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 EVENT 02 - Yugito & Raven

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Prophetia
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Mer 29 Aoû - 14:15

Les lumières se font de plus en plus discrètes. Bleutées, argentées. Seules les couleurs des robes des plus belles ponctuent le décor parfait qu'offre Clever Cross en cette fin de semaine. Certains restent droits comme des piquets, d'autres dansent. Les derniers mangent. C'est un peu hors du réel.

Yugi, tu fais partis de ceux qui attendent, stoïques, devant les portes en attendant quelqu'un de particulier. Parce que tu te sens un peu paumé. Certes, u parles un peu avec les personnes autour de toi, avec ton grand sourire et des beaux yeux. Mais ça ne suffit pas à cacher ton impatience.

Raven, pour ta par, tu t'es longtemps demandé si tu venais ou non. A vrai dire, tu aurait préféré resté terré dans la cour, mais tu as fini par te dire qu'il était de rigueur de faire ça. Et puis, on ne voulait pas te laisser seul à l'extérieur, surtout.

On a proposé à Raven un costume gris violacé, un trois pièce avec cravate assortie. Rien de vraiment hors du commun. Une chemise presque blanche mais pas éclatante et des pompes bien cirées, alors que Yugito a u le droit à un costard blanc avec une chemise rose, sans noeud papillon ni cravate. Allez savoir ce qui est passé par la tête des chargés de costumes.

C'est Yugito qui commencera le sujet, quand il verra enfin Raven passé la grande porte.
Atendez vous à avoir de mes nouvelles les lapins.
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Mer 29 Aoû - 20:13



    Le bal. Tu étais resté un peu bête quand on t'avait dit que tu devrais danser, habillé d'un costume blanc et d'une chemise rose. Tu soupires et déglutis et d'un geste un peu nerveux, tu défais les deux premiers boutons de ta chemise. Tu peux mieux respirer, déjà. Certains viennent te parler. Certaines personnes que tu as croisé au détour d'un couloir, avec lesquelles tu as échangés quelques banalités. Ils rentrent dans la salle de bal comme si tout paraissait normal mais toi... toi tu restes là, droit, les pieds bien ancré dans le sol... mais tout ça, ça ne te ressemble pas. Tu t'appuies sur le mur derrière toi, baisses les yeux quelques instants.

    Tu aimerais croiser n'importe qui. Quelqu'un avec qui passer la soirée, rire, oublier un peu tout ce qui s'est passé cette semaine qui a été très, très mouvementée pour toi. Tu passes une main moite dans tes cheveux, tires sur une de tes mèches rebelles. Un costard, toi ? Heureusement, tu n'as ni cravate, ni nœud papillon et encore moins de chapeau – tu en as vu quelques uns dans la salle avec. Il n'est pas si mal, ce costume, mais ce n'est pas toi, ça non plus. Toute cette semaine, tu as eu l'impression de jouer un rôle, d'être une personne que tu ne connaissais pas... Tu soupires, encore, toujours.

    Tu relèves le regard et il est automatiquement attiré par une silhouette que tu reconnais. Raven. Tu serres les dents, tu ne sais pas quoi faire. Vous ne vous êtes pas recroisé depuis la dernière fois, et on ne peut pas dire que vous vous êtes vraiment quitté en de très bon termes. Tu passes ta langue sur tes lèvres nerveusement, essuie tes mains moites sur ton pantalon blanc... et tu t'approches de lui. Il ne semble pas t'avoir vu. Évidemment, il est de dos, il ne peut pas te voir. Tu poses une main sur son épaule et vos regards se croisent. Tu ne sais pas comment l'aborder – même si tu l'as déjà fait, après tout. Tu lui fais un petit sourire timide, lui proposes d'une voix basse :

    « Ça te dit de... passer une partie de la soirée avec moi ? »

    Une façon de l'inviter sans l'y obliger. Sans qu'il ne se sente oppresser, non ? Si. Tu crois. Après tout, les bals, c'est fait pour s'amuser, n'est-ce pas ? Pour se réconcilier, pour créer de nouveaux liens, pour rencontrer de nouvelles personnes. Ta main lâche son épaule, dépose une légère caresse sur sa hanche avant de se mettre dans ta poche pour ne plus bouger.

    « Enfin.. J'comprendrais si tu dois passer la soirée avec quelqu'un d'autre, hein. »

    Mais tu as envie qu'il te dise oui. Tu as envie qu'il te dise qu'il veut passer la soirée avec toi, ou du moins, une petite partie... même minuscule, ça t'irait...



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Raven Ninvenci
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Jeu 30 Aoû - 12:55

C’était ridicule. Un bal ? Tu n’avais pas envie. Etre au milieu d’une foule d’inconnu qui allait peut-être même s’appliquer à souligner le fait que c’était bizarre qu’une fille soit en costume. Parce que tu n’y avais pas échappé non plus ici. Tu n’y échappais nulle part de toute façon. Pourtant, ce n’était pas pour le peu que tu étais sorti au final. La forêt, la salle de cours, les jardins et ta chambre. Tu n’avais rien vu de plus. Enfin, si, il y avait aussi cette volière. Mais le simple fait d’y repenser nouait ton estomac creusé par la faim. Tu avais bien tenté de rester dehors, dans les jardins mais quelques responsables t’avait vu et t’avait expliqué que tu ne pouvais rester seul à l’extérieur. Alors tu étais rentré, puis résigné.

Tu avançais vaguement dans les couloirs, trainant le pas. Tu n’avais jamais été quelqu’un de particulièrement énergique mais depuis une semaine c’était aller de mal en pis. Tu ne dormais jamais plus de quelques minutes, une heure par ci ou par là. Parfois réveillé par le bruissement d’aile ou par un professeur contrarié. Ou un voisin de chambre avec qui tu n’avais finalement même pas parlé. Tu n’arrivais même plus à te souvenir de ton visage. Ton esprit semblait tourner à plein régime en permanence, laissant s’afficher sur tes traits une fatigue, plus morale que physique, sans précédent.

Tu passas les portes et tu avais presque l’impression d’être balayer par une bourrasque bien que tu n’ais pas bouger d’un pouce. Les éclats de voix, le bruit des pas sur le sol, la musique, les couverts, les assiettes, les murmures. Ca te donnait presque le tournis et te faisait grimacer. Trop de monde. Il y avait vraiment trop de monde. Tu n’aurais jamais du venir. Et puis, tu n’avais personne avec qui passer la soirée. La cravate qu’on t’avait prêtée te serrait trop, tu n’étais même pas sûr de l’avoir nouer correctement. Comme si tu savais faire ce genre de chose. Dans un bref instant, illusion d’optique, tu eu l’impression de reconnaitre un visage. Un visage qui n’avait rien à faire ici. C’était trop. Tu ne voulais pas rester ici.

Alors que tu avais tourné le dos à la salle et que tu t’apprêtais à quitter cet endroit qui t’oppressait, une main se posa sur ton épaule. Durant un bref instant, ton cœur cessa de battre, juste le temps qu’il te fallut pour tourner le regard et reconnaitre Yugito. La pression retombe presque d’un seul coup alors que tu te tournes vers lui. Une part de toi est soulagée, une autre déçue. Tu écoutes vaguement ce qu’il te dit, tu arrives tout juste à entendre en fait, avec ce vacarme autour de vous. Rester avec lui une partie de la soirée ? C’est surement la chose la plus logique à faire en fait. Tu te sens mal au milieu de tout ces gens, ces inconnus. En restant avec Yugito, tu es sûr de ne pas le confondre avec qui que se soit.

Tu lâches un très bref rire nerveux qui ne te ressemble absolument pas (tu ne te ressembles plus de toute façon) quand il ajoute que tu as peut-être d’autre projet. Tu avais pour seul projet de t’enfuir, sans trop savoir où, juste quelque part où tu n’aurais pas à subir toute cette foule.

« Non. Je n’ai rien de prévu Yugito… On a qu’à faire ça. »

Un peu plus de rumeur ou un peu moins. Tu n’étais plus à ça près et dans le fond, ca commençait à te passer complètement au dessus de la tête. Vraiment.

« T’avais prévu quoi ? »

Parce que toi, tu ne sais pas ce qu’on fait dans ce genre de chose. Les salles de cours sont déjà presque trop remplies à ton gout, c’est pire que les cours de maitrise du don. Alors une vaste salle de bal qui réunie les élèves des trois écoles. Quelle blague. Tu n’en reviens même pas d’avoir céder maintenant que tu y repenses. Et en plus, cette cravate te serre vraiment de trop. Ce ne sont pas tes vêtements. Ce n’est pas ton école. Ce n’est pas ton environnement habituel. Ce n’est pas toi.

Ton seul repère dans cet endroit, c’est lui. Yugito. Et même si tu ne le montres pas forcement, tu es content qu’il soit là. Au moins lui.
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Jeu 30 Aoû - 18:17



    Tu as quand même peur qu'il te dise non, mais quand il te dit qu'il passera la soirée avec toi, même s'il a ce petit rire nerveux, tu ne peux t'empêcher d'être soulagé. Tu avais peur que tout change, que quelque chose se détruise entre vous. Après tout, tu lui as fais mal, et tu lui a gueulé dessus sans aucune raison. Tu l'as même forcé à dormir dehors. Tu baisses les yeux à ce souvenir.

    Sa voix te coupe dans ses réflexions. Ce que tu avais prévu ? Pas grand chose, rester dans ta chambre paraissait une bonne idée, voire rester coller au buffet. C'était une idée alléchante, plutôt bonne. Tu passes une main lasse derrière ta nuque, esquisse un léger sourire.

    « Pas grand chose... manger déjà, ça a l'air vraiment délicieux ce qu'ils ont préparé ! Puis, danser, j'pense. Enfin, danser. La valse et tous ces trucs, j'connais pas, j'sais pas danser, en vrai. Tu viens ? »

    Tu attrapes sa main entre tes doigts et le tirent vers toi. Tu slalomes entre les gens, le guidant derrière toi et tu arrives pas loin du buffet, il n'y a pas trop de monde autour. Tu jettes quelques regards autour de toi avant de poser ton regard sur Raven, tu t'abaisses pour poser tes lèvres sur sa joue, ta main glisse sur sa hanche pour le chatouiller légèrement et tu ris sous son tressaillement.

    « Les gens sont sympas ici, tu sais. Enfin, bizarres, très fêtards, mais ils sont sympas. Bon, j'avoue que c'est difficile quand on comprend pas la langue, mais bon, quand on parle anglais maintenant, c'est un peu comme si on parlait toutes les langues du monde. Ah et tu sais quoi ? J'pense que je vais revenir en France, enfin, après, tu vois. Après les études et tout. Parce que j'aime bien, c'est cool. Encore un pays à rajouter à ma liste. Mais bon, le premier reste le Bengale et... je parle trop encore, hein ? »

    Tu baisses les yeux et tes mains attrapent machinalement deux verres de tu-ne-sais-quoi. Tu en colles un dans les mains de Raven avant de boire le tien cul sec. Du punch. Tu te pinces les lèvres. Regarde de partout autour de toi, mais tu ne poses pas tes yeux sur Raven. Tu ne sais pas quoi faire, tu ne sais pas quoi dire. Ce qu'il s'est passé dans la forêt est encore là. Tu as envie de lui poser des centaines de questions mais tu sais que ce n'est pas un soir à ça. Tu le sais. Tu le sais pertinemment. Mais la question commence à te brûler les lèvres.

    « C'est qui K... »

    Tu te mords la langue, détournes un peu plus le regard, fixes ton verre maintenant vide.

    « ... que tu as rencontré ici ? Enfin, t'as rencontré des gens de l'école ? »

    Tu te foutrais des claques, Yugito.



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Raven Ninvenci
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Jeu 30 Aoû - 18:54

Il ne semble pas beaucoup plus motivé que toi à cette soirée. C’est assez surprenant de sa part mais maintenant que tu y réfléchis et que tu fais attention, il n’a pas l’air dans son assiette. Peut-être parce que tu as pris l’habitude de le voir sautiller, trottiner, parler sans respirer ou presque. Le sourire aux lèvres. Enfin, sauf cette fois là. Dans les bois, quand il s’était énervé, qu’il avait disparu. Il avait un peu la même expression d’une certain, plus ténue. Ou pas. Tu ne te souvenais pas de tout ce qu’il s’était en réalité. Le rêve et la réalité avait surement fusionné sur certaine chose. Toujours est-il que tu n’avais pas recroiser Yugito de la semaine. Tu ne l’avais pas cherché non plus. Tu n’avais cherché personne en réalité.

Alors qu’il te répondait, tu te contentais de prendre ce repère familier, celui de sa voix, sans vraiment écouter sa réponse. Sa main finit par saisir la tienne et vous fendez la foule. Enfin, lui fend, toi, tu te laisses juste trainer, flasque et sans réelle volonté. Tu ne sais qu’une chose : tu n’as pas faim. Ou plutôt, tu préfères éviter de manger parce que le vide dans ton estomac lui, ne demande qu’à être remplis. Mais tu préfères éviter, juste au cas où. Par reflex, une fois arrivé, tu t’es mis en partie dos au buffet, plaçant Yugito entre toi et le reste. Comme on pourrait se cacher derrière un mur. Tu tires un peu sur le nœud de cravate raté qui ne se desserre pas d’un pouce du coup.

Et tu te saisis un bref instant, en sentant les lèvres de Yugito sur ta joue mais à peine as-tu le temps de tourner les yeux vers lui qu’il s’amuse à te chatouiller. Par reflex, tu essayes d’éloigner ta hanche de ses doigts dans de léger tressaillement en plissant les yeux. Il le sait pourtant, tu es chatouilleux. Et durant un bref instant, quand il reprend la parole dans un léger sourire, tu regarde vers lui et tu te dis que c’est surement parce qu’il le sait qu’il l’a fait. Tu dois avoir l’air vraiment pitoyable pour qu’il use de ce genre de chose pour tenter de détendre l’atmosphère.

Tu l’écoutes. Tu aime assez l’entendre parler de voyage. Tu préfères ça aux rares fois où tu l’as entendu parler d’autre chose. Entendu se mettre en colère contre toi, s’inquiéter. Maintenant que tu y réfléchis, c’est la première fois que tu mets les pieds en France. C’était. Et tu n’en as même pas profité.

Profiter ? Vraiment ? Tu aurais vraiment pu en profiter ? Comment… Plus tu y réfléchis et plus ca te parait impossible. Même le souvenir de ton premier jour dans cet école, ta rencontre brève avec May, tu ne t’en souviens presque pas. Cette semaine ne t’a laissé dans la bouche qu’un gout de bile sur la langue, la brulure de la vodka dans la gorge et le parfum du désespoir. Profiter de ça ? Quelle blague.

Sans avoir réalisé comment il y était arrivé, tu avales le gobelet que tu as dans la main sans sourciller. Tu sens pourtant que c’est alcoolisé mais ca reste tellement plus diffus que ce qui t’a littéralement brûler la gorge et l’estomac que tu as l’impression que ca ne te fait strictement rien. Le regard perdu sur ton gobelet vide, tu pries intérieurement pour que Yugito se remette à parler. Du Bengale. Des tigres. Des paysages à couper le souffle qu’il a vu. Qu’il parle.

Mais sa voix amorce une phrase qui fait glisser le gobelet entre tes doigts, sans que tu le lâches pour autant. D’un mouvement vif, tu redresses la tête, retenant ton souffle. Mais ton regard n’a même pas le temps de croiser le sien qu’il baisse les yeux, coupant un mot de façon bien trop cruel pour toi.
Il reprend, comme si ca avait toujours été sa phrase. Est-ce que c’est toi ? Est-ce que tu commences à voir son nom partout, dans toutes les phrases avortées ? Est-ce que c’est vraiment toi ? Tu cherches le regard de Yugito, pour savoir, comme un enfant perdu chercherait des yeux ses parents dans la foule, toi c’est une réponse que tu tentes de voir dans les yeux qu’il te cache derrière quelques mèches et ombres.

« … une fille… may… je… »

Pourquoi cette question te parait-elle tellement bancale ? Yugito a toujours été du genre à parler trop vite pour faire des phrases correctement construite. Alors pourquoi est-ce que celle là… Pourquoi il a détourné les yeux ? Pourquoi est-ce que tu n’arrives pas à croire que c’était sa question.

Mais surtout, pourquoi est-ce que tu n’arrives pas à lui demander s’il voulait vraiment te demander ça ?
Tu ouvres la bouche par deux fois, sans apporter plus de précision à cette rencontre qui n’a pas vraiment eu d’importance pour toi. May était gentille mais tu as eu tellement d’autre chose à gérer depuis qu’elle te parait insignifiante à coté du reste.

Tu finis par tourner la tête, fixant le mur, esquissant du bout des lèvres, dans un murmure incertain quelques mots que tu n’arrivais à exprimer plus clairement.

« … c’était vraiment ça… ta question Yugi… »

Ta main tremble, brûlant d’envie d’attraper un autre verre plein plutôt que de garder ce morceau de plastique dépouiller de son intérêt entre tes doigts. Mais tu ne fais rien.
Pathétique sans le moindre doute. D’un point de vue comme de l’autre.

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Jeu 30 Aoû - 19:47



    Tu n'oses même pas le regarder. Tu l'écoutes à peine. Tu distingues un prénom. Tu as l'impression qu'il n'a pas envie de parler, encore moins que d'habitude. Tu es un idiot, Yugito. Le pire des idiots même. Tes doigts se referment un peu plus sur ce gobelet vide. Tes pensées s'égarent. Comment on fait un gobelet ? Et comment les gens ont réussis à créer une salle de bal aussi magnifique que celle-ci en une semaine ? Sûrement qu'ils s'y sont pris à l'avance. Et puis, ce punch n'est pas mal, pas trop alcoolisé, pas trop doux non plus, dosé comme il le faut. Tu as l'impression de ne pas être à ta place, ce n'est pas toi tout ça, ce n'est pas toi, Yugito. Tu fuis encore plus que d'habitude le conflit, tu réfléchis trop à ce qui pourrait se passer, à ce que tu pourrais perdre ou gagner.

    Tu restes silencieux alors qu'il amorce sa question. Tu ne réponds pas, tu restes silencieux. Est-ce que tu dois vraiment lui répondre ? Tu te souviens de ses larmes, de son cri, de son mal être. Tu te demandes s'il a faim, et tu relèves les yeux vers lui, plonges ton regard bleu dans le sien, lui souris de toutes tes dents, mais Raven te connaît un minimum, il saura que tu vas passer du coq à l'âne, et c'est le cas. Tu évites la question en riant légèrement, montrant ton verre vide et le sien qui l'est également.

    « Il est bon, ce punch, hein ?! T'en veux un autre verre ? Je vais prendre des petits fours, ils ont l'air trop bons ! Oh ! Regarde, des cupcakes ! C'est cool, non ? »

    Ton entrain te paraît faux, tu souris, te penches légèrement sur lui pour poser les verres au milieu d'autres verres vides. Tu lui donnes un autre gobelet plein, et dans sa main libre, tu lui poses un petit four enrobé de fromages, la spécialité des français d'après ce que tu sais. Il a maigris, tu l'as su en le voyant, en le touchant tout à l'heure, et puis, ses joues sont un peu creuses aussi. Tu le regardes, fronces légèrement les sourcils. Tu t'inquiètes, mais tu ne veux pas le lui montrer. Tu sais qu'il n'a pas besoin de ça après tout. Tu sais juste qu'il a besoin de toi. Tu sais juste que tu dois être un pilier pour lui, tu t'y obliges. Alors tu lui souris.

    « La nourriture française est meilleure que la nourriture anglaise y paraît ! Tu devrais goûter ! »

    Et tu avales un petit four. Trop salé pour toi, tu bois un peu de son verre de punch avant de lui rendre, tu déposes un baiser sur sa joue, encore, tes doigts glissent sur sa hanche, la chatouillent encore. Et tu observes son nœud de cravate. Il est mal fait. T'es pas un spécialiste non plus – voire pas du tout même – mais tu sais qu'il est mal fait. Bon. Tu vas quand même tenter.

    Tes doigts accrochent le tissus clair, le défont et le voilà sans nœud de cravate. Tu en refais un, un simple, pas de double, parce que tu ne sais pas les faire. Et tu lui souris.

    « Voilà ! C'est mieux maintenant ! »

    Voilà Yugito, c'est bien, tout ça, ça te ressemble un peu plus.



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Raven Ninvenci
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Jeu 30 Aoû - 21:12



Il évite de te répondre. Au moins qu’il soit juste égale à lui-même. Mais tu n’arrives à croire à cette option. Parce que tu le connais, peut-être pas mieux que personne mais mieux que ça. Il est la seule personne que tu as réellement laissé s’approcher de toi, sans trop d’enthousiasme au début et puis, petit à petit, tu te surprenais à essayer d’avoir sa présence à tes cotés. Tu arrives à reconnaitre ces vrais sourires, ceux qui lui font légèrement plissé les yeux et qui creusent des fossettes sur son visage. Et puis, il y a les autres, ceux que tu n’arrêtes pas de voir depuis le début de la soirée, ceux qu’il force. Tu ne sais pas ce qu’il se dit quand il sourit comme ça. Peut-être que c’est comme ça qu’il est sensé être. Il se dit intérieurement « Soit un peu plus Yugito mon vieux ! » ou quelque chose comme ça. Tu l’imaginais assez bien se moraliser dans de grande diatribe intérieur à chaque instants où il était un peu trop silencieux, juste avant qu’il n’esquisse ce sourire là. Ce sourire que tu avais presque envie de lui dire d’arrêter de faire. Tu ne savais pas pourquoi mais tu le détestais ce sourire là. C’était presque une grimace. Pourquoi devait-il se forcer à sourire s’il n’avait pas envie ?

«
arrête » murmures-tu de façon sans doute inaudible alors qu’il t’entraine dans un élan plein d’enthousiasme trop mal imité.

C’est quoi ? C’est parce qu’il s’est énervé ? C’est parce qu’il t’a vu dans un état des plus minable, incapable même d’avoir les idées clairs et de tenir debout ? C’est ça qui donne cette ambiance trop clinquante et fausse qui te fait horreur. Il s’agite, comme pour s’empêche de faire quelque chose, pour t’empêche de faire n’importe quoi. Il parle du punch, de la nourriture, te fourre un biscuit dans la main, te conseille la cuisine française, te chatouille encore, t’effleure à nouveau la joue de ses lèvres. Tu ne réagis presque pas, peut-être juste au baiser, l’œil le plus proche se ferme un très bref instant.

Quelque chose ne va pas. Ca ne va pas. La fatigue peut-être n’aide pas. Mais sa façon d’agir, de se cacher dans de grand geste, de partir dans des excès tactiles ou non. Ca t’énerve. Pas dans le sens commun du terme. Non, en fait, ce n’est pas que ca t’énerve. Ca te blesse d’une certaine façon. Tu ne t’es jamais forcé avec lui ou alors tu ne t’en ais jamais rendu compte. Les premiers jours, il t’agaçait et tu lui avais toujours dis. Tu avais toujours été franc avec lui. L’omission n’avait jamais été un mensonge de ton point de vue mais tu n’avais pas pour autant cacher des choses, Kylian mise à part. Même maintenant, tu ne tentais pas de donner le change quand l’état misérable quand lequel tu étais.

Et il était là, devant toi, l’air concentré sur ta cravate qui était visiblement mal noué. Ton mal être n’avait pas vraiment disparut, il était encore là, comme un bruit de fond qui ne te lâchait pas mais il avait quelque chose de plus clair à cet instant. Alors qu’il faisait le nœud de façon appliqué, tu cherchais. Tu cherchais à savoir ce que c’était, toi qui avait tellement perdu l’habitude de ne pas juger les choses par rapport à Kylian. Ton échelle de valeur et de mesure personnelle, cet idéale inapprochable, inégalable… ce mirage de tes souvenirs. Jusqu’à maintenant, tu n’avais jamais trouvé de meilleures comparaisons pour mieux comprendre tes rapports à autrui. Mais là, ca ne t’aidait en rien pour comprendre cette tête blonde. Yugito était tellement différent de ton cousin. Et pourtant, tu étais persuadé de connaitre cette sensation, d’avoir ton cœur au niveau de ton estomac qui battait la mesure des secondes au rythme de tes pulsations.

Il éloigne ses mains d’un air satisfait et soudain, tu te souviens. Ta main se débarrasse rapidement du petit four avant d’attraper celle de Yugito avant qu’elle ne s’éloigne d’avantage. Tu te souviens de ce que c’est. Tu as eu la même chose une fois à la sortie des bois, seul. De l’inquiétude.

« Arrête ça ! »

Ta voix à éclater si soudainement que tu t’es surpris toi-même. Quelques tête se sont vaguement retourné avant de reprendre là où ils en étaient. Et tu réalises que tu as attrapé sa main un peu trop fort et tu la relâche doucement. Ce n’était pas ça que tu voulais dire. Enfin si, mais pas de cette façon. Ton regard erre quelques instants sans se fixer, alors que tu cherches la façon de dire les choses. Tes lèvres s’entrouvrent à plusieurs reprises sans qu’aucun son ne les franchisse.
Tu finis par abandonner dans un soupire, baissant clairement la tête.

« Ca ne te ressemble pas de te forcer… Tu n’es pas obligé de faire semblant. »

Rien de précis, rien que du vague. De l’incertain, de l’impalpable. Tes mots sont inconsistants et dépourvu du moindre réconfort pour ne pas dire du moindre sens. Des phrases trop utilisé, des tournures qui veulent tout et rien dire à la fois. C’est tout ce dont tu es capable.

Tu n’es qu’un incapable.
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Jeu 30 Aoû - 21:48



    Sa voix claque, te fait sursauter. Sa main qui serre la tienne te surprend plus qu'elle ne te fait mal. Des têtes curieuses vous regardent, quelques regards se détournent aussi vite qu'ils sont arrivés, d'autres restent là à vous épier. Il coupe votre contact physique, baisse les yeux, sa voix se fait plus calme, comme si ça ne venait pas de se passer. Ne pas se forcer, ne pas faire semblant, rester soi-même. Tu as envie de rire jaune. Lui ne se force pas à aller bien, peut être ? Il ne fait pas semblant d'aller bien devant toi, peut être ?

    Tu mets tes mains dans tes poches, détournes le regard, tu te mords la lèvre avec violence. Tu n'en peux plus, tu vas craquer, si ça continue. Mais n'a-t-il pas besoin de toi ? Après tout, tu es tout en train de foirer, Yugito. Tu foires tout ce que tu fais, tout ce que tu entreprends. Mais qui es-tu ? Que fais-tu ici ? Pourquoi n'es-tu pas dans ta chambre en train de jouer à n'importe quel jeu vidéo ? Ce n'est pas ce que tu fais le mieux ? Alors vas-y, pars, fuis !

    Et pourquoi ne dirais-tu pas la vérité ? Pourquoi tu ne ferais pas la personne un peu méchante, pour une fois ? Pourquoi tu ne lui ferais pas la morale ? Pourquoi tu ne te lâcherais pas un peu, Yugito ? Mais tu t'es déjà trop lâché cette semaine, tu as déjà fait souffrir beaucoup trop de personnes... Tu soupires, baisses les yeux. Tu n'oses même plus le regarder, lui que tu considérais comme l'une des personnes les plus importantes pour toi. La personne que tu ne voulais surtout pas qu'on touche, la personne que tu ne voulais pas qu'on blesse, la personne que tu ne voulais pas voir souffrir. Et pourtant, tu es un incapable, parce que tu l'as fais pleurer, et que tu n'as même pas pu le consoler. Tu es tellement pathétique.

    « Et tu veux que je te dise quoi, Raven... ? »

    C'est vrai, ça. Que dois-tu lui dire ? Dois-tu lui poser toutes les questions qui te brûlent les lèvres ? Qui sont bloquées au fond de ta gorge ? Dois-tu lui dire à quel point tu t'inquiètes pour lui ? Dois-tu lui dire que tu ne le comprends pas ? Que tu as envie qu'il se rende compte qu'il n'est pas tout seul ? Est-ce que tu dois lui dire qu'il est un idiot de s'enfermer sur lui-même et de ne pas faire confiance aux autres, de ne pas te faire confiance, à toi ?

    Tu soupires une énième fois.

    « En premier, je m'inquiète pour toi, d'accord ? Alors déjà, tu vas manger quelque chose parce qu'on dirait que t'as rien avalé depuis des jours. »

    Et tu lui enfournes presque un petit four entre ses lèvres entrouvertes. Tu ne l'étouffes pas, non, mais bon... disons qu'il ne s'y attendait pas.



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Jeu 30 Aoû - 23:20

« Et tu veux que je te dise quoi, Raven... ? »

Sa question te frappe de plein fouet. Sans même t’en rendre compte tu fais un pas en arrière. Qu’est-ce que tu veux ? Tu ne sais pas. Tu ne veux rien lui entendre dire de particulier, juste ce qu’il aurait envie de te dire. N’aviez-vous pas dépassé ce stade de la crainte d’indisposé l’autre par des questions ? Sans un mot, tu avais pourtant eu l’impression que si mais tu t’étais visiblement trompé. Peut-être qu’en fait, tu étais le seul à voir les choses comme ça. Après tout, tu n’as jamais rien exprimé avec des mots. Non pas par manque d’envie mais simplement par manque de mot. Tu ne savais pas comment, tu ne savais pas quoi.

Tu avais toujours eu ce sentiment qu’il te disait tout ce qui pouvait lui passer par la tête, comme s’il avait peur d’oublier ce qu’il ne te dirait pas. Et ca t’allait comme ça. Tu avais l’impression de ne pas avoir à chercher ce qu’il pensait. C’est ce qui l’avait rendu si accessible et qui t’avait permis de le laisser devenir plus proche de toi, aussi proche qu’on pouvait l’être. Mais tu n’as jamais rien dit. Comment est-ce que ce genre de chose se dit ? Tu sais même pas si tu as déjà su dire ces choses là.

Il soupire à nouveau. Tu as presque l’impression qu’il fait un pas en arrière à chaque soupire, ou alors qu’il te souffle au loin. Tu redresses la tête, t’apprêtant à lui dire que tu vas le laisser tranquille finalement. Parce que tu n’es de toute évidence, pas de bonne compagnie, parce qu’il sera surement mieux avec d’autre personne. Mais il te coupe avant de te laisser dire quoique se soit. La seule chose intelligible qui te vient à l’esprit c’est "hein" et c’est d’ailleurs ce qui t’échappe avant qu’il ne te fourre un feuilleté dans la bouche, t’empêchant d’en dire d’avantage. Tu gardes un air franchement surpris en mâchant avec peine l’amuse gueule.

Lui aussi est inquiet. Tu n’as pas réellement fait attention à la tête que tu pouvais avoir en fait mais tu peux facilement imaginer que ca n’a rien de folichon. Avec difficulté, tu avales la bouillie de feuilleté au fromage que tu ne peux même plus mâcher. Tu t’apprêtes à dire un "ca va" mais te ravise. C’est un mensonge. Le même que ces sourires que tu détestes. Tu tires un peu sur le nœud de la cravate, soulagé de le sentir glisser sous tes doigts et tu finis pas avouer.

« … c’est pas la forme en ce moment. »

Doux euphémisme mais personne ne peut s’attendre à te voir t’épancher d’un coup, comme une fontaine. Ce n’avait pas été facile pour toi d’admettre ça. Admettre que ca n’allait pas rendait d’une certaine façon, les choses encore plus dur à supporter maintenant. Tu te mordis la lèvre, avant de reprendre, sans regarder vers Yugito.

« Ca ne vas pas du tout en fait. »

Ce n’était pas ce qu’il fallait que tu dises. Mais tu lui devais ça. La vérité. Au moins partielle mais la vérité. Tout ce qui sortirait de ta bouche ne devait être que ça. Tu serras le poing, relevant ton regard vers celui de Yugito, sans hésitation.

« Mais toi non plus… tu ne vas pas bien. »

Tu étais trop bien lancé, trop pour t’arrêter. Les longs discours, tu n’aimais pas ça. C’était fatiguant. Les mots étaient traitres. Mais là, tu devais le faire.

« Je… Je ne parle pas beaucoup. Mais je vois et j’écoute. Suffisamment pour savoir que tu te forces. »

Ecouter. C’était peut-être la seule qualité que tu avais au final. Avec ton sens de l’observation, de la déduction.

« Dis juste tout ce qui te passe par la tête. Tout. Comme d’habitude. Parce que sinon, ce… »

"Ce n’est pas toi."
Mais, est-ce qu’il était vraiment lui quand il était avec toi ? Tu n’en savais rien parce que tu n’avais pas eu la curiosité de savoir comment il était avec les autres. Au fond, tu te moquais de savoir comme il pouvait être avec les autres. Tant qu’il restait égal à lui-même avec toi.

« Ce n’est pas le Yugito que je connais. »

Tu cherchais. Comment tu pouvais l’aider. Parce qu’au fond, ce n’était pas simplement parce que son attitude différente te déstabilisait. Parce que ce schéma incorrect t’indisposait. Non, c’était parce que tu t’inquiétais et, surtout, que tu voulais l’aider. Mais tu savais à quel point les mots pouvaient être creux, léger et éphémère. A peine lâché dans l’air, ils explosaient comme des bulles de savons pour disparaitre, ne laissant derrière eux que le souvenir incertain d’une existence fugace.

Ta main s’avança alors doucement. C’était comme ça qu’il fonctionnait ce petit blond en fait. Des chatouilles, des câlins, des contacts. C’était ça, sa façon de s’exprimer et de se livrer. Alors, c’était comme ça que tu arriverais surement à l’atteindre, à ta façon. Ta main finit par s’accrocher à son veston, tes yeux fixant tes doigts qui pinçait le tissus suffisamment fermement pour qu’il ne s’échappe pas, le froissant surement un peu aussi.

« Alors parle. J’écoute. »

Ca aurait pu sonner comme un ordre. Dans une autre bouche, dans une autre situation, dans un autre lieu. Mais ici, maintenant et avec toi, c’était une demande, une prière… l’expression de ton inquiétude pour celui qui était surement ton seul ami sur cette terre.

Ton unique lien qui te rattachait au présent.
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Ven 31 Aoû - 8:51



    La première phrase attire ton attention, la deuxième te surprend. Tu savais qu'il n'allait pas bien, c'était pas bien difficile à deviner après tout, mais tu ne pensais pas qu'il te le dirait de manière si directe, sans essayer d'attirer l'attention vers quelque chose d'autre, sans qu'il n'essaie d'esquiver. Tu te pinces les lèvres, tu te perds de nouveau dans tes pensées. C'est à cause de lui, de ce Kylian, tu le sais. Tu en es persuadé. Mais tu n'oses pas lui demander, tu as trop peur de le voir fondre en larmes, de voir son visage se fendre en une grimace de douleur que tu ne pourrais effacer. Puis sa voix te fait légèrement sursauter.

    « Mais toi non plus… tu ne vas pas bien. »

    La première phrase d'une tirade que tu ne couperas pas, que tu écoutes attentivement même. Ce n'est pas le genre de Raven de parler comme ça, autant. D'une façon claire et distincte, c'est plutôt ton rôle à toi. Mais juste pour quelques minutes, on dirait que vous avez échangé vos rôles. Juste pour quelques instants, juste le temps qu'il te dise ce qu'il a besoin de dire, juste pour ces quelques secondes que vous tenterez d'oublier, comme tout ce qui s'est passé dans cette forêt... Vous essayez de ne pas en parler, tu essaies de ne pas en parler, mais ça te perturbe, tu as besoin de tout lâcher, de lui demander, de lui faire comprendre que tu es là. Et la façon dont tu l'as montré la dernière fois n'était pas géniale, voire pas du tout idéale.

    Ce n'est pas toi, tout ça. Tu baisses les yeux. Toi qui voulais faire bonne figure ce soir, toi qui voulais que tout se passe bien. Tu voulais juste que ça s'arrange, mais tu n'es pas sûr que ça puisse le faire, pas ce soir.

    Et doucement, ses doigts attrapent cette veste blanche que tu n'aurais jamais mis en tant normal. Jamais. Puis, quelle idée d'être habillé tout en blanc avec une chemise rose, hein ? Bon, tu avais déjà un meilleur costume que la plupart des gens, vrai, mais tout de même. Et puis, tu avais chaud avec cette veste et tu aurais bien défait le troisième bouton de ta chemise, tu as littéralement l'impression d'étouffer.

    « Alors parle. J’écoute. »

    Tu sursautes presque, ta tête se redresse et ton regard croise le sien. Tu ne le lâches pas des yeux. Tu as envie de reculer, parce que tu ne te sens pas à ta place, ici, maintenant, dans cette position là. Normalement, c'est toi qui devrais lui dire ça. C'est toi qui devrais attraper sa veste et lui dire de parler. C'est toi qui devrais faire tout ça, pas lui. Et pourtant, ce rôle lui va comme un gant. Tu te mordilles la lèvre, hésites à fuir son regard une nouvelle fois. Mais tu le fais depuis le début de la soirée, ce n'est pas lui qui est censé faire tout ça. Le monde tourne pas rond, ce soir.

    Tes mains attrapent ses doigts, les enlèvent de ta veste et tu observes vos membres liés. Tu les tritures, joues avec en les observant. Tu hésites toujours, tu as peur, horriblement peur de ce qui va se passer si tu lui poses toutes les questions que tu veux lui poser, même si tu n'as pas de réponses, il faut que tu les poses. Mais ça va lui faire du mal, non ? Si, sûrement.

    Ton débat intérieur continue quelques instants. Lui dire, ne pas lui dire. Poser des questions ou ne pas le faire. Changer de sujet ou répondre à ses questions. Tu te mords la lèvre et tu relèves les yeux vers lui, légèrement hésitant. Non... très hésitant.

    « Je... enfin, je m'inquiète pour toi, tu vois ? Je veux dire, quand on s'est vu la dernière fois, j'ai vu que t'allais pas bien, faudrait être aveugle pour pas le voir, et même, un aveugle l'aurait vu, tu sais. Puis, je sais que c'est à cause de... Enfin, de quelqu'un en particulier, tu m'as appelé comme lui, la dernière fois. Mais je sais que tu vas pas bien à cause de lui, donc je voulais pas t'en parler, mais je me pose des questions, parce que je me dis qu'il faut que je sois là avec toi, tu vois ? Que je dois être là pour toi et tout mais... j'ai l'impression de foirer tout ce que je fais ces temps-ci, je suis vraiment bête, hein. Et en plus, je t'en parle alors que je mettais dis que je devais pas t'en parler parce que je voulais pas savoir que t'allais mal. Mais tu vas mal encore donc... Je sais pas quoi faire, en fait. »

    Tu détournes les yeux, tiens toujours ses mains entre les tiennes. Tu ne veux plus le voir pleurer, jamais.



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Sam 1 Sep - 19:33

Il hésite, il se ravise, il détourne le regard. Mais toi, tu ne lâches rien. Même quand il détache ta main de son veston, ce sont à ses doigts que tu t’accroches. Tu n’y penses même pas, au fait que ce n’est pas dans tes habitudes, toi qui t’accroche à un contact physique. Ca ne t’effleure en réalité même pas l’esprit, pour le moment, ca ne te semble pas important. Tu le vois, ce tic nerveux que tu lui connais mais que tu ne vois pas si souvent que ça d’ordinaire. Cette façon de se mordre la lèvre. Tu as presque envie de pointer ta bouche et de lui dire à voix haute « Tu vois, quand tu fais ça, je sais que tu caches quelque chose. ». Mais tu ne fais rien, tu as dis que tu écouterais alors c’est ce que tu fais, même s’il te faut écouter le silence pendant encore des heures, si ca aboutit à ce qu’il te parle, tu t’en fiches.

Il lève une dernière fois les yeux, ce regard bourré d’hésitation qui a l’air de vouloir fuir, d’être n’importe où ailleurs. Tes doigts se resserrent un peu sur les siens sans que tu t’en aperçoives à cette impression parce que la dernière fois que tu as détourné ton attention quand il était dans cet état, il a disparut dans une forêt. Et finalement, ses lèvres s’entrouvrent et sa voix te parvient.

Tu l’as demandé et la voilà. La vérité. La raison de sa petite mine, c’est toi. Ta main se serre un peu avant que tu ne relâches complètement ta prise, agrandissant les yeux quand il te dit qu’il sait. Quelqu’un. Quelqu’un de particulier. Tu l’écoutes toujours mais ta main ne tient qu’entre les siennes parce qu’il ne t’a pas lâché. Tu restes abasourdi par tout ce qu’il te dit. Tu t’attendais à ce qu’il est eu des problèmes, des problèmes qui le concernait lui. Peut-être qu’il s’est disputé avec un ami, voilà ce que tu t’étais dit. Mais là, plus il avançait et plus tu te rendais compte que la seule chose qui était à la source de tout ça, tous ces problèmes, c’était toi. Juste toi. Toi qui le bloque dans une situation qui le plonge dans le doute, dans l’incertitude et l’inquiétude. La nausée commence à revenir comme un écho persistant.

« Mais… qu’est-ce que tu… »

Tu t’entends à peine alors que tu ne cherchais pas à cacher tes mots. Tes doigts se crispent à nouveau, agrippant sans le vouloir quelques uns de Yugito alors que tu tournes un regard plus si inexpressif à la foule qui couvre ta voix avec son bruit perpétuel et subtilement assourdissant. C’est avec une expression colérique, ténue mais présente, que tu finis par siffler un juron à l’adresse de cette masse avant d’accrocher clairement la main de Yugito pour t’éloigner vers un endroit plus calme de la pièce. Quelques regards se détournent à votre passage, il faut avouer que te voir trainer quelqu’un derrière toi et non l’inverse à de quoi surprendre au moins les élèves de Virtus dispersé dans la pièce.

Tu finis par t’arrêter une fois que tu arrives à t’entendre respirer. Doucement, tu relâches la main du blond, lui tournant encore le dos. Pendant les quelques instants où vous avez fendu cet amas de gens bruyants, tout ce que tu voulais dire c’était bousculé dans ta tête comme s’il s’agissait d’une course à celui qui franchirait tes lèvres pincées le premier.

« Tu n’es pas bête ! »

Un gagnant, la phrase qui fait retomber toute la tension que tu as accumulé d’un coup, détendant tes muscles dans un éclat de voix.

« … tu es juste trop gentil. Tout ça, c’est ma faute en fait. »

Tu n’avais pas envie de lui faire face pour le moment. Ce n’était plus de l’inquiétude que tu ressentais, c’était autre chose. Quelque chose qui t’empêchait de le regarder sans éprouver de la honte. De la honte.

« Tu ne foires rien, c’est juste moi qui… »

De la culpabilité. Tu te sens coupable. De quoi ? Tu n’en sais rien, c’est tellement abstrait pour toi. Tu sais juste que c’est ça, c’est le seul mot qui se colle dessus. Pourquoi ? Comment ? Tu n’en sais rien, ce n’est pas comme si tu pouvais savoir.

« Je ne sais juste pas comment faire... »

Plus bas, comme si tu avais peur de sa réponse, tu murmures tes derniers mots, d’une voix tremblante, la tête baissée, caché autant que possible derrière tes mèches de cheveux devenue beaucoup trop longue.

« … Je t’ai appelé Kylian… dans la foret… c’est ça ? »

Même un aveugle l’aurait vu. Même un aveugle, hein ?
Pensée futile, tu te dis que tu devrais les couper. Tes cheveux.
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Dim 2 Sep - 19:54

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Et voilà, c'est dis. Tu n'aurais sûrement pas du, et déjà, tu penses à comment t'excuser. A comment lui dire d'oublier tout ça. Tu serres un peu les dents, mordilles ta lèvre avant d'ouvrir la bouche mais tu vois ses lèvres bouger pour se taire. Tu vas pour lui demander ce qu'il a dit, ton cœur se serre, tu resserres ton emprise sur ses doigts alors qu'il t'a lâché. Tu ne veux pas qu'il parte. Surtout pas.

    « Raven je... »


Mais tu n'as pas le temps d'en dire plus. Le voilà qu'il attrape ta main avec une force que tu ne lui connaissais pas. Il te fait slalomer entre plusieurs personnes qui vous regarde surpris... Mais tu ne sais pas qui est le plus surpris entre toi et les autres. Tu veux le faire s'arrêter, lui dire que tu es désolé, lui dire d'oublier tes paroles. Mais tu sais qu'il ne pourra pas le faire. Qui le pourrais ? Après tout, tu lui as bien dis que tu l'avais vu, que tu le savais, que tu le sais, même.

Il s'arrête brusquement et vite. Si vite que tu lui rentres presque dedans. Sa main lâche la tienne et tu esquisses un geste pour t'approcher de lui, le voir, le regarder, pour dire quelque chose pour casser le silence. Sa voix te percute, te stoppe dans ton geste à peine esquisser. Tu le laisses parler, tu sens ses poses, ses hésitations. Et le mot interdit. Le prénom que tu t'étais interdit de prononcer dépasse la barrière de ses lèvres. C'est dis comme une plainte, comme si ça le faisait horriblement souffrir. Tu vois sa tête se baisser et tu humidifies tes lèvres de ta langue. Tes dents viennent mordiller tes lèvres, tu jettes deux ou trois coups d’œil autour de vous. Il n'y a presque personne. Il y a toujours du bruit, mais c'est un peu étouffé...

Tu t'approches de lui, colles ton torse à son dos. Tes doigts attrapent ses hanches et tu souris à peine alors que tu caches ton visage dans son cou. Tu restes silencieux et un petit « Mh mh. » positif t'échappe. Tu restes là, sans bouger. Tu restes là, à écouter sa respiration plus rapide qu'à la normale. Tu restes là, à frôler ses hanches du bout de tes doigts. Ce n'est peut être pas la meilleure des choses à faire, mais c'est tout ce dont tu es capable.

    « J'ai cru comprendre que... c'était quelqu'un à qui tu tenais beaucoup et qu'il a... disparut, c'est ça ? »


Parce que tu ne sais pas qui c'est. Tu sais juste qu'il est peut être mort, qu'il a sûrement disparut, qu'il a du se volatiliser. Tu ne fais pas le lien entre l'explosion de Synchronicity et Kylian. Car tu ne le connais pas. Et tu ne feras sans doute jamais le lien, jusqu'à ce qu'il te donne assez d'indice pour que tu le comprennes. Ta voix est douce, basse. Tu le gardes dans tes bras, tu le serres contre toi, tu murmures toujours.

    « Je suis là moi, tu sais... »


C'est tout ce que tu peux faire, tout ce que tu peux dire. C'est tout ce dont tu es capable pour le moment.

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Dim 2 Sep - 21:30

Tu attends, sa réponse. Attendre. C’était une chose que tu avais l’habitude de faire mais là, encore, tu n’y arrivais pas. Une réponse à une question, à un papier. Tu veux savoir mais tu ne veux pas écouter. Oui. Non. Peut-être. Tout devient trop compliqué, tant et si bien que tu ne sais même plus si tu veux vraiment savoir.

Avant même d’entendre la voix de Yugito, tu te saisis légèrement en le sentant si proche de toi. Les contacts physiques, ca ne t’a jamais vraiment mis à l’aise mais pour cette fois, tu ne t’en formalises pas. Ni pour son corps qui se presse contre ton dos, ni pour ses doigts sur tes hanches ou son visage dans ton cou. Et ta réponse vient, pas clairement formulé mais suffisamment pour que tu la comprennes. Tu ne t’en étais même pas rendu compte. En vérité, tu te souviens de très peu de chose de ce qui c’était passé, simplement du principale. Que tu avais été malade, que tu avais trouvé Yugito, que tu l’avais perdu puis retrouver et que tu t’étais endormi. C’est tout. Tout le reste était flou, embrumé.

Finalement, il reprit la parole. Tu en avais plus, peut-être même trop. Tu te redressas en l’entendant parler de la disparition de Kylian. Disparition. Ce mot t’apaisait, te rassurait, encore plus quand ce n’était pas toi qui le disait. Cette tension accumulée se dissipa en partie, rien qu’avec cette question. Disparut, oui. Kylian avait juste disparut et il attendait surement quelque part qu’on le retrouve.

« Je suis là moi, tu sais... »

Tu tournes un peu la tête, surpris, avant de regarder les bras qui t’étreignent. C’est vrai que Yugito est là. En vérité, il est toujours là, surtout quand tu as l’impression de toucher le fond, quand tu te dis que tu ne te redressas jamais, que tu n’arriveras jamais à continuer tes recherches.

« Kylian… est de Synchronicity. »

Tu fixes un point devant toi, légèrement en contre bas. Ta main se serre un peu sur le bras de Yugito.

« - Je… Si je suis à Virtus Insania, c’est pour le retrouver. Il est…
- Et bah dis donc, ca fricote sévère vous deux. »

Distrait dans ta phrase par le rire gras d’un type qui traine une poupée jetable à son bras. Tu lèves les yeux vers eux deux, qui vous observe et se moque. Fricoter ? Ce que les gens pouvaient sauter au conclusion sans raison de façon lourde. Tenant fermement le bras de Yugito, sans réaliser que tu l’empêchais de se reculer, tu fixas le type qui semblait se régaler de ton silence, qu’il pensait surement gêné.

« Et alors ? »

Ta réponse avait claqué dans l’air, frappant de stupeur le type qui s’était alors retrouver sans savoir quoi répondre avant que de se faire entrainer par sa cavalière plus loin. Ca t’avait énervé, d’une certaine façon, alors tu avais voulu lui clouer le bec. Sans trop d’effort. Parce que son intervention était mal tombée, parce que maintenant, tu ne te sentais plus capable de continuer de parler. Tu étais comme ça, tout était une question de timing et d’atmosphère.

Ta main relâcha le bras du blond, réalisant seulement que tu le bloquais et tu te reculas pour te tourner un peu plus vers lui.

« Désolé. J’ai dis ça sans réfléchir. »

Tu te moquais des rumeurs et des bruits de couloirs, tu avais l’habitude d’avoir les histoires les plus folles qui courrait dans les murmures des élèves. Mais sur le coup, tu n’avais pas pensé que ca pourrait aussi retomber sur Yugito. Regardant la direction qu’avait prit l’autre, tu t’adressas à nouveau à Yugito.

« Vaut mieux que j’aille dissiper le malentendu, tu auras des ennuis sinon, j’imagine. »

Ce n’était peut-être là qu’une fausse excuse, inconsciemment, pour te sauver de cette discussion avortée que tu n’arriverais surement pas à reprendre. Parce que tu allais un peu mieux. Parce que les quelques mots qu’avaient prononcé Yugito avaient réussis à te redonner suffisamment de courage et de force pour reprendre ta quête.
Alors tu t’apprêtas à aller sur les pas du couple moqueur pour expliquer. Quoi ? Tu ne savais pas mais tu trouverais bien quelque chose. Les bonnes excuses, tu en trouvais toujours.
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Lun 3 Sep - 14:38

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    « Kylian… est de Synchronicity. »


Son étreinte se resserre et tu resserres la tienne, tu le colles un peu plus contre toi. Tu restes silencieux, penses en silence. Tu essaies de coller tous les morceaux du puzzle, pour comprendre. Synchronicity. Explosion. Disparition. Et puis ces mots, dans la forêt. « Je ne veux pas savoir qu'il est mort, Yugi ! Je ne veux pas avoir tord ! ». Combien y a-t-il eu de morts ? Combien y a-t-il de pour cent de chance pour que Kylian soit en vie ? Elles sont faibles, très faibles, peut être même trop faible. Il y a eu des disparitions, des corps non retrouvés qui sont sûrement sous les gravats de cette grande école qu'était Synchronicity... mais même si c'est le cas, ils sont morts. Mort. La vérité te fait mal et ton cœur se serre. Raven a du en venir à la même conclusion, c'est obligatoire. Peut être ne veut-il pas y croire ? Sûrement.

Tu caches un peu plus ton visage dans son cou, ton nez frôlant sa peau à chaque respiration. Il reprend la parole, il semble tellement hésitant que tu as peur qu'il se rétracte à chaque instant. Une voix te fait relever la tête, tes sourcils se haussent sous la surprise. Aucun de vous deux ne prend la parole pour répliquer, tu ne veux pas mettre Raven dans l'embarras, alors tu tentes de reculer, mais il s'accroche à toi, et sa voix gifle l'air, surprenant le couple devant vous. Tu en aurais ris, si la discussion que vous meniez avant n'était pas si sérieuse. Tu lances un petit clin d’œil à la fille qui est accroché au bras de cet idiot qui vous a dérangé et, quelques les instants plus tard, ils ont disparut dans la foule.

Raven se détache de toi, s'excuse d'une voix plus assurée que précédemment et alors qu'il commence à partir pour « dissiper le malentendu » d'après ces mots, ta main attrape la sienne. Tu entrelaces vos doigts et le tire vers toi. Tu lui souris légèrement et l'enlaces, tu caches de nouveau ton visage dans son cou. Parce que c'est comme ça que tu te sens bien, comme ça que tu te sens mieux.

    « On s'en fout, des autres. Ils ont qu'à penser ce qu'ils veulent. Puis ce serait pas la première fois que des rumeurs courent sur moi, tu sais ? »


Tu sais qu'il ne t'en parlera pas, mais c'est sûrement à toi de le forcer à en parler, non ? Ce n'est sûrement pas le meilleur des endroits, sûrement pas le meilleur des moments. Mais après, tu n'oseras plus, plus jamais. Tu as trouvé le courage de lui parler aujourd'hui, ce soir, ici et maintenant. Pas demain, pas dans un mois, ce soir, ici et maintenant.

    « Tu sais qu'il... est peut être mort, Raven ? Tu le sais, n'est-ce pas ? »


Parce que même s'il ne veut pas y croire, il faut qu'il effleure cette possibilité, sinon, il aura mal, non ? Il en souffrira plus que nécessaire. Tu te mordilles la lèvre, resserre ton emprise sur lui. Tu ne veux pas qu'il parte. Tu veux être son pilier.

Ce soir, tu seras son pilier. Et tous les autres aussi, s'il le faut.

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Mar 4 Sep - 15:52

Alors que tu allais t’éloigner dans l’idée d’éviter les ragots, la main de Yugito s’accrocha à la tienne, t’empechant de t’éloigner d’avantage. Tu eu à peine le temps de tourner la tête qu’il t’attira à nouveau contre lui, t’étreignant et enfouissant son visage dans ton cou. Ses mèches de cheveux te chatouillaient la peau et le nez alors que tu tournais la tête pour regarder d’un air vaguement surpris vers ton camarade. Il avait toujours été très câlin, moins avec toi qu’avec les autres mais tu savais que c’était dans son caractère malgré tout.

Il finit par simplement dire qu’il se fiche des ragots. En un sens, c’est logique. Après tout, tu n’avais jamais compris pourquoi les gens prenaient tellement à cœur de qui pouvaient se dire au détour d’un couloir. Après tout, la seule vérité qui comptait était sa propre vérité, non ? Tu finis par simplement hausser légèrement les épaules, pour montrer que ca t’es égale aussi. Ce que peut penser de toi cette masse grouillante d’anonyme, ca ne t’avait jamais vraiment passionné. Certains pensait que tu étais une fille, d’autre que tu étais un psychopathe qui préparait dieu seul sait quel projet diabolique, on disait aussi que tu étais autiste, lesbienne ou encore tellement d’autre chose que tu en avais perdu le compte. Alors vraiment, un bruit de couloir de plus ou de moins, tu n’étais plus à ça près.

Et puis la voix de Yugito résonne à nouveau. Tu l’écoutes, au début détaché et plus tendu par la suite. Tu n’as pas envie de lui crier dessus, alors que commence par ravaler ta colère qui est monté en flèche, comme toujours dans ce genre de cas.

« Il n’est pas mort. »

Pas une question. Pas une incertitude avec un désir de vérité. Juste une affirmation inflexible et inaltérable.

« Personne n’a été capable de me prouver qu’il l’était alors, il n’est pas mort. Kylian ne m’aurait jamais… laissé. »

Tu refuses de croire que ton cousin t’abandonne, pas sans un mot, pas sans t’avoir revu une fois. Tu veux le revoir au moins une fois, lui dire que…

« Je vais le retrouver, Yugito. Tu verras. »

La force désespérée de l’espoir. A la fois ce qui te fais tenir debout et ce qui te détruit à petit feu. Mais d’une certaine façon, c’est tout ce qu’il te reste de solide. Enfin, presque tout ce qu’il te reste. Parce qu’après tout, tu as aussi ce blond qui se cache dans ton cou. Après tout, lui est là.

« … Yugito. Tu ne vas pas disparaitre toi aussi… hein. »

Une pensée échappée, sans que tu t’en sois rendu compte, sans que tu l’ais réalisé.
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Mar 4 Sep - 19:53

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Il essaie de s'en auto-persuader, tu te mords la lèvre inférieure, tu le serres un peu plus contre toi. Tu n'oses même pas dire un mot. Tu n'oses même pas ouvrir la bouche, rouvrir les yeux. Tu n'oses presque plus respirer. Une preuve. Une preuve de quoi ? De sa mort ? Même si on a retrouvé son corps, il a du être écrasé, presque méconnaissable. Quel intérêt de montrer un corps détruit par des éboulements et par la terreur de la mort à un adolescent qui tenait à lui plus qu'à quiconque ?

Le retrouver ? Mort, oui. Mais tu ne le dis pas, même si tu le penses. Il y a peu de survivants qu'on croit mort, comme Cassandre. Ils sont tellement peu nombreux. Peut être même est-ce la seule que l'on a cru morte mais qui ne l'était pas. Tu sens même les larmes te monter aux yeux, mais tu ne pleures pas, tu ne veux pas pleurer, pas encore. Tu as trop pleuré, cette semaine. Beaucoup trop. Dans les bras de Heath, dans ton lit, sous la douche, dans les couloirs, derrière un escalier. Sans que tu ne saches pourquoi. Un peu pour tout, un peu pour rien. Juste une pression qui s'accumule un peu trop. Tu ne veux pas pleurer, pas ce soir. Ce soir, tu es le pilier de Raven. Il n'est pas le tien.

    « … Yugito. Tu ne vas pas disparaitre toi aussi… hein. »
    « T'es fou... Jamais je ne t'abandonnerais... Mais tu sais... Kylian, il n'est pas là. Il n'est plus là... »


Tes paroles ont traversées tes lèvres avant que tu ne pèses tes mots. Avant que tu ne te rendes compte de ce qu'elles voulaient vraiment dire. Tu le serres un peu plus contre toi, l'empêches de bouger, de partir. Tu ne veux pas qu'il parte, qu'il bouge. Tu t'excuses à voix basse, tu lui dis que tu es désolé, que tu n'aurais pas du dire ça. Enfin... c'est ce que tu aimerais faire, mais pourtant, tu n'y arrives pas. C'est trop dur de lui mentir, de lui faire croire qu'il pourrait revenir. Il n'a pas disparu, il est mort, c'est tout.

La vérité te fait mal. Sûrement pas autant qu'elle lui fait du mal, mais rien que de penser à ce qu'il peut ressentir, ton cœur se serre. Que se passerait-il si tu perdais ta petite sœur ? Sans savoir si oui ou non elle est vraiment morte ? Ne deviendrais-tu pas comme lui ? A croire qu'elle est vivante ? Qu'elle est quelque part, à t'attendre ? Peut être. Sûrement même. Tu la chercherais, tu retournerais ciel et terre pour la voir de nouveau sourire.

Tu l'empêches de bouger, tu bloques ses bras. Tu vas pleurer, presque. Les larmes sont coincées sous tes paupières et tu te redresses, tu soulèves à peine les paupières et ton regard imbibé de larmes croise le sien.

    « Je veux pas que... tu y crois, si c'est faux... je veux juste pas te voir mal, te faire du mal et croire quelque chose qui est sûrement faux je.. »


Stop, arrête. Reste tranquille, Yugito. Ne dis plus rien, baisses les yeux et ne dis plus rien ! C'est ce que te souffles ton esprit, mais pourtant, tu continues :

    « Y'a aucune chance qu'il soit encore vivant, tu le sais, n'est-ce pas ? »


Yugito, tu es l'homme le plus idiot de la Terre. Et tu en es aussi sûr que un plus un égal deux.

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Raven Ninvenci
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Jeu 6 Sep - 19:42

Il te répond et au début, sa réponse t’apaise. Au début. Dès lors qu’il commence à finir sa phrase, tu fronces les sourcils, son poing se serre sans même que tu t’en rendes compte. Tu vas pour te reculer, parce que tu n’as pas envie d’entendre ça, pas de sa part à lui. Mais il te bloque, t’entrave et t’empêche de partir. De t’éloigner. De t’enfuir. Tu commences à essayer de le faire lâcher et c’est là que tu le réalises. Que Yugito a bien plus de force que tu ne le pensais, bien plus qu’il ne le laisse croire. Après tout, ce n’est pas dans les habitudes du blond de rouler des mécaniques pour impressionner ou intimider. Ca serait même presque ridicule de le voir faire ça en fait.

Mais pour le moment, même cette idée ne te donne pas envie de rire. Tu essayes plus franchement de le faire lâcher alors qu’il reprend la parole. Fixant tes yeux avec le regard humide, ce qui te paralyse un bref instant. Comme si tu n’avais pas imaginé Yugito capable de ça. Pleurer. Beaucoup doivent penser la même chose de toi et du rire. Tu savais que c’était un être humain (heureusement) mais quelque part dans un coin de ton esprit, associé les larmes à Yugito était impossible. Ou peut-être que tu n’aurais jamais voulu le voir dans cet état, tout simplement.

Rapidement, tu repris tes moyens sous ses mots. Coupant le moindre de ses silences, ses hésitations par un « arrête » ou un « tais-toi » qui semblent hésiter entre l’ordre et la plainte. Parce que tu ne veux pas l’entendre de sa bouche. Parce que tu as envie d’accorder une confiance presque aveugle à ce qu’il peut te dire. Tu as envie de croire aux mots que dessinent ces lèvres. Mais pas à ces mots là.

« - Y'a aucune chance qu'il soit encore vivant, tu le sais, n'est-ce pas ?
- LA FERME ! »

D’un mouvement violent et soudain, tu t’étais dégagé. Tu n’avais dans l’idée que de ça, te défaire mais ton corps sembla s’animer seul, comme mué par la colère qui couvait en permanence dans ton cœur et qui profitait de cet instant bénis pour éclater au grand jour. Pour se montrer ses crocs dans un acte qui te ressemblait peu et que pourtant, tu avais fais. La seconde où tu t’étais défait avait été immédiatement suivit d’un violent coup de poing à l’adresse du blond.

Comme le bruit fracassant d’un tambour fataliste, ton cœur battit deux coups forts à tes oreilles, te rendant presque sourd sur l’instant, te soulevant le cœur, te retournant l’estomac. Et tu restais là, le poing serré et tremblant, à regarder Yugito sur le sol, sans comprendre. Comme si tu avais fermé les yeux une seconde et que rien ne semblait plus pareil. La douleur à ta main, la joue de Yugito, le silence lourd qui vous entourait. Tu ne comprenais plus rien, tu ne savais même plus où tu étais. Pourquoi tu étais là déjà ? Tu restas quelques secondes, immobile, seulement agité par ta respiration que la colère accélérée. Et comme un film qu’on regarde en accélérer, comme si tu avais eu du mal à assimiler, tout le début de cette soirée jusqu’à cet instant, toi surplombant le blond, tu réalisas ce que tu venais de faire.

Tu venais de frapper Yugito. Tu venais de frapper la seule personne qui avait prit la peine de rester à tes cotés malgré tout, malgré toi.

Tu reculas de quelques pas avant de bousculer un couple, ne t’excusant même pas, portant juste le dos de ta main contre tes lèvres. Un gout acide au fond de la gorge. Et tu fis la seule chose que tu te sentais capable de faire à cet instant. Tu tournas les talons, pour essayer de trouver un endroit, une échappatoire, n’importe quoi qui te permette de t’enfuir loin. Loin de ces mots qui t’avaient mis hors de toi, loin de cette douleur à ton poing, loin de Yugito sur le sol.



Dernière édition par Raven Ninvenci le Mar 18 Sep - 16:12, édité 1 fois
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Jeu 6 Sep - 20:31

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Tu ne t'étais pas vraiment rendu compte de son cri, ni de son éloignement soudain et encore moins du poing qui avait atterrit avec une extrême douceur sur ta joue. Même mieux, tu ne t'y attendais tellement pas que, sur le coup, tu avais reculé, trébuché et tu t'étais retrouvé le cul au sol, la mâchoire en feu et les larmes qui étaient montées aux yeux s'étaient échouées sur tes joues. Pas longtemps, tu les avais immédiatement essuyées. Et tu avais relevé la tête.

C'est dans ce genre de moment, que des questions t'assaillissent. Pourquoi tout ça ? Comment on en est arrivé là ? Pourquoi as-tu parlé ? Pourquoi n'as-tu pas réfléchi avant d'agir ? Est-ce que tu aurais pu voir venir ce coup ? La seule chose que tu savais, c'est que tu n'arrivais à rien. La douleur sur ta joue droite n'était pas très forte. Tu t'étais souvent bagarré, étant gosse, c'était pas un coup de poing qui allait t'empêcher de bouger mais pourtant, tu restes là, assis sur le sol, la joue devenant de plus en plus rouge. Demain, tu aurais sûrement un bleu qui virera dans les tons verts voire violets.

Tu humidifies tes lèvres. Le silence autour de vous est assez lourd. Seulement quelques personnes ont fait attention à vous. Seulement quelques personnes ont arrêtés leur conversation pour vous observer. Déjà, les ragots circulent, tu le sais, tu les entends, même. Ça va du ragot le plus idiot à celui le moins probable. Tu soupires et alors que tu allais relever les yeux. Tu devines plus que tu ne vois les pieds de Raven bouger, partir, fuir.

Tu fronces les sourcils. Il t'as mis une baigne, puis il part comme ça ? Sans demander son reste ?! Tu ne t'es jamais énervé contre Raven, enfin, une seule fois, mais tu n'étais pas vraiment en colère, c'était juste de l'inquiétude très forte et donc, tu avais levé la voix, mais là, tu étais en colère. Vraiment. La colère qui vous prend les tripes, qui vous fait serrer les poings. Celle qui vous donne tellement d'adrénaline qu'on se croit capable de tout. Et en cet instant, tu te crois capable de tout.

Tu te redresses sur tes jambes. Pas question de le laisser filer comme la dernière fois, de te taire et d'attendre que tout se tasse. Parce que ça ne se tasseras pas. Pas cette fois-ci. Un élève, plus jeune que toi, viens te voir, te propose une serviette humide que tu refuses plus ou moins poliment. En fait, tu l'envoies balader et tu le vois baisser les yeux. Tu t'excuses rapidement, prends la serviette humide et la pose sur ta joue qui commence légèrement à brûler. C'est plus la mâchoire que les tempes qui ont pris, donc tu te retrouveras avec, sûrement, un mauvais mal de tête et un gros problème pour mâcher tes aliments durant la prochaine semaine.

La serviette mouillée sur ta joue, la tenant de ta main droite, tu essaies de retrouver Raven parmi cette foule de danseurs et buveurs de punch. Tu te mets sur la pointe des pieds quelques fois, tu n'es pas très grand, pas petit, mais pas grand. Tu le repères alors qu'il va pour sortir de la salle. Tu slalomes entre les personnes, en bouscules d'autres, mais tu n'y fais pas attention. Dans ta course, tu vois Heath en compagnie de Lyria et tu restes surpris quelques instants. Ah oui, cette fameuse question qu'il faut que tu lui poses depuis... très longtemps, peut être trop longtemps même.

Ça y est, enfin. Tu attrapes le bras de Raven avec violence, il fait volte face sous ta force et tu l'emmènes là, dans un coin de la salle. Pas question qu'il se sauve ! Tu le plaques contre le mur, tu te recules de lui juste après. Tu soutiens son regard. Et une bonne dizaine de phrases te viennent en tête, mais tu ne sais pas par où commencer. Lui faire des reproches ? Ce serait une bonne idée. Tu murmures, pour éviter de faire une scène que tout le monde apprécierait de regarder... mais ce n'est pas pour ça que tu es moins en colère.

    « Okay, d'accord, j'y suis peut être allé un peu fort, mais c'était pas une raison pour me frapper ! En plus, j'ai super mal quand je parle, maintenant ! Tu sais que je vais plus pouvoir manger des trucs de consistants pendant cinq jours minimum ? Tu m'as pas raté, et puis, t'as appris à te battre où exactement ?! T'as encore des progrès à faire de toutes façons. Mais on s'en fout. »


Tu te perds dans ton propre monologue. Rien ne change, tout à l'air presque parfaitement normal. Enfin... tout le serait si tu n'étais pas allé trop loin, et s'il ne t'avait pas frappé.

    « Déjà, qu'est ce que je connais sur toi, bordel, hein ? Je connais rien sur toi, je connais même pas ta date d'anniversaire ! Je sais même pas dans quel genre de collège tu étais avant de rentrer à Virtus Insania, je sais rien de toi, rien ! Pourtant, je me suis attaché à toi. Je sais pas moi, c'est à sens unique, c'est ça ? Dis le moi si je te fais chier, non ? Depuis le temps, t'as eu le temps de me le dire, non ? »


Et c'est seulement à cet instant que tu te rends compte que tu ne le connais vraiment pas. Que tu ne sais même pas ce qu'il veut devenir plus tard, quels sont ses rêves. Rien. Il est... un peu comme un inconnu. Tu parles vite, extrêmement vite. Comme si tu étais obligé de dire tout ce que tu penses en un temps limité... c'est le cas, d'un côté. Tu as tellement peur qu'il s'en aille que tu déballes tout le plus vite possible.

    « Bon, ça, encore, tu vois, ça passe. Mais ce qui s'est passé dans cette forêt, je peux pas oublier, okay ? Kylian, je sais même pas qui c'est, tu veux pas m'en parler, quand tu vas pas bien, j'dois faire comme si de rien n'était. Et maintenant, tu m'envoies une pêche parce que je te dis qu'il est mort ?! Super, sympa, merci. Synchronicity a explosée. Tout le monde peut te le dire. Il y a tellement peu de survivants qu'on peut presque les compter sur les doigts de nos deux mains réunis ! Merde. Tout le monde meurt un jour et peut être que je vais crever demain ! Alors... je sais pas moi, profite de ta vie au lieu de... de chercher quelqu'un qui est sûrement mort depuis plusieurs mois. »


Ta joue te brûle. Tu quittes la serviette mouillée que tu as enlevée au cours de ton monologue et tu la jettes sur le coin d'une table. Ton cœur bats vite, peut être trop vite. Et tu t'en veux. Tu t'en veux énormément pour tout ce que tu viens de lui dire.

Si seulement tu pouvais faire marche arrière.

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Mar 18 Sep - 16:11

Tu avais fuis, marchant rapidement aussi loin que tu en avais été capable. Tu avais bousculé quelques personnes sans vraiment prendre le temps de t’en inquiéter. Par deux fois, tu t’étais trouvé face à un mur avant de finalement prendre la direction de la porte. C’était surement le point culminant de cette semaine catastrophique qui t’enfonçait paradoxalement plus bas que six pieds sous terre. Tu n’entendais pas les notes mélodieuses qui agitaient ces couples qui te gênaient, tu n’entendais que l’écho lancinant des mots de Yugito, qui te frappaient à chaque fois un peu plus intensément. Il n’est plus là. L’esprit en miette, le cœur vidé, tes pas ralentissaient alors que tu arrivais devant la porte. Y a aucune chance qu’il soit vivant. Ton regard bordeaux semblait se vider du peu d’expression qui l’habitait au même rythme que le sang qui battaient contre les doigts de ton poing douloureusement chaud, encore imprégner de l’impact contre la joue de Yugito.

Tu restais face à cette porte, la regardant de toute sa hauteur. Tu ne savais pas vraiment si tu devais la passer. Rester ici et essayer d’avancer ou passer cette porte pour revenir à ce que tu étais, celui qui attendait et cherchait Kylian. Ta main hésitait, tendu vers la poignée. Tu hésitais, maintenant que tu n’étais plus seul, peut-être qu’il était temps d’avancer. Mais d’un autre coté, qu’est-ce que tu étais sans ce but ? Qui étais-tu sans Kylian ? Qui étais-tu, Raven ?

Tes doigts frôlèrent la poignée avant qu’une main ne t’attrape le bras violement pour t’entrainer et te projeter contre un mur. L’impact te semble rude mais c’est surement parce que tu fatigues de tout ça. Tu lèves vaguement les yeux pour croiser le regard de Yugito avant de dévier pour regarder ailleurs. De la colère. Tu le vois qu’il est en colère, sa mâchoire ayant déjà bien rougit. Et tu restes là, silencieux et immobile, comme un condamné derrière la table dans un tribunal qui attend le verdict du jury ou du juge. Pas d’air coupable, juste l’angoisse de savoir ce qu’il va finalement être dit. Et puis, le coup de départ retentit d’un coup, claquant l’air avec la force d’un fouet.

Tu ne bouges pas, tu ne dis rien, tu ne réagis même pas à vrai dire. Tu écoutes ce qu’il te dit, avec cette expression qui donne l’impression que tu es ailleurs mais chacun de ses mots te parvient. Tu en retiens la moindre syllabe. Même quand il s’énerve, il ne change pas. Alors pourquoi il est si différent ce soir ? Pourquoi est-ce qu’il a fallut qu’il en arrive à être anxieux, triste, inquiet, énervé… Au fil de ses phrases, la réponse vient toute seule. Le problème n’est pas lui. En réalité, le problème c’est juste toi. Ca l’a toujours été. Alors pourquoi lutter ? Tu n’aimes pas faire les choses qui te demandent de l’effort, ca a toujours été le cas. Te débattre dans une situation qui s’enlise et parait sans issue, c’est quelque chose de bien trop épuisant pour toi. Essayer d’être proche des autres, de leur faire confiance, ca t’épuise. Tu n’en veux plus de tout ça. Tu ne veux plus te sentir comme tu l’es à cet instant, coupable, hors de contrôle, blessé.

Tu relèves les yeux vers lui, alors qu’il continue de parler, de crier à voix basse, d’exprimer tout ce qu’il avait sur le cœur. Tous ses problèmes, ses tourments. Tout ce qui le ronge. Toi.

Tu attends patiemment qu’il est fini, ton regard bien plus distant, vide et neutre. Tu as cette impression, maintenant, tu es creux et léger. Tu n’es plus écrasé sous les doutes, sous les émotions que tu ne contrôles pas. Tu viens juste de les laisser par terre, comme un sac de brique que tu as porté en plus de ton but, ta raison de vivre. Tu n’as pas la force ni l’envie de porter deux sacs de briques, tu ne veux pas entrainer quelqu’un dans ta chute, quelqu’un comme Yugito qui ne voulait que t’aider à porter ce fardeau que tu t’infliges. Tu continueras ton chemin pour rejoindre Kylian à présent, peu importe où est-ce qu’il te mènera.

« Alors... je sais pas moi, profite de ta vie au lieu de... de chercher quelqu'un qui est sûrement mort depuis plusieurs mois. »

Il semble essoufflé par sa longue tirade et toi, tu le fixes simplement, bien plus calme. Vide.

« C’est vrai. »

Deux mots qui tombent comme des pierres, le ton de ta voix n’étant pas spécialement froid ou agressif. Juste vide.

« Tu ne connais rien sur moi. »

Comme le coup de marteau de ton verdic, sans même esquisser le moindre geste, tu arrives à t’éloigner. Le premier coup de pelle de ce trou que tu as décidé de creuser entre vous. Parce que c’est mieux ainsi. Parce que tu n’es pas quelqu’un qui est capable de lui apporter ce qu’il lui faut. Parce que c’est tout ce que tu peux faire pour lui au final. Et tu le sais à présent.

« Et ne parle pas comme si tu connaissais Kylian. »

Tes sourcils s’étaient froncés, ton regard s’était durcit.
Oui, c’était ainsi qu’était les choses à l’origine. Tu ne faisais les choses que si ca te rapprochait de Kylian. Tu ne t’énervais que si l’on s’en prenait à lui en parole. Parce que c’était comme ça que ca devait être. Est-ce que tu y arrivais toujours aussi bien ?

Tu te décollas du mur avec une légère impulsion de tes mains sur celui-ci. Tes cheveux passèrent sur ton visage, te gênant. Tu devais vraiment les faire couper. Tu t’en occuperais en rentrant à Virtus. Lâchant un soupir las, tu détaches ta cravate qui te gêne, tu te débarrasses de ta veste sur le coin de table où repose la serviette humide de Yugito. La lanière violette pendant de chaque coté de ton cou, tu défais le premier bouton de ta chemise. Tu as besoin d’air. Tu as besoin de garder un peu de contenance, juste quelques instants de plus.

« Tu es vraiment lourd en fait. »

Je suis désolé Yugito. Tu ne peux pas rester comme ça. Tu ne dois pas venir avec moi là où je vais. Il vaut mieux que tu abandonnes. Pour toi.

Tu te détournes, pour t’éloigner. Parce qu’il n’y a plus rien à ajouter pour toi. Parce que tu n’es pas sûr de réussir plus longtemps. Est-ce que tu as réussis ? Est-ce que tu as réussis à briser cette chose étrange qui vous reliait, sur laquelle tu n’avais pas encore réussis à donner un nom et que tu ne pourrais plus jamais apprendre à comprendre. Est-ce que tu avais fais ça bien ?

Il devait te haïr si c’était le seul moyen. C’était surement le seul moyen possible. Parce que Yugito n’arrêterait jamais sinon. Il n’arrêterait jamais de se détruire à petit feu comme tu pouvais le faire. Sauf que toi, tu savais vers où tu allais et tu refusais qu’il t’y suive. Peu importe ce que tu devrais faire.

Parce qu’il était ton ami.

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Jeu 20 Sep - 8:26

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Une, deux, trois. Tu attends. Tu serres les dents, les poings. Chacune de ses paroles est une claque qui te fait tourner la tête. Et ce mot tourne toujours dans ta tête. Franchise. Franchise. Franchise. Les mensonges, tu les détestais. L'hypocrisie, tu la haïssais. Et Raven t'annonçait tout ça comme si c'était normal. Comme si... comme si vous n'étiez rien, véritablement rien.

Tu te mords la langue pour ne rien dire. Tu veux lui crier. Dégage ! Dégage de là ! Mais tu n'y arrives pas, c'est plus fort que toi. Tu restes là, silencieux, et tu attends. Tu le vois se décoller du mur d'un léger mouvement de bras. Tu le vois défaire sa cravate, poser sa veste, déboutonner le haut de sa chemise. Tu le vois, et chaque mouvement qu'il fait est un pas loin de toi. Un pas pour te fuir, un pas pour partir, loin de toi, vraiment très loin, peut être même à l'autre bout du monde.

Est-ce que tu le retiendras, cette fois ? Est-ce que tu vas lui courir après ? Est-ce que tu vas attendre ? Est-ce que... est-ce que tu vas être toi, ou abandonner, tout simplement ? Tu n'abandonnes pas si facilement, d'habitude. Mais après tout, ça fait des mois que ça dure. Des mois que tu lui cours après. Des mois.

    « Tu es vraiment lourd en fait. »


Tu te fous de moi ?! Apparemment pas. Le bout de ta langue saigne, tellement tu mords fort et le goût métallique s'étale dans ta bouche. Tu déglutis, tentes de garder ton calme. Il te tourne le dos, comme pour mettre la dernière pierre qui terminera le mur qu'il décide de créer entre vous.

    « Alors tu t'en vas comme ça, c'est ça ? Tu décides de partir ? De me dire ça seulement après je ne sais pas combien de temps qu'on a passé ensemble ? Et le petit sermon de tout à l'heure, c'était quoi ? Une façon de me dire : ah, en fait, j'en ai rien à foutre de toi, mais je veux quand même savoir ce qui va pas pour bien t'enfoncer auprès des autres ? Pour la franchise, c'est pas gagné hein. »


Une boule se forme au creux de ta gorge, tu serres les dents, restes silencieux quelques centièmes de seconde, juste pour reprendre contenance, juste pour ne pas lui hurler dessus, juste pour ne pas te mettre à t'effondrer comme tu pourrais le faire.

    « Vas-y, continue de poursuivre une personne morte, je me demande comment tu vas te retrouver une fois que tu seras au bord du gouffre, dans une forêt, incapable de bouger. Cette fois-ci, je viendrais pas te chercher. »


Ta voix se brise. Presque. Pas encore, pas définitivement. Et d'un ton cynique, tu envoies tes dernières paroles. Parce que tu ne veux pas qu'il parte comme s'il avait gagné. Tu veux qu'il revienne, tu veux que cette soirée ne soit pas une catastrophe, même si c'est trop tard pour tout réparer.

    « Ah, mais c'est vrai. Tu n'as jamais eu besoin de moi, c'est ça ? »


Tu attends quelques secondes. Mais tu ne peux pas rester ici, tu ne peux pas. C'est tout simplement impossible. Tu fais quelques pas, tu t'éloignes de lui, te détournes.

    « T'es vraiment con, Raven. »


Tu cherches le buffet des yeux. On peut se bourrer, avec du punch ? Tu bouscules deux trois personnes en te dirigeant vers le buffet. Tu vas tester ça immédiatement.

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Lun 24 Sep - 12:41

Tu es lâche. Tu es incapable de lui faire face pour encaisser le résultat de petit speech trop bien rodé. Alors tu te contentes de lui laisser ton dos, le laissant vider son sac, cracher toute la haine qui monte graduellement en lui. Au premier mot que tu as décoché plutôt, tu avais déjà commencé à te préparer à ce genre de réplique de sa part. Et pourtant, aussi préparer que tu étais, même résolu à te prendre un coup, tu n’aurais pas imaginé que ca te fera si mal. Alors tu lui tournais le dos, te cramponnant aussi fort que possible à ta décision maladroite, ta décision de t’éloigner un peu plus de ce monde lumineux dans lequel baignait Yugito pour t’enfoncer dans des ténèbres qui t’étaient bien trop familière pour que tu les abandonnes.

Tu savais que tu avais choisis les bons mots. Parce que tu savais que la franchise était une chose importante pour Yugito. Tu savais que tu le blesserais mais tu savais aussi qu’il serait capable de se remettre de ça. Parce que tu avais confiance en lui et que tu ne le quittas pas en ne lui laissant rien. Tu avais bien l’intention de remplir cette place qu’il avait consacré à l’affection qu’il te portait par de la haine ou quoique se soit de semblable. Parce que c’était mieux comme ça. Parce qu’il ne fallait absolument pas qu’il finisse par se dire que, quoique tu dises, il serait ton ami.

Comme si le temps s’était figé autour de toi, tu avais l’impression d’être devant un grand mur blanc sur lequel on projetait un souvenir. Celui de la première fois que Yugito était venu te parler. Le sourire aux lèvres, la joie dans la voix. Qu’est-ce qu’il avait été agaçant et persistant. Pourtant, tu n’avais absolument rien fait pour qu’il reste ou se sente à l’aise à tes cotés. Mais petit à petit, il avait tranquillement fait sa place et avait laissé sa marque. Peut-être que c’était celui qui te connaissait le mieux à Virtus. Pas peut-être en réalité, surement. C’était le seul à s’être inquiété, à t’avoir grondé, à t’avoir chatouillé… à t’avoir fait rire, même rien qu’un peu.

« T'es vraiment con, Raven. »

Tu n’as pas idée d’à quel point.
C’était étrange cette propension que tu avais de te rendre compte de la valeur des choses à tes yeux quand tu les perdais. Kylian, Yugito. Maintenant qu’ils étaient tout les deux inaccessibles pour toi, le premier malgré toi et le second à cause de toi, tu mesurais toute la valeur de ce qu’ils représentaient à tes yeux.

Tu jetas un regard par-dessus ton épaule, regardant le dos de Yugito s’éloigner avant de regarder à nouveau devant toi. C’était mieux ainsi. Le petit blond retrouverait le sourire rapidement, vos chemins ne se croiseraient surement plus jamais. Toi qui marchait dans l’obscurité de tes souvenirs et de tes espoirs d’illusionnés. Tu ne pouvais pas te permettre d’entrainer une personne comme lui avec toi.

Pour le moment, tu t’éloignas dans un coin calme de la salle, décidé à attendre simplement l’autorisation de rejoindre ta chambre pour t’endormir sur ton sac déjà prêt. Tu n’en pouvais plus de cette école et de tout ce qu’elle te rappelait à présent.

Et surement qu’un jour, tu te retrouverais seul dans une forêt, seul et plus proche de retrouver Kylian que j’avais.
Mais dans le fond, tu t’en moquais complètement à présent. Tu te moquais de tout.
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Prophetia
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Lun 1 Oct - 9:18

Alors que votre dispute vient juste déclarer, alors que vous êtes d'un côté et de l'autre de la pièce, les lumières s'éteignent. Il y a ce brouhaha de surprise, ces vois qui s'élèvent, qui s'inquiètes, et puis un adulte, qui parle. Qui calme tout le monde. IL faut dire, Monsieur Ostrogoth a un don pour ça. Et quand il vous annonce que c'est la fin de la soirée, qu'un magnifique feu d'artifice se prépare, tout le monde s'enchante, suit les directive et se rend sur le balcon. Tout le monde.

Yugito, tu t'y rend de bon coeur, ça te changera les idées, il est vrai. Quoi de mieux qu'un feu d'artifice comme ça, pour un gamin comme toi ? Par contre, Raven, c'est un professeur, qui te presse de sortir, et tu t'exécutes. Combien il y avait-il de chances qu'il te laisse au mains du blond que tu venais de quitter, en prétextant qu'il avait d'autres personnes à accompagner ?

Vous êtes libre de continuer le sujet, ou simplement de décider que les deux garçons s'ignorent et partent chacun dans leur coin. (Ou le faire en RP, au choix.)
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21.04 Installation du design printemps-été. Les nouveautées arrivent bienôt, on a juste essayer de vous faire déjà un joli truc ! N'hésitez pas à donner votre avis dans le FLOOD
AVRIL Un petit rappel des derniers évènements survenus à Clever Cross. Comment s'est finalement terminé le bal tout droit sorti d'un conte de fée. ICI

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EN CONTINU L'été arrive. Préparez vous tous à sortir vos maillots ! Les directeurs de Virtus Insania et de Clever Cross vous réservent une jolie surprise !