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 Lost in nowhere (libre)

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Sasha Nortan
Sasha Nortan
Fidei


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Ven 27 Avr - 15:37

C’était une radieuse journée. Dehors, il faisait beau, ce qui était inespéré vu la saison incertaine. D’ailleurs, peut-être que la pluie allait faire son apparition un peu plus tard. Tu aimais bien la pluie. C’était agréable de marcher dessous. Mais peut-être que Theo te gronderait. Tu fis une petite moue à cette pensée. Il te grondait toujours quand tu ne mettais pas un bon pull.

Avançant tranquillement dans les couloirs, tu souriais écoutant un de tes camarades te raconter sa nuit palpitante avec enthousiasme. Tu l’entendais, tu le regardais mais tu n’étais pas vraiment là. Parce que dehors il faisait beau et que quoiqu’il se passe, ton regard dérivait toujours vers l’extérieur. Au détour d’un couloir, un papillon se glissa à l’intérieur et commença de voleter tranquillement dans le couloir, passant sous ton nez.

« Ah ! Attends ! »

Oubliant complètement ton camarade, tu te mis à suivre le papillon. Tu étais comme ça. Distrait pas des petites choses. Mais tu le trouvais joli ce papillon. Doucement, en zigzaguant les mains croisées dans ton dos, tu le suivais en souriant.

« Il est joli, hein Théo. »

Tu regardais dans le vide à coté de toi. Tes yeux ne voyaient rien. Mais ton esprit y croyait dur comme fer. C’était ce qui te rendait si bizarre aux yeux des autres, malgré tes sourires et ton joli minois. Certains avaient su s’en accommoder mais d’autre murmurait dans ton dos que tu n’étais pas tout juste. Un peu timbré. Tant pis. Ca ne te faisait rien.
Poursuivant le papillon, tu t’étais laissé entrainer dans des couloirs qui t’étaient inconnus jusqu’à maintenant. Le nez en l’air, les yeux fixés sur les ailes multicolores de l’insecte, tu le laisses te guider, te perdre un peu plus dans cette école mystérieuse. Ton cours ? Tu avais déjà oublié que tu t’y rendais. Tu te ferais surement grondé d’ailleurs.

Soudain, le papillon battit un peu plus des ailes, s’élevant un peu plus haut, si haut que tu manquas de te casser la figure en tentant de le suivre du regard. Alors que tu t’apprêtais à accélérer un peu le pas pour ne pas le perdre, tu te heurtas -assez douloureusement- à un mur invisible. Action, réaction. Tu te retrouvas les fesses par terre à te frotter le nez.

« Aïïïeeuh… » lâchas-tu d’un ton plaintif, le front rouge.

Devant toi, le chemin semblait dégagé pourtant. Tu te relevas doucement et avança ta main devant toi.

« Oh. Y a une paroi… »

Souriant, tu venais de trouver quelque chose d’autre d’amusant. Laissant ta main contre la paroi translucide, tu avançais en regardant autour de toi, curieux. A gauche, à droite. Tu explorais ce drôle d’endroit sans vraiment te soucier du temps qui passe. Et puis finalement, ce fut ton estomac qui te conseilla d’arrêter de flâner. Dans un reflex candide, tu décidas donc de faire demi-tour et de simplement reprendre le chemin à l’envers.

C’est en faisant demi-tour que tu réalisas ton erreur. Devant toi, se présentait une étendue aussi impénétrable que celle qui était devant toi. Ta main trembla un peu contre la paroi transparente. A gauche ? A droite ? D’où est-ce que tu étais venu ? Ton regard avait beau chercher un détail, tu n’arrivais pas à trouver la réponse. Tu te remis en route sans attendre d’avantage, avançant à tâtons. Rapidement, ton pas vif était clairement devenu un pas de course. Gauche. Gauche. Droite. Tu n’avais pas du tout l’impression de te rapprocher de la sortie.

Finalement, ce qui devait arriver maintenant que tu courrais sans prendre garde aux parois, tu entras à nouveau en collision avec un de ses murs que tu ne voyais pas. Le choc avait été un peu plus rude cette fois et tu restas par terre un peu avant de t’adosser dans ce qui semblait être l’angle de deux murs. Tu étais complètement perdu. Tu aurais du te contenter de suivre son camarade. Maintenant, tu avais envie de savoir ce qu’il avait fait après avoir parler à cette jolie fille qui était dans le groupe de Littérature. Tu avais aussi envie d’aller manger avec Charlie. Tu avais envie qu’elle te prenne dans ses bras pour te dire que tout allait bien. Reniflant, assis par terre, tu ramenas tes genoux vers toi.

« S’il vous plait… » finis-tu par dire, la voix aussi basse que possible. « Quelqu’un… »


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Erika Linoa
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Lun 30 Avr - 22:39

Je marchais à vive allure vers cet endroit maudit. Rien que l'idée d'aller me perdre dans ce labyrinthe lugubre me donnait la nausée. Je jetai mes cheveux en arrière, d'un geste las. Je venais de les attacher en tresse floue sur le côté. Comme à mon habitude, j'étais vêtue d'une simple robe d'été légère. De couleur bleu pastel. Et une paire de spartiates. Règle numéro de la fille canon et populaire : toujours être fringuée comme une lady en vadrouille. Mon Dieu, mais pourquoi fallait-il que j'aille dans ce trou à rats ? Et si je n'arrivais pas à m'en sortir ? Peut être allais-je mourir, ou pire. Et si je restais bloquer à vie dans ce fichu dédale, comme une malédiction divine ? Mes semelles plates frappaient le sol à rythme soutenue, et soudain, l'ambiance se fit étrange. Presque malsaine en réalité. Je venais sûrement d'atterrir en plein dans ce fameux labyrinthe. Et dire qu'un trésor se cache peut être ici, au centre de ce dédale. Faites que je ne tombe pas dessus, ça serait sûrement un trésor maudit, façon Pirates des Caraïbes, avec la chance que j'ai. Ce n'était pas ça que je cherchais dans ce fichu labyrinthe.

    « Il est hors de question que je passe des jours à trouver la sortie. Ceci devrait pouvoir m'aider ... »


Je sortis de ma poche un petit flacon transparent. Une fiole de parfum. Il sentait très fort. Tellement fort qu'il pouvait se sentir à des kilomètres. A condition d'être un chien, ce que, par chance, je peux être. Je déposai donc généreusement une bonne dose de parfum à l'entrée du labyrinthe, en espérant que mon fidèle flair de Médor en puissance ne me fasse pas défaut au moment venu. De toute façon, je n'avais pas mieux en stock pour me sortir de ce bordel dans lequel j'étais en train de me fourrer à cet instant. D'ailleurs, en y réfléchissant, c'était un peu light comme solution pour me sortir d'ici. Mais à priori, je n'avais rien de mieux sous la main. Je poussais un soupir, lasse de cette comédie, je jetai une dernière fois mes cheveux en arrière, juste avant de m'accroupir et de me changer en chauve-souris. Le but étant d'aller vite, et de pouvoir scruter l'obscurité, tout en évitant les murs invisibles. L’écholocation, quelle fabuleuse invention de la nature ! En plus, il faut bien avouer que l'instinct animal de la chauve-souris n'est pas aussi virulent que celui de la panthère par exemple ...

C'est ainsi que j'entrepris de parcourir le dédale, à la recherche de ce précieux ruban qui me faisait défaut. Je tournais indéfiniment dans le labyrinthe, scrutant la moindre parcelle afin de le dégoter. Mais cela ne donnait rien. Heureusement, les murs n'étaient pas un obstacle pour moi. Mais cela restait tout de même long, et je n'avais aucune idée si je ne tournais pas en rond. Pendant deux heures durant, je parcourais les allées de façon méthodiques, afin de ne pas négliger cette première zone. Puis je décidai de m'enfoncer encore un peu plus loin, espérant qu'il ne se trouve pas non plus tout au centre ... Et au milieu de mes ultrasons, j'entendis de façon très distinctes la voix de quelqu'un. La voix d'un garçon. Il fallait que je m'approche. A priori, sa voix m'indiquait vaguement son emplacement. Il semblait se situer par très loin de moi. Et là, je l'aperçus. Tout seul, et visiblement perdu.

    « C'est pas vrai, il manquait plus ça ... »


Je me posai donc au sol afin de reprendre forme humaine. Puis je m'avançai prudemment vers le garçon. Il me semblait l'avoir déjà vu quelque part. J'étais quasiment persuadée qu'il s'agissait d'un élève de la classe de Musique. Je ne pensais pas connaitre son nom pour autant. Je réarrangeais mes cheveux rapidement, en époussetant ma robe.

    « Mais qu'est-ce que tu fais ici toi ? Tu t'es perdu en chemin ? »


Je mis ma main sur ma hanche, et je penchai la tête avec un air interrogateur et sévère, à la façon d'une surveillante. Ce garçon avait parfaitement le droit d'être là, à ses risques et périls, mais le fait qu'il venait te troubler dans tes recherches te piquait légèrement. En fait, j'aurais très bien pu le laisser là, tout seul. C'est vrai quoi ! Qu'est-ce qu'il faisait là en fait ? Ce n'était pas un terrain de jeux, ou une aire de promenade. De toute façon, je ne pouvais pas le laisser tout seul en y réfléchissant. Il se serait mis à crier, et je n'aurais pas réussi à suivre mes échos. Voilà ce qui arrive quand on manque d'expérience en matière de chauve-souris ! Mon Dieu, mon Dieu. Maintenant, il fallait que je me mette à gérer les élèves égarés. Vraiment, je n'avais pas fini d'errer dans ce dédale pourri ...

    « Excuse moi, je suis un peu trop directe. Ça fait déjà deux heures que je tourne en rond, ça m'a rendue un peu irritable, tu vois. Et tu t'appelles ... ? »


Certes, le fait de chercher dans ce labyrinthe pendant deux longues heures m'avait un peu échauffer les nerfs. Ce n'était cependant pas une raison de déverser ma rage sur ce pauvre garçon, qui ne demandait qu'à sortir de là j'imagine. En y réfléchissant, peut être pouvait-il m'aider ? Cette rencontre n'allait peut être pas être si désagréable en fait. Qui sait ? Peut être a-t-il le don de localiser tout ce qu'il veut ? Peu probable en réalité. Mais bon, au moins j'aurais le mérité d'essayer. Je lui tendis la main pour serrer la sienne, en lui adressant un chaleureux sourire, comme j'avais l'habitude d'en faire.

    « Moi c'est Erika, de la classe des Philosophes ! »


Tâche de t'en souvenir, jeune homme. A priori, maintenant qu'on est dans la même galère, on risque de passer plus de temps ensemble que prévu. Triste histoire comme on dit ...
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Sasha Nortan
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Mar 1 Mai - 0:40

Cet endroit n’avait plus rien d’aussi magique que lorsque tu y étais entré. Assis sur le sol, tu avais mal à ton nez. Même si les larmes ne montaient pas à tes yeux, tu ne pouvais pas vraiment t’empêcher de renifler. La curiosité. C’était une qualité par instant mais aussi le pire des défauts quand on était comme toi, aussi versatile. En y repensant, ce n’était pas la première fois que ce genre de chose t’arrivait.

Quelques jours après ton arrivée chez les Nortan, vous aviez été pique-niqué dans une forêt non loin de chez vous. Pendant que ton père et Théo s’occupait de sortir le repas de la glacière et ta mère d’installer la nappe, tu avais été distrait par une libellule que tu avais suivis sans même y penser.

Ce n’est qu’au bout d’une demi-heure que tu t’étais rendu compte à quel point tu t’étais éloigné de la clairière où vous vous étiez installer. Tu avais alors commencé à essayer de retrouver ton chemin, t’enfonçant un peu plus loin dans la forêt à chacun de tes pas, comme si on essayait de t’empêcher de les rejoindre. Lorsque le jour avait commencé à décliner, tu avais finis par t’assoir au pied d’un arbre. Sans doute que des gens te retrouveraient, t’étais-tu dit.

Et tu ne t’étais pas trompé mais ce n’est pas une quelconque équipe de secours qui surgit d’entre la végétation. C’était Théo, le visage égratigné et couvert de terre. Il t’avait cherché sans relâche, disant à ses parents de rester près de la voiture au cas où tu reviennes. A cet instant, il t’avait serré si fort dans ses bras que tu avais presque l’impression d’étouffer.


« Quand tu te perds, ne bouge plus et attends moi. Je te promets que je viendrais toujours te chercher. »


Doucement, tu rouvris les yeux. T’étais-tu assoupi durant un bref instant ? Peut-être. Surement même au vu de la crampe de ton estomac vide.
Cette situation te ramenait des souvenirs un peu trop doux. Assis, tu attendais, même si tu savais que Théo ne pourrait pas venir te chercher. Parce qu’il était là mais pas ainsi. Parce que parfois, la réalité était un peu trop cruelle pour que tu arrivas à t’illusionner encore. Et pourtant, l’écho d’un bruit attira ton attention. Peut-être que le silence te jouait des tours, te donnant l’illusion d’une présence alors qu’il n’y avait personne. Et pourtant, tu espérais.

« S’il vous plait… Je suis ici. »

Le silence t’oppressait, ta voix tremblant un peu, de peur de résonner trop fort. De peur que « ça » recommence. Mais à nouveau, un bruit. Puis deux. Des bruits de pas. Ce n’était pas une illusion, il y avait bien quelqu’un. Levant la tête vers la silhouette qui s’approchait, tu découvris le charmant minois métissé d’une demoiselle. Celle-ci se planta devant toi, le regard sévère, un poing sur la hanche avant de te réprimander pour être là. Tu te tassas un peu sur place. Tu n’étais pas bien grand et en plus tu étais assis mais ca ne t’empêcha pas de perdre quelques centimètres. Et malgré tout, tu étais soulagé. Parce que tu n’étais plus seul. Peut-être qu’elle aussi était perdu. Mais ca t’était égal.

« Je… Pardon, j’ai suivis un papillon et… »

Elle semblait irritée. Peut-être parce qu’elle pensait être tranquille. Mais rapidement, elle chassa tes doutes et tes interrogations, s’excusant de façon bourrue en expliquant la raison de son ton sec. Perdue depuis deux heures. Tu ne savais pas trop l’heure qu’il pouvait être mais tu pouvais comprendre son agacement, même si c’était quelque chose qui n’étaient pas réellement dans tes habitudes d’éprouver. Mais tourner en rond restait quelque chose de fatiguant psychologiquement, tu l’avais toi-même expérimenté. Lorsqu’elle t’invita à te présenter, tu te redressas un peu tout en restant aussi par terre, esquissant le début d’un sourire. Elle était moins effrayante qu’en arrivant. Tout du moins, tu en avais l’impression. Pour le moment.

« Sasha. Je suis dans le groupe de musique. »

Lorsqu’elle te tendit la main, tu la pris, serrant tes doigts sur sa peau, rassuré de sentir un contact physique. Tu avais eu un peu peur, durant un bref instant. Dans ce château étrange, qui sait ce qu’il pouvait errer dans ce labyrinthe. Des illusions. Des fantômes d’élèves perdus même peut-être. Alors la toucher, savoir que c’était une vraie personne. Ca te rassurait. Tu t’aidas un peu de sa main pour te relever, sans en abuser de trop bien que tu sois un poids plume. Ton regard se posa sur son sourire après qu’elle se soit présentée. Erika. Une philosophe.

« Comme Charlie… »

A part vos voix, votre souffle, rien ne semblait vivre autour de vous. Tu relâchas un peu tes doigts de sa main mais tu ne la quittas pas tout à fait. Tu avais besoin de sentir que tu n’étais pas seul. Tu n’arrivais même pas à retenir un léger tremblement de tes doigts. Vous vous seriez connu, tu lui aurais surement fondu dans les bras, t’accrochant de toutes tes faibles forces, pleurant des larmes de soulagement de ne plus être seul. Mais vous ne vous connaissiez pas. Même pas de vue. Alors tu te contentas de tenir son majeur et son index entre tes doigts, regardant un peu autour de vous.

« Je ne sais pas trop comment je suis arrivé jusqu’ici. J’ai surement du louper le premier cours de la matinée… »

Et surement même le second. Mais tu n’avais pas réellement eu la notion du temps. Tu avais été victime de ta relativité face au temps, d’un léger gap temporel en poursuivant le papillon, comme Alice avait suivit le lapin blanc. Tout comme l’héroïne du livre de Lewis Carroll, tu ne connaissais pas le chemin pour rentrer chez toi. Mais toi, tu n’étais pas seul. Maintenant, tu avais une alliée avec toi.

« Tu t’es perdu toi aussi ? »

Dans le silence du labyrinthe, ton estomac ponctua la phrase d’un gargouillement sinistre. Visiblement, la chose la plus terrifiante qui se trouvait au milieu de ses murs invisible, c’était surement la faim qui n’animait ton estomac.

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Erika Linoa
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Jeu 3 Mai - 19:40

Un papillon ?! Je me demandais si il était sérieux ou si il se foutait de moi. Mais compte tenu de son air inquiet, je me suis dis qu'il disait vrai. Mais quand même, ça paraissait un peu gros à avaler comme excuse. Quoique, en y réfléchissant, pourquoi venir se perdre volontairement ? Il n'y a que les imprudents et les étourdis pour venir tourner en rond ici ... Ou bien les filles qui cherchent désespérément un fichu ruban perdu on ne sait où dans le labyrinthe ce qui peut prendre 2 à 3 ans de recherche minimum. Vraiment, cet endroit me fichait véritablement la frousse, et tout ce que je voulais, c'était en finir le plus vite possible. Malheureusement, je ne pouvais pas laisser ce pauvre garçon tout seul. Surtout qu'il avait pas l'air bien réactif ...

    « Enchantée Sasha. Donc tu as suivi ... Une papillon, c'est ça ? C'est ... Particulier on va dire. En tout cas, t'as vraiment pas de chance. C'est un vrai dédale ici ... »


MON DIEU ! Malgré le fait qu'il semblait un peu léthargique, je le trouvais vraiment adorable. J'avais envie de le prendre dans mes bras et de le serrer très fort, comme pour soulager les enfants. Ce n'était pourtant pas un enfant, mais il était vraiment à croquer. Bref, une certaine forme de compassion me prenait le coeur subitement. Il disait connaitre Charlie. Charlie Clarke. Rien que son nom me rappelait à quel point cette fille est géniale. Ce qui avait évidemment le don de m'agacer. C'est vrai quoi, tout le monde l'aime Charlie, et c'est bien normal. Une fille comme elle, c'est du genre plutôt rare. J'ai presque honte d'être une vraie peste avec elle, alors qu'elle ne le mérite pas. Je n'y peux rien, j'ai toujours eu du mal à établir de bonnes relations avec les filles. C'est mon côté garçon manqué qui resurgit parfois ... Je regardais Sasha, avec son petit air inquiet.

Ayant un peu chaud, je retirai le noeud rouge qui maintenait mes cheveux, puis je les secouais afin d'enlever la tresse, laissant ma chevelure foncée tomber en cascade sur mes frêles épaules.

Un petit sourire en coin se dessinait sur mes lèvres. En réalité, j'avais un nouveau plan, qui incluait le petit Sasha dedans. A priori, les recherches iront plus vite, si il m'aidait, non ? En plus, il pouvait difficilement me refuser ça, car, à la différence de ce pauvre garçon, j'avais la possibilité de sortir de ce trou à rat, sans trop de difficulté. En vrai, j'avais un peu honte de profiter de lui. Ou plutôt d'envisager de profiter de lui, car techniquement, ce n'était pas encore fait. Mais rien que cette idée me semblait déjà un peu machiavélique, dans le sens où le pauvre garçon n'avait que peu de choix ... Je pris immédiatement un air désespérée, comme si le poids du désespoir s'abattait sur mes petites épaules.

    « Non, je ne suis pas perdue, en réalité, je connais même la sortie. Mais ... »


Je croisais les bras, tout en marquant un arrêt bref. Puis je me retournai vers Sasha, toujours avec mon petit minois accablé de peine.

    « J'ai perdu quelque chose de très précieux dans ce labyrinthe, et je ne partirais pas d'ici sans l'avoir retrouvé ... Est-ce que tu serais prêt à m'aider ? »


Avec un petit sourire triste, je m'avançais vers le garçon, et je lui attrapai le bras, avec un air de demoiselle en détresse. Je le regardais avec un air suppliant. J'aurais peut être dû devenir comédienne en fait ... J'ai toujours fait ça. Je fais toujours la fille forte et indépendante, mais dès que les choses se corsent et que la situation me dépasse, je prends un air désespéré et je m'en remet au premier garçon qui pourrait me sortir du pétrin. Sasha n'avait pas la carrure d'un homme fort techniquement, mais ce n'était pas ce que je recherchais au final. Tout ce que je voulais, c'était ce fichu ruban.

    « J'te promets de te faire sortir de ce labyrinthe, si on retrouve mon précieux ruban ! »


C'était simplement un échange de bons procédés. C'était équitable, non ? A deux, ça irait plus vite en plus ! Et puis, une petite heure de recherche ce n'était rien comparé au fait de rester bloqué des jours ici, dans ce labyrinthe, tout seul. Il n'avait aucune raison de refuser ! Et au fond, j'avais vraiment besoin de lui ... Ramener Sasha à la sortie, et retourner chercher le ruban tout seul me ferait perdre un temps fou au final. Je continuais à fixer Sasha de mon petit minois tristounet, en espérant de tout mon coeur une réponse positive de sa part.

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Ven 4 Mai - 13:20

Tu l’observais. Pour mieux la connaitre. Pour mieux la comprendre.
Elle avait l’air débrouillard, surement bien plus que toi. Rien d’exceptionnel en vrai mais quand bien même. Les petites fossettes entre ses sourcils lorsqu’elle avait eu ce regard sévère s’étaient à peine estompée lorsqu’elle avait finit par s’adoucir. Elle devait souvent froncer les sourcils ou faire la moue. Tu avais entendu dire que les filles comme elle, les filles des îles, étaient des personnes plutôt dynamiques et fortes. C’était les femmes qui dirigeaient les choses chez eux. Une sorte de système matriarcale. Ou quelque chose comme ça. Quoiqu’il en soit, elle eu l’air un peu surprise par ta réponse à propos du comment tu étais arrivé ici. Tu n’y prêtas pas attention. Tu avais l’habitude. Et dans le fond, tu t’en moquais.

Elle finit par détaché ses longs cheveux. Ca avait presque quelque chose d’hypnotique. Ces longues mèches brunes qui se déroulaient pour finir par glisser comme un courant d’eau sur ses épaules. Tu la regardas faire, le regard empli d’admiration muette. Passé de son air bourru à une tel vague de féminité, ca donnait un sacré contraste de sa personnalité. C’était amusant. Parce que dans le fond, tu pouvais faire pareil, à ta façon, lorsque tu jouais la comédie avec tous ces gens qui s’en prenaient parfois à toi. Et même les autres en fait.

Erika finit par t’annoncer qu’elle n’était pas perdue. Pourtant, elle avait une mine triste de façon si soudaine. L’explication ne tarda pas. Elle avait perdu quelque chose. Un ruban. Dans un reflex plutôt idiot, tu regardas autour de vous, histoire de voir s’il n’était pas dans les alentours. C’était surement quelque chose de précieux. Tu essayais de te souvenir si tu avais vu quoique se soit par terre pendant que tu déambulais. Tu réfléchissais, perdu dans tes pensées pour tenter de te souvenir, oubliant un peu la demoiselle qui était avec toi. Un ruban. Un ruban…

Tu finis par soupirer. C’était inutile, tu avais couru sans vraiment regarder le sol. Tu n’avais pas vraiment de raison de regarder par terre après tout. Mais si elle s’était engouffrée dans ce dédalle de son plein gré, c’est qu’elle devait beaucoup tenir à ce morceau de tissus. Tu te tournas à nouveau vers elle, lui tendant la main en souriant.

« On va le chercher ensemble alors. Ca ira plus vite que toute seule. »

Même si elle n’avait pas eu le moyen de te faire sortir, d’ailleurs, tu n’avais même pas retenu ce détail, tu l’aurais aidé. Parce que tu étais comme ça. La plupart du temps du moins. Pour le moment, tu avais besoin de sa compagnie, tu avais besoin de ne pas être seul. Un échange de bon procédé. Glissant ses doigts autours de sa main, tu finis par l’entrainer doucement à ta suite, fixant le sol à chacun de tes pas, comme si chaque centimètre pouvait le faire apparaitre.

« Quand on l’aura retrouvé, on pourra chercher la sortie ensemble. »

Tu n’avais pas complètement écouté ce qu’elle t’avait dit. Tu n’avais retenu que ce qui t’avait semblé important. Le reste, c’était accessoire. Tu étais comme ça, tu faisais le tri. Pas nécessairement de la meilleure façon qui soit.
Avançant avec précaution, les yeux rivés sur tes pieds, tu continuais de parler, de ce ton proche du murmure mais suffisamment audible. Parce qu’à part vous, il n’y avait personne ici.

« Il est de quelle couleur ? C’est amusant de se dire qu’on ne perd pas que son chemin dans ce labyrinthe. » finis-tu par dire en riant un peu.

Tu n’avais plus peur. Tu n’étais plus habité de cette panique. Parce que tu tenais une main dans la tienne, tu avais une personne avec toi. Tu n’étais plus oppressé par le silence de cet endroit étrange. Parce qu’au fond, c’était l’une de tes plus grandes peurs. La solitude. Tu ne voulais pas être seul. Abandonné. Oublié. Ca te faisait peur. Comme si tu allais disparaitre. C’était idiot. Même toi tu le savais qu’on ne disparaissait pas comme ça. Enfin, après être venu dans cette école, tu n’en étais plus aussi persuadé mais quand bien même. Tant que tu tiendrais cette main, tu iras bien. Tout ira bien.

Le bruit de vos pas résonnait entre les parois translucides alors que tu gardais ta main libre contre l’une d’entre elle. Du coup, ta main se retrouva à s’appuyer sur le vide. Tu avanças un peu, cherchant la paroi de la paume. Un croisement. Il semblait y avoir trois chemins possibles. Tout droit, à gauche et à droite. Ca ressemblait presque à un mauvais film d’aventure. Le chemin cornélien. Tu étais presque prit dans le jeu de la quête du ruban de la demoiselle dont tu tenais la main.

« Je me demande par où il vaut mieux aller… Peut-être qu’on peut faire des traits au sol, pour ne pas utiliser le même chemin à un autre moment. »

Tu plongeas ta main libre dans la sacoche en bandoulière que tu avais pour en tirer des stylos, feutres et autre matériel de cours. Après tout, tu allais en classe quand tu avais finis par suivre le papillon. Dommage que tu n’ais pas pensé à utiliser ce matériel plus tôt. Une chance que la présence de la jolie brune te calme suffisament pour y réfléchir et te montrer plus efficace.

Tu avais plutôt intérêt à suivre ce joli papillon des îles sans te perdre cette fois.



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Lun 7 Mai - 19:58

J'ai toujours manqué cruellement de patience. A tel point qu'on me donnait une réputation de petite princesse capricieuse. Mais c'est bien vrai : je ne supporte pas perdre mon temps. Je crois profondément que la vie est très courte, et qu'elle a, paradoxalement, tellement de choses à nous faire voir et à expérimenter. Alors je n'aime simplement pas attendre, car la vie, ce n'est pas attendre. Certes, certaines choses ne s'acquièrent qu'à force de patience, mais moi je ne veux pas de ça. Je vais vivre tout dans l'instant, et je veux que ce soit fort et entier. Je ne veux pas bouder mon plaisir, ni tergiverser inutilement. Moi je veux courir dans les plaines, en me jetant dans l'herbe fraîche. Je veux sentir les roses d'un magnifique jardin français. Je veux lézarder au soleil au bord d'un ruisseau. Alors imaginez bien que la perspective de rester bloquée encore quelques heures dans ce foutu labyrinthe ne m'enchante guère.

Malheureusement, c'était bien parti pour. Oh, heureusement que Sasha était là en vérité. J'ai beau me comporter comme une badass, je n'en reste pas moins une jeune fille. Et c'est vrai que tout ceci ne me rassure pas beaucoup. Il me plaisait bien ce garçon. Il n'a pas hésite une seule seconde à m'accompagner, il ne semblait même pas séduit par l'idée que je connais déjà la sortie de ce dédale. Je crois qu'il voulait simplement m'aider. De façon sincère et désintéressé. J'imagine que c'est un garçon très altruiste, et serviable. C'est plutôt rare de nos jours, les gens pensent souvent qu'à eux. Je crois qu'on est tous un peu comme ça au fond. Mais parfois, ils s'avèrent que les hommes arrivent à mettre leur petit moi de côté afin de se rendre utile. C'est beau la galanterie, n'est-il pas ?

Je marchais aux côtés de Sasha, tout en scrutant soigneusement les pavés afin de ne laisser échapper aucun détail. Il était hors de question que je sorte d'ici sans avoir retrouvé ce ruban. Néanmoins, j’appréhendais mieux cette battue du labyrinthe avec mon nouveau compagnon de galère. Comme quoi, on dit bien que le malheur des uns fait le bonheur des autres. C'est bel et bien vrai, malheureusement pour Sasha. Quoique. Il aurait pu avoir moins de chance. Si je n'étais pas passé par là, on peut se demander combien de temps il aurait erré dans ce bordel.

    « C'est un ruban, tout ce qu'il y a de plus banal. Avec un trèfle à quatre feuilles dessus. C'est un porte-bonheur en fait. »


Porte bonheur, porte bonheur ... Plutôt un porte malheur, oui. C'est bien à cause de lui que je me retrouve dans cette galère, jusqu'au cou. Mon Dieu, si seulement je pouvais avoir de la chance UNE fois dans ma vie, ça serait bien que ce soit aujourd'hui en fait. Ce n'est pas que je ne suis pas chanceuse, c'est juste que je suis un peu ... Maladroite. Forcément, ajouté à ma maladresse ma spontanéité et mon imprudence, et vous obtenez un cocktail explosif qui donne lieu à des situations compliqués, mais souvent cocasses. Si on devait me donner une pièce à chaque fois que mon grand frère a dû voler à mon secours, je crois que je serais à l'heure actuelle monstrueusement riche. Je n'avais volontairement pas répondu correctement à la question de Sasha car, à vrai dire, je n'en savais strictement rien, de la couleur de ce fichu ruban. Tout ce que je savais, c'était qu'il s'agissait d'un ruban avec un trèfle.

Toujours soucieuse de mon apparence, je passais machinalement ma main dans mes cheveux, de nombreuses fois, afin de les coiffer au mieux. Ils ont tendance à n'en faire qu'à leurs têtes. Même si, techniquement, les cheveux n'ont pas de tête ... Bref. Je tirais un peu sur ma robe, pour la réajuster, tout en vérifiant que le nœud dans le dos qui la noue n'a pas bougé.

Arrivés à une intersection, Sasha me demanda quel chemin choisir, avant de sortir de son sac des crayons, afin de marquer nos allers et venues dans le labyrinthe, afin certainement d'éviter qu'on ne repasse trente fois au même endroit. Chose que je savais très bien faire lorsque je faisais mes recherches toute seul, en battant des ailes.

    « Quelle idée géniale, Sasha ! Cela nous évitera de tourner en rond. »


Tout joyeuse, je me penche vers Sasha afin de lui déposer un bisous sur la joue, afin de le remercier de son implication exceptionnelle dans cette quête. Oh, en y réfléchissant, j'avais peur qu'il le prenne mal. On se connaissait à peine après tout. Mais pour moi c'était innocent, c'était juste un geste amicale, quoique un peu tactile, il est vrai. Je rougis un peu en pensant à tout, et pour me donner constance, je pris un crayon noir, style marker, afin de me joindre à l'idée fabuleuse de Sasha. Mais pourquoi j'y ai pas pensé plus tôt, au lieu de me trimballer mes ridicules fioles de parfum qui ne font que faire du bruit dans mes poches ...

    « On peut toujours commencer par ce côté, non ? Je pense qu'il ne vaudrait mieux pas que l'on se sépare. On risque de ne plus se retrouver sinon ... »


Je montrai un des trois couloirs à Sasha, avant de l'entraîner avec moi. Non, j'étais convaincue que ce n'était pas une bonne idée. On dit bien diviser pour mieux régner après tout. De plus, il aurait été impossible qu'on se retrouve, ou du moins, pas avant un long moment. C'était déjà une chance qu'on se soit rencontrés ici, au milieu de ce dédale. Il ne fallait pas qu'on s'égare à vouloir aller trop vite. De plus, avec l'idée de Sasha, on allait pouvoir gagner un temps précieux en évitant de tourner en rond pendant de longues minutes.

    « Allons y ! J'espère qu'on pourra le retrouver vite ... »
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Mer 9 Mai - 21:43

Un porte bonheur. C’était donc quelque chose d’important. Tu pouvais comprendre ça. Plus ou moins. C’était peut-être un souvenir de quelque chose. Tu avais eu un peu de mal à comprendre au début. Ce besoin de s’attacher à des choses matérielles. C’est vrai, après tout, c’était quelque chose d’éphémère, que l’on pouvait perdre. Preuve était faite. Alors, tu ne comprenais pas. Avant. Puis, tu avais finis par apprendre. Par t’attacher et comprendre. Que ce n’était pas l’objet mais ce qui lui était lié. Un souvenir. Quelque chose.

Enfin, c’était peut-être ça. Ou autre chose.
Tu trottinais tranquillement, jetant de petit coup d’œil à Erika de temps à autre. Elle semblait accorder à son apparence un soin tout particulier, ajustant sa robe et ses cheveux. Elle était plutôt jolie. Peut-être que c’était ses origines. Surement.

Quoiqu’il en soit, vous étiez à ce croisement pour le moment et ton idée, que tu aurais mieux fait d’avoir plus tôt, semblait emballer par ton idée. Tant et si bien que ses lèvres virent se poser un bref instant contre ta joue. Par reflex, tu fais un pas de recul. Tu avais l’habitude de ce genre de geste de la part de Charlie mais elle était bien la seule. Alors, la surprise avait le contrôle de ton corps, un bref instant. Elle te chipa un stylo et vous étiez partit.

Entrainé par sa main qui t’avait saisit, tu avançais en réfléchissant à ce qu’elle t’avait dit. Se séparer. Ca n’aurait pas necessairement été une si mauvaise idée. Après tout, les murs étaient translucides, vous auriez pu rester proche tout en couvrant plus de terrain. Mais d’un autre coté, tu n’avais pas envie d’être tout seul. Parce que tu ne saurais pas comment sortir d’ici. Parce qu’être seul t’angoissait. Alors tes doigts serrèrent un peu sa main.

« Oui, ne t’inquiète pas, on va vite le retrouver. »

Tu avançais, regardant avec attention le sol sous tes pieds pour trouver le précieux ruban. Mais le silence, brisé uniquement par le bruit de vos pas, te pesait légèrement.

« Dis, tu aurais fait comment pour sortir ? Du labyrinthe. »

Tu étais curieux. Elle était entrée dans ce dédale de son plein grès, au risque de se perdre. Elle avait surement une idée pour quitter cet endroit. C’était logique maintenant que tu y pensais. Elle ne se serrait jamais risqué à se perdre ici. A moins qu’elle est prévue une ration de survie. Ton ventre gargouilla une nouvelle fois. Il est vrai que ce ne serais pas du luxe.

Ta main quitta doucement celle d’Erika sans que tes pas la quittent tout à fait. Tout en marchant, tu fouillais dans ton sac, espérant y trouver quelque chose à manger. Il t’arrivait de prendre des biscuits ou autre chose, parce qu’il n’était pas rare que tu oublies d’aller manger. Tu n’oubliais pas vraiment, tu avais simplement autre chose à faire à ce moment là parfois et donc, il était généralement trop tard quand ton estomac te rappelait à l’ordre.

Mais tu avais beau fouiller et fouiller, rien à faire. Même pas un petit bonbon. Pourtant, ce n’était pas rare qu’on t’en donne. Comme à un enfant. Moins les sucettes d’ailleurs. Surement depui que tu avais décider d’en lecher une de façon plutôt équivoque, vexé d’être prit une fois de trop pour un petit enfant qui aime les sucreries. Même si ce n’était pas méchant. Ni de ta part, ni de la sienne.

Quoiqu’il en soit, tu posas un peu tes mains sur ton ventre avant de levé les yeux vers la demoiselle.

« Erika… Est-ce que tu as quelque chose à manger … ? »

Tu n’aurais peut-être pas du trainer au lit ce matin et louper le petit déjeuner. Encore.



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Mer 11 Juil - 20:55

Chercher ce que l'on a perdu. Voilà bien l'activité inutile et non-constructive par excellence. Pourquoi ? Tout simplement parce que si on avait fait ne serait-ce qu'un tout petit peu attention à ce que l'on fait, on n'aurait pas eu la possibilité de perdre quelque chose. Voilà pourquoi c'est une perte de temps évidente que de chercher ce que l'on a perdu. Pourtant, il le fallait bien. Je crois qu'il était impossible pour moi d'envisager une seule seconde le fait de ressortir de ce labyrinthe sans ce ruban si précieux. En y repensant, j'aurais dû user de mes charmes sur un garçon. Un mec serviable et intéressé qui aurait tout fait pour retrouver ce ruban afin de me plaire. Merde, j'ai vraiment été une idiote ! En même temps, ce n'était pas mon genre non plus. Je ne me vois pas utiliser mon apparence pour obtenir ce que je veux. Ce serait un peu comme de la prostitution en fait. Quelle horreur !

Globalement, cette journée était placée sous le signe de emmerdes qui n'ont fait que se succéder en cascade depuis le réveil. Franchement, il y a vraiment des jours où on se demande si ça valait vraiment la peine qu'on sorte de son lit afin d'endurer tout ceci. Malheureusement, la réponse est définitivement oui. A croire que j'étais la fille la plus malchanceuse du monde à l'heure qu'il est. Ou peut être pas. Je retire ce que j'ai dis, c'était une remarque de princesse à la con ça. Il doit y avoir tellement de personnes plus malchanceuses que moi dans le monde. Mais ... A quoi je pense là ?! Je me suis remise à scruter le sol, balayant avec beaucoup d'attention chaque dalle que mes talons frappent de façon frénétique en cadence. Sasha s'ose finalement à faire un petit peu la conversation en me demandant mon plan pour fuir le labyrinthe à la fin de ma quête. Je me retourne sur lui dans un léger bond, un peu arrachée à ma concentration sans faille, et j'esquisse un petit sourire malicieux.

    « J'sais pas si ce sera efficace, mais mon don consiste dans le fait que je peux me transformer en un peu près n'importe quel animal, pourvu que je le connaisse assez bien. Avant d'entrer ici, j'ai déposé un parfum fort à l'entrée du labyrinthe. En me transformant en chien, je pense pouvoir retrouver la sortie en suivant l'odeur. »


C'était un peu naïf comme projet quand même. A priori, je n'avais aucune idée si ce plan si génial allait marcher. Toujours utile que je n'avais pas mieux, et Sasha non plus. Et comme je voulais me la jouer solo à la base, je ne pouvais compter que sur mon don et moi afin d'arriver à quelque chose. De toute façon, tirer un fil d'Ariane ou se la jouer Petit Poucet n'aurait pas été forcément mieux en y réfléchissant, surtout compte tenu du nombre de tours et détours qu'on a déjà fait.

A un moment, Sasha me demanda si je n'avais pas quelque chose à grignoter. Il semblait avoir faim, même si il n'était pas vraiment l'heure de manger. Je posai donc un regard attendri sur lui, puis je plongeai ma main dans la deuxième poche de ma robe afin d'en sortir un petit paquet transparent contenant deux biscuits. Ce sont des biscuits bio aux fruits rouges, sans matières grasses, que je grignote généralement le matin. Je l'avais entamé avant de venir, et il ne restait que ça. Je fouillai de nouveau ma poche, et j'en sortis une petite madeleine enveloppée dans son sachet. Je tendis les deux biscuits et la madeleine à Sasha.

    « Je sais pas si tu aimes ça, mais c'est tout ce que j'ai. C'est des biscuits aux fruits rouges. »


Le labyrinthe se faisait sombre par moment, alors je me suis décidé à utiliser une métamorphose partielle afin de changer mes yeux en yeux de chat, afin de pouvoir mieux observer l'obscurité. Et à travers les vitres, je cru apercevoir une forme entassée au sol, un peu plus loin devant nous. Il devait bien y avoir 3 ou 4 parois entre cet objet et nous, et je n'étais pas sûr qu'il s'agisse bien du ruban, mais c'était la première chose que je voyais depuis le début. J'attrapai donc la manche de Sasha afin de le stopper, et je pointai du doigt la direction dans laquelle j'avais aperçu ce petit détail suspect.

    « Sasha, je crois que j'ai vu quelque chose dans cette direction, derrière les parois, au sol. Il faudrait qu'on aille là bas pour vérifier ! »


Au fond, je comptais sur Sasha pour m'y emmener, car j'avais terriblement peur de me perdre dans ce labyrinthe et de ne plus retrouver l'emplacement exact du petit objet que j'ai aperçu. Surtout que la probabilité qu'il s'agisse du ruban était très élevée, voire quasi-certaine. Il fallait absolument qu'on se rende là bas, dans ce petit coin d'obscurité, afin d'en avoir le coeur net, bien que j'avais la conviction personnelle que mon précieux ruban était là, à quelques mètres de nous seulement.

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Sam 14 Juil - 14:28

« C’était toi le papillon ? »

Une question étrange. Pas tant que ça pour toi. Tu avais toujours été ainsi. Les choses étaient à tes yeux toujours liées. D’ailleurs c’était souvent le cas parce qu’en cherchant bien, on pouvait toujours trouver un lien quelconque dans une situation. Peut-être aussi évident que celui dont tu avais lancé l’hypothèse aussi soudainement qu’on lance un pavé dans une marre. Mais quand même.
C’était un don plutôt chouette d’une certaine façon. Tu te demandais si elle pouvait faire tout ce qu’elle voulait. Comme par exemple avoir les ailes d’un oiseau. Ou un écureuil. Tu aimais beaucoup les écureuils. Tu aimais quasiment tout les animaux tant qu’ils étaient en liberté. Mais c’était une autre histoire.

Après ta demande que te hurlait ton estomac depuis de longues minutes, elle tira de sa poche quelques provisions pour te les donner. Tu n’avais jamais été difficile en ce qui concernait la nourriture alors tu acceptas tout avec un sourire, déposant un rapide bisou du bout des lèvres sur sa joue en signe de remerciement. Après avoir tiré un biscuit au fruit rouge du plastique, tu repris tes recherches à ses coté, les yeux plissés tant l’obscurité se faisait présente par instant. Sans cesser de grignoter (vous alliez pouvoir retrouver votre chemin avec les miettes), tu avançais avec précaution. Pourtant, depuis quelques minutes, tu avais oublié ce que vous cherchiez. Tu te souvenais juste que vous cherchiez quelque chose. Ca t’arrivait assez souvent, lorsque ton attention se portait sur quelque chose d’autre. Parfois même, tu oubliais les fins de tes phrases, simplement parce que tu avais remarqué un nuage à la forme amusante.

Elle s’écria soudain avoir vu quelque chose en pointant une direction. Dans un reflex, un peu idiot, tu commenças à te diriger avant de te cogner sans trop de mal à une paroi en verre. Plissant les yeux, tu collas ton nez contre la cloison transparente, tentant d’apercevoir ce qu’elle voyait mais en vain. Ca ne t’empêchait pas de la croire pour autant. Terminant de manger ton gâteau, tu fixais la direction qu’elle t’avait indiqué en réfléchissant à comment tu pourrais aller.

Ton esprit se déconnecta un bref instant. Tu tournas ton regard sur le coté, fixant ce qui était le vide pour ta compagne d’infortune mais qui ne l’était à tes yeux. A mi-voix, tu te mis à parler avec Theo. C’était une sorte d’illusion que tu te forgeais, pour t’aider, pour oublier. Et tu discutais, comme si tu avais ton frère à tes cotés, à mi-voix comme l’aurait fait quelqu’un qui réfléchit pour lui-même. Durant ses quelques minutes, tu oublias complètement la présence d’Erika à tes cotés. Il n’y avait que toi et Théo. Théo et son don que tu lui avais attribué, celui d’être toujours auprès de toi, celui de ne pas être constamment cloué sur ce lit d’hôpital trop loin. Et comme toujours, tu souriais en discutant avec ce que tu refusais de voir comme le pur produit de ton imagination. Parce que tu étais heureux de pouvoir compter sur lui, lui qui était toujours de si bon conseil.

Finalement, tu te tournas soudainement vers Erika. Tu avais la solution.

« C’est vrai. Il suffit que tu restes ici pendant que j’essaye de rejoindre ce que tu as vu. Tu seras mon point de repère pour savoir si je m’en approche ou si je m’en éloigne trop. Et puis, comme ça, on n’aura pas de soucis à se retrouver si on se garde à portée d’yeux, vu qu’on voit à travers les parois. »

Et tu souris à la jeune fille. Un sourire plus discret, différent de celui que tu arborais un peu plus tôt. Un sourire poli. Lui confiant un feutre « au cas où », tu posas ta main sur la paroi pour commencer à avancer. Dès que tu en eu l’occasion, tu tournas en direction de l’endroit qu’elle t’avait pointé plus tôt, prenant garde de toujours resté à porter de ses yeux. C’était plus facile à dire qu’à faire mais à force de détour, tu te rapprochas un peu plus de l’objet, sans l’atteindre vraiment. Mais tu distinguais au moins de quoi il s’agissait. Retournant rapidement vers la paroi la plus proche d’Erika qui n’était qu’à une ligne droite de l’endroit où tu avais pu voir l’objet, tu essayas de lui dire ce que tu avais trouvé. Mais il fallait croire qu’à moins d’être dans le même couloir, la communication semblait impossible. Ca expliquait surement la raison du silence dans les allées de ce labyrinthe.

C’est à ce moment là que tu eu l’idée de sortir de ton sac un autre feutre pour écrire sur la paroi, à l’envers afin qu’elle puisse lire correctement.

« C’est un ruban et il y a un petit motif dessus. C’est ce que tu cherches ? »

Si c’était bien son porte bonheur, il ne faudrait que quelques minutes avant de l’atteindre et ensuite, vous n’auriez plus qu’à rejoindre la sortie avec l’aide de la jeune fille aux longs cheveux bruns.



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Mer 18 Juil - 20:59

Un papillon ? Oh non. C'est vrai qu'il est facile de se transformer en insecte. Leur instinct est généralement peu violent, et leur petite taille rend la transformation assez élémentaire. Alors forcément, devenir un papillon aurait été d'une facilité assez déconcertante pour moi. Mais je n'avais par contre par pour habitude d'attirer les garçons dans des pièges de verre aussi insidieux et saugrenu que ce labyrinthe auquel je vous une haine sans nom à présent. Je fais non de la tête à Sasha, avec un petit sourire amusé sur les lèvres. D'ailleurs, ça me fait penser que je n'ai jamais essayé de me faire pousser des ailes de papillon dans le dos. Un peu comme une fée, version grande échelle. A l'idée d'avoir de superbes ailes colorées, je reste souriante et amusée.

Arrivé à l'endroit où j'ai perçu quelque chose, Sasha s'est finalement proposé à avancer tout seul, en avant, jusqu'à l'élément mystérieux qui trône quelques mètres plus loin. Je le regarde ainsi évoluer dans le labyrinthe, à taton, avec son feutre pour ne pas se perdre. J'étais un pe inquiète en fait. J'avais peur que Sasha se perdre dans l'obscurité, tout seul. J'avais peur de me retrouver toute seule, en plein milieu de ce labyrinthe. Mais le jeune homme avait l'air d'être prudent, et il prenait soin de ne pas trop s'éloigner de moi. Arrivé près de l'objet, Sasha s'est arrêté. Puis, il se mit à écrire à l'envers, directement sur la paroi, un message disant qu'il s'agissait d'un ruban avec un motif dessus. Je ne savais pas si c'était bien le ruban que je cherchais, mais à mon avis, il ne devait pas y en avoir des centaines de rubans dans ce fichu labyrinthe. Je débouchonai donc mon feutre, et j'écris à l'envers le message suivant sur ma paroi.

    « Je pense que c'est ça. Reviens vite. »


A la fin du message, je dessinai un petit coeur, et j'adressai un sourire soulagé à Sasha. J'étais bien contente de l'avoir rencontré au final. En plus, au delà du fait qu'il m'aide beaucoup dans la recherche de mon ruban, il est aussi très gentil et agréable. A croire que les garçons les plus gentils sont aussi les plus discrets et effacés ... Sasha n'a pas l'air d'être un garçon très expansif, ni très extroverti. Mais il avait tout du mec gentil. Et c'est le principal. C'est toujours mieux que ces couillons qui viennent te draguer, et usent de leur belle gueule de lover. Bref, j'ai pas le temps de rager.

Je continuais à regarder Sasha s'activer dans l'obscurité, et j'avais un peu honte de ne pouvoir rien faire. Je restais là, à attendre comme une potiche, à le fixer avec mes yeux de chats dans l'obscurité. En même temps, Sasha m'avait demandé de rester ici, afin qu'il garde un point de repère dans ce dédale de verre. Mais quand même. J'avais l'air d'une idiot, les bras croisés, à le regarder se démener pour moi. Il faudra que je le remercie vraiment à notre sortie du labyrinthe. Je pourrais peut être lui préparer un gâteau. Je sais très bien faire les gâteaux renversés à l'ananas. Je lui demanderais si il aime l'ananas. Avec le sourire, je mis mes mains en forme de mégaphone, et je me mis à crier comme une cruche au milieu du dédale.

    « SASHAAAAA ! Est-ce que tu aimes l'ananas ?! »


Bah quoi ? C'est pas parce qu'il était à plusieurs mètres de moi que je pouvais pas lui faire la conversation. Puis, comme la gourdasse que je suis, je me suis rappelé qu'il ne m'entendait pas forcément. D'où certainement les messages sur les parois. Gênée, je pris tout de suite mon fidèle feutre, et j'écris sur la paroi la même phrase que je venais de crier. En même temps, maintenant que j'y pense, il doit en avoir rien à faire de l'ananas à l'heure qu'il est. Mais au fond, j'essayais de rendre ce moment un peu moins effrayant et angoissant. Mais si pour cela je devais me faire passer pour une idiote finie, ce qui n'est pas particulièrement difficile en y repensant.
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Lun 23 Juil - 16:04



Après confirmation de la demoiselle, tu ne perdis pas plus de temps. Après plusieurs minutes à tâtons pour rejoindre l’étoffe au sol. Il était plutôt joli ce ruban. Agitant un peu la main pour montrer que tu l’avais, tu refis le chemin en sens inverse. Comme si ta main avait mémorisé le trajet, tu rejoignis plus rapidement la demoiselle aux longs cheveux d’ébène. Enfin, presque sans encombres parce qu’il y avait ce carrefour. Tu n’étais pas sûr. Tout droit ? A droite ? Tu n’arrivais plus à te souvenir de la direction que tu avais prise, il y avait déjà de longue minute. Prenant une petite inspiration, tu finis par couper ton souffle, te figeant. Durant l’espace d’un instant, tu avais songé à appeler Erika aussi fort que possible, pour qu’elle t’indique par sa voix la direction à prendre, si jamais elle t’avait entendu. Et puis, ta raison avait à nouveau prit le contrôle de ta peur. Crier ? Toi ? Quelle folie.

Mais soudain, l’écho étouffé de la voix de ta camarade te parvint. Tu n’avais pas distingué toute la phrase mais tu avais par réflex tourné la tête sur la droite. De l’ananas ? Quoiqu’il en soit, tu savais par où aller. Sans trop perdre de temps, ta main sur la paroi translucide, tu repris ton chemin en courant un peu sur la fin dès que tes yeux distinguèrent Erika. Au bout de quelques minutes, tu étais à nouveau à ses cotés, le souffle un peu court d’avoir couru. Une fois à sa hauteur, tu lui tendis le ruban.

« Merci d’avoir crier… je m’étais perdu. »

Ta voix, contrecoup de ta prise de conscience un peu plus tôt, était encore plus discrète qu’avant. Comme si tu avais peur que cette chose au fond de toi ce soit réveillé dans la panique. Comme si ca en avait profité pour tenter de se manifester au moindre éclat de voix. Alors tu murmurais, tu chuchotais. Tu parlais à un ton qui n’était pas réellement un problème puisqu’il n’y avait pas d’autre bruit que vous ici.

Ton regard finit par se poser sur la paroi et tu remarques un second message, à l’envers lui aussi. Tu ne l’avais pas vu avant ou elle l’avait rajouté ? Et puis, un mot t’interpela pendant que tu déchiffrais à l’envers. Ananas.

« Ah. C’était ça, l’ananas. »

La question était bizarre. En vérité, tu n’avais pas réellement de fruit préféré. Ni même de plat. Tu aimais tout mais n’adorait rien. Etre difficile n’est pas un luxe que tu avais jamais réellement eu l’occasion d’entretenir. Tu n’aimais pas réellement manger d’ailleurs. Enfin, sauf les bonbons. Et certain gâteau aussi. Ce qui était sucré en somme.
Mais sa question t’intriguait. Ton souffle retrouvé, assez rapidement à vrai dire, tu l’avais regardé, avec ce tic si caractéristique chez toi d’avoir la tête penché sur le coté lorsque quelque chose t’intriguait.

« J’aime bien. Mais pourquoi l’ananas ? »

C’était un fruit moins commun que les pommes ou autres chose. Elle avait peut-être quelque chose à manger à l’ananas dans ses poches… Erika, la magicienne aux poches sans fond. Ca sonnait plutôt bien. Et à cette idée, tu souries légèrement, à ta propre réponse à une question qui n’en a pas encore.


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Dim 29 Juil - 20:30

Finalement, ce qui me paraissait être l'acte le plus ridicule, inutile, puéril, vain, empoté, bête, et irréfléchi c'est révélé être utile à Sasha. Ma voix de gueularde avait réussi à le guider dans la bonne direction. Quand le jeune homme est revenu, je n'ai pas pu m'empêcher de lui faire un bref câlin pour le remercier. Il me tend finalement le petit ruban, si précieux, que j'attrape délicatement entre mes doigts fins. C'est exactement ça. Le ruban et le motif. Pas de doute possible. Je ne peux retenir mon enthousiasme et je me met à sauter sur place, en attrapant les mains de Sasha pour qu'il sautille avec moi. Puis finalement je me rends compte que j'ai encore une fois l'air d'une idiote. Je rougis un peu, et je me ressaisis, tout en replaçant correctement ma robe et mes cheveux. Je n'aime pas avoir l'air d'une imbécile comme ça, mais j'ai parfois du mal à retenir mon enthousiasme débordant. Je suis comme ça, expressive et surtout expansive. Mais bon, un peu de retenu ne me fera pas de mal non plus au final.

Je détache finalement mes couettes, et je place précieusement les élastiques dans mes poches. Puis, d'un geste habile et très féminin, je coiffe mes cheveux avec une queue haute que je noue avec le précieux ruban, afin de ne pas le perdre. Si il se détache, je serais obligé de le remarquer. Je me retourne vers Sasha, un sourire lumineux sur mon visage. Un peu naïvement, je ne peux m'empêcher de gigoter, de faire virevolter ma robe dans tous les sens, et d'arranger mes cheveux afin qu'aucune bosse ne vienne troubler l'harmonie de cette coiffure. Dans le reflet de la vitre, je me dis que je suis plus mignonne avec des couettes. Mais ça fait un peu gamine, non ? La queue haute est jolie, et élégante. Mais ça fait un peu trop sérieux. Limité guindé. D'un air exaspérée, en regardant une nouvelle fois dans la vitre, je réarrange ma coiffure, tout en jetant un coup d'oeil sur Sasha.

    « T'es vraiment un amour de l'avoir retrouvé, j'aurais mis des heures toute seule, c'est vraiment incroyable ... »


Peut être que Sasha m'a porté bonheur tout compte fait. Car moi, maladroite et malchanceuse comme je suis, j'aurais certainement mis des jours, voire des mois avant de trouver ce fichu ruban dans ce ridicule labyrinthe digne des plus grands sadiques de l'univers. Certainement le fleuron de la torture française. Sans rien dire, je me mets à renifler l'air, tout en métamorphosant partiellement mon nez, afin d'augmenter mon odorat. L'odeur, bien que faible, semble persister. Je crois que mon astuce pourra peut être fonctionner.

    « Tant mieux ! Je sais faire des gâteaux renversés à l'ananas outrageusement délicieux. Il faut que je t'en fasse un. Ce sera comme un petit cadeau de remerciement. »


Sur ces mots, je ponctue ma phrase d'un petit clin d'oeil espiègle au jeune homme. Puis je lui fais un signe de tête afin de lui indiquer qu'il faut qu'on retrouve la sortie. Je me concentre au maximum, afin d'effectuer ma transformation complète. Un chien ça devrait faire l'affaire. Avec un bon flair de préférence, ce serait cool. Aussitôt, je sens mes membres se changeaient, mon corps aussi, et je tombe au sol, à quatre pattes. Avec la délicieuse sensation de ma peau qui se recouvre intégralement de poils. Quelle horreur, je crois que c'est le plus horrible dans les transformations animales. Pourtant ça me dérange pas tant que ça les plumes et les écailles. Quelques secondes plus tard, je m'approprie les facultés de l'animal, et mon esprit se dilue légèrement, tandis qu'un instinct animal vient s'opposer directement à ma raison. Heureusement que l'instinct du chien est assez facilement répressible.

    « Wouf Wouf ! »


Ah oui, c'est vrai. Ma bouche et mon palais ne sont pas adaptés à la parole. Je tourne donc les pattes, et je commence à renifler l'air. Et je me mets à avancer, déterminée et sûre de moi. Je me retournais de temps en temps afin de vérifier que Sasha me suit toujours. Afin de ne pas le perdre. Et c'est ainsi que le duo improbable que nous formions se diriger vaillamment vers la sortie de ce cruel labyrinthe. Encore une bonne journée de faite à mon avis.
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Mar 31 Juil - 21:27


Tu l’avais regardé sautiller sur place, tes bras suivant le mouvement, l’air surpris. Et puis, un sourire presque attendri se posa sur tes lèvres alors qu’elle lâchait tes mains, tentant de reprendre de la contenance, les joues hâlées de rose. Elle était mignonne. Un peu comme pouvait l’être Charlie par moment, mais peut-être avec plus de poigne. Elle avait un caractère certain et ca transparaissait dans chacun de ses mouvements.

« T’es vraiment un amour de l’avoir retrouvé, j’aurais mis des heures toute seule, c’est vraiment incroyable… »

Tu affichas un air surpris avant de secouer la tête.

« C’est toi qui l’a vu. » finis-tu pas dire. « On a eu de la chance. »

Quand elle partit sur sa proposition de gâteau, tu acquiesças d’un signe de tête avant de lui dire que tu serais ravi d’y gouter alors qu’elle te fait signe de la suivre. Docilement, tu lui emboites le pas en la regardant faire. Soudain, sous tes yeux ébahis, elle se métamorphose en un animal poilu à quatre pattes. Un chien. Adorable qui plus est. Tu restes un peu interdit quelques instants avant d’avancer ta main, comme mué par un automatisme proche du reflex de Pavlov et finit par gratouiller la tête entre les deux oreilles. Tu te saisis un rien quand elle aboie, ramenant ta main vers toi avant de la suivre.

Tu es impressionné. Alors les dons peuvent aussi être une chose aussi magique que ca. Tu n’avais pas songé qu’il était possible de faire ce genre de chose. Elle t’avait pourtant expliqué en quoi ca consistait mais le voir de tes yeux donnaient une dimension toute autre à la chose. Suivant le trottinement de la jeune fille, désormais canidé le temps de trouver la sortie, tu posas un peu ta main contre ta gorge, pensif. Pourquoi est-ce qu’il avait fallut que tu es un pouvoir aussi destructeur ? Tu aurais préféré un pouvoir comme le sien, qui n’agissait que sur toi.

En route vers la sortie, tu finis par oublier ces sombres pensées, te contentant de courir sur les pas de ton binôme. Surement qu’une fois à la sortie, tu enfouirais ton visage dans son pelage en passant tes bras autour de son cou (à moins que tu ne l’enfouisses contre elle, tes bras autours de sa taille) pour la remercier.
Ce qui était sûr, c’est que tu n’oublierais jamais cette errance dans ce labyrinthe de cristal. Tout comme tu n’oublierais jamais de demander au papillon que tu croises s’ils sont Erika.





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