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 Shining Collection - Adam

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Yugito Frazen
Yugito Frazen
Placidus


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Mar 27 Nov - 18:10



A vrai dire, tu restais plus ou moins sans voix quand tu te retrouvais avec Adam. Tu restais souvent silencieux, contre lui, à ne plus parler, juste à fermer les yeux et respirer calmement. Votre relation, pour n'importe qui d'autre d'extérieur à celle-ci, aurait pu paraître ambiguë voire carrément malsaine, mais ça, tu t'en foutais. En soi, Adam et toi, c'était bizarre, mais y aurait jamais rien. En premier, il était archi hétéro – à ce que tu saches – et, déjà, ça, ça jouait vachement, mais c'était Adam quoi ! C'était juste impossible d'y penser ! Enfin, non, tu y avais pensé, quelques fois, mais ça, c'était avant de le connaître ! Ou de t'imposer à lui, au choix.

Donc tu es là, au milieu du couloir, tenant contre toi Adam, peut être un peu trop fort, à l'enlacer, à serrer son t-shirt entre tes doigts, ton front contre son épaule. Il est plus grand que toi. D'un certain côté, c'est pas très difficile d'être plus grand que toi, tu es plutôt petit comparé à la moyenne. Tu commences à parler dans son cou, à murmurer, à retenir un léger sanglot, presque. Adam, il sait tout de toi. Tes voyages, ta première histoire d'amour, ta dépression, ton attachement aux autres, tes relations. Tu ne sais pas pourquoi mais avec lui, tu te sens en sécurité, tu te sens bien, presque sans soucis, à lui, tu ne lui caches rien.

    « Raven et moi, on s'est disputé, il veut plus me parler. Et avec Heath, ça s'est arrangé, mais c'est plus pareil, j'suis nul, je sers à rien j'ai l'impression. Mais tu me manquais, tu sais ? Oui, bon, on s'est vu y'a pas longtemps, mais voilà quoi. Mais maintenant, ça va, ne t'inquiète pas ! »


Oui, tu es plus ou moins silencieux avec Adam, surtout moins, des fois. Tes bras se desserrent légèrement de lui sans le lâcher pour autant. Tu déposes un léger baiser pas très loin de ses lèvres avant de reprendre la parole, encore.

    « Désolé de t'avoir sauté dessus, j'aurais pas du, mais bon. C'est pas grave, hein ?! »


Tu as failli vous allonger tous les deux par terre, en plein milieu du couloir, mais c'est le failli, qui fait toute la différence. Tu as eu de la chance d'oublier ton classeur en salle de maîtrise de donc, sans ça, tu n'aurais pas croisé Adam. Certes, tu aurais pu squatter sa chambre, mais des fois, t'oses pas vraiment, en fait, tu n'oses plus vraiment grand chose depuis un long moment.

Tu n'attends pas vraiment de réponse, tu cales ton visage contre son épaule, et tu fermes les yeux.



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Adam Flower
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Dim 2 Déc - 16:38



    Even if I should, I really don't want to let you go


    Tu te réveilles en sursaut, agressé par la sonnerie stridente qui t’explose les tympans. Ton professeur ne t’a même pas dérangé, habitué à te voir somnoler dans le fond de la classe, la capuche cachant tes paupières closes, tes écouteurs accrochés à tes oreilles, et la tête appuyée contre le mur en pierres. De toutes façons il n’a plus rien à t’appendre, plus de conseils à te donner pour empêcher les autres de s’aimanter à toi, plus d’instructions à te fournir pour que tu puisses couper les fils.
    T’as les ciseaux dans les mains, tu sais très bien t’en servir, mais la toile pourpre refuse de se déchirer.
    Tu soupires en rangeant ton classeur noirci au marqueur, jettes ton sac sur ton dos et sors de la salle sous les regards pesants de tes camarades. Ils t’apprécient, ils te détestent, ils te trouvent beau, ils te trouvent répugnant, ils t’admirent, ils te méprisent, ils t’observent, toujours. Toujours et encore. Et jamais ils ne t’ignorent. Tu te concentres un peu plus, malmenant ton don, et amincit ton aura pour détacher trois ou quatre paires d’yeux de ta personne. Des coups de cutter perdus dans les fils rouges, qui les endommagent quelques secondes avant de les laisser se retisser plus facilement que jamais.

    Les mains dans les poches, traînant des pieds bruyamment, tu ouvres la porte, premier sorti, dernier arrivé, salues le prof et déguerpis. Tu montes le son des Audioslave sur ton baladeur, enfonces tes écouteurs et traces ta route en sifflotant. Tu murmures les paroles « Be yourself is all that you can do », tu craches un rire désillusionné, plus facile à dire qu’à faire, et tu changes de chanson avant de te mettre à déprimer. Les yeux englués à l’écran de ton mp3, tu te manges quelques personnes, te prends un ou deux coups d’épaules, mais tu t’en fiches, tu baisses les yeux et tu laisses couler. Jusqu’à ce que tu subisses un véritable plaquage digne d’un Sébastien Chabal nain puis un tsunami de paroles auxquelles tu reconnais bien vite un propriétaire.
    Un sourire s’étire, te fendant les joues et t’illuminant le visage, il t’a manqué. Ses discours interminables, ses exclamations, son rire, ses cheveux tout doux, lui. Juste lui.

    «Ecoute… Heath est un con, et Raven n’est pas foutu de socialiser correctement avec plus de deux personnes. Alors à mon avis, c’est pas vraiment toi, le problème... »

    Une lueur d’espièglerie dans tes yeux, ton corps qui se détache du sien et ton regard levé au ciel, tu ajoutes, à deux doigts d’exploser de rire :

    « ….sauf quand tu manques de me péter trois côtes en me sautant dessus comme ça… »

    Tes mains sur ta poitrine, tu mimes une douleur effroyable et te penches en prenant une respiration entrecoupée et exagérée. Tu te mets à rire, un peu trop fort, et tu arrêtes ton cinéma en craignant de le faire culpabiliser. C’est qu’il n’a pas l’air dans son assiette, ton Yugi. Des cernes qui pendent jusqu’à ses joues, et l’emprunte des larmes aux creux de ses paupières. Tu sens la colère monter en toi. Qui ? Qui est le connard qui t’a transformé ta peluche hyperactive en semi-zombi ? Parce que si tu le trouves. Tu lui refais sa gueule. Heath, disons que c’est plus ou moins déjà fait.
    Tu te redresses, attires Yugi par son t-shirt et l’enserres de tes bras en collant une bise sur sa tempe :

    « Je plaisante ! Tu m’as manqué aussi… »

    Une étreinte un peu trop forte. Un baiser pas assez appuyé. Du tendre amour difforme que tu lui susurres à l’oreille avec ta langue de serpent. Et c’est le fil rouge qui vous étrangle doucement, à coups de caresses et de mots d’amour.



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Yugito Frazen
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Dim 2 Déc - 21:43



A peine as-tu fini ta phrase que c'est lui qui prend la parole. Il te console, te rassure, et un sourire prend place sur tes lèvres. Il te lance une pique qui te fait froncer les sourcils, mais vu son sourire, vu son visage, tu ne peux t'empêcher de laisser échapper un petit rire, un léger rire. Et le voilà qui se courbe, qu'il fait semblant d'avoir mal, et tu ris toujours, légèrement, doucement. Et son corps semble se tendre quelques secondes, ton rire disparaît en même temps que le sien, et tu l'observes sans comprendre, juste quelques instants.

Ses doigts attrapent ton t-shirt et avant même que tu ne t'en rendes comptes, tu es de nouveau contre son torse. Ses lèvres se déposent sur ta tempe et tu te détends presque totalement. Tu fermes les yeux, et ton sourire apparaît de nouveau lorsqu'il t'avoue que tu lui as manqué.

Tu as besoin de savoir que tu es important pour les gens que tu aimes. Tu en as besoin, tu dois être important pour eux. Tu ne vis qu'à travers eux, qu'à travers les gens que tu aimes, ça a toujours été comme ça, tu es comme ça. Sans les autres, tu ne vis pas, tu ne fais que survivre dans un monde qui n'est pas vraiment le tien. Ton monde, c'est les cascades, les déserts, les forêts. Ton monde, c'est les pays inconnus, les paysages magnifiques et les étoiles qu'on voit dans le ciel. Ton monde se résume aux autres et à l'inconnu.

Les larmes te montant aux yeux sans que tu ne saches vraiment pourquoi, tu te serres un peu plus contre lui, en attendant que ça passe. Ton souffle se ralentit légèrement et tu caresses son bras du bout des doigts. Les couloirs semblent se vider, il n'y a presque plus de bruit autour de vous.

Une fois que la boule au fond de ta gorge a disparut, tu reprends la parole, doucement.

    « Le problème, il doit venir un peu de moi aussi, je pense. Ça doit être dur de me supporter tous les jours. Des fois, je me supporte pas, sérieux, toi, comment tu fais ? Des fois, j'comprends pas. »


Et tu te serres un peu plus contre lui, parce que tu en as besoin, parce que tu as besoin de lui, encore plus que d'habitude. Tes doigts continuent de caresser son bras dans un geste doux et machinal. C'est vrai ça, comment il fait ?



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Mer 5 Déc - 22:57



    So walk this way


    Tu le connais bien, ton Yugi. Tellement bien que tu le sentirais plus heureux à l’intonation de son « bonjour », que tu le découvrirais en colère à sa manière de bouger, que tu décèlerais sa tristesse avec une étreinte plus forte que d’habitude. Avec un souffle plus court qu’à la normal. Et pourtant il n’avait pas couru de cinq cent mètres. Tu t’attends à ce qui va venir, des doutes, des craintes, de la peur, l’expression de ton Yugi démuni, qui ne sait plus vraiment où il en est. Tu le sais, ça pointe le bout de son nez, et tu ne t’y trompes pas.
    Comme pour vous donner le loisir de converser en paix, on dirait que le reste du monde s’est donné le mot de déguerpir en quatrième vitesse. Il ne reste plus que lui et toi, enlacés dans un couloir vide, et tu attends patiemment qu’il brise le silence, qu’il fonde en larmes, qu’il te demande d’aller casser la gueule à quelqu’un, peu importe. Oui, peu importe ce qu’il veut, tu le lui donneras, parce que c’est ton Yugi, et qu’on n’a pas le droit de lui faire du mal.

    Lorsqu’il reprend la parole, tu ne le reconnais plus. Depuis quand ton Yugi se demande s’il gêne les autres ? Lui qui sautait au cou de n’importe qui, n’importe quand et n’importe où, juste parce qu’il en avait envie, juste parce que ça lui plaisait, juste parce que ça le faisait rire. Tu te demandais bien quel était l’idiot de première qui lui avait fourré cette idée des plus sottes qu’il pouvait potentiellement « agacer » une personne à la surface de cette putain de planète. Y’a vraiment des cons. Des gros cons, même. Enervé, tu attrapes ses joues entre tes mains, les pinçant et les aplatissant à ta guise. Tu aperçois son seuil de larmes qui atteint lentement le stade critique, et tu te dis que ce n’est pas le moment de sortir une plaisanterie du genre « Ben justement, je voulais t’en parler, je ne te su-ppor-te plus ! » ou « Ah non mais je te supporte pas, au contraire, je te hais, ça se voit pas ? ». Non, aujourd’hui, il fallait s’abstenir. Aujourd’hui, c’était un jour à lui déclarer à quel point tu l’adorais. Un jour d’amour, voilà.
    Tu tires la manche de ton sweat rouge pour en recouvrir ton pouce, et le sourire aux lèvres, tu te mets à éponger les coins de ses yeux qui commencent à laisser échapper des micro-larmes. Appuyant délicatement sur sa peau pour ne pas la griffer, tu commences à répondre distraitement :

    « Hm… Comment je fais ? »

    Tu essuies la dernière gouttelette s’échappant discrètement de ses yeux, et ranges tes mains dans tes poches, sans cesser de sourire.

    « Oh bah ça doit être parce que je t’aime. »

    Tu rigoles un peu, l’attrapes par la nuque et ébouriffes joyeusement ses beaux cheveux blonds du bout de ton poing. Pas trop fort, juste assez pour que ça lui fasse des nœuds, et qu’il pense à toi en les démêlant le soir. Tu l’entraînes par la manche, bien décidé à sortir de ce couloir sombre qui tourne très légèrement au sinistre, voir glauque. C’est pas bon pour le moral de ton Yugi, le noir, tout ça. Il lui faut de la lumière, un bon jeu vidéo pour te mettre ta raclée, et des cookies. Très important, les cookies.

    « Allez, on bouge de là. Mais dis moi, qui c’est le con qui t’as laissé penser ça ? Non parce qu’il peut aller se faire foutre. Vraiment. Il te mérite pas, c’tout. »

    Et t’exploses de rire en l’entraînant plus vite.



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Jeu 6 Déc - 21:16



A peine t'es-tu tu que ses mains se posent sur tes joues froides. Il les tire, les aplati, et un sourire se forme sur ton visage sans que tu ne t'en aperçoives. Adam, c'est Adam. Adam, il réagit comme toi ou presque. C'est la joie de vivre incarnée, il est toujours là quand tu as besoin de lui. Il est la personne à qui tu fais le plus confiance, sûrement. Peut être est-il le seul à qui tu fais autant confiance, sans compter ta sœur. Sûrement, même.

Puis ses mouvements s'arrêtent et ton sourire disparaît quand tu remarques que son pouce recouvert de son sweat éponge doucement le coin de tes yeux. Tu ne t'en ai même pas rendu compte, que tu pleurais. Peut être parce que tu ne pleurais pas vraiment, pas encore. Sa voix est plus basse que d'habitude, il reprend ta question, et un nœud se fait dans ton estomac. Ses mains retrouvent les poches de son jean, ni clair, ni foncé. Tes yeux se baissent, restent là, à fixer le sol.

    « Oh bah ça doit être parce que je t’aime. »


Il ébouriffe tes cheveux dans un geste tendre et tu grimaces légèrement, lui tirant la langue comme un gosse, alors que le nœud au fond de ton estomac se délie. Il attrape ta manche et te tire dans le couloir. Vous commencez à marcher, et il reprend la parole Un peu de la même manière que toi : joyeusement et légèrement pressé, il parle vite sans même sans rendre compte. A moins que ce soit toi qui soit vachement au ralenti aujourd'hui ?

Il accélère le rythme, il rit. Et tu le suis, son rire te fait sourire, tes doigts attrapant instinctivement la manche longue au niveau de son poignet. Tu restes quelques instants silencieux, et vous continuez d'avancer dans les couloirs à une vitesse assez rapide. Après quelques minutes de marche silencieuses, tu décides de lui répondre, t'approchant un peu plus de lui, serrant un peu plus sa manche.

    « Un peu tout le monde, ces temps-ci. »


Tu relèves ensuite la tête, tu le regardes avant de lui faire un de tes plus beaux sourires, tu attrapes un peu plus fermement son bras, et tu te pends à lui, quelques instants. Ta voix résonne dans les couloirs, un peu comme son rire quelques minutes plus tôt.

    « T'aurais pas des trucs à me raconter, toi ?! Genre, des ragots ou un truc du genre ? Dis, t'as pas à manger, sur toi ? J'ai faim. D'habitude, j'ai à manger, mais là, j'ai rien sur moi. Oh ! Tu sais pas quoi ? J'ai encore terminé Zelda Twilight Princess... J'ai l'impression qu'il devient de plus en plus facile avec le temps, à moins que ce soit moi, à force, je le connais par cœur ! Bref, voilà. Je parle trop, je me soigne, aussi, tu sais ? C'est dur, mais j'y arrive un peu. »


Un peu, pas beaucoup. Pas vraiment, même. Tu te mordilles les lèvres, le regardes, lui souris. Tu devrais t'entraîner sur ton don, ça fait longtemps que tu ne l'as pas utilisé sur quelque chose d'autre que toi. Tu te tournes vers lui, et lui souris, encore, toujours.

Parce que c'est ce que tu sais faire de mieux, sourire.



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Mar 1 Jan - 23:03



    You may win love


    Et les doigts qui se resserrent autour de ta manche te crient comme le monde est cruel. Comme les gens sont laids, de se piétiner entre eux, et de se cracher dessus. Comme ils sont mauvais envers ceux qui pourtant leur veulent du bien. Ça te met en colère, ça te donne envie de hurler, de changer un petit morceau de votre univers, rien qu’un bout minuscule pour l’offrir à Yugi. Un endroit où personne ne lui glisserait des larmes au coin des yeux, un nid rien qu’à vous où il ferait bon vivre, quelque chose de confortable où les autres n’auraient que l’amour au bout des lèvres. En clair, ce que Yugi mériterait d’avoir chaque seconde de son existence, selon ton point de vue.
    Tu soupires légèrement, tu ne voudrais pas qu’il t’entende et qu’il prenne tes jérémiades soufflées pour des plaintes contre son débit de paroles bon à battre des records. Ce n’est pas lui qui t’ennuie, c’est comme les autres l’ont rendu. Triste. Et ça te bouffe de l’intérieur. Et ça te rend malade, parce qu’au fond, tu ne vaux pas mieux qu’eux. Parce que toi aussi, à ta jolie manière, tu lui fais du mal. Le regard agrippé aux semelles de tes baskets noircies, tu marmonnes comme un enfant têtu, insistant pour obtenir le dernier mot, et la pseudo raison qui va avec :

    « Eh ben tout le monde, c’est des connards… »

    Tu accélères un peu, histoire de clore la conversation. Parler de la méchanceté des gens, ça ne te branche pas vraiment. Tu en fais déjà bien assez de ton côté, sans même le vouloir. Alors que tu te concentres sur le fond du couloir, les yeux dans le vague et les doigts entrelacés à ceux de Yugi, tu te laisses doucement submergé par un tsunami de paroles. Tu souris, tiens, ça t’avait manqué. Tu ne le regardes pas, tu ne te retournes pas. Pas besoin. Il va un peu mieux, ça te met des bébés papillons au creux de l’estomac, et ils te chatouillent tellement que tu te surprends à les chasser d’un revers de main. Faire s’envoler des papillons imaginaires, mais bien sûr. Tu te demandes si tu deviens stupide. Ton sourire s’agrandit, ah ben non, tu redeviens juste heureux au contact de la bonne humeur renaissante de Yugi.
    Balançant vos mains au rythme de votre marche, tu papotes gaiement, en jetant de temps à autres quelques œillades autour de vous :

    « Bah non, tu vois, même pas. Ma vie, c’est de la merde en ce moment, il se passe rien. C’est plat, autant que la poitrine de Lyria. »

    Tes lèvres s’étirent, tu pouffes de rire, tu sais que ce n’est pas bien, de te moquer, mais tu as eu vent de cette histoire. L’école française, les étoiles, Yugi, elle, et un garçon détruit. Par sa faute. Alors une petite vanne sur ses seins, ça ne sera pas volé.

    « Si tu veux, je te laisse me mettre la branlée de ma vie au jeu vidéo de ton choix, et je te paye des frites pour te prouver à quel point je suis quelqu’un de génial. »

    Tu écrases ta main dans ses cheveux une nouvelle fois, tu frottes, te coinces le petit doigt dans un nœud dont tu avais sûrement été le créateur il y a de ça trois minutes et ranges tes doigts dans ta poche. Tu détournes tes prunelles du fond du couloir sinistre et sombre pour les braquer sur la bouille de Yugi, tu demandes ce qu’il fout là, dans cet endroit qui lui va si mal. Tu hausses les épaules, et répliques :


    « Pas besoin de te faire soigner. Moi je t’aime bien bavard. »

    Et tu espères bien que c’est ton avis qui compte le plus. Egoïste que tu es.



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Yugito Frazen
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Jeu 3 Jan - 12:55



Ta main dans la sienne, vous marchez tranquillement dans les couloirs. Tu le vois sourire, et tu ne peux t'empêcher de sourire un peu plus. Adam est la personne avec laquelle tous tes soucis s'envolent sans que tu ne saches pourquoi. Et c'est juste génial. Tu jettes un regard à vos mains que vous balancez doucement, et tu ne peux t'empêcher de penser que vous ressemblez sûrement à des enfants, comme ça. Pour être de parfait gosse, il faudrait courir... ou faire des pas chassés, au choix.

Tu éclates de rire lorsqu'il compare sa vie à la poitrine de Lyria. C'est vrai que Lyria a une petite poitrine. Pas très grosse et elle doit faire, gros maximum, un bonnet B. Un très, très petit bonnet B, par contre. Sa proposition te fait un peu plus sourire. Lui mettre la branlée de sa vie ne sera pas très compliqué, il est totalement nul aux jeux vidéos. N'importe lequel, même. La dernière partie de sa phrase sort, et tu réponds immédiatement, sans réfléchir à tes paroles :

    « T'es toujours quelqu'un de génial ! Même si tu me paies pas de frites, hein. »


Sa main s'emmêle dans tes cheveux et tu fais la moue. Même si c'est loin de te déplaire, tu penses à ce soir et aux nœuds incalculables que tu vas devoir défaire ce soir. Mais si c'est parce que c'est Adam, c'est pas grave puisque c'est Adam. Le compliment te faire rougir légèrement et tu gonfles les joues avant de t'accrocher un peu plus à son bras. Pour être plus proche de lui, pour ne pas le lâcher, pour ne pas qu'il parte, aussi.

    « Moi, j't'aime tout court. »


Tu lui souris et déposes un baiser sur sa joue avant de continuer de marcher dans les couloirs, sa main dans la tienne, ou la tienne dans la sienne, mais qu'importe.

    « J'pense qu'il faudrait qu'on se voit plus souvent ! On se voit pas assez, je trouve. On devrait se voir, genre, tous les jours, tout le temps tout le temps ! Ce serait bien, non?Par contre, tu me supporterais tout le temps ? J'sais pas, j'pense pas. Mais si, quand même un peu, non ? Baaah, c'est pas grave, je serais sage ! Promis ! C'est une bonne idée, non ? Moi je pense que si ! »


Et tu ris, parce qu'avec lui, tu te sens bien.



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Jeu 3 Jan - 14:17

Tu lui ferais éclater le cœur, à force de le serrer si fort, et d’y incruster tant de sourires. Tu le noies sous les tendres paroles, tu l’écrases sous des millions de vagues d’affection, comme s’il n’en avait jamais assez de ta part. Comme si c’était nécessaire de l’étouffer contre ta poitrine à la force de tes bras, juste pour lui arracher prématurément des lèvres les questions qu’il se poserait bientôt. Ta vicieuse manière à toi de lui flouer sa perception des choses, c’était de lui poser doucement tes doigts froids sur les paupières et de lui murmurer un « Devine qui c’est. » au creux de l’oreille, en approchant tes lèvres trop près de son visage. Une maligne façon d’acheter son silence et sa naïveté en l’étranglant lors d’une étreinte, mais on ne te dit rien, oh non. Tu peux bien lui faire du mal, si ton excuse est que tu l’aimes trop fort. Tu peux bien le blesser un peu, si c’est pour qu’il ne s’aperçoive pas du vrai tort que tu pourrais lui causer. Toi et tes fils rouges empoisonnés.
Il vaut mieux ça. C’est mieux pour lui et pour toi. Ça t’arrange de l’aveugler. Remarquables, tes petites magouilles, un pro de la manipulation, vraiment, on pourrait te décerner la palme du plus prestigieux manipulateur.

Regarde moi, Yugi. Regarde comme je t’aime. Vois comme je tiens à toi. Non, non. Ne détache pas tes yeux de moi, il n’y a rien d’autre à voir. Tu te poses des questions ? Quelles questions ? Je t’adore, ça ne suffit pas ? Si bien sûr que ça suffit. Concentre toi sur tout cet amour que je te donne. Regarde comme il est fort. Regarde comme il y en a beaucoup.
Mais surtout, ne te demande pas d’où il vient. Et encore moins de quelle nature il est.

C’était le but du jeu. L’objectif ultime de ton jeu. Parvenir à garder Yugi, cette magie que vous entreteniez ensemble, et des éclats de rire sans qu’il ne se doute que tu n’étais en rien responsable de tout cela. Que ce qui faisait que votre relation était si spéciale, si géniale, n’avait rien à voir avec ta personne à toi.
C’était juste grâce ou à cause d’un gène dans ton caryotype. Un coup du destin, coup de chance ou poisse.
Si tu avais été normal, peut-être que Yugi ne se serait même pas retourné sur toi. Est-ce qu’il t’aurait adressé la parole sans être actionné comme une marionnette par les fils rouges au-dessus de sa tête ? Est-ce qu’il t’aurait aimé sans ton aura magnétique ? Est-ce qu’il t’aurait regardé ? Rien de moins sûr. Et ça te ronge de l’intérieur, ça te bouffe à petit feu. Imbécile et stupide, tu te défends contre toi-même en étouffant ceux que tu aimes. Tu voulais que Yugi te voit, toi. Toi nu, toi dénué de pelote rouge toute autour de tes doigts. Et la seule façon que tu avais trouvé de faire ça avait été d’obstruer sa vue plus que nécessaire, et de déverser sur lui un trop plein d’affection.

Il te dit qu’il t’aime. Tu te sens coupable. Il te colle un baiser sur la joue. Tu as la boule au ventre. Tu voudrais t’excuser. Lui expliquer. Mais tu continues de marcher, un sourire un peu fendu qui te remonte les commissures des lèvres, et les oreilles attentives aux demandes adorables de Yugi. Tu te dis que Yugi se trompe de personne, qu’il se remet un peu trop en questions, mais qu’il s’énerve trop peu contre le monde qui l’entoure. Tu ne sais pas quand est ce qu’il se rendra compte que ce n’est pas lui le problème. Dans longtemps, sûrement, entravé par sa gentillesse et sa mignonne naïveté. Et le pire, dans cette histoire, c’est que ça fait bien ton affaire. Tu laisses échapper un rire, puis deux, tu t’arrêtes brusquement, plaques tes lèvres au coin de sa bouche qui continue de déverser un million de paroles, y fait claquer un baiser et repars comme si de rien n’était :

« Toi, sage ? La blague. »

Tu replaces ta bauge, fourres tes mains dans tes poches. Nonchalamment, tu continues plus loin, sans jeter de regards derrière toi. Tu sais qu’il te suit, tu sais qu’il t’écoute, alors tu finis par grogner doucement :


« Mais moi aussi. Je trouve que ce serait une bonne idée. »
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Jeu 3 Jan - 14:48



Une impression étrange te reste au cœur pendant quelques instants. Tu as l'impression qu'il ne semble pas... totalement bien ? Tu as envie de lui poser la question, mais il se stoppe brusquement, tu lui aurais rentré dedans si tu avais été derrière lui. Et le voilà que ses lèvres se posent rapidement aux coins des tiennes. Et il repart, lâchant ta main, te lâchant toi, sans que tu ne comprennes vraiment pourquoi.

Tu n'oses ni répondre, ni bouger. Tu te reprends bien vite lorsque tu vois qu'il continue de marcher. Ta main vient automatiquement chercher la sienne, qu'elle ne trouve pas. Tu mordilles ta lèvre inférieure avant de caler tes mains dans tes poches, comme lui. Pour ne pas les laisser se balancer seules. Tu ne te souviens pas avoir marché avec Adam sans le toucher. Sans attraper sa main ou sans te pendre à son bras. Tu ne te souviens pas. Peut être au début, quand vous vous êtes rencontrés pour la première fois. Et encore. Tu t'accroches à tout le monde, tu embrasses tout le monde, tu fais des câlins à tout le monde ou presque. Alors... ce ne serait pas étonnant que tu te sois pendu à son bras la première fois que vous vous êtes rencontrés.

Il répond à ton monologue et un sourire reprend possession de tes lèvres. Tu sais que tu n'es pas facile à vivre. Heath en voit de toutes les couleurs depuis que vous êtes dans la même chambre. Entre tes oublis constant et ton bordel. Sans compter la bouffe qui traîne partout et tes affaires qui empiètent sur son espace personnel.

Ta main sort de ta poche et va pour s'accrocher à son bras, mais tu te retiens. Tu la passes dans tes cheveux avant de la remettre dans ta poche. Tu lui réponds après quelques minutes de silence, alors que vous êtes toujours là, à marcher dans les couloirs silencieux.

    « Oui, je serais sage d'abord ! Je peux l'être hein. Des fois. Pas tout le temps ! Mais. Si ! Je suis toujours sage. »


Tu gonfles les joues et tu l'arrêtes enfin, attrapant son bras. Tu te mordilles la lèvre inférieure, encore, toujours, comme d'habitude.

    « Dis... Tu me fais un câlin ? »


Tu ne sais pas pourquoi tu lui as demandé. D'habitude, tu ne lui demandes pas, tu le lui imposes. Mais cette fois-ci, sans savoir pourquoi, tu avais l'impression qu'il fallait lui demander. Ta main ne lâche toujours pas son bras. Tu ne veux juste pas qu'il parte.



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Lun 11 Fév - 16:45

Le pas paresseux, mais qui t’éloigne un peu plus de lui, du répit, tu voudrais lui en laisser, lui en donner à la pelle, l’enfouir dessous même. Il paraît que l’attraction d’un aimant s’atténue à force de mettre de la distance entre lui et sa cible, alors peut être que si tu marches plus vite, si tu fais de plus grandes enjambées, si tu le laisses derrière toi, ton don n’aura plus quelconque influence sur Yugi ? Peut-être. Peut-être. Mais comme tu ne sais pas, et comme tu ne sauras jamais, tu ne t’en vas jamais bien loin, et jamais bien longtemps. Seul et trouillard dans ton monde biaisé, remodelé par tes soins et sculpté par une toile rouge, tu préférerais crever plutôt que de le lâcher. Ouais, plutôt mourir que de te retrouver face à toi-même, sans quiconque pour te trouver différent. Juste toi, et ton reflet, cette immonde chose qui te dévore le cœur.

Des rires et des sourires légers comme des fantômes s’égarent sur tes lèvres avant de les quitter aussitôt. Yugito t’amuse le temps de quelques secondes, et dès qu’il se tait, te rappelle sans le vouloir à quel point tu le manipules. Tu l’entends trottiner derrière toi, hésiter à s’approcher, tu serres les dents : il sait. Il sait que tu n’es pas comme d’habitude, un peu moins fort, un peu moins apte à te battre contre ton don et à te tartiner la gueule d’un sourire à la colgate. Vite, te repeindre en arc-en-ciel, vite, rayonner, vite. Faire quelque chose, n’importe quoi pour le rassurer. Tu t’arrêtes, et tu entends l’inquiétude qui transpire de la bouche de Yugi :

« Dis... Tu me fais un câlin ? »

Souffle coupé, de l’air bloqué dans tes poumons, quand tu te découvres assez affreux pour lui faire ressentir le besoin de te demander la permission. Ne le fait-il jamais à sa guise ? Se jeter sur toi, en partant de l’autre bout du couloir, t’écraser de tout son poids, te serrer fort, si fort qu’une fois ou deux, tu as eu des bleus. Sa manière à lui d’exister, et de t’imposer joyeusement cette existence. Tu te grattes le coude pour reprendre un peu de contenance, comme si montrer au reste du monde qu’une démangeaison te rendait un peu plus normal, un peu moins stressé, beaucoup moins tétanisé. Tu te retournes, pas bien sûr de toi, fronçant un peu les sourcils, déconcerté par cette question que tu n’attendais plus.
Balancer une réponse banale. Un truc con. Et puis ça passera. Ça passe toujours.

« Genre, tu demandes toi maintenant ? »

Tu te forces à lui décrocher un demi sourire, t’avances lentement et cherches à plaisanter, sachant pertinemment que tu n’es pas drôle. Et que cette attente que tu lui infliges ne lui fait peut être que du mal.

« J’sais pas trop. J’y gagne quoi ? Tu me donnes quoi en échange ? Des cookies ? Un nouveau jeu vidéo ? Hm… Le dernier album d’Asaf Avidan ? Alors ? Alors, alors, alors ? »

Le silence s’épanche dans le couloir, mais tu ne lui laisses pas le temps de s’installer. Ta question n’attend pas de réponse, tes caprices ne cherchent pas satisfaction. Tu veux juste le taquiner un peu, le tester gentiment pour voir jusqu’où est-il capable de te supporter. Où est donc cette fine limite qui sépare l’amour dégoulinant de la haine destructrice ? Celle qu’avait franchi Ju’. Celle qu’ils franchiraient tous.
Tu balances ton sac par terre, souris de toute tes dents et balances allégrement :

« J’déconne. »

Tu cours vers lui, tes bras lui enserrent le torse et tu lui arraches les pieds du sol. Tu le sers encore, encore. Comme pour l’imprimer en toi. Comme pour te souvenir, qu’un jour quelqu’un t’a aimé comme ça.
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Mar 12 Fév - 20:37



Il s'arrête lui aussi et, pendant quelques instants, tu as envie de fuir, de partir loin. Disparaître de sa vie et ne plus le coller. Ne plus l'emmerder. Tu as envie de lui demander pardon, de lui supplier de ne pas t'abandonner. Tu as trop besoin de lui, tu ne peux pas te détourner de lui et tu ferais tout pour ne pas qu'il se détourne de toi. Sa voix dans le couloir te permet de reprendre du souffle, quelques instants, quelques respirations, juste de quoi tenir. Il reprend sur le ton de la plaisanterie, mais tu n'oses pas lui sauter dans les bras, tu n'oses pas te serrer contre lui, tu n'oses pas déposer tes lèvres sur ses joues.

Son sac tombe au sol.

    « J'déconne. »


Et il te prend dans ses bras, te soulève du sol. Et tu respires de nouveau, tu revis quelques instants. Dans ses bras, tous tes soucis s'envolent en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Tu l'enlaces aussi fort qu'il t'enlace, tes bras se calent sur ses épaules et ta tête se niche dans son cou quand il te repose par terre. Tu ne le lâches pas pour autant, tu restes contre lui, sans bouger, parce que c'est mieux. Parce qu'avec lui, c'est juste parfait. Plus rien ne va pas, tout va bien.

Des fois, tu te dis que c'est vraiment l'homme de ta vie, celui que tu ne quitteras pas, jamais. Sauf s'il te hurle de dégager, sauf s'il te hurle de disparaître de sa vie. Tant qu'il est heureux, c'est ce qui compte, tu veux juste qu'il soit heureux. Tu lui murmures contre la peau, tes bras toujours autour de sa nuque, ton visage toujours dans son cou :

    « Si tu vas pas bien, tu me le dirais, non ? Je veux pas que t'ailles pas bien. »


Tu ne bouges pas, surtout pas. Tu ne fais pas attention à ses mouvements, à ses bras autour de toi, à son souffle qui arrive sur la peau de ton cou et qui te chatouille légèrement. Tu rajoutes juste dans un murmure, plus pour toi-même que pour lui, même pas sûr qu'il t'entende :

    « Je t'aime, tu sais. »


Tu le dis souvent, que tu aimes les gens. Des fois, c'est ironique. Des fois, c'est pour rire. Et des fois, comme à cet instant, c'est plus vrai et plus fort que jamais. Tu veux juste qu'il reste vec toi, qu'il te dise qu'il t'aime aussi, qu'il te dise qu'il ne t'abandonnera pas. Parce que tu tiens trop à lui pour ça, parce que tu l'aimes trop pour ça.

Je t'aime, tu sais. Et ça sonne presque comme une plainte, comme une supplication. Je t'aime, tu sais. Et ça sonne comme un besoin viscéral de lui.






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Lun 4 Mar - 22:23

Quand ses pieds retrouvent le sol, le scénario habituel ne suit pas son cours. Tu serres les dents lorsque tu constates que ses bras ne suivent pas, que son visage ne se déloge pas du refuge qu’est ton cou. Pourquoi ne s’en va-t-il pas ? Comme il l’a toujours fait, te faisant face, souriant de toutes ses dents, et s’agitant pour faire quelque chose de nouveau, pour te raconter une autre de ses histoires farfelues. Son souffle te chatouille la nuque, et tu hésites à détacher tes mains de sa taille : encore un peu, encore un tout petit peu. Quelques secondes, quelques minutes, tu t’autorises à dérober un instant de silence, un peu de repos contre l’épaule de Yugito. Peu importe qu’il ne t’aime que pour ton don. Peut-être qu’au fond, une infime partie de lui t’apprécie pour ta personne.
Tu te fiches que ce ne soit qu’un fragment de son cœur. Ce n’est pas grave si ce n’est qu’un ridicule morceau. Un micron ferait l’affaire.

« Je t'aime, tu sais. »


Tu t’étrangles de malaise quand tu discernes dans son murmure un timbre différent. Une intonation nouvelle dans sa voix, qui t’alerte et qui te hurle de le lâcher et de courir le plus loin possible de lui. Le souffle coupé, le cœur à cent à l’heure et le boucan de ce dernier qui t’écrase l’ouïe, tu le sers plus fort pour qu’il ne te sente pas trembler. Tu prends peur face à un amour écrasant, un peu plus dense qu’à la minute précédente, une affection dénaturée, biaisée, altérée. Tu le vois pieds et poings liés, emprisonné tout près de toi dans un cocon rouge, comme ta Ju’. Elle aussi, elle t’avait dit qu’elle t’aimait. Elle aussi, elle t’avait étreint avec cette force-là. Elle aussi, sa voix avait à demi flanché en t’avouant son affection trouble, biscornue.
Tu ne sais quoi lui répondre, doutant même qu’il souhaite t’entendre prononcer quoi que ce soit. Tu es mauvais à tout ça. Tu n’as pas cette qualité dérangeante qu’est la franchise. Toi tu t’arranges en fonction des autres, tu tries ce que tu penses d’eux, et si ça colle pas trop mal avec ce qu’ils veulent entendre, tu mets le paquet pour qu’il te décroche un sourire ou deux. Au moins bien, tu te tais ; au pire, tu mens ; au pire du pire, tu t’excuses. Les seuls mots qui te viennent à la bouche ne sont que de piètres brouillons d’excuses, un océan de « désolé » où voguent des demandes de pardon. Des bribes d’explications, par-ci par-là, il en faudrait aussi, lui montrer clairement pourquoi il ne devrait pas te tendre les bras, lui démontrer par a plus b en quoi son affection n’a rien de sincère. A quel point ça ne sert à rien qu’il se fatigue à t’aimer, puisque la seule chose qui l’attire n’est qu’une mutation dans ton ADN, un coup du hasard qui vous pourrit la vie.

Tu choisis la voie la plus facile, celle que tu empruntes incessamment : tu fais comme si de rien n’était, comme si tu n’avais rien remarqué d’anormal. Comme si le souvenir de ta Ju’ ne ressurgissait pas, au détour d’une phrase de Yugito, comme si tout allait pour le mieux.
Oui tout va bien. Et si tu continues à te le répéter, peut être bien que tout le monde en sera persuadé.

« Je sais Yugi. T’façons, tout le monde m’aime. »

Tu choisis bien ton moment pour plaisanter. Tu te trouves con, tu te trouves bête. Tu t’encastrerais bien ta tête dans un mur pour ton sens de l’humour déplorable et inopportun. Tu te rattrapes tant bien que mal en venant mordiller le lobe de son oreille. Pourquoi ? Oh, tu dois sûrement avoir faim, et les oreilles de Yugi ont l’air trop bon. Tu grognes un « OM NOM NOM » pour lui arracher des rires qui font mal aux côtes, ramasses ton sac et dégages de ce couloir glauque l’air bien décidé :

« On se tire d’ici Yugi. J’ai la dalle, je serais prêt à bouffer quelqu’un. Et regarde bien ce couloir. Y’a que toi à manger. Tu devrais prendre peur pour tes jours, mon petit. »
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Dim 17 Mar - 15:00



Tu as l'impression qu'il n'est pas comme d'habitude, qu'il n'accepte pas tout ça, qu'il n'accepte pas qu'il puisse être important pour toi. Il se tend, imperceptiblement. Sans vraiment savoir pourquoi, tu te recules de lui légèrement et tu baisses les yeux à sa phrase. Oui, tout le monde l'aime, lui. Puis, tu ne sais pas pourquoi, mais tu ne te sens pas bien, là. Tu ne te sens pas aussi bien qu'il y a quelques minutes. La boule au fond de ta gorge refait surface, asséchant ta bouche sans que tu n'en connaisses la raison. Le nœud de ton estomac se resserre, te donnant presque envie de vomir. Tu as envie de le taper, de lui dire que c'est un idiot, qu'il n'a pas besoin de faire semblant.

Mais faire semblant de quoi ?

C'est ce que te demande ton esprit. Faire semblant. Peut être qu'il fait semblant avec toi ? Ou peut être fait-il semblant d'aller bien, de n'avoir aucun soucis pour ne pas t'inquiéter. Tu restes les yeux baissés et tu frissonnes en le sentant mordiller un de tes lobes d'oreilles. Tu te recules immédiatement en rougissant. Vraiment mauvais, les lobes ! Tu fronces les sourcils et le nez, prêt à lui dire que tu détestes ça. Franchement, quelle idée de venir titiller tes zones érogènes, hein ?! Comme si t'allait le faire, toi !

Sa voix te coupe avant même que tu ne puisses répliquer et tu soupires légèrement. Encore une fois, il fait disparaître le reste, comme si rien n'existait. Encore une fois, il s'abandonne au labyrinthe de couloirs qu'est Virtus Insania. Il s'absente de votre bulle, il la brise comme s'il ne voulait plus être à l'intérieur, comme s'il ne voulait plus en faire parti. Mais ce ne sont que des suppositions, des impressions qui n'ont pas lieu d'être. C'est ce que tu te dis, c'est ce que tu te forces à penser. Parce que c'est Adam.

Sa voix résonne dans le couloir alors qu'il te tourne le dos pour avancer. C'est son dos que tu vois le plus souvent. Parce qu'il marche toujours devant toi, comme s'il était plus grand, plus fort, plus imposant, plus... plus quelque chose que tu ne comprends pas. Tu te sens presque comme un gamin en sa présence. Tu ne cesses de lui courir après, d'essayer d'arriver à sa hauteur... et ça, dans tous les sens du terme.

Tu ajustes la lanière de ton sac sur ton épaule droite et tu le rejoins, les mains dans les poches, triturant tes clés au fond de l'une d'elle. Tu ne sais pas quoi dire, tu pourrais rester silencieux jusqu'à la fin de la journée, maintenant. Comme si tout avait déjà été dis. Alors tu ne fais qu'acquiescer lançant un petit « Hum hum. » pour montrer que tu es d'accord avec lui.

En fait, tu ne sais pas quoi faire ni dire d'autre. Tu restes silencieux, et tu le suis. C'est tout.





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