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Heath J. Andersen
Heath J. Andersen
Placidus


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Jeu 14 Juin - 10:23

What's wrong with you ?!

Ce n'était pas une rencontre trimestrielle comme Virtus Insania a l'habitude de les planifier. Non, un match d'entrainement. Circuits piégés, duels, courses et autres épreuves toutes aussi sadiques les unes que les autres. Pourtant, c'était toujours une occasion de sortir. Une occasion de se vider la tête. Parce que maintenant, tu n'avais plus ta musique pour laisser ton esprit vagabonder. Tu avais abandonner Ray Charles, Shaka Ponk, Arcade Fire et les Stones. Ta seule occupation était devenue la lecture. Tous tes classiques étaient repassés entre tes mains, l'écriture noire semblant se diluer à chaque fois que tu pensais à autre chose. En clair tu étais complément démuni. Tu ne pouvais plus rester dans ta chambre à ne rien faire. Tu ne pouvais pas non plus rester trop longtemps dans le silence entre Yugito et toi. A vrai dire, machinalement, tu l'évitais presque depuis quelques jours. Rien sûr, vous parliez, mais rapidement, une phrase à la volée. Toujours quelque chose à faire.
Alors te voilà, à ce match entrainement. Te voilà à monter les marches pour aller t’asseoir vers le sixième rang. Les premiers étant toujours pleins des groupies et des supporter, tu serais surement achevé en moins de dix minutes si tu te joignais à eux.

Tu regardes ce qui se passe. Il y a pas mal de participants, et, sans surprise, c'est un Vis qui domine totalement la démonstration de don. Il écrase tous les autres participants sans gêne. C'en est assez impressionnant en fait. Loin derrière, quelques placidus, deux ou trois, et un asinos, chose rare dans cette épreuve, se défendent plutôt pas mal. Après, ça ne vaut pas grand chose quand l'on vient de voir le dragon de glace que le premier vient de créer...

Au plus le temps passe, au plus le stade se remplis. En même temps, on est un samedi soir, il est quasiment certain que ça va se terminer en soirée étrange. Que certains vont se prendre les pieds dan les obstacles, et que le vainqueur de match amical pourra tirer son coup. Trois ou quatre fois. Parce que la nuit commence à tomber, et tu vois déjà les gens se serrer, se bousculer. Tu encaisse un ou deux coups sans rien dire avant de t'esquiver. Les derniers rangs sont sûrement plus sûrs. Te voilà remonter, et c'est à ton tour de bousculer quelqu'un alors que tu regardait la confrontation entre l'un de tes camarade de classe et une fille que tu ne connaissait pas. Sûrement de Synchroniciy ou chez les Asinos. Et bizarrement, tu as envie de râler. De t'énerver. Ca arrive de plus en plus souvent ces temps-ci. comme si quelque chose dans ta manière de penser avait changer.

Alors tu souris poliement à l'étranger. Pas d'excuses, pas un mot. Tu réajuste seulement ton sac dont la lanière traverse ta poitrine. Pourquoi devrais tu t'excuser alors qu'ici, tout le monde se bouscule ? Pourquoi faire cet effort que personne ne fait pour toi. Seulement, il te dévisage, sûrement dans l'attente des mots que u ne prononcera pas. Tu hausse un sourcil.

    « Tu avais besoin de quelque chose ou j'peux passer ? »


Comme si tu étais la victime. Si tu ne vas pas bien Heath, pourquoi le rejeter sur les autres ?
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Clyde Jaggerjack
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Jeu 14 Juin - 13:05

Tu te demandais ce qu’il t’était passé par la tête pour te pointer ici. Qu’est ce que toi, Clyde Jaggerjack, à moitié agoraphobe, foutait dans les tribunes d’un stade remplit d’adolescents agités et bruyants ? Ah oui. Encourager Tino. Pourtant, tu n’avais apporté ni pancartes ni banderoles, et tu n’avais pas une seule fois crié son prénom. Perché en haut des tribunes, à une place isolée que tu étais venu occuper avant même que les concurrents et organisateurs n’arrivent, tu observais sans entrain les élèves de Virtus Insania suer sur la piste. Tu ne t’intéressais vraiment que quand Tino arrivait, alors tu te redressais, te dévissais le cou pour mieux le voir puis te rasseyais quand tu le perdais de vue.
En même temps, tu en profitais pour évaluer le niveau : quel genre de personne participerait au Mortuus Game ? Quelle serait leur puissance ? Etaient-ils si loin de ta portée, ne pourrais-tu pas leur faire face ? Tu sursautas quand le Vis fit apparaître un Dragon de Glace et soupiras : ce n’est pas avec une main-condensateur que tu pourrais vaincre ce genre de monstre.

Il se fait tard, tu râles parce que tu as oublié ta veste et que tu te les pelles. C’est l’heure où les jeunes deviennent effrayants, où ils beuglent plus qu’à la normal, où l’excitation est à son apogée. C’est normal, la vie à Virtus Insania est si stricte que dès qu’un moment de détente est offert, il tourne en orgie géante, voir pire. Alors les corps s’entrechoquent, se bousculent, les mains passent partout, les hanches se frottent, les rires éclatent, des cris retentissent : ils redeviennent des animaux, sous tes yeux effrayés qui n’y voient qu’un amas d’algues ondulantes.

Tu regrettes, tu te dis que tu aurais du partir plus tôt, pour éviter les mouvements de foules, pour éviter le contact, pour éviter de te faire bouffer tout cru. Tu jettes un coup d’œil à ton gant rose, tu le tirailles de tous les côtés, vérifies vingt fois qu’il n’est pas troué, qu’il isole bien, juste au cas où. Tu commences à paniquer : ce genre de situation a comme un air de déjà-vu. Mais oui, tu sais, avant que Nikolaï finisse dans ton lit, il y avait eu cette fête.
Une fête catastrophique. Des crises d’hyperventilations à la pelle. Une perte de connaissance. La foule qui t’engloutit, qui t’avale petit à petit, et toi qui n’y peut rien. Dans ce stade, tu voyais le scénario se répéter, mais tu avais anticipé et, bien tranquille sur ton perchoir, tout en haut des gradins, tu observais seul la masse humaine qui se déchaînait à quelques mètres de là. Restait plus qu’à redescendre.
Plus facile à dire qu’à faire.
Tu regardes tes mains : il fait si sombre que tu n’en vois plus les contours. Tino doit être dans les vestiaires maintenant, il ne viendra pas te chercher, il faut que tu dégages de là tout seul et tout de suite. Tu frissonnes, de froid, de peur, tu sais pas trop.

Tu ranges tes mains dans tes poches, commences à dévaler l’escalier à toute vitesse, mais est bien vite stoppé par un type. Un type qui n’en a visiblement rien à foutre de t’avoir bousculé. Tu en déduis que c’est de ta faute, tu murmures des excuses, toutes basses :

« Désolé… »

A peine audibles, des excuses de mec si effrayé qu’il en perd son vocabulaire. Effrayé par cette ambiance bizarre, par l’euphorie montante, par la fièvre du soir qui brûle tout. Tu lèves la tête, au moins pour voir à qui tu as à faire, le temps que tes yeux s’habituent à l’obscurité, le type te parle. Ses traits se définissent, sa tête te dit quelque chose. Tu as du le croiser quelque part.
Quelque part.
Tu écarquilles les yeux : il n’y a pas mille « quelque part », tu ne retiens pas les visages si tu ne les vois pas quotidiennement, si tu l’as vu quelque part, alors tu l’as vu à cette fête. La fête.

« Eh ! »

Tu t’agrippes à la lanière de son sac, tu t’emballes, comme toujours. Comme à chaque fois que tu es sur le point de retrouver la trace de Nikolaï. Tu le fixes, tu ne le lâches plus, et plus sérieux que jamais demandes avec détermination :

« Nikolaï !... Tu… Est-ce que tu le connais ? »
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Heath J. Andersen
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Placidus


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Jeu 14 Juin - 13:43

You say yes, I say no.

Il s'excuses. De quoi ? C'est toi qui lui a foncé dedans. C'est toi-même qui devrait avoir à présenter tes excuses. Enfin, tu secoues la tête. Parce qu'après tout, t'en as pas grand chose à faire. Tu ne vas pas lui dire c'est pas grave. Ca serait lui dire qu'il a raison de s'excuser.
Et puis d'un coup, tout pend une tournure étrange. Tout se passe bizarrement. Le voilà à deux doigts de t'agresser. Avec une simple question. Si tu connais... Qu'importe la réponse, pourquoi commencer par ça ? Pourquoi cet entrain, tu ne comprends pas. Et même. Qu'est ce que Valdick vient faire là dedans ? Tu n'es que quelqu'un, un étranger, ici perdu dans cette masse. Il y avait peu de chance pour que tu le connaisse étant donné qu'il n'est pas de ton école respective. Ton seul lien avec lui, c'est... C'est rien. Une amitié basée sur l'ivresse de la nuit. Rien de grandiose. Juste un bon ami. Un peu spécial. Mais il ne t'as jamais parlé de cet individu bizarre avec son gant en plastique rose. D'ailleurs, même si tu avais l'habitude de croiser des cas, tu ne t'attendais pas à aussi peu de style. (Oui oui, toi avec tes vêtements complètement craignos, tu te permet de juger. Mais passons ce petit détail.)

    « Et t'es qui ? »


Tu avais remuer tes lèvres avant, comme si tu avais répondu à sa question. Par un oui ou par un non, qu'importe. Il pourrait croire que la foule avait engloutis tes mots. C'est d'ailleurs pour ça que sur cette dernière phrase avait été criée sans force, juste pour sembler plus forte que la réponse précédente, inexistante.

Tu attrapes son poignet, fort. Et tire un coup dessus pour qu'il lâche ton sac. Tu n'es pas un gars méchant, mais les contacts physiques, tu évites généralement ça. Ce n'est pas ton genre. Ou sinon tu dois en être l’initiateur. Et même, il fallait qu'une proximité se soit installée. Ici, qu'il y avait-il ? Rien. Tu n'avais ni nom ni souvenir de lui. Peut-être croisé au détour d'un couloir, il n'a pourtant jamais marqué ton esprit. Et comment aurais tu peux marquer le sien ? Toi mec normal dans un corps normal, sans dépacement ni foison d'amis.

Tu te décale légèrement, laissant passer des gens autour de vous. Tu ferais mieux de tracer, de t'en aller. Tu ne sais faire que ça. Alors, pourquoi restes-tu ?
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Clyde Jaggerjack
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Sam 16 Juin - 19:00

Tu ne l’entends pas. Sa réponse, tu ne l’entends pas. Pourtant ses lèvres ont bougé, tu en es certain, sûr à cent pour cent. Tes doigts tremblent sur sa lanière, et les larmes te montent aux yeux : tu n’oseras jamais lui redemandé, jamais. Tu viens de louper ta chance, il te fallait tendre l’oreille plus que ça, t’approcher un peu plus, faire quelque chose, n’importe quoi, du moment qu’il te dise oui. Mais ça a raté, et ça te rend malade.
Le garçon te toise, te pose une question à laquelle tu n’as pas le temps de répondre. Il te vire tes doigts de son sac, comme si tu étais sale, impur. Comme on chasse une vilaine sang sue. Ton visage pâlit, blanc comme un linge, sous le choc de ce rejet auquel tu ne t’attendais pas. Ça fait bizarre hein ? ça fait tout drôle, pour sûr ! Toi qui n’avais jamais approché personne, et qui pourtant se retrouvais avec une bande d’amis fidèles, tu avais oublié ce que c’était que de se faire rejeter. Tu avais oublié que tout le monde n’a pas de place pour toi. Oublié que pour le reste de cette école, tu n’es qu’un type bizarre aux cheveux blancs.

Tu trépignes sur place, ne sais où te foutre, et mets un temps fou à lui répondre : trop occupé à ramasser tes dents imaginaires. Tu doutes même de la pertinence de lui donner ton prénom, il répandra peut-être de mauvaises rumeurs sur toi –et vu celles qui circulent en ce moment, se faire discret pendant quelques mois ne serait pas du luxe. Tu ranges tes mains dans tes poches, caches tant bien que mal ton gant si laid, si rose. Tu bégayes un peu en répondant faiblement :


« Euh… Cly-Clyde. Clyde Jaggerjack…»

Autour de vous, les gens se déchaînent, hurlent, bougent trop. Trop pour toi. Tu baisses la tête, honteux de t’être montré si impoli envers un type, qui visiblement, ne se souvenait pas de toi. Mais comment aurait-il pu ? Ce n’est pas comme si tu étais le genre de type à se faire remarquer, et ce n’est pas comme si Nikolaï lui avait parlé de toi : tu es bien trop insignifiant. Tu rases les murs, tu te montres peu, tu te fonds dans le décors : si tu n’avais pas eu des cheveux blancs, peut-être bien que personne ne se douterait encore de ton existence. Alors pourquoi lui devrait s’être souvenu de toi ?
Non, pas moyen. En plus, tu aurais pu te tromper : si ça se trouve, il ne le connaissait même pas, Nikolaï. Bref, tu n’aurais pas pu t’embourber plus dans ta gêne. Les joues cramoisies, tu finis par lui décrocher un phrase d’excuse :

« Excuse moi d’avoir agrippé ton sac… »

Tu ne sais pas s’il a entendu, il y a tellement de bruit, tellement de monde. Tellement de tout. Tu renifles, tu restes planté là, sans savoir pourquoi. C’est pourtant le bon moment pour fuir, dévaler les escaliers et partir chialer dans les bras de Judie, parce qu’un gars de Virtus a eu l’affront de secouer ta sensibilité. Mais tu ne bouges pas d’un poil, tu préféres attendre que lui le fasse. Tu préfères toujours être celui qu’on quitte, comme ça tu conserves ton rôle confortable de celui qui subit et qui n’avait rien demandé à personne : c’est plus facile, et en plus, on a le droit au bonus compassion.
Alors tu attends là, comme un gros naze, qu’il tourne les talons et te laisse te noyer dans la foule.
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Heath J. Andersen
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Lun 18 Juin - 12:28

Un nom. Un simple nom. Comme si tu lui avait demandé, qu'il était. Tu es ici depuis trois ans et tu ne connais pas le nom de la moitié des élèves. Ou sinon tu les as oublié ? Qu'est ce qu'un nom, à part donner de l'importance. Tu hais les noms, les prénoms et tout ce qu'ils représentent. Certes, tu te présentes lorsque c'est de rigueur, mais là, dans tout ce brouhaha, est-ce vraiment nécessaire ? Vous vous êtes croisés, et puis quoi ? Quoi de plus, quoi de moins ? Tu ne cries pas ton nom sur tous les toits, au premier que tu te croise. Tu ne t’agrippe pas au sac du premier venu pour lui dire, écoutez, je suis Heath Joy Andersen. Non. Tu es plutôt dans la sur-mesure. Et en un instant, tu réalise que tu as été un enfoiré, en bougeant tes lèvres comme si tu avais été quelqu'un de gentil. Mais il ne semble pas réagir. Peut-être a t-il pris la voix de quelqu'un d'autre pour la tienne, qu'il a compris une réponse que tu n'avais pas dite. Qu'importe, il est trop tard pour revenir en arrière. Qu'importe, tu te fond dans la foule comme toujours. Tu ne veux rien avoir de spécial. Tu ne veux pas qu'on se souvienne de toi. Tu ne veux rien être d'autre qu'un élève lambda. Ne pas exister, ça serait tellement plus simple, pas vrai ?

Intérieurement, tu trébuches.
Tu trébuche parce qu'il s'excuses, encore. Décidément, il n'y avait aucune logique dans ses agissement. Comment pouvaient ont être aussi agressif lors d'une rencontre et s'adoucir, se soumettre complètement, surtout à une personne comme toi. Une personne qui n'inspire rien. Tes mains réajustent ton sac. On te bouscule légèrement, tu ne dis rien, tu restes sur ta position. Et tu le regardes toujours, parce que tu ne sais pas quoi en penser. Rien de bon, c'est sûr. Mais rien de fondamentalement mauvais.

    « Désolé, mais j'ai du mal à imaginer ce que tu peux bien faire ici... J'veux dire, va y avoir des pogos, des bastons dans les gradins... La deuxième partie va sûrement commencé, ça va péter partout. J'te donne pas quinze minutes avant de te prendre une baigne. »


C'est un peu cru. Mais en même temps, vu l'ambiance qui règne déjà. Toi, tu voulais simplement aller au dernier rang, regarder les participants. Rigoler avec de faux amis. Peut-être mieux : ne croiser personne et simplement te vider la tête. C'était tout ce dont tu avais besoin. Te vider la tête. Tout oublier.
Mais tu n'es pas méchant. Pas réellement méchant, alors tu sort cette phrase, comme si c'était quelque chose de simple, la continuité parfaite de ta phrase. Pas des excuses. Juste une explication.

    « Tu dois pas être d'ici... Donc de Synchronicity, je suppose. Je sais pas trop si tu connais ce genre de tournois, si tu veux, j'peux t'expliquer. »


Et puis tu le dépasses, tu continues de monter les quelques marches qui te séparent du dernier rang. Ce n'est que par là qui a vraiment de la place, où vos paroles ne seront pas couverts par les cris. Tu sors une bouteille de rosé de ton sac avant de t'asseoir. Tu le regardes. Il s'avance pour venir te rejoindre alors que u fouille dans ta bandoulière pour en sortir un tire-bouchon. Voilà la bouteille coincée entre tes jambes, et toi qui l'ouvre, lance le bouchon en liège devant toi. Surement a t-il rebondi sur une épaule. Mais qu'importe. Ca ne blesse pas.

Le goulot à ta bouche, tu bois trois gorgées avant de poser le vin entre vous. Tu passe une main dans tes cheveux. Serre ta poche droite et cherche autour de ton cou un cordon. Tes yeux se ferment, et tu te dis, c'est vrai. Tu as ce réflexe, de mettre de la musique. Et là il n'y a que du vide sous ton jean. Il n'y a rien. Seulement le frottement du tissus contre ta peau. C'est elle qui l'a. Tu ne regrette pas. C'est juste que les habitudes sont dures à ôtées.

    « Je disais. Là, ce soir. Le vainqueur, à tout les coups le Vis là, bah, il va pouvoir animé la soirée comme bon lui semble. Mais comme y a pas mal de tensions ici et là. Bah, les Vis vont se battre avec les Asinos, tiens, ça commence en bas ! »


Tu pointes du doigt le sixième rang vers lequel tu te trouvais. Quelqu'un vient d'atterrir sur les bancs sur le dos. Ce n'est pourtant que la pose intermédiaire. En même temps, ça n'a rien d'étonnant. Tu joues avec ta main gauche. Pianotant sur ton genoux. Tu grimace légèrement. Mauvais souvenir. Ca t'es arrivé, une ou deux fois de sortir d'ici avec un oeil au beurre noir, juste parce que tu "riais" avec un groupe de personne que tu ne connaissais pas, que tu t'es levé au mauvais moment.

    « Franchement, ces événements sont trop violents. Mais vers minuits, la fête devient vraiment cool. »


Cool.
Disons plutôt que tout prend une tournure étrange. Les musiciens amateurs se battent pour voler une salle et se donner en concert, plus ou moins payants, plus ou moins privés. certains sont beurrés. Parfois, il y en a même qui baisent sur la pelouse. Rien d'extraordinaire. La seule chose qu'il y a de vraiment spécial, c'est que tous ceux qui galèrent à trouver un rail de coke ou un pétard en ont un paquet, juste pour ces occasions. Tout le monde partage tout, ça fini toujours étrangement. Tant que les professeurs ne s'en mêlent pas, là, c'est le jeu de qui paraîtra le plus clean. Tu perd et t'es foutu. En fait, c'est pas vraiment un jeu, c'est un devoir.

    « Tu devrais boire un peu. Te mettre dans l'ambiance si tu veux pas qu'on te frappe pour être... Tu le regarde de haut en bas, bugues légèrement sur son gant rose. Une grimace, encore. Tout le monde penserait qu'il est simplement coincé. Et ici, c'est mauvais. Enfin... On sinon partir. »


Tu prends une gorgée avant de lui tendre la bouteille. Toi, tu restera clean. Tu partira avant que ça dégénère, tu connais bien, tu es habitué à un certain rituel.




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Clyde Jaggerjack
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Sam 23 Juin - 21:46

Rien qu’à ta tête. Oui, ce type a tout compris, tout deviné, rien qu’en voyant ta tête. Il ne te donne pas dix minutes ? Tu ne t’en donnes pas cinq. Tu sais pertinemment qu’il te faut détaler avant que ça dégénère, avant de finir avec une côte brisée ou une arcade cassée. Mais ce type est là, il reste là, il te parle encore et tu sais pas pourquoi. Tu te demandes ce qu’il fait encore là, alors qu’il t’avait rejeté si vigoureusement quelques secondes plus tôt, tu ne comprends pas, mais tu n’y cherches pas de sens : parfois, les événements en sont dénués. Cette soirée n’était pas guidée par l’impulsion de la raison, c’était quelque chose d’autre. Une chose plus confortable. Plus effrayante aussi. Cette soirée, tu ne l’expliquais pas.

Et puis le type devient étrangement… sympathique. Pas vraiment gentil, mais compatissant, voir plutôt poli, quelque chose du genre. Il te propose de t’expliquer le déroulement du concours, à vrai dire tu le connais déjà, Tino t’en a parlé mille fois, mais tu hoches la tête quand même. Tu l’écoutes te raconter une histoire que tu sais déjà par cœur, mais tu ne bronches pas et le suis jusqu’aux rangs les plus hauts, juste par politesse, pour ne pas qu’il se vexe. Peut-être aussi pour ne pas être seul.
Tu te redresses pour observer la bagarre qu’il désigne, et bois ses paroles comme tu le fais avec tout le monde. C’est un curieux garçon, un peu drôle, tu penses. Et cette opinion se renforce lorsqu’il tire de son sac une bouteille de Rosé bon marché et le tire-bouchon qui va avec. Tu le regardes l’ouvrir, tu t’étonnes de voir le bouchon valser jusque sur une personne et tu dévisages le type qui boit ça comme de l’eau. Tu émets un petit rire, pas un ricanement, pas une franche rigolade. C’est juste que tu trouves ça amusant : on dirait un enchaînement d’actions au hasard, tirées au dé ou aux cartes. Il n’y a rien de logique, encore moins de réfléchi.
En bas aussi, c’est n’importe quoi. Les premiers rangs se font la guerre, et rappellent plus que jamais que l’homme est un animal. Un animal qui ne pense qu’à manger, s’accoupler, boire, et se battre pour régler ses problèmes. Tu ne veux pas t’y mêler, tu te contentes de les observer silencieusement en écoutant le type dire que c’est « cool ». Cette remarque aussi te fait rire intérieurement : tu ne voudrais pas le froisser. Tu attendras qu’il en ait marre de toi, ou qu’il soit assez sec pour se jeter dans la masse. Après tout tu as le temps. Après tout, cette soirée n’a pas de sens. Mais qu’est-ce qui en a vraiment ?

Il te propose de boire, et tu devines aisément la fin de sa phrase, sans prendre en compte le fait qu’il fixe ton gant rose. Tu rougis, mort de honte : ringard, coincé, impopulaire, des mots qui lui brûlent les lèvres mais que le type ne dit pas, par simple politesse. Ta fierté, perdue depuis longtemps, ne te fait même pas tiquer à ses mots, tu baisses la tête, et tu t’excuses encore en retirant ton gant :


« Ah… Pardon… »


Tu ne voudrais pas lui être plus insupportable que ça à la vue. Tu le plies doucement en quatre, et l’enfonces dans ta poche. Il te tend la bouteille, tu la regardes un moment et paniques subitement : et voilà le rite de passage qui te permettra d’évoluer du mec complètement associable et naze au garçon normal et passable. Boire une gorgée te fera monter dans son estime. Mais ça te fera aussi devenir une tout autre personne. Tu supportes mal l’alcool et ton corps ne te permet rien : une petite goutte de ça, et on aura perdu Clyde.
Tu tremblotes un peu, mais attrapes la bouteille et la portes à ta bouche. Tu avales, et trouves ça dégueulasse au passage, mais tu bois quand même. Tu reposes le Rosé entre vous deux, et appréhendes déjà les futurs effets catastrophiques qu’il aura sur toi. Trois gorgées. Juste trois gorgées et pourtant ta langue se déliait :

« Comme tu veux, peu m’importe, j’ai rien à faire que ce soit ici ou ailleurs de toutes façons. Et en fait, c’est quoi ton prénom ? Enfin, si c’est pas trop indiscret. Mais bon, moi je t’ai donné le mien. Alors j’aimerais bien savoir le tien. Enfin, si tu veux, quoi. Hein ? Si ça te dérange pas, bien sûr, enfin, voilà… »


Tu t’embrouilles, pas parce que tes trois millilitres d’alcool te montent déjà à la tête, mais parce que c’est ta timidité et ta nervosité qui prennent le dessus et les rênes de la conversation. Du moins de ce monologue dans lequel tu tentes d’intervenir faiblement. Faiblement comme toujours. Mais ça ne te dérangerait pas qu’il te parle tout le temps. Pas du tout même. Il est bizarre, tu ne le comprends pas, mais il est là, lui.
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Heath J. Andersen
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Placidus


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Lun 25 Juin - 14:11

L'alcool a toujours un effet étrange sur les gens. Tu as la chance de bien tenir, et surtout, peu boire. Quelques verres de vins, à même la bouteille quand les gobelets te font défauts, rarement plus. L'alcool fort est presque prohibé de tes habitudes. En fait, tu ne bois que lorsque tu t'ennuies profondément où que tu as ce besoin. Presque comme si le rejeter aller te sauver.
Enfin, lorsque que tu le vois prendre une ou deux gorgées, tu peux comprendre qu'il aime pas ça. C'est pourtant pas le pire. Ce n'est pas pelure d'oignon ou autre vin à cinquante deux centimes en épiceries de nuit. M'enfin bon, il doit pas avoir l'habitude. Toi, tu le garde en bouche. Ne l'avale jamais directement. T'as toujours bu comme ça, avec la majeure partie de toutes ces boisons qui renversent la tête et le corps. Ses lèvres se délient. Un paragraphe pour une question de quatre mots. Quel intérêt ?

Tu ne dis rien, réajuste ton sac et commence à regarder la baston. T'es pas fan, mais ça occupe bien. Peut-être que tu croiseras un ou une inconnue qui n'en à rien à faire de toi, que vous vous amuserez une soirée, avant de tout oublier. Ils mettront ça sur le compte de l'alcool ingurgité. Toi tu ne diras rien, écoutera et diras, c'est pas grave. Tu t'en iras. Vous ne vous reverrez plus. C'aurait été bien, une soirée simple, sans questions, sans noms.
Alors tu hésites. A donner un faux nom. Ou à ne pas répondre. Mais ça serait quand même injuste. En plus, il pourrait arriver que vous soyez amener à vous recroiser, et comment savoir si tu lui avais dit t'appeler Jack, Turck ou Pete ? Même si en général, tu sais quels faux noms utiliser. Non, tu seras franc, ou presque.

    « Andersen. »


Un nom. Un nom rependu. Ca ne t'étonnerait même pas qu'il y en ai une demi-dizaine entre ces murs souterrains. En fait, rien ne t'étonnerais.

    « Je m'appelle Andersen. »


Tu te lèves, pour mieux voir. Les festivités reprennent. Tu ne sais pas si tu dois regarder ou pas. En fait, tu ne sais même pas si tu as envie. Quelques personnes passent devant toi. Une te bouscule. Tu ne réagis pas. Pourquoi réagir. Jusqu'à ce qu'elle hausse la voix. A vrai dire, elle t'attrape par le col. Te menace. Tu fais bien attention de ne pas toucher sa peau. Pas maintenant. Tu ne connais pas cette personne qui te menace. Tu souris. A peine, toujours. On te prend encore pour quelqu'un que tu n'es pas, un participant à ces querelles de groupes. Ou peut-être simplement fraternisant avec ceux de Synchronicity, sans la moindre gêne malgré les directives de Ostrogoth. Maintenant que tu y penses, c'est vrai que tu devrais abandonné cette idée. Rester ici avec un mec de Synchronicity. Alors que tout est un prétexte pour se faire frapper.

    « Prends ton pied mec. Je ne ferais preuve d'aucune résistance. »


Tu te prend un coup dans le visage. Finalement, t'as mal et tu regrettes tes mots. Faut dire que t'es bien con. Faut dire que t'es vraiment pas intelligent, parfois, mais au moins, il te lâche, tu te brise sur l'un des bancs avant de lui attraper le poignet.

Erreur fatale.
Tu pensais encore avoir le don de ton colocataire, pouvoir faire monter, lentement, sa température pour qu'il ai le tournis. Pour qu'il ne puisse s'en prendre qu'à lui-même. Et que tu puisse pousser à ton tour cette brute. Mais non. Un courant traverse ton épaule, ton bras, ta main. Passe lentement dans son poignet et se libère dans tout son corps. Et là tu comprends que c'est la merde. En fait, tu comprends tout.
Le gant en plastique. Quand il t'as attrapé et que t'as dégagé sa main. Que tu l'as, à un moment, bousculé. Tu comprends aussi pourquoi tu avais eu quelques fourmis dans ta main quelques minutes avant en ouvrant la bouteille, en déliant tes doigts.

La brute tombe, tu entraînes la personne responsable de cette manifestation de ton don plus loin, tu ne tiens pas à te faire frapper, encore. La bouteille dans une main, l'autre agrippée à ton sac.

    « C'était quoi ça ?! »


Tu gueules, tant pis, ce n'est qu'une voix de plus dans le brouhaha de cette manifestation sportive. Tu passe ta joue qui te lance. Tu auras un bleu, c'est sur. Tu recule le bras, comme pour le menacer de le frapper. Mais s'il a bien compris comment tu fonctionne, comment ton corps, ton don fonctionne, s'il sait comment son propre don fonctionne, il devrait savoir que tu ne le menaces pas simplement de le frapper s'il ne répond pas vite, mais de lui électriser la tête. Et toi qui ne connait pas du tout ce pouvoir, étranger à tes entrailles, tu ne pourras aucunement le maîtrisé.
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Clyde Jaggerjack
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Lun 25 Juin - 21:44

« Andersen ». Tu trouves ce prénom joli. Tu te le répètes même plusieurs fois dans ta tête, et aussi inconsciemment peut être, à cause de tes quelques gorgées d’alcool, à voix haute. Juste pour te l’entendre dire, juste pour qu’il s’encre bien dans ta mémoire. Les prénoms, tu y accordes une importance toute particulière. Comme un titre à coller sur un souvenir, sur un visage ; toute une histoire, un lien, résumé en un seul petit mot.
Andersen, Andersen. Tu le chantonnes doucement, plus égayé par l’alcool que par cette rencontre tordue avec ce garçon. Et tu l’observes. Tu te demandes bien ce qu’il fait là, alors qu’il ne prête même pas attention à toi et que le seul contact qu’il ait bien voulu établir entre vous se trouve être représenté par une bouteille de rosé. Plutôt minable, comme lien. Vous n’avez rien à vous dire, ou du moins, il n’a pas envie de te parler, il regarde les bagarres, sonde l’assistance, rien de plus.

Et puis ça dégénère, pas comme dans une gentille fête où un ou deux abrutis vomissent sur la pelouse, non. Quelqu’un se pointe, il attrape Andersen, lui il ne dit rien. C’est à cause de toi, paraît-il. Parce que tu viens de Synchronicity. C’est toujours de ta faute, tu es toujours le boulet, toujours celui qui fait quelque chose de travers, toujours celui qui se plante, toujours celui qu’il faut ramasser à la petite cuillère. Toujours celui qui se planque derrière un autre.
Et ce soir, l’autre, c’était Andersen.
Toi tu trembles comme une feuille, incapable de lever un petit doigt, atterré par ce qui se déroule sous tes yeux. Tu te lèves, avances d’un pas, mais es envoyé valser par un mouvement de foule, tu leur cries d’arrêter, mais ta voix ne perce pas. Tu commences à mal respirer, tu t’extirpes de la masse, cours vers Andersen et vois ce que tu n’aurais jamais voulu revoir.

Un éclair. Un éclair bleu. Quelqu’un qui tombe. Des gens qui hurlent. Andersen qui te tire. Tes jambes qui avancent. Tes yeux qui ne voient plus. Ta tête vide. Layla. Ta main. Ce type. Trop de choses que tu n’expliques pas. Le monde qui fait n’importe quoi. Et puis toi, au milieu de tout ça. Vous vous arrêtez. Vous vous arrêtez enfin. Tu as le souffle court et la gorge en feu, comme à chaque fois que tu cours plus de dix mètres. Tu lèves la tête, essoufflé et te prends toute la colère d’Andersen à la figure. Il te hurle dessus comme personne ne l’avait jamais fait. Ni tes parents, ni tes professeurs, ni tes amis, personne. Tu recules d’un pas, tu bredouilles :

« Pardon… ! Je..J’ai.. ! »

Ton esprit s’éclaircit, tu dévisages Andersen et tu comprends le gros du problème. Ce type t’avait « volé » ton don, et il pouvait s’en servir tout autant que toi. Tu pâlis à cette idée : un autre monstre ? Un autre maudit, comme toi ? Tu manques de t’évanouir, mais émerges subitement lorsqu’il lève la main sur toi. Terrifié, pris de panique, tu t’écroules et enfouis ta tête dans tes genoux. Tu hurles autant que tu peux, autant que tes poumons te le permettent :

« Arrête ! Arrête !... C’est… C’est pas ma faute ! »

Tu n’oses même plus le regarder, mort de peur, tu fonds en larmes, tu respires mal, tu suffoques, mais là tu n’as plus le choix. Tu sais très bien ce qui t’attends si tu restes là, et qu’il te frappe avec cette main. Tu te relèves, mais ta tête tourne trop, à cause du rosé, à cause du choc, à cause de tout. Tu t’écrases à nouveau sur le sol, tu fais pitié à voir, et toujours l’ombre de sa main, cette menace qui plane au dessus de ta tête, et toi qui ne peux pas y échapper. Les larmes roulent sur tes jours, tu serres ta main, comme pour l’empêcher d’agir et tu hurles comme un dérangé mental. En boule à ses pieds, tu n’as pas la force d’expliquer, et il ne tirera de toi que des cris et des pleurs difformes. La douleur, ça te terrifie, ça te glace le sang. La mort, ça te rend dingue, tu en as peur à en crever. Andersen n’aurait pas pu faire plus traumatisant, comme action, et n’a devant lui qu’un grand corps qui tremble de tous ses os et prie pour qu’on le sorte de là.
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Mar 26 Juin - 14:47

Big Bad Wolf. Tu es le grand méchant loup, tu grognes, les crops sortis, le visage déchiré, la main brandis comme la patte qui achèvera le lapin. Tu claque des doigts, dans l'espoir que des étincelles apparaissent. Rien. Rien ne se passe. C'est pas grave. Tu délies tes doigts. Tu sais qu'il se sent en partie coupable. Sinon il n'aurait jamais dit pardon. Aveux en un mot, assez pour que tu le déteste, toi qui te tisse jamais aucune affection ou désaffection. Grâce à lui, tu es dans la merde jusqu'au cou. Grâce à lui, tu es très grandement foutu.

    « Je t'ai demandé, "c'était quoi ça ?!" ! »


Tu articule chaque mot de manière distincte et bien élevée. Tu as cette hargne venue d'un certain je-ne-sais-où dans la bouche. Trop tard. Pas de réponse, le coup part. De l'autre main.

La bouteille de rosé s'éclate sur ses vêtements. parce que ça aurait été vraiment injuste de l’assommer avec son propre don. Parce que tu ne voulais pas non plus le tuer. Tu voulais juste lui remettre les idées en place. Tu voulais des explications, pas des excuses que tu n'avais pas demandé. T'avais besoin de t'extirper de tout ce qui pouvait te porter préjudice. Juste de partir loin. Alors tu le regarde dans cette foule mouvante qui ne vous prête pas attention. Tu remontes tes manches. Le pire dans tout ça, c'est que tu es dégoûté de pas pouvoir finir ta bouteille de vin.

Tes mains passent dans tes cheveux, tu les tire en arrière comme si tu réfléchissais à comment partir de là. Comment revenir en arrière. Aucun véritable moyen. Dans le fond, tu désespères. Il n'y avait qu'un bon point à toute cette soirée, même si tu n'en avait pas conscience : Ta dernière rencontre à l'infirmerie et tout ce qui en avait suivi t'était sorti de la tête.

    « J'me tire. »


Tu crache ça. parce qu'il n'y a pas de meilleures solutions. Tu t'en va, te fout complètement de la personne que tu laisse en arrière. T'as pas le temps de penser à ça. T'as le temps de penser à rien, sauf à une solution. Et d'un coup, alors que tu t'éloignes du stade, les mains serrées dans tes poches vides, tout s'illumine : Vérité. Tu vas dire la vérité. Tant pis. Tu prends la direction du quartier des professeur, va taper dans la chambre de l'un d'entre eux. Tu es mal. Plus faible, ou peut-être plus fort, plus humain en tout cas, tu aurais pleuré. Mais l'eau ne veut pas couler sur tes joues. On t'ouvres une porte. Tu explique ton cas. Tu explique comment tu as assommé une personne, que tu comprendra toute sanction.

Il y a ce blanc, ce vide où on te dit d'attendre demain. Tu te dirige seulement vers ta chambre, t'enferme dans la salle de bain. Vomir ses tripes, c'est la seule issue possible.

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Mer 27 Juin - 13:48

Tu entends sa colère qui ne s’estompe pas, tu entends sa voix qui rugit toute sa haine, tu entends tous ces autres qui n’en ont rien à foutre, tu entends un poing qui fend l’air. Pas un poing en fait. Tu entends le verre qui se brise. Où ? Sur toi. Sur ton flanc. Un coup juste pour te prouver qu'il te déteste. Andersen te haïssait assez pour te briser une bouteille sur le dos, mais ne t'accordait même pas assez d'importance pour viser un endroit plus dangereux, qui lui apporterait des ennuis.
Y’a des gens qui crient, d’autres qui rigolent. Certains te marchent dessus, ou c’est peut-être qu’une impression. En fait ça t’arrangerait que ça en soit une. Ton dos te pique, tes bras aussi, tu sens des trucs qui te traversent la peau. Du verre ? Des gravillons ? Ah, ça brûle, c’est à cause du rosé, non ? Tu n'oses même pas lever la tête. Tu ne veux pas le regarder, surtout pas croiser son regard, juste attendre qu'il s'en aille, pour que tu puisses fuir juste après.
Il te décroche une phrase, venimeuse, méchante, un "J'me tire". Trois mots qui te déchirent, puis qui te soulagent. Tu attends encore quelques minutes, lèves la tête, ne vois pas personne, et t'enfuis en courant. On te bouscule, on te piétine, on te frappe sans faire exprès, peut être si, en fait, mais tu cours, tu cours, et tu t'échoues devant l'infirmerie.

Tu émerges. Doucement, lentement. Tu clignes des yeux, agressés par tout ce blanc. Tu voudrais te redresser sur tes coudes, mais t’affaisses misérablement sur ton dos. Tu gémis : ton corps te brûle. Tu inspectes rapidement tes bras, enveloppés de bandages propres, les mêmes que ceux de ton dos. Sonné, tu tentes tant bien que mal de t’asseoir : on t’a enlevé ta chemise. D’ailleurs elle t’attend sur une chaise devant toi. Tu tends le bras pour la remettre, et aperçois la poubelle, remplie de cotons pourpres et de pansements gorgés de sang. Tu te demandes si ces vestiges de boucherie viennent bien de toi, on te le confirme.

L’infirmière rentre dans ta chambre, le doux sourire aux lèvres. Elle te raconte une histoire tordue, des ruines de la veille. L'alcool, les coups, la mémoire sélective, et toi dans ton lit blanc, qui oublie bien ce que tu veux. Il y a un type, à côté de toi, qui dort encore. Les deux infirmières se penchent sur lui, discutent un peu de son cas, parlent d'un type qui l'aurait électrocuté accidentellement. Quand tu demandes le prénom du type en question, l’infirmière se creuse la mémoire, évoque un « Andersen », et déclare finalement ne pas se souvenir de son prénom, parce qu’il était assez commun, et qu’il ne se démarquait pas vraiment dans l’école.

Alors les souvenirs de la veille te submergent d’un seul coup, tu lâches un rire jaune : il ne t’a même pas dit son vrai prénom. Commun ? Discret ? Tu te demandes comment un type capable d’en frapper un autre avec une bouteille peut faire partie de ce genre de groupe. L’infirmière t’aide à remettre ta chemise, te dit de revenir ce soir pour changer tes bandages, puis te pousse plus ou moins à sortir, parce qu’apparemment, aujourd’hui « il y a du boulot, tu comprends ? ». Bien sûr que tu comprends, alors tu prends la porte.

Tu as dû le confondre. Un type pareil ne peut pas être un ami de Nikolaï. C’est ce que tu essayes de te faire rentrer dans le crâne, en te dirigeant vers les douches pour te laver de cette odeur d’alcool puante qui colle à ta peau. Tu marches et tu renifles. Tu fais un pas de plus, et finalement tu pleures. Un autre encore, et tu t’assois, secoué par des tremblements. Tu plonges ta tête dans tes genoux, et chiales ce que tu n’as pas eu le temps d’évacuer hier. Ce n’est pas grave, ça ira mieux. Ce n’est pas grave, tu ne le reverras plus. Ça ira, ça finit toujours par aller.
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