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 There's no need to complicate ~ [Erika]

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May Bastide
May Bastide
Autonomia


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Jeu 11 Oct - 15:58



    But my breath fogged up the glass And so I drew a new face and laughed.


    Converses totalement bousillées aux pieds, short en jeans à moitié troué et dix fois trop grand qui s’accroche à mes hanches, chemise à carreaux nouée sur le côté complétement ouverte sur ma paire de seins bien installée dans un maillot de bain bleu, je cours à en perdre haleine, comme une dératée pour être juste. L’osier du panier me scie les phalanges, mais j’m’en branle ! Dans une autre vie j’étais ninja, alors c’est pas un panier de tapette qui va m’empêcher de faire comme il me plait. J’écrabouille un pauvre pissenlit qui n’avait rien demandé à personne, balance un « Désolée ! » très très sincère, si, je vous l’assure, et reprends ma course en m’enfonçant un peu plus dans les bois. Je me retourne, je l’aperçois un peu plus loin, avec sa jolie robe et je l’interpelle à moitié morte de rire :

    « EEEEEH ! ERIKA ! Grouille, j’ai trop chauuuud ! »
    Elle est canon, mais elle court moins vite que moi. Sauf quand elle se transforme en animal qui nique le record d’Usain Bolt, mais ça c’est de la triche, du coup ça compte pas. Je souris, parce que je ne peux pas m’en empêcher, et surtout parce que là tout de suite, maintenant, je suis heureuse !

    Il devait être dix heures et des poussières quand je me suis pris toute la fierté lumineuse de notre système solaire dans la gueule, mais mes rétines ont survécu, et je me suis rappelée que, et de un, c’était les… VACANCES ! Et de deux, aujourd’hui, le programme, c’était pique-nique à la Loire et baignade. Ouais. Trop dure, la journée. Du coup, au lieu de larver dans mon lit jusqu’à ce qu’une bonne âme se décide à venir traîner mon bordel capillaire bleu sous la douche et les flux de Dop à l’abricot, j’ai sorti mon postérieur de mes draps encore chaud et suis partie me goinfrer de céréales multicolores en contenant difficilement mon enthousiasme grandissant. Du jus d’orange sur le menton et fagotée comme une roumaine, je me suis jetée dans la salle de bain pour brosser mes dents en une minute au lieu de trois - ouais je sais, je suis trop dark et badass, c’est mal- et me suis présentée comme une fleur sous les yeux d’une Erika dépitée par l’attentat à la mode que je représentais en hurlant en « CHUIS PRETE ! ». Et je n’avais même pas une seconde de retard.
    Onze heures et demi, et des gravillons dans mes chaussures, l’air se rafraîchit et on commence à entendre le glouglou de l’eau qui s’écoule doucement. Je ne tiens plus en place, et avance encore un peu plus vite, quitte à perdre de vue ma copine-Haïtienne-trop-magnifique-qui-pique-les-yeux-quand-on-la-matte-longtemps. Je reconnais un tronc à la forme bizarre, tourne à gauche, et tombe comme prévu sur l’endroit le plus cool de toute cette école : la Loire, et un petit coin d’herbe pour elle et moi. Personne ne le connait, quelques mètres carrés juste à nous, on pourrait même inscrire nos noms sur les rochers. Tiens, je lui proposerais de graver un cœur avec nos prénoms dans les arbres, un jour ! Parce que si je deviens lesbienne, j’épouserais Erika !

    Ma chemise me colle à la nuque, mais plus pour longtemps : en priant pour que le lâcher brutal de panier ne fasse pas malheur aux pots de yaourts en verre qu’il contient, j’ôte tous mes vêtements, le sourire tellement grand qu’il me faudrait deux visages pour tout bien l’étaler, et me jette à l’eau sans attendre.
    J’ai hâte qu’Erika arrive, comme ça je pourrais la reluquer en maillot de bain ! JUST KIDDING.



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Erika Linoa
Erika Linoa
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Dim 14 Oct - 12:51

« And all I see is Life. Life in a beautiful light. »
Je me suis levée étonnement tôt aujourd'hui. Pourtant, les vacances commencent tout justes, mais je crois que les habitudes matinales sont coriaces. C'est pourquoi, réveillée par un rayon de soleil rebelle qui s'est faufilé entre les rideaux, j'ai ouvert les yeux à 9h précisément. Je me suis levée, tranquillement, bien que mes draps chauds semblaient vouloir me séquestrer sans aucune pitié. J'enlève mon soutif et mon short que j'envoie valser un peu plus loin, j'enroule une serviette autour de moi, et hop, direction une bonne douche ! Je n'aime pas particulièrement prendre ma douche au matin, mais bon, une fois n'est pas coutume comme on dit. Je phase sous la douche, comme certainement les trois quarts de la population, et je reconnais que la douche est un grand moment de contemplation sur l'existence du monde et le sens de la vie. Ces considérations métaphysiques terminées, je sors de la douche, laissant échapper un petit frisson glacée en éteignant l'eau. En retournant à la chambre, je croise Andrea qui se dirige vers la douche, en me lançant un sourire charmeur qui n'excite que lui-même quand il se regarde dans le miroir, le regard éclairé d'un lueur lubrique en me toisant de haut en bas, certainement en train de m'enlever ma serviette dans sa cervelle de moineau dérangé. Je lève les yeux au ciel, et lui adresse un subtil et aimable fuck avant de rentrer dans ma chambre, en l'ignorant complètement lorsqu'il m'appela pour me retenir. Quel abruti ce type.

Il est à peine 9h35, mais le soleil donne déjà très fort. Je jette un petit coup d'oeil entre les rideaux, et j'aperçois un ciel bleu et radieux, digne des plus belles journées de mon île natal. Je fais attention de ne pas réveiller May qui sommeille encore, et je fouille tranquille dans ma très large garde-robe afin de trouver mon bonheur de la journée. Avec May, aujourd'hui, on a décidé d'aller piquer une tête dans la Loire pour fêter nos vacances comme il se doit. En plus, on a trouvé un coin tout à fait charmant la dernière fois, à l'écart du reste du monde, une espèce de petit hameau de verdure et d'eau fraiche. J'attrape une ravissante robe d'été blanche, très légère. Une robe bustier avec un peu de dentelles sur le haut, cintrée par un gros nœud couleur taupe, et un peu froissée sur le bas. Elle est assez courte mais pas trop, et tombe juste au dessus de mes genoux. J'ai l'air d'une sainte dans cette robe, ça me plait bien. A cette tenue, j'ajoute un pendentif en nacre, et j'enfile mes spartiates compensées en cuir. J'attrape mes cheveux que je noue avec une jolie ruban couleur sable pour faire une queue haute, ce qui dégagera un peu ma nuque et me donnera un peu moins chaud. J'ajuste mes jolies boucles brunes qui tombent en cascade sur mes épaules et mon dos. Je noue mes nombreux bracelets autour de mes poignets, puis je sors de nouveau pour aller prendre mon petit déjeuner. Arrivée à la table, alors que je buvais paisiblement mon thé en grignotant quelques biscottes et des fruits, Andrea, n'ayant visiblement pas compris le message, s'assoit à mes côtés et commence à déblatterer son flots de conneries creuses habituelles, saupoudrées de sa vanité surdimensionnée et de sa bêtise récurrente. Je lève de nouveau les yeux au ciel, en m'efforçant de rester calme et en continuant de l'ignorer. Cependant, quand ses mains se font baladeuses, je ne peux me retenir de lui décoller une gifle monumentale, qui blessera certainement plus son ego d'homme viril plutôt que son visage à vrai dire, en lui disant qu'il n'y aura jamais rien entre nous, et qu'il peut toujours aller se faire voir pour espérer recevoir ne serait-ce qu'une once d'amitié venant de moi à son égard. Et sans attendre, je me lève, et quitte le réfectoire en le laissant derrière. Je me fiche bien de lui, de ce qu'il peut ressentir ou penser. Je veux simplement qu'il me fiche la paix.

De retour à la chambre, je remarque que May n'est plus là, et qu'elle est sûrement partie prendre son petit déjeuner. J'imagine qu'on s'est manqués de quelques minutes à peine. Je prends donc Lolita de Nabokov, et je me plonge dans ma lecture en paressant mollement sur mon lit, au milieu des rayons de soleil chauds qui donnent dans la pièce. J'ai commencé à lire ce livre car un gars m'a dit que j'étais cette Lolita qu'on décrit dans ce livre. Mélange de fille paumée et dérangée, aux accents de provocation et de séduction. Bref, au final, ce livre m'énerve autant qu'il me fascine, et bien que parfois ça me donne envie de l'envoyer valser, je continue de le lire avec attention. Faudra que je demande à May de me prêter un de ses bouquins aussi, je crois que c'est mon dernier. Si j'ai le temps, j'irais sûrement à la librairie avec elle au pire. Et la voilà de retour, fraîche et pimpante comme à son habitude, vêtue de façon assez étrange. Une tenue qu'on pourrait qualifier d'outrage au bont goût et à l'élégance si on était un peu formel, mais vue que je ne le suis pas, je préfère lui adresser un sourire amusé et lui lancer une petite blague ironique.

Et nous voici ainsi parties pour de nouvelles aventures entre demoiselles, au bord de la Loire sous un soleil de plomb. Nous avons préparé deux gros paniers pour prendre un pique-nique au soleil, après notre baignade. May était particulièrement excitée, et courait comme une demeurée dans la prairie. J'arrive à peine à la suivre, avec mon gros panier qui me semble peser une tonne, et je me traîne un peu. Finalement, j'arrive toute essoufflée jusqu'à elle. Je reprends mon souffle en lui râlant dessus un peu, comme quoi elle court beaucoup trop vite pour moi, et que la prochaine fois, je me change en félin. Non mais oh ! On pose nos affaires sur l'herbe, et on se prépare à aller se baigner. Tandis que May commence à enlever sa chemise, mon regard se pose sur la divine poitrine de May, et immédiatement dans une envie irrépressible je saisis sa poitrine entre mes mains.

    « OH MY GOD ! May, tes seins sont tellement parfaits. J'aimerais trop avoir les mêmes ! »


On est tellement proches que ce geste n'étonne aucune de nous deux. On a peu de tabous l'un peu l'autre, et je pense qu'on doit nous prendre pour un couple de lesbiennes parfois. Remarque, ça ne me dérangerait pas plus que ça d'être lesbienne avec moi, elle est du style plutôt canon, et elle est mille fois plus intéressante que certains gars comme Andrea par exemple. Quand je finis d'apprécier le toucher de la poitrine parfaite de May, je me décide à enlever ma robe, dévoilant un maillot de bain, dont le haut est en forme de bandeau. C'est un maillot de bain bleu marine et blanc à rayures, style marin en quelque sorte. Je plie soigneusement ma robe que je pose sur un des paniers, et j'enlève aussi mes spartiates. J'enlève le ruban qui retient mes cheveux, les laissant tomber sur mon dos, et je noue le ruban à mon poignet, assez fermement, afin de ne pas le perdre dans l'eau. Je me dirige ensuite, de mon pas chalupé, bien qu'un peu gênée. Je suis toujours mal à l'aise en maillot de bain. J'ai toujours cette sale impression d'avoir l'air ridicule ou d'avoir quelque chose qui ne va pas. Je dois certainement attachée trop d'importance aux détails. Je m'assois sur le bord de l'eau, laissant mes pieds balancés dans l'eau un peu fraîche, mais très agréable. Je scrute l'eau cristalline, et apprécie la sensation de fraîcheur qu'elle exalte. Et je tourne la tête vers May, un sourire au lèvres.

    « Tu viens ? »
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May Bastide
May Bastide
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Dim 21 Oct - 17:00



    Careless and young, free as the birds that fly. With weightless souls now.


    Mon sein. La main d’Erika. WHY NOT.

    Je crois que le plus bandant, dans l’histoire, c’est que même un léger mouvement de recul d’un micro centimètre ne m’a pas traversé l’esprit, et que je me tiens là, bien cambrée pour exhiber fièrement l’essentiel point fort esthétique de mon corps à ma pote Erika. Je penche la tête moi aussi, et je m’auto-matte : putain de merde, c’est vrai qu’ils sont super cools, mes seins ! Je fais claquer mon élastique de maillot de bain en riant aux éclats, avant de poser mes deux mains sur mes hanches et de balancer :

    « MAIS ATTENDS. Fallait bien que j’ai un truc de plus cool que toi ! Mais comme je t’aime, j’veux bien t’en passer un peu. »

    Sauf que c’est pas possible. Sinon, promis, je lui en aurais prêté ! Il faudra que la médecine se penche sur la question, qu’elle trouve un moyen pour qu’on s’échange des parties de nos corps. Comme ça je pourrais piquer l’anatomie de Léo, je pourrais être un homme canon et me taper Erika. Oh, en fait, même en étant une fille médiocre, je l’épouse, je lui fais l’amour, et je l’aime, Erika. Est-ce qu’on aura plusieurs enfants dans une grande maison à la campagne avec un Labrador ? Et je lui ferais même un Good-bye kiss pendant qu’elle réajustera ma cravate quand j’irais au travail.

    JE SAIS DONC QUI JE VAIS EPOUSER.
    C’est vrai, la vie serait tellement plus facile, avec Erika. Tellement plus facile qu’avec cet imbécile de William. Ou qu’avec n’importe lequel de ces mâles. Sauf Aurelian. Mais Aurelian, il est parti. Il faudra que je lui envoie un sms. Mais ça va me coûter un putain de fric, maintenant qu’il est en Allemagne. Bref, on s’en fout, là tout de suite maintenant, l’humain de ma vie, c’est Erika, avec son joli maillot de bain qui la rend encore plus canon que d’habitude, elle s’éloigne un peu, va tremper ses pieds dans l’eau, et moi je suis comme une idiote, à la regarder faire. Et je me dis que j’ai de la chance.

    « Tu viens ? »


    J’me marre, et je me mets à courir un peu trop vite. J’ai de la chance, je ne glisse même pas sur la mousse des rochers, je ne me tords même pas une cheville, et je m’explose même pas le crâne contre un caillou ! Mes parents seraient fiers de moi, pour sûr. Ça doit être mon sang ninja coulant dans mes veines qui m’évite les chutes. Et en moins de trois secondes, je m’étale dans l’eau avec la grâce et la délicatesse d’une autruche obèse bien caractéristique à ma personne, en imprimant sur mon flanc une merveilleuse marque rouge, souvenir de guerre du plat légendaire que je venais de me manger. J’éclabousse Erika au passage, juste pour l’agacer et je fais la planche, en reprenant tout doucement ma respiration et en contemplant les morceaux de ciel azuré, entre trois branches d’arbres. La dernière fois que je suis venue ici, j’ai rencontré Will. Haha.
    Je soupire, laissant paresseusement mon dos s’enfoncer dans l’eau fraîche et mes paupières se fermer sous la lumière aveuglante d’un soleil en trop grande forme. L’été s’est vite déroulé, il y a eu tellement de rebondissements que même si j’écrivais un livre pour ne pas toutes les oublier, je suis sûre que j’en laisserai la moitié de côté. Enfin, ça, c’est peut-être parce que j’ai un QI d’huître et une mémoire de poisson rouge, mais on le mettra sur l’excuse du nombre trop important d’événements, pour le bien de mon égo, s’il vous plait. Il y a eu Ani, Raven, Aurelian, et pleins d’autres, mais ça fait trop. Et il y a eu Will. Surtout Will. Et ce bal qui…
    Non, je veux pas y penser. J’y comprends rien, à ce bordel. Pourquoi je ne me souviens pas d’un seul feu d’artifice alors que je n’avais rien bu, pourquoi je me suis engueulée avec Turner alors que je… Alors que quoi ? Oh bordel. Putain. C’est. Non, je ne veux juste pas y penser.

    « Erika ? Si un jour tu deviens lesbienne, tu voudras bien qu’on se pacs ? Parce que j’en ai marre des garçons. Je veux juste t’aimer toi et tes petits seins. Ce sera plus simple tu vois. T’en penses quoi ? »

    Et je me tais, et je regarde en l’air, comme si les réponses à mes questions allaient tomber du ciel. On sait jamais.



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Erika Linoa
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Dim 21 Oct - 20:16

« Where there is desire, there is gonna be a flame. Where there is a flame, someone's bound to get burned. »
Mes pieds s'agitent lentement dans l'eau, à mesure que mon corps s'habitue à la fraîcheur de l'eau cristalline de la Loire. Bien évidemment, May, dans toute sa délicatesse légendaire, s'est jetée dans l'eau avec une élégance à vous couper le souffle, et barbote déjà dans son élément préféré. Je reçois des gouttes dans la tronche, ce qui m'arrache un frisson glacial, et je râle gentiment sur May, en lui disant qu'elle abuse de se jeter comme un hippopotame déshydraté dans l'eau. J'en profite pour lui rappeler les risques de l'hydrocution et autres problèmes liés à cette pratique ridicule de se jeter dans l'eau comme un sauvage. Mais elle n'a pas l'air de m'écouter, et elle semble bien s'amuser. Je lève les yeux au ciel, un sourire sur mon visage trahi cependant mon amusement plutôt qu'un réel agacement. Je jette un dernier coup d'oeil sur nos paniers pleins de gâteaux, cupcakes, biscuits secs, friandises et autres sucreries toutes plus succulentes les unes que les autres afin de repérer leur emplacement. Puis je mouille ma nuque et le haut de ma poitrine, avant de me jeter littéralement à l'eau. Un dernier frisson parcourt ma peau, et je me retrouve ensuite absorbé par la fraicheur pure et agréable de l'eau claire et calme. Le soleil est déjà bien haut dans le ciel, et nous éclaire abondament. Je fais quelques brasses, pour me déplacer dans l'eau et apprécier le lieu. C'est un hameau tout à fait charmant, perdu dans un coin de verdure et orné de plusieurs parterres de fleurs sauvages et de buissons. Il y a même quelques grands arbres fruitiers qui apportent timidement un peu d'ombre à l'endroit, ce qui est tout à fait appréciable quand il fait un soleil aussi chaud et radieux. Je m'approche de May à la nage. Elle a l'air vaguement pensive à vrai dire, et c'est jamais bon quand elle réfléchit. Et effectivement, tout de suite après, elle m'annonce qu'il faudrait qu'on se pacse toutes les deux, en laissant tomber les garçons. Cette réplique m'arrache un rire, et je m'approche d'elle dans le dos pour l'encercler de mes bras au niveau du cou. Je m'appuye sur elle, mon visage collé au sien.

    « Si ça m'permet de pouvoir tripoter tes seins comme je veux, alors ça m'va parfaitement ! Et j'ai pas de petits seins d'abord ! Ils sont justes … Pas bien gros. »


En disant ça, je regarde ma poitrine d'un coup d'oeil discret. En effet, c'est vrai qu'ils sont pas bien gros mes seins. J'aurais tellement voulu en avoir des plus gros, un peu comme May. Mon Dieu, un 85C, c'était pas trop demandé quand même ! Et me voilà avec ce maudit et tout petit 85B qui gâche tout. J'pense que j'aurais été tellement bonne avec un bon gros 85C. Malheureusement, la Nature n'a pas été aussi généreuse que ça, et a décidé de m'octroyer une poitrine modeste. Encore heureux qu'elle a pas fait le même massacre sur le reste de mon corps. Je m'écarte de May et nage un peu loin, en balançant ma tête en arrière afin de mouiller mes cheveux. Je me redresse, mes pieds s'agitant dans l'eau pour me maintenir à la surface.

    « En parlant de garçons, j't'ai pas dis, mais j'ai revu Andrea ce matin. Tu sais, le gars qui m'a abordé quand on a accompagné Charlie à son club d'art vocal ? Il me stalke encore, c'est juste horrible. J'ai été obligée de l'envoyer balader au petit-déjeuner ... »


Je n'aime pas trop ce genre de choses. Certaines personnes me charient souvent sur cette attitude paradoxale que j'adopte avec les garçons. On dit que je suis une allumeuse, une fille avec un physique avantageux, qui s'amuse à chauffer les garçons. On dit de moi également que je ne suis qu'une grande gueule, qui dit beaucoup de choses et qui est incapable de suivre. Tout ça parce que je refuse d'aller plus loin avec ces garçons qui me jaugent du regard, et font aller leurs mains indécentes sur mes cuisses et mes fesses. Je les déteste d'être comme ça. C'est vrai que j'aime attirer le regard des jeunes hommes, et que la séduction est devenue un jeu régulier. Mais je me refuse à chaque fois d'aller jusqu'au bout. Pourquoi ? Parce que je n'ai pas d'amour pour eux. Je ne les aime pas. Si eux même, qu'à cela ne tienne, moi je ne ressens rien à leur égard. Je reste de marbre. Reine glaciale et sans cœur. Des garçons comme Andrea ne sont que des amusements de soirées. Ce gars ne m'intéresse d'aucune façon. Certes, toutes les demoiselles de Clever Cross glottorrent à son passage, comme s'il était la huitième merveille du monde. Mais sa belle gueule ne représente rien pour moi. Quoiqu'on en dise, je ne suis pas si superficielle qu'on le pense, c'est bien faux. Mais ces gars là, je prends plaisir à les attirer, pour mieux les jeter, et leur montrer que toutes les filles ne sont pas à leur pied. Un bon coup de pied dans les joyaux de leur égo, ça leur fait du bien. Alors je continue d'attirer les regards sur mes talons beaucoup trop hauts, et mes vêtements parfois trop sexy. Je continue de me maquiller subtilement, et je continue d'arranger ma chevelure, dans le seul et unique but de plaire. Même si je prends plaisir à cela, je n'en demeure cependant pas moins seul. C'est quelque chose qui me tracasse, et souvent, quand je me pajote en rentrant de soirée, toute seule dans ma lit, je repense à quel point la solitude me pèse par moment. Certes, j'ai mes nombreuses amies. Mais pourtant, quelque chose me manque. Certainement un garçon bien tout simplement. Le problème reste encore de le trouver. Mais bon, qui viendrait plaindre la belle et désinvolte Erika ? Elle a plein de prétendants, mais elle les jette à chaque fois. C'est bien de sa faute si elle est seule de toute manière ! Enfin bref, je sors de mes pensées, et je me rapproche de nouveau de May.

    « Et pourquoi t'en as marre des mecs ? Tu m'avais pas parlé d'un beau brun ténébreux la dernière fois ? Genre William Lawford par exemple, non ? »


Je lui lance un regard complice avec un sourire narquois. Je sais très bien ce qu'elle pense de ce William. « Turner » comme elle aime l'appeler. Pourtant, j'avais l'impression que ça se passait plutôt bien entre eux, d'après ce qu'elle me disait. Je me demande s'il s'est passé quelque chose de facheux lors du bal. Peut être que le beau William n'a pas été à la hauteur de ma petite sirène aux cheveux bleutés.
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May Bastide
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Jeu 25 Oct - 23:14



    We're just two lost souls swimming in a fish bowl


    Et je me retrouve à couler un peu, les bras d’Erika me tractant vers le bas, ses petits seins dans mon dos. J’ai envie de rire quand elle précise que je devrais les décrire comme « Pas gros ». Mais je réprime mes rires en me disant qu’elle a sûrement assez de force pour me noyer si je continue. Je pose mes mains sur ses bras, activant mes deux systèmes respiratoires en même temps pour m’éviter de m’essouffler, en battant si fort des jambes pour nous garder toutes les deux à la surface, et j’ai même le temps de soupirer. De soupirer très fort. Et puis de rire à ses réflexions. Oh si ce n’est que ça, je la laisserai me tripoter toute la journée même !

    « Ça marche ! Vite. Marry me. »

    Et je me retourne, et lui colle un bisou au coin des lèvres. Parce que j’ai le droit. Parce qu’on va bientôt se pacser. Promis, je n’aimerais qu’elle, et plus jamais de ma vie je ne regarderais de garçons. Juste Erika et son 85B. Ses talons compensés. Et ses robes qui lui font un trop beau boul –et non, je n’ai pas honte d’utiliser ce mot plus laid qu’un poussin malformé. Au revoir, poil au torse et pectoraux, je m’en vais au pays des peaux douces qui sentent bons et des vagins. Car c’est là qu’est ma place ! J’imagine. Je crois.
    Et je l’écoute me parler d’Andrea, j’acquiesce à ses propos : oh que oui, je m’en souviens. Et de toutes façons, toutes les poules de cette école ne cessent de répéter son nom. L’adulant comme un prince, alors que, disons-le, ce n’est qu’un adolescent parmi les autres qui a eu un peu plus de chance au passage de la puberté. Pas d’acné, pas de problème d’obésité, et BAM, ça les met toutes en chaleur. Du grand n’importe quoi. J’écoute Erika me parler de lui, et je secoue la tête, désespérée. Non mais vraiment, quand est-ce qu’elle arrêtera de les faire tomber comme des mouches ? Je me sens mal pour eux, à ne pas se rendre compte qu’ils valent largement moins qu’elle, à se croire assez bien pour elle, alors qu’elle mérite au moins un top model au QI d’Einstein et à l’humour de l’acteur blond et canon dans « How I met your mother ». Je me souviens plus du nom. Bref, quelqu’un de génial. Pas de ces morveux qui pensent lui faire comme il faut la cour en dansant collé-serré avec elle sur un morceau de techno.

    « Ouais, je vois. Mais t’sais, s’il te fait trop chier, un mot de ta part, et j’lui refais sa gueule façon Picasso, à ce type ! »

    Et j’imite ce qui pourrait ou devrait ressembler à la baston du siècle, en frappant l’eau de mes pieds et poings en lâchant des cris suraigus qui font fuir les poissons et les oiseaux. TROP EFFRAYANT QUOI. J’vous le dis, je fais fuir un gang ou des troupes de la mafia, avec cette démonstration de puissance. Je m’arrête, morte de rire, plonge, remonte, et me remet sur le dos, toujours ce bleu qui m’explose les yeux, en écoutant le restant des propos d’Erika. Pourquoi j’en ai marre des garçons ? Un beau brun ténébreux ? William Lawford ?
    Une subite envie de me noyer. C’est triste. J’peux même pas.
    De ce type, je ne sais pas quoi en faire. Et surtout, je ne sais pas ce qu’il m’a fait. Je suis juste…complétement paumée. Je ne voulais pas m’énerver, ce soir-là. Je ne voulais pas le détester, je ne voulais pas lui hurler dessus, je ne voulais pas le laisser en plan. Alors putain, mais pourquoi je l’ai fait ? Et pourquoi ne m’a-t-il pas retenu ? Oh et puis merde, j’y comprends plus rien à cette histoire. Je sais même pas si je veux vraiment la comprendre. Quelle expression je vais devoir afficher quand je le reverrais ? Est-ce que je le reverrais ? Quand ? Où ? Bientôt ? Et je me surprends à penser « J’espère, oui. ». Bordel. On croirait presque que. Il me manque.

    « Erika, tu crois que… C’est possible de s’énerver très très fort contre quelqu’un et de ne pas en penser un seul mot ? Parce que tu vois, Turner, je lui ai hurlé dessus mais au fond… »

    Au fond quoi ? Merde. Je sais pas quoi dire. Mon visage s’enfonce dans l’eau jusqu’à ce que mes lèvres s’immergent et écument la surface légèrement. Je ne veux pas le dire. Oh non. Je veux pas l’avouer. Ça me fait peur, ces trois petits mots. Ils sont pas fait pour moi. Je sais pas m’y prendre quand je les prononce. Déjà que sans, c’est déjà compliqué, alors si en plus il faut que ça s’en mêle. Non, non, non. Je suis pas amoureuse. Et surtout pas de Turner.

    « Très au fond, tu vois… »

    Allez, Erika, si tu pouvais comprendre sans que j’ai à le formuler mot pour mot, si tu pouvais lire entre les lignes, ça arrangerait le degré de rougeur sur mon visage et ma fierté mal placée de fille-qui-trouve-que-l’amour-ça-pue-mais-tombe-dedans-comme-une-andouille. Je soupire, ça fait des bulles, je trouve ça rigolo, je me marre, je repense à Turner, je fais la gueule. Le voilà qui influence mes humeurs. Fuck. Je voudrais juste. Qu’il ne m’ait jamais invité au bal, peut-être. J’en sais rien. Ou juste, qu’on ne se soit jamais disputé.

    « C’est pas de dispute, dont j’ai envie, tu comprends ? Mais il est con, il est vraiment trop con ! »

    Et non, rien n’est de ma faute. RIEN.




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Erika Linoa
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Mer 31 Oct - 17:08

« This is how to be a Heartbreaker. »
Une rumeur dit que les garçons nous verrait bien comme le couple de filles le plus canon de tout Clever Cross. Moi, pour être sincère, je m'en fiche. J'adore May, et tout ce qui fait sa personnalité. Même si parfois elle m'énerve, qu'on se fâche et qu'on finit par se bombarder des bouquins et des chaussures à la tronche, elle finit toujours par me faire rire. Je me sens comme une gamine avec elle, car tout semble si simple et spontanée. Pas besoin de réfléchir ou de mesure ses gestes. Tout vient comme on le ressent, et les sentiments se retrouvent libérés. Alors moi, ça ne me dérange pas qu'on fantasme sur nous deux. Aussi, elle peut bien m'embrasser, me toucher, me caresser, ça me plait bien. C'est si naturel avec elle, je ne vois pas pourquoi je me priverais d'elle. Car rien ne l'arrête. Et elle m'emmène souvent dans ses folies et dans ses aventures, moi, j'ai peur de rien, alors je la suis et je m'amuse comme une folle à chaque fois. Y'a un goût d'innocence et de naïveté dans ce qu'on fait. Parfois elle me parle de garçons, alors moi je lui raconte mon exaspération. Elle me propose d'aller leur dire de se faire enculer, et moi je ricane en lui demandant de leur refaire le portrait en passant. Je la regarde alors se débattre dans l'eau, et, de ses petits poings, s'agiter à frapper dans l'air mimant ce qui semble être un combat épique entre elle et le terrible et vil blondinet tombeur de ces dames en fleurs. Elle m'éclabousse, je m'approche d'elle, lui glisse un baiser humide sur la joue, et elle disparaît en riant sous l'eau. Je plonge la tête moi aussi, profitant de l'eau claire et fraîche. Et je regarde mon amie, visiblement embêtée par mes questions dérangeantes. C'est aussi ça, une amie, non ?

    « C'est pas parce que tu t'énerves contre quelqu'un que tu ne l'aimes pas. J'pense pas que ce soit une question de sentiments »


Je lui adresse un sourire réconfortant. Celui d'une sœur qui écoute et comprend les tourments du cœur. Au fond, je ne m'y connais pas plus qu'une autre. Mais je vois bien qu'elle semble gênée. Elle cherche ses mots, et au fond, elle n'a pas besoin de les dire. Toutes ses expressions, et ses non-dits, traduisent ce qu'elle cherche désespérement à exprimer. Pourquoi c'est si dur à dire ? Ce ne sont que des mots. Je ne compte plus les fois où j'ai fais miroiter ces mots doux aux yeux de prétendants. Malheureusement, j'aimerais que ces mots prennent du sens à mes yeux. Certes, j'aime mon frère et mes parents. J'aime mon île natal. J'aime May. Mais qu'est-ce que c'est d'aimer quelqu'un d'autre ? Je voudrais savoir ce que ça signifie d'aimer quelqu'un de cette manière. D'aimer comme May aime Turner par exemple. Parce que même si elle se refuse à l'avouer, elle est bel et bien raide dingue de lui. C'est vrai qu'il est plutôt charmant et magnétique. Il a ce quelque chose des mecs un peu spéciaux, qu'on ne retrouve pas chez n'importe qui. Un peu comme May en quelque sorte. Ce qui est la différence fondamentale entre elle et moi : moi je ne suis qu'une fille parmi tant d'autres.

    « Eh bien ? Si t'as pas envie de te disputer, pourquoi tu te disputes avec lui ? Franchement, il n'y pas de raison de se compliquer parfois »


Je m'approche de nouveau d'elle, au soleil toutes les deux, et je lui attrape les mains. Je la regarde dans les yeux, avec cette lueur pétillante dans le regard. C'est vrai ça. Pourquoi se disputer ? Elle l'aime, et je suis à peu près certaine que William l'aime aussi. Où est le problème ? Je crois très sincèrement que l'amour est difficile à trouver, et que, quand on finit par le trouver, on ne devrait pas se laisser pourrir par ce genre de choses. Mais je connais May, je sais comment elle est, et comme par hasard, ce n'est jamais de sa faute. Forcément, c'est William qui est trop con. Alors bon, pas facile d'envisager quelque chose dans ces conditions.

    « Tu devrais lui reparler. J'suis sûre qu'il attend que ça, lui. J'sais que tu m'aimes beaucoup et que tu veux qu'on devienne le couple lesbien le plus sexy de Clever Cross, mais quand même, j'peux pas t'enlever à William. »


Je rigole mais très sincèrement, je pense qu'elle ne devrait pas le laisser filer. Sur ces mots, je plonge au fond de l'eau, et la pression de l'eau s'exerce sur tout mon corps. Je me laisse flotter un instant, perdue dans le silence, comprimée sous l'eau. J'ouvre les yeux, et un spectacle de lumière s'offre à moi. Les rayons du soleil pénètrent l'eau et se diffractent dans l'eau, les ombres se dessinent, et les mouvements font onduler ce fragile équilibre. J'aimerais rester ici, portée par les bras de la rivière. Comme une sirène. Je fais une pirouette sous l'eau, prend appui sur le sol, et je m'élance vers la surface, juste devant May. Je reprends un grand coup ma respiration, puis je jette en arrière mes cheveux mouillés. C'est étrange. May et moi sommes très différentes sur le plan sentimentale. Elle, elle a peur de l'amour. C'est quelque chose qui l'a fait fuir, qui l'effraye en quelque sorte. Elle préfère s'amuser tout simplement. Moi, je rêve de tomber amoureuse. Mais je ne trouve en aucun garçon ce que je cherche. Comme une quête sans fin. Je voudrais tomber amoureuse, mais je n'y arrive pas. Deux filles différents, deux perceptions de l'amour distincts. C'est drôle quand même. Soudain, une idée me revient en tête. J'ai entendu une rumeur comme quoi Léo aurait tout gâché au bal. Mais quel imbécile …

    « Et puis entre nous, ne le prends pas mal hein, mais faudrait que t'arrêtes aussi avec Léo. J'veux dire, j'sais que c'est ton meilleur ami, mais un jour il faudra bien que tu choississes quand même. »


Léo. Comment voulez-vous que May se trouve quelqu'un si ce pot de colle ne la lâche pas d'une semelle ? Je comprends bien que Turner a finit par péter un câble au bal, avec ce boulet qui suit à la trace May. Comme si elle ne faisait pas assez de conneries par elle même, il faut toujours qu'il vienne en rajouter par dessus celui là ! Vraiment, si elle veut vraiment avancer, il faudrait qu'elle arrête aussi de fricoter avec Léo à tort et à travers. Je comprends pas ce qu'elle lui trouve à celui là. Je n'aime pas son look de bourgeois français chicos. C'est vraiment pas mon truc personnellement. Pourquoi elle préfère pas coucher avec moi d'ailleurs ?! Faudrait que je lui demande un jour, pourquoi Léo et pas moi ?
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May Bastide
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Dim 2 Déc - 17:25



    To die by your side, is such an heavenly way to die



      « C'est pas parce que tu t'énerves contre quelqu'un que tu ne l'aimes pas. J'pense pas que ce soit une question de sentiments »



    Oh Erika. Tout ce que tu dis est tellement vrai. Des fois, même, ça m’énerve, et des fois, aussi, je voudrais avoir ton cerveau, tout ça. Etre intelligente. Raisonnée. Consciente. Pleins de trucs que je ne serais jamais parce qu’on m’a subtilisé une moitié de cerveau à la naissance, si je vous jure, c’est obligé, y’a pas d’autres moyens pour créer une gamine aussi bornée et dépourvue de bon sens que moi. Boudant la tête semi-immergée, je me retiens de grogner en m’occupant à créer de minables bancs d’écumes. Si ça veut pas dire que je ne l’aime pas. Alors est ce que ça veut dire que je…
    NON. STOP. C’EST JUSTE PAS POSSIBLE.
    Je secoue ma tête dans tous les sens, éclabousse un peu Erika au passage ne peut m’empêcher de tourner au rouge écarlate. Pas grave. On dira que c’était un coup de soleil éclair qui se pointe et dégage à la vitesse de la lumière. Mais malheureusement pour la pauvre petite chose qui bat dans ma poitrine, Erika n’en a pas fini avec moi.
    Pourquoi je me dispute avec lui ? Parce que c’est un connard. Mais pourtant. Enfin. D’habitude, les connards, je leur tourne le dos, juste après leur avoir fait une prise de ninja, et je trace ma route en chantonnant. Mais pourtant, Will. Bon. Déjà, il est vachement trop grand pour que mon kung-fu amateur ait un quelconque effet sur sa personne, mais en plus. Ben. Je. J’ai pas envie.

    Pas envie de lui tourner le dos.

    Erika, t’as vraiment raison. Des fois, il n’y a pas besoin de compliquer les choses. Mais qu’est-ce qu’on fait quand, pour prendre les chemins les plus simples, les plus courts, il faut marcher sur son orgueil ? Qu’est-ce qu’il faut que je fasse pour obtenir ce que je veux sans me traîner à genoux devant lui ? J’veux pas. J’veux pas être de ses filles qui ravalent leurs fiertés pour presser le fer rouge sur le cul de leur bien aimé. Quoi que mes initiales feraient bien sur la paire de fesses de Turner. Mais là n’est pas le problème !

    « S’il attend que ça, il a qu’à le faire… J’ai déjà fait des efforts, Erika, et là, retourner le voir une fois de plus, ce serait… »

    Je déglutis. Un peu gênée. Un peu mal à l’aise de lui apparaître comme ça. Faible.

    « …humiliant. »

    Je fais quelques brasses autour d’elle, ondulant bordéliquement des jambes, quand les professeurs de natation me hurleraient de faire la grenouille. Je ris à sa remarque, le couple lesbien le plus sexy de Clever ? Elle est sympa, elle ! De France, ouais ! Non mais oh. Elle nous prend pour qui. Je m’approche un peu d’elle, la fait couler, lui colle le bisou le plus obèse des bisous obèses sur la joue et enserre ses épaules en guise de « Merci ». Je me vois mal la remercier à voix haute de me faire me rendre compte de ma connerie. Mais dans l’idée, c’est ce que cette embrassade voulait dire.

      « Et puis entre nous, ne le prends pas mal hein, mais faudrait que t'arrêtes aussi avec Léo. J'veux dire, j'sais que c'est ton meilleur ami, mais un jour il faudra bien que tu choississes quand même. »



    Etonnée, je la relâche, un sourcil haussé, un peu surprise par une telle remarque. Ah oui. Erika peut pas encadrer Léo. Quand je pense qu’ils ont failli finir ensemble pour le bal, j’en ai des crampes d’estomac de fou rire imminent ! Peut-être qu’elle lui aurait vidé son verre sur son costume à trois millions de dollars. Peut-être qu’il l’aurait noyé dans le ponch. Peut-être qu’elle aurait fait exprès de lui écraser les pieds lors des valses.
    ET MOI J’AURAIS PRIS DES PHOTOS.

    J’explose de rire, comme une idiote –pour changer- et m’étale sur le dos, en étoile. Une qui ne brille pas. Et qui n’a pas cinq branches. Bref, en étoile quand même. Je repense à Léo, ce que nous sommes, ce qu’on devrait être, ce qu’on ne sera plus. A vrai dire, il n’a jamais été mon meilleur ami. Il ne le sera jamais. Il sera autre chose. Et c’est pas Will qui y changera grand-chose. Bon… Soit, il va falloir peut-être que je revois très légèrement mes activités nocturnes avec lui. Et encore. Turner se permet bien de s’envoyer des italiennes.
    Ouais. Qu’il aille se faire foutre.

    « Turner se tape bien d’autres filles. Alors j’fais ce que je veux. »

    Un ton amer. Merde, je suis grillée. Je soupire, et change joyeusement de sujet GENRE PERSONNE A RIEN VU, NON NON.

    « Et toi alors, qu’est ce que tu glandes ? C’est quand que tu me ramènes un apollon dans la piaule ? »

    C’est plus simple quand on parle d’elle. Parce qu’il n’y a pas besoin de se compliquer la vie, quand je suis avec Erika.




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Erika Linoa
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Jeu 27 Déc - 23:03

« Look into the Sun, you'll see me & you 'cause now you have the perfect view. »
Je l'écoute rager sur ce pauvre William, en esquissant un léger sourire qui en dit long. Elle essaye de le nier, mais je sais bien que son cœur brûle pour lui. Elle ne veut juste pas l'avouer, mais je ne me fais pas de souci pour elle : c'est parfois des choses qui prennent du temps, et elle finira par l'accepter d'elle même. Elle n'a pas besoin que je lui fasse la morale, ou que je l'encombre de longs discours sur l'amour. Je crois qu'il lui faut juste du temps, et surtout, une bonne discussion réfléchie et posée avec William. Malheureusement, réfléchi et posé ne semblent pas être des adjectifs qui conviennent à May, je ne le sais que trop bien. Mais parfois, je pense qu'il faut prendre son courage à deux mains, et faire un pas en avant, se sentir devenir plus grande, et se comporter un peu comme une adulte. Et c'est qu'il en faut du courage pour grandir, mine de rien. Elle rigole à ma remarque sur Léo. Je crois qu'elle ne la prend pas au sérieux, cette remarque. Pourtant, j'ai bien tâché de prendre mon air le plus sérieux et le plus accablé possible, mais visiblement, ça n'y change rien. Après tout, c'est son meilleur ami, je ne peux pas trop changer grand chose pour ça. Mais en même temps, je trouve ça assez étrange de coucher régulièrement avec son meilleur ami, un peu comme un plan cul régulier. Non mais sérieusement : est-ce que je couche avec May sous prétexte que nous sommes amies ? Bien sûr que non ! Enfin bref, j'imagine que c'est deux là sont bien plus que ça au fond. Je ne sais pas si seul l'amitié les unit en fait. Si ça se trouve je suis tout simplement jalouse de Léo … Non mais n'importe quoi ! Moi, Erika Maria Linoa, être jalouse de ce merdeux de demi-bourgeois raté ? Hors de question. Je n'envie absolument rien de sa condition. Surtout que je suis limite plus virile que lui, alors bon. Je n'appelle pas ça un homme, mais ça, ça ne regarde que moi après tout. Mais il me semblait qu'il était gay ce gars, alors pourquoi il fait que coucher avec May ? Peut être justement parce qu'il s'agit de May, et que le reste du temps, il se tape des mecs. Si ça se trouve, il batifole avec Mathias Lambinet ! Ce sont les mêmes après tout. Ah non, mais je n'ai rien dis, je crois que Mathias n'est pas gay en fait … BREF ! Pourquoi je m'étale sur ces deux là ?

    « Allez, fais pas genre ! J'sais très bien que ça te fait chier cette histoire. Franchement, va lui parler. Tu penseras à moi quand tu batifoleras dans les draps de Monsieur Turner ! »


On se met à ricaner comme les demoiselles en fleurs que nous sommes, et j'en profite pour lui lancer un peu d'eau à la figure pour la taquiner, ce à quoi elle répondit par un raz-de-marée sur ma tronche, digne des plus grandes tsunamis. Après tout, il ne faut pas déconner avec la force surhumaine de Mademoiselle Bastide. J’essuie mon visage tout en replaçant mes cheveux en arrière. Soudain, May reprend la conversation, en retournant la situation sur moi. En même temps, je pense qu'on ne pouvait pas y couper. C'est toujours le problème avec ce genre de conversation : on jubile de ce qui se passe chez l'interlocuteur, on profite bien des détails croustillants de sa vie, parfois, on creuse même un petit peu pour en savoir plus. Mais forcément, c'est sans compter sur le retour de bâton, et là, c'est moi qui va se faire cuisiner par la fille la plus dure en affaires, j'ai nommé May Bastide. C'est certain, elle ne me lâchera pas tant que je ne lui aurais pas tout dis. Et pas question de mentir : ce requin le verra tout de suite ! Elle me connait trop bien, et moi, je mens trop mal. Je m'arrête de ricaner, et je commence à rougir légèrement, tandis qu'une moue désapprobatrice se dessine sur mon visage. Ce n'est pas un sujet qui fâche, mais en ce moment, c'est quelque chose qui me tracasse. Ce n'est pas que j'y pense régulièrement, mais c'est plutôt que ça me tracasse parfois, quand j'y songe. Je lève la tête, regarde brièvement le ciel, avant de me redresser dans un léger soupir. Cœur qui soupire n'a pas ce qu'il désire, n'est-ce pas ?

    « Oh May ... »


Avec ma petite moue boudeuse de demoiselle insatisfaite, je nage vers May, juste devant elle, et j'encercle mes jambes autour de sa taille. De mes bras, je continue de nager afin de ne pas la faire couler, la pauvre. Je la regarde dans ses yeux bleus pétillants, avec un petit sourire complice, avant de l'embrasser à la commissure des lèvres, comme j'ai l'habitude de le faire avec elle. Parce que ça cultive une certaine ambiguïté chez les autres, qui n'existe pas vraiment chez nous. Parce que je trouve ça sexy, et en même temps, j'ai l'impression que ça nous rend un peu plus complice.

    « M'en parle pas, c'est l'horreur, j'arrête pas d'y penser en ce moment. »


Je relâche mon étreinte et je nage vers le bord, près d'un arbre qui offre un petit coin d'ombre tout à fait agréable au milieu des buissons fleuris et des parterres parfumés. Je saisis le bord et je m'extirpe agilement de l'eau afin de m'assoir sur le rebord, les pieds battant dans l'eau. J'essore un peu mes cheveux. Je n'ai pas froid en sortant de l'eau, il fait vraiment chaud aujourd'hui, et les quelques perles d'eau sur ma peau métissée me rafraichisse sous la légère brise estivale qui souffle aujourd'hui.

    « Tu vas me trouver idiote de penser ça, mais je me sens terriblement seule. T'imagines que j'ai été toute seule au bal ? J'veux dire, je ne suis pas la plus à plaindre, loin de là. Mais j'ai l'impression de ne pas connaître d'histoire d'amour. C'est toujours des gars qui veulent tirer leur coup en soirée, ou qui veulent un plan cul. J'sais pas si tu me comprends, mais j'aspire à autre chose en fait ... »


Erika, quelle pauvre rêveuse naïve tu fais. Un peu éhontée de ce sentiment étrange que j'exprime à May, je me mets à rougir et je baisse le regard, tandis que je fais patauger mes pieds dans l'eau cristalline. C'est vrai que je plais aux garçons globalement, mais justement, je leur plais trop. Pour eux, je ne suis que le trophée. J'entends les bruits de couloirs qu'ils parient pour savoir qui arrivera à me sauter à la prochaine soirée. Je trouve ça tout à fait pathétique. Alors moi, je les allume, je leur fais croire qu'ils ont leur chance, et je les jette. Pour leur montrer que je vaux mieux que ça, et que je ne serais pas cette fille facile qu'il voudrait que je sois. Je me montre rebelle, et au lieu de les faire fuir, ça les attise encore plus. Malheureusement, moi, je dois bien l'admettre, je suis une jeune fille, et en tant que tel, j'aspire à autre chose. Quelque chose d'un peu plus époustouflant. Quelque chose qui saura me couper le souffle, et qui saura me faire rêver. J'attends l'amour tout simplement, mais ça semble idiot de dire ça, surtout quand on n'a que 17 ans. Mais le temps passe, et les garçons se succèdent. Plus ou moins beau, plus ou moins musclé, plus ou moins charmant. Je cherche juste celui qui comprendra que je ne suis pas qu'une fille-trophée à sauter. Je relève légèrement les yeux pour regarder May. Est-ce que tu me comprends, toi ?
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Mer 23 Jan - 21:56



    To die by your side, is such an heavenly way to die


    Batifoler ? Dans les draps de Turner ? Jamais ! Plutôt crever que de passer d’un orteil le pas de sa porte, et qu’on me brûle vive comme les sorcières du Moyen-âge si jamais, ô grand jamais, je m’aventure en dessous de sa ceinture. Je ne vais pas passer mon temps à m’affaisser sur mon orgueil au plaisir de ce bon monsieur, si l’un de nous deux doit finir dans le lit de l’autre, ce sera lui dans le mien. Et il y viendra en rampant, croyez moi.
    Ce type me rend dingue. Peut-être qu’il faut juste que j’arrête d’en parler. Oui, c’est le mieux qu’il y ait à faire. Passer à autre chose, tourner la page, comme on dit dans les feuilletons à l’eau de rose du dimanche après-midi. J’enchaîne quelques brasses autour de Erika, et m’arrête pour faire taire le bruit de ma nage et obtenir une concentration optimale –chose rare. Elle vaut bien que je l’écoute, elle qui supporte mes jérémiades digne d’un type revenant de dix ans de traversée du désert sans eau, ni chameau, ni même oasis qui font rêver et donnent de l’espoir.

    Un sourire sombre survole mes lèvres en écoutant Erika. La trouver idiote ? Et puis quoi encore. Ne nous sommes pas tous sentis comme ça, à un moment ou un autre de nos maigres vies ? Seul. Il n’est pas question ici du nombre de personnes qui vous entourent, de l’effectif de votre groupe de copains ou de la fréquence à laquelle vous recevez les textos de vos amis. On se dit qu’on peut changer ce froid qui nous gèle les entrailles en se jetant dans les premières paires de bras qui se présentent, mais finalement, on n’en revient toujours plus seul et qu’un peu plus désillusionné. Dans les meilleurs des cas, la paire de bras restera jusqu’au matin, et puis elle retrouvera sa paire de jeans rapidement en fermant la porte silencieusement pour ne pas te réveiller. Et c’est tout. C’est tout ce qu’on obtient.
    Erika, je ne la trouve pas idiote. Je crois que je la comprends. Je ne dirais pas que j’en suis sûre, je n’ai pas encore cette prétention-là. Mais grâce à Léo, les sentiments qu’elle m’expose sont des choses que je n’ai pas ressenti depuis bien longtemps. La solitude. Le sentiment de n’être qu’un corps à sauter. Il a troqué tout ça contre l’essence unique de notre relation, un lien qui me fait me sentir spéciale, un petit quelque chose qui me rappelle que je ne suis jamais seule. Jamais tant que Léo est là.

    « J’te trouve pas idiote. »

    Je barbotte plus près d’elle et étend mes bras pour entourer ses épaules. J’ai envie qu’elle trouve un garçon digne d’elle, mais ça, c’est compliqué à dégotter quand on n’a que dix-sept ans. Et quand le niveau est aussi élevé que celui d’Erika. C’est voir mission impossible. Son gars sera forcément en dessous !

    « Tu t’en balances d’être toute seule au bal, tu sais, ça ne veut dire qu’une seule et même chose : aucun n’était assez bien pour toi. Et fuck the world. »

    Je lâche ses épaules, et réfléchis à comment tourner la fin de mon discours. Comment lui dire que les hommes compris dans une fourchette d’âge allant de quinze à dix-huit ans sont d’énormes sacs à hormones dépourvus d’une quelconque intelligence et n’ayant qu’un seul objectif précis dans leur vie : baiser. Tu peux être Marie Curie ou Clara Morgan, du moment que tu as cette merveilleuse chose nommée vagin, ça fait oublier aux portants du chromosome Y que tu es, tout comme eux, dotée de paroles et réflexions.

    « …Tu trouveras, on finit toujours par trouver. Il faut juste laisser le temps. Etre patiente. Je sais pas quoi te dire de plus… »

    J’attrape ses mains et les remonte à la surface. Je pose un baiser sur ses phalanges, espérant la rassurer malgré mes mots plus que maladroits. Franchement Erika, tu vaux tellement mieux que tous les hommes de la Terre réunis.

    « Mais si tu veux, moi je veux bien tous les remplacer, les hommes. Pour combler ta solitude ! »



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Dim 24 Mar - 12:07

« I don't have to leave anymore, what I have is right here. »
Ce ne sont que les interrogations naïves et innocentes d'une jeune fille. Charmante et sensible. J'ai beau être bien dans ma tête et dans ma corps, je suis comme tout le monde, et parfois le doute m'assaille sans raison, même pas une superbe journée ensoleillée, pataugeant gaiement dans la Loire. Des questions sans réponses, qu'on ne devrait pas se poser à mon âge. Il me reste tant de choses devant moi, tellement de personnes à rencontrer, tellement de perspectives. L'avenir est loin devant. Mais il me faut enlacer le présent, et apprécier ce que j'ai à l'heure actuelle. Se tourmenter pour des histoires de garçons, ça a quelque chose de malsain. Surtout quand ces derniers ne le méritent pas. May a raison. Je lui fais entièrement confiance. Même quand elle prétend qu'aucun garçon n'a été suffisamment bien pour aller au bal avec moi, ce à quoi je lui réponds par un léger rougissement et en levant les yeux au ciel. Normalement. La seule personne qui aurait mérité d'aller au bal avec moi, c'est bien May à vrai dire. Ou peut être ce bel allemand ténébreux, qui s'affichait aux bras d'un jeune homme aux cheveux bleus. Je crois que c'est un ami de May, elle m'en a déjà vaguement parlé. Je regarde mon amie barboter, et quelque chose en moi me murmure imperceptiblement que j'ai de la chance d'avoir une fille comme elle à mes côtés. Je ne saurais pas comment l'exprimer. Je ne sais pas ce qui le justifie. C'est tout simplement parce qu'elle est elle, et parce que je suis moi. Je ne crois pas au destin, et j'ai l'impression que chacun peut changer sa vie sur un coup de tête, et tout envoyer en l'air. Pourtant, je suis persuadée au fond que j'étais destinée à rencontrer cette fille, et que ce n'est pas par hasard que nous nous sommes retrouvées dans cette même chambre d'internat à Clever Cross. Elle me ressemble en certains points, et diverge de moi en bien d'autres. Mais toutes ces différences ne font que nous rapprocher. Elle me taquine, je m'énerve, elle rigole, je souris, et on éclate de rire. Je la maquille, elle me repousse, je reviens à la charge avec une nouvelle robe, elle râle, et on finit par se batailler en se lançant tout ce qu'on trouve à notre portée, en rigolant comme des idiotes. Elle restera une des personnes les plus précieuses que j'ai rencontré ici, en France. En passant brièvement à tout ça, un sourire niais et attendri se dessine sur mon visage, et je bondis de mon perchoir pour retourner auprès d'elle. Je l'entoure de mes bras, en battant des pieds pour ne pas la faire couler, et je l'embrasse comme on a l'habitude de le faire, en lui soupirant un léger « Merci ».

    « Tu as sûrement raison, May. »


Je la relâche et reprend quelques brasses dans l'eau claire. Puis je me redirige vers un gros rocher à moitié immergé prs de la rive, et, prenant appui, je me hisse dessus. D'un air victorieux, les mains sur les hanches, le regard franc et déterminé, une jambe en avant en appui telle une guerrière des temps modernes à l'assaut de on ne sait quoi.

    « Au pire, on fait un ménage à trois avec Turner, toi et moi. William ne peut pas refuser deux merveilles de la nature comme nous. Ou bien il est forcément gay ! »


Tout en ricanant je prends des poses caricaturales et ridicules de mannequin, avant de me jeter de nouveau dans l'eau tout en pouffant de rire. Au fond, ce n'est pas si grave d'être seule je crois. Parce qu'en réalité je ne le suis pas vraiment. Être avec May, ce n'est pas être seule. Car c'est une amie précieuse et chère, avec qui je partage ma vie littéralement au quotidien. Et c'est pourquoi je ne peux pas dire que je suis seule. Qu'est-ce qu'un garçon fasse à cette amitié que je sacralise ? Bien peu de choses. Je ne veux pas être de ces filles qui dépendent des garçons. Je veux devenir une de ces femmes libres et indépendantes, un peu comme ma mère l'a toujours été au fond. Je veux juste être une Pocahontas à la Française, bordel de merde !

    « Oh, May ! J'ai préparé plein de bonnes choses pour le pique-nique, j'suis sûre que tu vas prendre au moins 10 kilos tellement tu vas adorer. »


On avait préparé le pique-nique hier soir, avant d'aller nous coucher, car on savait très bien qu'on n'aurait pas le courage de faire ça au matin, et qu'on n'aurait pas spécialement le temps non plus. J'avais préparé des sandwichs et des hamburgers froids , que mon père me faisait souvent quand j'étais petite parce que j'adorais ça. Et quelques plats que ma mère faisait également. Des plats d'origine tahitienne bien évidemment. Sans me vanter, je suis un métissage complet. Aussi bien physiquement que culturellement. Malgré tout, je préfère nettement mon île, et la vie que j'avais l'habitude de mener là bas, plutôt que l'Amérique. Mon père a bien tenté de me faire découvrir son pays, mais ça ne m'a jamais plu. J'ai toujours préféré l'environnement fantastique que m'offrait Tahiti. Faute de pouvoir me faire aimer son pays, mon père s'est quand évertué à me faire découvrir sa culture. Et je peux dire sans rougir que les hamburgers et les sandwichs made in America non plus aucun secret pour moi !

    « Et si on allait manger d'ailleurs ? Je commence à avoir un p'tit creux à force barboter dans l'eau ! »


Je me rapproche d'elle, la prend par la main, glissant mes doigts entre les siens, et je l'attire vers la rive avec moi. On se hisse toutes les deux sur le bord, et on commence à se sécher sommairement tout en profitant des chauds rayons de soleil sur nos peaux découvertes. Un léger frisson parcourt mon corps, mais je ne ressens pas le froid. Juste une douce et agréable fraicheur d'été. J'essore mes cheveux, puis je jette un coup d'oeil en l'air, pour apprécier l'étendue bleutée et infinie, parsemée de faibles nuages évanescents et blancs. Je n'ai besoin de rien d'autre à vrai dire. Je n'ai besoin de personne d'autre. Car là, à cet instant, il me semble que j'ai tout ce que j'ai toujours voulu avoir. Et peut être que c'est ma nature un peu épicuriste qui fait ça, je n'en sais rien, mais là tout de suite, je suis absolument comblée. Et je crois que rien d'autre pourrait me faire plus plaisir que ces moments passés avec May.


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21.04 Installation du design printemps-été. Les nouveautées arrivent bienôt, on a juste essayer de vous faire déjà un joli truc ! N'hésitez pas à donner votre avis dans le FLOOD
AVRIL Un petit rappel des derniers évènements survenus à Clever Cross. Comment s'est finalement terminé le bal tout droit sorti d'un conte de fée. ICI

RUMEUR
EN CONTINU L'été arrive. Préparez vous tous à sortir vos maillots ! Les directeurs de Virtus Insania et de Clever Cross vous réservent une jolie surprise !