Tu étais tranquillement allongée sur cette herbe verte, cherchant les quelques rayons de soleil qui tentaient sûrement de dorer ton visage. Là, le casque sur les oreilles, tu écoutais avec délice une des symphonies de Beethoven. Fallait-il être vieux jeu pour écouter cette musique ? Tu ne le pensais pas, loin de là, puisque tu te régalais à l’entendre et cela pour la énième fois.

De temps à autres, tu ouvrais les yeux et observait autour de toi, cherchant une âme perdue dans les horizons mais tu ne trouvais rien. Oui, on appelait cela la tranquillité. Toutefois, tu enlevais cette fois-ci ton casque et cela quelques secondes, vérifiant que personne ne t’ai appelé. Silence… Non personne. Trop heureux, tu remettais ton casque et replongeait dans ton paradis, cette fois les yeux ouverts, jouant avec ton don que tu maitrisais de mieux en mieux. Tout d’abord, tu plongeas ton index dans la terre qui se révéla être froide et humide, mais bientôt la sensation de matière disparut pour ne laisser place qu’à une légère sensation de vide. Satisfait, tu retirais ton doigt et tentait cette fois de le faire passer à travers ton autre main. Comme d’habitude, cette manipulation ne marcha pas et cela malgré tees efforts, et tu ne savais toujours pas pourquoi. Etait-ce parce que c’était ton propre corps ? Après tout, lorsque l’on tentait de te frapper, tu n’avais même pas à réfléchir, instantanément tu devenais « instable » comme tu aimais dire et les coups passaient à travers toi.

Mais bon, tu en avais déjà assez de réfléchir. Tu reposais ta main sur ventre après avoir bien repositionné ton sac de cours derrière ta tête et tu refermas les yeux. Le soleil était doux, un vent frais caressait ton visage. Mais non… Tu n’arrivais plus à te détendre, quelque chose n’allait pas et tu savais quoi. Tu ne savais pas quoi faire. Tu t’ennuyais. Tu avais beau avoir terminé tous tes cours, beau avoir passé du temps en pratique de don, passé du temps à la cafétéria, tu voulais autre chose. Un larbin ? Possible. Cela faisait déjà trop longtemps que tu n’en avais pas eu un. En même temps, il fallait bien avouer que Clever Cross était en tout point différent de toutes les écoles qu’il avait connu. Et les élèves qu’il côtoyait ici n’étaient pas comme ces gamins qu’il était facile de manipuler. Mais bon… Tu poussais don un soupir, ne sachant pas quoi faire. Le casque sur tes oreilles, la musique n’arrivait plus à te détendre, il fallait que tu fasses quelque chose. Que tu parles avec quelqu’un.
Parler avec quelqu’un ? Mais que t’arrivait-il ? Depuis quand ce manque te hantait-il ?
Certes toujours, mais tout de même pas de cette manière.
Oui, c’est cela, il te fallait une personne sur qui te défouler ou alors quelqu’un avec qui parler. Mais cette idée de parler en tout honnêteté te donna une envie de répugnance. Tu t’étais juré de ne plus parler clairement aux jeux depuis maintenant 2 ans.

La musique s’arrêta sur une cascade de notes qui te firent avoir la chair de poule. Puis, des pas bruyants se firent entendre. Pas obligatoirement des pas d’une personne lourde, juste des pas bruyants, mais tu ne jugeas même pas necessaire d’ouvrir les yeux.

« Qu’est ce que tu veux ? »