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 Le havre de Morphée (terminé)

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Raven Ninvenci
Raven Ninvenci
Placidus


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Lun 26 Mar - 14:01

Le samedi était toujours d’un ennui profond à tes yeux. On te tirait du lit encore bien trop tôt à ton gout tout ça pour que tu finisses par ne pas aller subir les cours optionnel de maitrise du don et autre bêtises. Depuis que tu étais arrivé dans cette école, le samedi était devenu le jour que tu aimais le moins de la semaine. Cette façon de casser le rythme spartiate de la routine de la semaine sans autoriser le relachement du dimanche. Les personnes qui avaient penser un tel programme était sans le moindre doute des sadiques qui mériterait leur place au pathéon des malades mentales. Tu exagérais à peine en pensant ça.

Mais depuis l’arrivée des élèves russes, les habitudes trop carrées de cette école avait été chamboulées. Il suffisait de voir ce qui leur servait de directeur. Ce type ne devait pas avoir la lumière à tous les étages et un certain nombre de cases en moins. Et puis les élèves, qui semblaient complètement perdu dans cet environnement nouveau, leur tête de zombi le premier matin de semaine après leur arrivée... Toi, tu avais une tête de mort vivant au quotidien mais à coté de l’air dépité de ceux qui avait été tiré par la sonnerie à 5h30, ce n’était rien. La majorité des Vis n’avaient clairement pas été amicaux, les Asinos avaient eu des réactions diverses et en ce qui concernait tes camarades des Placidus... Et bien comme pour beaucoup de chose, la plupart d’entre vous n’avaient pas réellement pris de partis.

Et puis, il y avait toi. Toi qui avait profiter que tout le monde aille en ville pour aller à la bibliothèque. Oh non. Tu n’avais clairement pas l’intention de travailler. Tu avais suffisament de capacité intellectuelle pour te contenter d’écouter en cours pour avoir un niveau moyen. Sans effort. Parce que de toute façon, les efforts, tu n’aimais pas ça. Alors tu avais soigneusement sélectionner des bouquins relativement épais, sans te soucier de quoi ils pouvaient bien traiter. Tu les avais soigneusement superposé, les piles irrégulières formant de petites murailles, une véritable forteresse de papier jaunis. Après avoir soigneusement terminé son abris qui était principalement destiner à t’assurer d’avoir la paix avec l’archiviste qui t’avait reproché ses dernières siestes, tu installa tes bras sur la table pour finir par déposer ta tête en fermant doucement les yeux.

Dormir dans des endroits invraisemblable. Ca aurait pu être ça ton don. En moins d’une dizaine de minute, tu t’étais déjà assoupi, réchauffé par le soleil dont les rayons traversaient les vitres pour tomber sur ce bout de table que tu avais investis de tes livres. Il n’y avait vraiment que toi pour décider de piquer un somme à l’intérieur par une journée aussi ensoleillé.

Ou peut-être pas...


Dernière édition par Raven Ninvenci le Jeu 12 Avr - 23:18, édité 1 fois
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Heath J. Andersen
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Sam 7 Avr - 13:50

Did we imagine half of it
Would happen in a thought from now

Ah, le samedi matin. Avec tes quatre heures de français durant lesquelles tu es prêt à somnoler, et pourtant, tu reste attentif. D'un côté, c'est la seule chose qui t'as jamais rapproché de ta mère : Le français. Ton père ne parlait jamais d'elle. Et tu ne voulais pas en entendre parler. Pourtant, tu avais tenu à apprendre cette langue en son honneur, juste parce qu'elle t'avais tout de même mis au monde. Harrison t'avais d'ailleurs beaucoup aidé en te parlant en français tous les midis que vous passiez ensembles. Ce qui était peu en temps scolaire, mais énormément dès que tu rentrais. Ca ne semblait pas lui poser problème, et tu étais tellement heureux de partager ça avec on père, que la langue ne t'avais jamais paru être une corvée. L'heure du déjeuner sonne. Tu vas simplement attraper une entrée. Tu n'as vraiment pas faim. De toutes façons, tu n'es pas vraiment bien, et tu ne vois pas l’intérêt de gâcher d'avantage de nourriture que deux feuilles de salades avec une tranche de mozzarella. Pour le goût. Par gourmandise, comme on dit.

Et comme tu n'avais rien à faire, que l'air frais ne te disait rien aujourd'hui, tu te décidais à te rendre àa la bibliothèque, rendre le dernier Dan Brown emprunter. Aujourd'hui, tu ferais focus sur de l'histoire géographie. Pas que ça te passionne, loin de là, mais à force de bosser tes équations, tes formules chimiques et ta microbiologie, tu devenais comme fou à lier. De plus, l'école ne semblai pas trouver ces matière de culture générale comme obligatoire, alors tu te devais de les bosser dans ton coin, en espérant que tu pourrais passer un diplôme normal en dehors de celui qui te serais donné à la fin de ta scolarité dans cette école. Tu voulais retourné en Suisse, passer on diplôme normalement. Oublié que tu étais en Allemagne et recommencer une vie normale.

Te voilà qui t'approche du bibliothécaire, déposant Da Vinci Code devant toi. Il t'as de suite reconnu, sans prendre le temps que tu lui donne ton nom ou ton numéro. A force de train dans ce coin, tu reconnaissais les habitués, et eux aussi, te reconnaissaient. Vous ne vous connaissiez pas, seulement un visage, un coin bien à soi. Pourtant, tu étais du genre à prendre un livre, flâner quelques instants avant de repartir. Tu n'aimais pas vraiment t'attarder ici. Faute de temps. Faute de sofas libres. Mais aujourd'hui, personne ne t'avais demandé de venir, de lui tenir compagnie, alors tu pouvais bien rester là. Pas beaucoup de place. Une, là bas, avec cette sorte de gang, qui semble plus rire ensembles que rire. Et une fille, toute seule, que tu ne préfère plus vraiment approché depuis qu'elle t'as craché tout son whisky à la figure, il y a trois mois.
Et la voix grinçante du bibliothécaire te tire de ta contemplation, te demandant ce que tu es venu lui emprunté aujourd'hui.

    « Oh, eh bien. Peut-être que tu peux me renseigner sur un bon livre d'histoire géo. J'ai envie de bosser, un peu. Mais j'ai des formules plein la tête, du coup, les sciences, j'arrêtes un peu. Et l'anglais, je m'en sors à peu près... »


T'as ce visage joyeux. Qui te vas si bien. Ce visage que tout le monde connait. Sauf toi. Tu n'es pas du genre à sourire à ton miroir. Tout juste si tu t'y regardes en te brossant les dents. Pas grand chose, en somme. Il reviens en quelques secondes, avec des manuels légèrement poussiéreux. Il connait son travail mieux que quiconque. Tu le sais à la manière dont il te tends les manuels, te récitant le titres et les points forts des ouvrages. Tu n'en prends que deux, avant de te risquer à demander du J.M. Barries. Que tu voudrais bien relire Peter Pan. En exhibant tes dents.Pourtant ta fossette droite apparaît à peine. Tu sais bien que c'est juste un de ces faux semblant. Personne ne s'en doute. C'est mieux ainsi. Enfin, il s'exécute. C'est tout ce qu'il compte pour toi. Pendant que tu te remets à examiner la pièce. A la recherche d'un endroit où te poser. Où lire et te laisser amener au Pays Imaginaire, une fois encore. Il revient, avec une édition dans chaque main. Tu prends celle en anglais. Ça te fera un peu plus révisé. Et tu le salue alors qu'il note tes emprunts sur le registre.

Voilà une table, légèrement isolée, zébrée par le soleil. Il n'y a qu'une personne, un enfant, qui semble vouloir se cacher du reste du monde. Il n'y a que cette personne, accroupie derrière sa forteresse. Tu ne vas pas tenter le dialogue. Seulement tiré la chaise en face. Demandant de ta voix la plus charmante, si ça ne gêne pas que tu t'assieds là. Mais il semble que la personne face à toi sois prise dans ce qu'on pourrait appeler un léger coma. Alors tu finis par t’asseoir, après un haussement d'épaule. Tu poses les deux manuels devant toi, avant d'ouvrir une page au hasard. Tu survoles tu lis, relis les définitions, les frises chronologique. Ce manège dure sur quatre page. Une bonne dizaine de minutes. Lire en diagonale, tu sais faire. Lassé, tu te décide enfin à lire Peter Pan. Te voilà penché en arrière sur ta chaise, allongeant tes jambes en avant.
Mais tu avais oublié qu'il y avait quelqu'un, tu le pousse sans faire exprès et commence à te lancer dans des excuses.

    « Em. Pardon, je... Enfin... »


Tu te demandes. Si elle dort encore. Si tu l'as arraché des bras de Morphée. Tu te demandes, si il va bien le prendre. Et pourtant, tu ne vois pour l'instant aucun mouvement. Tu es là, ton livre ouvert, tenu devant ta poitrine par ton index et ton majeur. Tu regardes quel dragon va sortir de la forteresse, espérant n'avoir révélé aucun maléfice.

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Raven Ninvenci
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Dim 8 Avr - 11:50

La notion du temps était quelque chose que tu avais laissé à l’entrée de l’imposant temple de la littérature. Pour seul indicatif du temps qui passait, tu avais la chaleur du soleil qui tombait en rayures lumineuses sur ton dos. Endormis sans laisser le monde derrière tout à fait, à l’abri de ses agressions, dans la calme de cet endroit brouillé par instant par des rires éloigné. Encore un de ses groupes de personnes qui voit la bibliothèque comme un endroit pour bavasser des derniers potins. Quelle plaie. Mais au moins, à l’écart de tout, tu étais tranquille, toi l’asociale barricadé derrière tes ouvrages assommant de théologie, de littérature française et autres livres aussi rébarbatif qu’imposant.

Perdu au milieu de la philosophie de Kant, les préceptes de l’église orthodoxe et autres idées qui refont le monde sur les paquets de pages jaunis, toi, tu étais à cheval entre deux mondes. Celui de ses rires lointains de tous ces gens qui te fatiguaient par leurs présences et celui de tes songes. Peuplés de douces espérances, de souvenirs vécus et que tu créais. Comme une vie alternative. Celle qui naissait lorsque, au plus profond de ton être, ton esprit osait prononcer les deux mots maitres de cet univers onirique. " Et si… "

Et si tu n’avais pas eu ce don. Ta vie aurait surement été la même, en plus ennuyeuse. Tu n’aurais pas eu l’unique cicatrice qui marque ta peau, flemmard que tu es. Tu aurais pu dormir sur la branche d’un arbre sans savoir qu’il souffrait encore des gelés de l’hiver qui s’achevait. Tu n’aurais pas eu à t’excuser auprès d’une famille de souris que ta venue dans la chambre à Virtus avait chassée. Mais tu n’aurais aussi surement eu personne à qui parlé. Rien en commun avec la seule personne qui comptait à tes yeux.

Et si… Avant même que ton imagination ne puisse t’emporter un peu plus loin dans la douceur ouaté de tes songes, quelque chose te secoua brièvement, te ramenant sur terre dans un vague gémissement endormi. Dans un reflex habituel de ta part, tu commenças par frotter ton visage contre ton bras, tentant vainement de te rattraper aux branches de ton rêve qui s’éloignait aussi vite que son souvenir. Tu entrouvris les yeux en entant une voix s’excuser de t’avoir heurté. D’ailleurs, cette voix, elle te dit vaguement quelque chose mais tu n’arrives pas à te souvenir où tu l’as entendu. C’était peut-être l’un de ceux qui riait un peu plus tôt. Ou bien… peu importait au final.

D’une voix un peu plus rauque que d’habitude mais toujours aussi trompeuse sur ton genre, tu marmonnas vaguement un « … C’pas grave. » en étirant les bras devant toi, poussant du même geste l’une des piles de livres qui commença à taguer dangereusement tout en gardant la stabilité du célèbre édifice penché de Pise.

Les cheveux en batailles et la marque du pli de ton vêtement incrustée sur ta joue, tu finis par te redresser en laissant apparaitre ta mine endormie à celui qui s’était installé en face de toi. Avant même de voir qui était le malotru qui t’avait donné un coup de pied, vraisemblablement involontaire mais tout de même, ton regard se posa sur les livres devant lui. Il y avait donc encore des gens qui venaient un samedi après midi, dans la bibliothèque, pour étudier ? Toi qui pensais que cette espèce était en voie de disparition, surtout ici à Virtus. Et puis ton regard se posa sur le visage de la personne si studieuse qui avait investit l’autre coté de la table qui te servait de substitut d’oreiller, enfin jusqu’à maintenant.

« Ah… »

Tu n’avais rien eu d’autre à dire. Maintenant, tu arrivais à remettre la voix sur l’endroit et le visage. La cafeteria. Pas réellement un bon souvenir maintenant que tu y repensais. Terminant tranquillement de te réveiller en te frottant vaguement les yeux sans même te soucier de l’aspect un peu chaotique de tes cheveux, tu te demandais comment est-ce qu’il allait réagir. Peut-être qu’il n’allait même pas te reconnaitre. Ca t’aurais vaguement arrangé, tu n’aurais qu’à faire semblant qu’il en soit de même de ton coté et, cette fois-ci, te dispenser prendre du temps à réfléchir à la réponse à plus socialement approprié.

Et ton regard se hasarda sur le livre qu’il avait entre les mains. Tiens, un choix plutôt étrange. Au milieu de ces livres d’histoire et de géographie, du James Matthew Barrie détonnait un peu. Surtout que ton voisin d’en face avait choisit l’édition original. Bien évidement, comme tu étais un natif anglais, c’était la version que tu avais toujours connus mais dans cette école à la langue gutturale, tu étais surpris de voir quelqu’un choisir ça à défait d’une adaptation. Aussi surprenant qu’agréable à constater ceci dit. Ton affection pour la littérature anglaise, seule compagne fidèle qui avait réussit à atténuer les longues heures d’ennuis sans te demander d’efforts quelconques, prit le dessus sur tes lacunes en communication avec tes semblables. Et avant même que tu ne l’ais réalisé, ta voix s’élevait déjà à un volume raisonnable compte tenu de l’endroit où vous vous trouviez.

« Tu devrais lire ‘The Little White Bird’ si c’est pas déjà fait… »

Combien de gens avaient lu les origines du personnage de Peter Pan ? Très peu en vérité. Et pourtant, ce roman fantastique était clairement à la hauteur de son petit frère, cette suite.

Mais maintenant que tu avais prodigué ton conseil avisé, plus par reflex que parce que tu te sentais concerné par sa culture, tu te radossais à ta chaise, regardant vaguement ailleurs. Cette place zébré par le soleil, tu l’aimais bien et tu n’avais pas vraiment envie de la quitter. Alors, sans même t’en rendre compte, tu te tassais un peu au souvenir que tu avais du dernier échange de mot que vous aviez eu. Bref et animé. Cet échange qui s’était soldé par une sortie de ta part qui avait été bien trop remarqué à ton gout. Tu avais même du éponger les conséquences sur le reste de la journée, les personnes qui partageaient les même cours que toi ce jour là, s’étant fait un malin plaisir à te rappeler les faits en les agrémentant de remarques plus ou moins agaçantes. Ca allait des « Tu sais soigner tes sorties aha ! » au « Elle était d’enfer votre scène de ménage ce matin ! ». Tu avais bien sûr fait comme d’habitude, tu t’étais contenté de les ignorer, refusant de gâcher de l’énergie sur des ragots et des plaisanteries de mauvais gout. Ils s’étaient lassé mais tout de même.

Alors, une fois mais pas deux.
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Heath J. Andersen
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Dim 8 Avr - 14:10

Un geste égarés, des mots bafouillés. Voilà tout ce dont tu étais capable. Voilà un rien qui ébranle ta tranquillité, ta sérénité. Tout se bouscule. Tu t'étais pourtant prois, de ne plus jamais t’asseoir à la même table que cet individu. Tes paupières se relèves. Un peu A peine. Pour le dévisager une secondes, un instant. Tant qu'il est dans le coltard, tant qu'il ne s'en aperçoit pas. Ta langue claque à peine contre tes dents, te voilà munis d'un sourire, mi-gêné, mi-aimable. Tu ne tiens pas à attiré l'attention ici. Sanctuaire protégé. Sanctuaire aimé. Tu veux rester ici, sur ces terres que tu sembles connaître tellement bien qu'elles pourraient t’appartenir. Peter Pan contre ton coeur. Qui s'agite. A peine. Un peu trop. C'est la surprise. La fraction de l'instant que tu ne contrôle jamais. Incapable de garder ton air soi-disant naturel. Incapable de garder ce minois sans lequel on ne t'imagine pas.Comme si ton visage, l'espace 'une seconde, prenait quelques années, se brisait. Comme si tes traits ressortaient, plus durs. Comme s'ils n’avait pas cette chaleur dont on aime te dire que tu as le secret. Mais tout cela est faux. Et la surprise te le fait bien comprendre. Tu as comment un relant dans la gorge, que tu ravale. Que tu retiens. Mais le sourire est là. C'est tout ce qui compte, pas vrai ?

T'as envie que tout soit simple. Très simple. Comme une histoire. Qu'importe le titre. Que tout se finisse bien. Que tout ne sois pas insurmontable. Dans les contes, ce sont toujours les gentils, qui sont récompensés. Parce qu'ils ont étés vrais, nature, plein de bon coeur. Mais toi ? Toi, tu es où, dans cette histoire ? Tu n'es pas le prince charmant. Tu n'es pas le héros. Tu n'es rien. Rien d'autre que le figurant. Peut-être le père absent. Le villageois chez qui on va pleurer de temps en temps. Ce n'est pas faute d'avoir essayé. Mais à force de refouler le naturel, tu n'arrives plus à être toi.

Une syllabe. Pas plus. Pas moins.
Une syllabe. Qui arrive à te faire comprendre. Comprendre que tu n'es pas le bienvenu. Que tu n'as rien à faire ici. Que tu n'es pas un souvenir agréable. Qui te rappelle une fois encore que tu n'es rien de bien. Ton sourire disparaît. Pour lui rendre la pareille. Tes yeux verts le fixent, quelques secondes. Le temps de poser ton coude sur la table, d'y appuyer ta tête/ Te passer cette main dans les cheveux. De reposer l'ouvrage contre ta poitrine. De faire attention à la reliure.
Et il te surprend.

Il te propose, comme si vous étiez amis. ou du moins inconnus, ce livre. Dont tu as entendu parler, une ou deux fois. Et que tu n'as pourtant jamais lu. Tu lève un sourcil. Ta fossette droite se creuse. La gauche semble en faire de même. Tu te dis que tu devrais tout mettre de côté. L'écoeurement. La rencoeur. Tout ce qu'il a pu t'inspiré lors de votre dernière entrevue. Mais tu prends sur toi. Il se montre aimable. Pourquoi pas toi ? Pourquoi, tu ne peux pas passer de l'être inexistant à l'adjuvant ? Pourquoi tu ne peux même pas essayé ? Après tout, personne ne t'en empêche. Personne ne t'oblige à êre comme ça, à part peut-être toi-même.

    « Je lirais ça dès que j'aurais fini celui-là. »


Tu dis ça, sans méchanceté dans la voix. Avec cette voix, neutre, et pourtant qui semble parfois dansée. Tu te dis aussi qu'il doit bien se moquer de ton accent. Tout le monde se moque de l'accent suisse après tout. Reprendre à zéro. Ca a l'air facile comme ça. Ca a l'air facile, dit comme ça. Mais personne n'arrive à recommencer à zéro. De toutes façons, même si c'était possible, les même erreurs se produiraient. Comme dans un jeu vidéo que l'on recommence. Comme dans une histoire qu'on relis. On a beau se dire Non, pas par là, on y court, au rythme du joystick, au rythme des mots. On va droit devant. On fonce. Tu foncerais aussi. C'est un peu ça la vie. Du coup, tu ne sais pas vraiment comment le prendre. Tu sais que ça ne marchera pas bien entre vous. Que ce sera tout au plus des rapports polis. Mais qu'est ce qui vous empêche de vous asseoir à la même table, à parler d'une chose ou d'une autre, de la pluie et du soleil. Qu'est ce qui vous empêcherais de vire dans un même univers, dans un même espace ? Tu connais la réponse. Tu connais même la raison. Alors tu secoue la tête. Un peu. A peine.

Tu es toujours dans cette demi-mesure, dans ces gestes retenus. Rien de grandiose, rien de spectaculaire. Tu es un ado. Comme tout les ados, tu as des secrets. Mais les tiens sont toi. Tu es ton propre secret. Si c'est pas absurde.
Tes doigts jouent sur la couverture du livre, tes yeux s'y attardent. Le pouvoir qu'ont les mots t'as toujours passionné. Tu rêves, en cet instant précis, de plonger dans le l'histoire comme dans l'océan. Tu aimerais t'y noyer, ne plus y trouver la réalité. Ne plus arriver à remonter vers le ciel. Ne plus jamais voir la terre ferme.

    « C'est rare... Je veux dire, dans cette école, de trouver quelqu'un qui s'intéresse à la littérature... »


Tes mots sont hasardeux, comme si tu n'osais pas trop les faire sortir de ta bouche, comme si tu les laissait attendre sur ta langue quelques secondes. Pourtant, en vrai, tu dis ça, du plus naturel dont tu es capable. Tu essayes d'engager la conversation. Tu as bien retenu. Ce qu'il t'as dit. Ce reproche que tu ne comprenais pas. Comme quoi tu n'écoutais pas les gens. Pourtant, tu es beaucoup plus à l'écoute que ce qu'il peut n'y paraître. Tu n'oses aucun autre mot. Tu veux essayer d'être sympathique. Tu rouvre Peter Pan, sur la première page. Le premier chapitre, plus tôt. Mais tu ne lis pas. Tu préfère regarder la personne en face de toi. Tu te hasarde. Un peu plus, un peu moins. Comme pour lui prouver que tu es parfois attentif aux détails.

    « Raven, c'est bien ça ? »
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Dim 8 Avr - 17:47

Il ne fallait pas se voiler la face. La situation était à peu près tout sauf naturelle et confortable. Pour toi comme pour lui. Pas besoin de mot pour savoir qu’il t’avait aussi bien remis que tu l’avais fais avec lui. Et un silence lourd s’était installé avant que tu ne le brises par ta remarque impulsive. Celle qui aurait du te bruler les lèvres plutôt que de les franchir. Tu t’attendais à un soupir ou un silence. Il allait peut-être simplement se lever et partir. Mais finalement, il se contenta de te répondre. Non pas avec ce ton suave qu’il avait eu la première fois. Ca semblait plus neutre et d’une certaine façon, plus honnête.

Enfoncé dans ta chaise, tu laissais les minutes s’égrainer, la torpeur s’éloigner doucement mais surement à mesure que ta bouche devenait moins pâteuse. Ton regard voyageait vaguement sur les livres qui constituaient ton rempart. Pas un seul de valable. Vraiment rien de bien intéressant. Les Misérables de Victor Hugo ne te tentaient pas plus que dix volumes encyclopédique ou encore le fameux "Historical Theology". Rien de bien engageant en soit. Grognant intérieurement contre cette sélection, tu te juras de faire un choix pour… rigoureux la prochaine fois. Disparaitre derrière un ouvrage quelconque aurait été une bonne échappatoire à un autre combat verbal.

Et pourtant, contre toute attente, il tenta une parole. Une simple remarque. Sans vraiment t’en rendre compte, ta surprise s’exprima un bref instant sur ton visage. Il s’étonnait de voir quelqu’un s’intéresser à la littérature ? Tu arrivais bien à t’étonner de savoir que des gens prenaient plaisir à suer et utiliser de l’énergie dans un sport quelconque alors bon. Mais ton regard se posa sur le livre que tenait Heath. C’est vrai que, de ta part, c’était étonnant de te voir t’intéresser à quelque chose. Même si ça, il ne pouvait pas le savoir. Personne ne pouvait le savoir, puisqu’ici personne ne te connaissait suffisamment pour ça. Ici ou ailleurs en réalité.

Ta deuxième surprise fut d’entendre ton nom. Il l’avait retenu. Tu n’aurais pas cru qu’il s’en souviendrait. En fait, tu pensais qu’il ne t’avait même pas écouté. Alors retenir les vagues présentations d’usages que vous aviez échangés avant la fin prématurée et abrupte de cette entrevue… Ca ne t’avait même pas effleuré. Du coup, tu étais un peu pris de court mais tu acquiesças malgré tout d’un signe de tête à sa question rhétorique. Sans aller jusqu’à dire que tu devrais peut-être réviser ton jugement sur lui, tu étais près à admettre en ton fort intérieur que tu t’étais un peu hâté dans tes suppositions à son égard.

« Je suis plus à l’aise avec les livres… »

C’était une réponse qui aurait pu être vexante, comme tu pouvais l’être souvent quand tu ne réfléchissais pas à une réponse politiquement correcte. Parce que tu étais franc dans ces moments là. Parce que c’était la vérité dure et toute nue qui passait tes lèvres. Alors tu tournais ton regard vers la rangée interminable des étagères remplies de livres. Oui, c’était bien plus facile de lire un livre plutôt que de comprendre les réactions des autres. Celui qui te faisait face ne dérogeait pas à la règle. Ils étaient tous pareils. Aucun d’entre eux n’était aussi clair qu’un ouvrage. Ah, si seulement les choses pouvaient être aussi simples.

Des étagères, ton regard se déplaça sur les livres qui étaient devant lui. Aussi rébarbatif que les tiens, ces livres.

« … mais je suis pas vraiment studieux. »

Etudier, c’était fatiguant.
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Jeu 12 Avr - 19:25

Ecouter. C'est ce que tu fais. Ecouter attentivement sa voix. Ne rien dire de plus. Il ne se rend lui-même pas compte du manque de considération qu'il fait avec ses mots. Plus à l'aise avec les livres... Parce que peut-être pensait-il que tu étais confortablement installé, là, en face de lui. A l'entendre te dire ce genre de choses. A te souvenir à quel point tu avais l'impression qu'il t'avais regardé de haut la dernière fois. Ta langue glisse entre tes dents sans se montrée en dehors de sa tanière. Juste le temps de légèrement balancé ta tête en arrière. Apparemment, tu étais le méchant dans l'histoire. Tu ne comprenais vraiment pas ce manque d'égard. Mais tu ne disais rien. Ce n'est pas le genre d'Heath Andersen, n'est-ce pas ? Ce n'est pas ton genre, de te donner en spectacle. Bien au contraire. Tu étais celui qui cachait ses quelques exploits. Beaucoup plus modeste que ce que tu en as l'air.
Puis il achève sa phrase. Tu regarde ce qui l'entoure, d'un air dubitatif. Tu te doutais bien que dormir n'étais pas studieux. Tu te doutais que le genre de personne qui dormaient à la bibliothèque n'avaient pas de temps à perdre avec ce genre de banalité que sont les études. Et ça te révulse. Un haut le coeur. Un goût plutôt amer dans la gorge. Mais toujours. Tu restes silencieux. Ne dis rien. Toi, tu étudies. Presque trop pour certains. Tu ne fais pas que ça de ta vie, mais tu veux rester ans la moyenne. Comme un vrai. Comme un gentil Placidus. Tu n'es pas un génie. Tu t’entraînes. Et pourtant tu ne veux pas être le meilleur. Juste quelqu'un de normal. C'est tout ce à quoi tu aspires. Être quelqu'un de normal. Alors oui, tu es plus que l'un de ces ados qui déclinent les souhaits les plus chers de leurs tendres parents. Tu es plus que ce faux rebelle qui taille. Tu étudies. Le soir, dans ton lit. Pendant beaucoup de temps libres. Ca ne t'empêches pas d'avoir une vie. Loin de là. Il suffit de gérer son temps. Entre deux plats. Pendant une heure creuse. Au lieu de faire un foot.

Tes mains se plaquent sur le bois de la table. Et tu as envie de lui demander. S'il trouve ça correct. De dormir ici. De prendre de la place. Mais tu te retiens. Tu as ces airs de presque trop parfait qui t'empêche d'être quelqu'un de spontané. Tu finis par oser un mouvement d'épaule. Retomber dans ta chaise. Décidément, ta lecture ne sera pas facile.

    « Tant que tu respectes les livres, j'ai rien à te reprocher. »


Ou presque.
Mais c'est l'important. Ne pas pleurer sur les pages, déchiré la reliure. C'est important. D'écouter les livres. D'entendre ce qu'ils te disent. C'est important, de les entendre. En plus de les lires, ils ont des choses à dire. Ici, à Virtus Insania, c'est un des rares endroits qui te plait. La bibliothèque. Tu entends les livres murmurés. Tu entends les livres parler. Un peu comme David, dans l'oeuvre de J. Connoly. T'en sais pas grand chose, parce que tu es plus du gene à lire quelque part, à la Fnac. T'es plus du genre à lire les livres qu'on t'offre. Des nouvelles éditions aux pages trop blanches. Toi, tu aimes quand le pappier froisse quand tu le tourne. Un léger bruit. Celui d'un page, qui semble avoir bien plus à dire que les pauvres lettres qui la salissent. Tu aimes trouver des vieux livres, dans les vides-greniers, dans ta cave. Essayer de les déchiffré après les années qu'ils ont vécus. T'arrives parfois même pas à comprendre ce que te dit le récit. Mais le simple fait de les effleurer semble déjà avoir son importance. Ici, les livres en rayons sont quasiment comme ceux auquels tu n'as qu'une attention simple, fugace. Ceux de la réserve. Ceux que le bibliothécaire te proposent, eux, sont toujours à chérir, le temps d'une semaine. Dans ton sac, à l'abris entre deu manuels. Sur ta table de chevet. Rien d'extraordinaire.
Et quand tu penses à ça, tu te dis que tu es peut-être un amoureux des livres. Alors que non. Tu es sûrement un de ceux qu'on dit, Hype. Un truc du genre. Mais c'est pas juste parce que c'est à la mode. C'est juste parce que c'est ainsi. Tu sera peut-être le eul à te comprendre, mais qu'importe. Pas grand monde ne t'as déjà compris.

Tu t'attends à ce que votre échange soit terminé. Que vous n'ayez plus rien à vous dire. C'est tout. Que des échanges polis, s'il en est capable. Que des échanges polis. C'est ça. De la politesse, e la fumée. Rien d'important. Rien de génial. Tu veux juste lireton livre. Alors tu saisit doucement le recueil dans tes mains, tu commences à le lire. Tu commences, les premiers mots, les premières lignes. Toujours ce qui te donne une sensation d'ailleurs, d'envol. L'anglais ne te parais pas difficile. Seulement plus compliqué que l'allemand. Pourtant, tu connais tellement ce livre que tu sembles le lire dans ta langue maternelle, avec ton patois suisse. Les mots s’enchaînent, comme si tu les devinés. Les images que tu as déjà tant rêvées s’enchaînent à peine le livre commencé. Mais elles ne ont jamais les même. Pour toi, c'est ça la magie du livre. Ne jamais rien voir précisément, mais seulement ces sortes d'images, d'émotions, qui te transpercent, te transcendent.
Alors, tu espères qu'il te t’interrompra plus. Tu tourne déjà la page. Tu ne penses plus à l'individu face à toi. La réalité est bien loin. Les deux pages qui se frôlent te bercent un peu plus dans cet ailleurs. Parfait.



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Raven Ninvenci
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Jeu 12 Avr - 20:36

Vous n’étiez que tout les deux. Est-ce que c’était ce qui faisait que son attitude t’apparaissait différemment ? Tu n’arrivais pas à mettre le doigt dessus mais les rares fois où ton attention se posait sur lui, tu avais cette impression, ce malaise qui te restait. Cette chose qui faisait que tu n’aimais pas les humains. Il te donnait l’impression d’être faux. C’était peut-être un peu fort mais des gestes, des mots, des mimiques. Plein de détail qui te faisait tiquer et te donnait l’impression qu’il ravalait beaucoup trop de chose. Quel effort inutile. Tu ne comprenais pas. Ces gens qui se plaisait à s’adapter à une société qui s’évertuait à mentir, jouer de faux semblant et de politesse hypocrite. Tu ne comprenais pas.

Et là, il lâcha une phrase, qui t’aurait presque fait rire si tu n’étais pas toi. D’un rire sardonique. Les livres avaient été tes seuls compagnons, les seuls à être honnête. Tu les respectais plus que n’importe quoi d’autre, ou presque. Pour qui te prenait-il au juste ? Pour l’un de ses parasites bruyants qu’on pouvait entendre dans un vague écho entre les étagères. L’un de ses déchets qui ne semblait pas avoir compris qu’ici, le calme était demandé. Certes, venir faire une sieste n’était la façon la plus évidente de montrer ton respect pour ce lieu et pourtant. Si tu arrivais à dormir ici, sous la chaleur du soleil, c’est parce que tu t’y sentais bien. Les livres neufs te laissaient parfois sentir le relent lointain de la douleur de l’arbre arraché à la terre et écorcher par la volonté des hommes. Mais sinon, il y avait rarement quelque chose pour t’interpeler. Moins qu’à l’extérieur. Moins que dans les dortoirs. Cette paix établie pour tout et tout le monde était une chose précieuse.

« …je les respecte plus que les Hommes… » lachas-tu à mi-voix en t’aplatissant derrière ta forteresse, sans vraiment prendre conscience ou t’intéresser au fait qu’il pourrait t’entendre.

Le son des pages qui fendent l’air finit par t’indiquer qu’il se concentrait dans sa lecture. Parfait. C’était mieux ainsi. Vous tolériez la présence de l’autre, communiquant du strict nécessaire. Tu ne voyais pas pourquoi tu continuerais à échanger des mots avec quelqu’un qui n’était pas franc, qui ravalait ses mots et ses pensées. Quelqu’un qui mentait.

Appuyant ta tête sur l’un de tes bras, tu préférais éviter de te rendormir. Parce que ce type te mettait mal à l’aise d’une certaine façon. Par son attitude contrariée, à l’opposé de ses désirs. Il te mettait mal à l’aise. Finalement, tu portas ton regard vers une plante vert en bout de table. Doucement, en silence, tu dis ta main vers les feuilles, sans vraiment les toucher. Et puis d’un coup, tu te redressas, tes doigts s’attardant sur une feuille alors que tes sourcils se froncèrent un bref instant. Sans un mot, tu te levas, laissant là ton château de livre savamment battis, et t’éloigna quelques instants.

Aussi simplement, tu reviens au bout d’une minute ou deux avec une bouteille d’eau à la main. Tu ne pris pas la peine de te rassoir et tu versas un peu d’eau dans le pot avant de laisser un petit niveau dans la coupelle. Doucement, presque avec une sorte d’appréhension, tu avanças tes doigts à nouveau vers la feuille verte.

« Ca va un peu mieux, non ? » murmuras-tu dans un souffle discret. « Je n’avais pas remarqué. »

Te préoccupé de l’étrangeté de la situation n’était pas dans tes priorités, tu te contentas d’aller déposer le pot sur le bord de la fenêtre pour que ta voisine puisse profiter de sa photosynthèse en plein soleil plutôt qu’au travers de courageux rayons qui auraient réussit à faire le chemin jusqu’à la table. Et enfin, le plus simplement du monde, tu te rassis, buvant un peu. Tu avais sentis ta gorge se dessécher au contact du végétal et ca t’avait permis de savoir qu’elle avait soif. C’est comme ça qu’ils communiquaient avec toi. Par sensation. Par impression. Parce que parfois, la communication ne se fait pas avec des mots.

Les animaux. Les plantes. Les livres. Chaque chose sur Terre étaient pourvu d’une âme. Pourvue d’une essence. Et ce n’était pas parce qu’on ne pouvait pas toujours les comprendre qu’il ne fallait pas prendre en considération leur existence. Mais les plantes, les animaux, les objets… Eux, ils ne mentaient pas. La seule créature vivante qui le faisait était l’Homme. Comme ce garçon en face de toi. Comme ces camarades de classe qui te parlait de temps à autre pour se montrer « gentil » pour ensuite se moquer derrière toi, devant des témoins qu’ils pensaient muet. Devant des êtres qui te tenait parfois compagnie. Comme une araignée que tu aurais empêché que l’on écrase et qui a décidé de faire sa toile sous ton bureau. Ou encore un souriceau à qui tu as laissé la fin de ce morceau de fromage quand tu n’avais plus faim.

Tu soupiras avant de te rallonger doucement sur la table, disparaissant derrière les piles à nouveau.

« … pourquoi les humains sont-ils si compliqués… » t’interrogeas-tu, de façon purement rhétorique.

Une question dont tu n’aurais surement jamais la réponse. A moins que le problème soit le trop grand nombre de réponse possible et différente qui s’offrait à toi. Comme une habitude, tu avais abandonné toute idée d’instaurer une communication, bloqué par le souvenir de l’essai catastrophique qui s’était passé à la cafétéria. Parce que, comme sur les pages blanches d’un livre, cette expérience s’était inscrite en toi, entre vous aussi surement que l’encre avait frappé le papier fin de tout les ouvrages de cet endroit. Il n’y avait pas de retour en arrière possible, tu garderais cette marque d’encre. Celle de l’indifférence d’un garçon qui observait des règles sociales qui t’échappaient depuis toujours. Une indifférence qui s’était heurtée sans le savoir à des efforts que tu avais tenté. Vaguement. Avec toujours aussi peu de conviction.

Parce qu’au fond de toi, tu avais une voix qui te disait toujours : « A quoi bon ? ».
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Heath J. Andersen
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Jeu 12 Avr - 22:30

Tu entends. un peu de grabuge. Pas grand chose. Murmure. Tu lève un oeil, persuadé qu'il s'adresse à toi. Avant de secouer la tête, sans rien comprendre. Te voilà reparti. Pas encore au pays imaginaire. Bientôt. Bientôt. Trop tôt. Tes yeux font des vas et viens. La lecture te semble presque trop facile, bien que tu bute parfois sur un mots, deux. Rarement plus. Mais tu comprends toujours le sens. Tu essaie même d'apprécier le style. Tu te dis, un jour, tu le liras en français. Pas tout de suite. Un jour. C'est tout.

Un instant, tu pose ton livre, sortir une petite brique de jus multivitaminé. Boire un coup. Tu espères juste qu'on te dira rien. En principe, ça devrait passer. On t'aime bien ici. Tu es même le bienvenue, généralement. Mais tu essaye tout de même d'être le plus discret possible. Malheureusement, on a tous découvert que les pailles n’était pas le meilleur moyen de l'être. Hasard. Coïncidence. Qu'est ce que t'en sait, après tout. Le fait est que tu l'entends. Presque à mi-vois, parler pour lui-même. Tu hausses un sourcil, décidant de te remettre à ta lecture. Pourtant. Pourtant. Ca te perturbe. Ca te pose presque problème. Tu lis sans comprendre ce qui défile dans ton esprit. Tu secoues la tête. C'est une étrange sensation qui te gagne. Mélangée à de l'agacement, de la colère, et un tas d'autre chose que tu ne peux pas vraiment décrire.

Pauvre petit garçon que tu es. A ne pas savoir où te mettre. A ne pas savoir qui être. Ta carapace t’étouffe. T'étrangle. Tu l'as cherché, pourtant. Tu ne t'en est juste pas rendu compte à temps. Et là, c'est trop tard. C'est trop tard pour tout. Tout ce que tu aurais voulu possible en cet instant n'est que songes oniriques. Utopies. Toi, tu es là. Assis sur cette chaise, Peter Pan entre les mains. Toi, tu es là, assis sur cette chaise, à refaire ton univers. Toi, tu es là. Là et nulle part ailleurs. Tu pourrais être chez toi. A rire, à parler avec ton père, avec Hadrian. Tu pourrais être toi. Mais non. Tu es là, sur ta chaise est assis quelqu'un que tu pensais connaître, mais qui en faite, te surprends, t'agace, te rends fou. Mais tu ne peux rien faire d'autre que de lui laisser la place. Parce qu'ici, entre ces murs, c'est lui qui existe, pas toi. Tu te demandes même si tu existes quelque part.

Tu respires. Une fois. Juste une fois.

Et tu fermes ton livre. Tu te redresse et viens te pencher vers Raven. Tes lèvres s'approchent de son oreille. Comme pour un secret. Comme pour des mots tendres. Tu sais. Tu sais que tu te blesses toi-même. Mais tout ira mieux après, pas vrai ? Personne ne va savoir. Tu n'es pas ce genre de personne qui se donne en spectacle. Ici, personne ne peut te surprendre, pas même ces commères, à deux trois rayonnages de là. Secrets empoisonnés.

    « Les humains sont si compliqués, comme tu dis, justement parce qu'ils sont humains. Parce qu'ils ont la folie des grandeurs, parce qu'ils ont la folie des rêves. Tu vois, aussi bien toi, par le fait de vouloir un monde simple, que moi, en voulant le vivre, nous rendons les choses compliquées. Pourtant on est insignifiances. On est rien que des ordures vomies à un coin de rue. On est humain. On est compliqués parce qu'on est nous. Tu auras beau dire ce que tu veux, tout est unique. Toi, ce bouquin, le bibliothécaire. Même moi. Et nous, cons comme on est, on en est heureux, même si on ne s'en rend pas compte. Même si on veut se confondre dans le moule. Et si tu te demandes pourquoi moi je suis compliqué, pourquoi j'ai cette envie d'être celui que je suis, c'est parce que moi, ça m'irait parfaitement d'être dans le moule, d'être comme tout le monde. Mais y a aps de tout le monde. Y a que du lui plus lui, plus lui, plus lui. Tu vois, on a des standards. Très simples. On a la politesse; On a les injures. On a le désir. On a tout ça, mais on est jamais ce qu'on veut. Alors, oui, c'est tellement facile d'être simple quand on ne se remet pas en question. »


Tu pourrais continuer, longtemps. Mais tu n'en fais rien. Tu te retires. Te relève. le temps qu'il t'observe, tu gardes ton air naturel, le vrai. Un peu sévère. C'est pas vraiment toi. Mais toi, t'es anxieux. Toi t'es celui qui se demande toujours pourquoi. Alors quand on te demande, ça te fend l'âme. T'as cette chose dans ta gorge. Comme un noeud. Comme de l'acide. Toi, t'aurais tellement voulu te moquer de tout. t'aurais tellement voulu être ça. Mais pas comme lui. T'aurais simplement voulu être toi, sans l'avis des gens.
Ton visage fini par se radoucir. Tu attrapes tes livres au pasage. Tu passe ta besace sur un bras. Tu t'en va. Tu n'as plus rien à faire ici. La terre promise n'est ni un havre de paix, ni même le paradis. Tu te retrouves sur ce royaume abandonné. Qui n'a plus rien de sa grandeur qu'un roi sur un trône. Qu'un roi que personne ne respecte. Un instant, tu penses ce qu'il ressent, ce bibliothécaire. Et tu ferme les yeux, dans une prière silencieuse en son nom. Tu t'en vas. Ce sera ton terrain de pèlerinage. Jamais plus qu'une escale. Là, ta gorge te brûle. Ton estomac s'agite. Tu sais. Tu sais trop bien.

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Jeu 12 Avr - 23:18

Tes longs cils presque posé sur le haut de tes pommettes, dans une impression de torpeur qui n’était qu’à moitié factice, tu étais là. Juste contre cette table de bois, calé dans le creux de ton coude, coupé des autres par tes livres. Ayant pour unique ouverture une vue imprenable sur la fenêtre. La plante, le soleil. Un monde qui te tendait les bras et auquel tu te refusais, presque obstinément si ca n’était pas quelque chose que tu estimais trop fatiguant. Le rythme des pages qui se tournent avait ralentis pour finalement cesser. Tu ne t’en rendis compte que lorsqu’une ombre te surplomba. Passant outre tes remparts, brisant tes barrières et ta zone d’intimité, c’est bientôt un souffle tiède qui effleura ton oreille. Raven, tu ne t’en rendis surement pas compte mais à cet instant, ta main se crispa et ton souffle se fit presque oublié, l’espace d’un instant.

L’espace d’un instant. D’une tirade. D’une réponse. Tu n’avais pas cillé, ton regard fixé droit devant toi, volontairement bloqué sur un point invisible, comme si tu avais cessé de voir. Comme si l’espace de cet instant, tu ne t’étais concentré que sur un sens. Ton ouïe. Des mots brutaux. Des mots qui ne faisaient pas de détours pour s’arrondir. Des mots pointus qui piquaient à vif tes idées, tes préjugés. Ton obstination de t’exclure du cercle des humains. Des mots qui te renvoyaient à ta propre lâcheté, ton manque de motivation. Ton absence d’effort. Des mots qui transpiraient d’inexactitude sans être faux. Des mots qui te donnaient l’impression que tu devais t’excuser. D’être comme tu étais. Mais qui t’interdisait de le faire. Parce que tu étais toi. Des mots qui étaient la réponse la plus sensée qu’on avait pu te donner malgré qu’elle soit surement la plus absurde et subjective qui t’ait été donné d’entendre.

Et puis, soudain, plus rien. Un courant d’air frais caressa ton oreille alors que la tiédeur du souffle de ton voisin s’éloignait. Tu restas un moment, sans rien dire, ta respiration reprenant ses droits. Doucement, tu levas les yeux vers ton moralisateur pour croiser son regard. Ce regard. Pas de miel. Pas d’hésitation. Un regard aussi brut que ses mots. Le regard de quelqu’un qui s’exprime, qui a laissé échapper son avis mais qui ne regrette pas. Quelqu’un qui ne craint plus tes yeux carmin. L’espace d’un instant, tu le vois plus grand, plus consistant, plus vrai. Ses mots résonants encore dans ta tête comme un écho.

Et la douceur de l’hypocrisie reprit sa place. Comme si ca n’avait été qu’un rêve éveillé. Une brève illusion. Et il s’en va. Te laissant au milieu de ses livres, tes amis. Ceux qui te sont fidèles. Mais ceux qui ne t’ont jamais répondu. Tu le regardes s’éloigner, sans rien dire, sans le retenir. Le retenir pour dire quoi ? Dans quel but ? Pour le moment, il valait surement mieux que vous restiez seul. L’un comme l’autre.

« Alors, c’est donc ça ton vrai visage… Andersen. »

Un pas avait été fait. Un pas qui vous avait éloigné ? Un pas qui vous avait rapproché ? Peut-être ni l’un, ni l’autre. Mais il y avait eu du mouvement. Sans trop chercher à le faire, vous aviez dévoilé une partie de votre jeu. Pour le meilleur ou pour le pire. Vous ne le saurez que si le hasard avait l’ironie de vous laissez une nouvelle fois dans une même pièce.

Et tel le monarque de ton royaume de silence, tu retournas derrière ta forteresse, laissant le monde terminer cette journée à son aise alors que tu repartais parcourir les plaines de tes souvenirs. De toutes ces choses qui faisait de toi un être unique. L’un de ces humains complexes que tu méprisais.

~ Sujet Clos ~
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