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 [Ex-dortoir] Remember the time - Clyde

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Vitali Sergey
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Dim 10 Juin - 16:42



It's gonna be wild, it's gonna get crazy.


    Le dortoir. Ton pire ennemi. La chose que tu supportes le moins : le bordel. Et dans un dortoir, y'a toujours du bordel. Pire que ça même, c'est du vrai bordel. Genre le truc qui te donne envie de foutre deux claques à ton voisin de lit et à lui dire « Oh ! Merde ! Range tes caleçons crades, putain ! » Oui. Tu détestes ça, le bordel. Tu serres les dents, t'affales sur ton lit parfaitement fait et sors un jeu de carte de ta poche. Oui, toujours un jeu de cartes sur toi, parce que c'est comme ça que tu gagnes, parce que c'est comme ça que tu es.

    Tu les mélanges, doucement. Tu regardes les couleurs et les valeurs défiler. Tu t'ennuies un peu, beaucoup, passionnément, à la folie et... Tu secoues la tête, laisses tomber tes cartes sur le couvre lit, puis tu les ranges, couleur par couleur. As, roi, dame, valet, dix, neuf... Puis tu les mélanges de nouveau, pour les ranger une nouvelle fois. Les cartes rangées à leur place, tu t'allonges sur ton lit et fermes les yeux. Qu'est ce que tu pourrais bien faire pour t'occuper ? Et si t'allais faire un tour dans l'école pour draguer quelques minettes, hein ?

    Ça serait une bonne idée, tout ça. Tu te redresses... avant de te rallonger. T'as la flemme. La flemme de bouger ton cul pour draguer, parce qu'en fait, t'en as pas vraiment envie. Tu divagues. Tu es totalement perdu dans tes pensées. Lesquelles, tu ne sais pas exactement. Des fois, ce sont des souvenirs. Des parties de poker qui te reviennent en tête. Des filles dont tu ne connaissais pas forcément le nom. Des fois, ce sont les cuites que tu t'es prises. Et l'envie de boire se faire ressentir. Peut être qu'une bonne vodka passerait bien, là, maintenant, tout de suite.

    Tu soupires légèrement, te grattes la joue. Non mais sérieux, faut vraiment que tu fasses quelque chose parce que là, ça marche plus là. Faut que tu trouves quelqu'un à emmerder, une fille à draguer. N'importe quoi, du moment que ça te passe le temps.





Dernière édition par Vitali Sergey le Mar 12 Juin - 20:26, édité 8 fois
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Clyde Jaggerjack
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Dim 10 Juin - 18:34

« La vie en communauté, c’est de la merde. »

Si tu avais eu assez d’audace pour le penser, c’est sûrement ce que tu crierais de rage, en t’énervant dans ton dortoir. Ce que tu osais songer, cependant c’était : « Virtus Insania, c’est pourri. » . Obligé de se retrouver entassé comme des bestiaux dans un local mal aménagé, ce qui aurait du être une « chambre » s’était transformé en « zone à siestes », avec les lits grinçants qui vont avec, et la vue sur toutes les anatomies des Synchronicitiens mâles. Les vêtements crades s’entassaient dans les allées et un brouhaha permanant régnait dans la salle. Loin, voir même envolée, ton intimité chérie : à présent tu vivais parmi les brutes, les odeurs de phoque et les émanations de phéromones. Au pire, le bordel, ça te passait au-dessus de la tête : tu participais même un peu à l’édification de l’immense pyramide de linge sale commune. Mais le bruit, les gens, leurs regards : ça te faisait flipper. Tu rentrais au dortoir tête baissée, te glissais dans ton lit, et repartais sur la pointe des pieds le matin venu. Tino bénéficiait d’une chambre, lui, mais ta demande pour y être transféré avait sonné creux aux oreilles de la direction.
Vous n’étiez pas aimé, ici. Vous, élèves de Synchronicity, prenez trop de place.

Alors il fallait faire avec, mais « faire avec » ce matin s’avérait être une tâche beaucoup moins aisée qu’à l’ordinaire. Tu tapais du pied frénétiquement, te mordais la lèvre jusqu’au sang et grognais toute les trente secondes. D’une humeur qu’on n’avait jamais imaginé t’attribuer, tu balançais furieusement tes fringues, tes draps et tes classeurs dans tous les sens. Une tornade, une furie, comme vous voulez : un Clyde qu’on n’avait jamais vu.
Un Clyde qui passait sa première semaine sans cigarette.
Oh Jean-Camille, c’était bien pour tes beaux yeux qu’il se mettait dans des états pareils. Qu’est-ce qu’il lui avait pris de te promettre de renoncer au tabac sans réfléchir ? Quelle mouche l’avait piqué ?
Comme un sale gosse qui n’a pas ce qu’il veut, Jaggerjack pète un câble, le rouge aux joues et le chaud au front. Mais où est passée cette putain de Ventoline ? Oui, parce qu’au passage, en plus d’arrêter de fumer, il en avait eu une autre, d’idée lumineuse : s’inscrire au Mortuus Game. Ce qui impliquait « se remettre au sport », et pour ne pas cracher un poumon sur le bord de la piste, retrouver ce putain d’inhalateur.

De toutes évidences, ta boîte à dioxygène avait déserté tes trois mètres carré réservés. Tu partais donc, très décidé, en quête de l’objet, à travers les allées du dortoir. Tu osais même adresser la parole à d’autres élèves que Tino, qui ouvraient des grands yeux étonnés en te voyant débarquer, plus agacé que jamais. Personne. Personne ne l’avait vue, ta foutue Ventoline. Au bout de l’allée, il restait un lit. Un grand corps affalé dessus. Des cheveux rouges qui dépassent.
Tu hésites. Et si ce mec craint ? C’est pas comme si tu pouvais te défendre, toi et ta grande carcasse. T’as autant de force qu’un oisillon, et encore moins de résistance qu’un bébé lapin. Gabriel de St Andrez appelle ça « être une Tapette », et au fond, il n’a pas vraiment tort. Mais tu bombes le torse, malgré tes doigts qui tremblent et t’avances sûr de toi : il te faut ton inhalateur, il faut que tu ailles t’entraîner, il faut que tu participes au Mortuus Game, il faut que tu retrouves Nikolaï.
Mais on ne change pas un boulet comme toi, et avant même de pouvoir commencer ta phrase, tu t’entraves dans un jeans qui traînait par là, et t’étale misérablement… sur le type aux cheveux rouges.

Si tu craignais d’avoir des problèmes, les voilà maintenant, Clyde.
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Vitali Sergey
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Dim 10 Juin - 19:18



We've got to start something.


    Dans le dortoir, y'avait de l'animation. Il y en avait toujours, de toute façon. Mais c'était le genre de truc qui ne te dérangeait pas, qui n'existait pas. L'école aurait pu être rasée par une bombe que tu ne l'aurais pas su – sans mauvais jeu de mots. Tu pinces tes lèvres entres elles. Et si tu séchais, aujourd'hui ? C'est pas comme si c'était super important, les cours. Puis, après tout, qu'est ce que les profs en avaient à foutre d'un élève en plus ou en moins ? T'auras qu'à dire que tu t'es perdu... Bon, c'est pas très crédible, mais ça passe toujours. Tu croises les bras derrière ta nuque et fermes les yeux. Tu songes à dormir quelques longues minutes, pour passer le temps, juste assez pour que le dortoir se vide. Parce que ça t'énerve, qu'il soit plein, un peu.

    Un bruit te fait ouvrir un œil, un bruit pas normal. Mais avant que tu ne puisses savoir d'où il venait, un poids te coupe la respiration, tombe sur ton torse. Tu mets du temps à comprendre ce qu'il se passe. Pourquoi ? Comment ? Tu repousses la chose qui t'empêche de respirer en te relevant subitement. Tu arques un sourcil curieux et un petit « Ttch » traverse tes lèvres. Non mais sérieux, il peut pas regarder où il marche, le minus ? Tu soupires intérieurement avant de le détailler. Tu sondes chacun de ses mouvements, quels qu'ils soient.

    Tu as envie de lui dire de dégager, lui dire qu'il te laisse tranquille... Mais tu t'ennuies. Entre les deux, ton cœur balance, avant de vite faire un choix. Ta voix s'élève, tu le regardes, encore à moitié allongé sur ton lit, mais qu'importe.

    « Un problème ? »

    Ce n'était pas vraiment ce qui voulait sortir de ta bouche, mais ça y ressemble. Après tout, qu'est ce que tu allais lui demander ? Comment il allait ? Tu allais lui demander la température extérieure ? Tu l'observes, lui, lui qui est devant toi et qui ne semble pas bouger. Tes doigts attrapent une mèche rouge trop longue. Il faudrait que tu songes à les couper... et à les reteindre. Tes racines brunes font déjà la fête entre elles. C'est un peu chiant, les couleurs, mais tu n'es pas prêt à quitter cette couleur que tu aimes tant. Puis, comme ça, t'es reconnaissable. Ce n'est peut être pas une bonne idée vu les conneries que tu fais, mais bon.

    Tu sembles te souvenir qu'il est là, devant toi, et tu relèves les yeux vers lui. Tu t'assois en tailleur sur ton lit, et tu attends une réponse, n'importe laquelle. Juste pour passer le temps. Peut être utiliseras-tu ton don, peut être pas. Tu ne sais pas encore. Tu veux juste passer le temps. Seulement passer le temps.





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Dim 10 Juin - 19:53

C’est bien ta veine, non mais sans rire, comme si tu n’avais pas pu tomber sur un petit minot de quatorze ans, non, toi il fallait que tu tombes sur la grosse masse de service. D’un mouvement du bras, il t’éjecte de son lit, aussi facilement que s’il chassait un papillon du revers de la main. Tu te retrouves les fesses par terre, un peu sonné, à dévisager le géant rouge. Ça lui va bien « le géant rouge », sauf qu’il a l’air moins sympa que celui sur les boîtes de maïs, et qu’il n’est pas vert du tout. Comme par réfléxe, tu bondis à un mètre de là, en te demandant à quelle sauce il allait te dévorer.
C’est sûr, il allait te casser la figure, une dent ou deux en moins c’était pas grave, non ? Merde, dans quelle situation tu t’étais encore fourré…

Contre toute attente, au lieu de recevoir un poing dans le ventre, le Géant rouge s’adressa à toi. Calmement. Sans employer de ton colérique. Une question normale.
Dans la minute, tu révisais ton jugement : si ça se trouve, cette allure de voyou n’était qu’une façade qui abritait un cœur tendre et généreux ! Si ça se trouve, ses cheveux étaient vraiment rouge de nature, et il en souffrait quotidiennement ! Si ça se trouve, ce type était gentil ! Si ça se trouve…
Tu te relevais, tremblotant, n’osant pas lever les yeux sur lui. Trouver quelque chose à dire. Engager la conversation. Pourquoi t’es venu déjà ? Argh… Ah oui, la Ventoline.


« Heu… Oui… Je… »

Un filet de voix, presque inaudible, s’échappa de tes lèvres. Il trahissait ta panique. Celle du chaperon rouge qui se jette dans la gueule du loup, celle du lapin qui se fait coincer par le renard. Tu aurais voulu avoir Tino pour t’y planquer derrière : il savait parler aux gens, lui. Mais là, t’étais tout seul. Tout seul face à ce monstre.

« J’ai…perdu ma Ventoline. Vous… par hasard… ne l’auriez pas trouvé ? »

Tu te sentais stupide, vulnérable, fragile. Tu savais d’avance qu’il allait t’envoyer paître. Et puis qu’est ce que ton inhalateur ferait à l’autre bout du dortoir, de toute façon ? Les mecs de Synchronicity n’étaient pas assez tordus pour te piquer ce genre de choses ! …si ?
Sous les yeux du géant rouge, tu ne trouvais pas ta place. Mal à l’aise comme un poisson arraché à son bocal, tu te dandinais d’un pieds sur l’autre, triturant tes pauvres doigts qui n’avaient rien demandé à personne, n’attendant que le top départ que serait sa réponse pour te barrer en courant. Et elle tardait à venir. A croire que ça l’amusait de te voir te tordre dans tous les sens pour contenir ta panique. Oh non, pitié, pas un Gabriel de St Andrez deux ! Des tyrans, des sadiques, des tordus : il y en avait plein l’école.

Tu espérais juste ne pas être à nouveau tombé sur l’un d’entre eux.
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Dim 10 Juin - 20:48



I'm sorry, forgive me.


    Tu frottes ton nez, de ta main après avoir lâché ta mèche de cheveux. Tu le fixes, un sourcil arqué, l'autre froncé. Tu attends qu'il te réponde, tu le vois se relever. Tu mets un post-it dans le coin de ton esprit en te disant qu'il faudra penser à t'excuser de l'avoir envoyé valdinguer comme une merde. Faudra y penser. Mettre une alarme ou un truc du genre. C'est possible, ça, de mettre une alarme à son propre cerveau ? Non, ça serait trop beau ! Alors que tu allais partir dans tes idées plus loufoques les unes que les autres, il ouvre la bouche et prend la parole, t'obligeant presque à le regarder, vraiment quoi.

    Il ne sait pas quoi dire, bégaye un peu. Tu ne le coupes pas, l'écoute attentivement, tu le fixes. Juste, tu le fixes. Tu sais que ça peut mettre mal à l'aise certaine personne, mais tu t'en fous. Tu le fixes droit dans les yeux, et tu attends. Des sourcils se haussent sous la surprise lorsqu'il te vouvoie. Vous ? T'es pas un vieux croulant, merde ! Les « vous » et les trucs, les machins et les choses, c'est pas pour toi ! Toi, c'est avec un « tu » qu'on t'appelle merde ! On t'insulte même pour t'appeler. C'est déjà plus amical que ce putain de vouvoiement à la con et... Tu te perds. Et il semble attendre une réponse. Tu laisses échapper un léger soupir et gratte la peau de ton cou.

    « Ta Ventoline ? Non, désolé. »

    Tu l'observes, encore, toujours. Tu étouffes un bâillement. C'est décidé, t'iras pas en cours aujourd'hui. Peut être que t'iras faire un tour dans les couloirs, tiens. T'iras visiter un peu l'école. Ou alors t'iras chercher trois quatre cons, comme toi, qui sèchent, pour une partie de poker. Ça, ce serait une bonne idée. Puis... puis le post-it revient en gros dans ton esprit et tu te tournes vers l'autre.

    « Ah, au fait, désolé pour tout à l'heure. J'voulais pas te bousculer, tu m'as un peu surpris. »

    L'idée qu'il te réponde et qu'il te vouvoie une nouvelle fois t'horripile, alors tu le coupes avant même qu'il ouvre la bouche.

    « Puis, tutoie moi, j'ai pas cinquante cinq piges. J'suis Vitali. »

    Tu ne souris pas, parce que tu souris seulement pour les jeunes damoiselles en émois. Tu te grattes le menton, donne un léger coup de tête pour l'inciter à se présenter. La moindre des choses, non ? Puis en fait, tu t'en fous un peu, de ce qu'il peut dire ou pas, de savoir s'il s'appelle tartanpion ou truc-machin-chose. C'est juste pour faire la conversation, juste pour passer le temps. Juste pour savoir si tu pourras venir l'embêter plus tard. Gentiment ou pas, qu'importe, tant que ça passe le temps.





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Clyde Jaggerjack
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Dim 10 Juin - 21:37

Si Clyde avait été croyant, il aurait remercié Dieu de lui avoir envoyé un type aussi sympa. Les yeux écarquillés, exorbités, tout ce que vous voulez du moment que ça lui donne un air d’imbécile agréablement surpris, Clyde avait levé la tête, et faisait face au géant rouge. Lui qui s’attendait à recevoir une paire de claque avant de partir se plaindre auprès de Tino, se trouva bête, les bras ballants, la bouche ouverte. Il se demandait s’il avait l’air tellement fragile que même les brutes réprimaient leurs envies de l’encastrer dans le mur, au risque d’avoir un homicide sur le dos. Dans un sens, ça l’arrangeait bien : enfin une utilité à ce tas d’os ambulant. Des os très fins, et pas solides, j’entends.


Le géant rouge n’a pas ta ventoline. Bon, tu t’en doutais. À peine avait-il terminé sa phrase, que tu entrepris de tourner les talons et de prendre la fuite. Ben quoi ? C’est pas parce qu’il avait été gentil une fois qu’il le resterait éternellement ! Tes chances de te faire tabasser étaient seulement passées de quatre-vingt-quinze pour cent à quarante pour cent : ça faisait toujours beaucoup. Mais une autre phrase te retint sur place : des excuses. Encore une chose à laquelle tu étais loin de t’attendre ! Personne ne prenait la peine de s’excuser auprès de toi : on s’en fout de savoir si tu nous aimes ou pas, on s’en fout que tu sois en colère, de toute façon, c’est pas comme si tu serais capable de méchanceté.
Ce grand type et ses excuses te font sourire, tu lâches même un petit rire discret que tu étouffes derrière ton poing.


« C’est rien, j’ai l’habi… »

Quand un certain Gabriel de St Andrez vous tyrannise, et qu’un prénommé Tino reste convaincu que vous jouez à rôles égaux au football américain, une petite pichnette comme celle du géant rouge, c’est de la gnognotte. Mais il te coupe pour se présenter, ça te rend heureux, nerveux, mais heureux. Il fait signe pour que tu fasses de même, et t’ordonnes de zapper le vouvoiement : une mauvaise habitude de ton enfance aux Shetlands.


« Heu… Pardon.. »

Tu gigotes un peu trop, tu rougis aussi : personne ne t’avait demandé ton prénom depuis longtemps. Ça te fait tout drôle. Vitali s’impatiente, alors tu te décides enfin à te présenter :

« Moi, c’est Clyde ! Je… Je suis ravi de te rencontrer ! »

Et les yeux pleins d’espoir, tu lui tends une main amicale, en espérant qu’il daigne la serrer. Ou peut être pas en fait. Il risquerait sûrement de te la broyer.
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Vitali Sergey
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Lun 11 Juin - 7:50



Bright to black with no hesitation.


    L'habitude ? L'habitude de se faire bousculer, voire tabasser ? Tu fronces légèrement les sourcils. Non, c'est pas à lui que tu t'en prendras, ça, c'est sûr. T'aimes bien foutre un peu la merde partout, mais pas avec des gens qui ne savent même pas se défendre. Toi, au moins, quand t'étais gosse, tu te défendais. Ouais, voilà. Il s'excuse alors que tu lui coupes la parole. Pourquoi, tu n'en sais rien, en fait, tu veux pas savoir, surtout. Tu continues de le fixer, encore, toujours. Et le voilà qu'il gigote comme une gamine qui a son premier flirt.

    La politesse te dit de sortir une formule du genre « Enchanté », ou voire « Ravi » ou alors « De même » mais tu ne sors aucun des trois. Puis le voilà qu'il te tend sa main. Tu hésites à la serrer. Si tu la serres, qu'est ce qui va se passer ? Est-ce qu'il va continuer à gigoter comme une gamine ? Ou au contraire, se montrer un peu plus sûr de lui ? Tu aimerais que ce soit la deuxième proposition, mais tu n'es pas sûr que ce soit le cas.

    Tu soupires intérieurement, lèves ta main pour serrer. Tu t'arrêtes presque dans ton mouvement. Puis merde, les gens, ils se serrent pas la main pour se dire bonjour ! Ça aussi, c'est périmé ! Faudrait vraiment que tu lui refasses toute son éducation de jeune, c'est pas possible ! Tu laisses tomber ta main sur le lit, observes la sienne. Tu pinces tes lèvres. Non, sérieux... ? Bon. Tu le forces à plier les doigts, à serrer le poing. Puis une fois que tu considères que c'est bien, tu cognes tes phalanges contre les siennes.

    C'est plus rapide qu'un serrage de main – sauf quand tu dois apprendre à le faire – et surtout, moins fatiguant. La plupart du temps, faut toujours que l'autre serre sa main plus fort que l'autre, quitte à écraser les os. Là, aucun risque. Bon, même si, quand ça arrive si ça arrive, c'est toi qui écrase les doigts de l'autre, et pas le contraire. Mais ça, tu t'en fous un peu. Voire beaucoup. Juste un check, c'est bien, c'est rapide, pas trop chiant. Pourquoi il était là déjà ? Ah ouais, sa Ventoline.

    « Va demander à l'infirmerie. »

    Tu précises, sachant que tu passes du coq à l'âne sans aucun problème, que c'est pas toujours facile de suivre le fil de tes pensées

    « Pour ta Ventoline. Ils doivent en avoir, là-bas. Ou alors, continue de chercher ici, mais j'pense pas que tu la trouveras. »

    Vu le bordel ambiant de ce dortoir, c'est comme si on cherchait à trouver une aiguille dans trente mille bottes de foins. Non, trente mille, tu exagères... mille, par contre, ça s'approche déjà mieux du chiffre exact. Tu hésites à lui proposer ton aide. Ça voudrait dire qu'il faut que tu te lèves, et t'en as pas vraiment envie. Pas du tout même. Tant pis, s'il veut chercher, il cherchera tout seul. Puis, un éclair taquin passe dans tes yeux. Et s'il jouait au poker avec toi, lui ?





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Lun 11 Juin - 18:13

Tu te sentais petit indien accepté dans une nouvelle tribu, sans les plumes et les danses de la pluie autour du totem. Le « check » - c’est bien comme ça qu’on l’appelle non ? – s’apparentait à tes yeux à un rite de passage, que tu avais glorieusement réussi, ou à peu près du moins. Tu t’étais inquiété de prendre un vent légendaire, mais t’étais complètement rassuré au toucher de cette grande main. Elle faisait bien deux fois la tienne, facile. Il te parle de l’infirmerie, tu ne comprends pas trop, encore molletonné dans ton bonheur idiot du type qui dit bye-bye à son exclusion du groupe des « mâles de Synchronicity ». Mais oui, c’est un grand pas : tu passes du statut de « mec inexistant pour tous les hommes du dortoir » à « Clyde, connu de au moins un garçon du dortoir ». Il faut fêter ça, tu as déjà hâte de le raconter à Judie et Tino. D’ailleurs il doit sûrement t’attendre à côté de la piste.

Tu ré-émerges : Ah oui, l’infirmerie, bonne idée. Tu t’agitais tellement que tu n’y avais même pas pensé, tu regardes autour de toi, les trois quarts des élèves sont partis : la première sonnerie a retenti. Tu scrutes le sol, te penches pour jeter un bref coup d’œil dans l’allée : rien qui ne ressemble vraiment à un inhalateur. Tu soupires, tu te dis que c’est pas grave, tu regardes le géant rouge, enfin Vitali, tu trépignes un peu : c’est le bon moment pour s’éclipser.


« Oui ! Tu… Tu as raison. Il y a trop de bazar ici, alors, heu… »

Zut, et si lui, il aimait le bordel ? Même si ça te semblait peu probable, à la vue de son coin impeccablement rangé et nettoyé, on sait jamais. On ne froisse pas les autres personnes, c’est pas bien, surtout quand ils font trois têtes et cinquante kilos de plus que vous. Alors tu te rattrapes, lamentablement :


« Enfin, pas que ça me dérange ! »

Bon, comme prévu, ça tourne au vinaigre, tes talents d’orateurs n’ayant jamais été reconnus par quiconque, tu te doutais bien, dans un coin de ta petite tête, que ce début de conversation finirait forcément par être avorté par ta faute. Tu rebaisses la tête, et colles tes yeux sur autre chose que Vitali, juste pour te calmer. Un paquet de cartes. Ça fait très bien l’affaire. Et c’est sans le lâcher du regard que tu termines ton discours bancal :

« Bref, encore merci, je vais aller à l’infirmerie… »

Et tu commences à tourner les talons, et marcher dans la mauvaise direction, parce que, oui, tu es encore sous le choc.
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Vitali Sergey
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Mar 12 Juin - 9:03



The room's not light for a gray.


    Le voilà qu'il recommence à baragouiner et à bégayer. Tu te perds déjà dans tes pensées. Le dortoir est presque vide, tu vas pouvoir être un peu tranquille sans le brouhaha incessant que font tes camarades. Tu jettes un coup d'oeil autour de toi. Non mais sérieux.. Tu ne peux retenir une légère grimace. Un putain de bordel s'amoncelle dans tout le dortoir. Sur les lits, dans l'allée. Tu soupires intérieurement. L'idée même qu'il joue avec toi au poker te semble maintenant trop idiote. Il n'est pas assez sûr de lui pour que la partie soit intéressante.

    Tu quittes tes pensées pour l'écouter un minimum. Il te remercie, puis le voilà qui part... dans la mauvaise direction. Un sourire moqueur traverse tes lèvres, s'incruste sur ton visage. Tu te rallonges, l'oreiller calé dans ton dos. Tu chopes les cartes et les mélanges, pour t'occuper les mains. Tu continues de l'observer, encore, toujours Tu le fixes. Puis tu ne peux t'empêcher de lui dire, la voix moqueuse.

    « L'infirmerie, c'est de l'autre côté... Clyde. »

    Tu as eu un moment d'hésitation, car tu ne te souvenais plus de son prénom. Tu ne fais pas forcément attention à ce genre de chose. Qu'importe. Tu arrêtes de le fixer, mélanges les cartes, encore, toujours. Tu restes silencieux. Pour toi, cette rencontre se termine là. Peut être que quand tu le recroiseras, tu auras oublié son prénom, voire même sa tête. Tu ne saura plus qui il est, mais tu t'en fous. Il t'a fait passer le temps. Mais déjà, tu penses à ce que tu vas faire, après. T'aimerais bien jouer au poker, mais personne n'est là pour jouer avec toi, pour parier avec toi. Tu soupires, encore, toujours.



    Spoiler:





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Mar 12 Juin - 12:26

Tu sursautes.
Comme toujours quand quelqu’un de nouveau prononce ton prénom. Ça rend vivant, il paraît.
Tu virevoltes, tu t’approches du géant rouge : tu as changé d’avis. Il faut se rendre à l’évidence, tu pourras bien t’entraîner des heures durant, tu ne retrouveras jamais ton corps « d’avant ». Tu ne seras plus jamais le premier en sprint, ni en saut de haie. Aller courir autour d’une piste, à quoi bon ? Mis à part te scier les poumons et passer ta gorge à la ponceuse, tu n’y gagneras rien. En plus, tu pourrais parier que l’infirmière n’est pas là. Comme toutes les infirmières de lycée, à chaque fois qu’on a besoin d’elle, on finit toujours par soupirer devant une porte close qui nous donne à lire un petit mot du genre « Je reviens dans cinq minutes ». Et les cinq minutes durent cinq heures.

Le Mortuus Game, c’est un jeu inter-écoles. La bonne stratégie qui consistait à utiliser les jambes de Tino pour lui prêter ton cerveau tombe à l’eau, et de toute façon, Judie se chargera très bien de penser pour lui. De Synchronicity, tu ne connaissais que Jean-Camille, interdit de sport, Gabriel de St-Andrez, dans un fauteuil roulant et Nikolaï. Mais Nikolaï, tu ne savais pas où il était, et c’était bien là tout le problème. Il te fallait trouver une nouvelle paire de jambes qui accepterait de faire équipe avec toi, et si possible, originaire de Russie.
Et on te la servait sur un plateau d’argent.

« Excuse-moi ! Est-ce que tu es bon en sport ? »

Les sourcils froncés, les poings serrés, et planté devant lui gonflé à bloc, tu oubliais ta gêne et ton malaise passé pour oser tenter le tout pour le tout. Comme tu le faisais, à chaque fois qu’il s’agissait de retrouver Nikolaï. Mais ta volonté redescendit en flèche, dès que tu t’aperçus de l’affront que tu lui faisais, à lui parler si familièrement. Alors tu marmonnais quelques excuses, et tentais de t’expliquer maladroitement, les poings tremblants :

« Euh... Enfin, je veux dire… Je cherche quelqu’un pour faire équipe au Mortuus Game avec moi, mais… Je… Je… Je suis asthmatique, alors, je ne peux pas faire les épreuves physiques… Tu comprends ?.. »

Tu rougis, baisses la tête, fixes le paquet de cartes et ne sais qu’ajouter de plus. Que faire pour le convaincre ? Avec un physique pareil, la force de Vitali ne faisait nul doute. Et puis rien qu’à sa vue, sûrement que les trois quarts des adversaires prendraient peur, et s’enfuiraient sur le champ. En plus, tu aurais parié qu’il en avait dans la caboche. En clair : s’il voulait participer, il n’avait absolument pas besoin de toi. Tu te demandais bien ce qui ferait pencher la balance en ta faveur.

« Si… Si tu acceptes, je peux faire ce que tu veux ! »

Oui. Bon. Sauf l’aider à tricher aux examens car tu n’es pas de nature discrète. Sauf porter tous ses sacs parce que tu as le dos fragile. Sauf un paquet de choses, en fait.
Tu ne sais pas ce qu’il t’a pris, de balancer ça comme ça. Sûrement encore une manifestation de ton désir ardent de remettre la main sur Nikolaï. Alors tu rougis encore plus, et tu louches sur le jeu de poker, en te disant que ça fait longtemps que tu n’y as pas joué.

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Vitali Sergey
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Mar 12 Juin - 21:05



All these years.


    « Excuse-moi ! Est-ce que tu es bon en sport ? »

    Tu relèves la tête lorsqu'il t'adresse la parole et tes mains arrêtent ce mouvement, ce mouvement incessant qu'elles avaient installées automatiquement. Deux ou trois cartes s'effondrent sur le lit, tu passes ta langue sur tes lèvres pour les humidifier. Il a l'air si sûr de lui tout à coup que tu en sembles surpris. Pas longtemps, car le voilà qu'il bégaye, encore, toujours. Tu soupires intérieurement, ça te fatigue, ce genre de chose.

    Comprendre, oui, tu comprenais, ça, c'était pas la question. Après, le vouloir, c'était autre chose. Ce jeu ne t'inspirait pas confiance... si c'était vraiment un jeu, premièrement. Deuxièmement, tu n'aimais pas forcément ça, le sport. Okay, tu courrais quand il fallait courir... mais de là à participer, de ton propre gré ?! Bof bof, hein.

    Non, en fait, c'est mort. Totalement mort. Plutôt crever que d'aller courir pour un mec que tu connais ni d'Ève ni d'Adam et en plus, pour un jeu qui ne te semblait vraiment, mais vraiment pas, amusant pour deux sous. Même les gosses de ton ancien quartier t'auraient sûrement plus diverti. Enfin... plus ou moins.

    « Si… Si tu acceptes, je peux faire ce que tu veux ! »

    Un rictus amusé traverse tes lèvres et un léger rire dépasse la barrière qu'elles forment. Tu fixes ses yeux, ses yeux fuyants. Tu l'observes, avec ce petit air, qu'on ne pourrait pas qualifier de supérieur, mais presque. Tu ramasses les cartes qui étaient tombées d'une main distraite. Tu l'observes toujours. Et voilà que tu mélanges de nouveau tes cartes.

    « Je ne pense pas pouvoir t'aider pour ce... jeu. Le sport, c'est pas vraiment mon truc, j'en fais parce qu'on y est obligé. »

    Tu hausses les épaules. Le dortoir est totalement vide maintenant. Tout le monde doit être en cours à l'heure qu'il est. Tu esquisses ce petit sourire en coin et tu lui montres le paquet de cartes mis entre ton index et ton majeur.

    « Tu joues ? »

    Peut être qu'il voudra bien passer le temps avec toi, peut être y gagneras-tu quelque chose. Peut être.



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Clyde Jaggerjack
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Jeu 14 Juin - 11:19

Tu soupires, plus déçu que jamais, finalement tu serais peut-être bien obligé d’y aller, à ce foutu stade. Bien obligé d’en faire quatre ou cinq tours pour gagner trois secondes d’endurance. Tu soupires à nouveau, encore plus bruyamment, c’est affreusement malpoli, mais tu t’en fiches un peu : ta déception dépasse tout. Tu ne feras jamais le poids contre ces machines de guerre allemandes, les Vis, tout ça… Tu baisses les yeux, te mords la lèvre, ça t’énerve cette impuissance, ça t’agace tellement.

« Tu joues ? »

Les cartes dans les mains, un petit sourire vicieux aux lèvres, les yeux brillants, Vitali n’attend que ça : que tu tendes les doigts pour attraper ton paquet et commencer une partie. Tu ne sais que dire : ça fait des années que tu n’as pas joué au Poker. Pourtant tu y étais plutôt doué, voir même carrément super balèze. Ton cher oncle t’y avait initié : un drôle de type, le genre du côté mafieux de la noblesse. Le sale gosse de la bonne famille, qui tourne mal mais pas trop, et qui parie tout le fric de l’héritage avec des mecs pas nets. Tu étais devenu sa bote secrète, le gamin qu’il ramenait lors de parties louches et qui raflait toutes les mises. La super arme secrète sur qui tout le monde bavait. Toi, ça ne te dérangeait pas, tu trouvais ça marrant, et quand ça dégénérait, on te faisait quitter la salle. Point. Il avait su détecter ton potentiel de joueur, t’avait appris les pires crasses et tricheries, comment compter les cartes, comment gagner à coup sûr et toi, en bon neveu : tu avais tout retenu.
Tu avais tout retenu.
Une idée géniale traversa ton esprit. Souriant à pleines dents, les yeux illuminés, tu lui pris les cartes des mains et te mis à préparer le jeu. Sans hésiter, tu t’assis sur son lit, à ses côtés, et distribuas. Plus sûr de toi que jamais, tu plantas ton regard dans le sien et déclaras :

« Si je gagne !... »

Dans ta tête repassaient en accéléré toutes les combines, toutes les parties jouées avec ton oncle, tous les bouquins sur le Poker, avalés en vitesse, en secret avant d’aller te coucher. Enfant prodige, il ne t’avait pas fallu plus d’une semaine pour apprendre à jouer comme un pro : tu avais l’esprit pour ça, une intelligence de joueur. Et puis quand tu gagnais, ton oncle partageait, et tu pouvais offrir à Layla les plus jolies pinces à cheveux et robes d’été. Tout bénéf.’.

« Si je gagne, tu fais équipe avec moi, ça marche ?! »

Tu parlais trop fort, surexcité comme un gosse qui a mangé trop de sucre. Tu ramenas tes jambes en tailleur, et lui tendis son paquet, tout content de ton idée. Après tout, tu jouais ton ultime chance pour participer sans risquer de te casser quelque chose au Mortuus Game. Ah, ça te revenait : l’adrénaline, le stress qui monte en vous.

« Et si tu gagnes… Tu peux choisir ! »

Tu n’avais pas beaucoup d’argent, enfin, assez pour parier. Quelqu’un t’en envoyer tous les mois, sûrement tes parents, mais il n’y avait que de l’argent pas de mots. Tu ne leur en voulais pas, au contraire tu les comprenais : à leur place, tu aurais sûrement fait pareil. Tu espérais ne pas te ridiculiser. Tu espérais que ta mémoire ne serait pas aussi endommagée par le temps que ton corps. Tu espérais qu’il ne soit pas trop fort. Tu espérais qu’il soit carrément nul. Mais tu te doutais que c’était loin d’en être le cas.
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Jeu 14 Juin - 18:17



Pokerface.


    Il t'arrache les cartes des mains. Tu arques un sourcil. De quel droit il touche tes cartes, d'abord, hein ? Il n'a pas le droit. Et le voilà si sûr de lui, lui qui te propose un marché. Gagner ? Lui ? Un rire presque mauvais passe la barrière de tes lèvres. Presque. Tu le transformes en rire amusé. Tu le regardes, il distribue.

    « Et pourquoi je devrais accepter ? J'ai beaucoup plus à perdre que toi. »

    Et c'est la vérité. Toi, tu participes à un jeu qui pourrait te tuer, ou presque, et lui... lui il ferait rien ? Pff. Même pas en rêve.

    « On change la donne. Si je perds, même si ça ne sera pas le cas, mais peut être, je ne suis pas invincible, c'est vrai, disons que je te trouve quelqu'un pour participer au Mortuus machin-truc-chose avec toi. Si je gagne... j'empoche ton pognon, ça sera déjà bien. »

    Et tu souris, de ce petit sourire mesquin. Il te tend tes cartes, mais tu n'as pas confiance, tu mélanges de nouveau, juste pour vérifier qu'il n'est pas triché, juste par précaution. Tu distribues. Deux cartes.

    « Ouvert, ou fermé ? »

    Peu importe le poker, tu le joueras, tu y gagneras. Tu le sais. Parce que ton don te sers à ça. Il te sert à gagner. Il te sert à ramasser de l'argent. A ramasser l'argent des autres pour le dépenser dans des bouteilles d'alcool ou autres toxines ou drogues, qu'importe.

    Tu esquisses un sourire, attend qu'il se décide. Tu attends pour voir s'il change d'avis. Tu fais craquer les os de ton dos puis de tes doigts en t'étirant.

    « Alors ? »



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Sam 16 Juin - 18:26

Tu lèves un sourcil à sa remarque : Plus à perdre ? Allons, mis à part du temps, qu’est ce que ça pouvait bien lui coûter de participer au Mortuus Game ? Un ricanement t’échappe : il est drôle Vitali. Le tas de muscles n’est là que pour prendre de la place, occuper du volume, faire joli dans un coin du dortoir : il est mou, lui et ses cartes. Il n’a pas l’air vif. Pas du tout. Un grand paresseux qui passe sa vie le nez dans ses cartes.
Sa proposition t’irrite et dessine de sales rides sur ton front : vexé, tu voulais que ce soit lui qui t’accompagne, parce que tu sais qu’il est gentil, tu l’as deviné, senti. Tu pinces les lèvres et détournes la tête, démotivé à souhait. Mais ce n’est pas le moment de faire le difficile, au contraire.


« …ça me va… »


Tu boudes un peu, tu ne jettes même pas un coup d’œil à tes cartes, ton humeur joueuse s’est envolée aussi vite installée. Tu les rabats, de peur qu’il triche, on sait jamais.


« Ouvert, bien obligé… »


Il faut au moins être trois pour jouer fermé, mais il n’y a plus personne dans ce dortoir pour rejoindre la partie, et encore heureux. La présence de Vitali t’oppressait déjà bien assez pour en rajouter une seconde : discuter, socialiser, tu sais pas faire. Que tu ne te retrouves pas seul dans cette école relève du franc miracle : tu n’avais jamais été aussi associable, et jamais aussi entouré. Tu dois avoir cet aura de victime ambulante qui appelle les bonnes âmes à s’occuper de ton cas, petit chanceux.

Tu soulèves tes cartes dans l’ombre de tes paumes, y aperçois un roi et un deux, tous les deux noirs. Tu soupires discrètement, soulagé de ne pas avoir d’office un jeu plus que pourri. Tu guettes une réaction sur le visage de Vitali, un signe, quelque chose qui trahirait sa main, mais rien ne vient. Tu reprends vaguement la conversation, prenant soudainement conscience qu’il pourrait te rouler dans la farine :

« Quelqu’un d’aussi fort que toi, alors !.... Et… J’ai environ cent cinquante euros… ça ira ? »

Tu ne le regardes pas, tu fuis ses yeux, tu as peur d’avoir pris un ton trop princier, de t’être montré trop orgueilleux, ou capricieux. Tu espères qu’il ne t’en tiendra pas rigueur, qu’il continuera à être le gros tas de muscles effrayant, qui finalement n’est pas si méchant que ça.
Parce qu’il ne t’a pas envoyé balader comme tous les autres.
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Sam 16 Juin - 22:17



Alcohol, drug, sex and alcohol again.



    Tu souris, de ce petit air fier. Une paire de trois. La chance te sourit ! Ta langue humidifie tes lèvres, tu t'appuies sur ton oreiller, lui laissant donc le plaisir de s'occuper des cartes. Tu gagneras, obligatoirement. Tu relèves la tête, le regardes.

    « Aussi fort que moi ? Qui te dit que je suis fort... »

    Tu as ravalé le « crétin » qui allait t'échapper. Cent cinquante euros, c'est pas mal de bouteille d'alcool. Pas mal de bonnes doses aussi. Alors il faut éviter de le vexer, le p'tit gosse. Tu ne finis pas ta phrase. Un « Bref. » t'échappe et tu lui fais un signe de tête pour qu'il commence. Mais il ne te regarde pas. Pas dans les yeux en tout cas, et ça t'énerve, vraiment, beaucoup. Non mais sérieux, qu'est ce qu'ils ont les gens, à toujours baisser les yeux ?!

    Tu soupires avant de sursauter. Ton portable sonne. Tu y réponds d'une voix lasse. Puis un sourire barre tes lèvres. Un très grand sourire. Tu raccroches sans avoir dit un mot, tu déposes tes cartes et tu t'excuses en te levant :

    « Faut que j'y aille, on se refait ça la prochaine fois, ça te va ? »

    Tu n'attends pas sa réponse, tu laisses les cartes sur le lit, tu les rangeras plus tard. Tu attrapes rapidement ton sac de cours – vide de toutes affaires scolaires mais plein d'autres choses – et ajustes le col de ta veste.

    « On se voit plus tard. »

    Tu fais un signe de la main, tu as presque déjà oublié son prénom. Tu enfiles tes chaussures d'un mouvement. Tu n'as qu'une envie : rejoindre tes potes qui ont réussis à choper assez de plaisir en poudre. Tu files déjà, vite, sans un regard en arrière.


    Spoiler:




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Mer 27 Juin - 13:14

Tu le dévisages. Comme si un clignement d’œil, un haussement de sourcil, une rotation des commissures de ses lèvres allaient soudainement te citer le nom de ses cartes. Mais on ne contrôle souvent pas sa première réaction quand on pioche sa carte, alors tu épies la moindre apparition de ride sur son visage, n’importe quoi, du moment que tu en tirais un indice. Tu t’attendais à un léger sourire, un discret souffle de soulagement, un froncement de sourcils, mais au lieu de ça, il se lécha les lèvres. Il ne cachait même pas sa confiance et ne s’embêtait même pas à construire un quelconque masque d’impassibilité. Bouche bée, tu compris qu’il avait gagné d’avance. Tu répondis malgré tout à sa question, maintenant que tu étais là, il fallait la jouer, cette partie :

« Je le sens, c’est… c’est tout… »

Vitali respirait la puissance, en fait, tu ne concevais même pas une seule seconde qu’il puisse verser une larme, ou fléchir du genou. Il portait sur lui la force, imposait le respect, un homme, un vrai. Pas un faiblard comme toi. Si tu ne l’obtenais pas lui, il t’en fallait un autre du même gabarie. Tu avais impérativement besoin de quelqu’un, rien que pour passer les sélections. Alors même si tu devais te battre bec et ongles pour gagner cette partie, tu le ferais.
Tu commences à réfléchir à tout ce que tu pourrais tenter, à revoir toutes les combinaisons possibles avec ton début de jeu, tu songes même à compter les cartes. Tu te perds dans tes stratégies futures, imaginaires, jusqu’à ce que tu sursautes à la sonnerie de son portable. Il décroche, il ne dit rien, juste un sourire, ce foutu sourire. Tu comprends que cette partie ne se finira jamais. Il te le confirme à l’instant, en te laissant en plan sur son lit, sans même te prier de débarrasser le plancher. Du jamais vu.

Les yeux écarquillés, tu l’observes déambuler dans l’allée bordélique du dortoir, à secouer son grand squelette pour aller sûrement rejoindre un ou deux potes. Tu oses jeter un coup d’œil à son jeu, qu’il avait abandonné sur ses draps. Une paire de trois. Tu te mords la lèvre, la défaite aurait été inévitable, d’office. Tu ramènes les cartes en un tas, les ranges, et les dépose sur son oreiller. Par pure politesse, par crainte, aussi peut-être. Pour ne pas s’attirer les foudres du géant lors de son retour, c’est tout. Car à côté de ça, tu bouillonnes, tu meurs de rage, plus vexé que jamais : même lui, un parfait inconnu, ne te prend pas au sérieux. Tu t’énerves tout seul, et l’adrénaline du jeu est bien vite remplacée par le manque de nicotine qui repointe le bout de son nez.

Quand Vitali disparaît dans un autre couloir, tu te lèves et retournes vers ton lit. Tu serres les dents, tu voudrais pleurer, tu voudrais hurler, mais tu te contentes de donner un coup de pied dans une cannette qui n’avait rien demandé à personne et de marmonner dans ta barbe, tous les mots les plus vulgaires que tu connaisses. Il a dit la prochaine fois ? Quel menteur. Il n’y a jamais de prochaine fois, pour toi.
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