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 Mon manège à moi c'est toi [TERMINE]

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Sidonie S. Schnoor
Sidonie S. Schnoor
Asinos


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Ven 23 Mar - 21:27

Elle avait sorti sa jolie robe beige, ses créoles dorées et quelques bracelets qui tintaient au rythme de son poignet. Et devant son miroir, elle s’était trouvée belle. D’une beauté un peu trop relevée par le surplus de maquillage, certes, mais belle. Très belle même. Au passage, il lui avait semblé croiser les regards approbateurs de certains garçons, vous savez quand ils ont ce sourire charmant au bord des lèvres, après un petit coup d’œil jeté en toute innocence sur une poitrine gonflée à bloc. Ca l'avait rassuré, et pendant un bref moment, elle s'était autorisée à penser que, peut-être, cette journée ne serait pas tout à fait comme les autres. Elle l'avait attendu avec cette euphorie enfantine, stupide. Impatiente. Comme un gosse qui attend son jouet. Sauf que c'était plus qu'un simple jouet. Elle avait espéré quelque chose de vrai, sincère, avec la dernière soirée. Elle pensait, déjà, qu'on s'était arrangé par un commun accord, muet. Puis, elle l'avait embrassé. C'était une raison suffisante pour vouloir plus. Toujours.
Naturellement, il n'était pas là. Une heure qu'elle tournait en rond, dans ce parc un peu froid, un peu gris, légèrement triste. Elle n'avait pas son téléphone, elle ne savait pas quand il arriverait. La vérité était qu'il ne se pointerait pas, il l'avait oubliée. Au fond, elle le savait. Pourtant, elle n'osait pas s'en aller, se bornait à attendre. Tant qu'elle restait là, il y avait une chance. Qu'elle pensait.

Puis elle se sentait bête. Aujourd'hui il faisait un peu froid, et pas très beau. Elle s'ennuyait là, toute seule, à ne rien faire. Elle regrettait aussi d'avoir dit au trois quart de ses prétendus amis qu'un garçon un peu saoul lors d'une fête lui avait donné rendez-vous. C'était regrettable de n'attirer que des abrutis, et de s'en féliciter. Que n'eût-elle l'idée de fermer sa grande bouche. Elle se morfondait, comme à chaque fois que la situation ne tournait pas à son avantage. Souvent donc. Elle défilait la liste de ses contacts de portable, comme si par un curieux hasard, le numéro tant convoité aurait pu s'y trouver. Il s'appelait Tom. Elle en avait plusieurs, des Tom, dans son répertoire. Au fond, n'importe lequel aurait fait l'affaire. Pour ce que ça lui changeait à elle.

Elle tripotait nerveusement ses doigts, balançant d'une main à l'autre son téléphone. Elle repensait à cette vieille histoire. Celle qu’on se racontait parfois avant de s’endormir, parce que c’est un peu glauque. Le parc. Il paraît qu’une fille y avait été assassinée. Elle ne se souvenait pas des détails. Elle s’en moquait un peu, au moment où on en parlait. Au fond, c’était bête de s’intéresser à quelqu’un qui n’était plus là. Et puis elle ne la connaissait pas, et il fallait s’occuper des ongles, les limer, les vernir. Autant de choses qui accaparaient de façon bien singulière le petit pois qui lui servait de cervelle. Mais il y avait cette tâche un peu rouge par terre et qui, à elle seule, remettait en cause toute l'utilité de sa superficialité. Ca avait séché, bien sûr. Mais ça trouvait le moyen de l'embrouiller. Et il y avait ce tourniquet qui tournait tout seul, lentement, le mécanisme grinçant. La balançoire qui basculait un peu, en avant, en arrière. En arrière et en avant. Les chaînes oscillant doucement. Elle n'avait pas remarqué alors, à quel point l'endroit était effrayant. La scène lui paraissait irréelle. L'air était lourd, l'ambiance oppressante. Elle suffoquait. Elle se surprit pourtant, se diriger vers le petit tourniquet, perchée sur des chaussures trop hautes, l'allure mal assurée, bancale. Et d'un geste de la main, elle arrêta le manège le temps d'un bref soulagement. Ce qui ne l'empêcha pas de pousser un hideux hurlement, de sa voix suraiguë, alors qu'une plume de corbeau lui tombait sur la tête.

Des manèges un peu fous, une tâche de sang séchée, un corbeau qui perd ses plumes, il ne lui en fallut pas davantage pour appuyer sur la petite touche verte de son téléphone. Elle savait qui elle appelait bien sûr. Une voix rassurante, une voix de garçon. Heath était le premier de son répertoire. Et puis c'était son ami. Enfin, il l'était au même titre que les autres. Autrement dit, pas tant que ça. Mais on fait avec ce qu'on a, et il lui semblait que le jeune homme n'était pas du genre à vous abandonner froidement dans un lieu hanté, à la merci d'une balançoire. Et, au nom de leur fausse amitié, il valait mieux pour lui qu'il ramène ses petites fesses. Elle se fit hystérique au téléphone, comme toujours, un brin suppliante pourtant, alors qu'elle lui baragouinait deux ou trois mots incompréhensibles.

Puis il arriva, bien sûr. Pour le rp, c'est mieux aussi. On sautera le passage où la pauvre Sidonie se sera transformée en poulet pour mieux se recroqueviller sous un banc. Et donc il arriva, sa silhouette rassurante. Elle lui trouva un côté un peu bêta, qu'elle ne lui dira pas. A sa façon, il sortait du cadre. Elle se sentit rassurée, un peu. Elle se précipita, se colla contre son épaule, bras dessous bras dessus, le regard blême, hésitante.

« T’es lent putain, t’es lent ! »

Un reproche, certes. Mais un reproche heureux. Ha ! Elle n'avait jamais été aussi heureuse de le voir débouler. Et, parce que son jugement lui importait presque tout autant que celui des autres, elle crut bon de se justifier. Juste à titre explicatif. Quitte à faire durer la chose un peu plus longtemps, quitte à croire que tout est encore possible. Avant la désillusion complète. Autant y croire à deux.

« Je... J'suis arrivée un peuuu... Tôt. Mais tu me connais heein ? Haha. Bref silence, avant le massacre du nom. Heeeeeeeeeeeathhhhhhhhh... Fais pas ta puuuuute... Reste avec mouua ! »






Dernière édition par Sidonie S. Schnoor le Dim 8 Avr - 16:31, édité 4 fois
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Heath J. Andersen
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Ven 23 Mar - 23:14

Nous passerons les détails du pourquoi du comment tu t'étais retrouvé ici. Dans cet endroit sinistre, à moitié débraillé, et à peine coiffé. Oui, nous passerons cette aventure, qui avait débuté par un coup de file incompréhensible, par ta déambulation à travers les couloirs pour trouver quelqu'un de spécial, et, bien évidemment, ton trajet en stop jusqu'à cet endroit qui ne t'évoquait rien de joyeux.
Alors te voilà qui t'avance, les mains dans les poches, un écouteur à l'oreille. Te voilà qui t'avance, quand tu la reconnais, de loin, par son côté trop maquillé, sa robe trop... trop. Tu étais un plaisantin avec elle. Jamais méchant, pas plus qu'elle en tout cas. Tu te contentais de lui renvoyer ses piques, et d'être un grand prince charmant qui venait la sauvé de... De rien, en fait. Simplement de la solitude, mais après tout, c'est un peu ce qu'on fait tous. Alors te voilà, à quelques pas d'elle, que tu lui fais un signe de la main. Pour lui faire comprendre que tu l'as repérée. Ce n'est pas pour autant que tu coupes Arcade Fire. Et voilà qu'elle se lance contre toi. Tu la réceptionne en tendant ton bras alors qu'elle s'écrase contre ton épaule. Tu referme ton étreinte sur elle, quelques secondes, alors que ton écouteur tombe. Rien de grave. Rien n'est jamais grave. Puis tu la relâche, le temps qu'elle attrape ton bras. Comme un couple d'ado qui vienne se remémorer leur enfance. Mais qui peut avoir des souvenirs agréables ici ? Cette idée te fait frémir intérieurement alors qu'elle te fait comprendre que tu aurais pu te bouger d'avantage. Que tu aurais du arriver plus vite. Pour sa sécurité. Comme si elle était vraiment en danger.

    « Ouais, j'aime me faire désiré. »


Elle ne t'as pas entendue, bien sure. Trop occupée à se justifiée. A te demander de rester. Bien sûr, que tu restes. Tu n'es pas venu faire son escorte. Tu n'es pas venu juste pour lui dire, Sid, on rentre maintenant. Tu n'es pas venu pour lui dire ce genre de sottises. Au contraire, ça te fait un peu rire, qu'elle se soit fait plantée par ce gars là. Pas que ça te fasse plaisir qu'elle soit mal. Mais ça lui apprendra, à être la fille de fin de soirée. Mais tu l'aime bien pour ça. Parce que malgré tout, elle continue de multiplier les rendez-vous alors que celui-ci n'est pas son premier échec d'après ce que tu avais compris.

    « Je reste, c'est bon... On a qu'à... Je sais pas... Faire de la balançoire ! »


Stupide. Quelle idée stupide. Faire de la balançoire. Voilà que tu allais devoir la pousser et la regarder, au risque d’être distrait et de te prendre son dos en plein visage, alors que tu regardes ailleurs.
Alors tu continues d'avancer vers l'attraction, lentement. Après tout, vous avez tout votre temps. Rien de mieux à faire que de marcher. Si tu avais été une fille, mon très cher Heath, tu aurais sûrement parler de ton dernier rouge à lèvre, ou encore de ton nouveau coup de coeur au niveau des acteurs. Qui changerait tout les deux mois. Au lieu de ça, tu prends lui pose une question, un peu conne, le sourire trop tiré pour prouver que c'est plein de sous-entendus. Comme si elle ne pouvait pas le deviner. T'es un peu méchant avec elle. T'es un con avec elle. Mais c'est pas grave. Elle t'as fait venir jusque là. T'as bien un peu le droit.

    « Ouais, donc, t'es arrivé trop tôt. Je fais le bouche trou. 'fin, c'est pas grave. T'avais rendez-vous avec qui ? Celui de l'autre soir ? D'ailleurs, la soirée, comment elle a fini, pour lui et toi ? »


Commère. Heureusement, les rôles n'étaient pas échangé. L'idée même de parler de toi t'insupportait, encore plus que de penser que quelqu'un hanté les lieux. En fait, rien ne t'insupportait plus que de parler de toi. Mais à c'était Sidonie. C'était à elle que la question était posée, et des non-dits suffiraient tout à fai. A vrai dire, elle te dirait n'importe quoi que tu sourirait avant de faire une blague débile, de lui recommander quelqu'un, de lui proposé un rendez-vous arranger. Qui foirerait surement. Mais au moins elle penserait plus à ce Mike, Georges, Lukas ou je-ne-sais-qui. Même si c'était pas le drame de sa vie, ça te ferait du bien de la voir sourire. Au fond, tu l'aimes bien. Pas comme on aime des amis, tu ne comprends pas ce mot, tu l'aimes bien. Elle te fait passer le temps. Être avec elle c'est mieux que d'être seul à lire une fois encore McDonell.

Vous arriver enfin près de la balançoire. Que tu lui tiens fermement, le temps qu'elle grimpe dessus, le temps qu'elle soit bien positionnée. Tu iras te positionner derrière elle, attrapera ses hanches et reculera de quelques pas, juste pour lui donner un peu d'élan au départ. Et tu finiras par la lâchée, lui donnant que quelques impulsions au bas du dos, pour qu'elle ne s’arrête pas. Tu ne remettra pas ton écouteur, et pourtant No Cars continuera de chanter, sans que tu n'y prête vraiment attention.


Spoiler:


Dernière édition par Heath J. Andersen le Sam 24 Mar - 12:35, édité 1 fois
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Sidonie S. Schnoor
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Sam 24 Mar - 12:19

Je suis contente qu’il ne soit pas venu me chercher, pour m'emmener ailleurs. Je veux rester ici, encore un peu. C’est bizarre, j’aime pas bien l’endroit quand même. Mais s’il reste, alors ça va. Je suis un peu chiante, au fond. J’espère qu’il ne m’en veut pas. Je l’ai un peu brusqué, je crois. Je l’ai rarement vu aussi dégingandé. Ca ne lui va pas très bien d’ailleurs. Mais je ne suis pas sûre d’être en droit de lui en faire la remarque. Il s’en doute, de toute façon. Je reste un peu comme ça, pendu à son bras. Le tourniquet ne me fait plus peur, plus assez. Je me sens forte, pas comme quand je suis avec Helmut, d’une manière un peu différente. Mes jambes tremblent moins, je crois que je marche normalement. Même. C’est plutôt bien. Je n’avais pas envie de le voir, pourtant. Je ne l’attendais pas. J’aurai préféré qu’il s’appelle Tom, en vrai. Mais c’est juste Heath, je lui en veux un peu. Pas beaucoup bien sûr. Je sais bien qu’on ne peut pas reprocher à quelqu’un d’être soi. Et puis, lui au moins, il est là. Pour moi. Je me sens un peu privilégiée, et ça fait du bien de temps en temps.

Il veut qu’on fasse de la balançoire. Ca fait longtemps que j’en ai pas fait. Je préférerai ne pas en faire d’ailleurs, parce qu’elle bouge toute seule. Je ne lui dis pas pourtant. Je ne veux pas qu’il se moque de moi. Heath, il est bizarre des fois. On avance doucement, je traîne un peu. Et puis il joue au con. J'aime pas quand il fait ça. Je préfère attaquer en première. Je regrette qu'il soit pas plus bête. Il faut bien que je réponde quelque chose quand même. Je suppose que c'est mérité de toute façon. Et puis il a pas tort : c'est bien mon bouche trou. Il m'en fallait bien un, mais c'est réciproque aussi. Je sers bien juste à passer le temps, j'en ai conscience. Ca ne le gêne pas, moi non plus. Je réfléchis un bref instant à ce que je vais bien pouvoir lui dire. Et puis je trouve. Je trouve toujours. J'ai ce sourire un peu con, très forcé. Je lui tire gentiment la joue, je jette ma voix dans les montagnes russes, je marque l'excitation, la joie. Dommage, la joie est fausse.

« Tom. Il s'appeeelle Tooom. Rhaa mais tu saais biien ! »

C'est vrai. Je sais qu'il sait. C'est facile de savoir, c'est toujours la même rengaine. Pour lui aussi, de toute façon. On est routinier, et je suis pas toujours sûre qu'on s'en aperçoive. J'ai pas envie de sourire comme ça, mais je continue quand même. Je crois tout cacher, mais je montre tout. Ca se devine, tout ça. Mais c'est pas grave, je veux y croire encore. Je veux pas lui donner raison. J'suis têtue, au fond.

« Il a dit que j'lui plaaisais, et comme il me plaisaait aussii, on a voulu continuuer. C'est tout. »

Je reste vague. Je lui dis pas que je l'ai embrassé, qu'on est même allé plus loin que ça. Parce que ça me donne l'impression que je me suis faite avoir. J'me sens assez conne comme ça. Puis j'ai peur qu'il en rajoute une couche. Et je suis pas sûre de pouvoir supporter. Heath, il m'énerve en fait, quand il fait ça.
On arrive quand même à la balançoire. Je le laisse passer derrière, je regarde le siège. C’est sale, ça n’a pas l’air en très bon état. Je suis pas très fine non plus, j’ai mes formes. J’espère que ça ne cassera pas. Je suis pas sûre que ce soit une bonne idée, mais je me tourne quand même. Est-ce que la fille qui a été assassinée s’est aussi assise là ? Ca fait froid dans le dos. Je ferme fort les yeux, j’sais pas trop ce que j’attends au fond. Et puis je m’assoies, d’un coup, un peu brute. Mais il ne se passe rien. Je me sens désolée pour cette pauvre balançoire. Y’en a pas beaucoup qui doivent l’utiliser. Alors je m’en veux un peu, d’être la godiche empotée qui pose ses fesses dessus. Heath, il doit me trouver bien bête.

Faire de la balançoire. Je le trouve un peu simple, Heath. Pourtant c’est lui le plus compliqué, j’en suis sûre. Mais c’est pas bien grave sur le coup. Je souris pas. Je fais un peu la tronche en fait. Je me suis faite larguer avant même d’avoir commencé. Je trouve pas ça drôle. Je le laisse me pousser, je l'aide un peu en balançant mes jambes. Le fait est que je suis lourde, moins que d'autres c'est vrai, mais quand même je préfère qu'on ne s'en rende pas trop compte.
Y'a un léger silence. Ca ne me plait pas trop. Je ne sais pas quoi lui dire. Je manque pas de conversation en général pourtant. Alors pour passer le temps, je décide de lui raconter ma vie. Pas le plus important bien sûr, juste les choses qui comptent mais pas tant que ça. Je badine. Je lui dis ma matinée, les heures que j'ai passé pour choisir cette robe. Je parle de mon ongle qui s'est cassé, alors que j'essayais d'ouvrir une palette de maquillage. J'enchaîne sur une fille qu'on connaît un peu tous les deux, et qui m'a prêté ses créoles. Je lui demande si je suis jolie. J'attends pas vraiment de réponse en fait. Je monologue, juste comme ça. Je finis quand même par m'arrêter. Avec mes pieds, je stoppe la balançoire. Je me penche en arrière, pour le regarder. J'ai ce côté un peu gamin, cette voix un peu peste. Je sais.

« Et toi ? C'était comment cette soirée ? Je t'ai vu partir tout seul... Tu ne plais pas beaucoup, heein ? Toi aussi t'es bête, Heath. »

C'est pas très gentil, mais pas trop méchant non plus. C'est un genre de vengeance. Je suis pas sûre que ça l'embête vraiment, en fait. Tant pis. Il est quand même bête. Je préfère qu'il le soit, même s'il ne l'est pas vraiment. Parce que je me sens moins seule.
Et puis la situation est absurde. Je fais de la balançoire dans un parc hanté par une bonne femme qui a eu la bonne idée de se faire tuer la veille de son mariage, pour attendre un garçon qui ne viendra pas en compagnie d'un autre garçon qui se fait passer pour mon ami alors qu'il ne l'est pas tant que ça. Ca fait bizarre, d'attendre quelqu'un qui ne viendra pas. Je ris un peu. C'est bête comme journée.
Je me relève quand même. Je ne suis plus une petite fille. Helmut rirait, s'il me voyait.

« Je veux te pousser. »

On pourrait prendre ça pour un caprice. Mais je trouve ça drôle, un garçon sur une balançoire. Je m'écarte, et puis je tire un peu sur son bras pour l'inciter à prendre ma place. Je lui offre ce sourire un peu bêta, comme pour insister. Et puis j'ai cette question un peu bête qui me vient à l'esprit. J'hésite à la poser. Je remonte mes manches, pour signaler que je suis prête. Et puis il y a ce petit vent désagréable qui fait grincer ce tourniquer. Les jouets s'animent, doucement. Quelque chose ne va pas avec ce parc.

« Pourquoi tu n'as pas peur ? »




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Sam 24 Mar - 13:24


Tom.
Pas très original comme nom. Et si c'était Thomas ? Non, pas possible. Vous en auriez ris, un peu en français même. Tom. Elle doit en avoir quelques uns, des noms comme ça dans son répertoire. Des gens qui ne la rappellent pas. Tu fais un peu partie de ces gens là. Pas avec elle, parce que tu n'as pas de raison de ne plus lui parler. C'est tant mieux. Enfin. Quand elle prononce son nom, tu le remet à peu près. Avec quelques secondes de décalage avec la suite de sa phrase. Ouais. En fait, tu sais. Tu sais bien, comme elle dit. Tu sais même pas pourquoi, t'étais partie au début de leurs rires forcés, des mains mal placées. Juste au début. T'étais aller rejoindre d'autres personnes. Pas invitées à cette soirée là. Seul. Tu les avait rejoint dans le parc, que pour une demi heure, avant d'en repartir. De t'allonger sur ton lit. L'acide rongeait ton estomac. L'alcool un peu aussi. Tu étais aller vomir. Avec le sourire. Ouais, tu te souviens de Tom. Tu te rappelle que t'y pensais, quand tu te brossait les dents. Que tu l'avait chassé de ta tête en éteignant la lumière.
Et pendant qu'elle continue dans son récit, tu voudrait lui demander, si elle lui plait tant que ça, pourquoi c'est toi qui est à sa place. Mais tu dis rien. Tu sais que ça peut être un peu dur. C'est normal. Personne n'aime se faire planté à un rendez-vous.

Et vous voilà à vous distraire sur une balançoire. Aucun de vous deux n'est vraiment à l'aise avec ça. Mais il faut faire passer le temps. C'est comme ça que ça fonctionne. Le silence s'installe. Jusqu'à ce qu'elle parle. Tu te demandes un instant pourquoi tu l'écoutes, mais fini tout jour ar lancer des petites remarques au bout de ses phrases, ou un simple rictus. Qui s'inquiète vraiment d'un ongle cassé ? Tu continues de la pousser. Elle agite ses jambes. C'est un vrai monologue. tes intervention en prennent as. Meurent à peine tes lèvres franchies. Et voilà qui frôle le sol avec ses pieds. Elle essaye de lancer l'ancre. Pourquoi pas. On se lasse tous de nos jeux d'enfants. Puis la voilà qui pose cette question. La vraie réponse, c'est qu'en ce moment, tu vois une fille, rien de sérieux. D'ailleurs, si demain c'est pas terminé, ça va commencé à t'inquiété. Quinze jour, c'est un peu trop pour quelqu'un qui cherche constamment à ne pas se dévoilé. Alors tu réponds, désinvolte. C'est pas vraiment un mensonge.

    « Personne qui m'intéressait l'autre soir. »


Personne qui t'intéressait. Ouais. Aucune fille qui se démarquait des autres. De toutes façons, tu n'avais pas chercher. A quoi bon ? Aucune ne te plait jamais vraiment. Tu ne regardes pas ces choses là. Et tu es, au fond, trop timide pour faire le premier pas. On risquerait d'en savoir trop sur toi. Tu finirais par voir qui tu es. Et tu veux pas. Alors oui, tu offres de temps en temps une danse ou un verre, puis tu t'esquives. T'es un lâche, dans le fond. Cesse de rêverie. Elle décent de la balançoire, te proposant de prendre ta place.
Et tu ne peux pas réprimer ce rire. Avant que ton visage se décompose une seconde.

    « Ah parce que t'es sérieuse ? »


Elle te tire. A peine. Tu ne résistes pas et te laisse tomber sur le siège. Les yeux tournés vers le ciel. Tu soupire un instant. Te donne toi-même un peu d'élan. t'as beau ne pas être bien lourd, tu préfère l'aider, que pour le début. Après elle s'en sortira. C'est pas bien compliqué de pousser quelqu'un sur une balançoire.
Et puis il y a cette question.
Tu n'y avait pas réfléchi. On ne sait pas, pourquoi on n'a pas peur. Du moins pas instinctivement. Tu n'as pas peur quand tu erres dans les couloirs, mais tu ne t'es jamais posé la question. Tu n'as pas peur quand tu prends l'avion pou rentrer chez toi. Mais là aussi, la question ne t'as jamais effleuré. En fait, cet état de non peur est tellement naturel que cette question ne t'es jamais venu à l'esprit. Certes, l'endroit est sinistre, mais les cachots le sont aussi. Il n'y a qu'un malaise. Pas de réelle peur.
Tu hésites un peu à répondre alors que tu commence à bouger sur cette balançoire. Maintenant que la question est soulevée, tu ne sais pas vraiment. Tu la ressent un peu, du coup. Tu la ressent un peu, cette peur.

    « Je sais pas... Je pense que... Je pense que j'ai confiance... Tu inspires légèrement alors que tu décolle un peu plus haut, persuadé que tu vas te casser la gueule à un moment donné. Ca te fait légèrement rire d'ailleurs. Je sais pas. Je me dis que si on vit dans la peur, on profites pas. C'est comme quand on se dit "ça va mal se passer", alors forcément, ça se passe mal. En fait, »


C'est un peu bête, mais dans le fond, t'es quelqu'un de simple. D'un peu simplet même. Puis tu te demandes, pourquoi elle a peur, elle. Tu voudrait lui dire, y a pas à t'en faire. Mais tu te tais. Tu ne peux pas lui dire ça. Tu n'es pas son prince charmant. Tu n'est que ce gars là, qui occupe son temps. Tu serait bien incapable de la protéger du danger. Tu serait surement même incapable de te protéger toi-même. Alors tu ne dis rien. Tu repenses à sa question. Puis tu te risques, à dire quelque chose de stupide.

    « Si t'as peur, on peut partir. »


Partir.
Ca parait tellement simple. Et pourtant, tu n'en as pas vraiment envie. Certes, tu serait mieux sur ton lit à lire du Connolly. Certes, tu serais mieux à manger un morceau. A demander à Nikolaï ce qu'il fait ce soir. Tu aurait tant de meilleures choses à faire, plutôt que d’être poussé sur cette balançoire dans ce silence, à peine angoissant. T'es pas vraiment à ta place ici. Tu le sais. Ton téléphone vibre une fois de plus dans ta poche, mais tu n'en fait rien. Tu annule l'appel d'un geste discret. Dans le fond, tu en as marre du quotidien. De ces grands couloirs des ces salles remplies. De ce manque d'espace. Alors même si tu n'es pas à ta place ici, tu ne l'es pas plus à Virtus Insania.
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Sidonie S. Schnoor
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Dim 25 Mar - 9:22

Je suis égoïste, je préfère qu'on parle de moi. Je m'en cache pas. Alors j'hausse les épaules, machinalement. Il se défend, comme il peut je suppose. Il est pas très convaincant. Il ne l'est pas toujours, d'ailleurs. Mais je m'en fiche. Je fais rarement attention à lui, ni en soirée, ni ailleurs. Jamais, en fait. Et souvent, je repars sans lui. Il m'accompagne juste, ni plus ni moins. Et puis j'pense que tous les deux, on s'ennuierait beaucoup. On fait jamais grand chose lui et moi. Je bouche juste les silences avec des trucs un peu bêtes, j'y pense à peine en fait. Je crois qu'il s'en fiche aussi. J'insiste pas, j'ai pas besoin de savoir. C'est comme un truc entre nous qu'on ne se dit pas, au cas où ça deviendrait sérieux. Parce que les relations sérieuses, c’est un peu compliqué parfois.

Je souris. Il a une drôle de tête, Heath. C'est peut-être bizarre pour un garçon, s'asseoir sur une balançoire. Puis je suppose qu'il a envie de me faire plaisir. Il s’assoit, je commence à le pousser. C'est vrai que c'est simple. Je pousse au niveau du siège, j'ai peur de le faire tomber. On a juste l'air un peu plus bêtes que tout à l'heure. Au fond, c'est pas trop mal.
J'me sens un peu nulle, quand même. Je l'appelle d'un coup, tout est un peu fouillis, un peu brouillon. Et puis il vient. Comme un bon toutou. Il arrête tout. Et pendant un moment, j'ai l'impression d'avoir quelqu'un à mon service. Ca dure pas longtemps bien sûr, mais j'me sens puissante. Moi à sa place, je ne serai pas venue. Je l'aurai laissé tout seul. Fière, même. J'ai un peu honte, d'un coup.

Je l'écoute. Ma question était con, il répond sérieusement apparemment. J'ai l'impression d'avoir posé une question existentielle, quand même. Je me sens importante. Je suis peut-être juste débile, en fait. Je réfléchis. Ca me donne mal au crâne. Heath, il utilise des mots simples, mais dans la phrase, j'ai du mal à m'y retrouver. Et puis je le trouve vachement intelligent, soudain. Il ressemble à un professeur de philo. On n'a pas une discussion très profonde, mais c'est pas pour autant que j'y comprends quelque chose. Je suis pas douée pour parler de choses comme ça, je sais même pas pourquoi j'ai lancé le débat. Je suis plus à l'aise avec les dernières nouveautés de chez Prada, je connais les dates des prochains défilés, ils sont à Paris, je sais qui sera le mannequin phare. C'est une fille un peu mieux que moi. Alors je sais pas quoi lui répondre, à Heath. Je cherche le rapport avec Paris, mais je ne trouve pas.
Et puis je m'écarte. Heath fait de la balançoire tout seul. Je sais pas pourquoi ça m'étonne, il est grand. Il va haut. Il s'élance vers le ciel, il croit toucher l'inspiration. C'est de là que lui viennent ses idées, j'en suis sûre.

Puis il me dit qu'on peut s'en aller, si j'ai peur. Je passe devant lui, je fais la lippe. J'ai l'impression que c'est encore trop tôt. En fait, je veux attendre qu'il fasse froid. Mais il fait déjà froid. Alors j'imagine un temps plus froid encore. Je veux pas rentrer. Si on rentre, ça veut juste dire que j'ai échoué. Ou que je suis pas intéressante, juste bonne pour une soirée. Même pas pour une nuit. Pour la soirée, quelques heures, à peine. Je veux pas rentrer. Je suis belle aujourd'hui, en plus. Ce serait bête de gâcher ça. Bête.

« Mais, si on paart maintenant. Tu seraaas venu pour rieeen, nan ? Et puis... T'as l'air de bien t'amuuser, là. »

Je lui tourne le dos, je m'éloigne. Y'a un bac à sable, dans un coin. Sauf qu'il n'y a pas de sable, c'est plein de terre. Je pense à une cachette. Si je devais tuer quelqu'un, je cacherai son corps là-dedans. D'ailleurs, si on gratte, je suis sûre qu'il y a un cadavre. Je recule d'un pas. Juste au cas où. J'ai peur d'un corps décomposé, j'ai peur d'une tête qui pourrait sortir de là-dedans. J'imagine la mariée, assise sur son tourniquet, dans sa jolie robe blanche, déjà plus si blanche, traînée dans la poussière, souillée par son sang, je vois des larmes rouges qui dégouttent de son corps. Je vois l'origine de la tâche, là au sol. J'imagine, juste à côté d'un vieux cheval à bascule, un homme trop grand, trop mince, au visage émacié, dans un costume noir. Il porte un chapeau haut de forme, il m'épie du regard, et il tient une dague. Couleur sang-de-beuf. Je crois que les corbeaux sont des oiseaux de malheur. Je crois à ce parfum nauséabond. Pourtant il n'y a rien dans l'air. Mais je la sens quand même, elle est partout autour, elle domine l'aire de jeu, l'odeur du sang. Je revois un vieux film en noir et blanc, sur une vieille musique. Mais le disque est rayé. C'est statique.
Pourtant j'ai une tâche de couleur. C'est Heath. C'est parce qu'il vient d'ailleurs. Je lui trouve un air très propre. Il brille. Il n'éclaire pas tout bien sûr, mais il rayonne. Je peux pas lui dire un truc comme ça bien sûr. Ce serait pas moi. Enfin si, ce serait moi. Mais il ne doit pas le savoir. Alors à la place, j'ai cette comparaison un peu bizarre qui me vient en tête. Elle est pas très favorisante, je crois que ça ne sonne même pas comme un compliment. Mais je lui dis quand même.

« T'es comme un pot de chambre, en fait. T'es pas aussi efficaace qu'un toilette, mais t'es tout aussi praatique. »

Ou je vois sa beauté. Son charme.
Mais il y aurait eu quelqu'un d'autre à sa place, la conclusion aurait été la même. Je suis désolée pour lui, quelque part. Parce que je ne le reconnais pas comme unique. Je le confond avec un monsieur tout le monde. Beaucoup le font. Je ne m'en excuserai pas. Ils font pareil pour moi.

« En faait. J'ai un peu peuur. Et si on se cachait ? »

Je m'asseois par terre. Si j'ai peur. Oui j'ai peur. Je vous dis qu'il y a un cadavre ici, je vous dis qu'il y a un fantôme là-bas, je vous dis qu'il y a un assassin, derrière. Je vous dis que ce parc n'est plus un parc. Qui voudrait jouer ici ? Tout est mort, tout est sale. Rien n'est pure. Rien n'est blanc. Tout est gris. Si sombre, si triste. Je me sens nauséeuse. Je suis fatiguée. Je me rends compte que mon rythme est épuisant. Je jongle entre les gens, je vais d'une soirée à une autre, je m'invite à droite à gauche. Je crois que je suis un pot-de-colle. Je ne me pose pas, au fond je n'aime pas ça. Je profite. Et puis je tombe. Et puis je me relève. Et je profite. J'ai la frousse. Je suis une poule mouillée. Je connais l'origine de mon don. Et je suis comme un vase, je me casse parfois. Il faut me réparer. Mais jamais personne ne le fait. Pas complètement. Il manque toujours un morceau. Il manque toujours quelque chose.

« J'ai envie de jeter Tom dans le bac à sable. »

Je joue avec mes doigts. Ca me détend. Il m'en faudrait plus, en fait.

« Prête moi ta main. »
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Heath J. Andersen
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Lun 26 Mar - 9:43

Voilà qu'elle te lâche. C'est pas vraiment de la liberté. Les chaines retiennent ton élan. Et d'un côté, t'aurais préféré qu'elle continue de te pousser. T'aurais pas eu l'impression d'être là juste pour être là. D'être un peu plus qu'un pion. Un peu plus qu'un bouche trou. Parce qu'après tout, on aime tous être reconnu. Même toi, qui refuse de l'admettre. Puis elle passe devant toi. Tu fais traîné tes pieds sur le graviers, voulant t'arrêter. T'as peur de la percuter, si elle est trop près. Et voilà que tes pieds prennent racine dans le sol. A peine. Juste le temps de stopper ta course. Un peu trop voilement. Tu en tombe de ton siège. Debout. Tu perds l'équilibre. Quelques secondes. Et te voilà face à Sidonie. Qui commence à te faire comprendre qu'elle veut pas vraiment partir. T'esquisse un sourire. Ta fossette droite apparaît, légère. Léger rire étouffé par tes lèvres closes, tu la regardes. Sans un mot. Et tu hausses les épaules.
Oui. Oui, tu serait venu pour rien. Tant pis. Tu as l'habitude de perdre ton temps. Tu as l'habitude de ne rien faire d'épatant dans tes journées. Alors oui, tu serais venu pour rien, mais ça ne te déranges pas. Pas plus que ça tout du moins.

Tu vas pour la prendre par l'épaule, l'amener vers le car qui vous reconduira, mais elle se détourne, s'avance vers ce qui devait-être un bac à sable. Tu ne comprends pas. Tu trouves ça un peu moche, comme endroit. Un peu glauque pour des enfants. Tu la suis doucement, sans rien dire. A vrai dire, tu ne sais pas pourquoi. Quel est cet entêtement à rester là. Partir serait mieux. Si elle voulait discuter, raconter sa vie, elle pouvait très bien le faire dans le bus. Elle n'avait aucun besoin logique de rester ici. En fait, tu ne savais même pas pourquoi un pseudo rendez-vous romantique aurait dû se passer ici. Mais tu reste en retrait, derrière elle qui fixe ce bac de terre, cette terre de jeu qui ne doit plus vraiment être fertile à l'imagination, seulement aux mauvaises plantes.

Son compliment t'arrache un rire. Crispé.
Elle te compare à un tas de merde. D'un côté, tu te dis que c'est mérité. T'es pas vraiment un gars bien. Mais tu te disait qu'elle au moins, elle te voyait pas comme une ordure. Et au final c'est l'inverse. On te voit rarement comme une enflure, et il faut que ce soit ces gens, avec qui tu as une sois disant proximité, qui te disent que tu ne ressemble à rien. Pourtant, ce qu'elle disait devait sonner gentil dans sa tête. Du moins tu l'espères. Tu hausses un sourcil, fais une grimace avec ta bouche et ose un « Merci..? » à voix basse.
Tu tends tes bras devant toi, entrecroisant tes doigts, les paumes tournées vers l'extérieur. Et tu fais craquer la moindre de tes phalanges avant de soupirer, bruyamment. Comme si tu venais de te réveiller. Et alors que tu penses que les divagations de la jeune Schnoor sont finies, elle te propose de se cacher. Se cacher. La pire idée dans un endroit comme ça. A quoi ça servirait ? De se cacher, rester recroquevillés dans un coin en attendant un certain je ne sais quoi. Ou peut-être, pire idée, serait que l'un de vous se cache pour que le second le cherche. Etre terrorisé tout seul, on a déjà vu mieux.

    « Ca m'inspire pas trop, en fait. »


Quand elle s'assoit par terre, tu viens la rejoindre, à côté d'elle. Tant pis si la poussière salit ton jean. Ce ne sont que des vêtements. Tant pis si t'as l'air con. Vous n'êtes que tout les deux. Pourtant, t'es pas son gars. T'es pas ce Tom. Alors tu laisse de l'espace entre vous. Tune joue pas l' ambiguïté amicale. Ça serait débile. Ça ne t'inspire rien. Et puis même, pourquoi en aurais tu envie ? Tes doigts jouent sur le sol. Et tu fixe devant toi. Pas le bac à sable. L'horizon, aussi moche soit-il. Tu balances ta tête en arrière, sans un mot. Tu te is, ailleurs, c'est beau.

    « J'aimerait bien voler. Comme un oiseau. Être libre, en fait. »


Idée débile, prononcée en même temps que la sienne de jeter son ledit amant dans cette fosse dégueulasse. Tu rigoles. Parce que tu ne l'imagines pas jeter quelqu'un dans un bac à sable. Tu l'imagines, lutter pour le soulever et le laisser tomber. Retombant par dessus. Et tu commences à rire. De manière un peu forcée. Mais ça ne s'entends pas. Tu as oujours ris comme ça. C'est cette carapace, ta fausse personnalité, qui fait croire que tu es sur le point d'avoir un fou rire incontrôlable. Ce qui au final, est faux. Tu met ton poignet devant ta bouche, mais les commissures de tes lèvres remontent jusqu'à tes yeux.

Mais la voilà qui te demandes, de lui prêter ta main. Tes éclats de rires s'arrêtent net. Tu as pris l'habitude de ne toucher la peau de personne. Enfin, tout du moins de tout ces gens ui ont des dons. Et Sidonie en fait partie. Alors tu cherche son regarde. Plante tes yeux dans les tiens. Tu hésites. Tu cherches quelques instants dans ta tête, si ça en vaut la peine. Tu te demandes même pourquoi elle veut te prendre la main. Ça n'a rien d'habituel, et c'est à peine si tu le fait avec ces filles, qui se disent parfois tes copines. Au bout de quelques secondes, qu'elle a sûrement du trouver un peu trop longues, tu hausses les épaules et lui tends ta main, sans la regarder. Tu préfères regarder le ciel à ce moment-là. Ça peut paraître malpoli. Ça l'est surement. Mais tu ne veut pas lui accorder de l'importance. Elle n'est que l'une de ces personne, qui croise ta vie. Suivant la même route que toi pendant un temps, puis qui, à une intersection, se dit que l'autre route serait mieux pour elle. Tu le sait. Tout le monde a toujours fait ça, autour de toi. Même ta mère, en fait. C'est pour ça, cette carapace. Tu ne veut pas que les gens aient de l'emprise sur toi. Mais justement à cause de ça, tu ne fais pas ce que tu voudrait vraiment.
Que tu as l'air con.

    « C'est bizarre, comme rendez-vous. »


C'est bizarre. Parce que ça n'en est pas un. C'est bizarre, parce que vous vous connaissez, superficiellement, c'est bizarre, parce que vous êtes amis, en quelques sortes. Et c'est bizarre parce que ça ne t'avais jamais survolé l'esprit. C'est bizarre, parce que même si tu n'es pas en train de raconter ta vie, tu ne te caches pas derrière tes mensonges habituels. C'est bizarre pour un tas de raisons. C'est bizarre, parce que tu refuses de la regarder, et que le silence se fait long. Tu déglutis, légèrement. Ce n'est pas dans tes habitudes.

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Sidonie S. Schnoor
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Mer 28 Mar - 16:49

Je fronce les sourcils, je retrousse la lèvre. Je fais la lippe, comme j’ai l’habitude de faire quand un truc me chiffonne. Je marque le mécontentement. Je marmonne un peu. J’aime bien quand on fait ce que je dis. C’est pas pour autant que j’insiste. J’ai pas l’habitude, je préfère écouter ce qu’on me dit. Pas parce que j’aime ça, mais parce que c’est plus simple. Alors je boude pendant trois secondes. Le temps qu’il vienne s’asseoir à côté de moi. Je tire un peu sur ma robe, comme un vieux réflexe. Il est un peu loin, puis en même temps trop proche. J’ai l’impression de bien le connaître. Pure prétention, bien sûr. Lui et moi, ce n’est jamais que quelques débuts de soirées, un verre d’alcool, trois vannes à deux sous. Je le regarde, je le détaille. Il a une drôle de phrase, une drôle d’idée, où il me dit qu’il aimerait bien être un oiseau. Je rougis, un bref moment, pas trop longtemps. Juste parce que c’est à moi qu’il le dit. Je ne comprends pas vraiment, mais je lui trouve quand même des allures de poète, avec sa tête tournée vers le ciel.

Un faux poète. J’ai pas vécu longtemps, j’ai que seize ans. Un peu plus. J’ai pas vu beaucoup de choses, mon expérience de la vie est nulle. Je n’ai rien fait d’extraordinaire. Je ne suis pas fière de moi, mon père m’a souvent dit que j’étais bonne à rien. Je m’en excuse. Je sais juste être une poule. Je suis mal placée pour juger des envies des autres.
Mais il y a eu des garçons, pour un soir, quelques nuits, deux ou trois semaines. Des garçons qu’on aime, qu’on déteste, qu’on garde jalousement, puis qu’on perd. Et l’idée de l’oiseau. Ca doit être un truc propre à nous, les adolescents. Mais ça touche surtout les garçons. Parce qu’un garçon, ça trouve toujours le moyen d’être blasé, ça cherche toujours les grands mots. Ca rêve de liberté. Ca cherche l’horizon. Ca pense à l’ailleurs. Ca pense à une autre vie. Au fond, ça cherche surtout à se rendre intéressant, à se donner des airs de penseur aguerri. Et puis ça voit un oiseau passer, alors ça finit toujours au même endroit : le ciel. Ou mon lit, parfois. Non je ne m’en vante pas. C’est juste du déjà vu, c’est tout. Heath, il est cliché. Tout d’un coup.

Puis il me donne sa main, alors je ne lui en veux plus. C’est la première fois que je touche sa main. Ca ne me fait rien. Heureusement, peut-être. Heath, ce n'est pas un garçon dont on tombe amoureux.
C’est une main de garçon, elle est comme celle des autres. Elle est plus grande que la mienne, ses doigts sont plus longs. J’aime les mains des garçons, surtout quand elles se referment sur les miennes. Elle est toute chaude. Je joue avec. Je pince doucement, je serre. Je caresse un ongle. C’est ce que je préfère, chez une main. Les ongles. C’est doux.

« Moi je trouve qu’on est bien comme ça. Enfin tu vois… Un oiseau, c’est pas vraiment tranquille. Ca dort dehors, ça mange des vers. Ca picore le sol, comme ça. Je lâche sa main, je me mets à quatre pattes, puis j’embrasse la terre, j’en mets partout, j’en bouffe un peu. Je suis une poule, rappelez-vous. J’ai pas un don cool. Mais il a de la chance, Heath, je lui fais une démo. Sans me transformer hein, c’est la honte. Une poule. Puis je bats des ailes, je fais cot cot. Je le fais bien. Et puis quand il pleut, et comme la pluie ça mouille, ils sont trempés. Ils ont pas de quoi se sécher. Ca inonde leur nid aussi, et ils ont leurs ailes qui se collent. Ca gêne pour voler. Et en Hiver, ils crèvent de faim. Puis y’a les chats. C’est méchant un chat. Mais pire qu’un chat, y’a les renards. C’est méchant un renard, c’est vicieux. Très vicieux. »

Je m’approche. J’essaye d’avoir l’air grave, mais ça ne me va pas trop. Je plie un peu les yeux, je me fais fouine. J’imite le renard. Je lui tourne autour, je suis un prédateur. Je pose ma main sur la sienne, j’enfonce mes ongles dedans. Pas trop fort, juste assez pour faire une trace. Je joue avec ma proie. Ca m'amuse un peu. Je suis bête, mais j'ai l'impression que ça me va bien. Je fais pas trop attention à sa réaction, j'ai envie de rire en fait.

« Surtout se méfier du renard. »

Je lève sa main, puis je mords. Soudain.
Un renard, ça vous saute dessus au moment où vous ne vous y attendez pas. J’aime pas les renards. Ca vous déplume, ça vous bouffe. Et si c’est pas un renard, ce sera autre chose. Un oiseau, c’est pas libre : c’est faussement libre.

« Le piaf, il a une vie de merde. Si tu veux voler, prends un avion. Ou va faire du deltaplane, c’est plus sur. »

Je reviens à côté de lui, je respecte la distance. Pas qu’elle me soit vraiment nécessaire, juste, elle paraît importante. Je crois que je me suis rendue ridicule, je l'ai pris au pied de la lettre. Je m'en fous. J'aime bien. Si j'ai pu l'intéresser, même superficiellement, ne serait-ce que quelques secondes... Ca me va. Il m'en faut guère plus. J'aime juste pas quand il regarde ailleurs, comme si j'existais pas. Je veux pas être toute seule, mais lui tout seul ça suffit pas non plus. Je veux exister. Je veux qu'on me voit.
J’hausse les épaules à sa remarque. Ca peut pas être bizarre, ce n’est même pas un rendez-vous. Puis un rendez-vous, ça implique un nous. Il n’y a pas de nous. Il y a moi, puis il y a lui. C’est pas lié. Je l’ai pas appelé pour qu’il remplace Tom. Non, sinon on se serait déjà jeté derrière des buissons, pour faire des trucs cochons. Je n’ai pas envie de faire des trucs cochons avec Heath. Et je brise la distance, quand même. Je me penche, je me couche presque, ma tête sur son épaule. Je bats des cils. C'est menaçant. Il m'a fait un peu peur. Je veux une après-midi comme les autres. Un truc banal. J'espère juste me faire rejeter, l'entendre dire à voix haute que rien ne changera jamais. On n'est pas fait pour être amis, on n'est pas fait pour être plus. Je veux juste mon bouche-trou. Je suis confiante. Au fond, je suis quasi certaine qu'on a la même chose en tête. Le tout est de le rendre audible, pour mettre fin au rendez-vous bizarre.

« On n’a pas besoin d’un rendez-vous. On a juste à faire comme d’habitude. T’es là, je suis là. Et c’est tout. Tu n’aimes pas ? Tu veux... Plus ? »
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Heath J. Andersen
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Mer 28 Mar - 20:25

C'est étrange, cette façon qu'elle a de jouer avec ta main. C'est même un peu dérouant. Mais après tout, tu la laisses faire. Un peu plus, un peu moins, c'est la même chose pour toi. Pourtant, tu te refuses toujours à la regarder. Tu préfères ne pas lui porter toute cette attenion, qu'un bouche rou doit attribué à son bouche trou. Pas d'ambiguïté dans un regard trop long ou mal placé. Non, non. D'un côté, elle ne la mérite pas Pas plus que toi. Alors tu la laisse. Se lancer dans son manège. Te prouver que tu as tord.
C'est bizarre. Cette démonstration de poule qu'elle te fait. Tu lèves un sourcil. Fini par lui accorder de l'attention. C'était peut-être la seule chose qu'elle voulait. Alors tu l'écoutes, intrigué. La laisse finir son monologue. Elle ne comprends pas. Du moins, elle ne comprends pas ton point de vue. Et tu te demandes si c'est la peine d'expliqué. Après tout, ça commence à devenir trop personnel cet histoire. Pour toi, l'oiseau c'est un symbole. Certes, il a les problèmes qu'elle t’énonce. Certes. Mais pour toi, un oiseau n'a pas à se soucier, de toutes ces conneries que sont les sentiments, les réputations et les apparences. Les oiseaux volent, voyagent. Ils se prélassent. C'est tellement bête. Alors tu ne dis rien. Et tu souris quand elle enfonce ses ongles dans ta peau. Elle te fais mal, mais pas assez pour que tu oses le lui montrer.

Sa proposition, de faire du deltaplane t'arrache un rire. Et tu lui réponds, le plus simplement possible.

    « Du saut à l'élastique. Si t'en fais avec moi. »


Tant pis si elle prend peur. Tu as un peu envie de rire d'elle. Pas beaucoup. Juste pour qu'elle se rende compte que tout n'est pas simple. Dans un avion, on est pas vraiment libre, assis dans notre siège, plateau repas en bouche. Et le deltaplane, pour toi, c'est comme être un cerf-volant géant. Te laisser guider au fil du vent. Pas génial. Le saut à l'élastique, lui, te procurera l'adrénaline de vouloir effleurer l'eau, de se sentir chuter pour remonter, par désir, de retourner les endroits que tu connais : le sol ferme.

Et la voilà qui joue. Au chat. Au renard, plutôt. A te taquiné alors que tu recommence à peine à fixer au loin. LA voilà qui s'approche de toi, comme si tu étais le souris. L'oiseau. Comme s tu étais sa proie. Mais tu ne t'en fais pas. Tu sais garder ton sang froid, pas vrai, Heath ? Et tu l'entends formulés ces mots. Qui sonnent étranges. Pas qu'ils le soient. Tu as déjà entendus ce genre de phrases. De la bouche de ces quelques filles. Tu les imaginais très bien sortir de la bouch de Sidonie, avec surement un peu plus de charme, pour n'importe quel autre garçon. Pas pour toi. Entre vous, ça sonne un peu comme faux. Et pourtant, dans le fond, t'es quelqu'un qui a toujours rêvé d'avoir des amis. Des vrais. Mais tu en es incapables. Alors tu étires ton sourire. Comme toujours. Tu te penches vers elle, à peine. Evite son regard, un dixième de seconde, avant de relevé tes yeux dans les siens, de lui attraper une mèche de cheveux.

    « En fait... »


Et tu éclates de rire. Un éclat de rire pur. Et pourtant forcé. Parce qeue tu sais pas. Pour de vrai, tu sais pas. Tu n'en as aucune idée. Alors le mieux est d'éluder la question par une mise en scène grotesque. Tes mensonges t'éloigneront toujours des gens auquel tu t’accroches malgré tout. Tu te ranges derrière eux, derrière tous tes masques. Tu espères qu'elle t'enguelera. Te diras que t'es qu'un con, à la faire marcher comme ça. Tu espères qu'elle te demandera pas, sincèrement, t'en penses quoi ? De toutes façons, u ne saurais pas quoi répondre. Ca vous brouillerait, sûrement. Et tu n'as pas besoin de ça. En fait, dans le fond, tu te dis même que tu as besoin de rien. Mais toutes tes pensées vont trop vite. Tu te recules, avant de te prendre une claque ou quoi que ce soit. Et pourtant, tu ne lâche sa mèche de cheveux qu'au dernier instant. Comme si ça te rattachait à cette idée, que dans le fond, tu es impuissant.

Au final, tu attrapes un de tes écouteur qui pend sur ta poitrine, l’attrapant du bout des doigts, le démêlant. Tu le place dans ton oreille en fouillant dans ta poche ce que tu va bien pouvoir écouter. Du jazz. C'est bien le jazz. Alors voilà que tu tends le seconds écouteu à ta compère. Tu ne veux pas que la discutions reprenne. Ce n'est pour toi qu'un moyen de détourné l'attention. St. James Infirmary est lancé. Tu te dis que dans le fond, ce mec gère. Que tout le monde n'est pas acteur de série à succès et jazzman à la fois.

    « T'as rien contre le fait d'écouter de quelque chose plus... moins sinistre que ce parc d'enfant, j'espère ? »


Et tu souris. Parce que dans le fond, tu te dis que si elle avait peur, c'est parce qu'elle s'en donnait les moyens. Tu veux la rassurer. Lui faire oublier qu'elle est dans cette place inconfortable. Qu'elle est avec un ami, ou plutôt un camarade. Qui lui sert un peu comme ça. Tu passerait bien ton bras sur son épaule, mais après ta blague, ça paraît un peu trop. Alors tu la regarde, bouge légèrement la tête en rythme avec la musique. Ca suffira.
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Sidonie S. Schnoor
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Jeu 29 Mar - 15:13

Mes imitations font sensation. Clairement. Je suis une experte en matière d’animaux, surtout concernant les oiseaux. Même si je ne suis pas sûre de l'avoir convaincu. Je crois qu'il se moque. Mais c'est aussi satisfaisant. Pour une fois, je suis contente d'être une poule.
Ses lèvres s’étirent, c’est un sourire peu charmant. Pas plus que celui d’un autre, du moins. Mais il a une façon de rire qui suffit. Je crois qu’il plaisante. Alors je me force à rire, bêtement. J’hausse les épaules, le regarde en biais. Y’a juste pas moyen que ça arrive. Au fond il le sait très bien. J’ai pas une tête à sauter dans le vide, ni à être pendue au bout d’un élastique, le corps qui yoyote. Je préfère l’endroit, le quotidien d’un jour morne, l’ennui. Je n’aime pas l’adrénaline, ça me fait des picotements au niveau du ventre, ça me gratouille l’arrière de la nuque. C’est trop de stress, trop de soucis. Et puis ça me donne des boutons, parfois au front, et de temps en temps au coin d’une lèvre. Alors il faut tartiner de crème, de font-teint. Alors je pense à ce superbe visage, le mien, je pense à ceux qui le regardent, de loin comme de près, et je me dis que ce serait un crime. Pour ma beauté.

Il se rapproche, soudain. Pas tant que ça, c’est vrai. Mais il me semble que sa figure est bien trop proche. Je vois des choses que je n’ai pas l’habitude de voir. Par exemple, je n’avais jamais remarqué qu’il avait une bouche si grande. Je ne savais pas non plus qu’il pouvait regarder les gens avec autant de facilité. Des détails pas si importants que ça, qui me frappent avec brutalité. Je sens son souffle, je trouve une certaine intensité dans ses yeux, une vague impression de mal-être au fond des miens. Sa main s’avance, je ne sais pas vraiment quoi faire. Il s’empare d’une de mes mèches de cheveux. Simplement, il dit deux mots. Pendant un bref moment, il sème la zizanie. Pendant un bref moment, je rougis. Heath ne me plait pas. Il n’est pas particulièrement intimidant, pas quand il sourit comme ça. Mais il est surprenant. En fait, quoi ? Le temps s’arrête. Les secondes s’écoulent lentement. Je ferme les yeux, brusque. Je ne veux plus qu’il me regarde comme ça, plus du tout. Je me moque de tout ça.
J’ai peur qu’il m’embrasse. Mais s'il essaye. Est-ce que je ne fais rien ? Ou je le mords. Je le frappe avec mes quinze centimètres de talons. Je la joue petite vierge effarouchée. Et tout ce qui n'a jamais commencé se termine là, quand même. Mais je ne vois pas pourquoi Heath voudrait m’embrasser. Je l’imagine amoureux. Je comprends presque, alors. C’est vrai que je suis jolie. Je me demande quand même ce qui peut lui plaire chez moi. Mes joues qui se creusent quand je souris, mes petites fossettes, mon rire bêta, ma voix cruche, la simplicité des mots, le roux de mes cheveux, des tâches de rousseurs. Je pense au moins poétique, aussi. Je cherche les choses qu’il pourrait me dire, mais qu’on m’a, par un cruel hasard déjà dites. Je réfléchis au rateau. Je lui dirai que j’aime Tom. Même si ce n’est pas vrai. Puis je lui proposerai une fille qui me ressemble, mais qui est moins jolie.

Et puis tout repart, le temps d’un éclat de rire. Je reste béate, un bref moment. J’attends un baiser qui ne viendra pas. Ou alors il est vraiment très lent. Ou c’est moi. Je crois que c’est moi. J’ouvre un œil, méfiante, puis l’autre. Je me sens bête. Et je suis contente de l’être. En fait il est juste en train de rire. On ne s’embrassera pas, je ne lui présenterai personne. Et ce sera quelqu’un d’autre qui me dira des mots, des phrases que je connais déjà. Je trouve ça plutôt rassurant, en fait.
Ce n’était pas très gentil, quand même. Je pourrai lui foutre une baffe. Je suis sûre que les autres filles n’hésiteraient pas. Mais il en faut du courage pour lever sa main. Moi je n’y arrive pas, je ne sais pas. Je crois que je me ferai mal. Et puis je n'aime pas trop le bruit que ça fait, quand on claque quelqu'un. Puis, c'est juste Heath, je n’ai pas envie. Je ne suis pas déçue, pas même énervée. C'est pas grand chose, au fond. J’ai l’habitude. Même si venant de lui, ça ne me fait rien. Alors je lui donne simplement un coup de coude, je boude un peu. Comme si j'étais vraiment affectée. Je suis soulagée, surtout. C'est pas un rendez-vous bizarre.

« T’es con des fois, Heath. J’ai crû que t’étais amoureux… Je t’aurai dis un truc du genre, t’es trop moche, puis j’t'aurai dit que j'aime Tom. Je t’aurai présenté une jolie rousse. T’aurais détesté. »

Je lui souris un peu bêtement. J'avais peur de faire la méchante. Mais c'est juste lui, en fait. Lui et ses blagues de mauvais goût. Je ne lui conseille pas de faire la même chose avec une autre fille. M'enfin. Pour ce que j'en ai à foutre.
Il me tend son écouteur. Je secoue la tête à sa question. Je prends. Je coince mes cheveux derrière mon oreille. Je ne connais pas la chanson. Mais c'est pas grave, tant qu'il y a du son. J'aime pas vraiment le silence, moins encore dans ce genre d'endroit. Je préfère le bruit, juste un fond sonore. Mais ça reste glauque. Je regarde autour. Je trouve que la chanson colle bien à l'ambiance. Je me demande s'il le fait exprès. Je dis rien, c'est gentil quand même de m'avoir proposé. Passé trois minutes, on entend enfin une voix. J'aime bien. C'est rassurant. Je souris, ça change du Britney Spears. J'aime écouter les chansons des autres. Je me dis que ça reflète assez bien leur personnalité. Enfin c'est pas moi qui le dis, ce sont des gens qui s'y connaissent. Des gens que j'ai entendu, une fois. C'était sûrement à la télévision, comme je ne lis pas. J'imagine ce qu'il peut écouter, Heath. Mais j'y arrive pas. Il est dur à lire. Je laisse la chanson finir.

« J'ai menti tout à l'heure. Je crois que Tom il viendra pas. Tu m'en veux pas trop, dis ? »

Je passe mon bras sous le sien, par habitude. Un autre vieux réflexe. Je me dis qu'on doit être beau à voir, collés comme ça, en plein milieu d'un vieux parc. J'aimerai nous voir de dos. Je suis sûre que ça rend bien. Je secoue un peu mes pieds, j'ai la tête contre son épaule. Mais je regarde le sol. J'ose pas trop regarder ailleurs. Je sais pas pourquoi je lui ai dis ça. Je crois qu'il le savait. Je me fais petite. Je sais pas garder un secret, pas même le mien.

« Mais avec toi, c'est bien aussi. T'es gentil. Même si des fois, t'es méchant en fait. Mais des fois t'es gentil. Enfin, tu vois ? »

L'embrouille.

« C'est quoi la prochaine chanson ? »




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Heath J. Andersen
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Jeu 29 Mar - 18:43

Elle te traite de con. Elle a bien raison. Alors tu l'écoute, dire tout ça. Toute ces choses qu'elle aurait très bien pu te dire, si tu avais hésité encore quelques secondes, si jamais un jour tu ressens le besoin de t'ouvrir à elle, tu es prévenu. Tu sais à quoi t'attendre. Tu ne tombera pas de haut, au moins. Mais c'est pas grave. C'est Sidonie. Toi tu démêle tes écouteurs. Et tout va très vite, en fait. Entre le moment où elle écoute cette voix, et celui où elle te dis que Tom ne viendra pas. Tu ose un mouvement d'épaule. Une petite phrase, lancée en l'air.

    « C'est pas grave, on est bien comme ça. »


On est bien. Pas out à fait. Presque. Surement mieux qu'ailleurs, c'est certain. Pourtant, c'est pas non plus génial. Tu te fais rembarrer sans avoir rien demandé. Enfin, si tu l'as quand même cherché. Ton égaux en a quand même pris un coup. Jusqu'à cette phrase. La vraie première phrase gentille qu'elle te dit depuis un moment. Même si t'es con, elle te trouve gentil. Mais c'est vrai. t'es pas quelqu'un de méchant. Tu fais pas de mal par simple plaisir. Tu fais simplement pas forcément les bonnes choses. Alors tu souris, pour la remercier. Pas beaucoup plus que d’habitude. Juste plus sincèrement. Avec quelques rides autour des yeux. Tu la laisse s'appuyer contre ton épaule alors que la chanson touche à sa fin. Tu regarde l'aléatoire de ton IPod, Tu ne sais pas vraiment ce qui va venir après, alors tu ne lui répond que lorsque l'écran change. Ca tombe bien, tu l'aimes bien, cette chanson là.

    « Nightfall. De Robert Francis. »


Les coeurs du début ont suffit à t'annoncer la couleur. Un instant, tu te dis que tu as des gouts de fille. Rien de grave. Tu laisse alors tomber sur ton jean. Tu passe ton bras autour de ses épaules. Tu évites de lui prendre la main, ça semblerait étrange, après ta petite comédie. Ca semblerait étrange tout court. Alorsle bras derrière la nuque suffit. Tu regarde droit devant toi. Ca aussi, ça suffi. T'as pas besoin de plus, pour être heureux.

    « J'espère que ça te plait. »


Simple souhait qui s'achève en murmure. Parti trop loin dans l'horizon. Tu finis par la regarder, la serrer un peu plus contre toi et, de ta main libre, lui ébouriffé un peu les cheveux. C'est pas grand chose. C'est presque amical. Mais cette ambiance est trop bizarre pour que tu reste sans rien faire. Pourtant, tu aimerais que cette après-midi dure. Encore et encore. Peut-être pas une éternité, simplement un peu plus longtemps. Que vous n'ayez pas à rentrer, que tu n'aies pas à expliquer à tout ces faux amis pourquoi tu ne les as pas rejoins. Oublié toutes les complications. Etre comme un oiseau, profité de l'air frais.

Le temps passe. Il file à toutes allures, et tu ne sais pas comment le rattraper. Tu poses ton MP3 sur ses genoux, pour qu'elle continue d'apprécier la musique. Pour qu'elle se laisse aller. Alors tu finis par lui attraper la main, te lever. La tirer, presque de force. Tu souris à contre jour. Tu veux vivre. Libre. Alors tu commence à reculer, tout en la regardant. Tu lui dis, simplement, que tu veux courir. Parce que tu veux la voir, aller vite sur ses talons pour te rattraper. Alors tu recules, toujours un peu plus vite. Mais tu te refuses de te retourner. Tu as peur q'elle refuse. Tu n'es qu'un lâche. Un trouillard. Soyez donc des enfants. Soyez donc des animaux, qui ne se soucient guerre de plus que de vivre. Tu espères simplement que les notes qui traversent sa tete l'inspirent, lui donne envie d’être naturelle. Pas cette fille surfaite, la poitrine bien bombée, d'être juste un peu elle.

    « Viens ! »



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Sidonie S. Schnoor
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Dim 1 Avr - 20:00

    Oui, on est bien comme ça. C’est pas grave. Il est vraiment gentil Heath, parfois. J’ai l’impression qu’il me remonte le moral, ou qu’il essaye. Je ne crois pas que ce soit le but. D’une certaine façon, ça ne lui ressemble pas. Mais ça marche un peu, quand même, même s’il ne le sait pas. J’suis contente. Vite fait, quoi. Parce qu’il a dit que c’était pas grave. Je me suis fait larguée, mais c’est pas grave. C’est drôle de voir les choses sous cet angle là. Moi j’en fait tout un plat. Je préfère, en même temps. L’inverse serait bizarre. Mais il a peut-être raison au fond. Heath m’en veut pas. Je traduis qu’il s’en fiche. Il dédramatise. Il ne se moque pas. Ca fait du bien, quelque part. Ca passe. Puis il sourit. Sur le coup, il me semble un peu plus beau que d’habitude. Je crois que c’est à cause de sa nonchalance, ses petites rides autour des yeux. Ca le rend sympathique. Utile.

    « Ca me dit quelque chose, je crois que j’aime bien. Je savais pas que t’écoutais les trucs comme ça. Mais tu gardes ça p’têtre juste pour les filles en fait. Genre sensible et romantique. C’est vrai que y’a des filles qui aiment ça. Mais dans ton cas, j’suis pas sûre que ça marche. Pas que t’es une cause perdue, mais presque. »

    Je le taquine. Parce que je l’aime bien. Enfin, je ne l’aime pas comme ça tout le temps. Juste aujourd’hui, parce que c’est une journée de merde. Puis j’ai personne à aimer, aujourd’hui. Donc, je lui en donne un peu. Presque rien, en fait. Il doit pas vraiment s’en rendre compte. Personne ne s’en rendrait vraiment compte, je pense. Je suis pas toujours très sympa, je dis pas vraiment ce que je pense. Pas tout le temps. Puis, faut avouer, si je l’avouais ce que je pense de lui, là, tout de suite, ça le rendrait mal à l’aise. Je casserai le truc. J’aime bien comme on est, là. C’est con mais j’me sens légère. Lourde en même temps. Mais bien. C’est parce qu’on est pas toujours comme ça.
    Je regrette un peu. Il passe son bras autour de mon épaule. Je me sens aimée. C’est bête, c’est Heath. Mais là tout de suite, je trouve ça plutôt bien. Avoir quelqu’un sur qui se reposer. Il a l’air protecteur. Et c’est assez comique en fait, maintenant que j’y pense. Il ne l’est pas du tout, en fait. Mais c’est pas grave. C’est bien des fois, d’avoir quelqu’un sur qui on peut compter, même si c’est juste cinq minutes. Ca calme.

    « J’adore. »

    J’adore. J’adore un peu tout. Il me regarde. Moi j’évite. Pas que je sois particulièrement mal à l’aise, juste… Je n’en ai pas vraiment besoin. Je préfère sentir le regard des autres. Le sien, je l’aime bien. Parce qu’aujourd’hui, il est gentil. Je me demande. Je dois être pitoyable, pour juste avoir la sensation qu’il s’occupe de moi. Je trouve ça cool en fait. T’es cool Heath, quand tu t’en donnes bien la peine. Autrement dit pas souvent. Mais c’est pas grave. Avec toi, rien n’est jamais grave.
    Il me serre un peu dans ses bras, il m’ébouriffe les cheveux. Ca me fait rire. Je ne savais pas qu’il pouvait avoir un côté tendre. Affectueux. Je me laisse faire. Je me trouve mignonne. C’est plutôt rare. D’habitude je suis jolie. Comme une fille facile. Comme une conne. D’habitude je me sens sale. Et l’eau n’y fait rien. Ca se nettoie avec des mots, des regards, des gestes. Là je me sens propre. Pure, plutôt. Comme une petite fille. C’est mignon. Ca me fait plaisir. Ca ne durera pas longtemps. Mais sur le coup, je ne veux pas partir. Je ne veux pas grandir. Pas encore.

    On reste un moment, puis il se lève. Il me laisse son mp3. J’en profite pour remettre la chanson. J’aime bien écouter en boucle. Je monte un peu le son, à peine. J’en profite pour mémoriser le nom du monsieur qui chante. J’aime bien. A partir de maintenant, Robert Francis a une signification symbolique. C’est la musique sur laquelle je me suis sentie propre. La musique sur laquelle je suis mignonne. Je me sens forte. J’ai une idée un peu bête en fait. Ce sera la chanson à Heath et moi. On n’en avait pas. Mais aujourd’hui, c’est différent. C’est bizarre. Mais c’est pas grave. Donc on peut avoir une chanson. Comme ça je me souviendrais que, Heath, c’est un peu plus qu’un rien. C’est quelqu’un aussi. Qui fait que je me sens bien. Gentil. Je vais essayer de m’en souvenir. La chanson aussi. J’en profite. En fait, y’a peu de chance pour que je la réécoute. Mais au moins maintenant on en a une.

    Je m’apprête à le lui dire, toute contente, quand il m’attrape par la main. Il me relève. Il recule. Il est fou. Il veut courir. C’est enfantin. C’est con. Pourquoi veut-il courir ? C’est fatiguant, courir. J’aime pas courir. Après je transpire, je pue. Puis quand je cours, j’ai les seins qui font pom pom. Ils se soulèvent, puis ils retombent. Ca va se voir en robe. Je fronce les sourcils. C’est disgracieux.
    C’est pas une bonne idée. Je veux lui dire. Mais je peux pas. On ne dit pas à un garçon qu’on a des problèmes de poitrine. Je déteste Heath et ses idées en fait. Je cherche une raison pour dire non. Mais j’ai pas vraiment le temps. Il part. Il court. Il est aérien. Léger. Je suis sûre qu’un jour, il pourra voler.

    « Ralentis… Attends-moi Heath ! »

    Je l’appelle. Mais il ne se retourne pas. Il me fait rire en fait. J’avance, je trottine. C’est pas une bonne idée avec mes talons. Je sautille, j’enlève mes chaussures en même temps. Je les balance dans un coin. J’ai peur de tomber. J’ai peur de le perdre de vue. Nu-pieds, j’avance. La démarche mal-assurée. J’accélère un peu. Puis je cours en fait. Pas bien vite. Un léger sprint, nul, mais suffisant pour le rattraper. Alors je lui saute dessus. Sur le dos. Je passe mes bras autour de son cou. Je ris. On tombe presque. Je m’accroche comme je peux.
    Comme des enfants.

    « C’est moi ! »

    Bien sûr que c’est moi. Qui d’autre ? Bête annonce. Je ris.

    Je lui mets dans l’oreille l’écouteur. La chanson n’a pas changé depuis tout à l’heure. Quitte à avoir une chanson, même s'il ne le sait pas encore, mieux vaut l'écouter à deux. Que je me dis.

    « T'es nul. Pour la peine, je reste là. Allez. Huh Dada ! »




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Lun 2 Avr - 17:12

Voilà qu'elle te demande de l'attendre. Tu n'en fais rien. Et pourtant, tu n'accélère pas ton rythme. La voilà, debout, qui tente de te rattraper. Alors tu regarde vers là où tu vas. Osant quelques regards vers l'arrière, pour voir où elle en est. Tu restes pourtant lent dans ta course. Tu veux l'attendre, qu'elle te rattrape. Ca serait bien, ça. Tu la vois par dessus son épaule retirer ses chaussures trop hautes. Tu la vois perdre une dizaine de centimètres, alors tu avances. A peine plus rapidement. Jusqu'à ce qu'elle t'atteigne. Qu'elle te saute dessus. Et tu manques de tomber, la tête la première. Tu balance tes mains dans son dos, pour lui éviter la chute folle. Tu tangue légèrement. Tu n'étais pas prêt. Tu ne t'attendais pas à ça. Au final, elle aura réussis à te surprendre, cette fille, qui te paraissait si prévisible. Qui te préviens. Que 'est elle. C'est moi. La phrase la plus stupide au monde, avec sûrement, Restons amis. Parce que forcément, on est jamais quelqu'un d'autre. Tu le sais. Tant bien que mal. C'est elle. Que tu tiens dans ton dos.

    « Si c'était pas toi, je m’inquiéterais. »


Tu soupires. Tu halètes. Parce que tu te remets de ces émotions. C'est bien trop pour toi. Mais voilà que tu reprends ton souffle, finissant ta course. Maintenant qu'elle est sur ton dos, tu te sens con, à rester là, droit comme un piquet. Alors tu te penches légèrement en avant, tu décale ta tête sur la droite, tu l'observes quelques secondes, avec une grimace. Puis tu recommence à avancer. Cette fois-ci, tu marche, fais un tour sur toi même. Elle n'est pas si lourde. Pas si légère non plus. C'est une fille quoi. Elle te glisse un écouteur ans l'oreilel. C'est toujours la même chanson. Elle a dû lui plaire. Tu sens un peu ses seins qui s'écrasent dans ton dos. Ca te donne envie de sourire, mais tu n'en fait rien. Tu t'avances. Lentement. Vers le tobogan. C'est pour les enfants. Tu essaye de t’accroupir au bas de la pente, la laissant tombée derrière toi dans la trompe de l'éléphant. Et tu t'allonges sur elle. Tant pis si tu l'écrases. C'est pas si grave. Rien n'est grave, avec toi.

    « Le tour de poney était-il agréable ? »


T'as la tête sur son ventre. Tu regarde le ciel. Les bras posées sur ses jambes. Tu pianotes sur ses tibias, comme si 'était ce qu'il y a de plus normal. Il ne fait pas nuit, pourtant, c'est sombre. Le soleil n'est pas au rendez-vous. Un ciel a resté enfermé. Mais t'aime bien ce temps là. Quand il fait ni trop chaud ni trop froid. Tu tends une main au dessus de ta tête, les doigts écartés. Comme si tu cherchais à laisser filer les nuages après les avoir saisis une secondes. Tu te dis que c'est ridicule. Mais que de toutes façons, elle est pas là pour te juger.

La chanson s'achève, alors tu lui tends l'écouteur toujours en fixant le banc du ciel. Elle n'a qu'à mettre ce qu'elle veut, fouiller un peu. Il y a de tout, sur ton MP3. La musique que t'écoutes, deux trois titres qu'on t'as mis pendant que tu prêtait l'engin à tes petites copines, euphorique à l'idée de s'installer dans ta vie privée. Tu ne pensais jamais à lever les chansons. Comme si elles ne comptaient pas. Comme si elles-même n'avaient pas compté. Des gars, de ta classe, t'avaient aussi mis quelques titres, pour que écoutes ça, c'est vraiment trop génial. Toi, t'écoutais jamais. Seulement quand ça tombait en lecture aléatoire. La plus part du temps, d'ailleurs, tu appuyer sur la touche suivant.

    « T'écoutes quoi, toi, en fait ? Je veux dire, d'habitude, quand c'est toi qui doit choisir ? »


En vrai, tu ne connais rien de Sidonie. Et elle ne connait rien de toi. Pourtant, lui avoir fait écouté ces deux morceaux là, c'est peut-être le plus grand pas que tu aies fait vers les autres depuis ton voisin. C'est bête. Tu n'as pas d'amis. Tu le sais. Tu ne t'ouvres pas, mais ça te suffit. Ton bras retombe sur son genoux. Tu essaie d'etre naturel, ce n'est pas facile, pour toi. Tu te dis qu'au final, tu es devenu ta carapace, bien trop vide.
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Sidonie S. Schnoor
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Mar 3 Avr - 21:01

    Il est surpris. Il grimace. C’est plus que satisfaisant. J’arrive encore à faire des trucs complètement cons. Pendant trois secondes, je sors du moule. Heath, il doit pas en porter souvent des filles, dans son dos. Je me sens privilégiée. Moi aussi je peux être la nana qui marque, quand je veux. Juste un peu plus qu’une fille dont tout le monde se fiche. Juste un peu moins bête que la fille d’un soir. Simplement. Mes pieds sont sales. Ma coiffure est défaite. J’ai les cheveux qui virevoltent. J’ai niqué mon maquillage, d’un revers de main. Sans trop le faire exprès. Alors j’arrange les dégâts, avec quelques doigts. Au fond, j’y peux rien. Je suis une fille. Trop, peut-être. Je veux pas qu’on me trouve moche, c’est tout. Je m’écrase un peu plus sur Heath, j’y mets mon poids. Je me cramponne d’une main. Je finis par poser ma tête sur son épaule. Encore. Je regarde pas trop où on va, je le laisse faire. Je suis, je subis. Je me laisse porter, en fin de compte. Et puis je ferme un peu les yeux, je dormirai bien là.

    Heath a peut-être la même idée Il me lâche. Je tombe dans un toboggan, en bas. Je ne me redresse pas, je ne cherche pas. Il s’est allongé, la tête sur mon ventre, ses mains sur mes jambes. Je grimace un peu, à peine. Ca ne fait pas mal, il a juste une grosse tête. Je fais avec. C’est pas la première fois qu’un garçon se faufile entre mes jambes, sans mauvais jeu de mots. Et puis j’ai le ventre mou, c’est confortable. Les filles aussi, elles aiment bien. Je suis pratique, multifonction.

    « Un poney ? Trop mignon pour toi, ça. »

    J’attrape l’écouteur qu’il me tend, je le pose tout juste sur sa tête, le temps de m’étirer. Je change de chanson. J’en passe plusieurs. Je cherche celle qui inspire. Je la trouve, bien sûr. Alors j’imagine un beau soleil, des rayons sur ma peau, un peu de sable à la place de la terre. Les corbeaux se changent en mouettes. Je suis sur la plage, je bronze. Le toboggan me sert de chaise longue. J’ai un gros bébé sur mon ventre. Et je peux pas m’empêcher d’avoir cette image, qui me colle à la peau à chaque fois que quelqu’un vient se blottir contre moi, maman poule et son poussin. Ridicule, n’est-ce pas ?

    « T’es bien installé ? »

    Pendant un bref moment, j’ai chaud. Mais c’est sans doute parce que, d’une certaine manière, Heath me couvre. Je remue un peu mes jambes, il me chatouille avec ses doigts. Ce que j’écoute d’habitude. Je réponds pas tout de suite, je réfléchis. J’écoute quoi, moi ? La même chose que tout le monde. Du Lady Gaga, un peu de Pink parfois, Katy Perry, Britney Spears. Massivement. Des trucs de filles. Des chanteurs populaires, beaux. Y’a quelque temps, j’étais fan de Tokyo Hotel, quand c’était à la mode. Mais la mode est passée. J’ai viré des posters, jeté quelques CD à la poubelle. Et puis il y a des chansons emblématiques, parce qu’on s’est tapé un délire dessus. Rien de plus. Je fais juste comme tout le monde. J’ai pas de musique à moi. La musique me plait quand elle plait aux autres. Je suis pas difficile, je veux juste du son. Parce que j’aime pas le silence.

    « Bah, des trucs au top. Mais des fois, quand je suis toute seule, j’écoute ABBA. Parce que ça me rappelle quelqu’un que j’aime beaucoup. »

    C’est sorti tout seul. J’ai personne, des fois. Mais j’ai un drôle d’inceste. Juste un monsieur de trente-deux ans, qu’est un peu mon papa. Helmut. Helmut et ABBA. Il a plein de CD. Il me chante souvent des chansons, le soir, sur notre canapé deux places, couleur chocolat. On l’a choisi ensemble. Je l’aime bien ce canapé. ABBA me rappelle le canapé. Il l’a acheté l’année dernière. Le précédent avait déjà dix-neuf ans, on y avait renversé une bouteille entière de whisky. Gâchis. On avait ri. On était saoul. Doux souvenir.
    Je pourrais lui raconter cette petite anecdote, lui en dire bien plus. Mais je ne parle jamais d’Helmut aux gens. C’est précieux, c’est secret. Je ne peux pas mettre de mots sur notre relation. Ca ne se raconte pas. C’est intime. Et pourtant je me sens très proche de Heath, là, tout de suite. Pas parce qu’il est tout juste contre moi. C’est dans l’air, je pense. Proche tout en ne l’étant pas. L’illusion. La feinte.

    Je me redresse un peu. Je le garde dans mes bras. Mère poule, je vous dis. Mère poule. J’aime avoir des gens dans mes bras. Machinalement, je lui caresse les cheveux. Pire. Je le recoiffe. J’aplatis gentiment quelques mèches rebelles. Je le rends tout beau, mon poussin.

    « Mais heu. D’habitude, je choisis pas… Depuis quand ça t’intéresse ? »

    Je soupire. J’ai besoin de bouger. Mais je peux pas. Ca me parait bête, de lui demander de se lever. Parce qu’au fond, j’en ai pas envie. Alors j’ai une autre idée, qui me vient en tête. Faut que je fasse quelque chose. Juste. Mes doigts descendent doucement le long de son visage, vers ses épaules. Je m’attarde un peu, j’hésite. Je veux une réaction. Mes mains se glissent sous ses aisselles. Et je le chatouille. Ca m’amuse.

    « Tu crains ? »



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Ven 6 Avr - 9:03

Tu ne réponds pas, à ses questions en l'air. Parce qu'elles n'ont aucun intêret. Tu hausses les épaules, vite fait. Parce que tu n'as pas envie de la déranger, avec ta voix. T'aime bien être là, sous les nuages. Tu te dis que t'as pas plus à faire. Elle te dis qu'elle écoute ABBA. Tu n'imaginais pas ça d'elle, à vrai dire. Plutôt à écouter les choses commerciales. Les choses qu'on te passes sans cesses en boite. Tu trouve presque ça bizarre. Mais tu ne dis rien. Qui es tu pour juger des goûts musicaux des gens ? Personne. Et quand elle te demandes depuis quand ça t'intéresses, tu tiltes. Tu te dis, oui. Au final, ça t'intéresses. Les autre. Elle tout du moins. Parce qu'elle est fausse mais en même temps tellement vrai. L'inverse de toi. Caché sous tes genres. Caché sous tes masques. Alors oui, d'un côté, elle te fascine. Un peu.Pas beaucoup. Comme une autre. Différemment. Alors du coup, tu réponds pas de suite. tu sais pas vraiment quoi lui dire. Tu fronces légèrement les sourcils comme si ça pouvait t'aidé à te décidé. A sortir une phrase. A dire quelque chose. N'importe quoi.

    « Je sais pas. C'était juste une question comme ça. »


Une question comme ça. C'est tellement facile. Tu ne t'en félicites pas. Au contraire. Tu te dis que tu aurais pu dire n'importe quoi. Presque rien n'aurais été pire. A part peut-être, je vends des renseignements à un psychopathe qui te stalke à longueur de journée. Mais ça, t'avais aucune raison de le dire, parce que ça n'a pas de sens.

Puis tu sens ses mains ur ton visage, descendre vers tes épaules. Tu frisonne, très légèrement, du passage de l'un à l'autre. Puis elle vient passer ses mains sous ton T-shirt. Tu ne la comprends vraiment pas. Jusqu'à ce qu'elle te chatouille. Ca te met mal à l'aise. Ce n'est même pas des chatouilles qui te font rire. C'est juste dérangent. Alors tu plaque tes bras contre ton corps, en espérant qu'elle n'arrivera plus à bouger ses doigts.

    « Oui. Non, mais non. Pas là ! »


Tu t'énerves légèrement. Pas beaucoup. Juste de quoi lui faire comprendre que c'est vraiment pas agréable. Tu attends qu'elle cesse, ne serait-ce qe deux seconde, pour te décontracter. Te relâcher. Relâcher ses mains. Tu n'as pas vraiment envie qu'elle continue. Pas sous les aisselles. En plus, tu trouve ça dégueulasse. Encore que tu n'es pas un gros porc qui transpires à longueur de journée. Mais tu l'as quand même portée, pendant quelques minutes,, tu t'es légèrement pressé, pour venir jusque ici. Ta voix se radoucis. Au final, tu ne lui veut pas de mal.

    « Partout si tu veux. Mais pas sous les aisselles. Ni sous les pieds. »


Tu es chatouilleux. Tu n'y peux rien. Et surement, elle va continuer, alors autant préféré à deux maux le moindre. C'est bête, de penser comme ça. C'est même idiot, mais voilà. C'est un peu toi.
Tu soulèves ta tête, quelques instants, le temps de faire passer ta main gauche en dessous. Tu es bien, là, allongé sur Sidonie. T'as presque envie de t'endormir comme ça. T'y penses. Tu te dis que t'es vraiment con. Alors ta main libre continue de jouer sur sa jambe. Pas beaucoup. Tu ne veux pas la déranger. Pourtant, tu lance quand même un regard à ta montre. Tu te dis que tu devrais rentré. Tu te dis que les chatouilles attendront la prochaine fois. Mais tu attends, encore cinq minutes. Pas plus. Juste cinq minutes.

Et tu te lèves, sans un mot. Te retournant pour la regarder, pour lui dire au revoir. Parce que peut-être qu'elle a envie de rester. Tu te baisse à son niveau, les mains en appuis sur les rampes du toboggan. Tu la regardes quelques secondes, avec un grand sourire étiré. Ceux que tu sais si bien faire. Puis tu l'embrasse, sur la joue. Avant de te relever d'une flexion de bras. Tu lui dis « Bon, j'y vais. » Et tu commences à tourner les talons. D'un côté, tu l'attends, en marchant lentement. Persuadé qu'elle ira cherché ses chaussures pour rentrer avec toi. On dit souvent que tout est mieux que d'être seul.


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Dim 8 Avr - 16:27

    Je le sens réticent. Mes doigts ne s’arrêtent pas pour autant. Ils ralentissent, juste. Evidemment, je m’en fiche un peu. J’aime bien embêter les autres, je m’en cache pas. Pourtant je n’affectionne pas particulièrement les visages agacés. Je préfère un sourire, un rire. Alors je suis un peu déçue au fond. J’aurai aimé entendre un vrai éclat de rire, revoir les petites rides sous ses yeux. Parce que ça a quelque chose de drôle. Je fais un peu la moue, je la fais souvent. Je finis quand même par retirer mes petites mains, un mince rictus le long des lèvres. Sous les pieds. Ca non, jamais.

    Et puis, il fait un peu froid. Soudain. Je crois qu’on est là depuis un moment. Je ne suis plus vraiment sûre. Compter des secondes, des minutes, des heures. Ca n’a pas vraiment d’importance. Mon portable me dit quand même que ça ne fait pas tant que ça. Je sens quand même qu’on arrive au bout de l’après-midi. Je ne sais plus vraiment quoi lui dire, ni trop quoi faire. Il me bloque. Ce n’était pourtant pas désagréable. Ou tout du moins, ça aurait dû être mieux, mais ça aurait pu être pire. Je ne sais pas ce que j’aurai fait, toute seule. Enfin si, je sais. J’aurai pleuré, juste un peu. Mais c’est normal, après tout. C’est humain. Même si je ne le connaissais pas tant que ça. Je garde les larmes pour ce soir. J’irai tremper mon oreiller, nicker mon mascara. Personne ne sera là. C’est peut-être mieux. Ou peut-être pas.

    Il bouge. Je l’ai en face de moi. Il a une grande bouche, un long sourire. C’est communicatif chez lui, pas beaucoup plus que chez un autre, mais quand même. Il m’en faut jamais beaucoup. Alors je lui retourne son sourire, ni trop faux ni trop vrai. Je lui tends un peu ma joue, quand il s’approche. Une bise pour un au revoir. Il veut s’en aller. Il s’en va, d’ailleurs. Je le vois se relever, j’hésite encore un peu. Je pourrai rester là, bercée par le grincement d’un vieux jouet, entre deux petites brises, à l’ombre, engloutie par une légère obscurité, l’atmosphère noircie. Le temps d’une scène dramatique. La solitude. Couler.
    Je me lève finalement. Je peux aussi rentrer me mettre au chaud, avec un pot de chocolat. Et déprimer dans de meilleures conditions. Ma vie est faite de dilemmes. Je choisis quand même le chocolat. Et Heath. Je vais chercher mes chaussures. Je fais des grands pas. Je le rattrape vite.

    « Je vais rentrer, aussi. »

    J’en profite pour lui rendre son mp3, si c’est pas déjà fait. On sort du parc. Silencieux. Dès lors, tout semble redevenir normal. Cruellement banal.
    Je baille, je m’étire. Je le pousse un peu, je chahute bêtement. Puis le bus arrive. On monte dedans.


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