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 C.rystalise.D - [Alessa]

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Clyde Jaggerjack
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Lun 17 Sep - 22:06



    C.rystalise.D


    C’est amusant comme la vie se fout royalement de ta gueule, ces deniers temps. Un petit grain d’auto destruction par ci, une pincée d’anéantissement par-là, vas-y que je te pousse du haut du gouffre, une pichenette entre tes clavicules quand tu longes la falaise, la corde qui lâche quand tu sautes à l’élastique. Les heures s’enfilent comme des perles sur un collier interminable dont tu as perdu la notion de longueur, tu le laisses s’enrouler autour de ton cou fragile, et tu t’abandonnes à la strangulation sans une once de résistance. Tu t’en fous, en fait. Le matin, tu te lèves parce qu’on te le dit ou parce que le soleil te crame le derrière des paupières, tu manges parce qu’on te fourre une cuillère dans la bouche en marmonnant des « C’est pour ton bien », tu souris pour qu’ils arrêtent de le répéter, tu t’isoles quand tu le peux et quand tu es seul, tu ne fais rien de plus. Tu erres dans ce château immense et merveilleux qui te brûle la rétine : trop d’éclat pour toi, le cafard, le pariât, celui qui se cache dans l’ombre en camouflant de ses bras son monstrueux visage. Tu t’évertues inlassablement à oublier, tu te bouches les oreilles pour ne plus penser, tu plonges ta tête dans tes mains pour t’arracher aux tortures éreintantes de ton esprit : toujours les mêmes scènes qui reviennent, qui s’agitent, qui se jouent. Un poing sur ton visage. Une sauterie dans une chambre au hasard. Une rencontre avec un Aurelian. Et maintenant tu réitères l’étape deux pour te noyer dans des chaleurs françaises d’un tel ou un tel garçon, juste pour passer le temps, juste pour ne pas être totalement seul.

    Tu te sens dégueulasse, horripilant, répugnant, alors après chacune de tes conneries, tu prends tes jambes à ton cou, tu t’enfermes dans les douches, et tu frottes ta peau jusqu’à ce qu’elle saigne, jusqu’à ce qu’elle s’ouvre. Comme si laver ton corps laverait ton cœur. Comme si tu effacerais tout en arrachant la cicatrice d’une morsure. Ridicule. Et tu sors trempé, mais les yeux secs, le regard vide et les bras ballants. Tu rejoins ta chambre, tu tombes sur ton lit et tu panses tes griffures. Ça jusqu’à la fin du voyage, ça jusqu’au retour en Allemagne.
    Aujourd’hui, tu étouffes dans cette chambre, seul au monde. Tu te réjouissais de la présence de Yugito, mais finalement tu ne l’as pas croisé une seule fois, comme si le destin écrasait ta tête du pied sur le sol : non, tu ne te relèveras pas, pas tout de suite, mords encore un peu la poussière. Mais toi tu en as marre de pleurer, marre d’être une sous-merde, marre d’être un minable, alors au lieu de fondre en larmes, de t’écrouler dans les bras de quelqu’un, d’emmerder ton monde, comme d’habitude, eh bien tu pars marcher.
    Une cigarette entre les doigts, tu ne regardes pas vraiment où tu vas. Qu’importe la destination, c’est juste histoire de faire fonctionner tes muscles, qu’ils tiennent encore un peu le coup jusqu’à ce que tu ailles mieux : parce que tu iras mieux, n’est-ce pas ? Tu ne passeras pas toute ta vie à te plaindre constamment et à mourir de tristesse, si ? Tu dévales les escaliers, tête baissée, pas la peine de regarder les gens, tu sais déjà ce qu’ils pensent de toi, tu entends bien les rumeurs qui courent : et elles ne sont pas glorieuses, ça non. Tes pas ne résonnent pas dans les couloirs, des années d’entraînement à adopter une nouvelle manière de déambuler, rasant les murs, te faisant le plus petit possible, étouffant le claquement de tes chaussures pour n’être plus qu’une ombre furtive, un fantôme pressé. Tu sors du bâtiment, tapes dans un caillou que tu suis des yeux, n’imprimes dans ton esprit que la trajectoire qu’il prendra en fonction de la force de ton coup de pied, de l’inclination de ta semelle, des conneries qui te bourrent les pensées et te font taire les cauchemars.

    Depuis quand t’emmêles tu la conscience à coup de pieds dans les caillasses sûrement depuis un peu trop longtemps, à la vue de l’endroit où tu avais atterri. A tes lèvres ne pend plus qu’un mégot froid, sur ta chemise un trou et quelques cendres acharnement accrochées au tissu, l’objet de l’occupation de tes pensées par s’échouer dans un « plouf », tu lèves les yeux et tu manques de t’évanouir.
    Qu’est-ce que … ?
    Un autre monde, oui. Sans t’en rendre compte, tu avais pénétré dans un étrange dôme aquatique, magique et extraordinaire, un de ces endroits où l’on se demande si l’on rêve, et où l’on pousse ses camarades à vous pincer pour bien y croire. Mais il n’y a personne pour te réveiller, personne pour te secouer les épaules, t’envoyer une carafe d’eau au visage ou te caresser les joues tendrement pour te sortir de tes songes. Car ce ne peut qu’en être un, pas vrai ? Elle n’est pas sur le plan, cette pièce. Elle n’est décrite nulle part, n’apparaît sur aucune de vos cartes. Tu en certain, sûr, car tu t’es forgé un sens de l’orientation et une aptitude à mémoriser les lieux absolument incroyables : toujours ce réflexe idiot que tu as, de chercher la porte de sortie, de te rassurer en trouvant des yeux le chemin que tu prendras pour fuir. Et cette petite merveille de l’architecture, tu ne l’avais enregistré à aucun moment, pour la simple et bonne raison que personne ne vous avait indiqué son existence.

    Tu t’avances lentement, bouche bée, ôtes tes chaussures et relèves tes jeans au-dessus du genou. Tu t’assoies sur ce pont étrange, qui semble flotter sur un morceau de mer, laisse pendre tes jambes dans l’eau et retrouve ton paquet dans ta poche. D’un geste mécanique, tu allumes une Lucky, et déposes ton briquet pourri à tes côtés. Inspire. Expire. Inspire. Ça va, tout va bien. Tu vas t’en sortir de toutes ces merdes, hein ? Oui. Tu vas te remettre à manger, tu iras discuter avec Nikolaï de choses et d’autres sans t’approcher trop près, sans l’effleurer de ton épaule, tu arrêteras la cigarette pour faire plaisir à Jean-Camille, tu gratteras chaque centimètre carré de ta peau jusqu’à ce qu’elle ne sente plus la débauche, et tu accompagneras Aniela au bal. Tu vas reprendre ta vie en main.
    Demain.
    Promis.



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Alessa L. Morreti
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Lun 17 Sep - 23:39



La curiosité avait perdu Alice au fond d’un terrier de lapin, au milieu des cartes et de personnes à la santé mentale déranger. Mais tu avais fais bien attention de ne suivre aucun lapin blanc. Alors, tu pouvais bien l’être, curieuse. Alors, malgré la visite passionnante et détaillé à laquelle tu avais eu le droit lors de ton arrivée, tu avais décidé de repartir à l’aventure dans ces interminables couloirs resplendissant. Tu avais en réalité désespérément besoin de t’occuper l’esprit. Pour ne pas penser à cette soirée étrange et aux lèvres de ce garçon mystérieux. Alors tu avais noué tes cheveux dans deux nattes lâches, enfilé un jean et un t-shirt léger et tu étais partis le pas léger.

Tu avais tout refais. De la volière à cette étrange salle des armures. Tu avais fais des grimaces devant les glaces de la pièce où tu avais croisé Noa et enchainé quelques mouvements de gymnastique devant un public silencieux dans la salle de bal. Tu pétillais de vie, tu t’efforçais de pétiller suffisamment fort pour étouffer le bruit de tes pensées. Normalement, tu avais beaucoup de façon de te changer les idées. Tu allais parler garçon avec June par exemple mais elle semblait plutôt occupée avec des cours particuliers. Elle avait surement trouvé un élève majeur à son gout. Quand ton cher professeur n’était pas libre, c’était en règle générale Aurélian que tu allais voir. C’était rare mais ca arrivait malgré tout. Mais ces derniers, il était encore plus difficile de le trouver que d’habitude et impossible de le trouver seul. Oh, ce n’était pas le genre de compagnie habituelle, celle dont tu ne te souciais même pas le reste du temps. Tu le connaissais suffisamment, tu l’avais bien assez observé en retrait pour le remarquer. Pour savoir que, quoiqu’il arrive, tu serais vraiment une gêne de le déranger quand il était avec ce garçon. Parce que ce sourire là, il n’y avait qu’avec lui que tu pouvais le voir apparaitre sur ses lèvres.

Alors, tu te contentais de ta propre compagnie. Courant, sautant, riant, sautillant… Tu t’épuisais pour arrêter de réfléchir.

C’est surement de cette façon que tu avais atterris dans cet endroit. Un endroit nouveau. Les yeux grand ouverts et pour ainsi dire parementer d’étoiles, tu affichais une mine d’enfant émerveillée devant le spectacle qui s’offrait à toi.

    « …ma è bellissimo… »

Tu avais lâché ces quelques mots dans un souffle, alors que le second n’avait pas réussis à venir tout de suite. Tu avais à proprement parler le souffle coupé par ce que tu voyais. Tu avanças doucement, regardant autour de toi, ponctuant le moindre de tes souffles de « aaaah » et de « oooooh » admiratif. Puis, sans le moindre coup de départ, tu te précipitas vers la fontaine pour grimper sur le rebord, prenant une grande inspiration.

    « J’adore cette école ! »

Ta voix avait rebondit sur les murs, t’arrachant sans mal un rire amusé. Tu avais presque l’impression de parler avec toi-même.

T’amusant à marcher sur le bord, tu trottinais tout en fredonnant une comptine au rythme de tes pas avant de remarquer que tu n’étais pas seule. Tes jouets s’empourprèrent en repensant à ton exclamation quelques instants plus tôt avant que tu ne laisses filer un léger rire gêné.

    « Désolée, je ne t’avais pas vu. J’espère que je ne t’ai pas rendu sourd au moins. »

Sautillant avant de te laisser tomber assise à ses cotés, tu l’observas de plus près. D’un peu trop près peut-être mais tu étais tellement euphorique par la découverte de cette pièce que tu ne le réalisas même pas. Tu avais l’impression de connaitre son visage, donc il était surement de Virtus ou bien de Synchronicity.

    « Je connais ta frimousse par contre… Tu es un élève de Synchronicity, c’est bien ça ? »

Une chance sur deux mais tu te disais que tu te souviendrais surement d’un garçon aux cheveux cendré comme les siens. Quoique, il semblait d’un naturel plutôt effacé, tu avais presque l’impression que tu pouvais lui voir au travers.

Et puis soudain, tu réalisas. S'il était de Synchronicity, peut-être qu'il avait du mal avec le français. Petit instant de panique, tu eu l'impression d'avoir complètement oublié comment on parlait anglais.

    « Ah mince, tu as peut-être du mal avec le français. Ah euh... Do you are from euh... Synchroncity? I know... euh... your face! »

Un brin pitoyable comme traduction mais tu avais pris tellement de plaisir à parler français ces derniers jours que tu en avais oublié que tu étais sensée parler anglais avec tes comparses, allemand ou russe.
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Clyde Jaggerjack
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Mer 10 Oct - 17:25



    I can’t get this memories out of my mind


    Même un peu de calme, à croire que c’était trop demandé. Des exclamations suraigües qui résonnent dans le dôme et s’infiltrent dans tes oreilles pour t’y briser les tympans, oh non. Oh non. Une fille. Tu ne savais pas t’y prendre avec cette partie de l’humanité, bon en fait c’est faux, tu ne sais y faire avec personne, femme, homme, même les chiens te grognent dessus et te montrent les dents. Tes amis se constituaient principalement de personnes assez dingues, bizarres ou inconscientes pour supporter un cachet d’aspirine qui pue la clope et ne décroche qu’un mot tous les trente-six du mois. Mais jamais tu n’avais vraiment fait le premier pas vers une tierce personne.
    La source du vacarme s’approche dangereusement, tu gigotes légèrement, ton postérieur collé sur le bord de la fontaine : ça y est, tu te sens d’ors et déjà mal à l’aise… Que va-t-elle faire lorsqu’elle te verra ? Est-ce qu’elle viendra te parler ? Tu n’en as pas envie, non, ce n’est pas le moment d’échanger des politesses avec une demoiselle, tu n’y as pas la tête. Peut-être qu’elle ne s’apercevra pas de présence, ou alors qu’elle t’ignorera, oui, ce serait bien.

    Mais manque de bol, loin de feindre la cécité et tourner les talons pour éviter de te faire face, à toi et ta tronche de zombie, voilà que la demoiselle commet l’erreur de son après-midi en t’adressant plus de trois mots d’affilés. Tu secoues la tête sans lever les yeux, non non, elle ne t’a pas rendu sourd, et de toutes façons, un peu plus ou un peu moins de mal, vu là où tu en étais, tu t’en contrefichais grandement . Tu ne lèves les yeux que lorsque ses excuses se multiplient : ça te donnerait presque envie de sourire. Alors comme ça il existe encore des gens, sur cette planète, qui te montre un semblant de respect ? Qui se préoccupe un minimum de ta condition ? Oh non, c’est juste de la politesse, ou un moyen comme un autre de paraître mignonne. Si ses excuses étaient vraiment sincères, elle se serait peut-être juste tue.
    De longs cheveux jais qui dégoulinent en cascade sur ses épaules, une petite bouche toute rose qui blablate un peu trop, et de mignons yeux noisette qui te détaillent avec curiosité : comment ne pas la reconnaître ? Alessa, cœur d’artichaut, tu en as sûrement entendu parler des vingtaines de fois, de cette fille qui ne cesse de tomber amoureuse comme on change de chemises. Normal qu’elle te connaisse, ou du moins, croit t’avoir déjà croisé, comme une ombre dans un rêve dont on cherche l’origine : vous êtes de la même école, oui, de celle où tu erres comme un fantôme en frôlant les murs, mais en attirant néanmoins le regard des autres, à cause de tes cheveux cendrés. Tu es juste moins bruyant, moins imposant que les autres. Tu es juste transparent.

    Et la voilà qui s’essaye à la langue de Shakespeare : en bon écossais, tu contiens un sourire devant son accent misérable et son massacre de l’anglais et te contentes de sagement écouter sa question. Quand ses bafouillages prennent fin, tu te cales un peu mieux sur la fontaine, et la rassures gentiment :

    « I can speak both. Don’t you worry. »


    Tu t’assieds sur le rebord de la fontaine, les jambes serrées, en faisant craquer tes coudes qui grinceraient presque. Tu te grattes la joue par réflexe : est-ce que ça vaut vraiment le coup ? à quoi bon discuter ? Pourquoi ne lèverais tu pas tes fesses de cet endroit, et ne prendrais tu pas la route vers un endroit plus calme ? Moins fréquenté. Juste vide. Pour toi et ta conscience.
    Ton sang se glace.
    Peut-être qu’elle te paraît déjà un peu niaise, surtout mignonne, un peu trop bruyante, mais au moins, elle est là, et elle te distrait de cet affreux vide qu’est ton esprit. C’est déjà ça, non ? ça vaut bien un sourire et quelques mots, non ? Tu remarques que son français reste le plus compréhensible des moyens de communications, alors tu choisis pour la mettre à l’aise, d’être celui qui se ridiculise avec un franglish approximatif :

    « Je connais ton visage aussi. Mon nom s’appelle Clyde. Clyde Jaggerjack. But I’m pretty useless. »


    La dernière phrase t’a échappé. Tu te rattrapes un peu :

    « Yeah, je viens de Synchronicity. Tu es de Virtus, aren’t you ? »


    Un petit sourire à son égard, tout léger, un peu hypocrite. Aussi content que blasé de sa présence, tu ne sais pas trop ce qui vaut le mieux : rester ici à avoir la plus banale des conversations, et combler ta tête des plus communes politesses en apprenant vaguement à la connaitre, en ressortant de cet endroit avec son nom, sa nationalité et le nom de sa couleur préféré ou bien dire au revoir tout de suite, et retourner te traîner dans ta merde de dépressif.
    Haha. Le choix est vite fait.





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Dernière édition par Clyde Jaggerjack le Mar 23 Oct - 12:25, édité 2 fois
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Alessa L. Morreti
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Mer 10 Oct - 19:26



Avec anxiété, tu attendais sa réponse à ton baragouinage sans doute bien plus obscure que ton français, même pour quelqu’un qui ne parlait pas la langue de l’amour. Et pourtant, il finit par te répondre, en anglais, te faisant prendre un air concentré. Il y avait un petit détail qui te posait soucis, un mot à vrai dire : « both ». Après avoir pris un air très concentré, la réponse éclaira ton visage de la révélation ultime. « Les deux ». Il comprenait les deux ! C’était parfait, tu n’aurais pas à trop te fatigué pour lui parler. C’était rassurant. Tu avais été un peu trop enthousiasmé par l’endroit pour vraiment y prêter attention mais maintenant que tu accordais un peu plus d’attention à ton voisin de fortune qu’à l’aspect littéralement féérique de la pièce, tu avais l’étrange sentiment que quelque chose… clochait.

En fait, c’est ce mouvement. Tu le vois se replier, comme tenter de s’enfermer dans une bulle, ses jambes lui servant de bouclier. Ton sourire si grand s’amenuise de façon légère. Il a plutôt l’air malheureux. Dans un tel endroit, tu ne comprends pas comment on pourrait l’être. Ou peut-être qu’il était intimidé par ta présence. Ou qu’il te connaissait mais avait eu de mauvaise rumeur sur toi. Tu ne prêtais que très rarement attention aux ragots mais tu savais bien qu’on racontait des choses plutôt salaces sur ton dos.

Il finit par parler à nouveau, alors que tu te tortures les méninges en mille et une hypothèses sans réel fondement autre qu’une vague impression personnelle. Tu te raidis un peu. Il te connait, au moins ton visage. Il finit par quand même se présenter à toi et tu souris. Il n’a pas trop peur de toi, sinon, il n’aurait surement pas donné son nom, n’est-ce pas. Mais comme la poussière par le vent, ton sourire est vite balayé par une petite phrase en anglais qui suit sa présentation. Useless. Tu connais très bien ce mot. Et tu le regardes un peu, le regard triste. Rien de ce qui pourrait ressembler à de la pitié ou alors ce n’est clairement pas ton intention. Tu trouves ça juste… vraiment triste. Comment quelqu’un pourrait être inutile ? Il a forcement de la famille ou bien quelques amis.

Tu baisses un peu la tête, entendant la fin de sa présentation. Tu ne savais pas trop quoi faire. Tu ne le connaissais pas du tout, même si son nom te rappelait d’étrange rumeur mais les murmures des couloirs, il fallait les prendre avec des pincettes. Tu le savais bien. Tu finis par prendre une grande inspiration, tournant à nouveau la tête vers ton voisin en souriant.

    « C’est ça ! Je suis une élève de Virtus, une Vis même, la classe hein. Je m’appelle Alessa. Enchanté de te connaitre Clyde. »

Tu hésites un bref instant mais tu finis par étirer les bras devant toi en gardant tes mains jointes pour tenter de te défaire de la tension dans tes épaules, ajoutant quelques mots rapidement, l’air de rien.

    « Et je pense que tout le monde est utile. »

Tu sautes pour te mettre debout et lui faire face, les poings sur les hanches.

    « Alors dis moi, Clyde. Tu as fais comment pour trouver cet endroit magique ? »

Tout en parlant, changeant rapidement et volontairement de sujet, tu lèves les yeux vers tout ce qui vous entoure. Tu as envie de le connaitre, tu as envie de comprendre pourquoi il se sent si inutile. Tu as envie de lui prouver que chaque personne sur cette terre est importante. Peut-être parce que c’est de cette façon que tu vois le monde. Parce que tu as envie de croire que tout le monde à sa place, qu’il suffit de s’en persuadé pour pouvoir rire et sourire.

Peut-être parce que remonter le morale à Clyde, tu arriverais à te persuadé que toi aussi tu allais bien. Tu avais juste envie de croire que cette soirée n’allait pas être le seul souvenir marquant que tu remmènerais avec toi. Tu avais juste envie de sourire à quelqu’un et de le voir sourire. Pour oublier qu’en fait, tu mourrais d’envie de pleurer. Idiote que tu étais, victime de ton cœur d’artichaut.
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Clyde Jaggerjack
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Mar 23 Oct - 12:26



    Leave me be, I cannot sleep



    La mine grise, tu tends une oreille distraite aux présentations de la jeune femme, tout aussi préoccupé par l’écoulement de l’eau que par cette voix doucereuse qui te blablate des banalités. Tu l’entends se faire mousser en t’exposant à la figure son rang et toute sa grandeur réuni en un ridicule petit mot : « Vis ». Tu souris. Wouah ! La classe, elle doit être puissante, balèze, complétement à l’aise avec son dos. Rien à voir avec toi.
    Ton regard glisse du creux de ton coude jusqu’au long de ton bras, survole ton poignet et vient s’échouer sur ta paume. Tu plies et déplies tes doigts, faisant craquer tes os, en détaillant mollement les fins éclairs bleutés te chatouillant les ongles. Inoffensif. Chargé à peine de dix pour cent, à peine de quoi faire sursauter un chiot. Tu soupires. Ça ira. Tu sais y faire, maintenant. Tu es capable de te jauger, capable de te délivrer dans un lopin de terre, et presque capable de contenir tes émotions au point d’éviter la surcharge de courant. Les accidents, ils n’arriveront plus. Il n’y aura plus de morts, plus de blessés, plus de cris, plus de pleurs. Et tu t’entêtes à te répéter ce doux refrain, en massant nerveusement l’intérieur de ta main gauche pour en disperser le courant, ou les mauvais souvenirs, tu ne sais plus trop.
    Un regard vers Alessa, tu te demandes ce qu’est son don, à elle. Peut-être bien qu’elle peut voler. Peut-être bien qu’elle peut contrôler l’eau. Elle doit être belle, la vie d’un Vis, même si au final, on finit par avoir un bocal tellement énorme qu’on ne passe plus les portes. Mais tout de même. C’est toujours mieux que ta pathétique existence à toi. Tu t’apprêterais presque à lui demander la nature de son don, plus pour lui faire le plaisir de discuter un instant que par réelle curiosité ou quelconque intérêt, mais elle enchaîne sur son prénom que tu connaissais déjà, et une phrase qu’il y a longtemps qu’on ne t’avait pas dit : « Enchantée. ».

    Ça te soulève l’estomac et te déclenche un ouragan de papillon au creux du ventre : combien de temps ça fait ? Combien de temps ça fait qu’une de tes rencontres ne s’est pas instantanément soldé par une catastrophe intersidérale, un point dans la gueule, des hurlements et des larmes de rages ? Tu as presque envie de rire, presque envie de sourire : Alessa est normale. Tout ce qu’il y a de plus normale. Et c’est un vent de fraîcheur sur le désert de ta vie. Tu ne lèves pas les yeux vers elle pour la regarder car ils sont humides. Tu ne hausses pas la voix pour lui répondre, car elle se briserait. Et il ne faut pas, non, il faut que tu te montres brave, ou du moins, un peu moins mauviette.
    Elle finit de t’achever en partageant avec toi son point de vue sur l’utilité des gens. Tu laisses échapper un rire, un reniflement, une larme aussi. Tu voudrais lui demander si elle en est vraiment sûr, lui confier chaque parcelle de ta vie comme ça, pour rien, pour qu’elle t’écoute et te dise à quel moment elle te trouve « utile ». Tu ouvres même la bouche pour commencer à vomir les flots de paroles trop longtemps contenus dans tes entrailles, les petits secrets, les hontes, les craintes, tu voudrais tout lui balancer et voir ce qu’elle en pense. Mais t’as pas le courage de le faire. Pas les couilles d’observer son expression changer, sa mine blanchir et son sourire s’évanouir en découvrant l’horreur de ta personne. Alors tu te tais, tu passes ta manche sur ta joue, en sèches les parcelles humides et souffles faiblement un :

    « You’re way too nice… »


    De quoi te dire que tu ne mérites pas vraiment de lui retenir ces quelques minutes. Tu inspires un grand coup, maintenant que tu rencontres une sympathique personne, ce n’est pas le moment de s’afficher comme le dernier des moins que rien devant elle. Les joues encore un peu roses, tu te tournes vers elle pour lui répondre, un sourire tordu par ton envie de chialer aux lèvres :

    « J’ai traîné dans les couloirs looking at my feet. And… here I am. »


    Tu n’as pas vraiment d’explication plus poussée que cette dernière, et de toutes façons, il n’y a rien de plus vrai. A force de se perdre dans ses pensées, tu t’étais aussi perdu sur tes routes, et avais atterri ici par pur hasard. Tu te redresses d’un coup, t’étires les bras et demandes poliment :

    « Et toi ? Comment avez-vous arrivé ici ? »


    Sans t’en rendre vraiment compte, tu t’approches un peu d’elle pour mieux l’écouter. Pour mieux la sentir exister. Elle existe hein ? Cette personne normale qui te parle normalement.

    « Et pourquoi êtes-tu toute seule ? »


    Parce qu’au fond, c’est ce qui t’étonnait le plus.





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Mer 24 Oct - 16:30



Tu ne comprends pas tout de suite, tu ne t’en même pas compte sur le coup, cette buée dans ses yeux et la phrase tremblante. You’re a way too nice. Tu passes quelques minutes à essayer de comprendre mais la tournure te laisse perplexe. Mais pour le moment, tu ne t’y attardes pas de trop, le voyant écraser de sa manche quelques eaux sur ses joues, essayant malgré tout de sourire pour l’encourager dans cette voie. Après tout, s’il y a bien une chose qui se communique comme ça, c’est bien les sourires. La plupart du temps du moins.

Quand il finit par te répondre, tu es un peu soulagée. Durant un bref instant, tu avais eu peur qu’il n’est pas particulièrement envie de discuter avec toi ou quelque chose du genre. Parfois les gens, contrairement à toi, ont besoin d’être seul pour aller mieux. Toi, tu avais besoin de parler, de compagnie, de rire et de te changer les idées en faisant tout et, surtout, n’importe quoi. C’était un peu idiot quand on pensait mais tant pis.

Alors comme ça, il s’était retrouvé un peu comme toi. Perdu, guidé par tes pas et la magie de ce château. Par un hasard peut-être pas si hasardeux au final. Tu aimais cette idée alors ton sourire s’étira un peu plus alors que tu marchais de quelques pas, à gauche, à droite, incapable de tenir en place mais sans t’éloigner de lui. Tu fais balancer tes cheveux au rythme de tes pas, sans vraiment bouger de votre emplacement. Tu avais l’impression d’être… un requin ! Voilà, tu avais besoin de rester en mouvement mais tu n’as pas envie de quitter l’abord de cette fontaine. Alors tu piétines, tu t’amuses à sautiller comme une enfant qui joue à la marelle.

Et pourtant, tes pas s’arrêtent à sa seconde question, laissant un air surpris te poser sur ton visage avant que tu lui souris, peut-être moins pétillante… Tu ne sais pas trop. Parce que oui, tu es toute seule. Et ce n’est pas vraiment dans tes habitudes. D’ailleurs, tu es contente de ne pas l’être complètement, tu es contente d’avoir une réponse à tes échos.

    « Je suis arrivée complètement par hasard. Mais j’ai vu une salle pleine d’armure, celle avec des miroirs aussi et plein d’autre belle chose avant d’arriver ici ! »

A t’entendre, on dirait que tu erres dans les couloirs depuis que tu as mis un pied dans l’école mais en vérité, ca ne concerne qu’aujourd’hui.

    « Et puis, je ne suis pas toute seule. I am with you ! »

Un rire et un clin d’œil. Parce que tu as l’impression qu’il ne va pas bien. Tu as l’impression que tu arrives malgré tout à lui redonner un peu le sourire. Alors pourquoi lui dire que tu es seule parce que tu avais encore été une midinette un peu trop chauffé. Une rêveuse un peu trop alcoolisée. Alors tu décides que tu vas parler de lui, rire et sourire. Parce que c’est comme ça que tu es.

En quelques petits bonds, tu te places devant lui, te penchant un peu en avant pour le regarder en contre bas. Une grande partie de tes cheveux glissent devant tes épaules, certaines mèches se perdant devant ton visage, s’accrochant au coin de tes lèvres tirées dans un léger sourire curieux.

    « Et toi alors, pretty boy, pourquoi tu es tout seul ? Personne pour se perdre avec toi ? »

Sa façon de mélanger anglais et français avait finit par déteindre. C’était une bonne chose, au moins tu aurais moins de soucis quand le rêve de cette semaine de vacance s’éteindrait pour revenir à la froidure des murs de pierres de Virtus.
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Clyde Jaggerjack
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Sam 27 Oct - 20:03



    This one's for the torn down, the experts at the fall.


    C’est que tu commencerais presque à te sentir à l’aise, à l’observer sautiller d’un bout à l’autre de la fontaine, à s’agiter comme une enfant, clin d’œil et tournoiement, éclats de rire à volonté. Tu l’écoutes parler te tous ces endroits qu’elle a vu, de tous ces moments dont elle a su profité, à côté de toi, l’idiot qui n’a passé son voyage qu’à se faire sauter par un inconnu, et pleurer dans des toilettes, fermées à double tour. Pourtant tu les connaissais, ces lieux, tu les avais tous repéré sur la carte, prévoyant plus que curieux. Ton voyage en France avait été gâché. Foutu en l’air. Et tu ne pouvais t’en prendre qu’à toi.
    Pourtant à regarder Alessa, tu te dis qu’il n’est peut-être pas trop tard pour te créer de jolis souvenirs. Peut-être que tu as encore un peu de temps pour glisser un peu de paillettes dans ta mémoire, un accent italien sur les photos de cet endroit merveilleux. Ta main dans ta poche, tu farfouilles un peu et tombes rapidement sur ton portable. Tu t’apprêtes à lui demander de se mettre devant la fontaine. Tu t’apprêtes à lui demander de dire « Cheeeeese ! ». Tu t’apprêtes à lui laisser une place dans ta vie. Tu allumes ton téléphone, choisis la fonction appareil photo, tu lèves le nez, elle a déjà changé de place. Tu ris. Ton sourire s’étire encore plus à sa réponse à la solitude. Quelle maigre consolation. Etre avec toi. Elle n’a pas beaucoup de chance aujourd’hui.
    Mais toi, tu te sens baigné dans la bonne fortune.

    « Et toi alors, pretty boy, pourquoi tu es tout seul ? Personne pour se perdre avec toi ? »


    Tu sursautes à sa question, baisses ton téléphone et réfléchis. Pourquoi tu es tout seul ? Parce que tu ne voulais pas embêter les autres. Tu n’avais pas vraiment envie de faire du souci à Aniela. Judie et Tino devaient faire les quatre-cents coups de leur côté. Jean-Camille semblait traîner le monarque à roulettes. Yugito, tu ne le voyais que pour battre un boss de Zelda qui te donnait du fil à retordre. Et Nikolaï…
    Tu déglutis. Ça te fait mal rien que d’y penser. A le voir dans les couloirs, au bras de ce gars qui valait dix mille fois mieux que toi. De ce gars qui savait tellement mieux y faire. De ce gars qui lui collait un sourire sur les lèvres, et des étincelles dans les yeux.
    Pourquoi tu es tout seul ? Parce que personne n’a assez de temps pour toi. Ce n’est pas la peine. Pas la peine qu’ils s’inquiètent pour un moins que rien comme toi, qui s’entraves chaque jour un peu plus, et peines à remonter à la surface. Ça ira mieux bientôt, ça va toujours mieux. Alors tu n’avais rien d’autre à faire qu’attendre que ça passe. Tout seul. Pour ne pas ennuyer les autres.

    « ‘Cause mes amis sont sûrement occupés… Got something else to do. Quelque chose de plus marrant que de trainer avec moi, quand je suis… comme ça. »


    Tu soupires. C’est pas grave. Tu as l’habitude d’être seul. D’être transparent. C’est rien, ça ne te change pas trop. Alors tu reprends ton sourire : ce n’est pas le moment d’y penser. Tu interpelles Alessa, et tu lui dis :

    « Hey you ! Wanna take a picture ? Mets toi devant la fontaine ! »


    Tu lui prends la main, tu la conduis juste devant, et tu recules d’un pas, deux pas, trois. Tu fais semblant de te prendre pour un grand photographe, tu lui demandes de faire des poses de mannequin, tu lui demandes d’être la plus jolie pour toi. Et quand elle explose de rire, tu appuies sur le bouton « ok ».



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Alessa L. Morreti
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Lun 29 Oct - 10:21



Tu ne remarques son téléphone que lorsque ta question vole dans les airs. Intriguée, tu ne t’attardes pas vraiment sur ce détail dans un premier temps, faisant face à un silence qui te prend de cours. Félicitation Alessa, les pieds dans le plat, grommelles-tu intérieurement à toi-même en voyant son regard vaguement absent. Sûrement doit-il faire une liste intérieur des personnes qui pourrait être ici à ses cotés, comme tu l’avais fait en t’exclamant à chaque merveilles que tu avais trouvé aux détours des couloirs de ce château. A sa réponse, ton sourire s’estompe doucement, tes sourcils s’arquent légèrement vers l’extérieur avant de se froncer légèrement.

Comme ça ? Bien sûr, il n’avait pas l’air dans son assiette, même sans le connaitre, c’était quelque chose d’assez flagrant. Parce que tu avais eu du mal à voir un sourire naitre sur ses lèvres, sourire que tu avais réussis à balayer en un temps record avec une seule question stupide. Tu finis par placer ton poing sur ta hanche ouvrant la bouche pour clamer une autre de tes certitudes. Mais avant que le moindre mot ne franchissent tes lèvres, il reprend la parole, plus joyeux, te coupant dans ton élan réprobateur envers ses amis dont tu ne connais au final pas grand-chose.

Picture ? Une photo ? Rapidement, il glisse ses doigts autour de ta main pour te placer comme il faut devant la fontaine et finalement se mettre en position. Tu ris un peu en le voyant si sérieux. Dans le fond, peu importe ses amis absents, tu n’es peut-être qu’une rencontre hasardeuse, juste un souvenir un peu bruyant, mais tu te dis que le principale, c’est que vous ne soyez pas tous seul. C’est bien ça l’essentiel, non ? Il finit par te faire éclater de rire, avec ses mimiques et les répliques de photographes professionnels ou du moins, l’idée qu’on peut s’en faire. Et tu te prêtes au jeu, juste un peu avant de revenir vers lui en lui attrapant le bras.

    « Once more! Mais tout les deux ! »

Tu attrapes son téléphone, serre son bras du tien pour le rapprocher et tend celui qu’il te reste de libre aussi loin. Ta joue contre son épaule, tu te mords un peu la langue pour te concentré et bien visé. Une fois que tu es –presque- certaine de ton angle, tu lui dis de se préparer. Un clic et la photo est prise. Tu ramène rapidement le téléphone en mode appareil photo pour regarder le rendu en t’asseyant sur le bord de la fontaine. Tu pouffes un peu de rire en voyant vos visages sur le coin de la photo, amputés d’une partie de vos mentons. Malgré tout, tu l’aimes bien cette photo. Tu lui tends son téléphone pour qu’il voit le rendu lui aussi tout en sortant le tiens du fond de ta poche.

    « Tu veux bien me l’envoyer ? Je la trouve chouette, ca me fera un bon souvenir. »

Balançant tes pieds dont le talon frappait en cadence le bord de la fontaine, tu attendais sa réponse, ton téléphone posé à coté de toi sur le bord de la fontaine. Dans un geste machinale, tu étiras tes bras au dessus de ta tête, te penchant légèrement en arrière dans le mouvement. Seulement, tu n’avais pas réalisé que le bord était si étroit et avant même d’avoir eu le temps de faire contrepoids, tu basculas en arrière et, dans un splash, finis par atterrir assise au milieu de la fontaine. Clignant quelques instants des yeux, comme s’il fallait que tu réalises ce qu’il venait de se passer, tu finis par rire de ta propre bêtise.

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Clyde Jaggerjack
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Mer 14 Nov - 19:41



    But I'm a creep. I'm a weirdo. What the hell am I doing here ? I don't belong here.


    Un éclat de rire faible, discret, qui se fraye un chemin entre ta tristesse maladive et ta dépression grandissante puis meurt contre la joue d’Alessa. Flash. La photo est prise, tu récupères ton portable, un petit frémissement d’excitation sur ton échine quand tu te demandes « elle est bien ? Elle est bien ? ». Tu grognes parce que ton Nokia est long à la détente, alors tu appuies quatre fois de suite sur le bouton « album », mais rien à faire, il faudra que tu changes, tu t’en payeras un autre, plus performant, et avec une meilleure qualité photo. Un sablier gris sur ton écran, des pixels obèses qui se divisent et vous voilà tous les deux. Pas tout à fait en entier, pas tout à fait à votre avantage. Mais on voit bien vos sourires, et c’est ça qui compte le plus.
    Tu restes bouche bée devant cette photo. Les yeux écarquillés, les sourcils bien hauts, on dirait une carpe, ou un autre de ces animaux un peu ridicule auxquels on colle des airs ébahis. Tes doigts tremblent un peu, mais tu les fais taire en serrant l’écran de ton téléphone. Ton regard attaché à la super glue au truc bizarre sur ton visage, ce machin en forme de lune allongée que tu n’avais pas aperçu depuis au moins quelques années : un sourire. Une espèce en voie de disparition sur ton visage. Rayé de la carte par la sélection naturelle, noyé sous les larmes et les crises de rage. Et le voilà qui réapparaît comme ça, pour rien, pour une jolie fille qui parle un peu fort.

    Car devant ta glace, lorsque tu te lèves, tu ne ris pas. Tu te trouves laid. Tu te trouves maigre. Tu détournes les yeux et passes ton chemin, honteux de ta propre personne. Dans les vitrines, tu ne te regardes pas, trop occupé à allumer une Lucky Strike, trop occupé à cracher tes poumons, trop occupé à te remettre d’une crise d’asthme. Sur les photos, tu n’existes pas. Fantôme translucide au fond de la salle, morceau de visage caché derrière le plus grand lors des photos de groupe, pas l’ombre d’un sourire, pas l’esquisse d’un morceau de joie. Et pourtant, aujourd’hui, t’es en gros plan sur l’écran. Et ce qui occupe les deux tiers de ton visage, c’est bien un sourire.

    Tu hoches la tête faiblement, oui, tu lui enverras, mais qu’elle attende que tu te remettes du choc : c’est pas tous les jours que tu te vois heureux. En fait c’est juste aujourd’hui. Tu commences à t’approcher vers elle et envisage de lui demander son numéro : encore une chose que tu avais perdu l’habitude de faire. Depuis quand tu cherches les liens avec les autres ? Depuis quand te considères-tu comme autre chose qu’une tare, un bouffe temps qui ne sert à rien d’autre que d’ennuyer les gens ? Un truc bizarre dans ton estomac, un truc qui te chatouille et te fait toute chose. De la joie peut-être ? Presque enjoué, tu avances rapidement vers Alessa, et alors qu’elle s’agitait un peu trop sur le rebord de cette fontaine, son petit corps disparaît tout d’un coup, te coupant dans ton élan.

    « Alessa ! »


    Une tête brune ressort, aussitôt suivie d’un éclat de rire, et toi, bête comme tu es, tu paniques un peu et t’élances à la repêche de la mignonne italienne, plus trempée que jamais.
    L’attrapant sous les aisselles, tu l’extirpes de l’eau pas si chaude que ça, et dégage sa joue d’une mèche noire dégoulinante. Soulagé, quand tu constates qu’elle ne s’est pas fendue un morceau du crâne contre le fond de la fontaine, tu rattrapes son portable qui cherchait à suivre le même chemin que sa propriétaire et le déposes un peu plus loin, sur un bord plus large. Regardant à droite, à gauche, tu te sens stupide, les mains posées sur les épaules d’Alessa, à la recherche d’une serviette pour la sécher qui n’aurait absolument rien à faire ici. Tu ne voudrais pas qu’elle tombe malade, qu’elle attrape froid et que ce charmant petit nez se mette à renifler. Tu baisses les yeux sur ta chemise sèche, es frappé d’un éclair de génie, et te mets à pincer un morceau de tissu en l’indiquant de ton index pour qu’elle te comprenne un peu mieux :

    « Do you want my shirt ? »


    Tu en perdais ton français, et tu ne te rendais même pas compte que la demoiselle que tu venais de soulever ne pesait sûrement pas plus lourd que ta boge ou un panier de pommes. Tu te contentais juste de paniquer, en baladant tes mains de ses joues à ta chemise, essuyant de ta manche les gouttes sur son front.



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Dim 9 Déc - 23:26



Tu n’avais pas vraiment su quoi faire d’autre que de rire de ton propre ridicule, assise au milieu de cette eau à la température vivifiante. Vivifiante était le mot, une chance que tu ne sois pas quelqu’un de particulièrement frileux mais tout de même. Riant encore de cette situation, tu n’eu même pas le temps de comprendre qu’il t’avait déjà sortit de l’eau, te soulevant aussi facilement qu’une poignée de vêtement humide pour te déposer sur le bord, l’air paniqué. Ton rire calmé, tu le regardais un peu surprise de le voir si paniqué. Il était rare que tu te fasses vraiment mal lorsque tu tombais, peu importait la hauteur, c’était un des avantages de ton don. C’était une autre histoire quand quelque chose te tombait dessus mais pour le coup, ce n’était pas la peine d’en parler.

Tu levais tes grand yeux vers lui alors qu’il dégageait ton visage de quelques mèches trempées, cherchant des yeux autour de vous quelque chose pour te sécher sans doute. Il te proposa sa chemise, dans un geste et avec quelques mots anglais que tu n’eus pas trop de mal à comprendre et alors qu’il épongeait ton visage de sa manche tirée sur sa main, tu finis par esquisser un grand sourire sur ton visage.

    « You are a really kind person, Clyde. »

Tu finis par te lever, essorant un peu tes cheveux au dessus de la fontaine pour ne pas mouillée la chemise que tu avais bien l’intention d’accepter de sa part. Une fois tes cheveux débarrassés de la plus grosse partie de l’eau, tu reportas ton attention vers Clyde, tes vêtements te collant déjà à la peau, t’arrachant un léger frisson de froid. Tu détestais les vêtements mouillés, ils pesaient bien trop lourd pour tes épaules.

    « Je ne dis pas non, for your shirt. »

Sans prendre vraiment la peine d’attendre plus longtemps, tu quittas le plus simplement du monde ton haut trempé, secouant un peu tes cheveux après coup. Un leger frisson te secoua un bref instant mais déjà, tu te sentais moins oppressée sans ce vêtement pesant. Ronchonnant en italien contre ce pauvre morceau de tissu imbibé d’eau, qui n’avait pourtant rien fait, tu l’essoras un peu avant de le secouer en soupirant et te voilà entrain de grommeler contre ta propre bêtise.

Tu finis par lever à nouveau les yeux vers lui avant de réaliser qu’il risquait d’avoir froid sans sa chemise et ton haut n’allait pas être sec tout de suite. Ca ne t’était pas une seule seconde venue à l’idée que le fait que tu sois en simple soutient gorge puisse gêner le pauvre Clyde. Tu n’avais jamais été pudique quand il s’agissait de sous vêtement. Après tout, ce n’était qu’une sorte de maillot de bain deux pièces d’une certaine façon, et c’était une tenue qui n’avait rien de très inhabituel pour toi.
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Ven 25 Jan - 11:03



    No more tears my heart is dry.


    Une personne gentille. Au premier abord, tu imagines que c’est à quoi tu ressembles. Un type pas méchant, ou trop faible pour l’être, dont on confond la tendresse avec la fragilité. Si on creuse un peu plus, on s’aperçoit que le garçon gentil se mue doucement en bon à rien. Mais tu vas changer tout ça, et tu vas t’y mettre dès à présent. Les autres auront beau gratter, t’écorcher la peau, il n’y aura plus de lâcheté en seconde couche : rien que de la gentillesse, cernée de volonté plus puissante que tout le reste. Tu lui décroches un sourire franc, et baisses les yeux par habitude que tu t’efforceras de perdre.

    « Je ne dis pas non, for your shirt. »


    Tu lui jettes un coup d’œil, à elle et sa frimousse enjouée, essorant ses longs cheveux dans la fontaine. Le comique de la scène t’extorque un rire, et tu te mords la lèvre pour le contenir tant bien que mal : on ne se moque pas des demoiselles toutes trempées, c’est mal. Sans hésiter, tu ôtes ta chemise en tirant le tissu dans ton dos, pensant qu’il suffirait à Alessa de l’enfiler. Tu la replies grossièrement, remettant en vitesse les manches à l’endroit, et te retournes brusquement, chemise au bout des doigts, oubliant un léger petit détail : forcément, Alessa n’a plus de t-shirt.
    Deux semaines plus tôt, tu aurais viré rouge écarlate, te serais mis à bafouiller et à paniquer avant de prendre tes jambes à ton cou en lui jetant le vêtement à la figure. Mais le Clyde pudique et gêné s’était fait bouffer tout cru par les caresses brûlantes d’un garçon français, et ce n’était pas ce maigre bout de chaire qui te ferait baisser les yeux. Un léger instant de flottement, la surprise dans les yeux de voir un peu trop du corps d’une femme, et c’est tous ce qu’elle aurait pu interpréter comme gêne.

    « Tiens. »


    Tu lui fourres l’habit entre les mains, et enfonces tes mains dans tes poches. Tu dévies tes yeux de tes côtes saillantes, te voilant la face plutôt que de constater une fois de plus ton allure désespérément cadavérique. Une morsure sur ton flanc, un hématome sur ta hanche, et la honte te grignote de l’intérieur. Tu espères secrètement qu’Alessa n’y porte pas d’attention : les rumeurs vont bon train dans les écoles, et celles qui courent sur ton compte sont loin d’être flatteuses.

    « You can keep it. »


    Et dans un sens, ça te ferait un peu plaisir. Même si elle la jette plus tard, même si elle la perd ou si elle la déchire, ce n’est pas très grave. Tant que toi, tu peux croire qu’elle l’ait conservé et en ait peut être même pris soin, ça te convient, ça te réchauffe le cœur.
    Tu n’es pas tout seul, Clyde. Tu ne l’es plus. Et il ne tient qu’à toi de ne plus jamais l’être. Tu t’approches d’Alessa et imprimes sur sa joue une bise plus tendre que jamais. Il est temps pour toi de quitter cet endroit. Au fond de ta poche, tu sens une pièce rouler entre tes doigts. Tu la serres au creux de ton poing, retournant ta grande carcasse vers la fontaine. Tu fermes les yeux, formules ton souhait et la jette du bout de ton pouce. Tu marches lentement vers là d’où tu crois venir, différent, changé.

    « Bye, Alessa. Je suis heureux de t’avoir rencontré. »


    En avançant un peu plus vite, tu te demandes si ton vœux sera réalisé.
    Si tu la reverras un jour.


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