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 Ton goût dans ma bouche [Auré]

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Cassandre S. Lipovsky
Cassandre S. Lipovsky
Winterhood


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Sam 29 Juin - 20:24



J'ai ce rêve étrange où je suis dans cet amphithéâtre vide, avec ce garçon là, ces cheveux blonds, ces yeux perçants. J'ai cette sensation de son corps contre le mien. Rien de plus. Et d'un coup, retour à la réalité. Je n'ai plus son odeur, je ne me souviens plus de la texture de sa peau, du son de sa voix ou même de son visage, même si je suis sûre que si j'avais accès à une de ces sensation ne serait-ce qu'une demie-seconde, je le reconnaîtrais parmi tous. Bref, ça ne va pas. Même, pas du tout. Je regarde sous mon lit, il me reste une demie bouteille de vodka que je tente de boire cul sec. Raté, je m'en renverse dessus, un peu sur les draps. Je reprends ma respiration, bois encore le fond de bouteille, grimaçante. Aujourd'hui je vais boire. J'oublie même mes médicaments dans ma table de nuit, attrapant simplement les cachetons à base de corticoïdes que je range dans mon paquet de clope. Au cas où si je pourrais acheter un ou deux amis comme ça. Même si y a toujours mieux que c'est cachets là, soyons honnêtes.


Je retire mon T-shirt trempé dans la salle de bain pour enfilé un débardeur blanc échancré beaucoup trop grand, bien fermé dans le dos, au cas où, comme toujours. Pourtant le soutien-gorge noir transparent est visible par devant et les côtés. J'enfile alors une jupe, noire, beaucoup trop courte, rentrant dans la taille le bas de mon top. Et j'hésites cinq minutes entre porte-jarretelles avec bas noirs, ou collants résilles. J'opte pour rien, quedal. Parce qu'au final, j'ai trop la flemme. L'alcool me monte déjà à la tête.

Des chaussures, rouges, comme toujours. Du maquillage, sûrement un peu trop de mascara et d'eye-liner. Mais ils s'en fichent de ça. Je suis majeure et vaccinée, on te laisseras entrer.

Et voilà que je pianote sur mon téléphone, proposant aux quelques personnes que je connais ici de sortir. Aller en boite. La vraie raison, c'est que je cherche un bagnole, parce que les bus ont arrêter de partir de l'école. Je me rends dans la cour. Fini par trouver quelqu'un qui accepte de me déposer au passage. Lui préfère le bar. S'il veut. C'est la même chose.

Et la soirée commence. Deux, trois, quatre shooters. Deux cocktails. J'arrête de compter. Je me sens déjà divaguer depuis trop longtemps. Je me déhanche sur la piste de dance. C'est tout ce que je sais faire. Et puis je demande au vestiaire si on peut me filer mon paquet de cigarette, m'enfermant dans la salle fumeur avec quelques autres accrocs comme moi. Et je me tourne vers le premier gars à ma droite. Grand et brun.
Parlons donc.

    « Du feu ? »


Ma voix est douce, à peine assez audible avec cette musique. Mais pas innocente, ça ne me correspondrait pas.



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Aurelian L. Kieser
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Lun 1 Juil - 4:32

Medusa



Je lâche un soupir audible alors que j’enfonce presque rageusement mon portable dans le creux de la poche de mon jean. Mon dos appuyé contre le mur à l’entrée de la boîte, je croise mes bras sur mon torse alors que mon regard olive se fixe obstinément sur l’une des dalles. Des restants de chewing, de l’eau, de la poussière, de la merde d’oiseau, quelques paillettes négligemment exilées d’une robe sans doute indécente.  Autour de moi, on discute, on rit, on crie, on s’engueule. Je m’attarde à ces sensations autour de moi, à la brise chaude et humide qui passe de temps en temps me caresser le visage et les cheveux, aux clignotements des lumières de voiture ou des signaux de route. N’importe quoi pour passer par-dessus ces cendres brûlantes qui me rongent l’œsophage, par-dessus ce nœud de frustration qui passe de mon torse à ma gorge. Mes doigts tapotent nerveusement mon avant-bras au lieu de le serrer, mes pieds s’agitent contre les dalles de béton au lieu d’aller se percuter fermement contre un mur. Je me force, je respire, je me calme, je me raisonne. Et ça me prend tout. Ça me prend toute ma patience – et dieu sait que je n’en ai pas beaucoup pour commencer – ça me prend tout mon amour.

Mais je suis fâché. Je suis à bout de nerfs. Je suis sur le point d’exploser et je ne comprends pas cet excès de frustration. Parfois il ne faut pas chercher à comprendre les délires et les caprices d’un junkie. Ça, je l’ai compris, je le sais depuis longtemps. Même la raison derrière mes propres caprices m’échappe de temps à autre. Mais ça fait vingt-cinq minutes que j’attends comme un connard. Vingt-cinq minutes et trente-sept secondes que je me fais du souci, que je fais les cents pas devant la porte de la boîte. Et ça fait bien une heure que je n’ai pas eu de ses nouvelles.  Et quand je m’inquiète, je me fâche. Mais je me fâche encore plus quand il vient tout juste de me sortir une excuse tout à fait pitoyable pour expliquer son retard à notre rendez-vous, vingt-cinq minutes après l’heure où on devait se rencontrer. Vingt-cinq minutes.  Cinq minutes, je comprends, y’a pas de souci. Dix minutes, c’est pas grave, ça arrive. Quinze minutes, la prochaine fois, préviens-moi plus tôt. Vingt minutes, qu’est-ce qui te prend, putain? Vingt-cinq minutes après l’heure convenue. Désolé chéri, qu’il me dit. Y’a eu un souci avec l’eau pour ma douche, dans ma chambre, et j’arrivais pas à choisir quoi mettre. J’te SMS quand j’arrive. Xo, je t’aime.

…Tu peux pas être sérieux.

Et je suis là, comme un connard, à l’attendre. Même si j’en ai marre un peu, ce soir, même si je sens que ma nuit est sur le point d’être ruinée. Mais je ne peux pas vraiment lui en vouloir. Parce que je l’aime. Je l’aime à m’en rendre dingue et je sais que plusieurs ne peuvent pas comprendre ça, mais c’est ainsi. Et puis, j’ai déjà avalé mes comprimés, j’ai déjà sniffé mes rails, j’ai déjà bu du rhum à la bouteille. Et dans mes muscles, la sensation artificielle me fait plaisir, me rend à la fois engourdi et alerte. Ça serait vraiment dommage de ruiner un si bon trip simplement parce que monsieur sait pas se fringuer. C’est simple, for fuck’s sake. J’ai enfilé un pantalon noir, un t-shirt rouge foncé, une belle veste grise et mes baskets favorites. Ça m’a pas pris trois ans. Mais je ne l’attendrais pas à l’extérieur de la boîte, j’en ai marre. Être obligé de dire trois fois au même mendiant que non, je n’ai pas de putain de monnaie à lui donner, c’est assez.

C’est toujours beau, une boîte de nuit. Une beauté trash et dégénérée, mais c’est beau. Les bouteilles derrière le bar, les lumières, les gens qui se frottent sans grande retenue l’un à l’autre. Le maquillage des filles, les sourires en coin, les vêtements bien ajustés des garçons, les doigts baladeurs.  J’en profite de loin. Plus maintenant. Je n’ai plus besoin de ces bains de foule. J’ai Niko, maintenant, et il me comble de toutes les façons possibles et inimaginables. Il m’offre ses bras, son cœur, ses yeux, ses reins. Je me fonds quand même aux autres un instant. Quelques shots, une tour sur la piste de danse sans vraiment m’y laisser aller pour l’instant. Puis l’envie de fumer me rattrape presque aussi vite que l’envie d’un rail. Je passe à la salle de bain, sniffe deux touches de coke de sur le bout de mon doigt puis je me rends à la salle des fumeurs. Peut-être que je l’attendrai là.

Je la vois aussitôt que j’entre. Une traînée. Mais une magnifique traînée. Une vraie, belle traînée qui, auparavant, m’aurait donné aussitôt envie d’apprendre à mieux la connaître… Ou pas. Qui m’aurait aussitôt envie de la toucher, de la mordre, de l’embrasser, de la posséder. J’observe son corps. Elle n’est ni trop grande, ni trop petite, les courbes aux bons endroits, les yeux perçants, les lèvres alléchantes. Un appel au crime et à la déchéance, rien de moins. Je me range près d’elle, inconsciemment. Ou pas. Je sors mon paquet de cigarette, en fixe une à mes lèvres et je l’allume. Et presque aussitôt, on me demande du feu. D’une voix claire, chaude. Je n’ai pas besoin de la regarder pour savoir que c’est elle. Et aussitôt, je rallume la flamme, l’apporte devant le visage de la demoiselle pour qu’elle fasse ce qu’elle a à faire. Mais maintenant, je la regarde. Et un sourire au coin des lèvres, je lui souffle presque :



« C’est un bien triste sort pour une fumeuse de ne pas traîner du feu. On dirait presque une tactique. Presque. »
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Cassandre S. Lipovsky
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Lun 1 Juil - 10:05



La flamme s'allume entre nous, comme une étincelle, je discerne bien mieux son visage, la lueur dans ses yeux, le vif de son regard. Et j'apporte le bâtonnet de nicotine à mes lèvres, profite de cette incandescence et inspire. Respiration toxique. Puis il y a ces petites remarques, arrachant un sourire au coin de mes lèvres. J'attrape ma clope entre l'annuaire et le majeur, l'éloignant de quelques centimètres de ma bouche, expirant dans le reste de la salle avant de me retourner vers lui, répondre avec ce regard un peu vitreux que m'a apporté l'alcool, avec ce désir qui doit animer mes pupilles.

    « Sûrement un peu. Ou sinon c'est simplement que j'avais plus d'essence dans mon zippo. Choisis ce que tu préfères. »


J’entrouvre la bouche un quart de seconde, un peu en mode grosse salope, ce qui me va assez bien, m'a t-on dit, rapportant ma cigarette à moi, prenant mon temps pour la fumer, comme si je pouvais en profiter, comme si c'était un plaisir simple, une exaltation.
Alors je tire légèrement sur mon Tshirt, histoire de le réajuster, histoire de sentir mon pouls quand la paume de ma main passe sur ma poitrine. Et l'alcool a toujours fait des merveilles avec moi, comme la drogue avant. Mon coeur bat beaucoup trop vite, et je suis prête à parier que bientôt, le sien copiera la rythme du mien. Je sais aussi que l'alcool me rend indescente. Plus que de raison. Plus que d'habitude. Qu'il me donne des envies folles, de dévergondée, de pute. Et je veux effleurer chacun des mecs de cette pièce pour qu'il ait envie de me sauter dessus. J'ai envie de me vider la tête, de ne penser à rien d'autre que l'union de deux corps. De sentir une chaleur contre moi, un désir irrépressible, un besoin de me posséder. Je sais, à cette pulsion trop rapide, que ce soir je veux appartenir à un homme, qu'importe lequel. Celui-là. Celui là semble absolument parfait.

Parce qu'il a plus que de l'allure, et, avouons le nous, il est beau. Beau à en faire s'en retourner des dizaines. Je les entendrait presque gloussées si il n'y avait pas autant de bruit, si ma je n'entendait pas mon coeur dans ma tempe. Il a ce charisme certain, cette assurance. Et vous savez, il n'y a rien de plus sexy qu'un homme qui sait qu'il peut tout avoir. Il n'y a rien qui m'attire plus que le défi. Et je sais que j'aurais plus de mal avec lui qu'avec n'importe lequel des autres visages que j'ai croisé dans la soirée.

Je continue de fumer ma clope, que j'écrase à la moitié avant de la rangée dans mon paquet que je glisse dans la poche de son pantalon, sans aucune gêne, comme si nous étions amis de longue date, comme si c'était dans nos habitudes.

    « Tu veux danser ? »


Et mes yeux pétillent. Et je ne décroche pas de son regard, m'approchant de lui, avec une certaine proximité due. Je pense que dans le fond, il a un peu envie de moi. Peut-être pas comme ça, d'un coup, mais enfoui quelque part. Et je cherche dans tout ça à faire grandir la flamme.

Parce que c'est toujours une histoire de feux entre les gens. Comment on les éteint ou comment on les allume. Comment je transforme une étincelle en un incendie.





Spoiler:
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Aurelian L. Kieser
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Mar 2 Juil - 2:43

The Countess



Elle me regarde. Et ses yeux me brûlent. Elle me déshabille, me touche, me fouille, m’analyse, me saigne.  Je me sens à vif, comme si je n’avais plus que de la chair sur les os, comme si je ne pouvais rien lui cacher, comme si elle voyait tout de moi, tout ce qui m’habite, tout ce qui me hante, tout ce qui m’appartient. Tout ce que je désire, que je le réalise ou non. À cet instant-là, je suis vulnérable et je déteste ça. Je sens que je ne peux rien contre elle et ça me fait peur. Je sais qu’il ne faut absolument pas que je m’approche d’elle. Et surtout, je sais que de toutes les envies qui assaillissent mon corps à cet instant-là, m’éloigner d’elle n’en fait pas partie.  Au contraire. C’est bien la dernière chose que je veux, partir de cette pièce renfermée et malodorante sans elle. Parce que, elle, elle sent si bon… L’alcool, le sexe, le sucre. Elle sent le péché et la décadence, elle sent les phéromones. Et j’ai toujours eu tellement de mal à résister à ces odeurs. Car elles viennent me chercher jusqu’au fond de mon être, jusqu’à l’animal qui dort en moi et qui ne cherche, parfois, qu’à s’éveiller.

Plus d’essence dans son zippo, mon œil. Je souris en coin alors que j’expire de mes narines un petit nuage de fumée grise pâle. Je connais son genre suffisamment pour savoir qu’elle ne traine un zippo avec elle qu’en cas d’urgence. Au cas où personne n’aurait de feu, ce soir. Et je connais son genre suffisamment pour savoir qu’elle ne doit pas le sortir très souvent, ce feu d’urgence. Même moi, je lui ai sorti le mien alors que je n’aurais pas dû. C’était une proximité de trop. Je ne peux plus me permettre de jouer comme ça, avec des filles ou des garçons comme ça. J’ai passé ma phase, faut que je passe à autre chose. Faut que je me responsabilise, faut que je reprenne ma vie en mains, faut que je me range avec ce garçon qui me rend tellement heureux. Il n’est pas trop tard pour rebrousser chemin, pour faire comme si je ne l’avais jamais vue de ma vie, même si son image me restera à jamais en tête. Ses lèvres rouges, tout légèrement entrouvertes qui donnent bien envie de savoir ce qu’elle peut faire avec sa jolie petite bouche de traînée. Elle est là à jamais, et je regrette déjà avoir posé mes yeux sur elle.

Clope accrochée au coin des lèvres, j’hausse les sourcils en la sentant glisser son pack dans une des poches avant de mon pantalon. Ses doigts qui ont effleuré ma hanche. Je n’en fais rien, je respire, je la regarde qui s’approche de moi d’un pas, de deux. Je baisse les yeux vers elle, j’imagine un instant mes doigts tirant ses cheveux fermement, son souffle brisé cassant l’air jusqu’à mes tympans. Une morsure à l’intérieur de la joue. Non, putain de merde, ressaisis-toi Aurelian. C’est fini ce temps, c’est passé. T’en a baisé, des catins, tu n’en a pas besoin d’une autre. Tu ne peux pas en avoir une autre. Je ne peux pas. Je ne peux faire me faire ça, je ne peux pas faire ça à Niko, c’est idiot. Si seulement il était arrivé à l’heure, nom de dieu.  Il n’y aurait pas eu ce problème. Parce que, quand il est là, je ne vois que lui. Et même quand il n’est pas là, je ne veux personne d’autre. Ça n’est pas la première fois qu’on se frotte à moi, qu’on me fait des avances, qu’on tente son coup sur moi. Et à chaque fois, je n’en ai eu rien à cirer, des autres. Des gens sans identité, sans importance. Des visages que j’aurais oublié dans les minutes suivantes si j’en étais capable.  Pas  elle.  


« Pourquoi pas. »

Imbécile, putain d’enfoiré de connard d’imbécile. Les mots sont sortis presque d’eux-même, je n’ai même pas eu le temps d’y penser. Je baisse les yeux, j’aspire le peu de fumée de tabac qu’il reste à ma cigarette et j’éteins le mégot dans le cendrier. Comme pour m’acheter du temps. Pourquoi pas, mais quel con. Parce qu’elle est tentante, parce qu’elle est dangereuse, parce qu’elle est trop belle pour ton bien, you fucking idiot. Je ne peux plus dire non, à présent. Juste une danse. Après, j’irais attendre Niko dehors. Une danse. Pas deux, pas trois, pas douze. Une seule. Après, je lui redonne ses cigarettes, je la remercie, je vais rejoindre mon homme. Voilà. Bon plan. Et qui sait, peut-être que si je cède un peu à la tentation, j’en aurais assez, ça me suffira. Je soupire presque, alors que mes doigts viennent frotter ma nuque, suivant presque nerveusement le tracé du haut de mon tatouage qui m’orne le dos.  Ça ne fonctionne pas comme ça, la tentation, je le sais bien.  Mais j’ai assez de volonté pour y arriver. Je le crois. Je veux le croire.

J’ouvre la porte pour la fille, je la laisse passer devant, je regarde ses fesses sans gêne, la chute de ses reins. Puis je sors à mon tour, m’avançant de quelques pas vers le dancefloor. C’est bondé, c’est beau à voir. Et en même temps, j’ai mal au cœur, j’ai envie de vomir. Je la regarde à mes côtés et je me penche vers elle. Ma main s’égare un instant à sa taille, s’effleurant tout juste du bout de mes doigts. Pour lui signaler que je vais lui parler, bien entendu. Et que pour ça, oui, c’est certain.


« Je te suis. »
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Cassandre S. Lipovsky
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Mar 2 Juil - 18:23



Quelles sont rares, les rencontres comme celles-là. Parce que je n'ai pas l'impression de tout contrôler. Je n'ai pas l'impression que tout m'est due. Au contraire, je pense que tout peut changer, que tout peut basculer, pour le meilleur comme pour le pire. Et j'ai déjà cette sensation, ce désir, que ça va me posséder, me dévorer. Et avouons le, quand on veut se vider la tête, il n'y a rien de mieux que de s'oublier dans l'âme et le corps d'un autre.

Il ouvre la marche, me tenant la porte que je passe en tournant mon visage légèrement vers lui, m'assurer qu'il me relook entièrement. Ou partiellement. J'espères juste avoir son attention. Les déhanchés ont toujours été une seconde nature chez moi, mais il faut dire que bourrée comme je le suis, je n'avais même pas à y penser pour que mes hanches se promènent de gauche à droite, sans exagération plus importante que ce que mes talons pouvaient le suggérer. Je tire encore une fois sur mon Tshirt, et, contrairement à ce que l'on pourrait croire, ce n'est pas pour qu'il découvre l'intégralité de mes seins, mais plutôt pour m'assurer que mon dos est en sécurité. Bien sûr, ça passera comme un acte de provocation. Comme si je voulais l'allumer.
En fait, je veux.

Et puis je me retourne, appuyée sur mon talon, vers lui, baissant légèrement mon visage, passant une main en superficie de mon crane, emmêlant légèrement mes cheveux. Et j'esquisse cette idée, comme quoi je voudrais me mordre les lèvres, m'arrêtant à proximité, comme si je ne voulais pas passer pour la pire des putains. Comme si je voulais faire comme si je me contrôlais. Puis mes paumes se collent à son poignet. Et je le tire vers moi en reculant, surement bousculant une ou deux personnes au passage. Mais qu'importe. Faisons donc comme si nous étions seuls au monde. Comme si nous étions roi et reine de ce night club. Sous les néons blanchâtres et multicolores, sous cette musique tellement forte.
Et le voilà que j'avance. Me colle un peu trop près de son corps pour une femme qui ne veut pas d'aventures. Et me voilà qui commence à danser, posant le creux de mes bras sur ses épaules, enserrant son cou. Et descendant légèrement, lentement.

Et je les sens déjà m'envahir. Ces sensations de fantasmes. Ce n'est pas des images, bien sûr que non. Juste des sensations, des pulsions. Comme d'habitude. Et j'essaye d'imaginer ses mains saisir mes côtés, mon visage, mes seins. Et j'essaye d'imaginer, comment mes jambes seront autour de son corps.
Des frissons me remontent déjà dans l'échine. Mon regard se perd parfois dans le vague, parfois dans le sien. Et je sais déjà comment je veux que cette soirée se termine.

Et je ramène les bras le long de son corps, me retourne contre lui, espérant que ses mains viendront hanter ma silhouette, ma chaire. Et je tourne la tête vers lui, cherchant ses yeux. Surtout ne pas rompre le contact. Surtout penser à tout ce que je ressens. Tout ce que mon pouls laisse entendre. Parce que sûrement mes sensation seront les siennes.




HS : J'peux développer plus, je voulais juste pas pré-anticiper sur la réaction d'Auré lors de la dance, donc je te laisse voir si le morceau fini, fini pas. Toi qui voit.
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Mer 3 Juil - 4:20



Succubus



Il y a tout de même pas mal de gens dans cette boîte. Deux-cent-cinquante, peut-être. Certainement pas l’endroit le plus bondé où j’ai pu me trouver. Ça ne bat pas les clubs privé ou les endroits au centre-ville de Berlin. Mais deux-cent-cinquante, c’est du peuple, quand même.  Des gens de tous les genres, de habillés de toutes les couleurs possibles, qui dansent au rythme d’une même musique et qui laissent la même fièvre parcourir leur peau. À l’unisson, en harmonie. Deux-cent-cinquante personnes réunies par musique, fusionnées par le désir, rassemblées par l’alcool. Et ça a toujours eu le don de m’impressionner, ce genre de spectacle. Car c’est bien ce que c’est. Un spectacle. Une démonstration de l’instinct pur et non censuré de l’être humain. Du divertissement pervers, corrompu, sale, souillé. Et j’ai déjà été aux premiers rangs de ce spectacle. Participant actif également. Celui qu’on regarde et qu’on envie secrètement, celui qu’on a envie de connaître. Et je songe un instant que l’attrait de ce titre est nul si on n’a personne avec qui le partager. C’était comme ça avec Niko. On était les rois de la boîte, à chaque fois qu’on y mettait le pied. Les gens nous laissaient passer, nous épiaient, nous jalousaient. Et je m’étais toujours dit que je ne serais jamais capable de retrouver un tel sentiment de puissance avec quelqu’un d’autre.

C’était faux.

C’est cette sensation qui m’habite, me fracasse presque alors que la jeune femme me tient vers le poignet, me tirant vers la foule en mouvement. J’ai cette étrange sensation de retrouver le même pouvoir grisant que j’ai  lorsque c’est avec mon homme, que je fends le dancefloor en deux pour trouver ma place au beau milieu de celui-ci. Je sens les regards envieux des gens que l’on passe. Puis on s’arrête. Je me penche vers elle, pose mes mains à la chute de ses reins alors qu’elle enlace ma nuque. Mon front se colle un bref instant au sien alors que mon souffle se coupe un instant juste avant de reprendre un rythme presque chaotique. Elle est tellement belle. Elle est tellement perdue. Je sais déjà qu’elle a à la fois tout et rien pour elle et je pense que c’est la gourmandise et le désespoir mêlés que je lis dans ses yeux qui me fascinent. Mes doigts s’accrochent au tissu de son t-shirt alors qu’on commence à danser.  Son souffle de miel et de nicotine me colle à la peau, son corps attire le mien d’une façon que je ne comprends pas. C’est si fort. C’est pulsionnel, bestial. Je n’ai presque aucun contrôle là-dessus, et ça me terrorise. Qu’est-ce qui me prend?

Et malgré la terreur, je la laisse faire. Et je me mêle avec un plaisir qui m’est inconnu à son jeu de tentation. Ça n’est pas moi. C’est cette succube qui vibre au bout de mes doigts, au rythme dicté par mon corps et par la musique. Elle va me rendre dingue, je le sais. Chaque mouvement de ses hanches, chaque pression de sa peau contre la mienne rend la raison de plus en plus difficile à entendre. Mais elle persiste, me rappelle à l’ordre. Même lorsqu’elle se retourne pour me faire dos, même si je sens la friction de ses fesses rebondies contre mon bassin, même si mes mains, elles, ont déjà cédé à l’appel. Mes mains qui arpentent son corps de longues caresses appuyées; son ventre, ses hanches, ses côtes. Puis les doigts de l’une d’elles descendent contre sa hanche pour s’enfoncer dans la chair de sa cuisse, alors que les doigts de l’autre effleurent son sein, le taquinent. Je suis penché vers elle, épaules voûtées, ma joue collée sur sa tempe alors que j’utilise tout ce qu’il me reste de conscience pour ne pas l’embrasser, pour ne pas la déshabiller sur le champ et la baiser à même le dancefloor, à même la crasse et les verres d’alcool renversés.

Puis la musique s’arrête. La chanson change. Et je me fige.
Je ne peux pas lui briser le cœur une nouvelle fois. Je ne peux pas lui faire ça. Parce que je l’aime.


« Je ne peux pas… », que je répète à l’oreille de la jeune femme, la voix brisée d’une envie que je combats de tout mon être.
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Jeu 4 Juil - 21:13



Ca me dévore, de l'intérieur. Ce sentiment, si proche de la jouissance. J'ai presque l'impression que c'est lui qui enfonce ses dents dans ma chaire, alors que juste ses doigts si plantent avec hardeur, ses mains qui m'effleurent. Et je ne peux pas dire que le désir s'échappe. Non. Il émane, de moi. De nous, surement. Peut-être même s'écrase t-il sur les autre, nous enviant, pour l'un ou pour l'autre. Et j'aime ce côté, d'être au centre du voyeurisme. J'aime ce côté, d'être au centre tout simplement.

La chanson change, et je me dis que je ferais mieux de me retourner, de rendre les choses beaucoup plus concrètes. Que ce soit dans ces toilettes miteux ou dans une chambre d'hôtel. Pourtant, le voilà qui brise le sortilège, d'une phrase, simple, se brisant sur ma peau, surement lui faisant mal à lui aussi. Mais depuis quand est-ce que je me soucis du bonheur des autres ? Alors je me retourne, le regardant avec mes grands yeux bleus. Mes mains serrent ses poignets, et, si je n'étais pas déjà en talons, je me mettrais sur la pointe des pieds.

Ma bouche se tourne vers sa nuque, j'y respire lentement. Y susurres quelques mots. Un mot échappé de mes lèvres, de mes poumons, et peut-être même de mon envie.

    « Pourquoi...? »


Et je rapproche mon corps du sien, commence en embrasser son cou, c'en serait presque du viol, si ce n'était pas qu'un contact superficiel. Mes cils battent l'air sur ses joues, je passe une main dans ses cheveux. Pourquoi ? Ca avait si bien commencé. Je transpirais peut-être l'envie, mais je me sentais comme fantasme interdis entre ces mains-là, sous ce regard là.
Je rehausse le plus possible mon visage, arrivant à hauteur d'oreille, attrapant, une demie-seconde, son lobe entre mes dents avant de me reculer dans cette phrase, si simple à dire.

    « Laisse toi partir. »


Partir. Partir et pas aller. Se laisser partir dans un autre monde. A coup de tabac et de medocs. A coup de drogue et d'alcool. Partir, à un endroit ou tout est permis. Ce n'est pas simplement aller quelque part. C'est partir d'ici. Abandonner les obligations. Et me voilà à moins d'un mètre de son corps, à le regarder, immobile. A lever les yeux sur lui, à l'aimer dans un battement de cil.

Mais bien sûr, il fallait que ce soit plus compliqué. Que je discerne dans l'arrière fond quelque chose qui fasse stopper mon coeur. Pas dans un signe romatique, mais plutôt dans une notion de stupeur. Je reconnais cette chevelure, je reconnais cette démarche. Et je le vois s'approcher. Je peux peut-être espéré qu'il n'ai pas encore pu discerner mon visage, surement caché par une des épaules du brun de là où il est. et j'espères de tout mon coeur qu'il ne me reconnaitra pas. Passera dans un autre coin de la boite.

Trop tard. Il est là, à côté de lui. A le regarder, et...
Oui, voilà.
Il se connaissent.
Merde.



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Nikolai L. Valdick
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Lun 8 Juil - 18:36

« The sound of iron shocks is stuck in my head . »
Ayant raté mon dernier examen de manière lamentable, le retour d'Aurélian n'ayant pas eu un effet très bénéfique sur mes résultats en cours, le prof a décidé de me donner un dossier à réaliser, afin d'essayer de rattraper ma note. Et merde. Je sais que c'est important, et je ne dois pas bâcler ce dossier. Si je n'arrive pas à faire sauter cette mauvaise note, je pourrais bien rater mon année, et ça, il n'en était pas question. Je me suis donc posé à la bibliothèque et j'ai travaillé plusieurs heures afin d'écrire une grosse partie de mon dossier à rendre. Forcément, j'étais en retard pour le faire, et il fallait que je le finisse au plus tôt afin de pouvoir sortir avec Aurélian. Je lui ai envoyé un SMS, comme quoi il ne fallait pas qu'il m'attende et que je le rejoindrais devant la boîte. Grosse erreur. En effet, mes recherches ont trainé et au final, j'ai perdu beaucoup de temps pour le finir. A vrai dire, c'est comme si l'univers entier se braquait contre moi afin que rien ne fonctionne comme je le voulais pour ce stupide devoir qui pourrait me sauver la mise pour mon année. Malheureusement, je n'avais pas d'autres choix, et il me fallait terminer absolument ce soir si je voulais le rendre demain. Finalement, après quelques prises de têtes sur l'ordinateur, j'ai finalement réussi à obtenir un résultat satisfaisant à mon goût. D'un bond, je me lève, glisse mes affaires en vrac dans mon sac, avant de rendre rapidement les bouquins à la bibliothécaire. Je regarde ma montre. Tic tac. Si tout se passe bien, je devrais pouvoir m'en sortir sans retard si je me presse un peu dans la salle de bain pour me préparer.


Excédé, je soupire en jetant mon sac sur mon épaule et je sors en trombe de la bibliothèque, pour me diriger vers ma chambre. Quelque chose ne va pas, j'ai comme des nausées, et une faiblesse m'accable. Tic tac. L'horloge tourne, et mes pas se précipitent dans les couloirs. Je sais déjà qu'Aurélian va encore faire la gueule quand je vais arriver, et ça va m'énerver de le voir comme ça. Ce foutu devoir aura vraiment gâché ma journée. J'arrive enfin à la chambre, et je jette mon sac dans un coin, avant de filer à la douche. Je me déshabille, et j'allume quasiment dans le même mouvement le robinet. Rien ne sort. Non mais c'est une blague ? Je tourne à fond les robinets, rien ne vient. Problème de plomberie, c'est pas vrai. J'enfile un caleçon, j'attrape ma serviette et j'envoie un SMS à Aurélian pour lui dire que j'ai eu un problème avec la douche et que je dois encore m'habiller. J'essaye de me dépêcher mais c'est comme si je sentais le temps qui s'écoulait lentement autour de moi. J’interpelle dans le couloir un camarade et lui demande si je peux emprunter sa douche, chose qu'il accepta sans problème. J'imaginais déjà Aurélian s'impatienter à mesure que le temps passe. Je prends une micro-douche, je me sèche grossièrement avec une serviette, je sèche vite fais mes cheveux avec le sèche-cheveux, et je me redirige vers ma chambre pour m'habiller. Des T-shirts, des pantalons, amples ou slim, des vestes et des chemises de toute sorte. Mon Dieu, je n'y serais jamais à temps. Et toujours ce vertige incessant qui me pèse. Je n'y prête pas attention, mettant cela sur le compte de ma course effrénée à travers les couloirs de Virtus. J'attrape un débardeur marinière, une veste de costume cintrée sur laquelle une tête de mort est brodée sur le revers. Je retourne mes pantalons à la recherche de la perle rare et j'en extraie un slim noir un peu déchiré et élimé. J'enfile une paire de bottines noires. Je repasse par la salle de bain pour me mettre un peu de déodorant et de parfum, j'attrape avec quelques affaires que j'ai l'habitude de prendre en soirée, et je sors de la chambre en trombe. Tic tac.


Après une course qui me sembla infinie, j'arrive enfin devant la boîte et je remarque qu'Aurélian n'est pas là. Premièrement, ça m'a un peu fâché de voir qu'il n'était pas là, surtout s'il ne m'avait pas attendu pour rentrer. Tic. Je regarde ma montre. Plus de 25 minutes de retard. Okay, je comprends, mais cela me fait un drôle de sentiment quand même. Au fond, j'aurais aimé qu'il m'attende, surtout que ce n'était pas vraiment de ma faute cette fois ci. Il fallait bien que je le termine ce putain de dossier. Je parcours l'entrée rapidement du regard, et je ne l'aperçois pas. Je tape un SMS rapidement pour lui demander où il est. Je reprends mon souffle un instant. Vraiment, je ne me sens pas bien, c'est comme si quelque chose était différent dans l'atmosphère. Je reste un moment sur le trottoir, à reprendre ma respiration. Rapidement, je me fais vite fais un rail en espérant me sentir un peu mieux. Toujours pas de réponse de sa part. Merde, ça fait chier. Je décide de rentrer dans la boîte, espérant trouver Aurélian là bas.


Tac. J'entre dans la boîte. L'atmosphère est dégueulasse et humide. Beaucoup trop chaude. Quelques badauds me bousculent, et je n'y prête pas attention. Mon malaise atteint son apogée, c'est à peine si j'arrive à respirer et à tenir debout. Tic. Je regarde autour de moi, et je comprends soudainement ce qui ne va pas : ma chance est en train de s'agiter. Quelque chose trouble mon karma. J'entends un cri, des rires, trop de bruit, je ne sais pas de qui ça provient, mais le son me fait tourner d'un quart de tour sur moi même, et c'est là que mon regard vient croiser le sien, alors que je suis à deux doigts de dégueuler tant la scène qui s'offre à moi représente le plus abject des scénarios. Tac. C'est comme si le cours du temps se suspendait, les aiguilles de ma montre ne frappe plus le cadran, la foule se stoppe. Je reste un instant immobile, presque rien, et pourtant, cet instant dura infiniment. Je la regarde, elle, Lipovsky. Sa silhouette fine et cambrée se fond dans celle d'Aurélian, que je connais tant. Mon sang se glace, mon corps entier se tétanise dans une douloureuse froideur qui raidit ma nuque et mon visage. Malgré la foule et l'obscurité, je voyais ses lèvres incandescentes et indécentes se décollaient lentement de son cou, avec une audace outrageuse. Son regard vient fendre le mien comme une balle perdue. L'impact est douloureux. J'entends à peine ce qui se joue autour de moi, je n'entends plus que les battements sourds et furieux de mon cœur dans ma poitrine qui bat à tout rompre comme un tambour de guerre. La musique prend des airs de chants guerriers, les pas de danse cognent frénétiquement le sol dans un vacarme rageur. C'est pas le moment de me décontenancer. Ma botte droite frappe le sol et résonne dans un écho pesant, puis ma botte gauche suit le mouvement, emportée dans la frénésie aveugle portée par la colère dévorante. Et j'avance d'un pas décidé vers cette salope. Devrais-je lui briser son adorable mâchoire pour qu'elle ne puisse jamais plus poser ses lèvres sur lui ? Mes tempes cognent, mon sang menace de faire exploser mes veines, j'ai mal tant mon corps se contracte à chacun de mes pas. Elle me remarque. Tant mieux. Elle se décompose lentement, à mesure que la distance s'amenuise. Le temps s'accélère, les rythmes frénétiques s'intensifient. C'est comme si la guerre commençait. Quand tout ceci prendra fin ? Je glisse mes mains entre les deux corps, entrouvrant cette étreinte malsaine, et d'un geste vif je sépare ce corps siamois de sang froid, en le regardant se disloquer dans un plaisir non dissimulé, tout en sentant le faible lien agonisant qui se déchire et tombe en morceaux à mes pieds. Je la force à reculer d'un pas, l'oblige à se soumettre, sur ses grands talons haut perchée, et je pousse Aurélian à ma hauteur.


    « Ça va, j'vous dérange pas trop ? »



Mon regard beaucoup trop sombre vient croiser celui d'Aurelian, surpris et embarrassé. T'as de quoi être gêné mon grand, t'en fais pas. Flirter avec la fille qui rêve de me voir tomber, t'avais pas trouvé mieux à part ça ? Je lui lance une expression qui lui sous-entend très clairement que je m'occuperais de lui plus tard, et je me retourne vers cette moitié que je venais d'arracher de mes mains. Je m'avance, laissant Aurélian un pas en arrière, et je me mets à sa hauteur, mes yeux devant les siens, mon souffle au goût de fer se mêle au sien qui à la goût de la peau d'Aurélian. Je ne sais pas ce qui me retient de lui faire là maintenant. Mais je garde mon sang-froid, ça n'arrangerait rie de toute manière. Je la toise, la juge, et lui lance un regard méprisant. Je jauge sa manière de se donner une contenance alors qu'elle vient de se faire dégager. Je juge sa manière de me regarder, avec la même audace habituelle. Elle ne vacille pas, moi non plus. De toute manière, elle n'a pas peur de moi. Et moi je n'ai plus peur d'elle.


    « Alors Lipovsky, t'as bien profité ? J'crois que tu ferais mieux de te trouver quelqu'un d'autre à baiser ce soir. »



Je me tourne brièvement la tête d'un quart vers Aurélian, juste de quoi l'apercevoir du coin de l'oeil sans que mon regard doive croiser le sien directement face à face. A vrai dire, si ça avait été le cas, je crois que la fureur guerrière qui m'animait pour repousser celle que je considérais comme une menace se serait muée inexorablement en une tristesse médiocre et pathétique. Au fond, même si je ne veux pas le reconnaître, ça m'a fait mal de le voir comme ça. Pas seulement parce qu'il s'agit de Cassandre Lipovsky. Seulement le fait qu'il puisse désirer quelqu'un d'autre. Mais je ne veux pas l'accuser trop vite, je ne veux pas tout gâcher pour ça. Je sais ce dont Lipovsky est capable, et je sais qu'elle ne craint pas de se mettre en travers de ma route. Alors pour le moment, je vais laisser Aurélian tranquille, je vais me contenir, afin de m'occuper dans un premier temps de Lipovsky. Afin de la faire redescendre un peu de son piédestal. Une fois que je l'aurais envoyé chier, je verrais ce que je ferais avec Aurélian. Comme crachée au visage, je lui lance cette phrase à la volée.


    « Désolé d'être en retard, Honey, j'avais un devoir important à terminer. »



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Aurelian L. Kieser
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Jeu 11 Juil - 1:59



Ice Queen



Pourquoi? Pendant un instant, j’oublie complètement pourquoi. Pendant un instant, je me dis que c’est le mot le plus ridicule que j’ai pu prononcer de toute ma putain d’existence. Pourquoi je me retiens, pourquoi je m’arrête? J’ai vite appris à vivre d’une façon qui me permetterait de répondre à tous mes désirs dans les plus brefs délais. Ce que je veux, je l’ai, tout simplement. Pas de doutes, pas de questions, pas d’analyse idiote et inutile. J’ai suffisamment de trucs dans ma tête, je n’ai pas besoin d’en rajouter. Je vis au rythme de mes pulsions. Pour les assouvir, les combler, m’en trouver d’autres. Répéter. Je suis un être charnel, désireux, demandant, avide, et jusqu’à maintenant tout cela à bien fonctionné à mon avantage. Pourquoi? Pourquoi je me retiens? Elle est belle, elle est majestueuse, elle est prête, elle me veut, je la veux. Mes mains ne s’arrêtent pas, elles, arpentant toujours son corps sans douceur. Mes doigts dans la chair de ses fesses,  ma paume sur le côté de son sein, mes lèvres tellement près des siennes. Je sais que je peux la rendre mienne. Je sais qu’elle criera, qu’elle enfoncera sans retenue ses ongles dans la peau de mon dos, ou au-dessus de mes fesses, je sais que sa nuque fera à la perfection entre mes doigts et contre ma paume.  Alors pourquoi? Ses lèvres humides happent mon lobe d’oreille, je me mords les lèvres pour calmer un grognement d’envie. Me laisser partir… Pourquoi pas?

L’illusion se brise, brutalement.  C’est comme si j’atterrissais après une très longue chute, le corps plaqué au béton. J’ai tellement mal à la tête.  Ça sent le début d’un bad trip.  Je fixe la fille devant moi. Elle est beaucoup moins belle. Elle l’est encore, ça, il n’y a pas de doute. Mais elle est moins… ensorcelante. Ça n’est qu’une autre jolie blonde parmi tant d’autres. Je fronce les sourcils. Je ne comprends rien. Il n’y a pas deux secondes que j’aurais tout fait pour passer dessus et là, plus rien. Je regarde son visage. Elle regarde ailleurs. Je ne sais pas ce qu’elle voit, mais ça semble la choquer. Je devine dans son expression qu’elle aimerait probablement mieux être ailleurs que là où elle est. Mais on dirait qu’il est trop tard. Je sens deux bras se glisser entre nos corps, je les sens nous séparer, déchirer tout ce qui restait de ce lien qui nous avait unis pour quelques instants. Un lien sale qui, maintenant que j’y pense, me dégoûte.  Puis je le vois. Toujours plus beau que la fois précédente. La fureur dans ses yeux m’effraie alors que je sens mon estomac me tomber dans les talons. C’était un coup de génie ça, Aurelian, bravo. Je savais qu’il n’était pas bien loin, je savais qu’il finirait par arriver et que, même si notre soirée débutait sur un pied plutôt moche, elle allait bien se terminer. Et je n’avais pas l’intention de faire quoique ce soit avant qu’il n’arrive. Prendre un shot, sonder la foule un peu, sans plus. Mais il fallait qu’elle se pointe et qu’elle… Qu’est-ce qu’elle avait fait, au juste? Ça n’était pas naturel, ça, j’en suis certain. Le charisme des autres ne fonctionne pas comme ça sur moi. Pas que j’y suis insensible, mais je le rationnalise, et j’apprends à l’ignorer. Sauf celui de ce garçon qui bouillonne d’une rage incroyable à côté de moi. Serait-ce cela, son don? Il ne l’avait jamais pourtant vu jusqu’à ce jour-là. Peut-être venait-elle de Synchronicity.

Je suis figé. Surpris, confus, apeuré. Mes yeux se plongent dans ceux de mon homme, et je l’implore silencieusement de croire que ça n’est pas vraiment moi qui ait voulu tout cela. Je sais que c’est bête, je sais que tous les hommes pris en flagrant délit diraient un truc du genre, ou le classique « Ça n’est pas ce que tu penses. », mais c’est vrai que je n’ai rien à y faire, ou presque.  Maintenant que je le vois, que je le regarde, toutes les fibres de mon corps me disent et savent qu’il n’y en a pas d’autre que lui, et qu’il n’y en aura pas d’autre non plus. Il est tellement fâché… Mon ventre se serre d’une angoisse incroyable, mon torse me brûle d’une étrange envie de pleurer. Je ne veux pas le perdre. Qu’est-ce que je fais, s’il décide de me quitter? Je ne peux pas penser à ça. Je ne peux pas penser à la solitude, au désespoir. Je reste donc silencieux et j’observe alors que mon cœur bat furieusement contre mon torse.  Je le vois qui s’approche de la blonde, je vois de la haine dans ses yeux, mais aussi une lueur de défi. Puis il parle, il dit son nom. Il la connait. Alors ça… Si la situation n’était pas tellement tendue, ça serait presque approprié de souligner l’ironie du moment. De toutes les fois où je me suis retrouvé seul en boîte en l’attendant ou pour une sortie avec des amis, la seule fois où je cède un tant soit peu à l’appel du corps d’une personne sans nom rencontrée au hasard, il fallait qu’ils se connaissent.  Et en plus de ça, on dirait bien qu’il y a une histoire entre eux-deux. Je ne suppose pas. Quelque chose me dit que Niko et moi, on va reparler de ce qui s’est produit.

Il parle une autre fois. Ses mots sifflent à mes oreilles, jusqu’à mon cœur. Il m’en veut, et je le comprends. Qu’est-ce que j’aurais fait, moi, si j’avais surpris Niko dans une position semblable? Si ça avait été un mec, je l’aurais frappé. Très fort. À répétition. Je n’ai pas peur des taches de sang sur mes fringues ou d’avoir les jointures engourdies. Si ça avait été une fille, je lui aurais crié dessus, je lui aurais fait des menaces, je n’aurais pas hésité à être brutal, à lui coller une gifle sur la joue.  Mais qu’est-ce que j’aurais fait de Niko? Je l’aurais engueulé, ça c’est certain. Mais quoi d’autre? À vrai dire, je ne veux pas trop y penser. Je  veux juste partir d’ici. Parler à mon homme. Le rassurer. Le serrer dans mes bras, s’il veut bien me laisser faire.  Je le regarde, puis je regarde l’autre fille. Lipovsky.  Mes mains sont bien profondément ancrées dans mes poches mais mes yeux, eux, ne se cachent pas. Je plonge mon regard dans celui de Nikolai.


« J’pense qu’il vaudrait mieux qu’on aille ailleurs, chéri. Il faut qu’on se parle... Non? »

Je ne fais pas confiance à cette fille. Pas du tout.
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Cassandre S. Lipovsky
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Jeu 11 Juil - 14:45



Il y a ces bras qui nous séparent, ce contact contre mon corps qui me donne, l'espace d'une seconde, la nausée. Mais il y a surtout ces mots, assassins. Bien sûr, que tu me déranges ? Depuis que mon univers a pris conscience de ton existence, tu n'es qu'une embûche, quelque chose pour me faire trépasser. Alors je regarde un instant le brun dans les yeux. Quelque chose d'intense. Juste pour qu'il se souvienne de moi. Qu'il se dise que je ne suis pas si fade que ça. Ca ne dure surement qu'une demie seconde, mais je me sentais obligée de le faire. Avant de me retourner vers le trouble de mon existence. Je relève légèrement le menton, cherche ses yeux de mon regard, comme assassin.

Je le sens qui me dévisage. Bien sûr, qu'il me défie. On a toujours, je crois, été en conflit, lui et moi. Je sens son mépris sur ma peau, ce dégoût de mon corps qui a été touché par son ami, ou plutôt son bonheur. Ce serait donc lui, le centre des rumeurs. Mais là n'est pas l'histoire. Je remet un peu de mes cheveux derrière mon épaule alors que d'autre mèches ondulent encore sur mes seins trop dévoilés.

Et ses mots, une fois encore. Ils font de moi le grand méchant loup. J'ai toujours été la méchante, avec lui. Pourtant, il a créé tout un monde autour de moi. J'ai été, sans raison, son obsession, et alors qu'on s'était mis plus ou moins d'accord sur cette relation, où l'on se ferait aller dans le monde de l'autre, tout avait volé en morceaux. L'école, la relation, le but, le sens. Et d'un coup, il ne trouvait plus ça normal, mon existence. Il trouvait que j'étais un déchet. Une reine brisée. Mais je n'ai aucune envie d'être ce qu'il veut. Je veux juste lui rendre cette année, ces deux ans d'harcèlement. Ce passage de vie où justement, il ne m'a pas laissé vivre en paix. Alors pourquoi je ferais ce qu'il me dit ? Pour son bon plaisir ? Laissez-moi rire.

    « Tu n'en as pas marre de gâcher ma vie, Valdick ? En deux ans que tu m'as voué un culte, tu voudrais que je sois à tes pieds, que je t'obéisse comme une gentille fille ? Ne sois pas stupide. »


Je m'avance alors vers lui, attrape son col, et le tire vers moi. Je sais très bien que je n'ai qu'une seconde, peut-être deux, avant qu'il ne se débarrasse de mon corps, mais je profite de ce court laps de temps pour me mettre à auteur de son visage, penchant légèrement mon visage en arrière. Avec tout le mépris dont je suis capable.

    « N'oublie pas que j'ai été ton monde. Et n'oublies pas que je ne te laisserais pas tranquille tant que tu ne me l'auras pas avoué ! »


Parce que je me souviens encore de son nez sur mon bras, à s'enivrer de coke et de parfum, je me souviens aussi de ce mépris lors de notre dernière rencontre, mais j'attends encore qu'il m'avoue. Qu'il n'aura jamais besoin de moi quand son amour sera parti, évaporé, quand ses illusions se seront envolées. Quand il sera sûr qu'il n'aura plus besoin d'adrénaline.

Et je tourne les talons, lançant un dernier regard au grand brun, et je souris, assez simplement, du coin des lèvres, du coin des yeux.

    « Si un jour tu veux me trouver, ça sera facile. Tu demandes Lipovsky. »


Je pense qu'il comprend. Que ça veut dire qu'il me plait. Je ne le cache pas. Au contraire. Je veux qu'il le sache. Qu'ils le sachent. Je veux sentir la fureur sur mon dos. Et je commence à me fondre dans la foule. Parce que j'aime semé le chaos dans la vie de Nikolaï. Parce que je peux encore m'échappé. Bien qu'il puisse me rattrapé. En quelques secondes, me retrouver facilement dans ce club.





HS : Je considère que Cass est partie, mais si vous la retrouvez dans le club, je reprends. <3
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Lun 29 Juil - 19:48

« I'm covering my ears like a kid. »
C'est frénétique, ça donne de tous les côtés, et ça vous heurte dans les côtes. On vous marche sur le pied, on salit votre pantalon. Voire votre vertu si affinité. Le volume est explosif, et ça comprime les tempes. Insupportable saccades. Parfois, ça sent l'odeur âcre et acide de la transpiration, mais ça a l'arrière goût d'un shot de tequila de mauvaise qualité. Une insulte lancée à la volée, et un coup d'épaule accidentel. C'est décadent, tout à fait indécent. Elles se perchent trop haut, font briller leurs lèvres, remontent un peu trop leurs jupes. Eux, ils laissent parler leurs mains et se frottent outrageusement, vautrés dans leur complaisance. C'est des corps résonnants. La musique les pénètre et les vide de leurs sens, les détruit, et les laisse dans un état extatique. Armée de corps sans âme, débridés et inconscient, libérés de toutes leurs chaines. Et au milieu de cette foule morbide, entre les zombies dansant et décadents, un affrontement à peine audible se joue, une scène de drame. On se jette des regards, on se crache des mots assassins. Autant de rancœur, ça en devient juste écœurant. Chacun de mes membres tremblent d'une rage sans nom., et chaque muscle de mon corps se tende, se contracte jusqu'à la douleur. Mais on fait abstraction de l'ambiante décadence qui nous entoure, on abandonne la fête, on se précipite. Je jette un regard à Aurelian, il veut me parler, mais moi j'en ai pas fini. Sans lui répondre, je l'ignore, je me retourne. Ne te mêle pas de ça. Elle ne va pas se confondre en excuses comme n'importe qui aurait pu le faire, mais bien évidemment, elle n'est pas n'importe qui. Elle juge bon de me défier une énième fois. Ses premiers mots me font lever les sourires et dessinent un sourire narquois sur mon visage, suivi d'un rire forcé, signe d'un agacement que je ne peux plus contenir.

    « Moi ? Moi, je te gâche la vie ? Te fous pas de ma gueule, Lipovsky ! »


Au fond, comme elle le dit, j'aurais voulu qu'elle se soumette. J'ai toujours voulu voir cette reine de la nuit abdiquer et renoncer à son statut. Je voulais la voir s'écrouler, et écraser sa couronne du pied. J'aurais voulu la voir me supplier, peut être lire autre chose que le défi dans son regard. La peur, la compassion, la faiblesse, l'envie, le désir. A une époque, j'aurais fais tellement pour voir une autre lueur dans ses grands yeux trop maquillés. J'aurais tellement fais pour éteindre l'audace ardente de son regard. Comme je serais prêt à tout à cet instant pour la faire taire, et lui faire baisser les yeux. C'est comme si ils me transperçaient, me détruisaient. Excédé, j'avance ma main pour lui saisir le visage, l'obliger physiquement à se détourner de moi, car je ne peux plus supporter davantage sa fierté, cette fierté qu'elle arbore sans concession, dans une folie indécente et prétentieuse. Mais elle repousse ma main, s'approche d'un pas et me saisit par le col. Cet instant se gèle dans un écoulement infini. Elle me force à la regarder, à ne pas détourner son regard du mien. Son toucher me répugne, me donne la nausée, et je n'ai qu'une envie, c'est de me libérer de son étreinte dégueulasse. Ses mots, comme des lames de rasoir, tentent de me heurter, mais s'enfoncent lamentablement dans ma colère. Mes mains, trop violentes, saisissent ses frêles poignets, et les rejettent en bloc. Je la bouscule, je recule d'un pas. Ne m'approche pas, reste loin de moi.

    « Qu'est-ce que tu espères au juste ? »


Mon regard se teint de dégoût. Je la toise, comme un être difforme, car au fond, cette fille n'a rien d'humain. C'est qu'une créature mauvaise. Tout chez elle me révulse, et pourtant, ça n'a pas toujours été le cas. Ses mots lancent le kaléidoscope de ma mémoire, et des souvenirs aléatoires se heurtent avec violence dans ma tête en vrac. On aurait pu être plus que ça, et pourtant, quelque chose n'allait pas entre nous. Est-ce que ça aurait finit par s'estomper ? Elle aurait pu être tout pour moi, elle aurait pu être mon monde comme elle le dit si bien. Et pourtant, elle s'est appliqué soigneusement à détruire tout ce qui aurait pu me rapprocher d'elle. Elle n'a eu de cesse de m'éloigner, et maintenant que je cherche à l'éloigner à mon tour, elle me tourne autour, comme un vautour, prête à déchiqueter mon cadavre lorsque j'aurais fais le faux pas qu'elle attend. Jugeant qu'elle avait suffisamment semer le bordel dans ma vie, la belle décadente tourne les talons, ne se privant pas d'une dernière phrase de provocation, afin de terminer ce court affrontement en beauté, avant de s'enfoncer dans la masse informe de corps agglutinés. Moi, je reste un moment immobile, pétrifié par un mélange improbables de sentiments. J'essaye de respirer, mais l'air est lourd et chaud, chargé d'odeurs, je suffoque. Je ferme les yeux un instant, ressentant chaque battement de la musique à travers mon corps, relâchant un à un mes muscles crispés. J'ouvre de nouveau les yeux, puis je me retourne et m'avance à la hauteur d'Aurelian en un mouvement. Je le jauge du regard, mon regard dans le sien, avec un certain dégoût, puis un autre sourire narquois vient se dessiner sur mes lèvres.

    « Alors, t'as trouvé ça bandant, hein ? C'était excitant d'avoir Lipovsky contre toi, n'est-ce pas ? »


A mesure que les mots se déversent, l'écart entre lui et moi se resserrent lentement, jusqu'à ce que mon souffle vienne se confondre au sien, et que mon regard ne voit plus que le sien. J'aimerais qu'il regrette, j'aimerais qu'il soit rongé par sa culpabilité. Je ne sais pas comment décrire le pincement au cœur et la nausée que j'ai ressenti quand je l'ai vu avec Lipovsky. La vérité, c'est que cette peur a toujours été récurrente. Quand j'ai rencontré Aurélian, c'était un garçon très populaire, charmant et séduisant. Tellement magnétique, attirant nombre de regards. Bien fait, une attitude sombre et détachée. Quand on a commencé, j'ai tout de suite su que ça n'allait pas être facile de lutter contre les regards mal placés, les désirs inavoués. Je le savais désirer, mais je ne voulais pas être ce gars jaloux et oppressant. Alors j'ai pris sur moi, je lui ai donné toute la confiance qu'il m'était possible de lui offrir, car sans ça, je serais devenu fou par la jalousie. Mais la peur était toujours là, me torturant, me rongeant secrètement. Parce que je savais que je ne tenais pas n'importe qui auprès de moi. Un bel animal sauvage. J'ai fini par me convaincre, au vue de notre relation, qu'il ne ferait jamais rien en ce sens. Je l'ai pensé immunisé contre le désir des autres. Mais ce soir, cette certitude venait de s'effriter. Concrètement, il n'a rien fait de très grave, mais une question incessante me brûle à présent les lèvres : qu'est-ce qui se serait passé si je n'étais pas intervenu ce soir ? Est-ce qu'il aurait fini par coucher avec elle ? Je ne le saurais jamais, et très sincèrement, je n'ai aucune envie de le savoir. Je le repousse, en posant mes mains sur son torse, et je secoue la tête en me mordant la lèvre inférieure.

    « Et puis merde, tu sais quoi ? J'ai pas envie de parler Aurélian. Et puis d'abord, j'me casse, j'en ai marre de ces conneries. De toute façon, t'as pas besoin de moi pour t'amuser visiblement. »


Sans demander mon reste, je tourne les talons et je fends la foule de corps devant moi. Je les repousse un par un, et je me fraye un chemin jusqu'au bar. Je crois que j'ai besoin d'un verre. On me bouscule, on me fait tanguer. J'en insulte un, j'en dégage une, et ça m’écœure juste un peu plus. Je voudrais qu'il me retienne pour une fois, et qu'il ne s'enfuit plus. Au fond, je voudrais qu'il transperce la foule et qu'il arrange les choses. Qu'il me montre qu'il tient à moi, tout simplement. Je me pose dans un coin isolé, un peu plus loin de la musique et de la foule, et je commande un verre de vodka sans glace. J'attrape ma tête entre mes mains, je ferme un instant les yeux, posé sur le comptoir du bar. Pendant quelques secondes, je ne pense à rien, je me réduis au rang des zombies de cette boîte. Pourvu que les pensées se taisent, juste quelques secondes.
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Aurelian L. Kieser
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Jeu 1 Aoû - 1:40




I'm waking up to ash and dust . I wipe my brow and I sweat my rust. I'm breathing in the chemicals.



Je n’étais pas capable de bouger. Ni le bout de mes doigts, ni mes paupières, ni mes lèvres. Et pourtant, la seule envie qui me travaillait les muscles, à ce moment-là, c’était de partir, très loin. De détaler, de ne jamais regarder en arrière de moi, en tenant la main de Niko dans la mienne pour qu’il me suive, pour qu’on puisse se parler.  Pour qu’on puisse sortir de cette satanée boîte, loin de la souillure, loin du bruit, loin des gens qui noient leur ignorance dans la friction et des drogues. J’ai toujours été défenseur de ce mode de vie, je m’y plonge encore régulièrement, avec joie, à pieds joints. J’aime la nuit, j’aime les lumières, j’aime sortir d’un nightclub à moitié sourd, j’aime sentir que mon corps ne m’appartient pas quand je consomme trop, quand je bois trop. Mais là tout de suite, je ne me sens pas à ma place. Les gens autour de moi me dégoûtent. Leur décadence me donne des haut-le-cœur. Leurs mouvements me font vibrer de frustration. Leur souffle se mêlant à celui des autres me fait serrer des dents. Leurs yeux mi-clos me font voir rouge. J’en ai tellement marre, de cette cochonnerie qui flotte dans l’air, de la tension et de la terreur pure qui m’habite à ce moment-là. Oui, je suis carrément terrifié. Comme un gosse seul à la maison en plein orage. Et le tonnerre résonne, et les éclairs se fracassent au sol autour de moi. Et je ne peux rien faire.

J’écoute leur échange à moitié car il ne me concerne qu’à moitié. Ça vient de loin, leur histoire, bien plus loin que je ne peux l’imaginer. Il y a dans leurs yeux une haine qui ne peut venir que d’un endroit; une passion qui a été aussi puissante que cette rage, voire plus. Niko a toujours plu autant aux filles qu’aux garçons. Et j’ai toujours su que les filles, autant que les garçons, lui plaisaient. Comme c’est le cas avec moi. Et ça n’a jamais été un problème avant, parce que je sais qu’il m’aime, et il sait que je l’aime. Nous aurions chacun eu bien plus d’une occasion pour tromper l’autre, mais ça ne s’est jamais produit. Pas envie.  Pas besoin. Parce qu’il est tout ce que je n’ai jamais recherché chez quelqu’un et que je peux aussi lui offrir tout ce qu’il ne pourra jamais désirer. Ça n’est pas qu’une impression, que des idées, que des paroles en l’air. C’est une certitude. Et je sais que malgré tout, lui aussi le sait. Qu’il est la seule personne que j’aime, qu’il est la seule personne avec qui je veux vivre mon existence. Mais je dois avouer que là, tout de suite, alors que la tension autour de moi est violente et palpable… Je suis jaloux. Je suis jaloux parce que c’est la première fois que j’ai la preuve en face de moi que Nikolai a vécu des choses sans moi, des choses intimes, avec d’autres gens. Qu’il s’est laissé aller à la décadence et au désir avec des gens qui ne le méritent pas. Qui ne le connaissent pas comme moi je le connais. Je serre la mâchoire, un peu. Je me retiens. Parce que la personne qui a le plus merdé, c’est moi.  C’est moi qui suis parti, tôt ce matin-là. C’est moi qui ai commencé à danser avec cette foutue tentatrice. En fait, c’est toujours moi qui prends les mauvaises décisions. Putain de merde, Aurelian. Avec un cerveau comme le mien, on s’attendrait à quelque chose de mieux. C’est que c’en est presque pitoyable.

Je tourne la tête lorsque la blondasse m’adresse la parole une dernière fois. Mes mains se crispent dans les poches de mon pantalon, mon regard se durcit alors qu’il fixe intensément le sol à mes côtés. Je veux juste qu’elle la ferme, sa gueule de pétasse, et qu’elle me foute la paix. Je veux qu’elle disparaisse.  Et comme si j’avais souhaité assez fort, j’entends, malgré les sons ambiants, le son de talons qui claquent en s’éloignant. J’ose un regard vers le haut, elle est partie. Disparue dans la foule, comme elle est apparue à côté de moi un peu plus tôt. Je me sens déjà tout de suite mieux. Les derniers résidus du désir artificiel et forcé qui s’étaient insinués en mois se dissipèrent totalement, ma respiration reprit un rythme normal alors que, machinalement, je venais me frotter le torse d’une main. Ça me serre toujours, mais cette fois, je sais que ce n’est pas elle. C’est ce mec que j’adore qui s’approche, qui vient plonger son regard dans le mien et qui, pour une seconde, me déteste. Je sens sa haine. Elle est pure, elle est vraie. Et moi, je déteste cette haine. Je déteste la lueur malsaine dans ses prunelles, je déteste le sourire qui pend à ses lèvres et qui me donne autant envie de pleurer que de lui foutre une gifle.   Et ses mots. Ses mots qui griffent, qui sifflent, qui crient, alors que lui ne fait que murmurer. Ses mots qui me font froncer des yeux, qui m’arrachent un soupir rageur.  Je supporte son regard en tentant le plus possible de garder sur moi mais lorsque ses mains touchent à mon torse, je ne me retiens pas. Mes mains viennent fermement dégager  les siennes alors que finalement, mon regard défie le sien. Me parle pas comme ça.  J’te jure, ne m’adresse pas la parole comme ça. Il s’éloigne et va au bar. Et moi, je ne peux pas le laisser se sauver comme ça.  Moi, je n’ai pas fini de parler, même que je n’ai jamais vraiment commencé.

Je lui suis. Parce que je n’ai plus rien à perdre.  Il n’a que quelques pas d’avance et c’est peu après qu’il ait commandé une vodka sans glace que j’arrive à côté de lui. Il ne me voit pas, il est pris dans sa tête. Je demande au barman de me servir la même chose et dès qu’on pose le verre devant moi, j’en avale le contenu d’une traite. Liquid courage. J’en ai besoin. Parce que même si je suis déterminé, j’ai peur. Je suis terrifié. Je pose le verre sur le comptoir, pose la somme due sur le bois du comptoir et finalement, je pose ma main sur son épaule. Je l’agrippe, le fait tourner pour qu’il me regarde dans les yeux. Ma langue passe sur mes lèvres, ma bouche est déjà sèche.  Et je le fixe, je le sonde, je le fouille. Mon regard verdâtre dans le sien, azuré. Collision. Fusion. Essaie de m’arrêter, pour voir.  


« Alors tu penses que t’as le droit de me révoquer comme ça, sans me donner le droit de dire un mot pour ma propre défense? T’es pas capable d’accepter le fait que peut-être que je ne suis pas aussi fautif que tu veux bien le croire? J’suis un enfant?  Non. Et toi non plus, t’es pas un putain de gosse, tu m’entends? On va s’en parler, et tu vas m’écouter, c’est clair? Si j’avais voulu te tromper, Niko, je l’aurais fait bien avant. Mais je n’ai jamais voulu faire une telle chose et je ne voudrai jamais faire une telle chose. Le seul fait que tu doutes de mes intentions, c’est déjà une claque en pleine face. Ça n’était pas de ma faute et quelque chose me dit que tu le sais très bien. C’est son don, j’te jure que c’est son don. Parce que moi, je ne l’aurais jamais fait. Jamais de ma putain d’existence pitoyable. Je suis coupable de bien d’autres choses et je suis loin d’être un mec parfait mais ça, je ne l’aurais pas fait. Je lui ai dit non. Je lui ai  dit que je ne pouvais pas. C’est toi que j’aime, c’est toi que je veux dans mes bras, sous mes lèvres, dans mon lit, personne d’autre. »  

Je m’emporte et je m’émeus à la fois. Je ne veux pas le perdre. Le regard que je lui jette est aussi frustré que désespéré, amoureux qu’exaspéré. Je lui attrape le menton entre les doigts, le même air presque boudeur au visage.

« Et pis j’t’emmerde, Valdick... »  , que je lâche dans un soupir.

Bien vite, mes lèvres ne supportent plus la distance qui s’est imposée.  J’attrape les siennes entre mes dents, l’embrasse avec faim, avec rudesse, avec détermination. Mais ma langue percée effleure la sienne avec douceur, avec amour. Mes yeux entrefermés soutiennent délicatement son regard avant de se clore pour de bon, ma main s’aplatissant contre sa peau pour que ma paume recueille sa joue.

I love him so goddamn much.


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Nikolai L. Valdick
Nikolai L. Valdick
Springtie


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Ton goût dans ma bouche [Auré] Empty
Mar 6 Aoû - 21:11

« We're less and less human, more and more phantom. Broad-winged and boundless. Shadowed and soundless. »
Au fond, je sais que ce n'est pas véritablement de sa faute. Je sais que Cassandre a le pouvoir de faire plier les plus fidèles, je sais qu'elle peut, à la manière d'une sirène, nous envouter et se jouer de nous et de nos instincts primaires trop manipulables, trop faibles. Ce qui est triste pour elle, c'est qu'elle ne peut pas créer de sentiments me semble-t-il, mais elle ne peut qu'accentuer ou amoindrir nos pulsions, ce qui nous rend accro, tout ce qui est instinctif. Alors ce qui me fâche, c'est de savoir qu'Aurélian ait pu ressentir ne serait-ce qu'une miette de désir pour cette fille. Ce qui me fâche également, c'est de savoir que cette rapace s'est jetée sur cette faible lueur de désir pour le changer en feu ardent et s'accaparer l'homme que j'aime. Les images me reviennent comme des flashs incessants qui me crispent tout entier. Ma mâchoire se serre et se relâche, nerveusement mes doigts s'agitent sans but. Quelques crampes dans la poitrine, un point de côté. J'aimerais ne plus y penser, ne pas avoir à subir cette vision. Car c'est tout à fait ça, je subis le poids de cette scène, comme un fardeau dévorant et implacable, et elle me hante comme s'il n'existait plus que ça désormais. Retour à la réalité pour moi : Aurélian n'est pas un être parfait, et comme tout le monde, il ressent du désir. Et pas seulement pour moi malheureusement, mais pour d'autre personne. Mais le truc, avec Aurélian, c'est qu'il ne dit jamais rien, et il s'est toujours défendu de montrer le moindre signe de désir pour quelqu'un d'autre que moi en ma présence. Normal pourrait-on dire, mais j'ai fini par oublier qu'il n'était pas parfait, et l'épisode de ce soir me prouve qu'Aurélian est un homme de désirs et de pulsions, comme chacun dans le fond. Même moi je n'ai pas été infaillible, et encore une fois, c'est Cassandre qui m'a prouvé ça également.

Je préférerais oublier tout ça, boire beaucoup trop, et aller me coucher dans un état lamentable, proche du coma. Mais c'était sans compter sur Aurélian pour revenir à la charge, bien entendu. Parce qu'il comprend les messages cachés, ceux perdus entre les lignes, et quand je lui dis d'aller se faire voir, il sait qu'au fond j'ai furieusement besoin de lui avec moi. Et il commence à m'engueuler, sa voix chargée d'émotions, son regard perçant et déterminé. Je le regarde, et aucun mot ne me vient, tout simplement parce que je sais qu'il n'y en a pas : Aurélian n'est pas du genre à se lancer dans d'interminables discours, car il parle peu, mais il parle bien. Mais là, je sens sa voix à peine tremblante qui dissimule sa crainte. Je le sens, c'est palpable, j'ai toujours fais preuve d'une infinie empathie quand il s'agit d'Aurélian. Je me tais, je respecte ce qu'il a me dire, et j'écoute attentivement ce qu'il a à dire. Effectivement, il évoque le don de Lipovsky, bien évidemment, pour se défendre. Il m'insulte par moment, parfois il me vexe. Il m'énerve, j'ai envie de le faire taire. Entre temps, le serveur m'a servi mon verre. Sans relâcher mon attention, je balance l'argent sur le comptoir et je m'enfile d'un trait le verre de vodka en lâchant un profond soupir. Il dit des choses qui me fâchent, il évoque des réalités que j'aurais aimé occulter. Alors qu'il se calme, mon regard cherche à fuir le sien, comme si une échappatoire s'offrait à moi, mais sa main vient chercher mon menton, et ses doigts le saisir. Il m'oblige à le regarder, et ses derniers mots, comme un ultime défi narquois, viennent mourir aux bords de ses lèvres qu'il vient écraser contre les miennes. Une frisson parcourt mon dos, et en un instant, mon corps entier se relâche. Comme une bombe désamorcée, je reste immobile, gelé par mon propre désir, tétanisé par son baiser. Quelques secondes s'écoulent, sa main se pose sur ma joue, mon cœur fait un bond. Je ne suis pas spécialement d'humeur, alors je brise assez vite ce baiser, car au fond, il m'apporte plus de satisfaction que je ne voudrais l'admettre à ce moment là. Je ne veux pas être faible, et me taire par un baiser qui viendrait sceller les mots dans ma bouche. Je m'accoude sur le comptoir, évitant son regard, et je joue nerveusement avec mon verre vide.

    « Me prends pas pour un con, je sais très bien de quoi elle est capable cette fille. J'connais son don. »


Je commande une double vodka avec glace cette fois ci quand le serveur me passe devant. Bien évidemment, même si la vision d'Aurélian avec Cassandre m'est insoutenable, je n'arrive pas à lui en vouloir. C'est vrai que je suis fâché, et c'est bien parce que je l'aime terriblement que je ne l'envoie pas chier. Si ça n'avait pas été lui, je l'aurais envoyé se faire foutre avant de me barrer de ce club de merde sans demander mon reste plus longtemps. Mais pour lui, je me perds dans la foule et je m'accoude à un bar. A fond, ça veut dire que je l'invite à me rejoindre, à venir parler un peu plus loin de la foule. Pour lui, j'accepte un baiser, malgré que je sois fâché contre lui. Le serveur m'apporte mon nouveau verre, et je le paye dans la foulée. Je m'enfile le verre d'un trait encore une fois, mais ça a un goût amer ce coup ci. L'alcool me brûle, m'étouffe, et tord mon estomac. Je n'arrive pas à retenir une grimace, alors qu'une nausée brève me traverse le corps. Je fixe d'un air vide le comptoir, laissant planer un court silence, puis je reprends.

    « Tu sais, j'ai jamais voulu faire le mec jaloux avec toi. Premièrement, parce que j'voulais pas que tu m'prennes pour un gars trop collant. Deuxièmement, parce que j'ai toujours été persuadé que je pouvais te faire confiance. Mais ce soir, c'était juste de trop. Te voir toi avec cette fille, franchement, ça m'a juste détruit. En fait, si ça avait été une autre fille, j'crois que ça m'aurait fait moins mal. »


Je me tais de nouveau, laissant le silence retomber de nouveau. Je fais tourner les glaçons dans mon verre, pensif un instant. Je retiens mon souffle, j'ose enfin tourner les yeux vers lui. Son regard. C'est comme si j'y plongeais en entier. En apnée, le souffle coupé. Je retiens ma respiration, quelques secondes infinies, et je le fixe. J'ai tellement de choses à lui dire, pourtant, il cristallise le verbe dans ma bouche. Des cristaux que je croque comme des cristaux d'amphétamine, qui accélère mon rythme cardiaque et dilate mes pupilles.

    « J't'en veux pas vraiment, mais voilà, ça m'gave, c'est tout. »


Je me détourne de nouveau de son regard et je viens m'accouder sur le comptoir avant une mine boudeuse. J'attrape un des glaçons au fond de mon verre, je le porte à ma bouche. Le goût amer et sec de la vodka enrobe le glaçon qui gèle mes lèvres et ma langue, puis l'amertume laisse place à l'eau fraiche qui fond sur ma langue. C'est toujours comme ça. L'amertume finit toujours par faire place à l'eau fraîche.

    « Et puis j't'emmerde aussi, Kieser. »


Il le sait très bien, parce que c'est pas faute de lui avoir déjà dis dans le passé, mais comme il est décidé à me taquiner, il s'amuse à le faire exprès. Je déteste qu'on m'appelle par mon nom de famille, je déteste qu'on m'appelle Valdick. Il le sait, il veut me taquiner. C'est pour ça que je l'aime aussi. Je regarde le bar, les bouteilles de couleur alignés, les serveurs qui déambulent à droite et à gauche. Je m'arrache de ma rêverie, je me retourne vers lui, et timidement, à la manière d'un enfant qui ne sait pas très bien ce qu'il fait, j'attrape sa main dans la mienne, sa main que je caresse doucement avec mon pouce. La sensation de sa peau, sa chaleur, ses formes. J'ai l'impression de tout connaître par coeur, et pourtant, je redécouvre tout ça à chaque fois, comme si c'était la première fois. Imperceptiblement, sans que je puisse le retenir, sans même y penser, un petit sourire se dessine sur mes lèvres. C'est con, mais je l'aime.
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