~ Quinte Flush ~ [Vitali]

Tu avais rejoins cette salle vide, un peu en avance. Ton ventre était un peu serré et tu te balançais, tantôt sur la pointe, tantôt en équilibre sur tes talons. Tu t’étais faufiler en douce pendant que tes camarades de chambre était entrain de prendre leur douche ou de se balader avant l’heure du couvre feu. Tu avais mis une veste sur tes épaules, une veste pas très jolie qui allait avec un jogging. Tes jambes à l’air dénudé sur la plus grande partie avant qu’un short qui te servait de pyjama ne montre le bord de sa couture. Sous ta veste, un petit débardeur léger, comme la plupart de tes vêtements.

Le bruit de tes pas alors que tu avais arpenté les couloirs s’étaient à peine entendus. Rien d’étonnant, tu avais utilisé ton don pour mettre ta masse au strict minimum, de quoi supporter les quelques vêtements que tu portais, juste assez pour que la décence ne s’offusque pas de ta tenue. Après tout, tu ne pouvais pas rejoindre Vitali dans cette salle vide pour un cours de poker particulier en étant en tenue de nuit. Toi qui dormais en sous-vêtement. Mais ce n’était pas le propos.

Tu regardais l’horloge accroché au mur avant de t’assoir en tailleurs sur une table. Venir en avance n’était peut-être pas une si bonne idée. Maintenant, tu réfléchissais beaucoup trop. Ce garçon, tu l’avais croisé lors de cette fête. Un de ses élèves russe. Vitali. Il avait rit en t’entendant le prononcé à l’italienne et tu t’étais sentis un peu idiote d’avoir cru croisé un compatriote. Tu avais affiché un air boudeur à sa moquerie et avant même que tu t’en rendes compte, vous vous provoquiez gentiment comme de vieux amis. Et tu avais finis par le voir jouer aux cartes, au poker. Tu avais toujours voulu apprendre et tu avais laissé filer cette idée.

Il t’avait sourit et t’avait donné rendez-vous aujourd’hui, ici et maintenant pour un cours particulier. Maintenant que tu y repensais, tu sentais le rouge s’accrocher à tes joues. Tous les deux, ici en plein milieu de la nuit, en dehors même des heures autorisés. Tu n’étais pas particulièrement attachée au règlement mais tout de même. Tu aurais peut-être du en parler un peu avec quelqu’un avant, demander à quelqu’un si tu ne risquais rien en sa compagnie. Non, c’était surement idiot.

Tu fixais le bout de tes soquettes qui se balançaient en cadeance quand la porte grinça dans ton dos. Tu tournas la tête rapidement avant d’afficher un large sourire.

Tu es en retard Vitali.

Tu ris légèrement avant de descendre d’un bond léger sans faire le moindre bruit lorsque tu touches le sol. Tu fais le tour avant de t’assoir sagement sur le banc en face de la table avant de la tapoter doucement.

Je suis prête pour la leçon professeur.

Virtues's mother in poker : patience.

cours du soir

Tu es en retard Vitali.

C'est toi qui est en avance.

Si c'est pas le cas, on va devoir pas faire qu'une seule séance, hein.

Tu lui tiras la langue quand il déclara que tu étais en avance. C’était vrai après tout mais tout de même, tu n’allais pas lui donner raison. Non mais oh. Il finit par te rejoindre, posant un baiser juste ce qu’il fallait d’osé sans trop l’être. Le genre de chose qui te faisait monter le rose aux joues, étirait tes lèvres dans un sourire un peu vague. Ce petit sourire satisfait et gourmant à la fois. Tu avais souvent ce genre de sourire. Surtout avec la gente masculine. Mais ce n’était pas la question pour le moment.

Une fois qu’il était en face de toi, tu repris ton air sérieux. Tu étais là pour apprendre. Autant en cours, tu avais la fâcheuse manie de te servir de tes manuels comme d’un coussin, autant quand il s’agissait de quelque chose qui te passionnait, tu savais te montrer des plus attentives. Et puis, tu étais loin d’être idiote alors il n’y avait pas de raison que tu ne comprennes pas rapidement. Il finit par s’inquiéter de savoir si tu avais des notions de base. Question délicate. En matière de jeu de carte, tu savais déjà jouer au rami, au solitaire, à la bataille corse et d’autre jeu plutôt simple. Le black jack aussi, tu avais joué une fois et tu avais tout raflé.

Lorsqu’il ajouta une petite remarque, tu esquissas un petit sourire malin. Tu pris un air faussement ingénu et grossièrement imité pour lui répondre en poussant le stéréotype jusqu’à faire tourner une mèche de cheveux autour de ton index.

Je ne sais pas alors… L’idée d’avoir plusieurs cours est plutôt intéressante je trouve.

Tu finis par rire en laissant ta mèche retombée, encore un peu bouclé sur l’instant. Tu le taquinais même si c’était à moitié de la plaisanterie. Parce qu’il fallait bien admettre que l’idée de passer plus de temps en sa compagnie n’avait rien de déplaisant.

Je plaisante. Je connais plein d’autres jeux, comme le black jack ou le rami. Mais du poker, je connais que le nom de la quinte flush ! Une sorte de suite de carte je crois… non ?

Tu fouillais dans ta mémoire ce que tu avais pu voir de ce jeu dans les séries télévisées. Ils parlaient parfois de pair, de suite et même de carré. Mais tu ne savais pas vraiment comment on savait si telle main gagnait sur telle autre. Et puis il y avait tout ces trucs de bluff, de tapis et tout le tralala.

J’ai une idée ! On fait une partie blanche, qui compte pas. Histoire que tu m’expliques dans le feu de l’action, ca sera plus simple.

Tu étais toute fière de ton idée. Tu tendais les mains devant toi en t’étirant avant de faire semblant de vouloir attraper les cartes, plutôt enthousiaste.

Je peux distribuer ??

Change.

Une paire, c'est quand tu as deux cartes pareil. Deux dames, deux rois, deux deux, deux cinq... enfin, t'as compris quoi, c'est le plus bas de l'échelle, en gros. Ensuite, t'as le brelan. C'est quand t'as trois cartes pareil, tu suis ?

Le poker fermé, c'est celui auquel on va jouer. Cinq cartes distribuées à chaque joueurs. Pour le poker ouvert, les règles sont plus simples, j'trouve... Mais faut être minimum trois pour y jouer.

Puis t'as la suite. C'est cinq chiffres ou têtes qui se suivent. Après la suite, t'as la couleur. Cinq cartes de la même couleur, pique, carreaux, trèfles ou cœur. Si elles se suivent pas, c'est pas grave, c'est quand même une couleur. Après, quand t'as un brelan et une paire en main... c'est un full. Quand t'as quatre cartes pareil, c'est un carré. Puis t'as la suite à la couleur. C'est une suite et une couleur. Et après, t'as la quinte flush, ou quinte flush royal. C'est une suite, de la même couleur, avec dix, valet, dame, roi, as.

Mais au poker, tout se joue sur le bluff. Mais t'inquiètes pas, on va faire plusieurs parties avant de vraiment y jouer.

Tu jouais avec les cartes entre tes doigts tout en l’écoutant t’expliquer les règles. Ca faisait beaucoup d’information mais tu avais déjà pas mal de chose qui ne t’était pas étrangère, grâce au rami notamment. Brelan, carré, suite. C’était des notions que tu avais déjà assimilé avant même ce cours. C’était surtout la hiérarchie dont tu commençais à voir les bases qui t’était, jusqu’à maintenant, étrangères. Maintenant que tu avais les règles bien en tête, il ne te restait plus que la pratique pour assimiler les choses. C’est comme apprendre à ne pas poser son jeu quand on a les 51 points au rami mais plutôt attendre de pouvoir faire tapis. Un pari risqué si l’adversaire à une meilleure main mais la victoire n’en ai que plus savoureuse quand on lui met 200 points dans la face.

Paire, brelan, suite, carré, full et la quinte. J’ai pigé.

Tu distribuas les 5 cartes chacun comme il te l’avait dit et signer avant de poser le paquet sur le coté. Poker fermé, poker ouvert. Tu étais curieuse mais tu préférais faire le tri dans les questions à posé pour le moment. Te concentrer sur une chose, essayer de ne pas t’éparpiller en digression inutile qui finirait par simplement te détourner et t’épuiser dans une piste que ne t’apportera rien.

C’est quoi la différence entre le poker ouvert et le fermé ? Le poker ouvert, c’est celui qu’on voit dans les films, avec le croupier et tout ?

Tu trifouillais tes cartes entre tes doigts, curieuse de savoir ce qu’il y avait dans ta main. Mais il ne t’avait pas dit si tu pouvais ou non regarder d’ors et déjà ton jeu alors tu refreinais ton envie, ta curiosité. Pas un instant, tu n’avais fais attention à son manque de motivation. Peut-être t’avait-elle traversé l’esprit, un bref instant quand il était entré en baillant de tout son saoul mais à présent, tu ne t’en souciais plus. Tant qu’il t’expliquait et qu’il étanchait ta soif de savoir présente, tu te moquais du reste.

And one.

Dans les casinos, il y a toujours un croupier. Il distribue les cartes. En gros, il anime la table, le jeu quoi. Et pour le poker ouvert, c'est... enfin. T'as deux cartes en mains, et cinq sur la table, à la vue de tous. Ça se joue par tour, mais on verra ça après.

Règle numéro un : ne jamais regarder son jeu immédiatement. On est pas pressé, on prend le temps, toujours.

Règle numéro deux : une fois que tu as vu ton jeu, ne jamais faire une tête de déterrée, même si ton jeu est pourri, c'est vraiment le pire bluff au monde. Sauf si tu veux faire croire à ton adversaire que ton jeu est pourri, c'est pas plus mal, d'un certain côté. Ça, c'est pour le bluff.

Je t'épargne les mises pour le moment. Bon, là, tu as le droit de demander d'autres cartes. Genre, t'enlèves deux cartes de ton jeu, et on t'en redonne deux, tu saisis ? Ça marche avec tout le jeu. Genre, une, deux, trois, quatre ou cinq cartes, c'est la même chose, t'as le droit.

Alors ?

Tu voyais son sourire s’agrandir doucement au fil des secondes et tu étais rassurée. Il n’était pas si ennuyé de devoir te servir de professeur. Tes lèvres s’étirent alors en réponse, tu ris même légèrement, sans raison apparente. Il t’expliquait les règles. Une chance que tu ais résisté à la tentation de te jeter sur ton jeu. D’ailleurs, pour plus de sureté, tu le lâchas complètement, juste au cas où. Puis vint la seconde règle. Tu grimaças très légèrement. Cacher tes émotions, c’était une chose pour laquelle tu avais un peu de mal mais tu te disais que, comme tout, ce genre de chose devait surement s’apprendre.

Il continue de t’expliquer et tu écoutes, d’une oreille un peu plus distraite. Tu as tellement envie de savoir ce que tu as en main que tu te tortilles presque sur ta chaise. Mais ton attention finit par être prise par sa décision d’absence de mise. Tu fronces un peu les sourcils avec une moue boudeuse. Ce n’était pas drôle s’il n’avait rien à gagner ou perdre. Même pour une partie d’essai. Tu n’avais pas d’argent à parier, ni même quelques bonbons qui trainerait au fond de ta poche (tu n’en avais pas, de poche) mais il y avait bien un moyen de trouver de quoi rendre la partie plus intéressée.

C’est pas drôle sans mise.

Tu ronchonnais vaguement, triturant les cartes entre tes doigts tout en réussissant à vaincre l’envie de les regarder. Tu cherchais une chose à parier. Intéressé une partie était toujours un bon moyen de la rendre bien plus passionnante. Et visiblement, il faudrait bien ça pour que cette leçon ne tourne pas trop court. Tu avais eu cette impression lors de cette soirée. Il n’en fallait pas beaucoup à ton professeur particulier pour que l’ennui le prenne.

Attrapant clairement ton jeu en main, tu finis par t’assoir sur le haut du dossier de la chaise. Un exercice surement dangereux pour une autre personne que toi mais la chaise devait peser plus lourd que toi alors tu ne risquais vraiment pas de la faire basculer. Appuyant tes cartes sur ton menton sans y avoir jeter un coup d’œil, tu posais un regard malicieux à Vitali du haut de ton perchoir.

Aller, je te laisse choisir ce qu’on va miser, monsieur le professeur.

Tu restais qui tu étais. Il était plutôt agréable à regarder. Tu n’avais pas l’intention de miser tes faveurs au lit mais quelque chose de plus raisonnable ne t’aurait pas déranger outre mesure.

Strip Poker, Girl.

C’est pas drôle sans mise.

Aller, je te laisse choisir ce qu’on va miser, monsieur le professeur.

Les relations prof/élève sont interdites, ici...

On peut miser les vêtements, mais je pense pas que tu sois d'accord pour partir à moitié nue dans ta chambre ensuite.

Sa réponse te fait rire. Parce que tu sais à quel point ce genre de remarque est vide de sens. Après tout, tu accours dans la chambre d’une de tes professeurs aux moindres potins, chagrins ou nouveau copain. D’ailleurs, il faudrait que tu ailles lui parler de cette soirée. Surtout que tu lui avais déjà vaguement parlé de Vitali. Tu ne te souvenais plus trop de ce qu’elle t’avait conseillé d’ailleurs… Mais peu importe ! Cette règle des relations professeurs/élèves, c’était surtout parce qu’il fallait éviter le détournement de mineur. Mais en même temps, tu ne lui avais pas non plus dis que tu coucherais avec lui. Ni même que tu songeais à quelque chose d’intime. Ah, ces hommes.

Il finit par s’orienter par l’option la plus logique dans ce genre de circonstance. Ou disons quelque chose qui ne t’étonna pas une seconde. Quand on t’avait apprit à jouer au Black Jack, tu avais finis avec la chemise d’un garçon une fois que ta chance avait tourné. Ca avait été plutôt amusant de les laisser rentrer chez eux en boxer et caleçon. Tu laissas filer un nouveau rire à ce souvenir avant de reprendre pied dans cette salle de classe pour tendre le bras devant toi vers Vitali, brandissant ton index.

A une seule condition. Les sous-vêtements ne sont pas comptés mais on ne rentre pas avec les vêtements qu’on a perdus. Ca te va ?

Tes vêtements étaient en règle générale une vraie plaie pour toi. Au moins, même en perdant, tu retournerais à tes pénates plus à l’aise. Il ne pouvait pas le savoir mais ca, c’était tant pis pour lui. Le temps qu’il te réponde, tu comptas mentalement le nombre de vêtement que tu avais. Une veste, un short, ton caraco et ta paire de socquette. Ca te laissait une petite marge avant de perdre.

Dès qu’il amorça le début d’une réponse, tu redressas ton jeu pour regarder un peu ce que tu avais en main. Le 4 de pique, le roi de trèfle, le 2 de carreau, le 2 de pique et enfin le 8 de cœur. Ce n’était pas une main extraordinaire mais tu avais malgré tout quelques bases intéressantes à utiliser. Déjà, tu allais te délester du roi et du 8 qui ne t’était pas très utile. Tu visais la suite en couleur ou non, voir même le carré. Mais tout en réfléchissant aux différentes options, la mine sérieuse et plutôt neutre face à un jeu ni bon ni mauvais, tu observais aussi Vitali. Non pas réellement pour savoir s’il avait une meilleure main que toi mais pour apprendre des trucs pour jouer le bluff ou l’apparence.

La partie était lancée et, même si c’était ta première, tu n’avais pas envie de la perdre.

Spoiler:

Shadow of the day.

Tu as distribué, donc je commence.

Tu le regarde faire. Il détaille son jeu, bouge quelques cartes avant d’en changer trois. Tu affiches un air surpris quand tu l’entends pousser un profond soupir. Ce genre de réaction, tu ne t’y attendais pas. Pas besoin d’être devin pour supposer qu’il a une main plutôt mauvaise. Tu affiches durant un bref instant une légère moue. Peut-être qu’il ne joue pas sérieusement parce qu’il y a pas de véritable enjeu. Ca ou il s’ennui d’être ici avec toi. Tu peux le comprendre, il est surement juste un peu trop gentil pour te dire qu’il a mieux à faire.

Tu pinces ton index et ton pouce sur le roi et le 8 pour les changer pour deux autres cartes. Roi de carreau et 10 de cœur. Flute, si tu avais su, tu aurais gardé ton roi. Tu prends ton air sérieux et tu essayes de réfléchir. Une paire de 2, ce n’est pas une main parfaite. D’ailleurs, tu te demandes comment ca se passe lorsque les deux joueurs se retrouve avec le même type de main.

Dis Vitali, imagine qu’on est tout les deux un brelan, comment on décide qui gagne ? Ca se joue sur la valeur des cartes ?

Tu ramenas une mèche derrière ton oreille, pinçant le haut de tes cartes entres tes lèvres tout en le regardant, autant pour sa réponse que pour la façon dont il jouerait la suite. Tu gardas une trace de ta petite moue déçue sur le visage. Tu avais eu tellement hâte de ce petit cours et finalement, tu avais l’impression d’être une corvée pour lui.

Pokerface.

Ouais, t'as compris le truc. T'apprends vite, n'empêche.

Donc maintenant, tout se joue au bluff.

Je monte la mise de deux vêtements. Donc si je perds cette partie, j'enlève ma veste et mes chaussettes... tu suis ou tu te couches ?

Alors ?

Ta moue s’efface lorsqu’il te complimente. Tu te redresses un peu en souriant, plutôt fière de toi pour le coup.

Je sais, je sais.

Tu fais mine de te vanter un peu. Tu agites tes cartes comme un éventail à la façon des nobles pompeux, riant à moitié, plaisantant franchement. Les flatteries, c’est toujours agréable. Ca te fait même oublier cette vilaine impression que tu avais eue quelques secondes plus tôt.

Il enchaine sans transition sur la suite des événements, te parlant de bluff. Ce n’était pas ce qui avait déjà commencé ? Et avant même que tu puisses dire quoique ce soit, il enchaina en augmentant la mise. A cet instant, tu aurais presque eu des étoiles dans les yeux en plus de ton grand sourire. C’était le moment le plus palpitant dans les films ou les séries que tu regardais. Ces longues minutes où les gens s’observent et se jaugent pour savoir ce qu’il risque. Tu regardas ses cartes couchées sur la table avant de jeter un dernier coup d’œil aux tiennes. Avec ta petite paire de 2, tu n’avais surement aucune chance. Mais peut-être qu’il n’avait pas mieux.

Tu finis par poser tes cartes sur la table continuant de réfléchir. Ca serait un peu triste de te coucher tout de suite. Et puis, tu n’avais pas vraiment envie de perdre. Il devait surement tenter de te déstabiliser. Ou quelque chose comme ça. Tu laissas tes lèvres s’étirer dans un léger sourire.

Je te suis. Et si je perds, c’est ma veste et mon débardeur que je perds.

Si tu perdais, au pire, tu serais en soutient gorge. Si ta mémoire était bonne, tu en avais mis un vert d’eau qui n’avait rien de trop osé. Alors ca ne serait à la limite rien de plus qu’une sorte de haut de bikini au final. Tu finis par croiser les jambes. Tu adorais ce jeu. Tu appuyas ton coude pour poser ton menton au creux de ta main en regardant Vitali avec un petit sourire en coin.

Alors, monsieur le professeur ? Votre verdict?

Tu ne regrettais pas du tout ce petit cours. Loin de là.

Shadow of the day.

Alors... seulement une paire de cinq. C'est pas génial, comme main.

Spoiler:

Il laisse quelques secondes s’écouler avant de découvrir ses cartes d’une mine déconfite. Surement qu’il est persuadé d’avoir perdu. Une paire de 5. C’est vrai que c’était aussi mal parti pour lui. Pas autant que pour toi mais tout de même. Maintenant que tu y pensais, tu aurais vraiment mieux fait de garder ton roi de ta première main. Mais bon, tant pis. Au moins, tu avais une mini victoire dans le fait de lui avoir fait croire que tu avais une main qui aurait pu le pousser à se coucher. A défaut d’avoir gagné cette manche, tu avais réussis ton bluff.

Aaaah, cazzo* !!

Tu basculas la tête en arrière avant de te ramener vers l’avant en posant ton jeu sur la table. Ca aurait plus cool qu’il est une main vide tiens.

Une main complètement nulle pour une première fois. J’ai jamais eu la chance des débutants.

Etant assise sur le dossier, tu te levas debout sur la chaise pour en descendre doucement, sans faire le moindre bruit en touchant le sol, pour t’acquitter de ta mise. Tu déposas ta veste sur le coin de la table. Rien qu’avec ça, tu te sentais tellement plus légère. Sans vraiment plus de formalité, tu attrapas le bas de ton débardeur légère pour le quitter dans un geste habitué, laissant tes cheveux retomber en cascade sur tes épaules. Un léger mouvement de tête pour te recoiffer et tu retournas t’assoir de la même façon qu’avant sur la chaise, pas gênée pour deux sous par ta tenue. A Venise, il n’était pas rare que tu passes tes journées en maillot de bain en été alors bon.

Ramenant tes cheveux sur le coté, tu coinças un élastique que tu gardais toujours à ton poignet pour le cas où tu devrais les attacher. En l’espace de quelques secondes, tu avais grossièrement noué tes longs cheveux sur le coté avant de reporter ton attention sur Vitali.

Encore une partie ! La dernière si je perds mais juste une dernière. On a qu’à dire que tu me laisses ma revanche.

Tu lui souris avec un petit clin d’œil. Tu avais vraiment envie d’essayer de gagner au moins une fois, pour lui faire perdre sa chemise (enfin, son haut quoi). Tu avais ta petite fierté. Et puis, tu avais toujours tes socquettes après tout !

(*cazzo= "merde" en italien)

Spoiler:

Call me maybe.

Une revanche hein...

Okay. Si tu perds, on arrête, si je perds, on continue, ça te va ?

On est partis !

Tu es contente et ca se voit. Il accepte de continuer de jouer alors que tu n’as plus grand-chose à parier. Ca veut au moins dire qu’il ne s’ennuie pas trop avec toi. Parce qu’il aurait pu utiliser ça comme excuse pour que vous retrouviez chacun vos dortoirs au final. Alors tu souriais en fredonnant une vieille chanson pop de ton pays natal. Mary de Gemelli Diversi. Tu avais toujours beaucoup aimé cette chanson et pourtant, ca n’était pas vraiment la chanson la plus joyeuse qui soit. Mais peu importe.

Il distribue rapidement les cartes et les laisse quelques instants sur la table en t’observant. Toi, tu préfères fixer le dos de ton jeu décoré de façon simple, comme si ca allait changer la donne. Quelque chose, il fallait absolument que tu es un jeu magnifique qui puisse te permettre de t’illustrer. Tu n’as pas loupé ce petit sourire, ce sourire simple et esquisser juste pour ce qu’il est. Sourire auquel tu t’es fais un plaisir de répondre, discrètement mais de façon suffisamment visible pour que ce ne soit pas qu’une impression.

Tu finis par attraper tes cartes avec une petite appréhension. Le deux de pique, la dame de trèfle, le deux de trèfle, la dame de pique et l’as de trèfle. Là, même si tu avais voulu, tu n’aurais même pas su quelle expression adopté et ce n’est que de la perplexité qui s’imprime sur tes traits. Tu n’as pas la moindre idée de ce qu’il serait le mieux à faire. Peut-être jeté un deux pour visé la suite si tu arrives à attraper un roi. Et puis, même si tu n’en as pas un, tu aurais toujours une paire de dame.

Tu réfléchis, hésitant en laissant ta main au dessus de tes cartes, prenant une inspiration pour dire quelque chose avant de te raviser par trois fois avant de t’accouder sur ton genou pour attraper le bas de ton visage pour continuer de réfléchir un peu. Après encore un ou deux faux départ, tu finis par posé ton deux de pique face caché sur la table.

Allons-y avec une seule autre carte.

Tu fronces un peu ton nez sans t’en rendre compte, trahissant un peu ton appréhension de la suite de la partie. Tu n’es vraiment pas sure de ce que tu fais et tu n’as plus grand-chose à parier pour tenter le bluff. Ca se trouve, il a plus qu’une paire. Ca serait dommage que la partie s’arrête aussi vite. Tu ne tires pas tout de suite la carte qui remplacera ton deux. Comme si attendre un peu plus changera là aussi les choses. Tu finis par prendre une petite inspiration, la bloque et attrape la carte au sommet du paquet. Trois de pique. Tu clignes un peu des yeux devant ta carte avant de la ranger à coté des autres, réorganisant ton jeu.

Tu avais l’air malin maintenant, avec la moitié (ou presque) d’une suite et ta paire. Tu essayais de te rappeler si Vitali t’avait parlé d’une telle configuration mais tu n’avais pas l’impression que ce genre de main avait une valeur particulière. Tu te retrouvais juste avec une main complètement noire, une paire de dame. Tu ne savais pas trop ce que tu pourrais faire de tout ça.

Oh, beautiful girl !

On est partis !

J'ai rien...

Et toi ?

Spoiler:

Tu le regardas, assez surprise de sa soudaine honnêteté. Tu ne savais pas trop quoi penser de ta main et en même temps, tu ne savais pas quoi penser de son attitude. Alors, tu finis par relâcher toute la tension de son incertitude en soupirant looooooooonguement en baissant la tête de façon désespérée. Gémissant comme si c’était une lente agonie, tes cheveux glissant devant toi, cachant tes cartes.

J’en sais rien.

Le mérite d’être honnête. Tu prends une grande inspiration en te redressant avant de le regarder et tu pouffes de rire. Il n’y a rien d’amusant en fait mais ca t’a pris comme ça. Et tu ris légèrement, naturellement, cachant ta bouche derrière tes cartes dans un réflexe timide qui étonne toujours les gens venant de toi.

Je n’en sais fichtrement rien en fait. Je suis la pire élève du monde j’imagine.

Et tu en riais parce que… tu ne savais pas. Peut-être que tu avais juste envie de rire. Tu étais bien alors tu riais.
Te raclant la gorge, un sourire encore accroché au coin des lèvres alors que tu calmais tes rires, tu repris un semblant de sérieux.

Désolée, c’est un peu nerveux je crois. Mais sincèrement, je ne sais pas trop ce que je dois faire avec une main comme celle que j’ai.

Et tu couches tes cartes face visibles pour qu’il regarde avec toi. Parce que tu voulais vraiment apprendre mais tu n’arrivais à voir si tu pouvais faire quoique se soit.
Ton regard oscillait entre lui, les cartes, et puis lui encore. Et tu attendais de savoir ce qu’il pensait de cette main étrange. Une paire de dame et une demi-suite. Tout en rouge. Elle était jolie comme main mais bon.

Jolie et utile sont deux choses différentes… si différentes. Tu ne le savais que trop bien en fait.

Jeu, set et match !

Dans ce jeu, y'a que les dames qui te sont utiles. T'as qu'une paire, mais c'est déjà pas mal. Moi, j'ai rien.

Tu vas attraper froid si tu restes comme ça.

Pourquoi tu voulais apprendre à jouer au poker, au fait ?

Il finit par t’expliquer. Comme tu le pensais, tu ne pouvais rien tirer de plus de ta main que la paire de dame. Tu fis une moue un peu boudeuse mais tu ne te plains pas car après tout, tu avais remporté la partie. Il quitta tranquillement sa veste, semblant se perdre dans ses pensées durant quelques instants. Toi, pendant ce temps, tu observais ton jeu, le sien, essayant de chercher comment tu aurais pu jouer la chose autrement. C’était assez difficile de savoir comment il fallait réellement faire ou si tu avais bien fait. Etablir une stratégie en se basant sur une part de hasard dépassait de loin tes compétences mais ce genre de chose devait venir avec l’expérience ou quelque chose comme ça.

Tu fus tiré de tes pensées quand il posa sa veste sur tes épaules, d’un air visiblement gêné ou plutôt qui ne paye pas de mine. Entre ça et sa remarque, il réussit à te faire rire légèrement, laissant s’installer sur le coin de tes lèvres un petit air taquin.

Quel gentleman, tu me donnes de quoi parier.

Mais tu appréciais le geste. Surement que June avait fait erreur sur lui, il n’était pas si prédateur que ça au final. Tu finis quand même par le remercier après t’être gentiment moqué de son geste. Tu n’avais pas vraiment froid, tu avais rarement froid en fait, mais ca avait été gentil de sa part de s’en inquiéter. Tu remarquas qu’il n’avait pas bougé d’à coté de toi. Tu le regardais alors, la mine interrogative avec sa veste autour de toi, te demandant pourquoi est-ce qu’il restait comme ça, immobile et silencieux. Tu n’eus pas à attendre très longtemps avant de savoir ce qui le tourmentait.

Tu réfléchis un peu. Pourquoi ? En fait, tu n’avais pas de raison particulière. Si ce n’est l’envie d’apprendre. Tu étais curieuse et dispersée. C’était comme ça que tu vivais les choses et aussi ce qui faisait que tu étais cette fille si pétillante de vie. Tu éclatais de façon soudaine, agissant sous l’impulsion et l’envie du moment. Parce que la vie est trop courte pour se jalonner de doutes et d’hésitation.

J’en ai simplement eu envie. Comme ça. Pouf !

Tu parlais encore avec tes mains, mauvaise habitude typiquement italienne parait-il, et tu avais même mimé le pouf avant de rire légèrement.

Et puis, j’ai toujours trouvé ça vraiment cool dans les films, quand ils se mettent tous à jouer au poker, les grands vilains et leur visage super sérieux.

Te voir adopter un visage sérieux et fermé aurait déridé le plus vieux des grand pères de ton village.

J’ai toujours été curieuse en fait. Ca avait l’air d’être tellement chouette. Alors quand j’ai trouvé un charmant professeur, je n’allais pas laissé passer l’occasion d’un cours privé.

Tu ponctuas par un petit clin d’œil. Mais étrangement, ce magnétisme qu’il avait eu durant cette soirée semblait avoir disparut, ce qui ne t’empêchait pas d’apprécier sa compagnie. Mais disons que ca t’était vaguement passé. Un peu comme la marrée qui se retire, l’enfant capricieuse que tu étais avait mis un terme à ce semblant de sentiment d’attirance. Mais tu appréciais cette petite ambiance dans cette salle vide. Et puis, tu avais toujours aimé laissé une certaine ambiguité dans les situations que tu savais sans avenir. Parce qu’il était évident qu’il ne te voyait même pas comme quelqu’un avec un quelconque potentiel sur le plan sentimentale. Et, étrangement, ca ne te décevait pas plus que ça.

Mi corazon.

Ce n'est pas un de tes vêtements, théoriquement, ça compte pas...

Tu as de la chance de ne pas être tombée sur un pervers psychopathe.

gamine

On joue ?

D’un coup, il se rapproche, son souffle glissant le long de ta mâchoire jusqu’à chatouiller ton cou, te faisant frissonner. Un pervers psychopathe ? Tu pouffas de rire, cachant le bas de ton visage entre tes mains en continuant de rire. Il n’était certainement pas ce genre de personne, tu le sentais et ton nez ne te trompait jamais. Tu avais un bon jugement sur les gens en tant que personne la majorité du temps. Même s’il était rare que tu détestes vraiment quelqu’un, tu avais parfois de mauvais feeling et jusqu’à maintenant, tu avais toujours visé juste. Lui, tu ne le sentais pas comme quelqu’un de dangereux. Et au-delà de ça, tu n’étais pas non plus sans défense.

Et qui te dit que je ne suis pas une furie avide de chair fraiche ?

Tu laissas tes lèvres s’étirer dans un rictus qui te donnait bien plus machiavélique que tu ne l’étais en réalité. Bien sûr que non, tu n’étais pas une furie avide de chair fraiche. Mais c’était malgré tout de façon très intéressés que tu lui avais demandé, à lui, de t’apprendre à jouer au poker. La magie de la soirée qui t’avait enivrée sur l’instant c’était dissipée et, finalement, il ne restait plus rien. Rien qu’une petite tension amusant à simuler, comme un rapport ambigüe entretenu consciemment.

Je plaisante.

Comme si tu avais besoin de le préciser.

Mais ne t’inquiète pas. Je ne suis pas non plus sans défense.

Tu avais du mal à préserver ton cœur d’être piétiner et brisé en mille-et-un petit morceau mais en revanche, si on essayait de s’en prendre à toi par la violence ou physiquement, tu étais en mesure de te protéger. Manipuler ta masse n’avait pas pour seul effet de te faire plus légère qu’une plume. Tu savais te faire plus lourde que le béton. Imaginez que quelqu’un vous frappe avec un sac de ciment de 30 kg et vous comprendrez. Tu étais capable de ce genre de petit tour quand tu en avais besoin. Alors tenter de t’emporter quelque part contre ton grès quand tu étais en plein possession de tes moyens, c’était peine perdue.

Quand il proposa de recommencer de jouer, tu te levas pour t’étirer.

Je pense que ca ira pour ce soir.

Tu couvris rapidement ta bouche en plaçant une main contre tes lèvres alors que tu baillais à t’en décrocher la mâchoire. Au loin dans les couloirs de l’école, un coup sonnait à l’horloge. Il devait être minuit et demi ou une heure. Adressant un clin d’œil à Vitali, tu glissas tes bras dans les manches de la veste qu’il avait sur tes épaules.

Je te relâche pour ce soir mais je garde ta veste. Je te la rends la prochaine fois.

Trottinant sans bruit jusqu’au rouquin, tu te relevas sur la pointe des pieds pour poser un baiser au coin de ses lèvres avant de te diriger le pas léger vers la porte.

End.

Tu peux la garder.

T'es une assez bonne élève, en fait. Pas trop chiante, ça va.

Bon ben, à la prochaine, la Gosse.

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