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| EVENT 02 - Gabriel & Jean-Camille | |
| Prophetia
Messages : 128 Date d'inscription : 06/12/2011
| Mer 29 Aoû - 9:07 | |
| Des élèves ont déjà commencés à danser, à faire claquer les semelles sur le sol brillant. Tout est parfait, pour de vrai. On dirait une salle de bal comme on les imagines. Grande et spacieuse, avec au fond des tables remplies des plus délicieux mets que Clever Cross ait à proposé. Les danses s’enchaînent, pourtant, il y en a deux qui ne vont pas rire.
Gabriel, tu essayes le mieux que tu peux de ne pas rentrer dans n'importe qui. Non pas parce que tu as pris conscience que des gens existaient autour de toi, mais tu n'en peut plus au bout de cinq carambolages de devoir t'exciter et hurler. C'est la nourriture qui t'appelle. De toutes façons, tu n'as pas le choix, tu ne peux pas danser, et hors de question de te donner en spectacle à faire des allers-retours de cinq centimètres dans cette prison que représente ton fauteuil.
Jean-Camille, toi, tu n'as pas eu le choix. Tu es le cavalier de Gabriel, parce que tu t'y oblige. Parce qu'il t'y oblige. Seulement, tu n'es pas quelqu'un de méchant, et désire donc faire plaisir à tout le monde. Alors tu es à l'heure et tu serre la main à quelques élèves de Traditionem avec qui tu t'es bien entendu durant le séjour, avant d'arriver derrière Gabriel. Là, ce n'est plus la soirée de rêve. Seulement l'enfer qui commence, encore.
Gabriel, dans son costume taillé sur mesure, ne peut s'empêcher de cracher à gauche et à droite comme quoi les divers complets que portent d'autres élèves sont mal taillés, mal assortis. Ce qui attire des regards furieux pour ceux qui entendent. Camille, tout dépend de si tu es venu en fille ou en homme. Dans le premier des cas, les élèves, par le minuscule lien qu'ils ont réussi à tressé avec toi, t'ont fit passé l'une de leur plus belle robe, verte et aérienne. Les divers volants touchent le sol, alors que la soie sur ton corps te rappelle que tu n'es pas un oiseau. Dans le second cas, on t'auras fait passé un costard gris foncés avec es boutons de manchette couleur émeraude, et une chemise assortie.
Gabriel commence, dans l'attente de Jean-Camille qui se trouve pourtant à quelques mètres et arrivera dans trois secondes devant le blond. Je reviendrais vous donner des nouvelles mes enfants. |
| | | Gabriel de St-Andrez
Messages : 233 Date d'inscription : 02/01/2012 Age : 29
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| Mer 29 Aoû - 21:58 | |
| Un bal. Sérieusement. L'idée aurait pu rebuter Gabriel, s'il s'était agit d'un mal comme ceux qu'organisaient les springties à Synchronicity, ces espèces de soirées où le principe était de se déhancher sur des musiques qu'il fallait être un prolétaire pour apprécier, dans des accoutrements plus vulgaires les uns que les autres. Mais non, là, il s'agissait d'un bal à la française, à l'ancienne, le genre de soirée auxquelles on l'avait habitué dès l'enfance. Alors certes, il ne pourrait guère montrer qu'on lui avait appris à danser la valse depuis le haut de son fauteuil, certes, il lui était, du haut de cette même chaise à roulettes, bien difficile de se trouver une cavalière digne de ce nom, mais au pire, quelle importance ? Cela n'empêchait pas moins qu'il pourrait exercer là ses autres talents d'héritier, cette conversation mondaine qu'il développait depuis tout petit, ces sourires hypocrites qu'il savait si bien rendre crédibles. Quant au problème de la cavalière, il était tout réglé, et le futur baron voyait là une occasion parfaite de punir l'Autre d'avoir osé se trouver en compagnie de quelqu'un, en compagnie galante qui plus est, alors que toute vie sociale lui était complètement interdite, et ce depuis des lustres. De toute façon, il était bien évident que Camille n'avait pas le choix, s'il avait eu la plus petite idée visant à se rendre à la soirée accompagné de quelqu'un d'autre, Gabriel aurait fait de sa vie un enfer. Purement et simplement. Plus qu'il ne le faisait déjà, du moins. D'un point de vue purement officiel, pourtant, le brun ne faisait que lui rendre service, accompagner un ami, et pour peu que le brun devienne brune, ce qui le rendrait pour une raison que Gabriel ne comprenait toujours pas nettement moins insupportable. Peut-être cela tenait-il dans le fait que, bien que quatre ans se soient écoulés depuis sa première apparition, il avait toujours du mal à associer cette forme à l'Autre, ou peut-être également dans le souvenir de cette nuit sous les étoiles, de cet échange bien plus doux qu'à l'accoutumée. Mais cette raison-là, il préférait ne pas y penser.
Ce bal était donc, pour l'instant du moins, plutôt une bonne idée, ou en tout cas il le pensait encore. A ceci près que quelques détails avaient été oubliés. Oh, bien sûr, le carrelage de la salle se prêtait parfaitement aux déplacements motorisés, bien lisse, des jointures parfaites, là n'était pas le problème. Non, le problème, il se trouvait plutôt au dessus du sol, dans tout ces gens qui déambulaient sans vraiment se soucier de ce qui se trouvait sur leur chemin, en particulier lui, ce qui avait le don de l'énerver au plus au point à chaque carambolage. Ne pouvaient-ils donc pas faire attention, si ce n'était à tous, au moins à lui, du fait de son importance, de son rang ? Il s'agissait là de la moindre des politesses. Franchement. Du fait de ces dérangeants énergumènes, et au bout de trois explosions de colères et cinq regards méprisants pour la pauvre larve qui avait osé bloquer son chemin, il avait donc fini par modifier son itinéraire, longeant le mur pour parvenir au buffet où il pourrait trouver une coupe de champagne seyant de beaucoup à Sa Majesté, ou, et c'était plus probable, on n'allait pas donner d'alcool aux élèves, du jus de raisin pétillant -autant dire du jus de chaussette. Une fois là-bas, un nouveau détail vint l'irriter. Un, ou plutôt plusieurs, une multitude de détails, convergeant vers le même thème et la même colère. Sérieusement, il n'était pas du genre à être à cheval sur l'apparence, mais est-ce que, pour une fois, cette bande de prolétaire ne pouvait pas faire un minimum d'effort du côté de leur habillement ? Le minimum, lorsque l'on portait un costume, était d'en porter un bien taillé, sur mesure si possible, griffé, c'était encore mieux. Comme le sien. Mais pas ces trucs miteux qui retombaient mal, dont les coutures étaient bien trop visibles et qui n'étaient, pour la plupart, pas à la bonne taille.
Et l'Autre qui n'était toujours pas là. S'il n'arrivait pas dans les trente secondes -ou plutôt elle, il était clair qu'il devait être elle, l'inverse n'était même pas une option, quand bien même il ne danserait pas, quand bien même "l'invitation" eut été dans l'unique but de lui pourrir la soirée, l'honneur de Gabriel lui permettait pas de se rendre à un bal accompagné d'un autre homme-, si elle n'arrivait pas dans les trente secondes, donc, il se pouvait bien que le colérique héritier St-Andrez se laissât aller à quelques éclats dont il avait le secret, alors même que l'atmosphère de cette soirée suffisait à le mettre dans un état sinon plus aimable, au moins plus mondain qu'à l'accoutumée. Enfin, ça, c'était jusqu'à ce qu'une voix se fasse entendre dans son dos. Une voix familière. Une voix bien trop masculine. Du geste de celui qui commence à le maîtriser, il fit pivoter son fauteuil, se trouvant ainsi face à l'Autre. Vêtu d'un costume aussi mal taillé que ceux des autres. Mais surtout, surtout, c'était lui, et non elle qui se tenait devant lui. Ce qui n'allait pas. Du tout.
- Tu te fous de ma gueule, c'est ça ? C'est la seule solution que je vois là. Tu dois être en train de te foutre de moi.
Oh, comme cela sentait le drame, à plein nez. La colère suintait de sa voix, il y avait de fortes chances pour qu'il explose. Sous peu.
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| | | Jean-Camille Douze
Messages : 214 Date d'inscription : 02/01/2012 Age : 29
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| Jeu 30 Aoû - 23:24 | |
| | I'm Inside your head, now I'm inside your mouth... | | La semaine à Clever Cross avait été bien agréable, plus tout ce que tu avais pu avoir la chance de vivre depuis l'expatriation à Virtus Insania. Tu ne te lasserais jamais de le dire, mais cette école te faisait sainement horreur. Oh, il y avait eut des désagréments multiples, désagréments qui prenaient en général, pour ne pas dire toujours, la forme d'un blond, balafré, au royal postérieur vissé sur une chaise à roulette. Quand ce genre d'énergumène surgit de nulle part pour vous arroser de gentillesses et de douces attention dont il avait le secret, il était dur de ne point nuancer le plaisir que tu avais éprouvé durant ces petites vacances. Vil, cruel, sa Majesté de St-Andrez avaient ainsi fini par exiger ta présence à ses côtés au bal qui clôturerait ces jours de paix. Enfin, avec son sourire de gentleman astiqué pour l'occasion, il n'avait rien exigé réellement… Tout juste avait-il sous entendu de manière subtile et raffinée que si tu osais te ramener avec un autre ou, pire peut-être, sécher cette soirée, il risquait d'arriver des malheurs à ta chère clef USB sur laquelle l'on jasait tant. Ta vie et peut-être plus étant consignée sur ces circuits électroniques, tu préférais ne pas prendre de risques… Le jour du bal vint, ce qui aurait pu être une charmante fête semblait être bien moins attractif quand tu devais te faire à l'idée que ton cavalier serait l'être que tu haïssais le plus au monde. Tu avais donc été peu enthousiaste durant les essayages de la robe qui t'était destinée. Charmante robe, adorable. Un tissu que tu aurais adoré porter, un vêtement qui te plaisais… Mais, face au miroir, il avait bien fallu que tu te reprenne ? Toi ? Obéir si docilement aux directives de sa Majesté ? Jouer à la poupée de porcelaine tranquillement rangée derrière la monture mécanique de son maître ? Certes non, certes non. Tu rendais la robe, demandais un costume. St-Andrez voudrais une cavalière ? Que nenni, certainement pas. Toi qui aimais les hommes, qui haïssais celui-là, tu te montrerais sous ton aspect premier. Monseigneur râlerait, qu'importe, tu reprenais ton sexe originel. Le grand soir, à l'heure H, tu avais donc délaissé les voiles opalescents, les coquetteries de demoiselle, les robes magnifiques. Une part de toi le regrettait, évidement. Tu avais peu l'occasion d'apparaître en si radieuse tenue… Mais tu avais un grand sire à mécontenter, cela ne pouvait attendre… En costume donc, te voilà, tu serres quelques main, Bonjour par ici, Comment ça va par là ? Tes boucles d'oreilles sont adorables, j'aime beaucoup tes chaussures, oh, tu as forcé sur le gel toi ! Tu goûtes à la douceur de ces quelques liens sociaux, innocents, et pourtant réprimé de sa majesté. D'ailleurs il doit s'impatienter, monseigneur le baron, c'est un habitué de ce type de réceptions, mais les plaisirs d'un bain de foule doivent être diminués lorsque l'on est sur roulettes et que l'on a une demoiselle à humilier. Tu le repères donc, par là, près du buffet, là où l'on peut trouver des petits fours et un peu d'air pour souffler. L'atmosphère est emplie de parfums, les voix se mêlent, couvrant les sons disparates d'un orchestre qui s'accorde. Camille, félon Camille, tu t'approche, détendu, sûr de ton bon droit. Après tout, qu'y a-t-il de mal à venir ainsi ? Certains pourraient laisser échapper quelques quolibets sur vos sexualités respectives ? Fi donc ! Tu y avais été habitué, avec ton visage fin, tu les assumaient discrètement, tes amours masculines. « Aurais-je fait attendre sa majesté ? » Souffles-tu en te plaçant derrière lui, un simple sourire sur les lèvres. Il se retrourne, gagné, il fulmine. Parfait. Indolemment, tu te tournes vers le buffet attrapes une crudité qui trainait par là, observes un instant cet innocent bout de carotte avant d'y croquer doucement. « Qu'y a-t-il ? Quelque chose ne te plaît pas, St-Andrez ? Mauvais mousseux ? Pas de Veuve Clicquot, de Dom Pérignon, dans ces flûtes ? » Oh, tu savais bien ce qui le mettait en rogne, cet accoutrement, ce costume d'occasion aux épaules un peu larges, à la cravate nouée trop rapidement. Sous ces couches de tissu, nulle poitrine, pas de taille creusée, de hanches, de petits pieds. Sur ce visage, un sourire polis, des regards aimables pour la foule. Tant de détails qui ne pouvaient que insupporter, mais après tout… Quelqu'un avait-il parlé de la forme sous laquelle tu devais te montrer ? Non… En réalité, durant vos négociations, le concept de "cavalier" n'était point apparu. On t'avait juste interdit d'être pendu au bras d'un autre, on avait exigé que tu sois aux côtés de monsieur... |
| | | Gabriel de St-Andrez
Messages : 233 Date d'inscription : 02/01/2012 Age : 29
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| Ven 31 Aoû - 10:14 | |
| Il fallait qu'il se reprenne, qu'il se contienne. Avec l'Autre, la partie n'était jamais gagnée d'avance, et si Gabriel lui avait cédé le premier point, il comptait bien reprendre l'avantage. Le plus vite possible. Et de la manière la plus écrasante qu'il puisse trouver. Fort bien, cette ordure l'avait eu par surprise, avait désobéi à ses directives, il n'avait qu'à s'adapter. Ce n'était qu'une des nombreuses règles non-écrites de ce petit jeu auquel ils jouaient si bien, celui qui n'arrivait plus à répondre avait perdu. Un soupir tant que Camille lui tournait le dos, fermer les yeux un instant, plaquer sur son visage son habituel sourire méprisant. Parfait, Monsieur de St-Andrez était prêt, que la joute s'engage. L'Autre tenait à commencer ? Fort bien, après tout, il avait eu le point de surprise, la main était donc à lui. À son tour, Gabriel s'approcha du buffet, attrapa un petit four traînant par là, un macaron au chocolat, dégoulinant d'une manière parfaitement décadente de crème fouettée, qu'il se laissa le temps de déguster avant de daigner répondre.
- Oh, il est certain que j'en ai goûté de bien meilleur. Enfin, pour des gens comme toi, il doit être largement suffisant, tu ne dois même pas être capable de faire la différence entre celui-là et les grands noms que tu cites. Il faudrait que tu aies pu les goûter, pour ça...
L'attaque restait faible, ce n'était qu'un échauffement après tout, ils avaient toutes la soirée pour mieux se haïr de manière raffinée, déverser l'un sur l'autre toute leur haine en gardant un ton d'une politesse exquise. Une soirée de maître, vraiment, un divertissement qui venait relever le niveau des gens présents ici, pour un peu, Gabriel aurait presque pu en être reconnaissant envers l'Autre. Presque. Parce qu'aucun divertissement, si grand soit-il, ne parviendrait jamais à effacer le dégoût qu'il ressentait devant ce visage trop poli, trop fin et surtout... Dieu du ciel, mais qu'est-ce que c'était que ce costume ? Serré là où il aurait dû laisser plus de mou, flottant là où il aurait dû être ajusté, il semblait bien que l'horreur portée par Camille ait été taillée à l'envers. Par-delà même le fait qu'il ait osé se présenter ici sous sa forme masculine, il fallait de plus qu'il offense le regard de sa majesté en se montrant ainsi accoutré. Un nouveau soupir, avant qu'il ne reprenne.
- Sérieusement, tu t'es regardé dans un miroir avant de partir ? Ce truc est ignoble. Et quand on ne sait pas nouer une cravate, on n'en met pas.
Et sans laisser à Camille le temps de répliquer, il leva la main, attrapa le morceau de tissu incriminé au niveau du cou sans se soucier de la température de ses mains du fait de son irritation précédente et, tirant d'un coup sec, amena le visage de l'Autre au niveau du sien. Là, quelques gestes lui suffirent à refaire un nœud bien plus acceptable. Après tout, ce n'était pas comme si on lui avait appris à les nouer dès que l'on avait commencé à l'emmener dans des réceptions en tout genre afin que l'héritier de la fortune familiale puisse faire connaissance avec le monde à l'âge tendre de six ans. Pourtant, une fois ceci effectué, il attendit encore un peu avant de relâcher son emprise, et tant pis si cette proximité mettait l'Autre mal à l'aise, comme toujours. En fait, c'était même plutôt tant mieux.
- Voilà. T'as l'air un peu moins ridicule comme ça, même si je ne peux rien pour ce... Truc que tu portes.
Ces mots prononcés, il le libéra enfin, et, se détournant, attrapa un autre petit four, praliné croustillant et ganache chocolat noir, qu'il dégusta avec autant de délectation que le précédent.
- Hum, leur mousseux est ignoble, mais ces petites choses sont excellentes, tu devrais y goûter. Oh, j'oubliais, il vaut mieux que tu évites. Toutes mes excuses, Camille.
L'Autre avait peut-être eu le premier round, mais maintenant que l'instant de surprise était passé, Gabriel était de nouveau dans la course, il était prêt. Que la fête commence. |
| | | Jean-Camille Douze
Messages : 214 Date d'inscription : 02/01/2012 Age : 29
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| Dim 2 Sep - 17:41 | |
| | It's always darkest before the dawn. | | Tu versais quelques gorgées d'eau pétillante dans des flutes de plastique mise à disposition des élèves rassemblés en ce lieu. L'alcool ? Très peu pour toi, d’ailleurs ton médecin t'avait déjà mis en garde, si boisson il y avait, tu devais être raisonnable, sous peine de diverses hypoglycémies et autres malaises soudains. Mais après tout, raisonnable, tu l'étais toujours, ton strict régime, tu t'y soumettais sans rechigner. L'eau gazeuse issue d'une grande source, traversant le passage de tes lèvres prouvait bien ta volonté. Tu ne connaissais pas le goût des plus grands vins ? Et bien ? Lui reprochais-tu de ne pas savoir recoudre un bouton, de ne pas pouvoir se lever ? Tu répondais à sa remarque par un mouvement de pupilles vers le plafond et ses lustres étincelants. Il reviens à la charge, visiblement follement irrité par ton audace, voilà que c'est ton costume qu'il trouve à critiquer, évidement, tu n'a pas les moyens de t'en faire envoyer un taillé sur mesure, dans tes achats récents, on ne compte nulle cravate de soie, pas de boutons de manchette de platine ou de chaussures en cuir verni. Tu restes néanmoins titillé par sa remarque, ne serait-ce parce qu'elle dédaignait la générosité des élèves de Clever Cross, des gens qui, après quelques conversations seulement t'avaient prêté cet ensemble, comportant des boutons de manchette ornés d'émeraudes... Tu avais été touché. Cette veste était un peu trop large aux épaules, le pantalon couvrait légèrement trop tes chaussures ? Ta cravate... On l'avait saisie, ta cravate, tirant ton corps un peu trop frêle en avant, sans que tu ne puisse résister. Ton visage trop proche de celui de ton bourreau, tu frémissais, te tendais. Tu haïssais sa proximité autant que sa personne. Sentir la chaleur de ses doigts sur la peau de ton cou te donnait presque la nausée. Tu finissais par plonger tes yeux, le regard glacé, dans ceux de l'héritier. Dès que ses mains relâchaient la bande de tissu qui entourait ton cou, tu te reculais, le gratifiant de ce regard méprisant, glacial. Pas le genre que l'on devrait réserver à un futur baron, à un héritier de l'une des plus grandes multinationale du pays. Mais respecter cet homme, lui offrir les privilèges du à son hypothétique rang n'était pas dans tes habitudes, fi donc. « Oh, que sa Majesté me pardonne de ne pas avoir eut une machine à coudre à portée de main pour récupérer ça... » Du respect dans tes paroles ? Que nenni, le titre dont tu affublais St-Andrez n'était qu'une manière de plus de railler sa fierté hypertrophiée. Il te narguait à présent, exhibant sous tes yeux de petit diabétique les petits fours les plus exubérants. Devant cet affront, tu serrais les dents, détournais ton regard de sa majesté pour embrassé l'ensemble de la salle. Quelques Springties avaient déjà réussit à briser quelques verres de plastique, d'autres se chargeaient de tromper la vigilance des professeurs pour agrémenter les jus de fruit d'une larme d'alcool. Des alcools plus fort que le pauvre mousseux, bien entendu, des alcools qui feraient rire les plus renfrognés. Les instruments étaient accordés, la musique commençait à résonner sous les plafonds peints. Sur la piste de danse, quelques couples commençaient à tournoyer. Tu les regardais, presque attendri par ce bal qui collait si bien à l'image que l'on pouvait se faire d'un bal à la française. Tiens ? Des connaissances s'approchaient du buffet, te faisaient signe Tu t'éloignais de St-Andrez. Oh, bien peu, un pas, à peine, tu allais serrer la main du jeune homme, faire la bise à sa cavalière qui te saute au cou, Synchroniciens, ce qui pouvait être décrit comme des amis ? Bonjour Clyde, Bonjour Aniela, jolie robe. Sourire. On te demande comment tu va, si la soirée se passe bien. Tu leur souris, avec un petit éclat de rire presque amer. « Ça pourrait être parfait si je ne jouais pas au garde-malade... » Tu faisais bien évidement référence au blond dans son fauteuil, tu n'avais pas haussé la voix, mais il avait pu entendre. Tes camarades s'éclipsaient rapidement, ne souhaitant pas, sans doute, essuyer le courroux de St-Andrez. Pendant cette entrevue, tu avais été bien souriant, bien sympathique, en contraste parfait avec ce regard si froid qui tu lui avait offert quelques minutes auparavant. Tu ne daignais pas adresser un mot à son Honneur. Tu suivais des yeux les couples qui s'avançaient vers la piste de danse, les regardant, presque attendri, valser. Maladroitement, certes, mais avec une fraicheur qui réchauffait quelque peu ton humeur attaquée par la présence de l'Autre. |
| | | Gabriel de St-Andrez
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| Lun 3 Sep - 6:43 | |
| Il n'y avait pas eu de réponse. N'importe qui aurait pu prendre ça pour une victoire, ces simples regards que l'Autre s'était contenté d'adresser comme toute récompense pour ses piques acerbes, une réponse unique aux réflexions sur son costume, bien moins piquante que ce que Camille avait déjà pu lui dire, oui, certains auraient pu les prendre pour des signes de faiblesse, croire la partie déjà gagnée. Mais pas Gabriel. Non, lui il connaissait bien trop l'autre, ne savait que trop bien que jamais il ne l'aurait laissé prendre définitivement le dessus aussi rapidement, qu'il n'attendait que le bon moment pour mieux contre-attaquer. La joute ne faisait que commencer, et dans leur longue histoire de haine, il avait appris qu'il ne fallait pas le sous-estimer, même s'il savait, même s'il avait pu lire sur son visage tant détesté que certains de ses mots avaient touché juste, déjà, alors qu'il ne faisait que commencer, que s'échauffer, que certains de ses gestes aussi avaient su trouver leur cible. C'était là qu'il pouvait voir que toutes ces années d'entraînement à toujours mieux le haïr avaient porté leurs fruits, mais c'était là un signe aussi qu'il lui fallait faire attention. Si Camille s'était laissé avoir aussi facilement, il ne manquerait pas l'occasion de lui rendre la monnaie de sa pièce, il lui faudrait se montrer vigilant. Très vigilant.
Et voilà, la preuve exacte qu'il avait raison de ne pas baisser sa garde, la contre-attaque arrivait, l'Autre n'était pas près de baisser les armes, pas si tôt. Il avait choisi ses munitions, soigneusement, appuyait directement sur un point sensible, sur l'une des règles de leur petit jeu, celle qu'il transgressait le plus souvent, comme il l'avait fait à peine quelques jours plus tôt avec Léonard. Alors comme ça monsieur voulait avoir une vie sociale, il voulait pouvoir échanger quelques propos avec d'autres que Gabriel ? Fort bien, il ne pourrait pas. Puisqu’à peine s’était-il éloigné depuis quelques minutes que le blond se lançait à sa suite, slalomant entre les imbéciles qui avaient l’idée idiote de se mettre en travers de sa route. Ces quelques obstacles l'avaient empêché d'arriver à temps, empêché de pouvoir stopper toute tentative de sociabilité de la part de l'Autre avant qu'il n'ait même pu ne serait-ce qu'ouvrir la bouche. Non, il avait juste réussi à faire fuir les deux synchronicitiens -Clyde et Aniela, il les reconnaissait, n'était pas mécontent que Camille ait choisi deux des personnes sur qui son intimidation fonctionnait le mieux, cela lui rendait service dans son plan- dès qu'ils l'avaient aperçu en train d'arriver. Raté, Camille, tu avais beau vouloir une vie sociale, Gabriel s'arrangerait toujours pour t'en priver, c'était la règle. Il avait eu le temps d'entendre la réplique de l'Autre, celle à propos du garde-malade, s'interrogeait, était-elle réellement destinée à ces deux personnes avec qui il traînait pour le faire enrager, ou plutôt à lui, dans le seul but de l'humilier, un but poursuivi avec autant d'acharnement que Gabriel le faisait de son côté ? Cette explication semblait plus plausible, bien plus plausible au regard de l'absence de réponse à ses attaques précédentes. Ne jamais sous-estimer l'adversaire, la bataille était rarement gagnée d'avance. D'autant que, comme ses remarques sur le diabète de Camille ou son statut de prolétaire, si elles ne faisaient pas beaucoup de dégâts, faisaient toujours mouche, celles qui touchaient son handicap finissaient toujours par l'atteindre, même à peine, le sujet restait sensible. Un point pour l'Autre, il avait touché.
Lorsqu'il arriva enfin à sa hauteur, Camille observait les couples en train de valser, ne semblait pas lui prêter la moindre attention. Une attitude idéale pour la contre-attaque.
- Qu'est-ce qu'il y a, Camille, la princesse rêve d'aller danser ? Soit pas ridicule, je suis sûr que tu ne sais même pas faire. Et franchement, qui pourrait bien vouloir danser avec toi ?
Bien trop de monde, lui susurra une petite voix, c'était bien pour ça qu'il avait bloqué toute tentative de l'inviter de la part d'autres personnes en le faisant en premier. Certains auraient appelé cela de la jalousie, mais non, ce n'était que sa haine, exclusive, possessive, qui interdisait à Camille d'autres contacts que lui, parce qu'ils seraient sans nul doute bien plus agréable et que le brun n'y avait pas le droit. D'ailleurs, comme il semblait oublier cette règle, autant la lui rappeler.
- De toute façon, il faut bien que tu restes avec ton cavalier, n'est-ce pas ?
Sous-entendu je ne te lâcherai pas. Sous-entendu tu ne peux aller avec personne d'autres que moi. Reste ici, que l'on se haïsse en paix. Rien que nous deux. |
| | | Jean-Camille Douze
Messages : 214 Date d'inscription : 02/01/2012 Age : 29
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| Lun 3 Sep - 19:45 | |
| | Ma vie n'étais pas faite Pour les châteaux. | | Diamants, rubis, topaze et blanches robes longues, cette salle de bal abritait sous ses plafonds peints, ses lustres étincelants, les plus adorables des couples, les plus timides, les plus passionnés. Un véritable bal, comme l'on se les imagine, comme dans les films d'époque. Tu aurait bien fait partie de cette féérie, de des belles illusions. Mais, étrangement, quelque chose te tirait sans cesse de tes rêveries. Après tout, St-Andrez ne t'autorisait rien. Pas de contacts, pas de rêves. Adieu, bals de Vienne Londres, Paris, châteaux, merveilles, chevaliers servants. Il te traite de princesse, tu ne relève même pas, après tout, c'était courant de sa part. Railler ta virilité, te rappeler sans cesse que tu n'es pas entièrement homme, mais que tu ne peux pour autant prétendre à la féminité. Sans doutes lui parais-tu plus incomplet qu'avantagé par cette dualité... Qui voudrait de toi ? Tu souris, parcours la salle du regard, tu n'aurait pas eut trop de mal à trouver un autre partenaire, si St-Andrez ne t'avait accaparé... Quoiqu'il faisait bien peur l'héritier, quand prétendants il y avait, ils apprenaient bien vite que tu n'étais pas libre, pas autant que tu le souhaiterais... Soudain, un éclat de rire. C'en est trop, que tu reste avec ton... Cavalier ? Tu lui ris au nez, simple éclat, brisure de rire. Comme s'il venait de dire quelque chose de stupide, car après tout, pour toi, c'est bien ce qu'il venait de faire. « Cavalier ? Je ne vois pas de quoi tu veux parler St-Andrez. Réfléchis un peu, juste un peu à l'origine du mot. Dans ton état tu ne pourrais pas plus monter à cheval que courir un cent mètres. » Ça, c'était pour avoir mangé des pâtisseries devant un diabétique. Tu le savais encore fragile pour tout ce qui touchait à ses jambes, tu étais abject, immoral. L'opinion publique aurait dénigré cet être qui osait railler un handicapé. Mais l'opinion publique était étrangère à votre querelle. Depuis que tu avais déclaré la maladie, il ne faisait que te narguer, avait failli te tuer bien souvent. Tu t'y étais habitué, avec le temps. Lui restait encore susceptible, la blessure était encore à vif. Et le simple fait de pouvoir t'insinuer dans cette si large brèche te permettait de supporter ses piques glycémiques. Mais pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? Tu semblais bien en forme ce soir, à moins qu'il ne tende lui-même le bâton pour être battu. « Même dans le sens que tu sembles vouloir lui donner, ce mot ne s'applique pas à ta situation. Comme si tu pouvais accompagner qui que ce soit à danser, comme si tu pouvais offrir ton bras à qui que se soit. Le sol est bien trop bas... » Quelques oreilles avaient ouï votre échange, qu'importe. Le temps était à la fête pour les autres, ils avaient été surprit de vous voir ainsi vous quereller, ils avaient été mal à l'aise. Mais le brasier qui flambait était d'une trop grande intensité, personne ne se serait risqué à vous séparer, c'aurait été appesantir l'ambiance. Toute votre attention était tournée l'un vers l'autre, vous ne faisiez point attention au reste du monde. Après vous le déluge. « Mes capacités à valser peuvent être médiocres, mais les tiennes n'ont pas plus de valeur si tu ne peux les offrir aux yeux du monde. Quand était-ce la dernière fois que tu as dansé ? Tu devrais noter la date, peut-être était-ce la dernière.... » Tu laissais ta phrase mourir doucement sur ses points de suspension. Un sourire mauvais étirait subtilement tes lèvres alors que, face au sire à roulette, tu tirais une flèche droit vers ses craintes les plus silencieuses. Tu te savais inguérissable, tu t'étais fait à cette idée, mais St-Andrez... St-Andrez devait bien craindre que les médecins soient trop optimistes sur son cas... Et tu te faisait une joie de le blesser encore plus, de creuser ses doutes comme l'on verserait du vinaigre sur une plaie à vif. |
| | | Gabriel de St-Andrez
Messages : 233 Date d'inscription : 02/01/2012 Age : 29
Carte d'Identité Âge: 17 ans Don:
| Lun 3 Sep - 21:38 | |
| Ce rire. Le rire annonciateur de la tempête, le rire qui lui disait qu'il avait laissé une faille, que l'Autre allait s'y engouffrer, sans remords, qu'il allait appuyer, presser, faire tout son possible pour faire céder la muraille à partir de cette seule petite inattention, cette simple erreur qui pouvait provoquer sa perte lorsqu'il s'emballait trop. Instinctivement, il serra les dents, la contre-attaque serait rude, en général, Camille ne se laissait aller à ce genre d'éclat que lorsqu'il avait trouvé quelque chose qui allait toucher, quelque chose qui allait faire mal, quelque chose qui serait douloureux, quelque chose d'au-dessus de leur norme, elle qui était déjà bien trop élevée par rapport à ce qu'un être humain normal peut supporter dans ses rapports avec ses semblables.
Et en effet, elle ne se fit pas attendre, violente, plus violente que d'habitude, suffisamment pour le toucher, pour le faire se raidir. Bien sûr, ils ne se connaissaient que trop, connaissaient chacun les points faibles de l'autre, et celui-là était bien trop faible au goût de Gabriel, il aurait voulu que cela le touche moins, que cela fasse moins mal, que ce ne soit pas une cible aussi facile pour l'Autre. Et au fond, il l'avait cherché, il lui avait tendu la perche, avait commis une erreur en entrant sur ce sujet, il le savait, n'en était que plus blessé. Mais surtout, surtout, ne pas le montrer, ne pas laisser échapper le moindre signe de faiblesse. Serrer les poings, chasser l'échauffement qui commençait à pointer au creux de ses paumes, se redresser, bien droit, serrer les dents, pas de pitié pour les faibles. Et ces mots, deux petits mots qui sortaient d'entre ses mâchoires crispées, à peine sifflés.
Ça n'avait aucun effet, bien sûr, l'Autre continuait, le blond n'était même pas sûr d'avoir été entendu, aurait plutôt penché pour le contraire. Mais quelque part en lui, la colère montait, bouillonnait au fur et à mesure que Camille s'acharnait sur le défaut de sa cuirasse, qu'il appuyait sur ce point qui faisait si mal, ce point qu'il s'ingéniait pourtant à assumer aux yeux du monde, ne surtout pas leur laisser croire qu'il pourrait être touché par ça, il était l'héritier de la famille St-Andrez, voyons, son rang lui interdisait de s'abaisser à être touché par quelques chose d'aussi commun. Mais il continuait. Encore. Et encore. Appuyait là où ça faisait mal. Et plus Gabriel avait mal, plus il se tenait droit, plus il serrait les poings, les dents. Jusqu'à l'estocade finale. Jusqu'à ce coup auquel il s'attendait presque, celui qui ferait le plus mal, définitivement. Celui qui touchait à ces espoirs vacillants qu'il tentait tant bien que mal de conserver par quelques séances de kinésithérapie. Celui qui touchait à la récupération potentielle de ses facultés, à la réparation incertaine de la moelle épinière lésée. Évidemment que l'Autre savait, qu'il avait deviné que parfois, Gabriel avait du mal à supporter l'optimisme des médecins là où lui ne voyait, ne sentait toujours aucun résultat après tous ces mois. Évidemment qu'il le savait, ils savaient tout l'un de l'autre, surtout les faiblesses, tout ce qui pouvait leur servir. Et il en jouait. Et ce furent les mots de trop.
Trop tard. Il avait eu beau tout faire pour se contenir, il avait hurlé. Et tant pis pour les pauvres cruches qui avaient sursauté autour d'eux, les regardaient d'un air choqué, elles n'avaient même pas droit à un regard incendiaire, il ne pouvait se fixer que sur l'Autre, que sur cet Autre qui venait de dépasser les bornes, une fois de plus, comme il le referait sans doute, cet Autre qui devait se délecter de le voir ainsi perdre le contrôle, de sa voix, de ses émotions, de son don, de ces flammes qui s'échappaient de ses poings toujours plus serrés. Et entre les dents qu’il avait crispées de nouveaux après son éclat, un sifflement, menaçant, à peine articulé.
- Je te jure que si tu ajoutes un mot de plus...
La menace restait imprécise, de toute manière, Camille savait à quoi s'attendre, savait ce dont il était capable. Il avait voulu le pousser à bout, fort bien, à présent, qu'il en assume les conséquences. |
| | | Jean-Camille Douze
Messages : 214 Date d'inscription : 02/01/2012 Age : 29
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| Mar 4 Sep - 9:35 | |
| | I believe the world is burning to the ground. | | La réaction de St-Andrez avait été à la hauteur de tes espérances. Violente. Immédiate. Il avait perdu son sang froid, crié. Il fallait que tu te taises, puisque tu ne t'excuserais pas, il fallait au moins que tu n'ajoute rien, alors il pourrait ranger tes mots dans le passé. Mais c'aurait été trop tendre, et la tendresse ne pouvait s'appliquer à St-Andrez. Tu n'étais pas Chloé, tu n'étais pas sa chère sœur. Tu n'étais pas Cassandre, tu n'étais pas son ami. Les flammes qui sortaient d'entre ses doigts trahissaient sa rage, ces signaux-là, tu y étais habitué, depuis le temps. Tu sentais sur ta peau la chaleur qui rayonnait, le nobliau s'échauffait toujours lorsque vous parliez, mais il était exceptionnel que cela atteigne un tel degré. Cela n'était réservé qu'aux grandes occasions, aux grandes joutes, aux tournois. Vous scrutiez les moindre défauts de l'armure de l'autre et, lancés à plein galop, les visaient de vos lances. Qu'importe si le bois explose sous la violence du choc. Qu'importe si un poignet, un bras était brisé dans l'assaut. L'important était de désarçonner l'adversaire, de le faire tomber avant que vous ne touchiez le sol. Le reste n'était qu'accessoire. « Si j'ajoutes un mot de plus ? Tu perds le contrôle et tu incendies toute la salle ? La solution parfaite, en effet. » Tu ne résistais pas à le titiller encore, à piquer plus profond à chaque mot, à creuser ta tombe par la même occasion. Mais votre confrontation avait quelque peu affolé les autres convives, on avait appelé un surveillant, un professeur, quelqu'un pour vous calmer... Tu te détournes un instant de St-Andrez, revêts un sourire polis qui ne dure que quelques secondes. Tout vas bien, pas d’inquiétude, continuez de danser. Vous arriviez à un point où la présence de spectateurs importait peu. Fi donc des regards... Mais Dans le cas présent, l'on risquait de vous séparer avant que tu n'ai pu triompher. Reprenants ton masque de garde-malade, tu passais derrière le fauteuil, le poussait vers un endroit plus calme. Là, un balcon, spacieux. Tu y garais le blond héritier fermais derrière vous les rideaux de velours rouge. La nuit était douce, un décor trop pur pour contenir votre haine. Les étoiles auraient pu vous rappeler cette nuit où vous aviez parlé mythologie, presque sans hausser la voix. Mais cette époque était finie. Accoudé à la rambarde, tu reprenais la parole. « Que voudrais-tu faire ? Me brûler encore un peu ? Chasser tout mes amis ? Me chasser ? Tu en as déjà trop fait St-Andrez, tu es à court de ruses. Tu m'a déjà trop meurtri pour aller plus loin, on s'habitue à tout. » Derrière tes mots se cachait toutes les horreurs qu'il avait pu te faire, depuis l'enfance, époque alors bien innocente, jusqu'à présent. Blessé, brûlé, souillé, tu t'étais relevé pour mieux l'atteindre en retour. Que pouvait il lui rester à présent ? Le meurtre ? « Tu pourrais m'éloigner, bruler ce jardin, me faire assez peur pour que je m'éloigne, tenter de m'horrifier assez pour que je disparaisses en craignant pour ma vie. Mais tu ne le feras pas... Tu as trop besoin d'être servi, que l'on te tienne la porte, que l'on recharge la batterie de ton fauteuil. Tu as trop besoin de moi, je te manquerais... » La dialectique du maître et de l'esclave venait ainsi s'appliquer à votre situation. Lui se croyant maître tout puissant. Toi, servile esclave, indispensable esclave. Si tu disparaissais, il resterait seul. |
| | | Gabriel de St-Andrez
Messages : 233 Date d'inscription : 02/01/2012 Age : 29
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| Mar 18 Sep - 20:28 | |
| Il touchait juste. Trop juste. Ce soir, soit forme exceptionnelle de l'Autre, soit fatigue de Gabriel, la joute tournait en sa défaveur, s'il tenait encore en selle, ce n'était qu'à grand-peine, bientôt, tout bientôt, il allait craquer, se laisser aller, perdre cette partie, serait obligé de remettre sa victoire à plus tard. Évidemment qu'il ne pouvait rien faire dans cette salle, évidemment qu'il valait mieux pour eux deux qu'ils s'éloignent quelque peu de cette foule, leur haine demandait la solitude afin de mieux pouvoir s'épanouir, des spectateurs auraient pu vouloir la stopper, l'endiguer, là où eux ne demandaient qu'à l'étaler, la goûter toujours plus, la déguster. Mots après mots, piques après piques, coups après coups, la partie se devait de garder ses pires moments secrets, les autres ne comprendraient pas, personne ne pouvait comprendre, mis à part eux. Personne ne pouvait comprendre à quel point Camille était dans le vrai, quand il disait que Gabriel était déjà allé loin, bien loin, trop loin sans doute, il avait franchi un seuil, un point de non-retour, n'importe quel être humain n'aurait sans doute pas supporter de recevoir ni même d'infliger une telle violence, et pourtant eux étaient toujours là, et pourtant eux n'étaient jamais à court d'idées, jamais à court de haine. Le brûler encore ? Il y songeait, chaque jour. Chasser tous ses amis ? Quels amis, ceux qu'il n'était même pas autorisé à avoir ? Bien entendu, ce n'était qu'une simple formalité. Mais l'éloigner ? Le chasser pour de bon ? Non, bien sûr que non, ce serait trop doux, bien trop doux. Et là, dans ces paroles, chargées de mépris, prononcées afin de l'abaisser toujours plus, la haine sut trouver la faille, les poings se desserrèrent, les flammes diminuèrent tandis que sa fierté se regonflait, tandis qu'il ouvrait la bouche, lâchait quelques paroles. - Je serais curieux de savoir lequel manquerait le plus à l'autre... Après tout, où serais-tu, sans moi ? Ecrasé sous les gravats de Synchronicity ? N'oublie pas que tu me dois la vie, Camille. Il ne faisait jamais référence à l'attentat, jamais la moindre allusion à ce moment où il avait perdu l'usage de ses jambes. Sauf pour lui. Sauf pour cet Autre pour qui le souvenir de ce jour-là devait être brûlant, cuisant, le jour où il avait contracté envers Gabriel l'une des plus importantes dettes de leur jeu, offrant au blond un point sur lequel appuyer sans relâche, sans qu'il ne cesse d'être douloureux. Et comme ce n'était pas suffisant, comme ce n'était jamais suffisant, comme il fallait qu'il fasse payer à l'Autre de l'avoir si bien déstabilisé tout à l'heure, de l'avoir suffisamment fait sortir de ses gonds pour que sortent des flammes de ses poings, il continua, sur un ton bien trop sérieux, un ton qui aurait pu effrayer une oreille non-avertie, qui pourtant ne devait pas étonner l'Autre. - De toute façon, ce serait bien trop doux, tu mérites pire, bien pire... N'imagines pas que tu pourras m'échapper comme ça, Camille, ta vie m'appartient. Tu es à moi. Une déclaration de haine, une énième, ni la première, ni la dernière. Sans doute une plus possessive encore que d'habitude, plus directe aussi, habituellement, les mots affables s'occupaient de les camoufler, de les maquiller aux yeux du monde en déclarations d'amitié et de fidélité éternelles. Et c'était ce qu'elles étaient presque, après tout, leur haine était si fidèle, si exclusive que l'on aurait presque pu l'apparenter à de l'amour, s'il n'y avait eu cette violence, ce dégoût permanent dans leurs propos, dans leurs rapports. Une pulsion sur le joystick du fauteuil, et il s'approcha de Camille, tout près, ses genoux effleurant les siens puis, lui saisissant le menton, il le força à tourner son visage vers lui, à le regarder dans les yeux, parfaitement conscient de la répulsion que son simple contact inspirait à l'Autre. - Ne songe même pas à t'enfuir. Où que tu ailles, je te retrouverais. |
| | | Jean-Camille Douze
Messages : 214 Date d'inscription : 02/01/2012 Age : 29
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| Lun 24 Sep - 15:43 | |
| | I locked all the doors so Now you're breaking in | | Tu l'écoutais, tu l'écoutais attentivement, ta Némésis enragée, tu sentais la chaleur de sa haine, de sa rage rayonner, personne d'autre que toi ne pouvait le plonger dans un tel état, c'était un fils de bonne famille voyons, il avait été éduqué pour garder son calme en toutes circonstances, ce n'était pas dans ses habitudes de laisser ses émotions transparaître, ce n'était pas digne d'un gentleman… C'était bien ce que tu disais, mais la réciproque était aussi vraie. Gabriel de St-Andrez était le seul être susceptible de te pousser dans de tels retranchements, de sa présence, de votre guerre infinie, tu tirais une armada, une large artillerie, des blindés, des mots d'acier qui fusent en sifflent. Des obus de non-dits qui explosent avec fracas, envoyant leurs éclats métalliques perforer les tendres carcasses. Carcasses humaines, fiers corps. Esprits, âmes cerveaux. Tous brisés, victimes sans visages ni noms. Tu l'écoutes, ton ennemi, tu l'écoutes attentivement. On dits parfois aux querelleurs "n'écoutes pas ce qu'il te dit, oublie, il laissera tomber…" mais ces règles n'ont pas lieu d'être ici. Tu écoutes, il te faut écouter, ne serait-ce que pour chercher une faille, retenir un mot à utiliser plus tard, un argument, un cheval de Troie laqué de verve. L'attentat de Synchronicity ? Ta vie ? Seule un éclat de rire méprisant ponctue ses propos. Tu n'es pas du genre à couper la parole, il est bien plus simple d'attendre que l'Autre s'embourbe dans ses propres phrases… Il parles de ses sois disant droits sur ta personne, tu ris, tu te ris de lui pour mieux éloigner ses prétentions. Toi ? Sa chose ? Sa possession ? Peut-être espère-t-il une poupée de tissu, un mannequin de bois, à manipuler, à bruler sur l'autel de la haine ? Encore des mots, des mots, des mots, une main, des doigts qui agrippent son visage sans ménagement. Ta peau fine ressent le contact de ses ongles bien taillés, de son épiderme sec, presque rugueux et ô combien brulant. Tu grimaces, moins pour la chaleur infernale que pour le contact même. Cet écoeurant contact, sa peau contre la tienne et les images que cela pouvait faire ressurgir des profondeurs du Léthé. Un haut le coeur te retourne la poitrine, tu serre les dents. Tu n'es plus un enfant, à force de côtoyer cet être infâme, tu avais appris à contrôler tes humeurs lacrymales. Tout en lui te révulsais, tu repoussais sa main d'un geste brusque, sec, cassant. Tu reculais de deux pas. « Tu es détestable, Saint-Andrez. Infâme... » Oh, ces mots-là, il les a bien déjà entendus, souvent, ils étaient cachés sous chaque mot, sous chaque regard que vous pouviez vous lancer. Tu respirais, soulagé de retrouver une fine barrière d'air entre vous. Tu te donnais le temps de reprendre contenance, les mains crispées sur la balustrade de marbre pour en réguler les tremblements. « Pitoyable aussi. Alors que tu n'as aucun mérite… » D'où le venait sa puissance, son don, sa richesse ? De facteurs étrangers semblait-il. Qu'avait-il construit de ses mains ? Savait-il seulement faire autre chose que semer la destructions où qu'il passe ? Tout se lisait dans ton sourire, péniblement récupéré, masque appliqué contre ton visage pour contrer l'horreur du contact précédemment subi. « Je t'aurais bien dit que tu aurais peut-être mieux fait de me laisser sous les gravais, mais je t'aurais peut être trop manqué… À croire que tu ne pourrais pas vivre sans faire de ma vie un enfer, comme si tu étais dépendant de ce plaisir malsain… Fais attention, Saint-Andrez, un jour, tu ne pourras peut-être plus passer tes humeurs en maltraitant ton jouet… » Tes iris brillaient d'une lueur malsaine, partir ? Oh, ce pourrait être une bonne idée, un jour… Vos joutes te manqueraient peut-être, quelque chose à défier, un tremplin pour t'élancer aux cieux… Mais le paysage, l'infini des chemins qui s'ouvraient devant toi avait de quoi donner le tournis, un monde sans St-Andrez, sans flammes ni cicatrices, sans craintes d'être blessé, injurié, abusé… Un monde peut-être un peu fade, mais paisible… Idyllique ? |
| | | Prophetia
Messages : 128 Date d'inscription : 06/12/2011
| Lun 1 Oct - 9:16 | |
| Peut-être parce que vous étiez déjà sur le balcon qui mène au jardin, peut-être parce que vous étiez trop embourbé dans votre propre haine, mais vous n'avez, ni l'un ni l'autre, remarquez les lumières s'éteindre, les gens s'étonner. Non, ce n'est que lorsque le ciel s'éclaire, que vos poitrines vibrent à cause de la détonation que vous détournez, réflexe humain, votre regard de cet Autre qui, en un sens, vous complètent.
Vous ne saviez pas qu'il y aurait des feux d'artifices, encore moins si tôt dans la soirée. Mais alors que vous alliez reprendre vos joutes verbales, votre affrontement sans violences physiques, ou du moins pas comme on pourrait les attendre, les élèves vous rejoignent peu à peu sur le marbre blanc, et, votre professeur préféré, celle qui vous met souvent en colle ensembles, ne serait-ce que pour s'amuser, vous presse de descendre les escaliers, rejoindre la pelouse. Et bien sûr, elle t'aide, Jean-Camille, à porter ce fauteuil, malgré les simagrées du roi en fauteuil roulant. Et une fois sur la verdure parsemée de poussières de fées, même si elle s'en va, c'est la fin de votre affrontement ouvert. Vous devez remettre vos masques alors que tous ont les yeux rivés vers le ciel. |
| | | Gabriel de St-Andrez
Messages : 233 Date d'inscription : 02/01/2012 Age : 29
Carte d'Identité Âge: 17 ans Don:
| Ven 2 Nov - 10:20 | |
| Un rictus. Le visage de Gabriel n’était plus qu’un rictus. Rictus de haine, rictus de dégoût, rictus de colère, rictus de mépris, toutes ces interprétations étaient les bonnes, toutes ces émotions les traversaient, dansaient en lui, sarabande infernale que savait toujours provoquer l’Autre, qui toujours se déchaînaient lorsqu’arrivait l’une de leur joute, l’une de leurs éternelles batailles. Et pourtant, au fond… Oui, il y avait bien de ça, l’Autre avait raison, il prenait une sorte de plaisir malsain à chercher les mots, à chercher les failles, à toujours toucher plus juste, plus douloureux, à blesser sans jamais achever. Comme une souris qui jouerait avec un chat, mais dans un monde où proie et prédateur échangeraient sans cesse leurs places sans se lasser. Ah, Camille voulait rire ? Lui aussi il le pouvait, lui aussi en sentait l’envie. Après tout, un jeu n’est amusant que lorsque les deux partis y trouvent leur compte. - Merci du compliment, Camille, vraiment, ça me touche, venant de toi, je n’en attendais pas mieux. Du bout d’un doigt, il essuya une larme inexistante, celle qu’avait fait couler son soudain éclat de rire. Parce que si l’Autre se voulait sardonique, si l’Autre pensait le faire plonger en évoquant de nouveau un départ possible, lui aussi le pouvait. Ils luttaient à armes égales, par ces mots, ces gestes qui entre eux se chargeaient de tant de signification. - Que j’aime te faire souffrir n’est un secret pour aucun de nous deux, Camille, mais n’essaye pas de me faire croire que je suis le seul. Tu joues les victimes, mais tu es pire que moi, tu le sais très bien… Il aurait volontiers continué, en aurait volontiers rajouté, encore un peu, déverser sa bile, toujours plus, déverser sa haine sur l’Autre, cette haine qui ne s’étouffait pas mais s’étoffait toujours plus, au fil des années, des mots, des gestes. Cela aurait pu durer la nuit entière, si Gabriel avait été seul à décider, mais un bruit au-dessus de leurs têtes l’interrompit en plein élan. Un bruit, et surtout, une lumière. Un feu d’artifice. Comme s’ils avaient besoin de cela, comme s’il était nécessaire à leur haine de s’exprimer dans un cadre grandiose, au milieu d’effets spéciaux somptueux. Ils n’avaient besoin de rien de tout cela, ne demandaient rien, juste qu’on les laisse en paix. Et surtout pas qu’une marée d’élève déferle sur les balcons, vienne s’immiscer entre eux, rompre ce tête-à-tête aux allures de combat. Et encore, s’ils ne faisaient que passer, que les contourner pour rejoindre les jardins, d’où ils pourront se tordre le cou en observant des fusées exploser dans les airs, ils ne feraient qu’irriter l’héritier, un peu plus encore qu’il ne l’est déjà, mais bien moins que s’ils commençaient à s’occuper de ce qui se passe entre eux. D’ailleurs, les choses pourraient tout à fait se dérouler ainsi, après tout, l’on n’allait pas lui faire descendre ces escaliers, pas avec son fauteuil, tout de même. Ils allaient rester sur cette terrasse, et le feu ne servirait qu’à camoufler leurs paroles acerbes, la joute allait pouvoir se poursuivre, elle allait pouvoir durer des années et des années sans que jamais rien ne vienne la stopper. Non ? Non. Cela ne serait pas possible, puisqu’il avait fallu que Mademoiselle Winters s’en mêle. Puisqu’il fallait toujours qu’elle s’en mêle, comme si son principal but dans la vie était de les réunir, sans cesse, de vouloir toujours intervenir dans leurs relations pourtant si exclusives. Et voilà qu’elle proposait à l’Autre de l’aider à porter l’héritier jusqu’en bas de l’escalier, comme s’il n’avait été qu’un vulgaire fardeau, un poids mort qui n’avait pas son mot à dire lorsque l’on s’avisait de faire quoi que ce soit de lui. Sauf qu’il avait son mot à dire, ne s’en privait pas, quand bien même il sut que cela n’avait aucune utilité. Mais non Mademoiselle, inutile de vous déranger, je peux très bin rester ici, je vous assure… La voix mielleuse était de retour, comme toujours lorsqu’il s’agissait de s’adresser à d’autres que l’Autre, à des gens en position de force. L’héritier parfait avait été bien éduqué, savait s’adresser à ses supérieurs en feignant tout le respect qui leur était dû. Mais bien entendu, ces protestations n’eurent aucun résultat, et bien vite, il se retrouva au milieu de la foule, de cette foule qui le dominait par la taille, lui qui était coincé à hauteur de la leur, qui lui bloquait la vue, réduisait son champ de vision à à peine quelques mètres devant lui. Et à ses côtés, comme toujours, l’Autre, l’Autre dont il attrapa le poignet, le faisant se pencher vers lui pour lui susurrer quelques dernières paroles à l’oreille. - N’oublie jamais que tu es à moi, Camille. Et que tu ne pourras pas m’échapper. Parce que si cette bataille était avortée avant d’avoir un vainqueur ou un vaincu, la guerre n’était pas finie, et ne se finirait jamais. |
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