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 EVENT 02 - Nikolaï & Aurelian

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Prophetia
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Mer 29 Aoû - 8:54

Il y a déjà tout ces gens qui dansent. Il y a ces étoffes rouges, bleues, noires et blanche qui se laissent aller dans la désinvolture de mouvements trop rapprochés pour des adolescents sages et abstinents. Il y a pourtant, dans chaque valses, toute la grâce de Clever Cross. Les élèves de Traditionem ont vraiment fait u bon travail. On peut d'ailleurs en voir quelques uns qui veillent au grain.

Aurelian, tu n'es pas tant branché que ça par l'idée d'un bal, même si ça te donne un prétexte comme un autre de voir Nikolaï, d'exhiber ta passion pour lui, discrètement, certes, mais jouer au jeu de la séduction, comme vous saviez si bien le faire.
Nikolai, toi par contre, tu n'es pas de cet avis. Tu appréhendes légèrement cette soirée et décide donc de le jouer en amour platonique. Ne l'effleurer qu'à travers ses vêtements, ne surtout pas permettre la proximité qui vous rend unique.

Le costume que les élèves vous ont prêtés est simples, costard noir et chemise presque argentée pour Aurelian avec une cravate digne de ce nom, alors que Nikolaï se retrouve dans un complet noir au cols et divers liserés bleus électrique. On lui a par contre prêté un noeud papillon rouge absolument ridicule qui ne va pas du tut avec sa tenue.

Aurelian commence le sujet. Il attends patiemment l'arrivée de son cavalier. Nikolai répondra par la suite.
Attendez vous à me revoir mes lapins.
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Aurelian L. Kieser
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Jeu 30 Aoû - 3:45

Aurelian K. & Nikolaï V. ♥


« So Darlin' save the last dance for me. »




Un bal. Un vrai de vrai. Pas l'une de ses soirées que l'on nommait ainsi par simple prétexte qu'on y dansait, où l'on s'habillait en blanc pour briller sous les feux du dancefloor, la drogue dans le sang, dans le corps et dans la tête. Où des machines inondent la boîte d'épaisses bulles, qui viennent coller aux vêtements et qui donnent envie de les enlever. Où les gens se frottent les uns aux autres, où les mains se font baladeuses et avides, où les respirations s'approfondissent et où la danse devient presque orgiastique, profonde. Fusent presque les gémissements. Les gens suent, s'échappent des cocktails dessus, s'embrassent à pleine bouche. Où la musique assourdit et berce à la fois, dictant le rythme des cœurs battant à l'unisson. Ces bals aussi avaient leur charme, bien à eux. Il n'y avait de tel pour oublier sa propre déchéance que de s'en entourer à outrance, que de constater qu'il y a toujours quelqu'un de plus trash que soi. Enfin, il y a quelques fois où c'était peut-être moi, le plus trash de l'endroit.. À sniffer un rail de coke du cou de Niko après lui avait fait l'amour dans les W.C, quelques grains blancs collant à sa peau toujours moite, que je me suis empressé de ramasser d'un coup de langue gourmand. Puis l'embrasser, pour lui faire goûter la drogue, pour lui faire goûter mon amour pour lui, la passion qui me dévore le ventre, encore plus aujourd'hui que durant ces soirées-là. Les soirées où nous n'étions que l'ombre de nous-mêmes, motivés par la dépendance. De vrais animaux. De vrais animaux, follement amoureux.


Ce soir, c'est un bal, un vrai de vrai. Mes fringues en témoignent. Enfin, les miennes... Celles qu'on a bien voulu trouver pour moi. J'ai pas de vêtements pour ce genre d'occasion. Enfin, c'est pas mal, on m'a collé un costard normal, une chemise sympa, argentée, et une cravate. J'aime bien la forme que ça donne à mes épaules, je devrais mettre des chemises plus souvent, j'pense. Je sais pas ce que Niko va en penser, par contre. Parce que pour la première fois depuis nos retrouvailles, nous ne nous sommes pas préparés ensemble. Pas de cette routine rassurante et distrayante, pas de baisers échangés entre quelques commentaires sur les cheveux de l'un et sur les chaussures de l'autre. J'en ai profité un peu pour me coiffer comme je l'entends – d'habitude, il massacre ma coiffure et ne la replace qu'à peu près. Mais c'était étrange de ne pas entendre ses idées, de ne pas le sentir m'épier entre les morceaux de vêtements. C'était lui, qui voulait que l'on fasse ça ainsi. Il me l'a expliqué, environ, en restant plutôt évasif. Je n'ai pas insisté.


Quelque chose à propos de faire les choses comme il se fallait, d'apprécier la présence l'un de l'autre sans vouloir se sauter dessus. D'avoir la classe, de participer à ce bal en bonne et due forme. J'comprends ce qu'il veut dire, d'une certaine façon. C'est toujours la même chose, entre nous. On attise l'envie, on se titille au maximum, on se dévore des yeux puis des mains, on s'embrasse devant les autres, on attire les regards, on s'en excite, on s'en nourrit, on en cherche plus. Jusqu'à ce que l'envie soit trop violente et agressive et qu'on ne puisse plus se retenir. Et ça se termine avec ses ongles plongés dans ma nuque, son souffle saccadé contre ma peau, mon bassin martelant le sien. Cette fois, il veut que ce soit différent. Il veut qu'on se courtise d'une autre façon. Whatever, je veux bien tenter mon coup. Au pire, ça ne fonctionnera pas et le naturel reviendra au galop. Au mieux, j'aurai trouvé une autre façon de l'aimer. Une chose est certaine, c'est que je suis curieux de voir où ça va mener. S'il va pouvoir tenir sa propre promesse. Si je peux me retenir de vouloir le tenter vers le vice. Un sourire se dessine au coin de mes lèvres, mes bras croisés sur mon torse alors que mon regard s'attarde sur le mur devant moi. We'll see.


Je jette un coup d'oeil à l'horloge à l'entrée de la salle de bal. Il devrait arriver bientôt. Je me demande combien de temps ça lui a pris, à se coiffer. Peut-être même qu'il fait les derniers ajustements en ce moment même... Mais je vois sa silhouette se dessiner au bout du couloir. Les traits se définissent, c'est lui. Et en bon mec appréciateur de la beauté de l'homme qui fait battre son cœur, je le regarde, de bas en... mais c'est quoi ce truc? Mes sourcils se froncent d'abord, je suis perplexe. Puis je n'arrive pas à me retenir et je lâche un petit rire, m'approchant de lui pour capturer les doigts d'une de ses mains entre les miens, l'attirant un peu vers moi dans le même mouvement. Le regard pétillant – parce que je suis quand même vachement heureux de le voir, et parce qu'il est toujours aussi beau -, je lui fais un clin d'oeil et je dis, sur un ton taquin et tendre à la fois:


    « C'est qu'il fait tout ton charme, ce nœud papillon, chéri. »


Et avant même qu'il n'aille le temps de se plaindre, de protester ou de se dégager, je l'attire un peu plus contre moi. Puis je me penche dans sa direction, souriant toujours, mes lèvres capturant tendrement les siennes. To shut him up. And because I've been craving it.
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Nikolai L. Valdick
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Jeu 30 Aoû - 11:54

« I am a Human & I need to be loved. Just like everybody else does. »
J'aurais aimé le cacher un peu, mais c'était vraiment impossible en fait : j'étais vraiment super excité par ce bal. Je n'arrête pas d'y penser, et en même temps, des centaines de pensées m'assaillent sans aucune raison apparente. Bien évidemment, quand j'ai appris l'annonce du bal de Clever Cross, j'ai tout de suite invité Aurelian à venir avec moi. Pour être sincère, j'avais un peu peur que quelqu'un le fasse avant moi, alors je n'ai pas perdu de temps. Ce qui donna véritablement l'impression que j'étais obsédé par ça. Aurelian, lui, ne semblait pas super emballé par ma demande. Il voulait simplement qu'on reste qu'à deux, et qu'on passe la soirée ensemble, pendant que tout le monde sera au bal. Ce que je ne lui avais pas dis, c'est que le bal était obligatoire. Alors forcément, il s'est résolu à y participer avec moi. Mais je suis sûr qu'il va beaucoup s'amuser malgré tout. C'est sûr que ce genre de soirée est à des années lumières de nos soirées habituelles, mais c'était ça qui était si excitant. Un somptueux bal en France. Je m'imaginais déjà dans un magnifique costume très classe, aux bras d'Aurelian, habillé pour l'occasion d'un très beau costume également. On pourrait danser tous les deux au milieu de cette grandiose salle de bal, et on serait définitivement magnifique ainsi. Oui, je le reconnais, je rêvais et j'étais aussi excité qu'une gamine de 15 ans qui va au bal du lycée. Que pouvait-il y avoir de plus romantique en fait ? N'étant pas habitué à ce genre de mondanité, j'étais particulièrement stressé à l'idée de faire tâche au bal.

Avec Aurelian, ça a toujours été non-conventionnel, et hors des sentiers battus. A croire qu'on prenait un plaisir malsain à rejeter en bloc ce qui se faisait de normal. Toutes ces soirées où, après avoir trempé mon t-shirt, il s'est jeté sur moi pour l'arracher. On faisait l'amour dans les toilettes, et on prenait quelques cachets ou on se faisait un ou deux rails l'un sur l'autre. On a habité dans un studio un peu pourri, et on vivait de façon décousue. A tel point qu'on a fini par perdre la notion de temps. C'était dans notre nature, ce côté bestial, très sauvage. Je trouve ça particulièrement sexy en temps normal, mais cette fois-ci, j'avais vraiment envie de faire comme tout le monde. Je voulais juste aller à ce bal, accroché au bras d'Aurelian, et faire bonne figure devant tout le monde. Pour montrer au monde que nous sommes un couple, comme n'importe qui, même si deux années se sont écoulés. Deux longues années d'absence qui ont entaché cette parfaite idylle. C'est une façon de prouver aux autres qu'on est plus fort que ça. Une façon de me prouver qu'avec Aurelian, c'est bien plus que la drogue et la nightlife. Je sais que c'est fort ce qui est entre nous, je le sens. C'est palpable à chacune de mes pensées et de mes réactions, car je le sens toujours en moi. Une omniprésence divine, et dévorante. Parfois j'ai peur de me brûler les ailes, j'ai peur qu'il s'arrache à moi, et qu'il me détruit de nouveau. Car quand il est parti ce jour là, il a emporté un morceau de moi. Je ne le permettrais plus désormais. Je ne céderais plus jamais une part de moi. Plus maintenant que je me suis retrouvé, que je suis de nouveau entier. Alors ce bal sera une excellente soirée, et nous la vivrons en amoureux, sans souci.

Et finalement le jour-J. La mission « Soirée parfaite au bal avec l'homme que j'aime » était à présent lancé. J'avais supplié Aurelian d'aller se préparer dans sa chambre, moi dans la mienne. Le pauvre ne comprenait pas pourquoi, mais je ne voulais pas qu'on se voit avant le bal. Je sais, ça fait un peu les mariés avant le mariage, mais pour moi, c'était vraiment important ! J'avais envie de le découvrir au milieu de ce décor. Beau et charismatique. Je veux arriver, le prendre par le bras, et voir les regards qui se tournent vers nous, vers lui. L'aimer un peu plus fort encore, lui glisser un discret baiser, et peut être danser. J'attendais patiemment les organisateurs qui sont sensés m'apporter un costume pour l'événement, car bien évidemment, je n'avais rien d'approprié. Tout sera parfait ! Finalement, les gars arrivent et me tendent un cintre avec un ensemble dessus, une paire de chaussures, et un sachet d'accessoires. Je les remercie, et me précipite pour aller m'habiller. L'ensemble se compose d'une chemise très légèrement bleutée. On pourrait croire qu'elle est blanche, mais elle reflète un léger bleu pastel très discret. A ceci s'ajoute une veste de complet noir comportant divers liserés bleu électrique au niveau du col et des manches et un pantalon cintré noir classique mais élégant. J'enfile donc l'ensemble, très satisfait du résultat final. Les chaussures en cuir me paraissent un peu trop strict pour moi, mais je ne fais pas le difficile et je les mets également. Devant le miroir, j'arrange mes cheveux avec un coup de peigne pour les ordonner un peu. Je venais de refaire ma coloration, et mes cheveux étaient d'un bleu électrique. Puis finalement je regarde dans le petit sachet ce qu'il contient, et j'en extirpe la chose la plus moche et ridicule qu'il m'ait été donné de voir : un nœud papillon rouge qui n'allait visiblement pas avec ma tenue. Ces abrutis s'étaient visiblement trompés, à moins que leur mauvais goût soit aussi exacerbé que ça, mais j'espère pour eux que ce n'est pas le cas. Et à ma montre, il est déjà bientôt l'heure, donc pas le temps de les rattraper pour leur demander quelque chose d'autre. Je regarde désespéré le nœud papillon et me décide à le mettre. J'ai l'air parfaitement ridicule, mais je me dis que je n'ai peut être pas le recul nécessaire pour l'apprécier. Agacé par cet imprévu, je glisse rapidement mon portable dans ma poche, je met un peu de parfum dans mon cou et sur mes poignets, et je file directement à la salle de bal afin d'y retrouver Aurelian.

Je traverse les couloirs en trottinant légèrement, puis j'arrive dans le couloir, et la somptuosité du lieu m'éblouit immédiatement. Je ralentis, tandis que mon regard empli de lumière se perd de tous les côtés. Toutes ces tentures et étoffes de couleur. Je regarde le magnifique buffet, qui semble déborder de plats tous plus fins les uns que les autres, harmonieusement décorés. Certaines personnes dansent déjà timidement, et ouvrent le bal de leurs pas fluides et rapides. Je ne vois que les lumières partout, qui me fascinent et me laissent sans voix un moment. Après avoir parcouru du regard la salle, je remarque Aurelian, debout tout seul, en train de m'attendre. Je respire un grand coup, puis je m'avance vers lui, avec un pas confiant qui cache en réalité mon anxiété intérieur. Il s'approche de moi, me prend la main, et avant tout autre discours, il me taquine en se moquant de cet horrible nœud papillon. Effectivement, j'avais raison : ce nœud est définitivement ridicule, et j'aurais bien fais de ne pas le mettre. Je fronce les sourcils, et lui lance un regard assassin qui dit clairement que ce sujet est épineux et tabou. Alors qu'il m'attire vers lui et commence à m'embrasser, je pose mes mains sur son torse, fermant hermétiquement mes lèvres face aux siennes, et je le repousse légèrement.

    « J'le savais qu'il était affreux ce nœud tout pourri. C'est ces débiles d'organisateurs qui sont pas capables de faire une tenue convenable. J'ai l'air d'un clown avec leur connerie, tu te rends compte ? »


Je m'écarte un peu plus de lui, et je dénoue le nœud autour de mon cou, avant de le ranger à l'arrache dans ma poche. Il est hors de question que je me ridiculise encore plus avec cette horreur une minute de plus. Puis je déboutonne un peu plus ma chemise, afin de révéler un bout de mon torse, et je réarrange mon col. Je regarde brièvement ma tenue, puis je relève le regard de nouveau vers Aurelian. Il est absolument magnifique dans son costume, comme ça. Je le détaille du regard, silencieux, tandis que mon regard s'apaise, s'adoucit, et traduit ma fascination secrète pour lui. Ses cheveux sont parfaitement arrangés, et il a l'air encore plus impressionnant avec son costume sombre. Il me surplombe et son charisme semble exacerbé, à tel point que je ne sais pas quoi dire face à sa prestance folle. Je ne cache pas le fait qu'il me donnait terriblement envie de l'emmener à l'écart et de lui arracher ses magnifiques vêtements, mais je devais me tenir ce soir. Je sors de cette fascination transcendante, lui adresse un sourire comblé, avant de me coller de nouveau contre lui, et de l'embrasser en retour cette fois-ci. Je crois que les mots me manquent pour décrire les sentiments que je ressens à cet instant. Même si je suis terrifié et terriblement anxieux, rien que de voir le regard d'Aurelian me rassure et me réconforte. Je m'écarte légèrement, afin de plonger mon regard azur dans ses yeux.

    « Tu es absolument magnifique toi par contre. J'vois qu'ils se sont pas trompés avec toi. »


Mais c'est pas plus mal remarque. Quoique sans ce nœud tout pourri, je pense être plutôt canon quand même, non ? Je lui attrape la main, et mon regard distrait se perd de nouveau dans l'immensité de la salle. Je regarde les couples, et aperçoit quelques personnes. Certains couples assez inattendus même. Ainsi, je repère au loin Aniela, vêtue d'une sublime robe blanche agrémentée de vert, avec Clyde. Je vois Charlie avec un jeune garçon que je ne connais pas, mais elle aussi est très charmante. Elle est limite méconnaissable à vrai dire. Je suis vraiment content d'être là en fait, bien qu'un drôle de sentiment persiste en moi. Un drôle de sentiment qui traîne comme un point noir sur un sublime tableau de lumière.
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Aurelian L. Kieser
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Ven 31 Aoû - 18:36


And it’s you and me, and all other people.

And I don’t know why, I can’t keep my eyes off of you.


Il n’y a qu’avec lui que je suis comme ça. C’est inexplicable, et totalement naturel. Personne d’autre ne peut admettre avec justesse me connaître tel que je suis, authentique. Des facettes, des masques, j’en ai des tonnes. L’antisocial, le party animal, l’agressif, le drogué, l’illuminé, le solitaire, le roi de la nuit, l’enfoiré, l’adulé. Le con, la brute, le génie. Tout cela se chevauche, se croise, s’unit et se défait, s’ajustant avec une précision qui étonne même moi à mon humeur et aux gens que je côtoie. Je n’ai pas besoin de leur montrer qui je suis. Je ne veux pas leur montrer qui je suis. Se dévoiler, c’est être vulnérable. Et ma propre vulnérabilité, ou celle qui pourrait être là alors que je tente désespérément de l’étouffer, elle me répugne tout simplement. Je ne peux pas me permettre d’être vulnérable. Il y a trop de gens, trop d’idées, trop de possibilité, et surtout trop de paranoïa. La drogue n’aide pas, je le sais, mais c’est certain que la plus grande part de cet inconfort constant vient du flot continuel d’information, de pensées et de suppositions qui circule dans ma tête. Sans répit. Je sais que ma force cache une faiblesse que je n’ose presque pas admettre à moi-même, ou douloureusement. Je ne veux juste pas que les autres le sachent eux. Et s’ils décidaient de s’en servir? I’ve never really felt safe.

…Except when I’m with him. Quand je suis avec lui, rien ne peut m’atteindre. Rien ne peut nous atteindre. Le reste ne compte plus, à vrai dire. Je ne vis que pour ses yeux, que pour son sourire. Avec lui je m’ouvre, sans me forcer, même si parfois ça me déplait un peu. L’habitude, simplement. Parce qu’en fait, je n’ai aucun tabou avec Nikolaï, vraiment. Nous savons déjà tout l’un de l’autre; nos goûts, nos habitudes, nos modes de pensées, nos manies. C’est juste l’orgueil, parfois, qui me dit que je suis un mec, un vrai, et que tout ce que je lui raconte parfois, je devrais le garder pour moi. C’est pas que je n’ai essayé, en fait. Ça m’arrive d’être de mauvaise humeur, de me dire qu’aujourd’hui, surtout pas aujourd’hui, même lui ne pourrait pas réussir à m’attendrir. Pour nous tester. Mais il trouve toujours une façon de poser ses mains sur mon torse, ou de m’embrasser le coin des lèvres ou de me faire ce sourire magnifique qui me fait presque fondre sur place. Et c’est là que mon regard s’illumine, que je n’ai d’yeux que pour lui. Que mon sourire ne veut plus quitter mes lèvres, que mes mains cherchent toujours sa chaleur. Je me sens bien avec lui, fuck, c’est fou. Comblé. Même quand il refuse de m’embrasser à cause d’une remarque trop taquine. D’ailleurs, peu de gens peuvent dire que je les taquine comme je le fais avec Niko. Ça fait partie de notre dynamique. Et puis je l’ai bien mérité, ce rejet; bien sûr que j’ai deviné que c’était un sujet tabou, ce nœud papillon. Ça ne m’a pris qu’un regard. Un nœud papillon? Rouge? Avec du bleu? I don’t think so.

Mon sourire persiste au coin de mes lèvres alors que mes dents viennent les mordiller machinalement, signe indéniable d’une petite fierté. Je n’aime pas le fâcher, mais même son regard noir n’a pas suffi à me convaincre qu’il m’en voulait vraiment. Et alors que je retrouve mon air normal, les doigts d’une de mes mains toujours obstinément accrochés aux siens, il me déballe son indignation face à l’arrivée impromptue de ce satané nœud papillon dans ses choses pour la soirée. Puis il lâche ma main – ou la rejette presque – pour venir défaire l’accessoire odieux, le rangeant presque rageusement dans sa poche de pantalon. Et moi, j’essaie de garder l’air neutre, malgré mes joues qui picotent de cette envie de sourire.


    « Mais non, t’avais pas l’air d’un clown. Juste… Clownesque. »


Je lui fais un clin d’œil à la fois joueur et rassurant, même s’il sait pertinemment que je fais cela que pour le taquiner. Puis bien vite, mon attention dévie vers autre chose, et les taquineries n’ont plus leur place. Mon regard s’attarde sur son cou dégagé, sur le haut de son torse, sur son air presque déterminé. Puis il me regarde dans les yeux, et je sens mon ventre se serrer d’envie, et mon cœur sauter un battement, et mon souffle s’arrêter. Il me fascine, totalement et entièrement. Il m’attire, indéniablement, et même si je voulais combattre ce qui m’habite – ce qui n’est pas le cas – j’en serais incapable. Je l’aime de tout mon cœur, et je le désire de chaque fibre de mon corps. Sans la pauvre excuse d’accessoire qu’on lui avait collé, l’ensemble est classe, bien taillé, mettant en valeur tout ce que Niko a à offrir. Et ses cheveux sont impeccables, comme d’habitude. Et lorsqu’il s’approche de moi, et que nos bras s’entourent l’un l’autre, je profite de sa proximité pour humer discrètement son odeur qui m’a toujours enchanté. Je lui rends son sourire, tout aussi sincère que celui qu’il m’offre, et le serre contre moi d’une légère pression au bas du dos avant de l’embrasser ardemment, sans gêne. Je le laisse s’échapper au bout d’un moment, mon regard verdâtre vrillé dans le sien. Rester sage ne sera pas facile.

    « Tu m’en veux si je te dis que j’ai déjà envie de toi ? »


Pour toute réponse, il attrape à nouveau ma main dans la sienne. Ça me suffit, je n’ai pas besoin qu’il me le dise pour savoir que c’est la même chose pour lui. Ça se sent, dans la façon que ses doigts ont de jouer distraitement avec les miens. Mais on va faire un effort, pour le principe. Sinon ç’aurait servi à rien. Je regarde les gens autour aussi, me souvenant de leurs visages, me rappelant pour l’espace d’une seconde toutes les fois où je les ai croisés, où j’ai pu leur adresser quelques mots. J’entraperçois May, avec Lawford. J’espère que sa soirée se passe bien. Et pareil pour Alessa, qui est belle comme tout dans sa robe noire. Mais bien vite, mon attention revient vers mon propre cavalier. Quelque chose l’embête, le tracasse. Peut-être parce qu’il y a quelque chose de désagréable qui me colle à la peau aussi. Je me mords momentanément l’intérieur de la joue avant de me pencher vers Nikolai, embrassant brièvement le creux de son cou. Ma main lâche la sienne et je fais un pas vers l’arrière.

    « Je reviens tout de suite. »


Et comme prévu, à peine une minute après mon départ, je reviens, deux flûtes de champagne à la main, que je suis allé chercher au bar. Je lui tends la sienne puis me perds une nouvelle fois dans ses yeux, alors que je lève mon verre vers lui, souriant doucement.

    « À cette soirée. Et à nous deux... Je t’aime. »


Je viens voler une gorgée du liquide pétillant à mon verre puis lâche un petit soupir appréciateur. Le champagne est délicieux, rien à voir avec ses pauvres imitations qu’on se force à boire lors de certaines occasions. Mais encore, toujours, je n’arrive pas à garder mon attention sur quelque chose d’autre alors que mon mec est avec moi, juste à mes côtés. Surtout quand il est aussi fichtrement sexy que ce soir. Je bois distraitement, mon regard naviguant tout à fait peu subtilement entre Niko et autre chose – parce qu’au fond, le reste n’importe pas vraiment; du tout. Et mon verre se vide, peut-être un peu trop rapidement. J’ai hâte. J’ai hâte de le ravoir contre moi. J’observe la flûte vide et la dépose sur une table, au hasard, qui se trouve derrière moi. Et bien vite, mes mains retrouvent la taille de celui que j’aime, mes doigts le caressant sagement à travers le tissu de son habit. J’hésite un instant, mais le doute ne persiste pas. L’une de mes mains glisse contre celle de Nikolai et l’élève vers mon visage alors que je me penche peu pour venir poser un baiser discret sur ses phalanges. Un geste juste pour nous, que les autres n’ont pas besoin de voir. Je ne le lâche pas des yeux, j’en suis incapable

    « M’accorderez-vous cette danse? »


Je n’ai jamais valsé. Mais il me donne envie d’apprendre.

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Nikolai L. Valdick
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Sam 1 Sep - 12:40

« My only hope is the light that's shining from inside you 'cause you believe in what we are. »
Je crois bien que cette soirée était aux antipodes de ce que j'ai toujours connu avec Aurelian. Déjà, rien que de part notre vie nocturne et décousue qu'on menait frénétiquement à l'époque. Pas de grande salle de bal aux tentures majestueuses, pas de costumes classes, pas de grands buffets. Juste des sous-sols, des caves, des entrepôts désaffectés. Au son d'une musique trop forte, qui nous crevait les tympans et faisait battre nos cœurs. Evidemment, on arrivait, les regards se tournaient vers nous, tandis que moi je m'aggripais un peu plus à son bras. On saluait les connaissances, les habitués, les amis. Peut être le seul semblant de mondanité dans ces soirées . Puis on se mettait à boire, et à descendre l'alcool à flot. On se faisait un rail parfois, ou quelques cachets quand on était en forme. Et on dansait frénétiquement, porté dans cette foule animale et transpirante de décadence dans laquelle on se prêtait volontiers. Et ça se terminait dans les toilettes, à l'extérieur, ou chez nous parfois. On faisait l'amour, la lune seule témoin de nos ébats, et on terminait notre soirée, dans cette même euphorie et transe qui nous habitent à chaque fois. Aussi, nous n'avons jamais été vraiment habitué à ce romantisme en quelque sorte. Je veux dire par là que la nightlife n'est pas réputée pour ce genre de choses bien sûr. Et Aurelian et moi avons toujours aimé les choses simples au final, donc même lorsque l'on n'était qu'à deux, on se contentait de s'aimer. Alors forcément, se retrouver aujourd'hui dans cette salle de bal aux bras d'Aurelian, magnifique dans son costume, cela semblait irréel. D'où ma crainte ce soir de ne pas être à la hauteur de l'événement. Je ne voulais pas faire tâche dans cet univers auquel je n'appartiens pas mais pour lequel j'accepte de m'y prêter. Car au fond, ce genre de choses me plaise beaucoup. Il y a quelque chose de magique, aussi bien dans le décor que dans le regard et l'attitude d'Aurelian. Son charisme est exacerbé, et mon amour pour lui est immense à cet instant. J'aime ce sentiment d'être son cavalier. D'ailleurs, je pense que si on m'avait dit ça il y a de cela deux ans, je pense que je n'y aurais pas cru. Au fond, il y a plein de choses que je n'aurais pas cru si on me les avait prédit. Le départ d'Aurelian en fait partie.

Il me dit qu'il a envie de moi, et je me retourne sur lui en fronçant légèrement les sourcils afin de lui indiquer que ce n'était pas très correct en ces circonstances. Et je le regarde. Immédiatement, je me sens bien, et son regard pénètre mes pensées au plus profond de mon esprit. Quelque chose d'étrange en moi. Une euphorie immense qui ne demande qu'à s'exprimer. Un désir envahissant qui brûle à l'intérieur. Plus je le regarde, et plus mes pensées disparaissent, pour ne laisser qu'un agréable vide. Et j'entre dans une contemplation silencieuse et passionné d'Aurelian. Une contemplation qui relève de la fascination. Je détaille son apparence, et me rend compte à chaque fois un peu plus qu'il est absolument magnifique, et que j'ai de la chance d'être ici avec lui. Je me demande si certaines personnes m'envient. Est-ce que d'autres le désirent comme moi je peux le faire ? Je ne pense pas en fait. Car tout ce que j'ai vécu avec lui, même ce qu'il y a de plus douloureux, n'a fait qu'attiser ardemment le désir que j'ai d'être avec lui, et de rester à ses côtés aussi longtemps qu'il me sera possible de le faire. Et par un pacte silencieux, j'ai scellé les sentiments que j'ai pour lui. Je pensais même les avoir cristallisés, mais le mot n'est pas exact, car mes sentiments pour lui grandissent encore malgré tout. Cependant, aujourd'hui, une ombre au tableau s'insinue dans mon cœur, et malgré l'amour que je ressens, je ne peux m'empêcher d'être tracassé constamment. Et les mots me manquent afin de décrire cet état hybride, entre crainte et amertume, dont l'effet caustique ronge mon esprit insidieusement, sans même que je me rende compte de l'ampleur du phénomèe. Finalement, il me sort de mes pensées en m'indiquant qu'il revient. Je lui fais un signe de tête avec un sourire, et je croise les bras lorsqu'il me lâche la main. Il revient avec deux coupes de champagne, puis il m'en tend une, avant de le ver son verre face à moi. Je lève le mien également, avant de venir entrechoquer le verre de ma coupe avec le sienne dans un son cristallin. Je lui adresse un sourire conquis et malicieux. Je trouve ça amusant, et terriblement romantique. Et à cet instant, j'ai la sensation d'être un homme véritablement chanceux et comblé. Chanceux ? Je crois que c'est sûrement le comble, pour un gars qui maîtrise la chance ...

    « Je t'aime aussi, Aurelian. »


Sans dérober mon regard au sien, je porte à mes lèvres le verre, et je bois la coupe de champagne, toujours avec ce regard fasciné et brillant. Et à cet instant précis, alors que le champagne pétillant descend et chatouille ma gorge, je me sens redevenir ce roi que j'avais l'habitude d'être. Car nous deux, ce que nous étions, des rois. Les rois sans couronne. Pas les rois du monde, pas les rois de la nightlife. Les rois de tout autre chose. Les rois qui ont conquéri l'amour, et qui ont bâti à deux leur royaume main dans la main, contre le monde. Et même si nous avons été déchus, aujourd'hui, on retrouve ce royaume perdu. Cette utopie dans laquelle on avait trouvé le bonheur. Aujourd'hui, c'est dans un sourire non dissimulé que je retrouve cet univers, que je retrouve mon Aurelian des premiers jours. Amoureux comme dans les premiers jours, et bien plus encore. Je termine la coupe glacée couverte de buée que repose sur la table la plus proche. Il commence à se rapprocher de moi, et ses mains effleurent le tissu de mes vêtements et s'aggrippent sur moi. Je m'apprête à lui faire une remarque, et avec surprise, en tenant ma main, il la soulève et la porte à ses lèvres, avant de poser un baiser sur mes phalanges. Son intense regard me fixe toujours, et mes yeux azurs n'arrivent pas à se dérober à lui. Puis il m'invite à danser, comme le plus parfait des gentlemen, et je me dis avec amusement que cela lui va très bien. Je crois qu'il ne sait pas valser, mais je lui apprendrais. Ma gouvernante, d'origine Autrichienne, s'amusait à danser la valse avec moi quand j'étais enfant. Je crois me souvenir de la base en fait. Aurelian, lui, n'aura pas de mal à apprendre. C'est assez répétitif, et sa mémoire l'aidera beaucoup pour cet exercice de danse.

    « Avec plaisir ! »


Je lui attrape la main, et je l'attire sur la piste de danse, en dessous du magnifique lustre. Quelques danseurs tourbillonnent autour de nous. Je jette un regard distrait autour de moi, apercevant quelques visages connus de nouveau. Notamment Heath et Lyria. Mais qu'est-ce que cette cinglée fait avec lui, d'ailleurs ? Je secoue la tête, et me reconcentre sur Aurelian, lui souriant un peu timidement. J'ai un peu peur de ne plus savoir comment m'y prendre. Je positionne sa main derrière mon dos, et ma main derrière sa nuque. Puis je pose mon autre main dans la sienne encore libre.

    « C'est en 6 temps. Regarde les autres : ils font un carré avec leur pas, retiens bien l'ordre et le mouvement. Quand on tourne, un quart de tour suffit. Je vais te guider au début, ensuite, on devrait s'équilibrer au fur et à mesure. »


C'est un peu maigre comme cours théorique, mais je pense que la pratique sera mieux pour Aurelian, et son hypermnésie. Je commence lentement à indiquer les pas à Aurelian, tout en le guidant. Cela se traduit par le fait que je le pousse parfois, pour le faire reculer, et que j'oriente le tour avec les rotations. Au début, il semblait surpris par le fait que je le pousse, mais assez rapidement, il comprit que lui se devait de résister à cette poussée afin que le tout s'harmonise. Je lui indique aussi que la valse se danse principalement sur le pointe des pieds. Et au fil de la musique et des pas, il gagne en assurance, et commence à comprendre les subtilités des mouvements. Ce n'est pas bien difficile une fois qu'on a saisi la chose. Parfois, il se trompe, ou résiste un peu trop et me fait basculer ou me déséquilibre. Alors on rigole, puis on reprend de nouveau. Et à force, on arrive même à se calquer sur la musique, en positionnant nos pas sur les temps forts de la musique. Après plusieurs minutes comme ça, je m'arrête et le regard en souriant.

    « Essaye de me guider maintenant. »


C'est certainement la position qu'il préfère. Aurelian aime bien être dominant, et j'imagine qu'il préférerait me guider au fond. Je lui laisse donc sa chance, maintenant qu'il comprend mieux la valse. De toute manière, je n'en doutais pas une seconde qu'il aurait appris vite ce genre de choses. Je crois que c'est peu de choses pour lui, et pour son esprit déjà bien saturé malgré tout. Il commence à me guider, un peu maladroitement au début, le temps de s'habituer à son nouveau rôle, de maîtriser les pas qui vont avec. Il me pousse un peu trop fort parfois, et j'ai du mal à gérer, mais très vite, on retrouve l'harmonie nécessaire à cette danse. Et on tourbillonne de nouveau. Je sens l'euphorie en moi, et nos éclats de rire allègent nos cœurs un peu trop lourd. Je me laisse aller au son de la musique, collé contre lui, ses mains guidant mon corps au rythme de la musique et des pas frénétiques. J'ai l'impression que cette soirée commence magnifiquement bien.
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Aurelian L. Kieser
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Ven 7 Sep - 5:28

You cast a spell on me.
You hit me like the sky fell on me…

Turn the lights out now.


Le goût de sa peau s’attarde sur mes lèvres, et je ne peux pas m’empêcher de les capturer brièvement entre mes dents. Je ne saurais expliquer cette passion dévorante, à chaque fois que je l’embrasse, que je le goûte. C’est mille fois plus fort que moi, cette envie qui assaillit aussitôt mes tripes, cette impulsion à en vouloir encore plus. C’est plus fort que ma faim d’héro, quand ça fait un peu trop longtemps que je n’en ai pas eu. Mon sevrage a été trop violent, la dernière fois. Trop dur, trop déchirant, inhumain, même. Maintenant que j’ai retrouvé ma drogue de choix, la mienne, juste à moi, j’en veux toujours, et toujours un peu plus que la dernière fois. Je veux m’accrocher, fort, mais j’ai peur de le faire fuir. J’ai peur de lui faire mal, à trop le serrer. Je ne veux pas que lui, à son tour, parte. Parce que je sais avec certitude que moi, je ne partirai jamais. Je ne sais pas ce que je ferai, s’il partait. Je deviendrai fou, sans doute. J’accumulerai les overdoses, jusqu’à ce qu’une d’entre elles soit létale, mortelle. Je ne peux pas vivre sans lui. C’est tout, c’est simple. J’ai besoin de lui pour respirer correctement, j’ai besoin de lui pour garder un semblant de santé mentale. J’ai besoin de lui pour sentir mon cœur battre et savoir que ces battements en valent le coup. Ce n’est pas seulement qu’une envie, qu’un désir, qu’un caprice. I need him.

J’ai du mal à lâcher sa main, qui repose toujours au creux de la mienne. Parce que non seulement sa peau est-elle délicieuse, mais elle m’a toujours paru incroyablement douce. Comme du velours. Parfaite, un peu comme lui. Sa peau s’ajuste à merveille à la mienne, à mes doigts, à mes dents, à mes lèvres. Comme lui s’ajuste parfaitement à moi. Parfois je me trouve un peu idiot de penser ainsi. C’est presque niais. Mais pourtant, j’y crois vraiment. Que nous sommes faits l’un pour l’autre, que ça a toujours été ainsi et que même si de grandes épreuves se sont imposées à nous, le fait que nous soyons réunis aujourd’hui ne veut dire qu’une seule chose; nous sommes parfaits l’un pour l’autre. Nous n’aurions pas tant souffer au souvenir de l’un l’autre si ça n’avait pas été le cas. Nous ne nous serions pas retrouvés avec une telle envie, nous aurions déjà des vies complètement différentes. Mais il est devant moi, ses yeux d’azur profondément ancrés dans les miens, sa paume s’attardant toujours contre mes doigts. Il est beau comme le jour, et je suis complètement charmé. Je n’ai jamais voulu de quelqu’un d’autre et ce n’est pas près de changer. He’s my everything.

Mon invitation à danser lui plait, je pense. Et étrangement, même si ce n’est pas comme moi de faire des scènes comme ça, avec le baise-main et le regard intense, je trouve que ça me colle plutôt bien. Disons que je pourrais m’y faire. Il sourit, c’est tout ce qui compte au fond. Je n’aspire qu’à cela, le voir heureux. Le rendre heureux, plutôt. Je ne proteste pas lorsqu’il m’attire vers la foule qui danse déjà, et sans que je m’en rende compte, j’observe déjà les gens autour de nous. Leurs mouvements, les pas de la danse, le rythme de la musique. Mais mon attention se reporte aussitôt vers mon cavalier. Vraiment, je ne peux pas m’en défaire plus que quelques secondes à la fois. He’s just too handsome. Tout naturellement, l’une de mes mains vient se nicher au creux des reins de mon amant, alors que l’autre trouve sa place dans la sienne. J’aime qu’il m’apprenne. C’est étrange. Parfois, j’ai l’impression de tout savoir, ça a quelque chose de blasant. Et lorsque je réalise que ce n’est pas le cas, j’ai faim de savoir. Que l’homme que j’aime peut encore m’apprendre des choses, c’est tellement satisfaisant et important à mes yeux. Je me penche tout légèrement le haut du corps lorsque la main de Niko se pose contre ma nuque. L’habitude, sans doute. À ma taille, on apprend vite à courber l’échine. Mais mon corps se fait vite à la position de la valse. J’écoute ses instructions attentivement, comptant le rythme de la musique, visualisant les pas en étudiant ceux des autres. Je le regarde ensuite dans les yeux et hoche la tête, lui signalant que je suis prêt.

Puis on commence à danser, d’abord un peu maladroitement. Je n’ai pas l’habitude des mouvements calculés et prédéfinis. D’habitude, ça me vient tout seul, selon la musique, selon l’humeur, selon la drogue qui noie mon sang. Mais ce soir on me donne une structure, une cadence fixe, et je n’ai consommé qu’une demi capsule de speed, juste pour me donner un peu de courage, sans plus. Je suis heureux et lucide, en même temps. C’est rafraîchissant. Oui, je me trompe. Je résiste trop fort, pas assez, je manque un temps de musique, je rigole un peu comme un idiot. Mais je suis heureux, et il l’est aussi. Bien vite, mon cerveau se fait à la danse et après quelques minutes à me guider, Niko m’offre de changer de rôle. J’accepte volontiers, raffermissant un peu l’étreinte de ma main contre le bas de son dos. À son signal, je prends la danse. Et là encore, c’est un peu gauche. Le temps de m’y faire, d’apprendre à guider sans être brusque. Il me donne des indices avec ses yeux; il fronce les sourcils quand je pousse trop fort, m’incite à prendre l’initiative lorsque j’hésite. Et bien vite, après quelques rires nerveux, je m’ajuste. Et la musique redevient harmonieuse, mélodieuse, et nos pas s’y fondent parfaitement. Et il est tellement beau, alors qu’il me sourit, ravi de me voir faire. Je lui rends son sourire, me penchant légèrement vers lui pour poser un baiser appuyé et chaud sur sa joue. Au coin de ses lèvres, plutôt.

Éventuellement, la musique s’éteint, la chanson prend fin, et nos mouvements s’arrêtent naturellement. J’ai dû passer une minute à le fixer, un sourire mi-niais pendu à mes lèvres. Mes mains glissent contre son corps jusqu’à retrouver ses hanches et je l’attire contre moi, mes lèvres retrouvant bien vite les siennes. Je l’embrasse tendrement, sans me gêner mais sans insister non plus. Avec douceur. Puis elles se séparent à peine, nos nez s’effleurant toujours. Je lui sourit en coin, mon regard croisant le sien, puis souffle à mi-voix pour que lui seul entende :


    « Merci pour cela, chéri. Merci pour tout. »


Mais la paix n’est jamais éternelle, et alors qu’elle se dissipe, les remords refont surface. Les idées noires, les images, les regrets. Je me dégoûte, parfois. À penser que j’ai pu lui faire cela, que j’ai été assez lâche. C’est un combat éternel. Ma tête qui a appris à raisonner mes actes, et mon âme qui m’en veut toujours à mourir. Sans que je ne puisse le contrôler, mon corps se crispe, mes épaules se tendent, mon regard s’embrume et ma gorge se noue, ma voix serrée et alourdie alors que j’ajoute, en tentant de vain de retenir le flot d’émotions qui s’empare violemment de moi. Je ne veux pas ruiner notre soirée.

    « Merci d’être là, même si je ne le mérite pas. »
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Prophetia
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Ven 7 Sep - 16:17

La magie semble vous entourés ce soir. Vous donner une autre chance, une autre vie, avec tout votre amour conservé. Vous n'êtes pas forcément à votre place ici, et pourtant, ça vous plait. Ca vous renverse presque. Moi, j'en tournerais de l'oeil.

Il y a pourtant cette toute petite phrase. Qui pourrait se conclure par une réponse spontanée, une dispute. Pourquoi pas l'ignorer, simplement. Mais avant que Nikolai n'aie le temps de répondre, quelqu'un vous bouscule, vient crever votre bulle. Et comme si d'un coup tout s'écraser.

Il vous faut donc faire face à ce monde, ce monde que vous aviez presque oublier pour ne vous consacrer qu'à vous. Ce monde qui vous prend un peu de temps, intime, spécial, avec l'autre

Mais dans tout les cas, ça ne résoudra pas cette phrase restée accrochées aux lèvres d'Aurélian. Comme un malaise mit en pause qui s'empire au fil des secondes.
Mauvais timming, monsieur.
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Dim 9 Sep - 10:54

« I'm lost in this dance with you. »
Suspendu à ses bras, il me fait tournoyer dans le plus agréable et enivrant des tourbillons, au rythme de la musique. Ses pas repoussent les miens, et pivotent, tandis que mon corps suit le mouvement qu'il insuffle. C'est tellement différent d'avant, et en même temps, c'est avec un bonheur non dissimulé que je me prête à ce petit jeu. Entre séduction et romantisme, je me perds et mes pas hasardeux vont et viennent avec ceux d'Aurelian. Et ce soir, notre relation ressemble à une valse : il s'approche de moi, et cherche la proximité, et moi, je me recule d'un pas, le regarde dans les yeux, et je renverse les rôles d'un pivot pour finalement me rapprocher de lui à mon tour. On s'échange quelques regards complices et tendres, et on effleure nos peaux au passage. Finalement, la musique ralentit et finit par disparaitre dans l'immensité de la salle, qui se met à applaudir l'orchestre. Aurelian me remercie pour cette danse, et en guise de réponse, je lui adresse un sourire radieux, qui traduit l'euphorie intérieure qui règne en moi. Cette félicité retrouvée qui emplit mon cœur. Mais tout de suite après cela, je sens qu'il devient tendu, et il devient subitement hésitant. Je sens qu'il veut me dire quelque chose, mais ses lèvres contiennent difficilement ce qu'il a sur le coeur. Aurelian n'a pas l'habitude de tourner autour du pot, et généralement, il préfère me dire ce qui le préoccupe avant que je ne le questionne. Et c'est ce qu'il finit par faire. Et cette phrase se mit à résonner dans ma tête. Parce qu'elle réveillait soudainement les craintes et les angoisses que j'avais terré en moi un peu plus tôt. Pourquoi me disait-il ça maintenant ? Était-ce vraiment le lieu et le moment pour remettre ce genre de choses sur le tapis ? Je le regarde, un peu décontenancé par ce qu'il vient de dire, et au moment où j'allais essayer de lui répondre quelque chose, un mec un peu ivre vient nous bousculer lourdement.

Et cela m'arrache violemment à mes pensées, comme un retour brutal et sans amortisseur à la réalité qui se jouait autour de nous. Car avec Aurelian, ça a toujours été comme ça. Mon amour pour lui et son charisme exacerbé me font littéralement oublier le monde qui m'entoure. Absorbé par son magnétisme perpétuel. Extirpé trop violemment des mes pensées, mon regard s'assombrit, puis je me détourne un instant d'Aurelian et me tourne vers ce badaud qui ose troubler ce moment avec Aurelian, aussi étrange était-il devenu. Je lui adresse un regard noir, lourd de jugement, et je m'approche de lui, l'air intimidant. Je le pousse légèrement à l'épaule, et lui ordonne de dégager au plus vite, s'il ne veut pas avoir d'ennuis avec moi. Le gars se confond en excuses ridicules et incompréhensibles, avant de s'en aller en titubant, tout en marmonnant quelque chose. De toute manière, ça m'importait peu. Mais je me sentais contrarié. Pas par ce type ivre. Plutôt parce que qu'Aurelian m'avait dit. La phrase sonnait en boucle dans mon crâne, et je ne savais pas quoi en penser au final. Je me retourne sur Aurelian, le visage un peu renfrogné, et lui attrape la main afin de l'attirer vers le buffet, un peu à l'écart de la foule. On se décale un peu, et arrivé devant la table, j'attrape un petit four au fromage que je mange machinalement tout de suite, sans prendre le temps de la déguster. Sérieusement, j'étais irrité à cet instant. Pourquoi ? Parce que j'aurais voulu qu'on n'en parle plus jamais, et que cette événement finisse par disparaître à tout jamais, oublié. Mais l'irritation laisse place rapidement à une certaine tristesse, une angoisse. C'était sans compter sur la mémoire exceptionnelle d'Aurelian qui, bien évidemment, est incapable de faire abstraction de cette période. Et même si je n'ai pas le don d'hypermnésie comme lui, au fond, j'étais tout aussi incapable d'oublier cette période de ma vie. Parce que j'ai enduré la tristesse et l'absence au delà du raisonnable, et que j'ai sombré si loin que j'ai bien cru ne jamais pouvoir m'en sortir un jour. Alors même sans une mémoire incroyable, je ne peux pas oublier. Et c'est pourquoi mes souvenirs me hantent continuellement. La peur de revenir à cette époque de ma vie. Je fixe la piste de danse, perdu dans mes idées noires, tenant fébrilement la main d'Aurelian. Mais j'essaye de faire bonne figure, j'essaye de ne pas laisser transparaître ce qui me tracasse, même si mon visage semble traduire une certaine tristesse intérieur.

Je reste un instant silencieux, avant de prendre un autre petit four que je lui tends à sa bouche. Il le saisit doucement, alors qu'un petit sourire mélancolique se dessine sur mon visage. Je n'ai pas envie de tout gâcher, mais je n'ai pas envie non plus qu'il continue à s'en vouloir. Et moi, je ne veux plus avoir peur de le perdre à chaque instant. Je veux briser l'épée de Damoclès au dessus de ma tête, et vivre le cœur plus léger. Vivre et aimer tout de suite, sans compromis. Son regard sonde le mien, je le sais, et mon silence soudain l'a sûrement alarmé d'une certaine manière, c'est certain. Alors, tout en lui tenant la main, je l'attire avec moi, un peu à l'écart, car on sera certainement mieux au calme pour discuter tous les deux. Je me dirige vers le balcon le plus proche, accessible par une grande porte vitrée, très haute. Le balcon est assez grand, et il est surtout quasiment désert, à part quelques personnes qui discutent et prennent l'air pour se rafraichir un petit peu. Mais étant un peu l'écart, peu de personnes y viennent visiblement. J'avance jusqu'à la rambarde du balcon, jetant un bref coup d'oeil sur le paysage nocturne, puis je me retourne sur lui, et je prends appui sur la rambarde. Je sais que quelque chose le tracasse, car moi aussi les doutes m'assaillent. Je sais ce qu'il ressent d'une certaine manière, même si au fond, ça doit être bien plus complexe et sombre que ça. Mon regard empli d'éclats s'était éteint au profit de la nuit, et il ne restait dans mes yeux qu'une étrange mélancolie. La réminiscence d'une époque où les choses étaient simples et innocentes. Une époque où on n'avait pas à penser à l'avenir.

    « A propos de ce que tu as dis. T'as pas besoin de me remercier, tu sais. Je t'aime et c'est tout. Même si tu m'as laissé seul pendant presque deux ans, sans nouvelles. Mais c'est pas pour ça que je vais arrêter de t'aimer, là n'est pas la question au fond ... »


Je suspends ma phrase ainsi, comme si elle était inachevée. Et je me rends compte que quand je repense à ça, je deviens amer avec lui. Cette phrase était amère d'ailleurs. Lourde de reproches également. Pourtant, je l'aime passionnément, et j'ai envie d'être avec lui plus que tout au monde. Et bien que j'essaye de me persuader du contraire, au fond, je lui en veux. Je lui en veux car il a cassé quelque chose entre nous, quelque chose de précieux qui me tenait à cœur : c'est la confiance aveugle que j'avais en lui. Car même si j'ai toujours la même dévotion aujourd'hui, quelque chose me manque. Quelque chose qui me permettait d'avoir l'esprit tranquille. Je lui fais toujours confiance, bien évidemment, mais aujourd'hui, j'ai toujours peur qu'il s'en aille, comme il l'a fait il y a déjà deux ans de cela. C'est ma plus grande préoccupation. Parce qu'à présent, je le sens capable de s'enfuir du jour au lendemain, même quand tout va bien entre nous. Comme s'il était devenu imprévisible et insaisissable pour moi. J'aimerais tellement lui en dire plus, mais je veux que ça vienne de lui aussi. Alors, dans mes reproches cachés bien que peu discrets, j'espère le faire réagir. Lui faire comprendre que quelque chose ne va pas, et que cette chose interfère entre nous, de façon malsaine et insidieuse.

    « J't'ai attendu tout ce temps. Alors j'crois que le mérite n'a rien à voir là dedans, Aurelian ... »


Je me fiche de savoir s'il me mérite ou pas. Quoiqu'il fasse, je serais toujours à lui d'une certaine manière. Et même s'il me brise au plus profond de moi, il y aura toujours un fragment de mon être qui lui appartiendra inexorablement. Comme si la marque qu'il a laissé en moi ne pouvait plus disparaître. Ses sentiments sont tatoués en moi, et quoique je dis ou fasse, tout me ramène à lui. Alors oui, c'est vrai, je suis peut être un imbécile de l'accueillir à bras ouverts comme ça, après ce qu'il a fait. Peut être que j'ai tort de vouloir passer l'éponge sur cet événement. Mais je me fiche de ce que les autres peuvent penser de moi. Je continuerais de suivre ce que je juge bon pour moi. Et Aurelian est bon pour moi. Car avec lui, je me sens moi-même, et j'ai l'impression d'être entier. Avec lui, je me retrouve d'une certaine manière.

Je me retourne, lui faisant dos, et je m’appuie sur la rambarde avec mes coudes, bras croisés. Légèrement penché, je regarde ce décor magnifique. Les jardins de Clever Cross en contrebas me rappelle mes retrouvailles avec celui que j'aime. Symboliquement. Un sourire mélancolique se dessine de nouveau sur mon visage. Je me rends compte que j'ai été tellement heureux de le retrouver que je n'ai pas réussi à lui en vouloir. J'ai été tellement heureux d'être avec lui que j'ai préféré occulter cet événement. Parce que je pensais que ce serait bon pour nous deux, et qu'on passerait au dessus de ça sans avoir à en parler. Mais j'avais tort, c'était naïf de croire ça. Comme passer l'éponge sur ça ? Je l'aime éperdument, et je suis prêt à tout pour le garder avec moi. Tout ce qu'il faudra pour qu'il reste avec moi, je le ferais. C'est là mon ultime et absolue dévotion envers lui.
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Aurelian L. Kieser
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Jeu 13 Sep - 3:56



Just don’t give up, I’m working it out.

Please don’t give in, I won’t let you down.

It messed me up, need a second to breathe.

Just keep coming around.


Why the hell did you have to open your mouth?

Aussitôt que les dernières bribes de paroles percent la frontière de mes lèvres, je le regrette. Ce n’est pas que je ne veux pas en parler. C’est inévitable. Si je veux ne serait-ce qu’une chance, qu’une opportunité de rendre Niko heureux et d’être avec lui, il faudra discuter de ces deux années absolument cruciales. Elles font partie intégrante de nos vies. Elles nous ont sculptés, nous ont appris. On ne peut pas juste faire comme si elles ne s’étaient jamais passées, on ne peut pas les effacer et espérer continuer où nous nous sommes laissés. Impossible. Malsain, surtout. Alors oui, je veux en parler. Je veux qu’il me dise tout ce qu’il a sur le cœur, je veux lui expliquer ce qui s’est passé de mon côté, je veux que nous nous comprenions et que nous puissions avancer, sans avoir peur du passé, du présent, du futur. Sans les incertitudes que notre silence impose. Mais là, tout de suite, alors que l’ambiance est à la grâce et l’insouciance, ça n’est pas le moment. J’aurais dû emmener le sujet avant. Ou bien attendre à plus tard. Mais nous devrions être en train de s’amuser, de rigoler, de boire, de se taquiner. Pas de se regarder dans les yeux, l’air lourd, tendu. Maintenant, il est trop tard. J’ai poussé la porte, je dois la passer. Et de toute façon, ma nuque est trop tendue et mes doigts tremblent trop pour que ça ne se voie pas. I fucked it up.

Il a déjà capté que quelque chose ne va pas, de toute façon. Je l’ai vu dans son regard. J’ai vu la surprise, l’incompréhension. J’ai vu ses lèvres se mettre à bouger, mais tout cela s’est interrompu soudainement, c’en est irréel un peu. La bousculade, d’abord. J’en sursaute. Elle m’arrache à ma torpeur, à mes pensées. J’ai du mal à saisir ce qui se passe. C’est confus, presque autant que moi. Puis la réalité revient à moi, brutale, amère. Le nœud au creux de la gorge et de l’estomac, les mains moites et les doigts tremblants. Je vois Nikolaï se retourner brusquement vers le type qui l’a bousculé. Normalement, ç’aurait été à moi de partir en mode protecteur, de l’avertir, de l’envoyer au diable en lui disant de ne plus jamais s’approcher de mon mec. Mais ça ne le fait pas, ce soir. C’est Niko qui s’emporte, qui l’assaillit avant même que le type ai le temps de marmonner ses premières excuses. Il est énervé. Ça se voit, ça se sent. D’habitude, il est clair, mais pas forcément agressif. Mes sourcils se froncent un instant, alors que je fais un pas vers lui. Je n’ai pas le temps de tenter de le calmer qu’il se retourne vers moi, le visage un peu crispé. What’s next? Je scrute ses traits à la recherche d’une réponse, mais il mène, encore une fois. Pas le temps de respirer. Ça me donne mal au torse. Depuis tout à l’heure, que le nœud qui s’y trouver grossit et se raffermit. Il prend des proportions monstrueuses. Et bien vite, je ne pourrai plus retenir la tempête. Ça fait longtemps qu’elle sommeille, qu’elle s’enrage.

Pourquoi il s’approche de la nourriture? Je n’ai pas faim, et lui non plus. Il porte un petit-four à sa bouche, le mâchouille machinalement, sans me lâcher la main. Et je panique, un peu, c’est idiot. Je sens déjà mon cœur battre la chamade contre ma cage thoracique. J’aimerais pouvoir me défaire de l’étreinte insupportable des mots que j’ai à lui dire. Ici et maintenant. Il faut, c’est inexplicable, mais il faut. Le barrage est brisé et tout ce qui retient le torrent, c’est ma volonté. Mes yeux d’olive se fixent un instant l’homme à mes côtés. J’attends ce qu’il va dire, ce qu’il va faire. C’est à son tour de sortir de ses songes; il me présente quelque chose à manger aux lèvres, je le regarde, perplexe, avant d’ouvrir la bouche. Son sourire me faire sourire, même si je n’en ai pas envie. J’ai un peu envie de vomir, avalant péniblement la bouchée fromagée. C’est mécanique, je l’ai mangé pour lui faire plaisir. Et ça ne fonctionne pas, il a toujours l’air aussi triste, contrarié. Putain, je m’en veux. Mes poumons se compriment, j’ai du mal à respirer correctement. Je veux juste en finir avec ces remords qui m’empêcher de dormir. Ça me brûle les lèvres, même si je sais déjà que cela sortira n’importe comment, le moment venu. Nos regard se croisent, se parlent. Et il me comprend, puisqu’il m’entraîne sans un mot vers le balcon. Oui, c’est définitivement ce qu’il y a de mieux.

L’air frais me fouette le visage, m’arrachant presque un soupir de soulagement. Mais j’ai toujours chaud. Je ne me sens pas bien, ni dans mon corps, ni dans ma tête. J’ai cette envie de me sauver, de crier, de m’envoyer valser la tête sur le mur de pierre juste pour sentir autre chose que ce putain de malaise. J’ai envie d’une dose d’héro dans mon sang, pour me stabiliser, pour faire taire le chaos. Il n’en parait rien. Qu’une mâchoire serrée, un nez un peu froncé, les mains tremblantes. Le temps que Niko prend pour se tourner vers la rambarde, je niche mes mains dans les poches de mon pantalon. Mes ongles grattent le tissu nerveusement. Puis il se retourne, me regarde. Avec ces yeux qui me donnent envie de mourir. Il n’y a rien que je déteste plus que la sensation de le décevoir, d’avoir échoué. Je revis la honte, la colère, le désespoir. En capsules, en condensé. Il ouvre la bouche, se met à parler. Parle, parle, parle. Et les mots me piquent, me dardent, font que ma peau s’ondule de dégoût et d’humiliation, que mon ventre se noue solidement. Je comprends tout ce qu’il dit, mais je ne peux pas réagir. Il s’arrête, se retourne, me fait dos. Ne me fait pas dos. Regarde-moi, même si ma propre existence me donne la nausée. Je ne pense plus, soudainement. Ma volonté cède à son tour, mon corps reflétant finalement l’étendue du bordel horrible qui règne en moi. Il tremble sans s’arrêter, sans retenue. J’ai terriblement froid, mais quelques gouttes de sueur coulent dans mon dos, dans mon cou. Je le dis souvent, je n’ai jamais été doué avec les émotions. It’s just too much, so fast. Le peu de conscience qui me reste tente d’organiser mes pensées, alors que ma mâchoire frémit. J’ai besoin d’une seconde, pour respirer. Je me glisse à côté de Niko, sans le toucher, mes doigts se recroquevillant fébrilement à la pierre de la balustrade. J’inspire difficilement. Only he can do that to me.


    « Je suis parti parce que je pensais que tu serais mieux sans moi. Parce que j’ai pensé que si je n’étais pas là, tu aurais pu te sortir de la drogue. Parce que j’ai cru que tu allais crever, Niko. Je… Je peux bien faire ce que je veux de ma vie, la foutre aux poubelles, mais pas la tienne. Parce que tu es précieux, tu comprends? T’es… T’es comme un trésor. Et moi, je voulais te protéger, mais j’avais l’impression de te piller au lieu. À chaque fois qu’on rentrait trop défoncé, à chaque fois que t’as été malade, que tu tremblais trop fort, que tu étais fiévreux. J’ai eu tellement peur. Et j’ai pensé que c’était de ma faute. Tu ne m’aurais pas laissé partir, si je te l’avais dit. Et tu ne m’aurais pas détesté, si je te l’avais dit. Il y avait plus de chances que tu t’en sortes, si tu m’en voulais. Et je… Je… »


J’étouffe dans mes sanglots qui ne veulent pas sortir. Je tousse. Aide-moi, Niko. Ma main vient s’accrocher à la sienne. Ça ne sert à rien, les spasmes ne ralentissent pas

    « Et je suis parti comme un putain de lâche, comme un enfoiré, sans cœur, sans morale. Je t’ai laissé là ce matin, et j’ai été trop idiot pour faire demi-tour. Même si tout en moi me disait de le faire. Même si je savais que ma place était à côté de toi. J’ai préféré faire une overdose que croire que j’ai pu avoir tort. Parce que pour moi, tu allais être mieux sans moi et c’était certain. Parce que pour moi, c’était ça, la preuve de mon amour. Que je te… que je te libère de ma présence toxique. »


Je ne peux plus m’arrêter de parler à présent. Parce que les larmes ont commencé, comme mes mots. Et elles aussi sont incontrôlables, capricieuses. Elles recouvrent mes joues, coulent contre mon menton. Les soubresauts de mon torse cadencent mon débit de voix. Celle-ci est brisée, d’ailleurs. Brasse, rauque, entrecoupée. Je n’ose toujours pas le regarder. J’ai peur de ce que je vais voir dans ses yeux.

    « Il n’y a pas une minute qui passe sans que je m’en veuille à mourir. Il n’y a pas une journée qui passe sans que ça ne m’écrase, de voir à quel point je t’aime. I love you so fucking much. And I need you. J’ai besoin de toi pour être bien, pour respirer, pour sourire, pour avoir envie de voir le soleil se lever. Je ne peux pas l’expliquer... C-Comment je suis heureux de te ravoir près de moi, comment j’ai hâte de voir ce que l’avenir nous réserve, comment je sais que cette fois, on peut s’en sortir ensemble si on le veut. Et… Et… Et je ne peux pas expliquer cette terreur qui m’habite, qui me répète que je ne vaux rien, que tu mérites mieux, qu’il y en a peut-être un autre sur cette planète qui saura mieux t’aimer que moi. Et que si tu veux partir, chéri, tu peux. Parce que je suis indigne de ce que tu m-m’offres. »


J’ose, finalement. Mon regard rougit, humide et pitoyable se plonge dans le sien alors que je lui tiens toujours fermement la main. Je suis une loque. Aime-moi, j’t’en prie.

    «…Mais moi, je ne partirais pas. Jamais. Parce qu’il n’y a qu’avec toi que je suis heureux, comblé. Je veux rester avec toi. Je t’aime. »


Je me tais, finalement. Je ne lui ai pas passé le temps de placer un mot. Et je réclame son silence encore un moment. Je lâche sa main et, d’un pas, je me retrouve derrière lui. Mes bras enlacent sa taille, le collent contre moi, tendrement. Ma tête, alourdie, étourdie, se pose sur le haut de son dos. Et ce n’est que là que mes sanglots se taisent, et que les larmes deviennent silencieuses.

I love you. Forever and always.

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Nikolai L. Valdick
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Sam 15 Sep - 22:13

« Le ciel bleu sur nous peut s'effondrer & la Terre peut bien s'écrouler. Peu m'importe si tu m'aimes. »
Parfois, les mots ne suffisent tout simplement pas à exprimer ce que l'on ressent. C'est une parole sans mots au fond, les sentiments. Même si on essaye à travers nos phrases de faire passer nos véritables émotions, la plupart du temps, les autres ne comprennent pas vraiment cette parole. C'est la parole du cœur, et elle est bien muette dans le monde. Pourtant, c'est bien là le seul moyen qu'on possède afin d'essayer de faire comprendre aux autres ce qui habite notre cœur. Je crois que les mots peuvent blesser foncièrement, comme ils peuvent également panser les blessures de nos âmes parfois tourmentées, voire même très souvent. J'ai toujours essayé de mettre des mots sur ce que je ressentais, comme si c'était facile et évident de décrire nos sentiments. Je crois qu'au fond ça me rassurait de pouvoir mettre le doigt sur ce qui me tracassait. Mais c'était bien illusoire, et au fond, je n'ai jamais réussi à extérioriser les combats intérieurs qui se jouaient en moi. Comment peut-on apprendre à exprimer ses sentiments, alors que nos propres parents ont été incapables de le faire à notre égard ? Je sais que je rejette de façon systématique la faute sur les autres, mais je suis certains que mes parents ont joué un rôle dans la création de ma personnalité si hermétique et secrète. Alors tout naturellement, même si j'aime Aurelian à en mourir, j'ai toujours eu du mal à exprimer l'amour que je ressens pour lui. C'est beaucoup trop fort et puissant pour que je puisse qualifier les sentiments qui dévorent mon cœur. Romance sans paroles. Tout comme la tristesse que j'ai ressenti et le désespoir qui a suivi son départ. Une douleur sans pareil. Car quand il est parti ce jour là, il a emporté un morceau de moi. Il s'est enfui, avec ce qui faisait de moi ce que j'étais. Et sans lui, j'ai du me reconstruire, bien que j'ai cru que la fin du monde frappait à la porte de mon appartement ce jour là. Certes, j'aurais peut être pu être fort, et essayer de passer à autre chose. Me dire que ce n'était qu'une romance passagère, mais passionné, et que je trouverais quelqu'un de mieux. Mais la vérité, c'est que je ne pouvais pas trouver quelqu'un de mieux que lui. Je le savais secrètement, et mes sentiments n'ont jamais faibli à son égard, malgré mes tentatives pour les faire taire. Je finissais par me dire que si je l'oubliais, je finirais par vivre heureux. Mais encore une fois, je n'avais aucune envie de l'oublier. Et ça finissait par me rendre dingue, et par cent fois j'ai cru perdre la raison pour lui. Peut être que j'y ai laissé plus qu'un morceau de moi dans cette histoire, et que dans ce désespoir sans nom, j'ai ruiné ce qui me restait. Et je veux renaître de mes cendres aujourd'hui, avec lui, car je me rends compte que ce sacrifice n'a pas été vain, et qu'aujourd'hui, il est de nouveau avec moi, à mes côtés. J'ai envie d'être avec lui plus que tout au monde, et à mesure que je me reconstruis à ses côtés, je réalise qu'il peut disparaître à chaque instant. Qu'il est peut être éphémère, et que mon emprise sur lui n'a pas plus d'importance que le reste. Alors que mon regard se perd au loin, il vient s'accouder à mes côtés et commence à parler.

Rien n'aurait pu me préparer à cette déclaration sortie de nulle part aux premiers abords. Mais tout semblait venir naturellement, comme si cela était prêt à sortir. Je le regarde, un peu désarmé, et mes lèvres tremblantes restent closes. Impossible de le couper. Et tout sort comme un flot de regrets et de remords. Il me raconte ses raisons, mais aussi ses peurs. Les peurs qu'il a eu de me voir disparaître. Mais pourquoi il me dit ça ? Partir pour me protéger ? Je n'ai jamais autant voulu mourir que lorsqu'il a disparu. Et si mon don n'avait pas été là pour me repêcher à chaque fois, je ne serais certainement pas là, à le regarder fixement. Mes poings se serrent, tout comme ma mâchoire qui se resserre. Arrête, je t'en prie. Et sa main vient chercher la mienne, et sur le coup, j'ai un léger mouvement de recul, mais il me serre fort, et je reste fixe et silencieux. Mon regard l'implore d'en rester là, car c'est plus que je ne peux en supporter. J'ai l'impression que chacun de ses mots font remonter ces deux dernières années, et les ténèbres de mon cœur se libèrent en moi, comme un flot douloureux et torrentiel. La preuve de son amour ? Ses mots résonnent dans ma tête, à mesure que je me décompose au fil de sa tirade. Mon cœur bat tellement vite, au creux de ma poitrine, que j'ai du mal à respirer. J'entrouvre la bouche, lentement, afin de respirer un peu mieux, mais je sens que mes jambes sont faibles. J'ai envie de m'enfuir. Lui ordonner de se taire, car je sais qu'il libère la rancune en moi. Je sens la détresse qui agite mon corps de tout part. C'est un message à l'aide, c'est mon univers qui s'ébranle et qui menace de s'assombrir de nouveau. Pourquoi me parle-t-il comme ça ? Est-ce que j'ai fais quelque chose de mal ? Je vois son regard qui s'embrume de larmes, et j'entends sa voix pleine de sanglots étouffés, et des larmes invisibles coulant derrière le masque de son visage. Je sens ses mains tremblantes. Mais je n'arrive pas à ressaisir, et au lieu de lui venir en aide, je reste muet et aveuglé par mes pensées. Ces souvenirs sombres et malsains. Ces images dérangeantes. Des nuits interminables, des heures douloureuses, où l'alcool et la drogue se mélangent pour le meilleur et pour le pire. Union fatale. Finalement il m'enlace par derrière, et pose sa tête sur mon dos. Mon corps tremble, tandis que je me contiens afin de garder mes larmes. Mais j'ai besoin que ça sorte maintenant, j'ai besoin qu'il comprenne mon désarroi. Je suis désolé Aurelian, mais je ne peux pas me taire. J'aurais voulu être celui qui te vient en aide, quand ça ne va pas, et là maintenant, c'est ce que j'aurais dû faire. Mais je le fais pour nous. Je me retourne et le repousse afin de me libérer de son étreinte, tête baissée. J'ai honte de le repousser à cet instant, et je me dégoûte tellement. Je relève la tête, et entre mes cheveux défaits, on peut apercevoir le flot de larmes qui coulent sur mon visage, alors que ma mâchoire est contractée à son paroxysme, à tel point que mes dents grincent.

    « Pour me sauver ? T'as fais ça pour me sauver ? J'ai failli en crever Aurelian, putain ! Tu comprends ça ? J'avais que toi dans ma vie de merde. J'avais pas de mère, pas de père, pas de famille. Juste toi. T'étais le seul qui m'aimait vraiment pour ce que j'étais, et t'as tout gâché. Tu t'es enfui, et tu m'as laissé seul. Comment t'as pu pensé que j'allais m'en sortir ? Tu m'connais, j'sais pas vivre tout seul. Je sais pas gérer ma vie correctement. Et la drogue j'en ai rien à foutre, j'aurais pu arrêter pour toi. Mais tu m'as jamais rien dis, t'as préféré laissé tomber. Putain de merde … »


Je n'arrive plus à contenir les larmes qui me paraissent être de vraies cascades. Je le regarde, à travers mes sanglots, et à ce moment, une seule chose me vient en tête : je l'aime à en crever. Je me jette sur lui, et je saisis sa chemise entre mes doigts fébriles et tremblants, tout en enfouissant mon visage contre lui. Je serre si fort sa chemise que j'ai mal aux mains, mais j'ai besoin de me raccrocher à lui. J'ai besoin qu'il reste avec moi. J'ai si peur qu'il s'en aille. Je vous en prie, faites qu'il reste avec moi pour toujours. Je vous en conjure. Je n'arrive plus à retenir mes pleurs, et mes sanglots éclatent dans le silence de la nuit. Comme un enfant perdu. Comme un enfant qui n'a pas eu de chance, je pleure, parce que je me souviens de tout. Je me souviens ce qu'il représentait pour moi à l'époque. Ma seule raison de vivre. La seule personne qui a réussi à donner un sens à mon existence non-désirée. Le seul être qui s'est penché sur moi, et qui m'a aimé pour ce que j'étais véritablement. Je m'écarte légèrement, sans le lâcher, et je fixe son regard vert, alors que le mien se noie dans le torrent de larmes. Ma voix tremblante reprend difficilement, secouée d'horribles sanglots incontrôlés.

    « Comment j'peux en être sûr que tu ne partiras plus jamais, hein ? J'suis censé le deviner peut être ? Il y a deux ans, rien ne prédisait ton départ. Et pourtant, tu l'as fais. Alors j'suis censé faire quoi moi dans tout ça ? Dis le moi, parce que moi j'sais plus quoi faire. J'ai peur, Aurelian. J'suis terrifié à l'idée que tu puisses disparaître de nouveau, et ça me ronge littéralement. J'ai besoin que tu sois avec moi. J'ai besoin d'en avoir la certitude. J'ai pas la force de te voir disparaître à nouveau. Parce que … Parce que … »


Les sanglots m'empêchent de terminer ma phrase, et je m'enfouis le visage de nouveau contre lui, pris d'une crise incontrôlée de larmes. Je crois que ça avait juste besoin de sortir. Ma réaction peut bien sembler excessive, mais c'est là le résultat d'une semaine d'angoisse et de stress qui retombe d'un seul coup. Alors forcément, je suis pris dans une crise de larmes, et je déverse ma rancune sur Aurelian de façon injuste sûrement. Mais j'ai besoin de m'exorciser. De libérer ce qui m'habite. Car au fond, je n'en veux pas à Aurelian. Mais pourtant, une certaine rancune persiste en moi malgré tout. Comme une tâche. J'aime trop Aurelian pour lui en vouloir véritablement. Même si son départ m'a détruit, je n'arrive pas à lui en vouloir. C'est idiot non ? Je ne saurais pas l'expliquer, c'est comme ça. C'est parce qu'il est lui, et que je suis moi. Aurelian m'a touché en plein cœur il y a longtemps, et il a pris tellement de place qu'il m'est impossible de voir au delà de lui. Il est tout pour moi. Et quand il est revenu, c'est cette partie de moi qu'il a ramené. Le Nikolaï que j'avais l'habitude d'être auparavant. Mais ce n'est pas ça qui me rend le plus heureux et qui me comble de joie : c'est tout simplement sa présence à mes côtés. C'est dans sa présence que je trouve mon salut. C'est par là que je donne un sens à mon existence. D'ailleurs, Aurelian donne un sens à chaque chose de ma vie, même à ce qui semble le plus anodin. Je me calme légèrement, afin de retrouver ma voix au milieu des larmes et des gémissements. Sans relever la tête, toujours collé contre son torse, je reprends, la voix parcourue de sanglots et larmoyante.

    « Parce que j't'aime comme un cinglé, tout simplement. J'suis fou de toi, et j'ai besoin de toi à mes côtés. J'ai pas envie de partir. Alors je t'interdis de dire que tu ne me mérites pas, ou que tu ne vaux rien, parce que c'est totalement faux. Promets moi que tu ne partiras plus jamais. Jure moi que tu seras avec moi. Parce que c'est tout ce dont j'ai besoin. J'ai juste besoin de toi … »


Je reste un moment silencieux. J'ai des milliers de mots à lui dire. Mais mes pensées s'embrouillent et se diluent, à tel point que je n'arrive plus à réfléchir. Je continue à sangloter doucement contre Aurelian, tandis que mes bras se mettent à l'enlacer, afin de le serrer fort contre moi. Je n'ai pas envie de bouger, je veux juste rester contre lui. Qu'importe ce qui se passe. La fin du monde peut nous emporter, jamais je ne le laisserais. C'est la promesse que je lui fais secrètement. J'ai trouvé en lui mon refuge, mon sanctuaire. Il est le seul qui me comprend et qui m'aime réellement, au plus profond de mon âme. Et je veux que rien n'interfère entre nous. Rien, même pas la drogue, même pas son absence. Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour le garder. Même si là maintenant je suis terrifié. Terrifié parce que je me suis opposé à lui, et que j'ai été dur à son égard. Que j'ai laissé ma rancune s'exprimer, même si je me sens mieux déjà. J'ai peur qu'il se vexe, et qu'il m'abandonne. Toujours la même problématique qui trotte dans ma tête : va-t-il me quitter de nouveau ? Cette soirée aurait pu être parfaite, mais c'était sans compter ce malaise qui nous rongeait tous les deux. Mais peut être était-ce une étape nécessaire. Peut être fallait-il en passer par là afin d'envisager quelque chose de nouveau. Car même si là tout de suite, je ne sais pas ce que cela va donner, la certitude que j'ai, c'est que je veux être avec Aurelian, et faire ma vie avec. Je veux lié mon futur au sien. Ce soir là, il fait froid sur le balcon, et mes larmes sèchent naturellement d'elles mêmes, mon visage fouetté par une légère brise fraîche. Cependant, je ne ressens pas la fraicheur nocturne. Je sens juste la chaleur réconfortante d'Aurelian, son souffle chaud sur moi. Et dans le silence de la nuit, on entend simplement l'orchestre au fond qui joue une autre valse, et mes sanglots lents qui résonnent tristement dans l'atmosphère festive de cette soirée animée.
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Aurelian L. Kieser
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Jeu 20 Sep - 4:27



But I think you could save my life


C’est plus fort que moi. Ces légers sanglots, ces tremblement, ces larmes qui secouent toujours ma carrure normalement si solide, si résiliente. On pourrait me le reprocher. Un mec comme moi, ça ne perd pas contrôle de ses moyens. Ça choisit de ne pas s’exprimer, et puisqu’on s’attend à une telle chose, je n’ai pas le choix de m’y soumettre. Impassible, stoïque, froid, insensible. Sauf quand ça vient à l’agressivité. Là, ça amuse les foules, j’ai le droit. J’ai le droit de perdre patience, de fusiller des yeux, de serrer les poings, de lâcher quelques insultes, d’être dur, amer, cinglant, sarcastique, arrogant ou même de perdre la tête quand je suis trop défoncé en en venir à crier, à frapper, à blesser. Ça, ça passe. Ça surprend un peu, mais c’est possible. C’est l’humanité que j’ai en moi qui dérange les gens. Que je puisse être heureux, que je puisse sourire, que je puisse être blagueur. Mais pire encore. Vision d’horreur, presque dégoûtante. Vision qui fait pitié – même pas de compassion, pire que ça. Je n’ai pas le droit d’être triste. Je n’ai pas le droit d’avoir peur, d’être nerveux. Je n’ai surtout pas le droit de paniquer à la seule idée qu’on m’arrache ma seule raison de vivre. Mes larmes sont comme du poison, on s’en sauve, même moi. Un mec comme moi, ça ne peut pas être désespérément amoureux, à s’en fendre l’âme.

Même Nikolaï a peur. Avec raison, c’est la première fois qu’il me voit comme ça. C’est la première fois que je me vois comme ça. Enfin, non, pas tout à fait. Le soir où j’ai foutu le camp, c’était vaguement semblable. Quand je suis parti, j’avais peur, oui, mais je m’en voulais surtout, et j’étais enragé. Là, alors que mes doigts se referment sur le tissu de la chemise de mon amant comme un enfant enlaçant son doudou, je suis terrorisé. J’ai peur de ce que j’ai dit, j’ai peur de ce qu’il va en penser. J’ai peur de l’avoir effrayé, de l’avoir dégoûté. J’ai peur qu’il ne me reconnaisse pas dans les sentiments que je lui montre, qui sont pourtant totalement les miens. J’ai peur qu’il n’aime pas ma faiblesse, qu’il me reproche, lui aussi, d’être humain parfois. J’ai peur que ce soit lui, cette fois, qui se sauve et qui m’abandonne à mon sort. Franchement, je ne sais pas si j’y survivrai. Et d’y penser me tord encore plus le ventre de remords. Il y a survécu, lui. Il l’a enduré, lui. Peut-être que c’est vraiment tout ce que je mérite, qu’il me fasse vivre le même enfer, la même solitude insupportable. Je le presse un peu plus contre moi, j’effleure sa nuque du bout de mes lèvres. Puis il s’éloigne – ou s’arrache à moi, plutôt. Ses mains contre mon torse me repoussent, je ne résiste pas. Je le regarde droit dans les yeux, mon torse se pinçant une énième fois. Mais il est entièrement en son droit. Même si j’ai terriblement envie de le serrer contre moi, même si j’ai envie d’essuyer ses larmes, de détendre sa mâchoire d’une caresse. C’est à moi de vivre la tempête.

Je le sais. Tout ce que Niko me lance avec hargne en ce moment, je le sais. Et ce sont toutes là les raisons pourquoi je m’en veux tellement d’être parti. Parce que je sais que j’aurais dû y penser plus longtemps. Mes intentions n’ont jamais été mauvaises, loin de là. Je n’ai jamais voulu autre chose que le bien-être de cet homme qui a littéralement changé ma vie. Mais je l’ai anéanti. Je sais comment il est, lorsqu’il est seul, et pourtant j’ai fait abstraction de cela. Pourquoi? Je ne sais pas. Pour faciliter ma fuite, peut-être. Comme un putain de lâche. Si je me disais assez fort qu’il n’avait pas besoin de moi, ça serait le cas. Ou pas. J’ai été un imbécile. Un idiot. Un connard. Un enculé. Je regrette tellement. Je sais que ces années ont servi, au final, et que nous en sommes tous les deux plus forts. Mais à quel prix? We are broken. Il se jette sur moi, s’accroche à moi comme un naufragé l’aurait fait une bouée. Et il pleure. Il pleure si fort que mes propres larmes s’arrêtent. Je veux le consoler, le bercer, lui murmurer à l’oreille que tout ira bien. Je n’ai pas le temps; il lève les yeux et plonge son regard dans le mien. Ses yeux de saphir sont embrumés, légèrement rougis. Sans pouvoir me retenir, j’élève l’une de mes mains à son visage et j’essuie ses joues de mon pouce. En vain, il pleure, toujours. Mais j’avais besoin de le toucher, de lui montrer que je suis là même si je suis muet. I’m right here babe.

Il reprend, s’arrête une nouvelle fois. Et je l’écoute, je le comprends. C’est étrange, mais même si rien de tout cela n’a été expressément dit avant ce soir, je m’y attendais, je le savais. À sa place, moi aussi j’aurais incroyablement peur qu’il parte à nouveau. En toute logique, on peut se dire que si une personne part une fois, elle a le potentiel de recommencer. Et si je n’avais pas été dans ma propre situation, j’aurais pensé la même chose. Mais ça n’est pas cas pour moi. Partir une fois m’a fait réaliser que je ne peux plus le faire sans en crever de douleur. Mes mains caressent ses bras sans insistance, ma tête repose près de la sienne. On se rejoint. C’est idiot, mais dans notre peine à tous les deux, on se retrouve. Je sais qu’il a eu mal, et je le vois. Et il sait que j’ai eu mal aussi. J’embrasse sa tempe alors qu’il se remet à parler. La voix de Nikolaï est plus claire, maintenant, bien qu’encore légèrement hésitante de sanglots contrôlés. Ses mots me sondent, me traversent, me percent. Un fin sourire se trace sur mes lèvres alors que, sans que je ne puisse l’expliquer, des larmes se remettent à perler le long de mes joues. Joie, remords, soulagement, tout cela en même temps. Chaos, encore une fois. Mais cette fois, le chaos n’est plus aussi amer. Il est presque doux, en fait.

Je le laisse pleurer encore un instant. Je suis son mouvement, ses bras autour de ma taille m’autorisant à venir, à mon tour, passer mes mains dans son dos pour le coller un peu plus fermement contre moi. J’écoute sa respiration, son cœur battant furieusement, j’embrasse sa tempe, sa joue, sa mâchoire, mes doigts suivant les lignes des muscles de son dos que je connais par cœur. Finalement, avec douceur, j’éloigne un peu mon visage et accroche son menton des doigts d’une main pour le tourner vers moi. Je trouve son regard, alors que mon pouce trace la courbe de sa lèvre inférieure. Les mots s’échappent d’eux-mêmes. Doux, calmes, chauds, rassurant. Je veux le bercer avec ma voix, qu’il me croit. Parce que c’est vrai.


    « Je ne partirais plus jamais. Je te le jure, je te le promets, sur ma vie. Je ne peux pas partir, je ne veux pas partir. J’ai besoin de toi autant que j’ai besoin d’air, autant que j’ai besoin de mon cœur battant. Le reste, je peux m’en passer. Mais toi… Je ne peux pas me passer de toi. Tu m’appelles, c’est inexplicable. Ton corps… Ton âme. Ma place est avec toi, pour le reste de mes jours. Je veux te rendre heureux, Niko. Je vais te rendre heureux. Je t’aime tellement… »


Et le reste s’enchaîne avec une facilité déconcertante. Mes lèvres qui s’emparent des siennes, scellant ma promesse que je ne regretterai jamais, mes doigts qui s’accrochent à se peau, à ses vêtements, à ses cheveux, le piercing de ma langue qui effleure la sienne. Je me fiche de qui nous voit, je veux juste l'aimer.

Il m’a, et je l’ai.

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Nikolai L. Valdick
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Dim 23 Sep - 11:17

« And I remember when I met him, it was so clear that he was the only one for me. We both knew it, right away. »
Ça aurait dû être une soirée parfaite. Tout avait été pensé et réfléchi dans ce seul et ultime but. Pour une fois depuis bien longtemps, j'étais certain de passer une bonne soirée. Sans alcool, sans drogue, et sans peine. Tout s'annonçait bien. Les tentures colorées, sublimés subtilement par les éclats légèrement tamisés de lumière de la salle de bal, montraient toute la subtilité de la décoration. Le buffet, lui, faisait preuve de beaucoup de raffiné et d'une finesse à toute épreuve dans les plats qu'il proposait. Les gens étaient tous beaux, et leurs pas frénétiques claquaient dans une harmonieuse résonance qui emplissait la salle d'une atmosphère distinguée et joviale, au rythme des cordes qui s'agitent et des notes qui filent et sonnent. Normalement, on devait simplement passer la plus agréable des soirées de notre vie. Quelque chose qui célébrait nos retrouvailles en fait. C'est comme ça que je le voyais. C'était pour moi un nouveau départ, un nouvel élan dans la vie, et un souffle nouveau dans mes sentiments. Quelque chose qui n'existait pas avant. Peut être que nous étions devenus adultes ? Fallait-il qu'on abandonne notre vie décousue d'adolescents paumés et rebelles ? Pendant un instant, j'ai cru que c'était le temps du renouveau, et que cet hiver précoce et trop long pour nous avait enfin pris fin, et que le printemps faisait son apparition. Et à travers ce bal, c'est plus qu'un exercice de mondanité que j'entrevoyais. C'était bien plus qu'une simple soirée parfaite dans un décor onirique au milieu d'une atmosphère légère et joviale. Pour être sincère, j'entrevoyais l'aube de ma nouvelle vie avec Aurelian. Un nouveau départ, comme si ces deux dernières années n'avaient jamais existé, et par là, je voulais faire table rase de mon passé. Peut être passer à autre chose et ravaler ma rancune. Mais j'avais tort. Et ce qui aurait dû être une soirée parfaite s'effondre et se transforme en règlement de comptes en bonne et due forme. Les tentures colorées sont toujours aussi magnifiques, le buffet déborde encore de victuailles, et les pas résonnent toujours de la même façon. Mais nos cœurs trop lourds pèsent à présent, notre légèreté s'est envolé, alors que nos sentiments s'écroulent à nos pieds, brisés et abimés. Des sentiments qu'on avait enrobé d'illusions et de non-dits. Parfois, des souvenirs et des émotions tachés de sang et de larmes, comme les ruines d'une bataille sans perdant ni gagnant. De telle sorte que, de cette soirée, il ne reste déjà plus que des débris de lumière, écrasés et parsemés au milieu des ténèbres de nos cœurs blessés. Et nos larmes, étouffées par la mélodie de l'orchestre, semblent perdre leur sens dans l'euphorie générale ambiante. Pourquoi continuer de jouer la comédie ? Nous sommes bien dans une tragédie, mais notre destin n'est pas encore scellé. Et il n'en tient qu'à nous de forcer le destin ce soir. Ce n'est pas une question de chance, ni de karma. Mais ce soir, nous avons mis nos sentiments à plat, et avons démantelé dramatiquement l'édifice complexe des sentiments qui nous animent. La vérité éclate, et nos illusions s'effondrent en morceaux. C'est le temps des révélations et des confessions. Afin que jamais plus rien ne vienne troubler l'utopie qui existe entre Aurelian et moi.

Et afin de retrouver la félicité qui existait entre nous, Aurelian me fait cette ultime promesse, comme la preuve de sa dévotion silencieuse. Comme la clé à tous les problèmes. Et d'un baiser langoureux, il vient sceller les mots qu'il vient de prononcer dans ma bouche, et à l'intérieur de mon cœur, il enterre cette promesse, comme un dernier appel à la rédemption. L'ultime serment. J'aimerais pouvoir dire que cela m'apaise, mais étonnamment, ces quelques mots agitent mon cœur, et me torturent l'esprit un instant. Qu'est-ce que ça voulait bien dire au fond ? Quelle valeur devrais-je accorder à ces mots ? Je ne devrais pas douter d'Aurelian, mais mes craintes sont vives à cette instant, et me brûlent telles des plaies ouvertes. Je me demande en quoi notre situation est différente de celle d'il y a deux ans. Car au final, peu de choses ont changé. Les drogues sont toujours là, comme un fléau, et continuent de nous ronger inexorablement, à mesure qu'on absorbe les bouffées de fumée ou les cachets en tout genre. J'aimerais croire que cette fois ci les choses seront différentes, et qu'on pourra s'en sortir à deux, ensemble. Mais les doutes m'assaillent, et un scepticisme malsain s'empare de moi, remettant en cause chaque chose. Quelque chose m'aveugle, et je le sens. J'ai conscience que ma vision des choses est altérée et que je ne perçois plus le vrai du faux. Les peurs et les fantasmes se mêlent dans une confusion désagréable et déroutante. Ses lèvres se décollent des miennes, et je reste silencieux, perdu dans un chaos intérieur. Un désordre engendré par cette rancœur sombre et dévorante. Mes larmes se calment, et sèchent d'elles mêmes, alors que mon regard sonde le sien, à la recherche de quelque chose. Je n'en sais rien, peut être un éclat, une lueur, ou une expression. Quelque chose qui me ferait croire sans hésiter à sa promesse. Quelque chose à laquelle je pourrais m'abandonner tout entier. Je balance la tête de gauche à droite, lentement, de façon presque imperceptible, et je m'écarte légèrement de lui, à peine quelques centimètres, afin de mieux l'observer. Mon regard perdu traduit mon état d'esprit désemparé et décousu.

    « Tu me demandes d'y croire ? Après tout ce qui s'est passé, tu voudrais que je te crois sur parole ? »


Mon regard le questionne. J'ai besoin de quelque chose, d'un signe. Besoin qu'on me dise ce que cette promesse vaut. Mais tout semble converger vers le fait que je dois renoncer à cette rancune. Alors que j'essaye de me dédommager de quelque chose, la réponse m'apparait claire soudainement. La seule chose qui me bloque encore, c'est cette peur instable et dévorante en moi. Cette peur engendrée par cette confiance brisée qu'il a laissé derrière lui. Je devrais ramasser les morceaux brisés et les recoller. Car je me rends compte que cette bataille perpétuelle ne peut pas durer, car j'aime trop Aurelian pour ça, et que cela finira pas nous détruire tous les deux. Cette rancœur n'a plus lieu d'être à présent, car même s'il a été la cause d'un grand chagrin, il reste quand même la seule véritable solution. Le seul capable de donner un sens concret à ma vie, et avec lequel j'envisage un avenir. Alors il faudrait que je dépose les armes, et que je fasse tomber cette armure dans laquelle je me suis terré. Je pensais me protéger du monde extérieur, mais au final, je n'ai fais que me renfermer sur moi-même, avec mes propres problèmes comme seul noyau de cette ensemble. Je crois que j'en ai tout simplement assez de me battre. Il y a déjà trop longtemps que je lutte contre le monde, mais aujourd'hui, j'ai décidé de renoncer au combat et de me rendre. Parce que cette fois ci ça n'en vaut pas la peine, et que ma bataille finira par consumer tout ce que j'ai de plus cher au monde. Un long frisson parcourt mon échine, et un soupir de soulagement dégage ma respiration. Je dois rendre ma confiance à Aurelian, et à nous deux, on construira quelque chose de nouveau. C'est ici que mon combat prend fin, et c'est sur Aurelian que j'ai décidé de me reposer. Maintenant, il me faut retrouver mon intégrité. Il me faut reconstruire ces morceaux de moi qui ont été brisé. Et je sais avec certitude que je peux compter sur Aurelian désormais pour cela, car à présent il sera avec moi. A mes côtés, je n'ai plus peur de l'avenir. Une lueur nouvelle éclaire mon regard azuré, et d'une voix tremblante et pleine de larmes, je reprends lentement.

    « J'ai aucune idée jusqu'où ça nous mènera sincèrement. Mais tout ce que je sais, c'est que j'ai envie de croire en toi, d'avoir foi en ta promesse, parce que je t'aime, et que je veux vivre avec toi aussi longtemps qu'il me sera possible de le faire. C'est le pari que je fais ce soir. Celui de vivre la plus parfaite des vies avec toi. C'est ce que je veux plus tout ... »


A peine ma phrase terminée, c'est comme si quelque chose disparaissait. Un poids sur mon cœur. Ces sentiments qu'on avait mis à plat se relève, plus fort et intense que j'avais, car à cet instant précis, je ne pouvais me sentir plus amoureux d'Aurelian. Mon amour débordant chassait les ombres de mon esprit, et le doute n'était plus permis. Ses mots résonnaient en moi comme un glas triomphant et me laissait entrevoir un espoir immense et infini. Comme si les champs des possibilités s'étendaient devant moi à perte de vue. Au milieu des dernières larmes, un léger sourire rassuré se dessine sur mes lèvres tremblantes et hésitantes. Je me colle de nouveau contre lui, dans la plus fusionnel et passionné des étreintes, et mon visage s'enfouit contre lui. Je ferme les yeux un instant, et pour la première fois depuis bien longtemps, mon esprit se vide et je ne pense plus à rien. Les sensation priment sur la pensée, et il n'en résulte qu'un état de léthargie agréable. Blotti contre lui, je réalise qu'il est ce que j'ai de plus précieux dans la vie, et qu'il est tout ce qui m'a manqué dans ma vie. Il a ce rôle de protecteur et de tuteur que mes parents n'ont pas eu. Il a ce rôle d'amant que je ne retrouve chez personne d'autre. Il est mon tout, et ce qui fait que je suis moi de façon intégrale. Mon complémentaire parfait. Mes bras s'agrippent à lui dans cette étreinte, et je reste un instant comme ça. Silencieux et apaisé. Car c'est cette infinie douceur qui prime à ce moment précis. Sans ouvrir les yeux, toujours contre lui, j'entrouvre les lèvres, et je reprends sur ces quelques mots lancés au hasard dans un murmure soulagé.

    « Je veux être avec toi. »


Par ces quelques mots, je reformule le vœu de mon attachement à lui, et je scelle ma décision. Car je crois au fond qu'on ne peut être véritablement heureux que lorsqu'on le décide, et aujourd'hui, j'ai fais le choix d'être heureux. Je ne nierais pas ces deux dernières années, car elles font parties de moi, de nous. Mais à présent, cela n’interférera plus entre nous. Ce soir, en cette heure, j'ai décidé de faire confiance à Aurelian, et c'est ça qui fera la différence. Au fond, c'est la sincérité de sa voix et l'émotion contenu dans ses mots qui m'ont touché. Mes bras s'écartent et mes mains viennent chercher les siennes, tandis que mes doigts se glissent entre les siens. Plus de larmes, plus de cris, et plus de peurs. Ça aurait dû être une soirée parfaite, car nous avons fait de notre mieux afin d'arriver à ce résultat. Au final, cette soirée est bien plus que parfaite. Car peu importe les obstacles qui s'opposent à nous, ce qui compte vraiment, c'est que nous sommes à deux. Ainsi, même si cette conversation est venu assombrir la soirée, elle ne me descendra pas. Au contraire, nous serons plus forts et plus rayonnants. C'est la soirée de la renaissance pour nous deux.
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Aurelian L. Kieser
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Ven 28 Sep - 5:10


No matter how far we’ve come, I can’t wait to see tomorrow
With you.


Je m’accroche à ses lèvres, à notre baiser aussi longtemps que je peux le faire. Parce que je sens que quelque chose cloche et ça me terrorise, rien de moins. Je n’ai pas entendu ce soupir de soulagement échapper à ses poumons, je n’ai pas senti ses épaules se détendre, son corps se presser au mien, son âme se perdre contre la mienne. J’ai peur. Peut-être que ma sincérité ne lui suffit pas, peut-être qu’il est passé à autre chose, peut-être qu’il ne m’aime plus, qu’il en a tout simplement assez de moi et de mon caractère de merde. Mais je ne veux pas que ce soit comme ça, je ne veux pas que ça se finisse. Ne me fait pas ça Niko, j’t’en prie. Tu m’entends? Ne me laisse pas seul. Dis-moi ce qui ne va pas, je t’en supplie. Pourtant, il ne peut pas m’entendre, puisque je ne dis rien. Et lui non plus ne parle pas, pas pour l’instant. Nos corps, eux, se parlent, mais ne semblent pas se comprendre d’une manière aussi fluide que d’habitude. Qu’est-ce qui se passe, mon chéri? Tu es bel et bien là, sous mes doigts, mais je ne te sens pas. . Je n’aime pas te sentir machinal. Wake up baby, come back to me. Mes doigts effleurent doucement la joue de mon amant avant que, à contre cœur, je ne brise notre baiser.

Bien sûr qu’il a du mal à te croire, pauvre con. À quoi je m’attendais? À ce que tout redevienne comme avant, à ce que cette unique promesse suffise à apaiser les tourments des deux dernières années? À sa place, moi aussi, j’aurais peur. Je l’ai fait une fois, je peux très bien le refaire à nouveau, qu’il doit se dire. Et, théoriquement, il n’a pas complètement tort. Dès que l’on fait quelque chose une fois, on a le potentiel de le reproduire. C’est un comportement appris, enregistré dans la mémoire. Mais moi, j’ai appris bien plus que la fuite, lorsque je suis parti. J’ai appris que ma vie n’avait aucun sens sans lui. J’ai appris les remords, la honte, la haine, l’auto-médicamentation, la mutilation, l’envie de crever. J’ai appris qu’il était ma moitié, qu’il me complétait et que, sans lui, je n’étais rien. Qu’une pauvre excuse pour un homme. Un être qui respire à peine, qui n’entend presque plus son cœur battre, qui survis tout juste, sans prendre de plaisir à ce qui doit lui donner l’extase. C’est ce que j’ai appris, quand j’ai quitté ce à quoi je tenais le plus au monde. Il faut qu’il croit en mes mots, c’est tout ce qu’il me reste. Il faut qu’il me fasse confiance, j’en serai digne, je le sais. Je ne veux plus le décevoir.

Et comme je sais que mes mots ne valent plus grand-chose, au point où nous en sommes, je ne dis rien. Je le regarde droit dans les yeux, et alors que mes yeux brillent, presque suppliants, et que mes lèvres trouvent un sourire se voulant rassurant, j’hoche la tête. Oui, je veux que tu me crois. Je veux que tu me donnes une chance, je veux que l’on recommence au début, toi et moi, main dans la main. Je ne le dis pas, il le sait. Il ne lui reste plus qu’à décider, puisqu’au fond, je ne pourrais pas dire quoique ce soit de plus qui pourrait faire pencher la balance en ma faveur. J’ai ouvert mon âme devant lui, j’ai tout dit, tout exprimé. La décision finale lui revient entièrement. Ma vie, mon avenir repose entre ses mains. Je le sens qui débat, en son for intérieur. Il hésite, il est déchiré. Et je le comprends, à sa place aussi, j’aurais des derniers doutes. Je ne peux pas lui en vouloir pour ça. C’est normal, légitime. Et ça m’angoisse, parce qu’une partie de moi sait très bien que je ne mérite peut-être pas son pardon. Mes dents s’accrochent à l’intérieur de ma joue, quelques secondes à peine. Puis je vois ses yeux briller, sa voix se serrer alors qu’il parle à nouveau. Mais cette fois, c’est de la musique à mes oreilles. Une mélodie annonciatrice d’une nouvelle vie qui commence. Une vie où je suis avec lui, où il n’est pas qu’un rêve, mais une réalité.

Je lui souris tendrement, sans oser dire un mot. Je l’ai déjà dit, mais nous n’avons pas besoin de la parole. Je comprends exactement ce qu’il veut dire, lorsque sa tête vient reposer doucement sur mon torse, lorsque ses doigts s’accrochent à mon dos. Et il sait exactement ce que je veux dire, pendant que mes mains caressent son dos et sa nuque, pendant que mes lèvres effleurent à peine son oreille. Je t’aime, plus que je ne l’aurais jamais cru possible. Ma pause sur la peau de son cou m’indique qu’il est soudainement plus calme, apaisé. C’est moi qui lui fais ça. J’en suis capable. J’ai encore un peu de mal à y croire, mais c’est vrai. Je peux le rendre heureux, j’y crois maintenant. Je garde Nikolaï contre moi encore un instant, le berçant avec calme et douceur, sans le brusquer. Il veut être avec moi. Je ne retiens pas un soupir de soulagement, de bien-être, avant de lui répondre sans y penser une seconde.


    « Je veux être avec toi aussi, Niko. C’est… C’est un peu idiot dit comme ça, mais… Je veux vivre vieux avec toi, tu comprends. Je veux que tu sois là, tout le temps, longtemps, à chaque étape de nos vies ensemble. »


Nos doigts s’enlacent, mon sourire s’élargit, et je peux finalement le regarder dans les yeux. Il est beau, sensuel, attendrissant. Je me risque à dire, une pointe d’humour dans la voix alors que je ne le quitte pas du regard, souriant toujours :

    « J’offre une autre coupe de champagne à Monsieur, ou bien en a-t-il assez, des mondanités? »


Peu importe, en fait, ce qu’on fait. Il est avec moi. Je suis amoureux, heureux.

Je n’ai jamais été aussi choyé de toute ma vie.
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Dim 30 Sep - 20:31

« We’ll shine so bright like the city lights when you’re by my side. »
J'ai toujours cru que le manque d'amour était une malédiction sur moi. N'ayant pas connu ces sentiments dans mon enfance, j'ai longtemps pensé que j'étais incapable de ressentir quelque chose pour quelqu'un. Comme si on ne m'avait pas appris à aimer. Pourtant, j'ai toujours admiré cette dévotion aveugle, ce sacrifice tendre et entier qu'est l'amour. Cette façon dont les personnes oublient leur amour propre, et se donnent intégralement. Sûrement aussi cette façon dont les gens se regardent quand ils s'aiment. C'est quelque chose qui les illumine, et qui sublime leur visage. Un doux aura chaleureux qui les englobe, et les absorbe tout entier. Ils irradient, et de façon inexplicable, je les trouve magnifiques. Les gens amoureux sont définitivement beaux. Et pour s'en persuader, il suffit de se plonger dans le regard d'un homme amoureux pour réaliser que c'est cette lueur folle dans ses yeux qui le rend magnifique. C'est à travers son regard passionné qu'on peut prendre conscience de ça je crois. Moi, je croyais être démuni de cette passion. Pour moi, il n'y avait pas de lumière dans mes yeux bleu azur. Comme si personne ne pouvait trouver grâce à mes yeux. Et dans ce monde où l'amour semble être un des vecteurs du bonheur, je perdais pied, et je n'arrivais pas à trouver un sens à tout ça. Des garçons et des filles, tous différents, plus ou moins beaux, plus ou moins sexy. J'ai vu des visages, et des regards. Des peaux contre la mienne, et des lèvres dans mon cou. J'ai scruté des centaines de regard, à la recherche de cette lueur de passion. Mais rien ne bougeait. Le monde avançait, je grandissais, et je ne trouvais toujours rien qui pourrait satisfaire ma quête. Je voyais toujours le regard des amants, sans pour autant les comprendre. Toujours cette fascination malsaine pour ce que je n'arrivais pas à comprendre. Peut être je finirais par l'aimer si j'étais complètement ivre ? Avec un peu de drogue, ça finira bien par m'arriver. Mais c'était peine perdue, et ma vie ressemblait tristement à un film en noir et blanc, sans couleur et sans saveur. Je ne pouvais qu'être spectateur d'un monde qui me filait inexorablement entre les doigts, et dont la substantifique moelle m'échappait à chaque instant.

Et un jour, il m'a bousculé au milieu de la foule, l'air de rien. Il m'a fait renverser un peu de mon verre sur mon poignet, et je me souviens encore de mon odeur de vodka-orange. J'ai tourné la tête brièvement, et sûrement lâché par la même occasion un juron en allemand. Scheiße. Je n'ai pas croisé son regard, et dans mon ivresse habituelle, j'ai détourné mon attention. Mais ce n'était pas le cas pour lui, et peu après, il s'approche de nouveau de moi, commence à me coller. Je le repousse d'un air agacé. Qu'est-ce qu'il me voulait au juste ? Son entêtement m'agace autant qu'il me fascine, mais je m'obstine à l'ignorer, sans lui adresser un regard. Et comme s'il en avait marre de me courir après, il saisit mon poignet collant, senteur vodka-orange, et me tire vers lui. Et c'est là que j'ai aperçu son regard envoûtant, couleur olive, et dans lequel j'ai abandonné mon âme l'espace d'un instant. Je l'ai d'abord trouvé mystérieusement charmant, et sans comprendre très bien comment, on s'est retrouvé à baiser dans les toilettes. Je crois qu'on aurait pu en rester là, mais son regard me poursuivait, et prit d'une passion dévorante, j'avais besoin de le revoir encore. Jour après jour, nui après nuit. Jusqu'au jour où j'ai pris conscience que son regard brillait de cette lueur magnifique que j'ai tant cherché. Et dans mon regard azuré, je compris qu'il avait trouvé grâce auprès de moi, et qu'il était devenu plus important que tout ce que j'avais connu auparavant. Il était la preuve que je pouvais aimer. Je n'aurais jamais cru le être toujours avec lui, plus de deux ans après cette rencontre.

Et là je repose contre lui, fatigué d'avoir lutté autant de temps. Mais aujourd'hui je sais que je peux trouver le repos dans ses bras, et je lui fais confiance. Je sais qu'il sera là pour moi, et que le combat prend fin ici, ce soir. Je n'aurais plus besoin d'être sur la défensive, de me cacher derrière mon don, et faire face au monde comme s'il était foncièrement hostile. J'ai trop longtemps lutté contre le monde, pensant que je n'étais pas fais pour y vivre, et que le monde ne m'acceptait pas. Mélange de crise identitaire sur fond de paranoïa. Je m'écarte légèrement de lui, tire un peu sur ma manche de veste, et essuie mon visage humide d'avoir trop pleuré. Mon regard bleu doit être entaché de rouge à cause de larmes. Je respire un grand coup, sentant l'air frais de la nuit emplir mes poumons, et je relâche un dernier soupir de soulagement. Je tends ma manche vers son visage, et j’essuie ses joues humides également, tandis qu'un sourire se redessine sur mon visage. Une illumination nouvelle, et de nouveau cette lueur ardente dans nos regards encore humides. Dans ses yeux olives, je retrouve ce qui m'a toujours séduit. Ce quelque chose d'inexplicable, mais de mystérieusement envoutant. Il me propose un autre verre, mais je suis déjà ivre de lui à cette instant. Il me donne envie de fuir le monde, de courir au loin, afin de l'avoir pour moi tout seul. Jalousement. Il me donne envie de me donner entièrement à lui. Je n'ai pas envie de me partager. Je ne pas envie de le partager. Deux unités qui n'en forment qu'une. La plus belle des harmonies. Je fais dos au vide, et je prends appui sur la rembarre derrière moi, et j'attrape la cravate d'Aurelian. De cette manière, je le tire vers moi, et je le saisis par le col pour l'embrasser avec passion. En vérité, j'en ai rien à faire de ces mondanités. Les gens peuvent bien en penser ce qu'ils veulent. Tout ce que je sais, c'est que ma passion pour lui est grandissante. Je m'écarte de quelques centimètres, mon front contre le sien, nos lèvres si proches que je sens son souffle.

    « J'ai bien d'autres projets en tête, mais je crois que ça devra attendre. Alors allons-y pour une coupe de champagne, ce sera avec plaisir. »


M'enfuir avec lui, et disparaître. Vivre ma vie avec lui, et ne plus penser à autre chose. Me dédier entièrement à lui, et le rendre heureux. L'aimer plus qu'il n'en faut, et rester dans ses bras à chaque instant. Lui faire l'amour sur un coup de tête. Être ivre et tituber avec lui. Autant de choses que je veux faire avec lui. En fait, ça serait trop long d'énumérer toutes les choses que je voudrais faire avec lui. Tout simplement, j'aimerais faire ma vie avec Aurelian. Je crois que c'est la façon la plus claire et précise de résumer ce que je veux faire avec lui. Je saisis sa main, et je m'élance en prenant appui sur la rembarre pour me redresser. Je l'attire vers la salle. Je crois qu'il est temps de se mélanger de nouveau à la foule, de retrouver le monde qui continue de vivre autour de nous. Nous aussi, nous allons reprendre notre vie à deux. Nous allons pas simplement reprendre là où nous nous sommes arrêtés il y a deux ans. Nous allons recommencer, et tout reprendre. C'est simplement affaire de temps. C'est un nouveau départ, et pas une simple continuité. Et j'ai confiance en nous : nous serons plus forts que les obstacles cette fois ci. Et nous serons faire face tous les deux. On ouvre la baie vitrée, et on entre de nouveau dans la chaleur et la lumière de la salle, baignée d'euphorie et de sons plaisants. Un fond sonore entre orchestre, claquements de pas, et rires croisés. Je suis Aurelian jusqu'au buffet où il saisit deux coupes givrées de champagne, avant de m'en tendre un. Je lève doucement mon verre, en le regardant dans les yeux, un léger sourire sur mon visage apaisé.

    « On prend les mêmes, et on recommence ? »


Mon sourire espiègle l'invite au plaisir avec moi. Juste le plaisir de l'instant. Je crois que maintenant on peut profiter pleinement de notre soirée, sans se soucier d'autres choses. Prendre ça comme un nouveau départ, et apprécier l'avenir qui s'étend devant nous, avec le champ des possibilités qu'il nous offre. La soirée monte crescendo, à mesure que les rythmes s'accélèrent. Les éclats de rire volent à travers la pièce, et des mains baladeuses commencent à se dévoiler. C'est l'euphorie générale, et la soirée semble infinie. J'entrechoque légèrement ma coupe de champagne contre celle d'Aurelian, sans le quitter des yeux, et d'un air aguicheur, je porte à mes lèvres la coupe tout en commençant à la siroter lentement, le champagne étant véritablement très frais. Les bulles et le froid m'arrachent un frisson de plaisir et de fraicheur. Quelque chose de magique, quelque chose qui m'avait profondément manqué. Et à cet instant précis, au moment où je buvais cette coupe de champagne, que je retrouvais cette lueur des premiers jours. Et son regard olive, séduisant et charmeur, avait retrouvé son mystère de la première fois. Et je me sens tomber de nouveau amoureux.
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Prophetia
Prophetia


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Lun 1 Oct - 9:13

A peine vous voilà à l'intérieur, des coupes de champagnes délicatement tenues entre les doigts d'Aurélian, tout justes remplies, que la salle entière est plongée dans le noir. Le beau prince n'a pas eu le temps de tendre la coupe à son amant, ils ne peuvent pas trinquer à leur nouveau départ imminent. Quelques uns s'agitent, d'autres sont justes surpris. Aurélian, tu fais partis de cette seconde catégorie. Nikolaï, malheureusement, tu tiens plutôt de la seconde.

Mais la voix du directeur allemand vous rassure, vous somme de retourner sur le balcon pour une fin de soirée prometteuse : Un feu d'artifice. Parfait. Alors que tu te décides à escorter Nikolaï dehors en le prenant par le bras, gardant précieusement ton breuvage alcolisé pour trinquer au rythme des fusée, le Springtie semble tendu. Cela ne te rappellerait-il pas un mauvais souvenir ? Quelque chose qui a eu lieu en Russie ?

Aurélian reprend donc la suite du sujet, en insistant auprès de Nikolaï qu'il faut sortir, de toutes façons, les professeurs vérifient que vous vous dirigez vers le balcon.
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Aurelian L. Kieser
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Jeu 4 Oct - 4:16



You know that I will save you from all of the unclean.


C’est la première fois depuis deux ans et des poussières que je n’ai pas peur de le laisser fuir mes bras. Parce que je sais qu’il y reviendra bien vite. Je sais que c’est presque illogique pour moi d’avoir ressenti cette peur qu’il me quitte à son tour. C’est moi qui y est parti, initialement, sa peur était beaucoup plus légitime que la mienne en un sens. Mais ma paranoïa s’y mettait. Juste retour de ce que j’ai pu lui faire vivre, après tout. Et je me suis souvent demandé qui voudrait d’un homme qui l’a déjà abandonné. Mais maintenant, le temps des doutes est terminé. Pour lui et pour moi. Nous pouvons avancer avec l’espoir que ce qui nous attend est encore plus beau que ce que nous avons déjà vécu. Je vois ses yeux qui brillent, non seulement des larmes qu’il a pu pleurer, mais de cette lueur tendre, douce et vraie. Cette même lueur qui éclaire sans aucun doute mon propre regard. Cet amour n’est jamais vraiment disparu, malgré la séparation, mais aujourd’hui, il est plus fort qu’il ne l’a jamais été auparavant. J’esquisse un sourire lorsqu’il vient essuyer mes joues humides de larmes du bord de sa manche, sans le quitter des yeux. Il est parfait pour moi, je n’arrive même pas à l’expliquer, moi qui sait tout, qui rationnalise, qui connaît. Je ne veux pas savoir pourquoi c’est ainsi, je veux juste le vivre. Avec lui à mes côtés, pour toujours.

Et quand ses doigts enserrent doucement ma cravate et qu’il m’attire contre lui… et que ses yeux se fixent dans les miens… Hm. Je sais qu’il faut que je reste sage, c’est lui qui me l’a demandé. Et moi aussi, j’ai envie de faire les choses « comme il faut », en quelque sorte. Niko et moi, ça a toujours été une question d’instinct, de désirs à assouvir. Et même si ce soir, j’ai envie de faire taire cette partie de moi, pour nous deux, le naturel a drôlement envie de revenir au galop. Et pas qu’un peu. Je sais exactement ce qui m’attend, alors que je m’approche de lui, l’une de mes mains lui caressant fermement la taille avant de se nicher au creux de ses reins et que l’autre effleure son cou et la mâchoire du bout des doigts. La chaleur dans mon ventre ne ment pas, je reconnais les signaux puisqu’il ne passe pas quinze minutes en sa compagnie sans que je ne les ressente. Voûtant un peu mes épaules et me penchant pour lui éviter de se mettre sur le bout de ses pieds, un sourire s’accroche au coin de mes lèvres. Sourire avide, amoureux, impatient. Je n’ai pas le temps de le faire patienter qu’il tire sur mon collet, ses lèvres se pressant fiévreusement aux miennes. Je lâche un bref soupir, fermant les yeux pour mieux apprécier le goût de ce baiser. Puis il se brise. Mes paupières s’ouvrent alors que son souffle colle à mon cou. Il me rend dingue. Complètement fou. Le bout de mes doigts se glisse dans ses cheveux, à peine, juste pour les toucher.

Il m’assure d’une promesse sous-entendue que la soirée ne fait que commencer, et j’hoche la tête à son signal. Champagne it is. Ça va me ramener sur terre un peu, me sortir de cette bulle irréelle dans laquelle je m’étais enfermée avec mon mec. Pas que j’y suis mal à l’aise, loin de là. Mais le temps ne s’est pas vraiment arrêté, même si on en aurait l’impression, et le bal continue. Il me prend la main, il se redresse et nous nous dirigeons vers la salle principale, ouvrant les grandes portes-fenêtres. En gentleman, je passe d’abord pour lui tenir la porte ouverte. Je sais qu’il apprécie le geste, même s’il ne le dit pas nécessairement. Ça se voit dans ses yeux. Comme il aime quand je le devance au buffet pour prendre les deux flûtes froides. Il prend celle que je lui tends avec un sourire… Ou pas. Quelque chose m’empêche de lui donner ce verre qui, au fond, vaut bien plus que juste à souligner une bonne soirée. C’est la flûte salvatrice et annonciatrice de meilleurs temps. C’est celle qui lui jure, au même titre que mes mots, que je vais tout faire pour le rendre heureux et que tout cela n’est que le commencement de la plus belle des aventures. Il fait nuit noir, à présent. Autour, on pousse quelques exclamations de surprises, quelques jurons étouffés, même quelques rires nerveux. Moi, je ne fais rien de tout cela. Si on voyait mon visage, personne n’y traduirait rien. Sauf que je me demande. J’analyse, je questionne. Qu’est-ce qui peut bien causer cette panne soudaine, abrupte?

Je n’ai pas le temps de dire un mot à Niko qu’on nous annonce qu’il faut sortir sur le balcon. Des feux d’artifices? Pourquoi pas. Ça immortaliserait bien la soirée. Et puis ça pourrait bien nous donner le signal pour aller continuer la nuit ailleurs. Un sourire fin effleure mes lèvres alors que je tends mon bras contre celui de Niko, lui donnant finalement sa coupe dans sa main libre. Mais il ne veut pas bouger, on dirait. Il ne dit rien. Les sourcils froncés, je tente d’apercevoir son visage dans la pénombre. Les rayons de la lune réussissent à éclairer légèrement le visage de mon amant. Pas de doute, il est tendu, nerveux. Voire triste. Mais qu’est-ce qui… Ah. Évidemment. Je ne retiens pas un léger soupir compatissant alors que mon bras glisse du sien à son dos pour l’enlacer tendrement, le pressant contre le creux de mon épaule. J’embrasse ses cheveux puis son front et, d’une voix calme, chaude, rassurante, celle que presque personne n’entend, je lui murmure :


    « Je suis là, mon cœur. Je ne laisserai rien arriver. »


Les gens se mobilisent, on se dirige vers le balcon comme c’est indiqué. Je fais quelques pas vers l’avant, l’entraînant doucement avec moi. Je ne veux pas qu’il pense à Synchro. Personne ne lui fera de mal. Je lui parle toujours à l’oreille, penché vers lui.

    «On va prendre l’air encore un peu. Et après… Après, tu décides où tu veux nous entraîner. »


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Nikolai L. Valdick
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Jeu 11 Oct - 19:11

« All I have, I will give to you. I will give you me, and we'll be us. »
J'ai toujours essayé de prendre sur moi. A chaque événement facheux de ma vie, j'ai fais face et j'ai essayé de rester digne face à l'adversité. Quand Aurelian m'a quitté, quand j'ai sombré dans la drogue, quand Synchronicity s'est écroulé. J'ai toujours pris sur moi, pensant que je pourrais être assez fort pour tout supporter. Malheureusement, c'était plus facile à dire qu'à faire, et même si en surface tout semblait être au calme, au fond, c'était le chaos qui animait mon esprit torturé. Dès que je me retrouvais seul, c'était pour mieux retrouver mes vieux souvenirs persistants. Autant de tortures psychologiques. J'ai toujours pensé qu'il valait mieux ne dépendre de personne et rester indépendant au possible. Aussi, je me suis mis en tête de ne pas m'attacher aux choses et aux gens, tout simplement. C'était une évidence. J'ai tellement peu attaché d'importance aux choses que j'en suis même arrivé au point de négliger la vie. Chose que je regrette à l'heure actuelle. Jusqu'au jour où j'ai rencontré Aurelian, et depuis ce jour là, il est devenu mon soutien. A chaque fois que je fléchis, je sais que je peux compter sur lui pour me soutenir. Et aujourd'hui, le retrouver semble donner un nouveau sens à ma vie. Tout semblait rentrer dans l'ordre. Nos peurs et nos doutes s'envolaient à mesure qu'on passait du temps ensemble, et notre discussion sur le balcon avait terminé d'apaiser nos coeurs tourmentés et un peu trop lourds. Cette soirée parfaite pouvait reprendre son cours comme si rien ne s'était passé. Nous pouvions nous réintroduire au milieu de cette ambiance festive et légère. Mon regard se plonge dans le sien, et à peine ai-je eu le temps de porter un toast avec lui que les vieux démons reprennent du service.

Et c'est là que les lumières se sont éteintes subitement, laissant la salle plongée dans une obscurité tout relative, baignée d'une lueur blême et argentée. Mon cœur s'est comme arrêté, et mon corps se fige en quelques secondes. Tellement fort que j'ai eu peur de briser la coupe de champagne entre mes doigts. Cette sensation de pression sur la poitrine, et cette impression que le sang se glace dans nos veines. C'est une angoisse éclair qui s'élève en moi, une montée soudaine et désagréable d'adrénaline. Je détourne mon regard d'Aurelian, et je contemple la salle obscure. Mes pupilles cherchent désespérément un mal qui n'existe pas, et cherchent à se rassurer. Rien ne se passe, et pourtant des cris, des mouvements désordonnés, et une première détonation sourde venant de l'extérieur. Je ravale de justesse un cri, tandis que je me mets à trembler nerveusement de tout mon corps. A cet instant, je ne vois plus la splendide salle, cette lueur argentée et les gens qui se pressent vers le balcon. Sous mes yeux se déroulent la rétrospective d'un événement malheureux et traumatisant qui n'a jamais véritablement quitté mon esprit. Cet attentat monstrueux qui a fauché tellement de vies, mais aussi une morceau de moi. Un morceau de moi que je ne pourrais jamais récupéré. J'ai beau essayé de me raisonner intérieurement, et de me persuader qu'il n'y a absolument rien de préoccupant. Tout semblait absolument sous contrôle du directeur de Virtus Insania. Pourtant je ne pouvais m'empêcher d'être nerveux. Un frisson glacial parcourt mon échine, tandis que mon coeur bat à tout rompre. Je respire lentement, et j'essaye de me calmer.

Mais cela semble bien difficile en réalité. Les images défilent dans ma tête, avec une précision déroutante, et l'amalgame entre réalité et fiction se fait facilement. Je revois des visages, et parfois même des corps. Quelques cris d'horreur, et des détonations assourdissantes. Je repense à cette terrible odeur de poudre brûlée, et de fumée, mélangée à la poussière étouffante et dense. Je me souviens aussi des flux de karma qui s'emballaient, parfois se brisaient subitement. Toutes ces vies arrachés en quelques minutes. Quelques minutes cauchemardesque qui semblent gravées dans ma tête à tout jamais. J'ai longtemps crû que je n'avais pas mérité de survivre. Je ne comprenais pas pourquoi je méritais plus de vivre qu'un autre. Au fond, la vraie question qui me hantait, c'était ça. Pourquoi moi ? Pourquoi tant d'autres personnes n'ont pas survécus, alors que moi, caché derrière mon dos, j'ai réussi à fuir indemne ? De quel droit puis-je m'accorder cette immunité face à la mort ? Je m'en voulais terriblement. Et des réflexions terribles me venaient en tête : ainsi, la mort ne serait-elle qu'une question de chance ? Est-ce qu'on meurt tout simplement parce qu'on se trouve au mauvais endroit au mauvais moment ? Perdu dans l'incompréhension et le traumatisme de l'attentat, j'ai voulu fuir cette réalité. Car cette fois ci, je ne me sentais pas capable d'affronter seul la situation. Pour la première fois de ma vie, j'étais devenu hostile face à moi-même et à mon don. Je pensais avoir trouvé un équilibre à Synchronicité, mais au final, cet attentat a tout détruit et j'ai fini par détester celui que j'étais. Au point de me renfermer sur moi même et de fuir ce que j'avais l'habitude d'être, laissant derrière mon don que je considérais comme une terrible injustice.

Mais je ne suis pas seul cette fois ci, et Aurelian se presse contre moi pour me murmurer à l'oreille que tout ira bien et que je n'ai pas besoin de m'inquiéter. Aussitôt sa voix m'arrache de mes horribles pensées. Je me retourne brusquement sur lui, et mon regard angoissé croise ses yeux verts, toujours aussi rassurants et magnétiques. J'aimerais lui dire quelque chose, mais mes lèvres restent figées. Mais son regard apaise mes craintes. Sa voix m'invite à me calmer, et doucement, je reprends le contrôle de moi même. Les images se calment, et comme si mon esprit se vidait, je reste un instant silencieux et immobile. A la suite de ça, je relêche un soupir, et me colle un peu plus contre Aurelian. Je réussis à murmurer quelque chose, la voix un peu tremblante malgré tout.

    « T'en fais pas, ça va. J'ai été un peu surpris, je crois ... J'me sens pas à l'aise, mais ça va passer. »


Entre temps, j'avais fermé les yeux, comme pourne pas percevoir le monde qui m'entoure. C'était ma façon de me poser et de me calmer. Je me décide à me reculer d'Aurelian, et d'un air un peu inquiet, je jette un coup d'œil de nouveau autour de moi. La foule s'était calmée elle aussi, et se dirigeait déjà à l'extérieur afin d'apprécier le spectacle de plein-air. La salle se vide doucement ai rythme des explosions. Aurelian m'indique qu'il faut qu'on sorte nous aussi. Je lui adresse un timide sourire, puis en saisissant sa main, nous nous dirigeons vers l'extérieur.

Dehors, le ciel noir est éclairé de myriades d'étincelles colorées. Les feux d'artifices explosaient en cadence avant de s'épanouir dans le ciel, tout en s'évanouissant lentement. Les lumières éclataient avec puissance et fracas, faisant vibrer les cœurs et laissant échapper quelques mots d'admiration. Je me sens encore un peu tendu, mais à mesure que les secondes passent, je me sens de moins en moins mal à l'aise. Je retrouve lentement une certain forme de sérénité, même si je reste quelque peu tendu quand même. Je crois que le feu d'artifice commence à me changer les idées, et doucement, mon corps se relâche à son tour. Cependant quelque chose de malsain, comme un arrière goût amer, plane autour de moi. Je sens quelques variations du karma, mais rien de bien significative. Je crois que je m'en fais trop et que je me prends la tête aussi. Je décide donc d'apprécier le moment, pendu aux bras d'Aurelian, tenant ma coupe de champagne à peine entamé. Je me retourne sur lui, regardant avec tendresse son beau visage éclairé de milles couleurs et d'étoiles. Ses yeux luisent mystérieusement dans cette ambiance sombre mais colorée. Je tire un peu sur sa manche pour attirer son attention quelques instants sur moi, le détournant du spectacle de feu.

    « Tu m'as manqué. »


Une phrase toute simple, juste murmurée entre deux explosions. Mais cela signifiait énormément. Cela signifiait que j'avais retrouvé celui que j'ai toujours aimé, et j'espère que ça durera encore longtemps. Aujourd'hui, je veux profiter de chaque instant à ses côtés, sans m'encombrer de ce qui peut bien arriver autour de nous. Les feux explosent dans le ciel, dans un fracas assourdissant, et les lumières miroitent de façon infini sur la surface de la Loire calme et argentée. Et moi je me dresse doucement sur la pointe des pieds afin de déposer un baiser à la commissure de lèvres de celui que j'aime.

Sujet terminé.
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