pendant quelques secondes. Sans un regard pour Gabriel, tu laissais retomber ton bras, retournais derrière aider le faible moteur, mais sans pour autant te soucier le moins du monde du confort du malheureux passage, ballotté sur les pierres humides.
Vous étiez entrés à deux, vous sortiez à trois. Alors que la porte se refermait dans ton dos, tu réprimais quelques tremblements secouant tes faibles doigts. L’adrénaline de cette rencontre accélérait les battements de ton cœur et tu t’en voulais presque, à présent, de ne pas avoir laissé St Andrez là bas. Seul face à l’onde, immobilisé dans son royal fauteuil, il aurait alors pu écouter les chants de ces femmes-poissons… Sans pour autant pouvoir les rejoindre. Tu hésitais un instant à le renvoyer là bas, mais tu ne connaissais que trop bien sa ténacité et ne souhaitais donc pas qu’à la force de ces bras il s’éjecte de son trône et se traîne vers l’ondée. Tu n’avais pas l’intention de le laisser se faire dévorer de si tôt.
Glacial vis à vis de l’ardent Winterhood, tu le lui épargnais pas le moindre cahot, restais sourd à ses plaintes. Mais tu ne souhaitais pas pour autant paraître aussi hautain face à ce garçon, si semblable à ton défunt colocataire…. Même si tu l’avais voulu, tu n’y serais pas arrivé, sa parenté avec Kylian transpirais de son être et, par respect, par sympathie, par deuil, tu ne pouvais te montrer exécrable envers cet élève qui lui ressemblait tant. Sur son épaule, un rongeur, votre guide ? Raven te demanda de le suivre, sans te poser la moindre question, tu te remettais en route, poussant cet être blond, ignoré, réduit à n’être qu’un bruyant paquet sur roulettes, dépendant. Pas après pas, tu fixais tes pupilles sur le dos du brun, te rappelant irrésistiblement celui du disparu, une ressemblance trop frappante pour que des images n’assaillent pas ta conscience, pour que tes souvenirs ne remontent, et avec eux la lancinante certitude. Tu ne reverrais plus Kylian. Tu aurais aimé briser ce silence, mais tu ne savais que dire. Tu voulais lui parler, mais tu ne sentais que trop bien que votre conversation ne pouvais dériver que vers un seul sujet. Or, tu ne voulais pas que ce cher St Andrez puisse ouïr de telles choses. Jamais. Surtout pas. Et, après tout, il te fallait bien avouer que tu avais presque peur de parler de tout cela, tu avais peur de mettre du plomb dans l'aile, de perdre la beauté évanescente de ces souvenirs...
Ta gorge étais trop serrée, les images, les réminiscences se succédaient dans ton esprit. Ha, ce que cette enveloppe, ce que cette apparence te rendais émotive. Les hormones, sans doute… Pauvre Camille, tu te réfugiais derrière l’influence de la biologie pour justifier cette faiblesse… Pourtant, tu ne pouvais contenir cette eau à la jointure de tes paupières. Refusant de te laisser aller alors que St Andrez était si proche, tu essuyais de la pulpe du pouce le coin de tes yeux.
Gabriel de St-Andrez
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Lun 12 Mar - 15:46
Beaucoup d’inconvénients, dans sa nouvelle situation, pesait sur les nerfs de Gabriel. Le fait de ne pas pouvoir se lever, utiliser ses jambes, bouger tout simplement, bien sûr, d’avoir perdu près d’un mètre de hauteur sur le monde, aussi. Il y avait cela. Mais surtout, surtout, ce qui avait le don de le mettre en rage, c’était ça. Cette manière qu’avaient les gens de l’ignorer. De le regarder de haut. De ne le considérer comme rien d’autre qu’un vulgaire poids mort, un fardeau inutile que l’on ferait mieux de déposer au bord du chemin et de l’oublier, mais qu’on gardait tout de même en vie, dont on s’occupait, par charité. Lui, Gabriel de St-Andrez, héritier d’une fortune, était traité avec charité. Avec condescendance, comme celle dont avait fait preuve cet inconnu à peine quelques instants plus tôt. Qu’il s’estime heureux d’être en vie ? Il parlait comme si l’Autre avait eu l’intention de le sauver. Comme si l’Autre n’aurait pas été heureux de le voir disparaître. Mais peut-être était-ce le cas, après tout ? Après tout, il y avait cette accord tacite, entre eux, cette promesse jamais prononcée que l’un n’aurait le droit de mourir que de la main de l’autre, et ce seulement après de longue souffrance, parce que tout était trop doux pour eux. Après tout, c’était bien pour cela qu’il avait protégé Camille, ce jour-là, pour cela qu’il l’avait sauvé de ce mur en train de s’écrouler. Pour pouvoir le haïr plus longtemps. Il n’y avait pas d’autre raison. La preuve, il s’acharnait plus encore sur lui qu’auparavant.
Peut-être parce qu’il s’agissait là de la seule manière qu’il ait trouvé pour apaiser quelque peu son honneur blessé. Peut-être ? Sans doute. Parce que l’Autre était le seul dont le comportement n’avait pas changé. L’Autre était le seul qui continuait, comme avant, à le haïr de manière aussi viscérale que lui le haïssait. Et déverser sa haine sur cet Autre tant haï était pour l’instant le seul moyen qui lui permettait de sentir qu’il était encore lui, malgré ce fauteuil, malgré cette station assise qui lui était imposée. La preuve ? Cette gifle. Un acte féminin, ridicule. Qui l’aurait fait rire par sa faiblesse, si le rire ne se mêlait pas de cette colère sourde qui montait en lui dès que l’Autre était dans les parages. Alors comme ça elle tentait de le frapper, de toute la faiblesse de ses bras ? Fort bien. Elle aurait du savoir, pourtant, que ce genre d’acte n’était pas des plus sages. Après tout, son dos, il le savait, portait encore la marque de la dernière fois où elle avait essayé… Et alors que son visage ne souffrait qu’à peine de ce coup, un vague élancement qui aurait disparu dans quelques instants, la colère, elle, s’y nourrissait, grimpant encore un cran, un autre, elle qui avait déjà été attisé par ce bruit que l’Autre lui avait infligé, ce qu’il osait appeler musique. Les mots sortirent d’eux-même, acerbes, n’attendant pas de réponse, n’en obtenant de toute façon aucune.
- Tu me déçois, Camille… Tu croyais vraiment me faire mal ? On dirait que tu as perdu le peu de jugeotte qu’il te restait… Et que tu as oublié ce qu’il s’est passé la dernière fois.
Un simple rappel. Pour que ce souvenir lui revienne en mémoire, lui aussi. Pour qu’elle se souvienne qu’il avait laissé sa marque sur elle et qu’elle ne pourrait pas l’effacer. Pour qu’il ne soit pas le seul à sentir la rage monter. Ces derniers temps, il supportait mieux la présence de l’Autre, le plaisir de le sentir à sa merci, réduit à l’esclavage par la dette qu’il avait désormais envers lui sans doute, mais ce soir… Trop de proximité, trop de paroles, trop de ces cahots que l’Autre ne lui épargnait pas, trop de temps. Il n’en pouvait plus, et plongea dans un mutisme de mauvais augure, tout entier tendu vers ses poings serrés desquels s’échappaient à intervalles irréguliers et bien trop rapprochés à son goût de détestables flammèches. Surtout, surtout, ne pas perdre le contrôle de ce foutu don maintenant. Le brun qui les guidait était déjà bien assez condescendant.
Raven Ninvenci
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Lun 12 Mar - 18:06
Tu n’en pouvais plus. Les incessantes jérémiades de l’handicapé commençaient sérieusement à te taper sur le système. Pas assez pour te faire perdre ton flegme et ton calme légendaire mais bien assez pour te mettre les nerfs à fleur de peau. Tu n’avais même pas envie de perdre du temps à lui dire de se taire, à lui accorder de l’importance ou à faire preuve d’une hypocrisie dont étaient si friand les membres de ton espèce. Tu n’appréciais pas cet individu, qu’il soit sur roulette ou sur ses pieds ne changeait absolument rien à la chose. Tu n’aimais pas les gens bruyant et égocentrique. Parce qu’ils te fatiguaient. Et le fait de vivre l’était bien assez comme ça. Fatiguant.
Et puis soudain, le bruit sec et claquant de la main de Camille contre la joue du blond retentit dans le couloir de pierre. Tu arrêtas doucement tes pas pour regarder en arrière. Avec l’apparence qu’avait prit Camille, ca aurait presque pu ressembler à une scène de ménage. Et dans le fond, tu étais persuadé que c’était un peu ça. Sauf que ce qui les liait, ce n’était pas l’amour mais sa sœur jumelle : la haine. Il n’y avait pas besoin de parler pour que tu le remarques. Tu avais apprit à voir ce genre de chose, des signe clairs et flagrant dans le regard, les gestes et les attitudes. Les Hommes mentaient. Alors plus que leurs mots, c’était leur actes qui parlaient pour eux à tes yeux. Ces deux là se haïssaient, à un point tel que tu te doutais que n’importe qui s’en serait rendu compte à ta place.
Tu regardas vaguement vers le blond à sa remarque. N’importe qui d’autre aurait eu la curiosité à fleur de peau, mais pas toi. Tu te moquais de ce qu’il pouvait y avoir entre eux. Ce n’était pas ça qui t’intéressait. Non, la seule chose qui t’importait, c’était Kylian. C’était ainsi depuis toujours et ca resterait ainsi. Jusqu’à ce que tu le retrouves. Que tu prouves au monde qu’il avait tord. Parce que tu le savais. Parce que tu le voulais plus que tout.
Tu soupiras vaguement, sans une once d’émotion avant de reprendre ta route. Quelle énergie. La haine était une chose que tu ne te fatiguais pas à entretenir. C’était épuisant de mettre tant de vigueur dans l’obsession malsaine de faire du mal à un tiers. Ca demandait bien plus de force que tu ne te sentais capable de fournir. Donc, d’une certaine façon, tu ne haïssais personne parce que c’était fatiguant, parce que tu n’avais pas envie. Par simple fainéantise. Parce que tu étais comme ça.
Echangeant à mi-voix quelques paroles avec le mustélidé sur ton épaule, tu avançais doucement dans les couloirs qui se ressemblaient tous, posant avec précaution tes pieds nus sur le sol dallé de façon inégale. A te voir ainsi, tu semblais savoir où aller et pourtant, tu ne faisais que suivre les indications données par les petits couinements de ton petit compagnon. Et pourtant, même si ton esprit et ton oreille lui étaient toutes acquises, tes pensées, elles, se perdaient. Des questions, tu voulais demander tellement de chose. Comment avait-il connu Kylian ? Etaient-ils bons amis ? Est-ce qu’il… elle avait une idée d’où il pouvait être ?
Au bout de plusieurs minutes à n’écouter que le bruit des roues qui trébuchaient sur le moindre défaut du sol, secouant de façon peu confortable le synchronicitien, tu finis par rompre le rythme de tes pas pour te tourner vers ceux qui te suivait. Ton regard carmin fixait la demoiselle qui poussait avec difficulté l’imposant siège motorisé. Tu cherchas tes mots pendants quelques instants. Décidément, la communication avec les humains était vraiment quelque chose de complexe. « Je crois qu’il faut qu’on parle. ». Tu ne croyais, tu voulais que vous parliez. Le fait d’avoir l’image d’une fille, ces êtres incompréhensibles et éreintant, en face de toi ne t’aidait pas. Même si tu savais qu’il s’agissait aussi d’un garçon. A moins que ca ne soit l’inverse. Tout ceci était un peu trop compliqué, aussi tu ne préférais pas trop y penser. Tu levas le nez vers l’escalier qui était quelques mètres plus loin à ta droite, surement caché dans la pénombre pour les deux autres. Le rongeur t’avait averti qu’il vaudrait mieux rester en bas pour le moment. Cet escalier représentait votre porte de sortie mais le géant qui avait investit les lieux rodait dans les environs, sans avoir été encore arrêté par les membres du professorat.
« Mais je ne veux parler qu’à toi. » Un caprice. Une envie. Une protection. Cet autre, dans son fauteuil. Son regard ne t’inspirait pas. Tu ne voulais pas prendre la peine d’avoir de l’empathie, de la charité ou même un sentiment de haine à son égard. Mais tu savais que tu devais te tenir éloigner de lui. Ne serais-ce que parce que tu te mettais entre eux deux, en voulant parler avec Camille. Tu avais appris ça de tes compagnons sauvages. Lorsque deux individus se haïssent, la zone la plus dangereuse n’est pas près d’eux mais entre eux. Ton don t’avait peut-être donné un instinct, des réflexes ou une façon de pensé animale mais tu restais persuadé que tu ne pourrais rien faire ou obtenir tant qu’ils seraient ensemble. Mais tu refusais de laisser passer l’occasion de savoir. De connaitre.
« Il ne risque rien ici, le géant ne pourra pas descendre. Suis moi. » Et sans vraiment attendre une réponse, tu te baissas vers le sol, laissant descendre ton compagnon qui se contenta de disparaitre dans l’arrête d’un mur, aussi facilement qu’il avait pu venir. Puis, finalement, tu t’éloignas un peu, de quelques mètres, espérant que Camille accepte de laisser là son fardeau, pour quelques instants, pour répondre, pour lui dire. Que le fardeau en question ne fasse pas miroité une quelconque menace, laissant planer un châtiment en contrepartie de cet abandon temporaire que tu demandais.
Dernière édition par Raven Ninvenci le Lun 19 Mar - 20:51, édité 2 fois
Prophetia
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Lun 12 Mar - 20:15
Ah, ces enfants avaient finis par trouver la sortie. A s’échapper de ces sirènes. Seulement voilà, Camille, tes instincts, modifiés par ton don ou non, te poussent à aller à parler à Raven, abandonnant quelques instants Gabriel. Mauvaise idée. Vous voilà éloignés que des bruits sourds se font entendre. Le géant ? Peut-être. Mais à priori, ce serait plutôt monsieur de St-Andrez qui a tenter de vous rattraper, en ayant marre d'etre mis sur la touche. Ce dernier s'est trompé de chemin et le voici enfermé dans une salle, vide, ronde. Avec comme seule compagnie le bruit des murs. Et encore ce bruit sourd. Le géant ne serait-il pas si loin finalement. Dernièrement, il y a toi, Raven, qui malgré la panique de ton compagnon quant à son sois disant ami, tente de savoir tout ce que tu peux avant que votre entretien privé ne se termine.
Jean-Camille Douze
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Sam 17 Mar - 11:15
Tomorrow makes the past opaque
Le mépris de St Andrez, tu le sentais déjà approcher quand ta paume avait heurté la peau de son visage. Tu aurais voulu pouvoir frapper la joue gauche, lui rappeler cette cicatrice qui lui caressait le visage. La dernière fois que tu avais voulu lever la main sur lui ? Ah, tu te crispais, te forçais à respirer amplement, tentais te contrôler tes humeurs lacrymales. Il savais bien qu’il suffisait de te rappeler ce triste épisode pour que tu perde ton sang froid. Calme-toi Camille. Il devait se souvenir que tu ne t’étais toujours pas vengé, que pour retrouver ton honneur brisé, tu devais frapper fort, assez pour le briser.
L’amertume se distillait sur ta langue, heureusement, la voix de l’inconnu te tira de tes réflexions haineuses. Parler ? Cela te ferais le plus grand bien, vraiment. Ton être ne supporterait pas plus longtemps la présence de St Andrez. Tu acquiesçais en direction de l’inconnu, tu savais déjà de quoi il voulait te parler, de qui. Et, toi même, tu voulais comprendre, connaître le lien qui l’unissait à Kyllian. Tu lâchais les poignées recouvertes de caoutchouc, essuyais rapidement tes mains, tremblantes et moites, sur le tissu de ton pantalon trop long. Tu dépassais le fauteuil, suivant l’élève aux cheveux noirs de jais, laissant sur place le blond fardeau. Hélas, ce dernier ne semblait pas vouloir te laisser partir, il avait attrapé ton poignet, le serrait entre ses doigts brûlants, d’où s’échappaient il y a encore quelques secondes, des flammes. Tu laissais échapper un étrange bruit, mi-gémissement, mi-cri de douleur. Sèchement, tu récupérais ton bras, n’adressant à ton comparse qu’un regard lourd de mépris, sec. « Laisse les grands parler, reste dans ton coin bien sagement » les mots coulaient hors de tes prunelles, tu abandonnais l’héritier comme un vulgaire objet, un animal dont on ne voudrait plus. Qu’il soit handicapé ne te troublais pas, ne te rendais pas meilleur à son égard. Non, au contraire. Et tu savais bien qu’il n’oserait pas s’en plaindre, lui qui ne supportait pas que l’on le prenne en pitié.
Ton poignet t’élançait, la peau était brûlée. Moins que dans ton dos, moins que sur son visage, mais tu devrais supporter quelques cloques pendant un peu plus d’un mois. Habitué aux coups de chaud du détestable noble, tu avais fini par sentir les effets de ces brûlures. Assez souvent pour pouvoir estimer ton temps de cicatrisation et laisser un tube de Biafine dans ton nécessaire de premiers soins qui restait toujours dans ton sac. Veillant à ne pas dépasser ton guide, tu passais une noix de pommade sur ton bras, attendant le moment où les murs distordus avaleraient enfin le bruit des vociférations de St Andrez. Tu n’appréciais pas particulièrement de l’entendre scander ton nom, te crier de ordres comme on rappelle un animal qui se serait échappé d’entre les barreaux de sa cage dorée. Enfin, un endroit calme, tu toises l’élève inconnu, ne percevants que trop bien les traits de Kyllian dans son visage. Leurs silences sont semblables. Tu comprends bien vite qu’il te faut faire le premier pas, parler le premier si tu veux pouvoir le sortir de son mutisme. Tu hésites, balbutie…
« … Quel e…Étais ton lien avec Kyllian ? »
La curiosité te paraît être un bon point de départ. Tu hésites sur la conjugaison… Est ? Était ? Tu n’arrives pas à le considérer comme décédé. Comme tous les autres. C’est la première fois que tu es si proche de disparitions si cruelles. Tu baisses la tête, craignant de te laisser encore aller à des pleurnicheries ridicules, ne souhaitant pas embarrasser le jeune homme, maudissant cette apparence féminine qui te rend si sensible. Ou, ne te sers-tu pas de cette excuse pour justifier tes états d’âme ? La gorge nouée, tu attends sa réponse, tes mains froissant nerveusement le tissu de tes habits. Les murs tremblent, des bruits sourds soulèvent la poussière des couloirs… Mais tu n’y prend pas garde, un troll ? Tu as bien assez d’ennuis avec St Andrez et ton deuil, tu veux savoir, les grossières créatures viendront après dans ta liste de priorités.
Gabriel de St-Andrez
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Lun 19 Mar - 10:58
Comme s’il ne subissait déjà pas assez d’humiliations. Comme s’il n’en supportait pas déjà trop. Comme si le fait d’entendre ce type parler de lui comme s’il n’était qu’un vulgaire paquet, un imbécile impotent à peine capable de comprendre les choses ou de s’occuper de lui-même ne le mettait pas hors de lui. Comme s’il n’avait pas déjà été suffisamment hors de lui pour que ses paumes restent brûlantes pendant encore plusieurs heures, jusqu’à ce que le calme revienne enfin, jusqu’à ce qu’il cesse de ressasser cet épisode. Alors comme ça, on ne voulait pas parler devant lui ? On voulait le tenir à l’écart, on voulait se débarrasser de lui, on voulait le priver de son esclave ? Et on croyait qu’il allait se laisser faire, qu’un pauvre inconnu, tout élève de Virtus qu’il soit, allait pouvoir lui dicter sa conduite, à lui, Gabriel de St-Andrez ? Eh bien on se trompait. Parce que personne ne donnait d’ordre à Gabriel, personne ne le forçait à faire ce dont il n’avait pas envie. Et il semblait bien que l’Autre se fourvoyait aussi, qu’elle pensait que le blond allait la laisser partir. Elle aurait pourtant dû mieux le connaître, elle aurait dû se souvenir qu’il lui était interdit de parler à quiconque, d’avoir le moindre semblant de vie sociale. Elle devait demeurer isolée, comme la paria qu’il faisait d’elle. Son seul contact ? Lui, pour qu’elle puisse souffrir toujours plus, souffrir de sa présence, de ses mots, de ses gestes. Qu’elle n’aille surtout pas chercher du réconfort auprès d’autres personnes. Que personne ne s’avise de tenter de lui faire du mal, il était le seul à en avoir le droit. Alors, tandis qu’elle passait à côté de lui, quittait la place qu’il lui avait assignée, esquissait un mouvement vers le brun, il lui prit le poignet, ne se souciant guère du fait que la colère qui bouillonnait en lui rendait sa main chaude, très chaude, brûlante. Elle voulait partir, voulait le laisser là, voulait fuir sa présence, il la retenait. Parce que même si lui ne savait pas s’il serait capable de la supporter encore plus longtemps, il savait que sa présence l’insupportait, et à ses yeux, la souffrance de l’Autre était supérieure à son bien-être.
- Non. Toi, tu restes là.
Des mots à peine articulés, sifflés entre ses dents serrées tandis qu’il plantait son regard dans celui de l’Autre. Une certaine satisfaction alors qu’elle manifestait sa douleur, le plaisir de l’avoir faite souffrir, toujours, à répétition, un plaisir qui ne s’estompait jamais, qui s’amplifiait au fur et à mesure que s’amplifiait leur haine. Mais déjà elle repoussait sa main, s’éloignait, non sans lui avoir adressé un regard lourd de mépris. Le genre de regard qui était monnaie courante entre eux, mais auquel il n’était toujours pas insensible, qui l’insupportait toujours autant. Le genre de regard qui parvenait à le pétrifier sur place pendant quelques instants, juste le temps de juguler les bouffées de haine qui montaient en lui. Si bien qu’il marqua une pause, un temps d’arrêt minuscule, imperceptible, mais qui suffit à l’Autre pour s’éloigner bien plus qu’elle n’aurait dû le faire.
- CAMILLE ! Je te jure que si tu ne reviens pas IMMEDIATEMENT, il n’y aura pas que ton dos et ton poignet qui seront brûlés !
Revendications, menaces, flammes s’échappant quasiment en permanence de ses poings serrés sur les accoudoirs du fauteuil, Gabriel était réellement en rage. Tellement qu’il en venait à menacer l’Autre d’utiliser son don contre elle, ce don qu’il exécrait tant, ce don qu’il s’était juré de ne jamais utiliser, ou si peu, tant cela le répugnait. Elle était la seule capable de le mettre dans un tel état, la seule pour laquelle il acceptait de déroger à cette règle. Tout, tout pour la faire souffrir.
Mais déjà ses hurlements se tarissaient, finissaient par cesser, se muant en une rage froide, qui ne s’exprimait plus qu’à travers son regard assombri par la haine et le feu qu’il ne parvenait toujours pas à contrôler au bout de ses mains. Il ne servait plus à rien de hurler, il la connaissait, elle ne reviendrait pas, jouirait de sa frustration autant que lui pouvait jouir de savoir que son poignet allait l’élancer pour au moins deux bonnes semaines. Non, maintenant, il le savait, s’il voulait sortir gagnant de cette soirée, il allait lui falloir partir à sa recherche, lui montrer qu’il n’était pas prêt à abandonner la partie de sitôt. Et cela constituerait au passage une bonne leçon pour ce brun. Qu’il apprenne que l’on n’abandonnait pas impunément Gabriel de St-Andrez au bas d’un escalier. Parce qu’après tout, si l’Autre poussant le fauteuil derrière lui était un arrangement commode en attendant qu’il maîtrise parfaitement l’engin, il restait capable de se déplacer seul. Mais pour cela, il allait falloir qu’il se calme, ou au moins qu’il se concentre, qu’il résorbe ces fichues flammes, faute de quoi il allait faire fondre le joystick et se retrouver réellement incapable de bouger. Allez, Gabriel, respire. Ferme les yeux. Concentre toi. Une minute passa, une autre, peut-être un peu plus. Et enfin, il sentit que la chaleur qui lui caressait les poignets diminuait, devenait plus diffuse. Et sut qu’il avait gagné cette bataille contre sa hantise, au moins pour l’instant. Si ses mains restaient bouillantes, s’il savait que les flammes affleuraient encore et ne guettait qu’une remontée de sa colère pour ressortir, il pouvait au moins de nouveau se déplacer.
Et c’est ce qu’il fit. Doucement, ne pas s’infliger à lui-même l’humiliation de perdre le contrôle, il se mit en route, partit à la recherche de l’Autre. Un couloir, tourner à gauche ou à droite ? Et s’ils étaient entrés dans cette salle ? Tant de possibilités, tant de manière de se perdre, de les perdre. Et puis ces bruits, ils ne retentissaient pas, tout à l’heure, on aurait dit qu’ils s’étaient rapprochés. Mais non, ce n’était pas le moment d’y penser, il devait les trouver. Cette salle, peut-être ? Gabriel s’approcha, ouvrit la porte, s’approcha de l’encadrement, rentra à moitié, vit qu’il n’y avait personne dans cette espèce de crypte. Et soudain, alors qu’il s’apprêtait à faire demi-tour, un crachotement du moteur, qui fit un bond en avant, tandis que la porte se refermait avec fracas, plongeant Gabriel dans le noir de la salle. Son premier réflexe fut de chercher une poignée intérieure, avant de constater, à force de tâtons, qu’il n’y en avait pas. Il était coincé ici.
- Putain. De bordel. De merde.
Au moins, si la situation continuait à empirer, il ne mettrait pas longtemps avant d’avoir de la lumière, tant ses paumes se réchauffaient dangereusement. Mais ces bruits qui se rapprochaient encore…
Raven Ninvenci
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Lun 19 Mar - 20:48
Tu n’avais pas réellement fait attention, tu avais seulement espérer. Espérer qu’il... qu’elle te suive. Juste un peu plus loin. Parce que tu voulais savoir. Malgré ton absence de réaction vive, de tremblement dans ta voix, tes mains elles trahissaient ton appréhension. D’un geste discret, tu essuyas tes paumes moites sur ton pantalon, avant de stopper tes pas en entendant un vague bruit sourd. Peut-être qu’au dessus de vos tête, le géant se déplaçait lentement, le poids de chacun de ses pas se répercutant comme un écho sinistre. Et puis, finalement, ton attention se reporta sur ce qui importait vraiment. Du moins, pour le moment. Cet être. Ce garçon aux formes désormais féminine. Cette fille qui avait des traits masculin un peu plus tôt. Tu ne savais pas vraiment comment tu devais tourner les choses. Mais peu importait.
Il t’observe, aussi sûrement que tu peux l’observer, lui et son poignet brulé, de tes yeux couleur sang, si peu expressif et à la fois plus vivant que ceux de ton cousin. Tu pouvais comprendre sa curiosité muette, celle que tu lisais dans son regard. Tu aurais pu être son frère... ou sa soeur. Des traits plus fin, plus féminin qui faisait souvent hésiter les gens sur la nature de son genre. Tu les laissais à cette perplexité, te moquant de ce qu’ils pourraient penser. Mais cette fois, ce n’était pas l’incertitude de voir un garçon ou une fille que tu décelais chez l’autre. Mais l’illusion de voir quelqu’un d’autre. Tu le savais parce qu’il t’avait appeler par son nom un peu plus tôt. Kylian.
Un autre bruit sourd se fit entendre mais bien vite oublié. Balayer par le balbutiement gêné d’une question. Une question qu’il avait presque arraché à tes lèvres, toi qui avait chercher par où commencer. Maladroit que tu es Raven. Toi qui a oublié ce qu’était la diplomatie et l’art de communiquer.
« … Quel e…Étais ton lien avec Kylian ? »
Une question que tu aurais voulu poser le premier. Parce que tu estimais que c’était toi qui était le plus en droit de savoir. Et en même temps, une question qui te fit froncé les sourcils. A cause d’une simple conjugaison. Une manie chez les autres qui t’agacait. Cet emploi du passé. Tu détestais ce temps quand il se glissait, perfidement, insinuant des choses que tu n’aimais pas. La seule chose qui arrivait encore à t’énerver. Alors tu répondis, sans réellement arrivé à être sec comme ton agacement te le demandait. Parce que le regard de Camille, tu l’aimais bien. Parce que tu avais le sentiment qu’il avait connu et apprécier Kylian. Parce que toute sa façon d’agir avec toi te le criais.
“ Kylian est mon cousin. ” Sans le vouloir vraiment, ta voix avait mis une attention particulière à articuler ce présent si cher à tes yeux. Parce que tu ne voulais plus qu’il fasse d’erreur. Parce que ce qu’il sous entendait, tu le refusais. Parce que tu le saurais si c’était vraiment, forcement. Ca ne pouvait pas être autrement. Ils avaient tous tord, ils étaient tous dans l’erreur et tu devais leur faire comprendre. Leur faire comprendre pour qu’il t’aide. Pour qu’eux aussi le cherche. Parce que tu ne voulais pas être le seul, parce qu’au fond de toi, tu attendais désespérément quelqu’un qui t’aiderait à le trouver.
Essuyant à nouveau un peu la paume de la main que tu n’avais pas fourrer dans ta poche, tu marquas une petite pause avant de réaliser une chose. Après tant de vocifération, tu connaissais le nom du brun (ou plutôt de la brune) mais lui (elle) par contre, ignorait toujours le tien. “ Raven... Je m’appelle Raven. ” Tu avais laché ça, sans le moindre connecteur logique, réalisant avec l’écho que t’avait renvoyé ta propre voix, toute l’absurdité de cette réponse soudaine, mué par le simple fil de tes pensées.
“ Et toi... Camille. Tu es qui pour Kylian? ”
Tu ne savais pas ce que tu avais envie d’entendre. Un ami? Tu finirais, sans le vouloir, par te montrer envieux, envieux de tout ce temps qu’il aura passer avec ton cousin. Un ennemi? Tu en doutais sincèrement. Autre chose? Tu n’arrivais même pas à y penser. Et pourtant, malgré tout le paradoxe que ca pouvait représenter, tu voulais savoir. Parce que tu voulais connaître tout ce que tu pourrais. Pour rattraper le temps. Pour le rattraper lui, Kylian, qui était partit si loin devant. Pour le rattraper enfin. Et ne plus être seul. Aussi seul qui ne l’était depuis qu’il avait disparut de ta vie. Toi qui était en marge du monde. Toi qui t’étais isolé des autres. Dans ta solitude désirée, tu nourrissais, malgré tout même malgré toi, l’espoir de pouvoir réussir à nouer des liens. L’espoir de tout simplement être vivant à nouveau. Autrement qu’en regardant le fil du temps s’égrainer et la vie te passer à coté.
Un bruit plus proche, plus sec. Le bruit d’une porte qui se ferme à la volée attira vaguement ton attention derrière Camille. Le blond ne vociferait plus ou alors était trop loin pour qu’ils l’entendent. Une chance qu’il n’est pas l’air de contrôler son don. Un don que tu n’aimais pas. Les manipulateurs du feu étaient tous des gens si sanguin. Tellement à l’opposé de ce que tu étais que n’arrivais jamais à les supporter ou à ce qu’il te tolère. Songeant vaguement qu’il n’avait pas eu l’intelligence de rester au bas des escaliers qui vous offrait un accès rapide et sûr, tu n’eu pas vraiment le temps, ni l’envie, de t'inquiéter de ce qui aurait pu lui arriver.
Le bruit sourd qui t’avait jusque là sembler si lointain, donnait l’impression de se rapprocher. Impossible. Un géant ne pourrait pas rentrer dans les sous-sols... n’est-ce pas? Tu étais partagé. Ton regard oscillant entre la possible provenance de ce bruit sourd et les grand yeux de la brunette dont il attendait la réponse.
Jean-Camille Douze
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Sam 24 Mar - 15:40
Catch a flame. Say good-bye.
Tu avais tressailli en entendant ce présent, ce présent qui détonna dans l’air refroidi des sous-sol de l’école allemande. Raven, le cousin de Kylian, un lien de sang qui expliquait sans doute leur frappante ressemblance, leurs traits communs, leurs airs, leurs attitudes… Tu aurais presque pu les confondre, tu l’aurais voulu… La perte de ton camarade, l’une des rares personnes qui t’étaient proches à Synchronicity, ton compagnon de chambre, colocataire de dortoir… Contre lui, St Andrez n’avait pu user de son influence pour l’éloigner. Les raisons premières de votre cohabitation étaient administratives et, tout noble qu’il était, l’odieux blond n’avait pu vous séparer. Tu baissais la tête, pensive… Le présent utilisé par le jeune homme te semblait être une promesse, un espoir que tu n’osais pas suivre… Mais, après tout… Il était son cousin, il serait normal qu’il ait eu accès à plus d’informations que toi, ils étaient plus proches, peut-être que… Peut-être que… Tu relevais la tête, articulais quelques sons, à peine consciente de parler… Après tout, tu ne savais pas réellement quelle réponse faire à la question du jeune homme… Peut-être s’attendait-il à de l’extraordinaire, du spectaculaire, mais le lien qui vous unissais était bien ténu.
« Nous étions dans le même groupe, dans la même année. L’administration nous avait logé dans la même chambre. »
Tu faisais une pause, objectivement, votre relation n’allait pas vraiment plus loin que ce rapport administratif… Tu laissais passer quelques secondes, inspirations, expirations…
« Tu as pu remarquer St Andrez. C’est un tordu, il ne supporte pas que je puisse avoir des contacts avec les autres. À Synchronicity, il s’arrangeait pour me couper de tout le monde. Kylian était sans doute la seule personne que je pouvais fréquenter sans devoir ruser pour échapper à sa surveillance. Ce n’est pas grand-chose, mais j’étais heureux de pouvoir échanger quelques mots sans avoir peur que cette ordure ne s’en mêle. »
Tu avais du mal à t’exprimer, la chair de poule remontait le long de ton dos, caressait tes bras fins. Tu repensais au disparu, sentais de féminines larmes te piquer les yeux… Tu refoulais ces eaux salées, tu ne voulais pas embarrasser Raven, tu ne voulais pas faire la pauvre fille en détresse, la fille passive et émotive qui pleure en lisant des récits de massacre dans les journaux, qui sent son cœur se pincer à la lecture des larmoyantes chaînes de mails.
« Ce n’étais pas grand chose en réalité, on ne parlait pas beaucoup, on cohabitait tranquillement et en dehors de la chambre, on ne se regardait même pas… »
Tu baissais de nouveau tes yeux trop brillants, allons allons Camille, votre relation s’était réduite à bien peu de choses, tu ne devrais pas être si touchée par sa disparition, ou bien peu. Mais cette explosion, ces disparitions t’avaient touché bien plus profondément que tu ne le laissais voir. Même Cassandre et ses petites manies, ses attitudes qui te hérissaient… Même elle à laquelle tu n’étais pas attaché, tu la regrettais. Tu avais le sentiment d’avoir trop parlé pour ne rien dire. Ton récit allait sans doute ennuyer ton interlocuteur, par sa banalité transparente… Tu avais le sentiment qu’il te fallait te taire. Mais le présent dont avait usé Raven te troublait profondément, te lançait dans des spéculations pleines d’espoirs. Certes, après l’explosion, des listes de disparus avaient circulées parmi les élèves, mais elles étaient pleines d’erreurs, de blessés qui passaient pour morts, de morts revenus à la vie… On ne pouvait y faire réellement confiance. Alors peut-être que… Peut-être que l’absence de Kylian n’était due qu’à une blessure ? Peut être était il encore vivant, attendant la guérison dans un hôpital ? Raven étais son cousin, peut-être avait-il eu des nouvelles et souffrait que le synchonicien passe pour décédé aux yeux des autres ? Cela expliquerait peut-être cette insistance sur le présent de ce « est ». Tu relevais la tête, une dernière question…
« Tu aurais eu des nouvelles… ? »
Tu craignais de te faire de faux espoirs, ainsi ta voix était-elle hésitante. Attendant une réponse, tu dardais tes yeux sur le jeune homme, croisant mentalement les doigts. Mais avant que tes espoirs ne soient balayés ou justifiés, un lourd bruit ébranla les murs, souleva la poussière. Tu jurais d’une voix pâle, si le géant avait pénétré dans les sous-sols, vous étiez en danger. Malgré toi, ta première pensée alla à St Andrez, perdu quelque part dans le dédale de couloirs. Il risquait gros, incapable de fuir avec son fauteuil… Et tu ne souhaitais pas qu’il puisse trépasser sous une bête puante plutôt que suite à tes machinations. Tu pesais rapidement le pour et le contre avant de te décider. Renonçant à ouïr la vérité sur l’état de Kylian, tu t’adressais à ton compagnon.
« Excuse-moi, je dois y aller, j’ai un compte à régler avec St Andrez… S’il te plais, met toi à l’abris, il faut que l’on continue cette conversation plus tard… »
Tu n’étais pas très convaincante, faible Camille nageant dans tes habits d’homme, mais après un regard implorant, tu saluais Raven et t’engouffrais dans ce couloir que vous veniez d’emprunter, courant maladroitement sans faire attention à si le jeune homme voulais te suivre, scandant le nom de ta Némésis. « Un compte à régler »… Tu voulais pouvoir te venger, lui faire subir l’humiliation de devoir la vie à son ennemi… Dans le langage courant, cela s’appelait « Payer une dette », mais tu n’en avait cure. Tu ne souhaitais que l’humilier.
Gabriel de St-Andrez
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Dim 25 Mar - 21:14
Un instant, juste un seul, il avait pensé à hurler. Et puis avait écarté l’idée, comme on chasserait une mouche d’un geste de la main. Cela ne servirait à rien, la porte était bien trop épaisse, sa voix serait couverte à la fois par la pierre et par les bruits sourds qui ne cessaient de se rapprocher. Et surtout, surtout, ce serait un signe de faiblesse pire que tout, pire que ce fauteuil, pire que le fait qu’il avait du mal à accomplir la plupart des tâches quotidiennes sans aide. Le meilleur moyen de s’humilier définitivement aux yeux de l’Autre, ce que Gabriel souhaitait éviter plus que tout, d’autant plus que si jamais elle l’entendait appeler à l’aide, elle se ferait un malin plaisir de l’ignorer, de le laisser là, le plus longtemps possible, pour finir de le ridiculiser, il le savait, c’était exactement ce qu’il aurait fait, c’était comme cela que ça fonctionnait entre eux. Alors il n’avait pas hurlé, s’était contenté de jurer à voix basse, de beaux jurons comme seule la langue française pouvait en produire, par chapelets. Puis avait fermé les yeux, pour réfléchir, juste un instant. Après tout, peut-être qu’il n’était pas vraiment coincé. Peut-être que quelque part dans le noir absolu qui régnait dans la pièce se cachait une porte, qu’il n’aurait pas remarquée lors de son rapide coup d’œil destiné à repérer la présence de l’Autre. Sauf que jusqu’à preuve du contraire, ses capacités de vision nocturne étaient parfaitement inefficaces s’il n’y avait pas le moindre rayon de lumière pour venir effleurer ses pupilles. Or, ici, il semblait que la porte avait été spécialement conçue pour épouser parfaitement, étanchement, sans laisser le moindre interstice entre son encadrement et elle, et l’obscurité était totale, complète, absolue.
Quoi que. Totale, vraiment ? Etaient-ce ses yeux qui s’y habituaient, petit à petit ? Ou plutôt, cette lueur diffuse, faible, presque infime, qui lui permettait de distinguer la forme de la porte, ne venait-elle pas de lui ? De ses mains, de cette colère qui ne s’éteignait toujours pas, qui se retrouvait encore attisée par sa stupidité, par le fait qu’il s’était laissé enfermer comme un gamin ? Est-ce qu’elle ne venait pas plutôt de cette flamme, là, au creux de sa main gauche, qu’il serra compulsivement, comme si ça allait l’éteindre, comme si ça allait faire disparaître son don ? Mais et si… Et si elle était là, la solution ? Et si, pour une fois, il acceptait ce pouvoir, et si pour une fois, il s’en servait ? Au moins le temps de faire le tour de la pièce. Au moins le temps de savoir, à la lueur d’une flamme, s’il existait une autre sortie. Après tout, il en avait déjà fait, parfois, des petites exceptions comme celle-là à sa répugnance à utiliser son don, pour Cassandre, la plupart du temps, pour Chloé, parfois, pour les réchauffer en hiver. Mais voilà, même si sa raison lui disait qu’il le fallait, que c’était la seule solution qui lui restait pour essayer de sortir d’ici, le feu le mettait toujours mal à l’aise, et la colère ne faisait qu’enfler à cause de ce malaise, enfler contre l’Autre à cause de qui il n’acceptait même pas de créer de quoi s’éclairer. Et puis finalement, sa main décida pour lui, la flamme ne cessant de grandir, venant lui lécher les doigts, déclenchant la sonnette d’alarme. Il fallait qu’il se calme. Ou du moins, qu’il se concentre, comme tout à l’heure, de nouveau, éteindre cette foutue flamme. Mais d’abord… Un simple coup d’œil autour de lui, elle était devenue si grande, si lumineuse, qu’il parvenait à distinguer le fond de la salle, pas si éloigné que ça, finalement. Et désespérément vide, lisse, une courbe parfaite dont le seul accroc était le battant de bois face auquel il se trouvait. Et qui était lui aussi désespérément vide, et lisse. Il était coincé.
Une minute, deux, cinq, dix, il ne savait plus. En se concentrant, il avait fini par éteindre la flamme, se disait qu’il n’aurait pas dû, ruminait sa colère de s’être laissé enfermer, essayait de ne pas entendre les bruits sourds qui s’intensifiaient, se rapprochaient sans cesse. Et puis ce nouveau son. Etouffé, d’abord, au loin. Qui se rapprochait. Une voix. Bien connue. Une voix qui, étrangement, lui rappela cette autre fois où il l’avait entendue, écoutée, où il s’était laissé bercer par les histoires qu’elle racontait, le temps d’une trêve. La voix de l’Autre. Qui l’appelait. Qui le cherchait. Un instant, un bref instant, il se sentit soulagé. Puis la rage d’éprouver ce sentiment à l’égard de l’Autre le recouvrit, alors qu’il répondait aux appels, signalait sa position, comme s’il n’avait pas attendu dans le noir la première occasion qui se présenterait pour sortir de là. Il recula, juste un peu, juste de quoi laisser la porte s’ouvrir quand il entendit l’Autre actionner la poignée. Et quand elle s’ouvrit, quand sa silhouette se découpa dans l’encadrement, il fit comme si la lumière brusque ne l’éblouissait pas, quand bien même les couloirs fussent mal éclairés, comme s’il ne s’était pas demandé, à un moment, si on n’allait pas le laisser pourrir là.
- Bah putain, il t’aura fallu le temps. Ça t’arrive jamais de te dépêcher, dans la vie, bordel ?
Une voix pleine de fiel, une phrase bourrée de grossièretés, ce serait le seul remerciement que l’Autre obtiendrait. Trop de fierté dans le cœur de Gabriel pour ça. Et enfin, alors qu’il avait pu craindre, un instant, de rester enfermé dans cette pièce pour toujours, il poussa le joystick, avança, sortit dans le couloir, ne se souciant pas de savoir s’il bousculait l’Autre ou non au passage. On ne savait jamais, il aurait pu décider de refermer la porte sans lui laisser l’occasion de sortir…
Raven Ninvenci
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Dim 25 Mar - 22:39
Avec plus d'attention que tu avais pu développer durant les dernier mois, tu écoutais la réponse de Camille. Tu ne disais rien, tu te contentais d'écouter en silence, imprimant le moindre mot, la moindre nuance. Le moindre tremolo dans la voix de ton interlocutrice, qui repensait avec émoi à ce passé par si lointain, sans doute agitée en son fort intérieur par quelques hormones dont les demoiselles savaient s'encombrer. En tant normale, ca t'aurais agacé. Tu aurais soupiré avant de tourner les talons de voir un tel débordement silencieux se glisser sous le moindre de ses mots, souffles ou battements de cils. Mais tu restais là, immobile.
Tu n’avais pas le moindre mal à imaginer que l’autre handicapé à la chevelure doré était une plaie au quotidien. Une plaie que Camille semblait s’infliger pour des raisons obscures, surement personnelles, qui ne t’intéressait de toute façon absolument pas. Et pourtant, en l’écoutant expliquer avec maladresse et émotion ce qu’il y avait entre elle/lui et Kylian, une vague hypothèse t’effleura l’esprit. Si le petit prince avait ne serait-ce qu’entamer l’esquisse d’une revanche à l’encontre de Kylian, pour blesser Camille par son intermédiaire, il était mort. Durant un bref instant, un sentiment de colère traversa ton regard, balayé par les mots de la Faithbees brun en face de toi. Tu avais toujours été ainsi. Impassible pour tout sauf quand ca touchait à lui. Parce qu’il était tout, il était toi.
C’est pour ça que tu étais si patient. Que tu buvais presque le moindre mot qu’articulait les lèvres roses que tu ne lâchais pas du regard. Ton regard bien moins inexpressif depuis que vous étiez entrain de parler de Kylian, comme si cette discussion te donnait un souffle d’humanité, un relent de sentiment oublié. Une portion de ton âme que tu retrouvais dans ces vagues souvenirs évoqués à demi-mots. Tu n’avais pas besoin de fermer les yeux pour savoir, pour le voir. La bienveillance de Kylian avec son colocataire. Son indulgence face aux aléas de la vie commune. De son indifférence bienveillante aux changements corporels de Camille. Comme un vague écho, couvrant durant un bref instant la voix féminine qui finissait par banaliser leur rapport. Tu l’entendais comme s’il était à coté de toi, à te sourire vaguement en posant sa main sur ta tête, ses doigts se perdant dans quelques mèches avant d’entamer de sa voix plus grave que la tienne, de son ton monocorde où tu savais trouver la douceur. Tu l’entendais te murmurer: “Ne pleure pas Ravy. Tu est toi, c’est tout.”. Parce qu’il était comme ça. Les différences n’étaient pas quelque chose d’important. Pas une chose qui mérite d’être jugé. Même enfant, il était comme ça. Peut-être qu’il ne faisait que répéter ce qu’il entendait ailleurs, d’Alyssa ou de leur mère.
Un peu de poussière se déposa sur ton épaule alors qu’elle te posa une question. Une question étrange. Des nouvelles? Tu étais là pour en avoir. Parce qu’Alyssa n’avait eu que des informations erronées. Parce que tu étais le seul qui est envie de connaître la vérité et pas te contenter de cette excuse. Saint Thomas aurait pu être ton saint patron. Tu ne croirais rien sans preuve à l’appuie. L’absence de preuve ne peut en aucun cas faire état d’élément décisif. Non. Tu refusais d’admettre quelque chose d’aussi incertain.
T’étant perdu dans le fil de ta détermination, cette obstination maladive qui te caractérisait, tu fus interpellé à nouveau par Camille qui, suite à un nouvel tremblement des pierres de ce couloir, décida d’aller à la recherche de ce poids mort. Sans même t’en rendre compte, alors qu’elle partait d’un pas léger et rapide vers l’endroit d’où vous veniez tous les deux, tu tendis la main dans sa direction, ouvrant la bouche pour lui demander d’attendre. De rester. De ne pas partir. Mais avant que le moindre son ne passe tes lèvres, elle avait disparut au coin, ta main s’abaissant doucement. Tu ne comprenais pas. Ni elle, ni toi. Elle courrait, volait littéralement au secours d’un abruti qui lui pesait, qui faisait de sa vie un enfer, qu’elle détestait à tel point qu’on pouvait voir cette haine transpirer de chaque pore de sa peau. Alors, pourquoi dépenser tant d’énergie à vouloir le sauver? Parce que les mots ne te trompaient pas. Parce que sous couvert de compte à régler, elle venait de se défaire d’une conversation qui lui tenait visiblement à cœur, s'empêchant d’entendre une réponse qui ne serait sans doute jamais venu ou qui n’aurait pas été à la hauteur de ses espérances. Et il y avait toi. La main tendue. Tentant de garder quelqu’un avec toi, faisant preuve d’avidité. Toi qui ne faisais pas le moindre effort. Pourquoi n’avais-tu simplement regardé sa silhouette s’éloigner, avec un vague sentiment de déception? Pourquoi ce geste, ce pas que tu lui avais presque emboité? Pourquoi cette envie de saisir le frêle poignet brulé pour la retenir? Et ce bruit sourd qui t’empêchait de réfléchir, cette poussière qui te chatouillait les narines alors que tu n’avais pas bougé.
Nan. Finalement, tu avais bien fait. Tu n’aimais pas courir, tu n’aimais pas faire des efforts. Alors rester ici, sans rien faire pour la suivre ou la retenir, c’était toi. Tu ne pouvais pas en attendre plus de toi-même. Parce que pour le moment, tu étais mort. Une moitié de vie, une âme incomplète qui cherchait encore. Ce sourire. Cette main qui ébourifferait tes cheveux comme si tu n’avais pas grandit. Enfin, le file de tes pensées s’organisait, se calmait et faisait silence dans ta tête. Le silence. Un silence de mort. Tu n’entendais à présent plus que ton souffle et... Un courant d’air? Non. Un souffle. Un autre souffle. Une odeur acre qui ramenait tes cheveux en désordre sur ton visage. Cette soirée était si fatiguante.
Tu finis par te tourner d’un quart de tour avant de lever le nez. Selon toute vraisemblance, les couloirs des étages supérieurs aux sous-sols avaient été correctement évacués et, en quête de distraction, le géant était venu se risquer dans ces couloirs étroits, sa tête frôlant le plafond alors même que son dos était voûté. A présent, ses petits yeux qui semblaient avoir du mal avec la pénombre des lieux, te fixait d’une lueur qui semblait clairement indiquer que prendre une tasse de thé avec toi n’était pas dans ses projets.
Dans ce genre de situation, il fallait admettre que la réaction la plus logique aurait été, dans un premier temps, la panique, puis, un cris strident (mention spéciale pour la gente féminine et les mauviettes pour cette étape) avant de finir par te sauver en courant loin de la portée de cette créature mythique dont tu n’aurais jamais soupçonner l’existence avant de venir ici. Et pourtant toi, tu ne fis d'émettre un vague soupir de lassitude, suivit d’un léger bâillement qui laissait deviner que tu avais dépassé ton quota d’heure sans sommeil. Il fallait avouer qu’avec tout ça, tu n’avais pas fait de sieste aujourd’hui. L’arrivée des élèves de Synchronicity t’avait un peu trop remué pour ça.
“ Pourquoi moi... ” articulas-tu vaguement pour toi-même. Au même moment, le géant tendit sa main pour tenter de t’attraper, te loupant de peu, un courant d’air provoqué par son geste te décoiffe. C’était une chance pour toi, l’endroit était suffisamment étroit pour cet idiot de 8 mètres (au bas mot mais tu n’avais jamais vraiment eu le compas dans l’œil non plus) soit gêné dans ses mouvements. Si on rajoutait à ça que, malgré ta flemme légendaire, tu étais quelqu’un de plutôt rapide et agile, il y avait très peu de chance qu’il te touche. Néanmoins, lorsque, prit dans son élan, sa main s’écrasa lourdement sur le sol, ce dernier fut secoué par des vibrations qui manquèrent de te faire perdre l’équilibre. Bon, il était peut-être temps de ne plus trainer dans les environs. Après tout, toi aussi tu voulais finir cette conversation avec Camille.
Laissant le gros pataud tenter de se redresser sans se cogner au plafond dans la manœuvre, tu t’éloignas en prenant la même direction que Camille un peu plus tôt. Tu ne courrais pas comme un dératé mais tu ne te payais pas non plus le luxe de lambiner. Demain, tu te remettrais de cette soirée de folie en faisant une grasse matinée plutôt que de subir le cours d’éducation sportive. Courir pour échapper à un troll te permettait de d’auto-attribuer une dispense au moins pour une semaine. Sans vraiment prendre la peine d’appeler Camille dans les couloirs (tu faisais confiance à l’abruti en fauteuil pour avoir la langue bien pendu) afin d’éviter le risque de se faire repérer par la créature, tu erras un petit moment dans le dédale des couloirs. Tu n’étais pas perdu, mais par contre, tu ne savais pas non plus où pouvait être Camille. Alors tu cherchais, en silence, ne laissant que le bruit martelant de tes pas indiquer ta présence.
Finalement, tu finis par te retrouver en bas des escaliers que le jeune souriceau t’avait indiqués comme étant la sortie. Parfait. C’était le meilleure moyen de retrouver l’abruti que la demoiselle au genre incertain avait sûrement du retrouver depuis le temps. Ramassant une pierre qui trainait sur le sol, tu pris la précaution de marquer les murs à chaque bifurcation. Quand tu aurais remis la main sur Camille, il n’était pas question de perdre encore son temps à chercher ce fichu escalier. Surtout que tu avais le pressentiment que tu n’aurais pas d’autre choix que faire avec le poids mort et bruyant.
D’ailleurs, c’est la douce et gracieuse (kofkof) voix de Gabriel qui finit par te guider dans la bonne direction. En l’espace de quelques instants, tu apparaissais à leur vue du coté opposé à celui par lequel la brunette avait pu rejoindre l'agaçant blond. Mais c’était surtout bien trop proche de l’endroit où tu avais toi-même croiser la brute qui t’aurais sans doute broyé tous les os du corps avec deux doigts (ou presque). Maintenant que tu les avais retrouvés, il fallait à tout prix que l’autre la mette en veilleuse et que vous ne perdiez pas de temps dans les environs.
“ Par ici. Il ne faut pas trainer dans le coin. “ avais-tu simplement dit, le plus naturellement du monde, ton souffle légèrement plus court qu’à l’ordinaire. A peine quelques secondes après, le sol laissait à nouveau sentir la vibration des pas du géant. Vraiment. Cette journée était fatiguante.
Jean-Camille Douze
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Ven 6 Avr - 10:27
Everything but "Thank You"
Tes pieds effleuraient doucement les pierres irrégulières qui pavaient le sol, s’échappaient parfois de tes chaussures masculines trop grandes de facilement trois pointures. Tu trébuchais, fébrile tu tournais la tête, effrayée à l’idée de croiser le géant au coin d’un couloir. Ces bestioles étaient bien inquiétantes, tu le savais bien, toi faithbee, curieuse demoiselle, studieux jeune homme, tu avais déjà pu dévorer quelques livres traitant de diverses espèces de créatures magiques, créatures habituellement cachées dans les tréfonds des plus inhospitalières contrées, là où les simples humains ne se risquaient pas sans raison valable. Et l’on faisait en sorte qu’ils n’aient jamais la moindre raison pour venir dans ces coins-ci. Au pire, quelques travaux sur la mémoire étaient effectués, ou une mise en scène organisée pour que les preuves paraissent fausses, les esprits dérangés. Cela avait bien fonctionné pour diverses bêtes, telles que le yéti himalayen, la créature hantant le Loch Ness… Les géants étaient des monstres de brutalité, de force pure, leurs intellects étaient inversement proportionnels à leur masse musculaire, mais il en fallait hélas peu pour qu’ils deviennent grognon et, infantiles, arrachent quelques sapins pour les envoyer à un demi kilomètre plus loin. Ainsi l’idée de rencontrer une telle chose ne te faisait pas rêver, t’angoissait même, mais ce n’était évidemment pas quelque chose que tu avouerais si facilement.
Une réponse, une porte, la poignée tourné, le battant s’ouvre. Sa majesté enfermée sort de sa boîte dans un chuintement de moteur, par réflexe, tu ôtes tes petits pieds de sa route. Que l’on te roule dessus ne te faisait pas rêver, tu avais appris à t’éloigner des cercles de caoutchouc. Gabriel, odieux comme à son habitude, te faits quelques reproches. Depuis quelques temps, ton irritabilité grandit, tu tique presque. Siffle quelque propos acerbes entre les dents.
« Pas besoin de remercier, c’est tout naturel. »
Tes main tremblent légèrement, tant ton exaspération se fait sentir. Tes sourcils se froncent, ton regard noisette s’obscurcit, oh, comme tu souhaiterais l’avoir laissé rencontrer l’horrible créature qui faisait trembler les murs. Sa majesté jouait les durs, mais tu savais bien que monté sur roulettes, diminué, incapable de contrôler son don, il n’aurait point fait le fier, ou peut-être que si. Et aurait fini brisé entre les doigts puissants de l’animal. Tu fermais les yeux, une seconde, deux secondes, dix, tes paupières pesaient, ton cerveau tournoyait dans ta boîte crânienne. Non Camille, ne tombe pas, respire, relève la tête. Derrière le fauteuil, tu appuyais tes paumes secouées de tremblements contre les poignées gainées de caoutchouc. Tu connaissais ces symptômes, provoqués par un état de stress, un mauvais contrôle de ton alimentation… Irritabilité, nerfs à fleur de peau, tremblements, mal de tête, somnolence… Ha, comme le moment était bien choisi pour un coup de barre, une hypoglycémie. Tu rouvres les yeux, au prix d’un grand effort, tes oreilles semblent avoir perdu une partie de leurs habilités. Ton attention cotonneuse filtre désagréablement les reproches de ton blond fardeau. Pour bien faire, il faudrait que tu t’assoies, prenne quelques minutes pour avaler un gâteau, te reposes. Mais les murs tremblent dangereusement, des joint entre les pierres s’envolent des nuages de poussière grise qui t’assèchent la gorge.
St Andrez te reproche ton immobilité soudaine, tu grognes, resserres ton étreinte sur les poignées, pousses doucement le pesant fauteuil. Tu ne veux pas t’abaisser à lui avouer ton état, à lui demander une pause, vous n’avez pas assez de temps, et trop de fierté.
« Rappelle-moi qui est le plus inutile ici, St Andrez ? »
Le ton est acide, les paroles volontairement blessantes. Vous pourriez repartir dans une énième querelle mais la silhouette de Raven accapare ton, attention. Tant mieux, dans les méandres de ta faiblesse soudaine, tu te sentais incapable de réfléchir rationnellement à un chemin à prendre. La direction indiquée par l’élève de Virtus semblait s’éloigner des bruits sourds qui résonnaient jusqu’à l’intérieur de ton crâne. Tu lui adressait un signe reconnaissant de la tête, déployait un effort inhumain pour faire avancer le fauteuil. Ta pâleur pouvait être inquiétante, mais tu n’en soufflais mot, tu refusais d’apparaître comme un vulgaire poids, rôle réservé à Gabriel. Tu avalerais une pâte de fruits plus tard, quand vous seriez sortis quand tu seras libre. En attendant, tu traînais les pieds en serrant les lèvres. Concentre-toi Camille, un pas, un autre pas. Ne tombe pas, tu t’en voudrais trop.
Gabriel de St-Andrez
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Jeu 19 Avr - 21:57
La fierté, ça ne tient pas un grand-chose. Un non-dit, alors qu’on sait très bien que l’Autre a compris. Alors non, bien évidemment, Gabriel n’allait pas le remercier, bien évidemment, il allait continuer à le harceler de ses piques acerbes, de ses reproches, continuer à le rabaisser. Comme quand Camille s’arrêta, sans raison apparente, faisant cesser les cahots qui secouaient Gabriel dans son fauteuil, mais lançant également, comme s’il avait appuyé sur le bon bouton, la machine à insultes. Parce qu’il n’était peut-être qu’un poids, bien qu’il se refusât à l’admettre, il ne pouvait peut-être pas encore réellement se déplacer seul, et encore moins dans ces couloirs aux pavés inégaux qui rendaient difficile le travail du moteur, mais au moins, lui avait son excuse, ce que l’Autre n’avait pas, n’aurait jamais, il y veillerait, ne serait-ce que pour pouvoir utiliser cette raison. Bien sûr, il lui avait jeté une remarque acerbe. Une de celles que seule la présence de l’Autre pouvait déclencher, une de sa réserve personnelle, qu’il gardait pour lui et lui seul, comme des grands crus que l’on sort pour fêter les évènements extraordinaires. Et bien sûr, elle avait répondu. Mécanique bien réglée, les remarques pouvaient s’enchaîner entre eux pendant des heures, sans que jamais ils ne se retrouvent à cours d’inspiration. Comme si la présence de l’un avait le don de stimuler l’autre, et réciproquement. Un coup chacun, comme aux échecs, et les parties se suivaient, inlassablement, semblables et différentes à la fois. D’ailleurs, c’était à son tour d’avancer son pion. La présence de l’autre brun, qui leur imposait de nouveau sa présence, quand bien même ses talents de guide leur fussent bien utiles ? Oubliée, annihilée, délibérément ignorée. Parce que l’autre en faisait autant, ne s’adressant qu’à Camille, Gabriel ne voyait absolument pas pourquoi il aurait pris la peine de s’intéresser à lui. Il était sans doute en train de leur sauver la vie en les menant à la sortie de ce labyrinthe de couloirs ? Futilités. M. de St-Andrez avait des choses bien plus importantes sur lesquelles se concentrer. Comme par exemple jouer un coup qui, s’il n’était pas gagnant, marquerait au moins une belle action pour lui.
Et pour cela, il lui suffisait d’un geste, un seul. Un tout petit geste, le genre que l’on aurait même pu demander à un enfant de maternelle. Une simple pression du pouce vers l’avant. Simple, mais rapide, de quoi faire faire une embardée au moteur qui, jusque-là, ne fonctionnait qu’au ralenti, suppléé par les mains de Camille sur la poignée. Juste pour le plaisir d’entendre le petit cri de l’Autre alors qu’elle tombait, privée de ce support sur lequel elle s’appuyait déjà depuis quelques minutes, plus qu’elle ne le poussait. Juste pour le plaisir de la voir affalée sur le sol, tentant de se relever malgré ses bras qui tremblaient.
- Peut-être celle qui n’arrive même plus à remplir son rôle, qu’en penses-tu ?
Il avait fait demi-tour, sans se soucier des cahots engendrés par les pavés irréguliers, ni de leur guide que cet énième arrêt devait sans doute agacer. Qu’il s’agace, Gabriel s’en fichait bien, et n’y prêtait à vrai dire aucune attention. Observer les efforts de l’Autre pour ne plus rester dans cette position humiliante lui semblait bien plus intéressant. Lui tendre une main que l’on aurait pu croire charitable, quand il savait parfaitement que, par fierté, l’Autre la refuserait, d’autant plus que quelques minutes auparavant, des flammes s’en échappaient, un sourire mielleux peint sur le visage, en était à la limite du jouissif.
- Besoin d’un peu d’aide, peut-être ?
Et ce ton, hypocrite, doucereux, méprisant, celui qu’il réservait aux plus belles situations, celui qui lui avait permis d’écraser bon nombres d’adversaires moins résistants que l’Autre. Alors, même si ça ne suffirait certainement pas à vaincre celle qui était face à lui ce soir, il n’en savourait pas moins ce qu’il considérait au moins comme une égalisation, une petite revanche face à ce qu’elle lui avait fait subir ce soir. Et il n’avait pas fini, oh non. Il retira sa main après les quelques instants suffisants pour que passe la communication entre eux. Elle ne s’abaisserait pas à accepter son aide, il n’avait de toute façon aucune intention de la lui apporter. Mécanique usuelle, mais qui faisait toujours son petit effet.
- Non ? Bon, tant pis pour toi. J’essayais juste d’être gentil…
Douce et mordante ironie venant appuyer sur le dernier mot, comme si la gentillesse pouvait avoir la moindre place entre eux. Un dernier sourire narquois et, haussant les épaules, il fit mine de se détourner, se ravisa soudain, comme si une idée lumineuse venait soudain de germer dans sa tête. Une rapide fouille dans ses poches, et il sortait une tablette de chocolat, une de celles qui ne le quittaient jamais. Quelques secondes après, elle était dépiotée, il croquait dedans, la tendait à l’Autre.
- Tiens. Tu sais pertinemment que c’est exactement ce dont tu as besoin, et ce serait quand même dommage que je doive te porter sur mes genoux jusqu’à la sortie, pas vrai ?
C’était si simple. Si simple de deviner ce qui se tramait dans le corps de l’Autre, de déceler cet état de faiblesse dont Gabriel avait déjà pu abuser, dont il avait profité, qu’il avait même provoqué parfois. Une hypoglycémie, si simple, qui mettait l’Autre en position de faiblesse, à chaque fois, et celle-ci en particulier. Il aurait pu continuer longtemps ainsi, de remarques sarcastiques en piques acerbes, si les bruits signalant la présence du géant ne s’étaient pas faits entendre, bien plus proche que leur sécurité ne le nécessitait.
- Par contre, tu vas te grouiller, parce que je n’ai pas franchement envie qu’on finisse là.
Chez n’importe qui d’autre, cela aurait pu passer pour une inquiétude, que ce soit pour son propre sort ou pour celui de l’Autre. Une inquiétude, là où il ne fallait voir que la simple promesse tacite et mutuelle qu’ils ne trépasseraient que des mains l’un de l’autre.
Raven Ninvenci
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Jeu 19 Avr - 23:13
Depuis que tu les avais quittés, il y avait eu un étrange renversement des pouvoirs. Pas besoin d’avoir passé ses fameuses minutes en leur compagnie pour le savoir, tu le voyais aussi clairement que le nez au milieu de la figure. Camille semblait à bout de force contrairement au poids mort redoublait d’effort pour indiquer leur position au danger qui se déplaçait lourdement dans les couloirs étroits. Une chance que le décors joue en votre faveur et ralentisse les mouvements du monstre. Plus les minutes passaient, plus le bruit sismique des pas du géant se rapprochait. Et pendant ce temps, que faisait l’impertinent blondinet ? Il se plaignait. Tu n’étais pas de nature à t’agacer facilement mais ta patience était mise à rude épreuve, d’autant plus que tout ceci t’avait privé de la discussion qui avait avorté avant son terme.
Comme un enfant, stupide et borné, l’handicapé sembla soudain se rappeler du fonctionnement de son engin à moteur. Juste au moment où il était surement le plus amusant pour lui de le faire. Distrait par un nouveau tremblement qui fit tremblé le couloir du sol au plafond, tu ne remarquas que Camille avait chuté qu’en relevant la tête. Ton poing se serra légèrement en observant l’attitude enfantine de Gabriel qui semblait jouir de toute l’ironie de la situation, sans réellement se soucier de ce « petit » détail qui faisait transpirer de poussière les pierres des murs. Les rejoindre serait une perte de temps et d’énergie inutile. C’est donc de ton angle de mur que tu vis cet agaçant personnage se livrer à ce qu’il semblait être un petit numéro auquel la jeune fille tremblante sur le sol était habituée.
« Mais quel abruti... »
Ton regard se porta dans le couloir qui menait vers la sortie. Un nouveau tremblement. Il se rapprochait. Alors tu pris sur toi, te rapprochant des deux autres, dans le dos de l’handicapé qui avait tourné son fauteuil, ignorant délibérément ta présence. Tu n’y avais même pas accordé d’importance. Pourquoi l’aurais-tu fait ? Plus le temps passait, plus tu étais persuadé que tu aurais du le donner à bouffer aux sirènes. Il aurait été utile ainsi, surement pour la première fois de sa vie d’ailleurs. Tes pieds nus foulants les pavés inégaux, toi qui avait surement perdu tes chaussures quelques part dans cette fuite insensée, tu percevais des brides de leur conversation. Un nouveau tremblement, plus proche, beaucoup trop proche. Ton équilibre semblait fatiguer un bref instant, t’obligeant à te rattraper à un mur encore ébranlé de cette nouvelle secousse.
Et ce type. Lui jouait encore, agitant sa tablette de chocolat sous le nez de Camille qui semblait déterminé à ne pas céder à cette générosité mielleuse qui puait l’hypocrisie. Un spectateur qui ne serait pas au fait de l’étrange relation entre ces deux là se serait surement fait avoir par l’attitude doucereuse de Gabriel. Moi toi, tu avais vu leur haine animé leur parole, résonné dans cette voix frêle et féminine. Tu savais que la générosité et la bienveillance n’étaient pas des choses qui avaient lieu entre eux. Pas de cette façon. Alors que cet ignoble blondin savourait la saveur de sa dernière injonction à l’encontre de la jeune fille à ses pied, ta patience sembla déguerpir face à la vague silhouette d’ombre qui semblait apparaitre de l’autre coté du couloir, vaguement dessiner sur le sol. La suite des événements se passa sous le coup de l’impulsion, une impulsion que tu ne te connaissais pas toi-même ou plutôt que tu ne te savais pas capable de déployer pour autrui.
Ta main se saisit fermement d’une des poignées du fauteuil poussant alors que tu n’arrêtais pas tes pas, obligeant l’appareil à faire un demi-tour brutal dans un crissement de pneu en guise de mécontentement, qui serait surement un moindre mal face à la réaction de l’abruti qui pesait bien plus son poids que tu ne le pensais. Sans prendre la peine de lui laisser ouvrir la bouche ou même de l’écouter s’il venait à être plus rapide, tu lui arrachas la tablette des mains, cassant une barre pour la mettre dans la main de Camille. Ton visage n’était plus aussi neutre que tu l’aurais voulu, partagé entre colère envers Gabriel et inquiétude envers cette ombre qui commençait d’avantage à se dessiner. Il ne faisait pas le moindre doute que l’état de faiblesse de Camille, surement une crise d’hypoglycémie du au stress ou un truc du genre, ne se règlerait pas en moins de 5 secondes, temps maximum qu’ils leur restaient pour s’éloigner de ce couloir avant que ca ne devienne vraiment trop dangereux pour un handicapé, une personne en état de faiblesse et toi.
« On a pas vraiment le choix… » soupiras-tu avec une pointe d’exaspération avant de rapidement poser le genoux à terre, passant l’un de tes bras sous les genoux de Camille, l’autre derrière son dos. L’instant d’après, tu étais debout, les mains un peu serrées, les bras légèrement tremblant. Ca semblait toujours si facile dans les films ou dans les livres mais la réalité était souvent bien plus sévère. La jeune fille n’était pas particulièrement lourde mais ca ne restait pas une plume pour autant. Mais tu n’avais pas le temps de te plaindre ou de faire une remarque profonde digne d’un roman à l’humour approximatif. Tu ne devrais faire cet effort que le temps de rejoindre l’escalier, le temps à cette barre de chocolat de faire son effet.
« Eh, toi. Tu sembles te souvenir de comment fonctionne les commandes de ton engin. Reste sur le coté droit du couloir pour avancer, les pavés sont moins inégaux. » finis-tu par dire en le dépassant, de suffisamment loin pour qu’il ne lui prenne pas l’envie de t’empêcher d’avancer maintenant que tu tenais son jouet, celui qu’il semblait considéré comme sa bonne, dans tes bras. Et puis, dans un cynisme qui ne te prenait que lorsque ton seuil de tolérance et de patience était dépassé, tu ajoutas quelques mots, en jetant un petit regard en arrière alors que tu avançais en t’écorchant les pieds sur le sol de pierre.
« Sinon, merci d’avance de ralentir le géant. »
Durant un bref instant, un vague sourire du même ton que ta remarque s’afficha au coin de tes lèvres, comme un mirage qu’un nouveau tremblement, bien plus proche, sembla dissiper bien trop rapidement. Tu avais beau le détester, tu avais beau avoir l’irrésistible envie de lui faire payer d’avoir tant crié en le laissant se faire écrabouiller par le géant, si jamais il se trouvait qu’il ne puisse pas fuir suffisament vite, tu te disais que ne pourrais pas rester sans rien faire.
Enfin, sûrement.
Spoiler:
J'ai... pris un certain nombre d'initiative "orz... Si ca pose le moindre problème, n'hésitez pas à le dire!! m(_ _)m
Jean-Camille Douze
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Dim 29 Avr - 11:26
You dance with your demise
Le malaise qui enflait en ton pauvre corps te tendait. Les nerfs à fleur de peau, tu refusais cependant de céder , de te laisser aller. Tu avais besoin de repos, de longues heures loin de cet énergumène, de temps pour toi... Mais, ce genre de vacances étaient potentiellement compromises par l'arrivée imminente d'un géant dans les couloirs. Raven revint sur ses pas, tu évitais son regard, tu avais honte, tu avais honte de lui montrer un tel spectacle, de lui infliger ainsi l'orgueil de St Andrez, son attitude puérilement dominatrice. Tu aurais voulu t'excuser, comme un tuteur s'excuse des actes de son enfant, mais tu en avais à peine la force. Au sol, tu tentais, tremblante, de te redresser, appuyant de toutes tes forces contre le sol. Tu jetais de noirs regards à St Andrez, pleins de mépris, de cette haine qui suintait de vos relations habituelles. Tu le haïssais de te haïr, de ne pas, ne serait-ce que faire semblant de coopérer, tandis que vos vies étaient mises en danger par les coups sourds qui ébranlaient la pierre.
Raven te soulève. Jeune homme à la féminité mal acceptée, tu grimace presque. Il n'est pas très plaisant de se voir porté comme une demoiselle de détresse quand on tente encore, sans espoir aucun, de se maintenir une certaine image de virilité. Tu courais après une chimère, mais chaque instant te rappelant la dualité de ton être te dérangeait... Faiblement, tu tentais d'alléger la charge du jeune homme. Tu t'en voulais terriblement, tu en voulais affreusement à cette maladie, à cette école, à cette explosion, à cet ignoble personnage, à toi-même... Pour être si faible dans un moment aussi critique. Tu remerciais le cousin de Kylian d'un regard, portant la barre de chocolat à tes lèvres, l'apport en glucose serait surement réduit, tu connaissais bien le goût de ta Némésis pour le chocolat noir, allié des régimes car pauvre en sucres. Enfin, cela suffirait. Tu évitais de penser que cette matière brune avait été portée aux lèvres de l'héritier sans jambes, mangeant le chocolat rapidement. Tu fixais tes yeux devant toi, évitant autant le regard de Raven que celui de St Andrez. Tu te sentais désolée pour l'un, tu ne souhaitais simplement pas voir l'autre. Quelques souffles passaient entre tes lèvres, des mots prononcés assez distinctement pour que St Andrez les entendent.
« Merci d'être assez bruyant pour que toutes les bestioles magiques du coin veuillent nous faire la peau, j'apprécie l'attention que tu portes aux autres, vraiment. »
Entre sirènes et géant, tu avais l'impression que toutes les créatures fantastiques du coin tentaient de vous faire la peau, bien étrange tout de même... D'ailleurs, d'où venait-il, ce géant ? Il paraissait déjà étrange que des sirènes, amatrices de chair humaine vivent dans les profondeurs d'une école, mais un géant, bête massive, violente ? Il faudrait vouloir tuer les élèves, au moins pour en introduire un... Une mauvaise farce pour accueillir les synchroniciens peut-être ? L'humour local semblait bien étrange si c'était le cas. Tentant de te racheter auprès de l'élève de Virtus, tu tentais de mobiliser tes connaissances sur les géants, les créatures magiques ne t'avaient jamais passionné, bien que certains domaines te parlent plus que d'autre. Evidement, il avait fallu que le chapitre sur les sirènes te parle plus que celui sur les géants. Ces bêtes là étaient grandes, grosses, dotées d'une imposante musculature, des qualités compensées par un cerveau assez atrophié et une vitesse réduite. Bien que d'information inédites là dedans ! Enfin, contre ce Goliath, vous étiez trois David, un peu diminués, certes, mais trois. Tu attirais l'attention de Raven d'un murmure, t'arrangeant pour que lui seul t'entende. Tu savais bien que le délicat St Andrez ne manquait jamais de te rabaisser, quoi que tu dises. Faux, tu étais traité d'imbécile, vrai, d'intello asocial, extraordinaire bonne idée, de vantard. Tu rêvais de lui faire avaler ses sarcasmes, mais la situation ne s'y prêtait pas, autant éviter qu'il entende tes mots, quitte à ce qu'il se sente exclu, prit de haut.
« Il faudrait que l'on quitte ces couloirs... Le plafond est trop haut, il n'y aurait pas une salle au plafond bas par ici ? »
Tu faisais de ton mieux, malgré ta faiblesse, la migraine qui te tenait le cerveau... Il fallait commencer par semer la créature, après vous pourriez vous demander d'où elle venait. Malgré tout, tu te sentais profondément, inutile, comme un poids mort incapable de raisonner. D'une vois encore plus basse, à peine audible, tu t'excusais de cela.
Gabriel de St-Andrez
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Ven 11 Mai - 19:22
Ça faisait comme une chaleur, qui partait du ventre et qui s’intensifiait, de plus en plus, en devenait brûlante, puis se diffusait, jusqu’à venir se loger dans ses mains, où elle attendait, patiemment, le moindre instant d’inattention où elle pourrait prendre le contrôle et enfin s’échapper. La rage, Gabriel connaissait, cela allait bientôt faire seize ans qu’il la ressentait dès que l’Autre entrait dans son champ de vision, dès que quelqu’un s’avisait de le défier, n’importe quand. Il la connaissait, et connaissait aussi les effets qu’elle avait sur son don, et les haïssait, et s’énervait de les haïr.
Et pourtant, il lui fallait bien la contenir, là où il aurait rêvé de hurler, des mettre son poing dans la figure bien trop efféminée de l’élève de Virtus. Parce qu’il avait sa fierté, Gabriel, et qu’il avait décidé de l’ignorer, et qu’il s’y tiendrait. Parce que s’il commençait à revenir sur ses propres décisions, il n’aurait bientôt plus la moindre autorité sur personne, et ça, ça, c’était la pire chose qui aurait pu lui arriver. Alors quand ce type s’était mêlé d’une histoire qui, au fond, ne concernait que l’Autre et lui, quand il lui avait fait l’affront d’interrompre leur jeu, et même, pire encore, d’oser lui faire faire demi-tour comme s’il n’avait été qu’un vulgaire paquet, il avait serré les dents, serré les poings, mais rien ne devait transparaître. Il serait bien assez temps, plus tard, de lui faire payer cela, de lui faire payer cette gentillesse qu’il montrait à l’égard de Camille. De quel droit se permettait-il de la porter, de prendre son parti, elle qui n’avait droit à rien de tout cela ? Il lui faudrait comprendre qu’il s’agissait là de choses à ne surtout pas faire. Mais plus tard. Parce que pour l’instant, malgré tous ses torts, il avait raison sur un point, il valait mieux pour eux partir, et vite. Quant à sa suggestion de rester sur le côté droit du couloir, elle n’était somme toute pas si mauvaise, même si jamais Gabriel ne le reconnaîtrait. Plutôt mourir d’admettre que l’on ait pu lui donner un conseil utile sur un sujet aussi trivial. De toute façon, s’il avait ouvert la bouche, ç’aurait été pour proférer des insanités, et même lui pouvait le reconnaître à l’ombre qui s’étendait de plus en plus quand il tournait la tête pour surveiller ses arrières, c’était loin d’être le moment. Et surtout, surtout, faire comme s’il n’avait pas entendu leur deux dernières répliques, serrer les dents, elles lui passaient loin au-dessus, après tout. Qu’est-ce que deux pauvres prolétaires comme eux pouvaient bien savoir de la destinée qui les attendait, après tout ? À coup sûr, si le géant devait attraper quelqu’un parmi eux, ce serait plutôt les deux proies faciles attachées l’une à l’autre, c’était…
C’était stupide de penser cela. Mais pour que Gabriel le comprenne, il fallut que le géant, non content de tourner à l’angle du couloir pendant qu’ils tentaient de le fuir, Camille dans les bras du brun, Gabriel poussant son moteur au plus fort de ses capacités –il faudrait qu’il songe à le faire améliorer dès le lendemain- , se dise que cette petite chose à roulette semblait très amusante et décide de l’attraper entre ses gros doigts pour l’examiner de plus près. Il avait laissé les roulettes sur le sol ? Tant pis, son intellect était bien trop limité pour qu’il ne s’en rende compte. Gabriel, lui, en revanche, se rendit bien compte que quelque chose n’allait pas, et surtout qu’il venait d’être pris pour cible par cette créature dénuée de toute cérébralité. Et il fallait bien l’avouer, pour le coup, il paniquait. Pas qu’il ait particulièrement le vertige, non, il ne souffrait d’aucun malaise face à la hauteur. Mais là, pour le coup, les trois mètres qui le séparèrent soudain du sol –il y avait vraiment tant de place ? Le plafond lui paraissait bien plus bas, quand il le voyait depuis son fauteuil- lui fichèrent, il faut bien l’avouer, un sacré coup. Et une fois la surprise passée, ce fut la rage qui la remplaça, plus violente encore que tout à l’heure. Contre le géant, bien sûr, qui avait osé le soulever ainsi comme un misérable insecte, mais aussi contre les deux autres, qui avaient osé le laisser derrière, et, surtout, plus que tout, contre lui-même, contre son esprit qui avait osé commettre la pire des offenses et, l’espace d’un instant, paniquer.
Et alors, il perdit le contrôle. Ses deux mains, agrippées sur le doigt supérieur du géant autant dans un réflexe bien humain pour éviter la chute que pour tenter de lui faire lâcher prise, s’enflammèrent soudain, comme elles n’avaient pas dû le faire depuis bien longtemps, depuis la toute première fois en fait, ce jour où il avait marqué le dos de l’Autre. Et il brûla la main de l’être fantastique, sans même se soucier de ce qu’il faisait, sans même se rendre compte qu’il utilisait ce don qu’il haïssait tant, tout entier à sa rage, le visage déformé par la colère. Et alors le géant hurla. Et lâcha. La chute parut presque interminable à Gabriel, tandis que le crâne de la bête heurtait le plafond quand il se redressa sur le coup de la douleur, pendant que le blond, lui, heurtait le sol. Un instant, la pensée traversa son esprit groggy par le choc que, vu l’angle étrange que formait sa jambe droite, ce n’était peut-être pas plus mal qu’il ne la sente plus. Même si cela risquait d’être compliqué de regagner son fauteuil, situé désormais à plus de cinq mètres de sa personne, en n’ayant pour se mouvoir que ses coudes. Cependant, il n’était pas question qu’il demande de l’aide, jamais sa fierté ne le lui aurait pardonné. Mais bon, il était certain que, vu les morceaux de pierre qui se détachaient du plafond au-dessus du géant et, par extension, presque de sa personne, il valait mieux pour lui qu’il se dépêche. Enfin, l’avantage de la situation, si on pouvait vraiment parler ainsi, c’était qu’au moins, la bête ne devrait plus vraiment leur causer de soucis…
Raven Ninvenci
Messages : 288 Date d'inscription : 02/01/2012
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Dim 13 Mai - 5:32
Tout en écoutant ce que Camille te proposait, tu avançais aussi rapidement que possible sans te retourner pour atteindre l’angle qui vous mènerais vers votre salut. La sortie de ces sous-sols infernaux. Oui, c’était une bonne idée. Mais tu ne connaissais pas cet endroit aussi bien que semblait le croire la demoiselle que tu portais tant bien que mal. La sortie, tu la connaissais simplement parce que quelques rongeurs qui vivait dans les entrailles de ce château avaient bien voulu te l’indiquer. Une chance qu’ils aient été bien luné. Mais leur faire jugé de la hauteur d’un plafond… Qui serait capable de savoir si un plafond fait 100mètre ou 120mètres de hauteur. Personne. Et pour les rongeurs, la proportionnalité devait être bien plus grande que ça.
Alors que tu t’apprêtais à lui expliquer tout ça en quatre mots comme tu en avais l’habitude, un bruit sourd qui n’augurait rien de bond retentis derrière toi. Grimaçant à cause de tes pieds nus sur les dalles inégales au sol, tu fis rapidement volte face, te retrouvant adosser un peu brutalement au mur au fond du couloir à cause de ton élan.
« Et merde… »
Jurer n’était pas une chose que tu faisais souvent. D’ailleurs, ce n’était jamais bon signe. Dans le cas présent, voir le blondinet bien moins bavard mais surtout à plusieurs mètres du sol valait bien un petit gros mot. Pourtant, tout ton corps hésita. En temps normal, une autre personne (sauf peut-être Camille, et encore), se serait surement rué au devant du danger pour aller secourir le pauvre infirme que l’énorme masse secouait comme un petit soldat de plastique accroché au bout de son doigt. Mais il y avait deux choses qui faisaient que tout ton corps hésitait. Premièrement, s’élancer au devant du danger, c’était pas ton truc. Tu avais encore ce truc démodé qui s’appelait l’instinct de survie. Finir écrabouiller sur le sol des sous-sols n’étaient pas vraiment dans tes objectifs du moment. Surtout maintenant que tu avais une piste pour ton cousin. Non, non, non. Et deuxièmement, Gabriel, tu ne pouvais vraiment pas l’encadrer. Triviale, certes mais aller essayer de risquer votre vie pour une personne que vous ne pouvez pas voir en peinture et qui, en plus, se montrera à peu près tout sauf reconnaissant.
C’était un gros dilemme qui se posait à Raven avant que des flammes ne règlent le problème. Ou du moins une partie. Le blondin s’écrasa comme une crêpe qui loupe sa poêle, sur le sol et le géant, dans un mouvement mué par la douleur de la brulure, se redressa si vivement que tout le château sembla en trembler. Toi-même, tu vacillas quelques instants, posant le genou au sol de justesse pour ne pas tomber avec ton paquet sur les bras. Déposant Camille sur le sol en le laissant s’adosser au mur, tu te redressas, laissant filer un nouveau juron alors que le plafond semblait menacer de s’écrouler à tout instant et surtout, en plein sur l’infirme qui se trainait par terre.
« Reste contre ce mur, c’est un mur porteur. » lâchas-tu à la jolie brune avant de te dépêcher de rejoindre Gabriel.
Les pierres mal taillés semblaient te faire regretter ta décision, t’entaillant la plante des pieds, toi qui regrettais d’avoir oublier où tu avais bien pu laisser tes chaussures. Tout ça à cause de ce triple crétin qui allait se faire aplatir. Tu aurais eu la paix au moins, s’il l’avait vraiment été. Mais non, il avait fallut que tu arrives à temps, l’attrapant par le col pour le tirer aussi fort que tu en étais capable pour l’éloigner au maximum. Juste à temps, l’instant d’après, le plafond s’affaissait dans un énorme nuage de poussière, vous séparant de la menace. Des dommages collatéraux, il y en a toujours, comme cette pierre qui t’avait heurté la tête, tout juste freiner par tes bras. Bilan, en plus de tes pieds blessés, tu te retrouvais avec une belle balafre au bras et du sang qui coulait d’entre tes mèches de cheveux pour t’arriver dans l’œil. Rien de moins agréable.
Toussant dans le nuage de poussière qui ne tarda pas à retomber, tu jetas un vague coup d’œil vers celui qui te devait la vie mais qui ne l’admettrait jamais. Il était en vie. Dommage. Au moins, s’il y était resté, tu aurais eu l’acquis de conscience d’avoir tenter et la paix d’avoir rater. Mais non. Il fallait croire que le coup du sort avait un drôle de sens de l’humour.
« Remets ta vengeance à plus tard. Tout le couloir est précaire maintenant. Il faut partir. »
Boitillant légèrement, tu te relevas pour aller remettre le fauteuil sur ses roues avant de le pousser jusqu’à son propriétaire, essuyant à intervalle plus ou moins régulier le sang qui te coulait dans l’œil. Tu ne l’aiderais pas à grimper dans son engin de malheur. Ce type était assez mauvais pour en profiter pour te brûler avec son don. En voilà un don pratique, destructeur et qui lui correspondait un peu trop bien. Franchement, ca en était presque risible. Le laissant se débrouiller, tu retournas au fond du couloir où tu avais laissé la synchronicitienne un peu plus tôt, boitant à cause de tes blessures au pied. Une fois à sa hauteur, tu t’adossas au mur en te laissant glisser.
« …j’espère que j’ai bien fais de le sauver. » finis-tu par dire en te tenant le bras, avec une pointe d’amertume dans la voix.
Une fois sortis de ces sous-sols, tu exigerais une semaine de repos à l’infirmerie. Ou plus.
Jean-Camille Douze
Messages : 214 Date d'inscription : 02/01/2012 Age : 29
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Ven 18 Mai - 19:56
It's snowing dust, rocks.
Poussière, gravats, hurlements de pierre et de chair. Le plafond agonisait bloc de pierre après joints de chaux, le géant blessé secouais sa paluche blessée, brûlée. La chair de la bête répandait dans l'air une odeur de porc brulé, odeur qui piquait les narines. Il plut des gravats dans tout le couloir, le râle du géant se tut au profit de celui de la voûte qui se disloquait suite à l'impact d'un crâne étonnamment solide contre ses pierrailles. Par réflexe, tu entourais ta pauvre tête de tes bras fins, mais tu étais assez loin du l'épicentre, nulle chute de cailloux ne te fut mortelle. Tu toussais, éternuais trois fois, la poussière voilait l'endroit comme un fin tissu de soie, comme une moustiquaire sans cohérence interne. Tu suivis pourtant des yeux la silhouette du cousin de Kylian, parti porter secours à la plaie qui te poursuivait de sa haine depuis tant d'années. Comme les humains étaient tordus, étranges, et tu ne faisais pas exception. Tu ne voulais plus voir St Andrez. Tu ne voulais pas qu'il meure. Tu voulais qu'il crève. Tu voulais qu'il revive après. Tu voulais qu'il expie ses fautes, sans devenir un martyr. Sans que personne ne le plaigne ou n'éprouve la moindre empathie. Tu voulais qu'il dégoute le monde, mais garder l'exclusivité de cette monstrueuse haine, cette perverse chaine, qui liait vos adolescentes vies. Tu voulais qu'il éprouve ce que tu éprouvais, cette solitude, cet effroi de voir que les autres vous évitent parce que c'est mal vu de te parler. Tu avais tous ces désirs sordides, mais aucun plan pour les sustenter. Pire. Qu'un de tes objectifs soit atteint, et tu te lassais, tu visais plus haut, il te rendait ignoble. Tu avais déjà blessé une innocente pour le faire souffrir, tu n'y avais pas repensé après, pour ne pas avoir à avouer ta félonie... Cette guerre était contre productive, rien n'en sortait. Sa fertilité était celle d'un sol sec, là où la terre se transforme en poussière. L'élève de Virtus revint, te distrayant enfin de tes pensées hors de propos, inutiles. S'il avait bien fait de le sauver ? Toutes les réponses étaient fausses, avec quatre heures devant toi, tu aurais peut-être pondu un plan dialectique. Grand un : Gabriel de St Andrez est une ordure, il mérite d'être bouffé par ce géant, en tartare, vivant, écorché, avec beaucoup de sel, du vinaigre et des câpres. Grand deux : Mais sa mort serait encore un peu trop douce et il ne faudrait pas qu'elle soit due à quelqu'un d'autre que moi. Grand trois : Peut-être faudrait-il plutôt le foutre, écorché, recouvert de vinaigre, de sel et de câpres, dans un immense brasier. Et ajouter des abeilles. Ou bien le condamner à quelque uns de ces supplices dont les grecs avaient le secret. Porter le monde sur ses épaules, se faire bouffer le foie par un aigle, vivre dans la faim et la soif éternelle ? Oh, il avait l'embarras du choix. Mais ce plan, trop sommaire à ton goût, tu n'allais pas l'exposer à Raven, tu n'avais pas le temps, pas l'envie et sans doute s'en foutait-il. Tu lui répondais d'une grimace évasive, exprimant n'importe quelle réponse, ce n'était pas important. Poliment, tu t'inquiétais pour sa blessure, tu savais que les blessures à la tête saignaient plus qu'elles n'étaient graves, mais, au détour d'une poche, tu trouvais un paquet de mouchoirs que tu lui tendit. Tu avais toujours à l'idée qu'il vous fallait parler. De Kylian. Il semblait le désirer aussi, et toi, tu craignais de ne pas être à la hauteur, tu ne savais pas quoi raconter, tu ne pourrais te résoudre à mentir... Tu avais peur de le décevoir, comme si tu étais face à un professeur qui mettait de grands espoirs en toi alors que tu usurpais tes notes. Mais le lieu était mal choisi pour une petite conversation.
Un râle te fit tourner la tête, St Andrez peinait à remonter sur son fier destrier. À côté de lui, le géant assommé semblait dormir. Au dessus, le plafond continuait à laisser tomber des larmes minérales qui semblaient annoncer un torrent prochain, rien de bien rassurant. Grâce au chocolat, peut-être, aux instants de repos qui t'avaient été octroyés aussi, tu te sentais un peu moins faible, un peu. Tu n'étais pas blessée, juste malade, tu t'en sortais mieux que les autres dans ce couloir. Géant compris. T'appuyant sur les pierres du mur, tu te relevais doucement, jusqu'à ce que tu sois enfin dressée sur tes faibles jambes. Respire Camille, Respire, tout va bien, tu peux le faire. Tu te frayais un chemin entre les gravats, toussant encore, tentant en vain d'expulser la poussière qui t'asséchait la gorge. Tu rejoignais St Andrez qui gesticulait, tentant à la fois de rejoindre son royal trône à roulettes et de rester digne. Ce qui paraissait difficile quand on est incapable de bouger les jambes, pour peu, tu l'aurais comparé à une sirène qui tente de grimper à un arbre. Un hypocrite sourire sur les lèvres, tu lui tends la main, dans ce même geste qu'il t'avait adressé peu de temps auparavant. Tu l'ôte bien vite, lui non plus ne souhaite pas être aidé de toi, tant mieux en un sens, tu restais bien faible et malgré ton geste, tu aurais au du mal à le hisser dans son fauteuil. Le géant émet un ronflement peu ragoutant, du ciel tombe encore des petits gravats, plus loin une pierre de la taille d'un crâne humain.
« Dépêche-toi, cet endroit n'attend qu'un courant d'air pour s'effondrer. Je crois qu'on vient. »
En effet, des pas précipités résonnaient plus loin, échos de piétinements frénétiques, un groupe de quelques personnes, une dizaine peut-être. Équipe de secours ou curieux, peut-être de courageux chasseurs de géants, ce serait toujours ça de gagné. Des bras puissants pour relever sa majesté, quelques glucides pour rétablir ta glycémie, un voyage pour l'infirmerie... Tu ne demandais rien de plus, ou, si, du repos, une nouvelle école sans géants, sirènes, trolls ou qui que ce soit d'autre. Rêve encore demoiselle. Rêve, espère que les secours arrivent, que ces gens là soit disposés à vous aider...
Gabriel de St-Andrez
Messages : 233 Date d'inscription : 02/01/2012 Age : 29
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Dim 20 Mai - 13:53
De la poussière qui entrait dans ses poumons, des pierres qui tombaient tout autour de lui, sur lui parfois, du bruit, surtout, qui lui déchirait les tympans, et cette étrange absence de douleur, comme si elle se réservait pour mieux pouvoir, plus tard, l’assaillir. C’était à cela que se résumaient les sensations parvenant jusqu’au cerveau de Gabriel, alors qu’il rampait vers son fauteuil, espérant sans trop y croire que les deux autres ne le verraient pas dans cette position de faiblesse, se demandant comment il pourrait réussi à remettre l’engin sur ses quatre roues et à s’y réinstaller sans se servir de ses jambes. Un coude après l’autre, il avançait, lentement, bien trop lentement, conscient de n’avoir strictement aucune grâce, cherchant sur le sol des appuis pas trop douloureux, grimaçant face à l’irrégularité du sol qui freinait encore sa progression.
Et soudain, la preuve que ses espoirs étaient vains se matérialisa, sous la forme de l’élève de Virtus Insania, encore lui, qui fit soudain irruption dans son champ de vision réduit par la poussière qui régnait en maîtresse dans le couloir et le coup qu’avait pris sa tête en heurtant le sol et qui avait déclenché un début de mal de tête l’empêchant d’avoir la moindre vision latérale. Et voilà que le brun s’approchait de lui, osait le toucher, l’attraper par le col, le tirer comme un vulgaire paquet. Juste à temps, certes, une seconde de plus et le plafond terminant de s’effondrer les ensevelissait tous les deux, mais il était possible de faire preuve d’une telle mauvaise foi lorsque l’on avait une fierté à préserver, le jour où Gabriel de St-Andrez reconnaîtrait qu’un prolétaire, qu’un mois que rien face à son rang lui avait sauvé la vie n’était pas arrivé. Il remettait le fauteuil debout, l’apportait près de lui ? Fort bien, si cela pouvait lui faire plaisir. Ce n’était même pas la peine qu’il attende le moindre remerciement, et il semblait bien en être conscient, puisqu’il repartit aussitôt. Sans même lui proposer la moindre aide pour remonter sur l’engin, ce qui lui valut une vague de reproches mentaux de la part du blond. Oh, certes, il n’aurait pas accepté cette aide, fierté, quand tu nous tiens… Mais il aurait dû la proposer, lui offrir ce soutien qui lui faisait défaut. Juste pour que Gabriel ait le plaisir de la refuser.
Mais elle n’était pas venue, cette proposition, et il lui fallait donc tenter par ses propres moyens de se réinstaller dans une position plus digne, tout en ruminant les paroles du brun. Remettre sa vengeance à plus tard ? De quel droit osait-il faire le moindre commentaire, que savait-il de lui qui justifiait cette intervention stupide ? Rien, strictement rien. Il ne savait rien de lui, de la haine qui l’unissait à l’Autre, de tout ce dont ils étaient capables pour se faire souffrir mutuellement. Et ce fauteuil, bien trop haut, qu’il n’arrivait pas à atteindre. Se hisser sur ses bras, prendre un point d’appui, tirer… Non, c’était peine perdue, sitôt qu’il relâchait une main pour l’avancer un peu plus haut et ainsi espérer s’élever suffisamment pour se poser sur le siège, l’autre lâchait. La fatigue, peut-être, une musculature qu’il n’avait pas entraînée à porter tout son poids sur un seul bras, aussi. Quelle qu’en soit la raison, il n’en restait pas moins que ses efforts étaient vains, et qu’il semblait à peu près certain qu’il n’y parviendrait pas seul. Tellement certain, en fait, que l’Autre en profita. Bien sûr, c’était normal. Gabriel avait perdu le compte du nombre de fois, ce soir-là, où les rapports de force s’étaient inversés, où l’un avait dominé l’autre avant d’être à son tour balayé, mais il était évident que ni l’un ni l’autre ne refuseraient l’opportunité d’en profiter. Alors oui, cette main tendue qu’il ne saisit pas, ce sourire qui venait le narguer, ces mots qui dénotaient une certaine supériorité, quelque part au fond de lui, quelque chose les savait justifiés, même s’ils déclenchèrent en lui une nouvelle bouffée de colère, toujours plus, à peine amortie par les brumes qui emplissaient son esprit depuis sa chute.
De toute façon, la moindre réplique acerbe à laquelle il aurait pu songer fut stoppée par l’arrivée, comme l’avait si bien entendu l’Autre, d’un groupe d’adultes, inconnus, des professeurs de Virtus Insania, sans doute, si l’on en jugeait par la langue dans laquelle ils s’entretenaient. Peut-être avaient-ils été guidés par les hurlements du géant, par le bruit du plafond s’écroulant, c’était une question à laquelle Gabriel n’avait pas de réponse et qui, au fond, n’avait pas la moindre importance. Non, là, ce qui importait, c’était de rebâtir la façade d’amitié hypocrite que lui et l’Autre entretenaient afin que nul représentant de l’autorité ne se doute de rien, ce qui importait c’était que l’on allait les sortir de là, que quelqu’un viendrait sans doute lui permettre de remonter enfin sur ce stupide engin sans qu’il n’ait à s’abaisser à le demander. Ce qui importait, c’était qu’a priori, son honneur serait sauf.
[... Désolée. Je. Je voulais faire un truc qui ferait avancer. Et j'ai pas réussi. Puis c'est le deuxième post de suite où Gab parle pas. On va dire que c'est le coup sur la tête.]
21.04 Installation du design printemps-été. Les nouveautées arrivent bienôt, on a juste essayer de vous faire déjà un joli truc ! N'hésitez pas à donner votre avis dans le FLOOD AVRIL Un petit rappel des derniers évènements survenus à Clever Cross. Comment s'est finalement terminé le bal tout droit sorti d'un conte de fée. ICI
RUMEUR EN CONTINU L'été arrive. Préparez vous tous à sortir vos maillots ! Les directeurs de Virtus Insania et de Clever Cross vous réservent une jolie surprise !