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 Away From The Sun (Clyde)

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Lyria Sandman
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Ven 29 Juin - 15:03


I'm so far down,
away from the sun
Il y avait très peu de chose que tu ignorais. En fait, tu pouvais même te targuer de savoir beaucoup plus de chose que la moyenne des gens de ton âge. Et ca valait aussi pour les rumeurs, les ragots, les bruits de couloir. Pas besoin d’aller te fondre dans la masse des curieux ou des pipelettes. Les gens étaient tellement ravis de faire courir une information non vérifié ou même vérifié, que tu avais juste besoin de passé à coté d’eux pour tout savoir. Du couple de lesbiennes dans les classes de Virtus aux stupidités à propos d’une phobie de papillon de sa seigneurie aux roulettes chromées. Rien, rien ne t’échappait entre ces trois murs froids. Pas même cette rumeur à propos de toi et le blond aussi intelligent qu’une huitre lobotomisée.

Ce dont tu n’avais pas entendu parler, c’est ce à quoi tu assistais alors que tu arrivais dans l’infirmerie, persuadée qu’une fois de plus, l’infirmière serrait absente. Tu étais rentrée comme si c’était chez toi et tu t’étais fait hurler dessus par cette bonne femme habillée en blanc qui refaisait les pansements d’un élève.

« Pas la peine de gueuler. Y a un élève dans les dortoirs de Synchro qui est cloué au lit par une fièvre qui tuerait un cheval. Mais bon, j’aurais peut-être du attendre encore un peu, sait-on jamais. Ca nous aurait fait plus de place. »

Une main sur la hanche, tu agitais l’autre dans l’air, comme si tu parlais du résultat du dernier cours de maitrise du don. Elle grommela quelque chose entre ses dents, termina rapidement le bandage du blessé avant de prendre une sacoche pour quitter l’infirmerie. Sitôt la porte se fermait que tu allais vers l’armoire à pharmacie pour choper un flacon de ces pilules que tu prenais en quantité trop importante pour chasser tes migraines.

Tu aurais pu partir mais cette tête de cendrier, tu la connaissais. Et tu ne ratais que très rarement l’occasion de piétiner le peu de fierté qu’il pouvait lui rester (si jamais il en avait eu un jour).

« Tiens qui voilà. »

Tu affichas un petit sourire en coin.

« Je vois que tu as encore brillé pendant un cours de maitrise de don. Ca ou tu t’es encore cassé la figure dans les escaliers. »

Même si la dernière fois qu’il avait du dégringoler les marches, ca n’était surement pas étranger à ta présence dans les environs. Il fallait bien que tu exerces ton don quotidiennement après tout.
Même si cette fois, ce n’était pas toi. Un de ces tournois, surement. Ca ou autre chose. Tu n’aimais pas ne pas savoir. Et puis, ce type t’énervait et agressait ton sens de l’esthétisme par sa simple existence.

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Clyde Jaggerjack
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Ven 6 Juil - 13:16




Quel est l’avantage de se faire frapper par un mec au hasard et de finir avec des bouts de verre sous la peau ? Cherchez bien, il n’y en a qu’un seul : celui d’échapper aux cours de sports, si on peut vraiment les appeler comme ça. En fait, « séances de tortures hebdomadaires » conviendraient mieux aux heures interminables que vous passez à suer comme des bœufs sur la piste. Or, oh, misère, l’infirmière te réclamait tes matinées pour s’affairer à refaire tes pansements, c’est trop bête, juste sur l’horaire de l’éducation physique et sportive. Tu en mourrais de chagrin et de désappointement, pour sûr. Entre tes rideaux blancs, bien assis sur ton lit grinçant, tu attendais que la dame en blanc débarque pour t’arracher tes bandelettes noircies. Ça te piquait un peu : ça n’avait pas encore tout à fait cicatriser, peu importe, la souffrance était toujours plus supportable qu’un jogging au stade de Virtus Insania. Pour l’éviter, tu irais même jusqu’à te rouvrir tes plaies. Ce qui t’en empêchait : la peur de ton incapacité à participer au Mortuus Game. Tu ne pouvais te permettre de t’y présenter blessé, fatigué ou même fiévreux : tu trouverais là-bas, de redoutables concurrents, sûrement bien meilleurs que toi, alors ce n’était pas le moment de régresser !

Tu profitais donc, avec délice, de tes dernières heures de tranquillité à l’infirmerie, avant de t’imposer un entraînement draconien : mais il le fallait, pour Nikolaï, pour toi, aussi dans un sens. Gonflé à bloc, toute ton assurance retomba d’un coup à la vue d’une fille. Cette fille. Pas n’importe laquelle, la fille. Si Gabriel de St Andrez ne te courait pas après pour te persécuter et se contentait de t’écrabouillait quand tu passais par hasard sous son pied, elle, elle était pire que tout. Tu lui accordais le respect minimum qu’on se doit de distribuer à son entourage et à une Lady, mais pour le reste : tu la méprisais. Vénéneuse, méchante, piquante, empoisonnée, voilà comment tu qualifiais Lyria. Elle te faisait penser à ce genre de fleur qui a l’air de sentir bon, qui a l’air doux au toucher, qui est magnifique à la vue, puis quand on se penche dessus et qu’on y pose ses doigts, on finit à l’hosto avec des épines dans les paumes et du venin sur les lèvres. Tu la haïssais, peut être même au-delà de la haine, et la craignais tout autant.
Quand elle te repère, elle sourit, contente de trouver quelque chose à démonter. En trois mots elle donne le ton : rien a changé, c’est toujours la même vile petite peste. Elle se fiche de toi ouvertement, sans même se préoccuper de camoufler légèrement son ironie, ou peut-être te croit-elle trop idiot pour la saisir de toutes façons. Tu boues à l’intérieur, pour la première fois de ta vie, tu en as marre qu’on te marche dessus, tu en as marre qu’on t’écrase et tu as l’envie irrépressible de lui fermer son grand clapet.

A la question qu’elle te pose, et que tu aurais habituellement feint de ne pas entendre tout en rampant vers la sortie, tu risques une réponse. Une réponse courte. Courte pour qu’elle n’entende pas que ta voix tremble. Tu ne la regardes même pas dans les yeux, de peur d’être déstabilisé, ou plus effrayé que tu ne l’es déjà.


« Ni l’un, ni l’autre. »

Tu te tournes pour ne pas avoir à lui faire face, soupires et poses ton gant rose sur une table de chevet. Tu as envie de rire parce que tu sais qu’elle attendait que tu lui dises ce qu’il t’était arrivé pour mieux se moquer de toi par la suite. Tu as envie de rire parce que tu te doutes qu’elle croit que tu vas déguerpir en quatrième vitesse. Mais c’est fini tout ça, tu en as marre d’être la faible petite chose, ça fait trop mal de se faire piétiner constamment. Et que dirait ta sœur si elle te voyait comme ça ? Envahi par un courage nouveau, tu oses même ajouter, rien que pour agacer ton bourreau :

« Et de toutes façons, ça ne te regarde pas. »

Sûrement une phrase que tu allais payer très cher, mais tu t’en fichais : tu n’allais pas passer toutes tes années à Virtus sous le joug de cette fille non ? Autant te prendre une bonne baffe maintenant, et qu’on en finisse au plus vite.
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Mar 10 Juil - 15:42


Just get off my way
Tu haussas un sourcil. La chose, ce truc mou affublé d’un gant rose au gout douteux venait oser te répondre, d’un ton sec et cassant. Un mince et très court silence se posa. Court mais bien présent, ne laissant pas le moindre doute sur la véracité de son existence. Et puis finalement, il finit écraser par un ricanement moqueur et odieux qui résonna tout aussi brièvement. C’était ta réponse. Enfin presque.

« Depuis quand tu t’es acheté un semblant de courage, la lavette ? »

Tu croisais les bras devant toi, gardant cette expression hautaine mais aussi celle du bourreau qui vient de trouver une nouvelle utilisé à un vieux jouet usé qui commencer à devenir lassant. Finalement, cette tête de cendrier savait répondre et faire autre chose que courber l’échine à la première remarque. Parfait. Ca ne serait que plus amusant que de le rabaisser. Mais tu devais lui reconnaitre qu’il avait vraiment du courage, sachant ce qui allait surement lui arriver, d’oser te répondre sur ce ton d’agacement à la limite de la provocation.

« Et puis, je me fiche de savoir comment tu t’es fais ça. Tu es tellement torturé que tu aurais fichu de te faire ça toi-même. »

Tu avais envie de savoir mais le fait qu’il ne te le dise pas, ce n’était pas ce qui allait t’empêcher d’apprendre le fin mot de l’histoire. Tu trouverais bien quelqu’un qui savait quelque chose. Tous des commères dans cette école.
D’un geste de la main, tu fis décoller rapidement le gant de caoutchouc de la table où il l’avait posé pour le faire venir à toi, l’attrapant au vol.

« C’est vraiment pitoyable de devoir se trimbaler un truc pareil parce que tu n’es pas fichu de contrôler ton don. »

Esquissant un sourire carnassier, tu allas tranquillement vers le bureau pour t’assoir, amenant à ta main une paire de ciseau avant de prendre soin de découper cet accessoire affreux en petit lambeau. Continuant lentement ta tache, tu repris la parole.

« Au final, tu aurais mieux fait de le perdre ton bras, pour ce que tu sais t’en servir tout compte fait. A moins… »

Tu laissas filer à autre rire narquois avant de reprendre ta phrase, sur un ton qui ne laisser pas le moindre doute sur le fond de ta pensée.

« A moins que tu n’ais l’idée complètement stupide de participer à ce nouveau jeu de massacre qui va avoir lieu. Ca rendrait service à tout le monde que tu y restes au final, même comme ça, tu entacherais moins la réputation de l’école qu’en restant la lavette que tu es. »

Achevant le gant d’un dernier coup de ciseau, tu jetas l’ultime morceau de caoutchouc rose au sol avec ses pairs. Tu le méprisais parce qu’il existait. C’est vrai après tout. De quel droit est-ce qu’il se permettait d’être encore en vie ? Ca te rendait presque malade de savoir qu’il s’en était si bien sortit de cet attentat. De quel droit est-ce qu’il continuait son insignifiante vie d’être inconsistant de façon aussi insouciance ? Il n’avait pas le droit.

Tu ne le laisserais pas faire.
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Mer 11 Juil - 14:20

Vous voyez ce cliché du méchant, dans les dessins animés, qui explosent de rire au nez des enfants faibles qui se révoltent ? Vous sentez à quel point ce genre de ricanements mesquins pique l’orgueil du héros de l’histoire qui finit par douter de lui ? Bon, eh bien, Lyria, c’était tout ça. Sauf que tu n’étais plus un enfant, et encore moins un héros.
Pendant le silence qui avait précédé ce rire, tu avais serré les dents comme un gosse qui attend sa fessée, la tête rentrée dans tes frêles épaules. La pluie d’insultes ne tarda pas à suivre et la première fut « lavette ». Quoi ? C’est tout ce qu’elle a dans le ventre ? Gabriel de St Andrez t’en sort quinze à la seconde, des comme ça. Tu pouvais endurer bien pire, et Lyria pouvait faire bien mieux : ça n’était que l’échauffement. Le bourreau n’était même pas encore monté sur le ring, n’avait même pas enfilé ses gants, voir même, n’avait même pas encore ôté ses compensés.

Tu écoutas chacun de ses mots amers silencieusement, buvant ses paroles sans en avoir l’air, tête baissée, juste pour te souvenir de tout ce dont tu devrais te venger. Il n’était pas question de courage dans ton changement d’attitude, loin de là : tu étais juste las de ramasser les miettes du « toi » que les autres s’étaient, tant de fois, amusés à piétiner. Sans raison.
Tu n’as jamais rien fait de mal à personne, jamais intentionnellement, même pas à une mouche. Tu ne t’es jamais particulièrement démarqué. Tu n’as jamais rien demandé de toutes ces persécutions et maintenant : tu es fatigué. Tu en as marre. Ta rencontre avec ce fameux Andersen qui n’avait même pas daigné te donner son véritable prénom fut le déclic : tu n’en pouvais plus d’être la victime de service.

Lorsque la princesse du Mal te soupçonna de mutilations, tu ne pus t’empêcher d’en sourire : pour la première fois, elle te surestimait. Causer de la douleur à ton propre corps ? Tu en étais bien incapable, trop douillet pour ça. Une microscopique écharde te ferait monter les larmes aux yeux, alors imagine-toi avec une lame de rasoir ou de cutter, même pas désinfectée, dans les mains. Entre les doigts de Lyria, ton gant tomba en lambeaux tandis qu’elle te susurrait des mots venimeux. Des mots qui auraient pu te blesser, un an plus tôt, mais qui avaient, aujourd’hui, perdu de leur sens. Bien sûr, elle n’avait pas tord sur toute la ligne, et elle ne s’était pas totalement trompée sur le fait que tu ne contrôles pas entièrement ton don. Pas entièrement, oui. Mais ces quelques mois dans cette école si rude t’avaient au moins servi à quelque chose : maîtriser parfaitement la charge de ta main, au point d’en déterminer les phases dangereuses ou non. Ce matin, tu en étais à 13%, à peine suffisant pour secouer une personne. Le petit jeu de Lyria qui voulait que tu te craignes toi-même aboutissait, sans qu’elle ne le sache, à un échec monumental, dont tu te gardais bien de lui dévoiler. Tu préférais l’observer se plaire dans ses menaces, puis changer de ton, lorsqu’elle se rendrait compte de sa bêtise.

De toutes façons, ce genre de gants se trouvaient partout : E-bay et les colis sont tes amis. Et puis, tu pourrais t’en racheter une paire un peu moins…rose, ce qui t’évitera certainement bon nombre de railleries de tes camarades et humiliations à la cafétaria. Tous ces morceaux de latex roses éparpillés sur le sol ne te faisaient ni chaud ni froid. Si ça lui faisait plaisir d’installer sa puissance en déchiquetant un bout de plastique, qu’elle le fasse : ça ne te coûtait que quelques euros et les quelques minutes qu’elle mettrait pour s’ennuyer et dégager d’ici.

Et elle parlait, elle parlait : un véritable moulin à paroles. Tu te mis à en avoir pitié, à te demander ce qu’elle fichait là, à s’acharner sur toi, alors qu’il y avait tant d’autres choses à faire. Est-ce qu’elle avait des amis ? Tu la verrais bien en couple avec Andersen, comme ça ils compenseraient leurs pulsions de violence en se tapant l’un sur l’autre. Quoique tu ne voudrais pas qu’il la frappe avec une bouteille. Elle est bien trop jolie pour qu’on n’y lève la main dessus, et même toi t’interposerait devant quelqu’un qui oserait le faire –enfin, ça, ce serait si tu acquérais un minimum de courage-.
Tu la trouvas clairvoyante et ne pus t’empêcher de l’en féliciter d’un discret hochement de tête, lorsqu’elle devina tes intentions de participer au Mortuus Game. Projet qu’elle qualifia instantanément d’hilarant, en te souhaitant –non pas tout le meilleur du monde, mais d’y rester. Oui, toujours plus de sympathie.
Tu sors de tes draps rugueux, et avances vers elle en grattant ton bandage. A sa hauteur, tu ne la regardes pas, te penches, et ramasses les vestiges de ton anti-don puis pars les jeter dans la corbeille. Paresseusement, tu regagnes ton lit, en rabattant les draps sur tes jambes et déclares :

« Tu sais, Lyria, que j’y participe ou pas… »

Tu lui tournes le dos, et poses la tête sur l’oreiller, en espérant que son don ne soit pas assez puissant pour qu’elle te prive de ton lit ou te balance une seringue dans l’iris. Tu t’installes confortablement : avec ce que tu vas lui répondre, tu risque bien de finir six pieds sous terre, alors autant vivre tes derniers moments convenablement. Feignant l’ignorance la plus totale, tu termines :

« …ça ne te regarde toujours pas. »


D’un côté, tu as envie de te jeter à ses pieds, en lui hurlant de te pardonner ton affront, de l’autre, tu as envie d’exploser de rire à gorge déployée : ça fait tellement de bien de se sentir vivant.
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Mer 11 Juil - 16:02


Did I just lose my mind?
Il était encore plus irritant. Dans son audace, dans cette rébellion, il était devenu encore plus agaçant. Encore plus creux. Et ca t’énervait. En vérité, il y avait énormément de chose qui t’énervait en ce moment. Mais c’était une autre histoire. Tu l’observas t’ignorer, vaguement réagir. Pas assez. Et doucement, comme une jauge qui se remplit lentement mais jamais assez lentement. Il était encore plus inconsistant qu’à l’origine. Au moins avant, le voir trembler et bredouiller avait quelque chose de divertissant. Maintenant, tu n’avais même pas cette satisfaction.

Il te répondait à nouveau, que ces choses ne te concernaient pas. Evidement. Mais c’était tout l’intérêt de la chose. A quoi bon arracher des aveux à propos de quelque chose que tu devais savoir ou qui te regardait ? Dans l’immédiat, tu finirais par le savoir de toute façon. Il se réinstalla dans ce lit d’hôpital, faisant grincer le sommier métallique. Il osait. Essayer d’inverser les rôles. Il avait l’impudence. Cette école te tapait de plus en plus sur le système. Tu en avais marre. Tant pis. C’est lui qui prendrait.

Un silence, bien plus long que le premier s’installa. Tu fixais son dos bandé. Tu lui laissais une dernière chance quelque part, celle d’implorer ton pardon. Non pas que ca le dispensera de la suite mais peut-être que tu aurais été moins… en fait non. Ca n’aurait surement rien changé. Mais de toute façon, personne ne le saura. Tu finis par descendre de ton trône, laissant juste entendre le bruit de tes pas qui frappe le sol. Tu glissas le flacon d’anti-douleur dans ta poche avant de laisser finalement filer ta voix.

« Ah oui ? »

Un ton neutre. Un ton qui ne disait rien. Qui ne laissait que l’incertitude d’une question rhétorique contre une affirmation sarcastique. Rien de bon pour la suite. Rien de bon. Un déclic, le verrou de la porte qui glisse pour condamné la sortie. Et à nouveau le silence, qui se rythme du bruit discret de tes pas. Qui se rapproche de Clyde. Parfois, l’absence de mot est bien plus efficace pour torturer quelqu’un. Tu respires lentement, tu ne dois pas perdre le contrôle de tes nerfs. Tu y arrives pour le moment, enfin presque. Dommage pour ce verre qui glisse jusqu’à éclater sur le sol sans prévenir.

Un coup de départ presque. Tu lèves soudainement tes mains, le lit se soulevant soudainement pour finir par rester dresser sur le flanc, laissant son occupant choir sur le sol. Tu abaisses tes mains par la suite. Ca t’impressionne toujours de voir à quel point la colère arrive à augmenter tes capacités. A moins qu’il ne s’agisse en fait qu’une perte de contrôle que tu canalises tant bien que mal.

« J’irais bien voir si tu vas bien, mais dans le fond… »

Tu avances lentement jusqu’à t’appuyer contre le mur à proximité du lit bizarrement positionné. Tu lui jetas un regard en coin, toujours aussi calme en surface.

« … ca ne me regarde pas, n’est-ce pas ? »

Cette larve ne devait surement pas nourrir l’espoir de participer et gagner ces jeux. S’il voulait jeter sa vie aux orties, il aurait mieux fait de se jeter sous un mur et rester ensevelis dans les décombres de Synchronicity. Oui, ca aurait un service rendu à l’humanité entière.

Et voilà qu’une migraine commençait à s’installer en fond. Heureusement que tu avais des cachets.
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Jeu 12 Juil - 19:33

Un petit « clic », presque inaudible d’où tu es, qui ne présage rien de bon, va même jusqu’à faire fondre le peu d’assurance que tu t’étais forgé. Elle va te massacrer, te découper en minuscules rondelles, puis te balancer dans une rivière polluée. Dans ta tête défilent tous les scénarios catastrophes possibles et inimaginables, ceux du jour de ta mort, ceux d’aujourd’hui. Que tu lui répondes une fois, elle aurait pu trouver ça distrayant puis t’aurait écrasé gaiement du talon et serrait partie en chantonnant. Mais deux fois. Deux fois, ça signait ton arrêt de mort, ton suicide irréfléchi, la fin de ta vie catastrophique. Et tu ne le compris que trop bien quand elle te fit bouillir d’impatience en s’approchant de toi au pas. Le temps s’était figé pour ne donner vie qu’aux petits pieds de Lyria et aux claquements qu’ils produisaient sur le carrelage. Plus elle s’approchait, plus tu te terrais dans ton lit, plus les larmes te montaient aux yeux, plus tes tremblements commençaient à resurgir. Tu ne te retournais pas, tu préférais qu’elle ne voit pas tes yeux humides : elle aurait été trop contente.

Le silence se brise sur la chute d’un verre, celui que tu avais laissé sur la commode en ferraille, à moins d’un mètre de toi. Tu sursautes, et te serres dans tes draps en fermant les yeux plus fort. Comme un gamin qui a peur du monstre sous le lit, ici la chose monstrueuse, c’est une minuscule dame aux cheveux blancs, mais elle, elle ne prend même pas la peine d’être discrète avant de te dévorer tout cru.
Soudain, tu perds l’équilibre, le matelas s’échappe sous tes hanches, ton oreiller fuit ta tête et toute ta carcasse s’écrase lamentablement sur les carreaux gelés. Tu te retournes brusquement, la dévisages, paniqué : elle est là, au-dessus de toi, son sourire méprisant collé aux lèvres. Tu grinces des dents, fronces les sourcils et rétorques aussi calmement que possible :

« Ex..exactement… »

Tu déglutis, ton petit masque d’impassibilité s’effrite, et tu te débats tant bien que mal pour conserver un semblant d’assurance. Mais ta volonté flanche, la peur te mord les os, et tu ne trouves rien de mieux à faire que de redresser le lit, et ramasser silencieusement les morceaux de verre.
Tu te dis que c’est dangereux, qu’il ne faudrait pas que quelqu’un de déjà malade y marche dessus. Surtout l’infirmière, elle n’est pas mauvaise, et elle te fait de bons bandages, alors tu ne voudrais pas qu’il lui arrive malheur. Tu combles ton esprit de pensées inutiles pour échapper aux yeux qui transpercent ton dos, ils te lacèrent, te brûlent. Il n’est peut-être pas trop tard pour implorer son pardon… Non ! Non ! Il faut que tu tiennes, donne-toi un peu de contenance, dépêtre-toi de là, nom d’un chien ! Pour une fois dans ta vie, dresse ta défense au plus haut pour éviter le plus gros, récupère un peu de cette chose, que tu as perdu depuis bien longtemps : un semblant de fierté. Fais toi violence pour réussir, au moins, à ne pas ramper à ses pieds.

Le lit de retour à sa position initiale, tu y reprends place en y posant prudemment tes fesses, de peur qu’il retombe à nouveau. Tes jambes ne pendent pas, bien trop longues, mais d’un côté, ça te rassure d’avoir encore les pieds sur terre. Tu inspires longuement, frottes tes yeux rougissants et plantes ton regard dans le sien. Sûr de toi, ça serait trop dire, confiant aussi. Déterminé, mais mort de trouille, voilà ce qui conviendrait. Et c’est baigné dans cette peur, que tu oses lui décrocher ces quelques mots :

« Si tu as fini, tu peux t’en aller. »
Tu ne baisses pas les yeux, tu attends qu’elle te saute à la gorge ou qu’elle passe simplement la porte. Peut-être qu’elle te fera languir un peu plus sous la torture du silence, c’est aussi une option. Tu t’attends à tout de sa part, tu veux juste qu’elle sache que désormais, tu ne seras plus l’insecte qu’on se plait à écraser en l’observant s’agiter.
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Sam 14 Juil - 14:56


And she's searching for no one...

Sa voix tremblait, ca en était lamentable. Il retenait presque son souffle à chacune de ses phrases. Pitoyable. Alors qu’il ramassait docilement une nouvelle fois, les restes des dégâts que tu avais provoqués, comme un brave valet soumis qu’il pensait avoir troqué contre une rébellion en toc, tu le jaugeais du regard. Son absence de réaction t’agaçait. Au point que lorsqu’il avait les morceaux de verre entre les mains, tu avais du refreiné l’envie de lui marcher dessus pour lui faire passer l’envie d’être aussi… distant. Et pourtant, tu restais simplement adossé au mur, l’observant. Alors c’était ainsi.

Pendant qu’il terminait de tout ranger, tu ne bougeas pas d’un pouce, fixant un point droit devant toi, comme s’il n’existait plus à tes yeux. Certes, être ta victime n’avait jamais du être une partie de plaisir mais pourtant, c’était d’une certaine façon se démarquer des autres. En bien, en mal. C’était existé en tant qu’être à part entière à tes yeux. Toi qui ne voyais l’humanité que comme une masse que tu définissais que par le principe de « Moi et les autres ». Et en vérité, il y avait trois catégories. Toi, eux et les autres. Les autres étant la masse informe qui faisait le bruit de fond de ton existence, et « eux », ces personnes qui t’énervaient, qui te mettaient mal à l’aise, qui arrivaient à t’atteindre d’une façon ou d’une autre. Ces personnes qui, malgré ton aversion pour autrui, ta peur caché de l’autre, avaient réussis à se faire une place dans ta vie. Une place dont ils se seraient surement bien passés.

Mais à cet instant, Clyde venait de passer du « eux » aux autres. Il était creux, inintéressant. Il n’avait plus que le vague contour d’un décor habité par une présence auquel tu n’accordais jamais d’importance. Alors tu ne prêtas pas la moindre attention à sa voix. Il t’avait surement parlé mais tu n’en avais cure. C’était aussi insignifiant que le bruit du vent dehors pour toi à présent.

Donnant une légère impulsion sur le mur, tu te redressas, t’étira dans un léger gémissement las avant de ramener tes cheveux dans ton dos. Pas un regard, pas une once d’attention. Tu te dirigeas le plus simplement du monde vers l’évier en sortant le flacon d’analgésique pour avaler 3 comprimés avec un verre d’eau. Tu aurais pu être seule ca aurait été la même chose. Tu rangeas le flacon dans ta poche au lieu de sa place normale dans l’armoire à pharmacie, fixa quelques secondes le fond de l’évier marbrer d’eau qui glissait en silence dans le siphon.

Tu détestais cet endroit. En fait, si tu n’avais pas eu besoin de chiper un flacon d’anti-douleur de plus en plus régulièrement, tu ne mettrais jamais les pieds ici. La simple odeur et ambiance de cette pièce te portait sur les nerfs. Faisant craquer une dernière fois ta nuque, tu te dirigeas le plus simplement du monde vers la porte, laissant planer ce silence lourd de signification.

Il n’y avait personne à tes yeux. Tu étais seule dans cette pièce.
... but herself.
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Sam 14 Juil - 17:28

Tu avais beau planquer ta tête dans tes épaules, aucune main ne venait l’y enfoncer. Aussi étrange et bizarroïde que ça puisse te paraître, personne ne viendrait te fendre ta boîte crânienne aujourd’hui, Lyria la dernière. Tu hésitas entre remercier un bon dieu en lequel tu ne croyais pas, des larmes de joie pendues à tes cils, ou te relever, la secouer et lui demander ce qui n’allait pas chez elle. Tu avais presque envie de la remotiver. Dans l’ordre logique des choses, elle aurait du te rabattre ton caquet, te remettre à ta place et te rabaisser plus bas que terre en usant des pires ignominies trouvables dans le Robert, mais non. Juste un verre cassé, un lit renversé, et un ridicule « lavette ».

Layla disait souvent de toi que tu étais un gentil garçon, et que tu finirais marié avec une femme très laide, manipulatrice et profiteuse, parce que tu ne savais pas dire non et avais un trop plein de compassion. Elle disait aussi que, malgré tes résultats brillants au niveau scolaire, tu ne comprenais rien à la vie, que tu n’interprétais rien comme il fallait, et que tu étais l’un des garçons les plus stupides et naïfs qu’elle connaissait.
Et elle n’avait absolument pas tort.
Alors que Lyria venait tout juste de t’effacer de son existence, tu t’entêtais malgré tout à penser que cette absence de réaction venait tout simplement d’un mal-être de sa part. Assis sur ton lit, tes tremblements avaient cessé, tes larmes avaient séché, et tu dévisageais Lyria comme tu ne te l’étais jamais permis. Les yeux presque exorbités, tu t’étonnais de la voir regarder autre chose que ta carcasse, bonne à taper dessus. Depuis quand s’en fichait-elle à ce point, de toi ? L’avais-tu vexé ? Etait-elle fatiguée ? Pas une seconde tu ne pensas que ces yeux qui ne te regardaient plus étaient seulement la preuve que son mépris pour toi avait passé une nouvelle étape : au-delà de la persécution, il y a l’indifférence. Et toi, tu prenais le fait qu’elle t’ignore pour une simple baisse de régime de sa part.

Dans ta tête d’oiseau, tu te fais presque du souci pour elle. Ton inquiétude s’accentue encore lorsqu’elle avale trois pilules d’un coût. Paniqué, tu te lèves presque du lit pour l’en empêcher, mais trop tard, alors tu te mords la lèvre et la laisses quitter la pièce sans rien dire. Tu la trouves triste, un peu fade, décolorée. Tu ne sais pas pourquoi, mais tu as bien envie de te lever pour lui courir après et lui demander ce qui ne va pas. Peut-être pourrais-tu y faire quelque chose, au fond, qu’est ce qui cloche chez elle ? Tu aimerais bien l’aider à régler ses problèmes, tu aimerais bien qu’elle devienne gentille, tu aimerais bien qu’elle soit un peu moins seule. Car tu ne la vois jamais accompagnée, et tu trouves ça dommage.

Tu as pitié d’elle, et tu te dis que tu tenteras de l’aider quand tu seras un peu plus fort que ça. Tu hausses les épaules, t’allonges et souris. Si au moins tu n’es plus rien à ses yeux, ou même si elle va mal, pour toi ça ne veut dire qu’une chose : tu vas avoir la paix. Pour une fois, ce n’est pas toi qui ressort le plus amoché de ta rencontre avec elle. Et ça fait du bien.



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