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 [Ex-dortoir] Suite - "La curiosité et la poisse, ça ne va forcément pas ensemble !" - Nikolaï

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Clyde Jaggerjack
Clyde Jaggerjack
Faithbee


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Mar 27 Mar - 19:48

A qui sont ces deux ombres qui filent entre les buissons ? A qui sont ces pas qui ne font aucun bruit ? A qui sont ces silhouettes, qui s’enfuient sans un mot, en contournant l’endroit où se tient la fête ? Pourquoi s’en vont-ils ? Clyde traîne Nikolaï, en marchant rapidement et silencieusement, comme un voleur qui s’enfuit, en tirant derrière lui son associé. Ce trajet se passait de paroles. Comme les longs voyages en voiture, où personne ne parle et chacun se plonge dans son morceau de fenêtre : le silence n’est pas pesant, mais plaisant. Ils rejoignent le bâtiment principal et s’engouffrent dans les couloirs, Clyde connait l’établissement par cœur, et c’est sans lumière aucune, sans même s’arrêter une seule fois, qu’ils arrivent sans heurts devant la porte de la chambre de Clyde. Ce dernier tourne la poignée. La porte grince. Elle s’ouvre. Les deux jeunes hommes entrent. Et Clyde ferme la porte derrière eux. D ans quoi tu t’embarques Clyde ? A quoi tu joues ? Ne pouviez-vous pas vous laver et réchauffer à la salle des fêtes ? Tu cherches les ennuis, tu t’enfonces tout seul dans les problèmes, tu joues avec le feu. Et c’est dans ta chambre que tu vas brûler.

Tu l’amènes jusqu’au lit et l’incite à s’y asseoir. Toi, tu ouvres le robinet d’eau chaude et t’asperges le visage. Tu reprends lentement des couleurs comme un mort revient à la vie. Sans dire un mot, tu ouvres en grand ton armoire et en sors une serviette et une couverture. Tu emmitoufles Nikolaï dans cette dernière, et retourne à ton lavabo. Tu humidifies ta serviette et tu t’approches de lui. Tu balayes de son visage les mèches bleues électriques qui s’y collent et lui retires ses lunettes. Tu rougis un peu, parce que tu le trouves encore plus beau. Tu détournes les yeux, un peu gêné, en commençant à prendre conscience du genre de situation dans laquelle tu te trouves. Tu reviens à la raison, et te souviens de l’objectif principal, le but de sa venue ici.

« Est-ce que tu sais, Nikolaï, comment vit quelqu’un qui a tué la personne qu’il aimait le plus au monde ? »
Sans attendre de réponse, tu continuais :

« Eh bien, il ne vit plus. »

Tu te penchais sur lui et épongeais la sueur de son visage, sur son front, ses joues, son nez. Tu t’attardais sur n’importe quel détail, du moment que c’était lui, c’était forcément divin, et bon à regarder.

« Je viens des îles Shetlands, j’y ai vécu quinze ans, avec ma sœur Layla, c’était le paradis sur Terre. »

Tu reculas d’un pas, pour mieux le voir, puis revins, en plaquant la serviette tiède sous son menton.

« J’aimais ma vie avec elle ! A vrai dire, je devais avoir un sérieux Brother Complex, je ne vivais que par elle. »

Tu glissas le tissu dans son cou, puis, en t’approchant un peu plus, tu l’amenas à sa nuque.
« Mais un jour, mon don s’est déclaré, parce que j’étais au bout du rouleau… »

Tu lavais avec soin le haut de son dos, en ramenant peu à peu la serviette sur son torse.

« Layla a voulu me consoler et…et… »

Sans t’en rendre vraiment compte, tu t’agrippas à Nikolaï, et les dents serrés, tu te forças à déclarer :

« Ma main… a… lâché un énorme éclair sur elle, je sais pas pourquoi, je sais pas comment, c’est arrivé… c’est… c’est arrivé. Je suis horrible... Je m'en veux... Je m'en veux tellement ! »
Les larmes aux yeux, tu te félicitais quand même d’avoir réussi à cracher le morceau. Au bord d’éclater en pleurs, tu savais parfaitement que Nikolaï allait se lever, partir et claquer la porte. Peut-être que demain, toute l’école serait au courant, la police viendrait te chercher, et tu finirais seul dans un cageot froid et sale. Adieu Tino. Adieu Judie. Adieu Jean-Camille. Adieu vous tous, que j’ai aimé si fort. Voilà ce que tu pensais, en fermant les yeux et cachant ton visage dans tes bras, en te demandant quand est-ce que ton Dieu s’en irait en t’insultant rageusement. Tu ne l’effrayais pas ? Le dégouter suffirait amplement. Même la Divinité la plus bienveillante n’a pas assez de bonté pour aimer un monstre. Clyde, ne pleure pas, tu n’en as pas le droit. En fait, tu n’as le droit de rien.
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Nikolai L. Valdick
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Mer 28 Mar - 14:40

Je crois qu'il y a certains moments qui existent juste pour rester silencieux. C'est ainsi. Ainsi, même si j'adore parler et discuter de tout et de rien, il m'arrive parfois d'apprécier la quiétude d'un silence bien placé. Et je n'aimais clairement pas briser un silence si pertinent. Alors c'est pourquoi nous avons marché, Clyde et moi, en silence dans la nuit. On ne risquait pas de réveiller la nature. La nuit se poursuivait, calme et sereine, et les rayons lunaires nous couvraient d'un voile argenté, ce qui avait pour effet de nous faire subtilement rayonner dans la noirceur nocturne. Une sobre mais élégante lueur d'argent. Pour être sincère, j'étais frigorifié à présent. Je ne supportais plus ce t-shirt moite et froid, tout comme ma veste semblait peser plusieurs kilos sur mes épaules. Mon pantalon avait cette désagréable sensation de jeans mouillé. Je tremblais, mais suffisamment peu, de telle sorte que Clyde ne s'en rendait pas compte. Mes baskets foulaient l'herbe humide, et je regardais d'un air distrait les environs. Appréciant le joli spectacle que la nuit pouvait m'offrir. Je crois que je n'avais jamais vu cet endroit ainsi. Comme quoi, il suffit parfois de s'attarder sur quelque chose, pour comprendre ce qu'il a de spécial. Cet endroit, il était mystique en quelque sorte. Une impression de mystère émanait de chaque sombre buisson. Les ombres et les reflets ondulaient lascivement, et le vent soufflait si faiblement, qu'on ne ressentait qu'un souffle meurtri et lent. Nous sommes finalement arrivés au bâtiment, et sans une hésitation, Clyde me conduisit au dortoir. Personnellement, je ne connaissais pas encore très bien cette école, et il m'arrivait de me perdre. Même si je commençais réellement à appréhender ces sombres couloirs. Clyde, lui, semblait maîtriser parfaitement la géographie de l'école, et en rien de temps, nous sommes parvenus au dortoir. Jusqu'à sa chambre.

J'ai toujours pensé qu'il n'y avait rien de plus personnel qu'un chambre. Après tout, c'est un concentré de notre propre univers intérieur. C'est là où nos passions, nos désirs, nos rêves et nos espoirs peuvent s'exprimer. Ainsi, la façon dont on arrange notre chambre, notre façon de la décorer, d'y placer des objets, d'en enlever, seraient la traduction de notre personnalité. Avec l'internat, je compris qu'une chambre n'était qu'un endroit où les gens dormaient. Pas une cour de récréation pour moi intérieur refoulé et complexé. Juste un lit, des rangements, et le strict minimum. Personnellement, ma chambre d'internat était devenu mon univers. Je l'avais arrangé de telle sorte à ce qu'elle me ressemble. D'ailleurs, la plupart des gens qui me connaissent, lorsqu'ils voient ma chambre, ne peuvent s'empêcher de me le dire. C'est pourquoi inviter quelqu'un dans ma chambre était quelque chose de symbolique de moi. Une façon d'ouvrir celui que je suis à l'autre. Sincèrement, je ne pense pas que Clyde avait le même raisonnement lorsqu'il me fit entrer dans sa chambre. Il n'y a que les esprits tordus comme moi qui s'imaginent ce genre de chose. Mais n'était-il pas un peu tordu lui aussi ?

Il me proposa de m'asseoir, ce que je fis, puis il revint quelques secondes après avec une serviette. Il s'assit face à moi, et il commença à m'essuyer. Je restais immobile, tandis qu'il séchait mes cheveux et mon visage, en prenant soin d'enlever mes lunettes. Entre nous, je vois très bien sans mes lunettes. Et je voyais l'attention avec laquelle il s'appliquait à sécher soigneusement chaque parcelle de peau de mon visage, descendant jusqu'à ma nuque. J'enlevais ma veste, ne supportant plus son poids et la sensation du coton humide. Bien que mon t-shirt et mon pantalon étaient dans le même état. Puis il commença à se confesser à moi. Il m'expliqua sa vie, ce qu'il s'était passé autrefois, et comment les tourments de la vie ont fait de lui un « monstre » comme il dit.

    « Clyde, je … Je crois que ça ne me regarde pas … J'veux dire, je suis désolé pour toi ... »


J'étais gêné plus qu'autre chose, et je ne savais quoi lui dire, tandis que lui s'agrippait à moi, la gorge serré, et la voix emplie d'émotions. Que pouvais-je faire ? Je trouvais ça effrayant dans un premier temps. Ce garçon avait un pouvoir puissant. Quelque chose de violent et de fatal. D'après ce que je compris, sa main était capable de relâcher des impulsions électriques de fortes intensités. Cependant, il ne semblait pas maîtriser ce terrible pouvoir. Un garçon bien trop faible à qui on a donné une force bien trop grande. Voilà le malheur des dons. Ils choisissent parfois les mauvaises personnes. Et voilà comment on se retrouve dans les plus dramatiques des histoires. Je le regardais, sans m'en rendre compte je m'étais écarté de lui, juste de quoi mieux le regarder. Et la peur fit place à un autre sentiment. De la peine. J'avais beaucoup de peine pour lui, pour ce garçon. Pourquoi ? Car je comprenais que la chance n'était pas innée. Que certaines personnes en manquaient cruellement. Ceux qui ont péri à Synchronicity n'avait pas de chance. Rien d'autre. Pourquoi eux plus que d'autres ? Simplement parce qu'un aura ne les protégeaient pas à cet instant ? C'est triste à dire, mais à mes yeux, ça ressemblait à ça. Et parfois, je me détestais. Car pourquoi fallait-il que ce soit si injuste ? Pourquoi nous n'étions pas égaux face à la chance ? Clyde n'a juste pas eu de chance. J'en étais persuadé. Et débordant de compassion, je le pris dans mes bras, posant sa tête contre mon torse, mes bras l'encerclant et mes mains caressant ses cheveux.

    « Certaines personnes n'ont juste pas de chance, Clyde. Te dire qu'il ne faut pas t'en vouloir serait peut être un peu trop facile je pense. Mais cela ne fait pas de toi un monstre … Je n'y crois pas. »


Tu n'es pas un monstre, Clyde. A cet instant, je me suis souvenu de ce garçon, Alan. Lui aussi était persuadé d'être un monstre. Pauvre garçon. Le mal que peut causer un don est sans nom parfois. Les gens n'ont juste pas de chance. Ils se retrouvent avec une puissance qu'ils ne comprennent pas. Lâchés dans l'arène ainsi, sans mode d'emploi, sans entraînement. Et malheureusement, ils doivent faire avec. J'avais de la peine pour lui. Et je ne savais que dire pour le reconforter. Je pouvais juste le serrer dans mes bras, le laisser pleurer, et attendre que son esprit s'allège. Que son cœur un peu trop lourd s'exorcise. Je ne connaissais pas sa sœur, mais il m'a dit qu'elle avait essayé de le consoler. Tu sais Clyde, je ne connais pas Layla, mais je suis persuadé qu'elle n'aimerait pas te voir comme ça. Tout ce qu'elle voulait, c'était te voir heureux.

    « Ne jamais les oublier ... »


Dans un murmure, je prononçais cette phrase. Si faiblement que Clyde n'a pas dû la remarquer. C'était tout ce que l'on pouvait faire. Arrêter de regretter, et ne pas oublier. Lorsque Aurelian a disparu du jour au lendemain, je m'en suis profondément voulu. J'étais persuadé qu'il était parti à cause de moi. A cause de notre dispute. Peut être j'aurais dû le retenir ce soir là. Peut être j'aurais dû me taire cette fois ci. Et je m'en suis tellement voulu, qu'il me fallait oublier. Grave erreur. Je compris tardivement que je devais accepter l'évidence, car je ne pouvais pas défaire le passé. Alors j'ai fais ce que n'importe quel homme aurait fait : j'ai serré les dents, et j'ai accepté. Aussi douloureux cela fut-il. Et j'ai arrêté de m'en vouloir. En contre partie, j'ai accepté de vivre avec le fantôme d'Aurelian. J'ai accepté de m'y enchainer. Mais ça ne me faisait rien. Car je ne devais pas l'oublier. Les larmes me montaient aux yeux, tandis que je caressais tendrement la tête de Clyde, dont la tête me tenait chaud sur le torse. Ne pleure plus Clyde. Je suis là maintenant. Et ce soir, tu étoufferas tes sanglots contre moi. Alors arrête de pleurer.

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Clyde Jaggerjack
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Ven 30 Mar - 20:19

Eh, Clyde. Sèche tes larmes chaudes qui inondent son torse. Ne l’as-tu donc pas entendu ? Il l’a bel et bien dit pourtant. Tu aurais du tendre l’oreille un peu plus.
Nikolaï les a prononcé, les mots inespérés que tu attendais tant. Elles viennent de lui, ces phrases libératrices qui vous soulagent jusqu’au plus profond de votre être. « Tu n’es pas un monstre. » Non, Clyde, tu n’es pas de ces gens qui tuent par plaisir, tu n’es ni une brute sanguinaire, ni un psychopathe vicieux qui mérite l’enfermement. Tu es une victime. Quelqu’un sur qui le sort s’est acharné, un persécuté du destin : un malchanceux, au final. Et Nikolaï, il l’avait compris. Nikolaï, cet homme exceptionnel, cet être divin à la parole sacrée, il avait penché sur toi son regard perçant, celui qui lit dans vos âmes et explore vos recoins les plus obscurs et t’avait déclaré non –volontairement coupable. Il t’avait accordé le pardon absolu, l’absolution inconditionnel. Dieu t’avait pris dans ses bras, et il avait caressé ta tête tendrement, comme un chiot perdu qui retrouve les mains de son maître, un croyant si dévoué qu’il se laisse mourir pour rejoindre les cieux. Bercé par la tendresse débordante de Nikolaï, tu perçus à peine ses derniers mots.

A genoux au bord du lit, tu t’étais détaché de ses bras pour demander naïvement :

« Oublier quoi ? »

Les yeux encore tout pleins de larmes, tu fixais Nikolaï en attendant une réponse. Tu n’avais jamais eu de tact, Clyde, sûrement étais tu un peu trop crédule et stupide pour en avoir. Dans la vie, il y a des questions qui ne se posent pas, il y a des sujets qui restent tus car ils réouvrent des plaies douloureuses. Des phrases qui ne se disent pas car elles répandent le poison du passé dans vos veines. Des souvenirs que l’on enterre pour ne plus crouler sous leurs poids. Clyde, toi, tu mettais les pieds dans le plats, tu y sautais à pieds joints, sans faire exprès, et c’était le pire.

Clyde grimpa sur le lit, s’il fallait discuter, autant le faire confortablement. Comme vous aviez l’habitude de le faire, Layla et toi, dans votre cage dorée : des journées pluvieuses entières passées à jacasser, bien au chaud dans vos draps, à déblatérer des idioties sur le nouveau professeur particulier de physique, à critiquer le dernier caprice ridicule de votre mère à votre père, à causer de tout et de rien. Clyde était un peu effrayé. A ce moment là, son admiration, son affection débordante pour Nikolaï prenait toute la place, il n’y avait plus de d’espace pour rien dans le cœur borné de Clyde, ni pour Tino, ni pour Judie, ni pour Jean-Camille, même pas un petit coin pour Layla. Au point qu’il se comporte avec lui comme il le faisait avec elle. Au point qu’il redevienne lui même, sans s’en rendre compte. Il escalada Nikolaï pour se laisser retomber de l’autre côté du garçon, de manière à se coincer entre le mur et lui. Il rabattit la couverture sur lui, et comme une bonne copine qui s’apprête à écouter les histoires de cœurs d’une de ses meilleures amies, avait pris appui sur son coude pour caler sa tête dans sa main et s’était mis à fixer Nikolaï en attente d’une longue confession.

« Dis moi, Nikolaï. Dis moi pourquoi tous tes sourires semblent si tristes ? »

Tes larmes avaient cessé de couler, et dans ta tête un peu vide, tu espérais trouver les mots pour alléger son cœur comme il avait soulagé le tien. Tu observais sans relâche cette masse de tissus, comme si elle allait disparaître en une seconde si tu la quittais des yeux. Nikolaï te tournait toujours le dos.

Retourne toi, Nikolaï. Regarde moi. Laisse moi te connaître, raconte moi ce que tu es, détaille moi ton passé. Ne t’en va pas avant de m’avoir livrer toute ta personne. En fait ne pars pas. La vie est un cercle vicieux. Mon ancien petit paradis se trouvait dans les îles Shetlands, avec Layla. Maintenant qu’il s’est brisé, je me suis enfermée dans une nouvelle cage dorée. Dans ma chambre de Virtus Insania, cette petite pièce que je redoute que tu quittes. Ne t’en va plus jamais reste avec moi pour toujours, le monde est trop dur, il nous veut du mal, il m’effraie. S’il te plait, ne me quitte pas.

D’une main timide et tremblotante, il s’était agrippé à la couverture qui recouvrait Nikolaï, et sans un mot, attendait des paroles qu’il boirait sans hésiter, celles de son Dieu, celles de Nikolaï.
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Sam 31 Mar - 14:06

Il s'était un peu calmé, comme si ce que tu venais de lui dire avait alléger son coeur. Comme si tes mots avaient effacé les peines de son âme. Pourtant, c'était si peu de choses. A vrai dire, tu comprenais ce garçon. Tu avais saisi ce qu'il était véritablement, et il n'y avait rien de monstrueux en lui. A quoi reconnait-on un monstre ? Tu ne le sais pas vraiment. On doit le ressentir, ce genre de chose. Un monstre n'est pas un homme. La monstruosité se caractérise sûrement pas cette perte de l'humanité, cette essence qui fait de nous ce que l'on est. Des hommes. Mais enlever la vie d'une personne, n'est-ce pas amputer sa propre humanité ? Si, en quelque sorte. Mais ce n'était pas ce qu'il voulait. Ce n'était pas de sa faute en quelque sorte. Il était simplement le héros tragique de la superbe tragédie grecque qu'est la vie. Juste un homme en proie à des forces supérieures qui le surpassent dans tous les domaines. Et lui, face au divin et à l'éternel, ne peut que se soumettre à la volonté d'un hasard qui prend un malin plaisir à lancer les dés, pour décider du sort qui est réservé à chaque être. Il en était ainsi. Alors tu ne pouvais que le prendre dans tes bras, et lui murmurer quelques mots de réconfort. Lui offrir un peu d'espoir. Car il en fallait de l'espoir. Il en faudra toujours. C'est beau et immuable, l'espoir. C'est un fragment de lumière dans l'obscurité. Aussi longtemps que nous nous souviendrons de ce qu'est la lumière, il y aura toujours un espoir qui subsistera. Naïf. Tu es naïf Nikolaï. C'est ce que tu te dis régulièrement. Car au fond, pauvre fou que tu es, tu étreins encore le doux et futile espoir de revoir Aurelian un jour. Tu ne sais pas où, ni quand. Mais tu te persuades qu'il t'attend quelque part sur cette planète, dans cet univers. Tu te persuades qu'il t'aime toujours, et qu'il te cherche de son côté. Arrête de rêver, espèce d'imbécile. On n'est pas dans une comédie sentimentale américaine. Tu n'as pas cessé de croire aux chimères ...

Ta gorge se serre. Tu as mal, n'est-ce pas ? Tout ce que tu as toujours voulu, c'est qu'il reste auprès de toi. Et même ça il ne l'a pas fait. Te sauver ? Il en a été incapable. Mais même après tout ça, tu l'aimes encore comme un fou. Oublie le, et va de l'avant Nikolaï. Tu ne vas pas l'attendre toute ta vie. Tu fixes le mur, le coeur en vrac d'avoir tant pensé à cet abruti. Et tu retiens péniblement tes larmes qui se suspendent à tes yeux, et troublent ta vue. Oublier quoi ? Oublier Aurelian. Il le fallait. Mais ça n'a pas de sens pour toi. C'est sans logique. Pourquoi oublier la seule chose qui t'a maintenu en vie ? Ta seule raison de continuer, alors que tu étais prêt à en finir plus d'une fois. Toi, qui a failli en découdre avec la vie. Comment vivre sans ce dernier espoir ? A quoi vivre sans ça ? C'est ce que tu te dis. Mais tu progresses dans ton erreur. Celle de croire qu'Aurelian sera ton salut. Et qu'il sera le seul et l'unique. C'est tellement faux.

Clyde changea brusquement de position, et se plaça de telle sorte qu'il puisse t'admirer et t'écouter en même temps. Il te fixait d'un air curieux et admiratif, avant de te poser cette fameuse question tant redoutée. Ce sourire triste que tu affichais. Ce faux sourire. N'est-ce pas là ton plus fabuleux tour ? Celui de sourire quand la seule chose que tu souhaiterais faire c'est t'effondrer en larmes. Mais tu es bien plus fort que ça. Tu ne peux te résoudre à pleurer. Pas pour Aurelian, car tu te l'étais interdis. Pas devant Clyde, car ça ne se faisait pas. Tu faisais dos au jeune homme insouciant, qui se languissait de ta réponse, de toi. Et toi, tu préférais te ressaisir. Trouver les mots justes. Ne pas pleurer. Parler, pour ensuite mieux oublier. Se souvenir c'est oublier. Raconte lui. Tu te sentiras mieux. Tu as juste besoin de te confesser. Et ensuite tu l'oublieras. Vas-y Nikolaï. Tu te retournes vers lui, tu le regardes brièvement, et comme honteux, tu détournes le regard pour le fixer sur un carré de tissu.

    « Tu sais Clyde. Mon don, c'est de maîtriser la chance. Ce qui fait de moi peut être l'homme le plus chanceux qui existe. Je pourrais très bien gagner au loto demain. Ou remporter le jackpot à la machine à sous. Je peux parier, et remporter la mise sans même hésiter. Je gagne toujours à pile ou face, et au shifumi. J'évite les accidents et les situations dangereuses. Globalement, j'ai de quoi être heureux ... »


Et tu marques un silence, comme si tu réfléchissais en même temps. Ce que tu disais était vrai. Tout ce qui était relatif à la chance t'avantageait. A chaque fois. Ainsi, il t'ait déjà arrivé de gagner plusieurs fois d'affilée au loto, juste pour essayer. Et de déchirer ton ticket ensuite. Car l'argent ne t'intéresse pas. Tu as souvent fait des petits jeux de hasard avec tes amis, qui à chaque fois s'en sont mordu les doigts en se rendant compte qu'il était quasiment impossible de gagner contre toi. Tant que tu n'avais pas décidé de perdre, ça n'arrivait pas. Tu gagnais ces jeux de hasard, car une auréole dorée t'entourait. Comme un aimant vivant, tu captais la chance, et tu t'en sortais toujours très bien. Aux examens, tu tombais toujours sur les seuls chapitres que tu avais révisé. Tu arrivais toujours à rentrer dans les soirées les plus select' car, par chance, tu trouvais une entrée arrière ouverte, ou autre chose. Et ainsi de suite, à chaque fois. Mais au fond, ça n'avait pas de sens. A quoi bon gagner ? A quoi bon accumuler des biens matériels et de l'argent ? A quoi bon vivre tout ça, si tu n'es plus là Aurelian ? Voilà ce que tu te dis. Tout cela n'a pas de sens. Du moins, ça n'a plus de sens, depuis qu'il est parti.

    « Mais c'est pas ça qui fait le bonheur. Parfois, j'ai connu quelques évènements malchanceux. Le problème, c'est qu'ils l'étaient vraiment. A tel point que tout ça ne sert à rien. C'est futile au fond. C'est pas de ça que j'ai besoin ... J'ai pas besoin de chance. J'ai besoin de quelqu'un ... »


Tes parents t'ont rejeté très tôt, car tu n'étais pas désiré pour eux. Déjà, voilà une des tes plus grandes malchances. Celle d'être né dans une famille sans amour. Et quand tu trouves enfin l'amour, le vrai. Celui qui te faisait vivre et grandir jour après jour. Cet amour dans lequel tu t'épanouissais. Il disparait. Du jour au lendemain, sans laisser de traces, sans te prévenir, sans raisons. Rien du tout. Finalement, pourquoi ne pas aller à Synchronicity ? Là bas, tu as retrouvé ton équilibre. Tu ne pensais plus à lui, tu t'étais fais des amis. Mais ce n'est pas fait pour toi ça, Nikolaï. Ainsi, tes amis et ton petit paradis ont explosé. Le feu a rongé cette école qui était devenue ta maison et à emporter tes amis, ta nouvelle famille. Triste histoire, n'est-ce pas ? Alors oui. Peut être que la chance te garde envie. Peut être que tu arrives à gagner au loto. Peut être que tu es protégé du danger. Mais en tout cas, ta vie n'est pas un long sentier sans embuches. Ce serait trop facile. Ton don est horrible pour ça. Il t'offre régulièrement des petites doses de chance, qu'il reprendra un jour tôt ou tard. Avec force et puissance. Et quand ça arrive, tu ne peux que subir la force implacable du destin et du hasard, qui frappent à ta porte, et emmènent ce que tu as construit. Voilà ta malédiction, et c'est bien fait pour toi. A vouloir défier la chance, tu es devenu son souffre-douleur. Tu as voulu être au dessus des hommes. Maintenant, te voilà bien puni. Et rien ne pourra remédier à ça. Et attends toi à en vivre encore beaucoup, des malheurs.

    « Mais ce n'est rien, t'en fais pas ! J'ai l'habitude maintenant. J'sais à quoi m'en tenir ... »


Tu poses un regard tendre sur lui, qui t'écoute attentivement. Puis, tu te redresses, et enlèves subitement ta veste et ton t-shirt, dont la sensation froide et humide était devenue plus qu'insupportable. Tu les roules en boule avant de les jeter à tes pieds. Et comme par pudeur, tu prends soin de te couvrir avec la couverture, afin que Clyde ne puisse te voir torse nu. Fausse pudeur en réalité, car cela ne te ressemblait pas. Mais cette confession t'avait mis à nu. Et c'était cette pudeur qui était touchée au fond. Pas la pudeur physique. Mais cette pudeur sentimentale qui te caractérise. Le sensation de la couverture chaude sur ton dos glacé te remplit de soulagement, et te fait presque oublier ton petit coup de blues. Tu te sentais un peu mieux, un peu plus léger. Et un sourire soulagé se dessina sur ton visage. Tu ne l'oublieras jamais, malheureusement Mais peut être que ça aussi, ça fait parti des malheurs que tu dois endurer. L'amour d'Aurelian restera ton plus beau des malheurs.

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Clyde Jaggerjack
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Mer 4 Avr - 11:34

"Si tu le dis..."

A croire que nous sommes tous maudits. Ce faux sourire obscur que nous affichons tous, ces yeux mis clos qui miroitent de l'envie de pleurer. Pas vraiment humain, pas vraiment monstre, pas vraiment quoi que ce soit. Juste différent. Nous sommes les déchets du Monde, tous recueillis dans une jolie poubelle en pierres allemandes, cachés à la vue de la société car nous n'y appartenons pas tout à fait. Restons confortablement dans notre prison moelleuse, parce que c'est la seule place qui nous est réservée, ou plutôt, autorisée. Après tout, ce n'est pas comme si nous pouvions avoir un travail, fonder une famille, vieillir heureux et nous laisser mourir tranquillement dans une maison de campagne. Non, ce genre de futur ne nous est pas accordé. Nos coeurs pèsent trop lourd pour que nous les supportions sans mal. Nous ne nous détacherons jamais de nos souvenirs oppressants et les fantômes de nos vies nous hanteront à jamais. Les existences paisibles ne sont pas une option pour les Misayas, nos âmes seront forcément tourmentées, déchirées comme celles des plus grands héros de tragédie. Pourquoi ? Parce que la normalité s'est écartée de nous et a laissé à la charge du Destin de se jouer de nous. Il nous a couvert de dons, capacités inconnues et effrayantes, dangereuses ou ridicules et maintenant, nous voilà. Il y a ceux d'entre nous qui se coupent de tout et s'abandonnent à l'école en s'enfouissant lentement dans la culpabilité, d'autres qui ignorent leur situation et continuent à vivre comme si de rien n'était, et ceux qui se sont blessés, se sont écroulés puis relevés et qui tournent vers vous un sourire malheureux en vous assurant que ce n'est pas grave. Que maintenant c'est fini. Que de toutes façons, ils n'y peuvent rien, et qu'ils n'ont pas si mal que ça. Je veux bien m'avouer naïf et peut être même benêt, et c'est bien vrai que même si je détaille quelque chose pendant des heures, je peux passer à côté du plus gros. Mais Nikolaï, je l'ai bien observé. En fait, je ne l'ai presque jamais quitté des yeux. Et je l'ai senti. J'ai senti que c'était faux, ce qu'il me disait. Ce n'est rien ? Tu as l'habitude ? Tu sais à quoi t'en tenir ? Mais à quoi t'en tiens tu, Nikolaï ? Quel est ce sujet que tu évites habilement sans toutefois t'empêcher d'y faire référence à chaque mot ? Que t'est-il arrivé, pour que tu mentes fébrilement en affirmant que tout va bien ? Quel est ton souvenir à toi, Nikolaï ? Tu sais, celui qui bouffe avidement nos vies pour n'en laisser que les plus sombres miettes. Celui que tout le monde a, ici. Celui que chacun s'évertue à cacher. Quel est le tien, Nikolaï ?



Des milliers de questions lui brûlaient les lèvres, mais Clyde ne se hasarderait pas à les poser, au risque de faire fuir Nikolaï. Il se contentait de braquer ses petits yeux verts sur ce tas de couvertures qui vibrait sensiblement, comme si l'homme qui s'y terrait réprimait ses frissons, comme s'il étouffait ses tremblements. C'était évident qu'il n'allait pas aussi bien qu'il voulait le prétendre. Même Clyde l'avait remarqué. Mais comment consoler quelqu'un dont on ne connait pas les malheurs ? Serait-ce trop osé de l'enlacer alors qu'il s'est changé si pudiquement toute à l'heure ? Les vêtements de Clyde était trempés, eux aussi, et ils commençaient à refroidir le lit. Clyde se leva, et sortit des draps en contournant à nouveau Nikolaï. Il n'osa pas lui adresser un regard quand il se déshabilla pour enfiler un long t-shirt sec. Simple. Gris. Sans motif. Un habit qui lui ressemble. Il plia ses vêtements mouillés sur une chaise et retourna aux côtés de Nikolaï.



Comment ? Comment soulager des peines qui restent muettes ? Comment panser les plaies qui nous sont invisibles ? Quels mots utiliser alors que tu n'en alignes pas plus de deux par jour, d'habitude ? Clyde, tu n'es pas de nature loquace, et on ne t'a jamais reproché le bavardage, alors maintenant que c'est à ton tour d'ouvrir la bouche pour prononcer les mots qui guérissent, ce qui recousent les morceaux déchiquetés d'un être, comment vas-tu t'y prendre ? Ce n'est pas le moment de paniquer, de t'effondrer en larmes, de faire une crise d'hyperventilation et d'endosser une fois de plus, le rôle bien confortable de celui qui se fait consoler. Maintenant c'est ton tour. Vas y, montre à tous que tu n'es pas qu'un corps qui faiblit trop vite, une paire d'yeux qui verse trop de larmes : un garçon sans la force de l'homme, mais sans la joie de l'enfant. Montre nous que tu sais faire autre chose que t'écrouler dans les bras des autres, juste parce que tu as royalement foiré un seul jour de ta vie. Mais tu n'as pas de mots à offrir à Nikolaï, et personne n'a jamais voulu se reposer sur toi. Sûrement de peur de te briser, tant tu es fébrile.

Layla pleurait bien de temps en temps. Alors comment la rassurais-tu ?

Ton visage s'illumina soudainement, et sans hésiter, tu t'incrustas sous la couverture de Nikolaï. Tu t'enfouis près de lui et entoura son torse de tes bras. Tu l'avais souvent fait aux Shetlands : serrer Layla jusqu'à ce que son chagrin s'éteigne. Bien sûr, avec Nikolaï, le sentiment était différent : beaucoup moins fraternel. Et étreindre un corps aussi grand par rapport au tien t'était difficile. Tu rougis quand tu remarquas qu'il ne portait plus de t-shirt. Mais tu ne te dégonflais pas, et plaquais tout ton corps contre lui, espérant naïvement lui tenir chaud. Tu ramenas tes jambes nues sous la couette et posa ta tête contre son épaule. Ton souffle chaud se répandait dans son cou, tu haletais un peu, nerveux. Tu craignais qu'il ne te repousse, qu'il t'envoie sur les roses, en trouvant que ta manière de le réconforter était "dégueulasse". Parce que même si tu voulais le consoler, est ce que c'était la seule raison pour laquelle tu t'accrochais à ce torse ? C'est bien ce que certains pensaient, alors pourquoi pas lui ? Mort d'angoisse quand tu réalisais ce que tu faisais, et ce qui risquait de se passer, tu ne pus t'empêcher de briser ce silence, que tu aurais voulu reposant, mais qui s'avérait infiniment stressant pour toi.



"Tu sais, Nikolaï, moi, ton don, je le trouve... génial..."



Tu repris ton souffle. Cracher ces quelques mots te prenait une énergie considérable, et tu commençais déjà à respirer trop vite.



"Parce que... C'est peut être parce que tu m'as donné un peu de ta chance, que la branche a craqué et..."


Et qu'il t'a remarqué ? Oui, c'est ça que tu voulais dire, mais ça ne sortirait pas, car tout ce que tu es capable de faire, c'est de crachoter un discours maladroit et décousu, sans queue ni tête.



"Enfin Nikolaï, tu sais... Si tu as besoin de quelqu'un..."


Il y a moi. Si les mots ne sortaient plus, tu lui ferais comprendre en le serrant plus fort. Il est merveilleux ce don, attirer la chance ? C'est incroyable. Est ce que c'était de la chance qu'ils se rencontrent ce soir ? Parce que toi, Clyde, c'est comme ça que tu le ressentais. Tu te sentais merveilleusement, magnifiquement chanceux.
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Sam 7 Avr - 13:48

La vérité, c'est qu'on ne s'y habitue jamais. On n'arrive pas à s'y faire, à s'adapter à ce genre de chose. Les hommes ne sont pas fait pour s'habituer à la tristesse. C'est pourquoi nous sommes tous à la poursuite du bonheur, quoiqu'il advienne. Car c'est le but ultime. Le rêve impossible. Le désir inavouable. Définitivement frustrés, nous sommes obligés de subir les souffrances. Mais jamais, au grand jamais, nous arriverons à nous y habituer. On peut s'habituer à plein de choses. L'absence par exemple. On peut s'habituer au fait qu'une personne ne soit plus là. On ne l'oublie pas, et la tristesse de l'absence reste. Mais l'absence, elle, on s'y fait. On comprend qu'on ne touchera plus la peau de la personne qu'on aime. Qu'on ne la verra plus rire et sourire. Qu'elle ne sera plus jamais là quand on se reveille en sursaut la nuit, et que nos mains cherchent quelqu'un à qui s'accrocher. Aussi terrible que cela puisse être, on peut juste faire avec. Triste ou pas, ça ne ramènera pas la personne. Alors à quoi bon être triste au fond ? Pourquoi se prendre la tête avec des conneries ? Aucune idée. On se pose sûrement trop de questions, trop de problèmes. Pour la plupart insolubles. Des mystères et des interrogations sans réponse. Il nous faudra peut être une vie entière pour comprendre, mais qu'importe. Moi, j'ai couru après Aurelian. J'ai crié par mille fois, et jeté ma peine au loin en espérant que tout s'arrête. J'ai envoyé des SOS, je suis tombé, j'ai voulu en finir. J'ai relevé la tête, je me suis bris des claques, et je suis retombé. J'ai voulu pleurer quand tout allait bien, et j'ai voulu détruire ce que j'avais fais de mieux. Sans raison. Sans logique. Parce que le jour où tu es parti, j'ai perdu la raison. J'ai perdu le sens. Et j'ai dérivé, de telle sorte que je ne pouvais plus me sortir des ténèbres dans lesquelles je m'étais plongé. Entends mon cri. Entends ma voix.

Alors que je perdais la raison tout seul, dans mes pensées, je sentis cette frêle chaleur m'encercler. Clyde s'était accroché à moi, et de sa fragile constitution, il me serrait contre lui, son visage perdu dans mon cou, et son souffle effleurant ma peau froide. Que faisait-il au juste ? Je n'osais pas refermer mes bras sur lui, et je me suis mis à rougir, pris au dépourvu, et un peu gêné d'être torse nu, et de lui avoir livré ces quelques infimes confessions. C'était comme se mettre deux fois à nu. Physiquement et psychologiquement. Alors je restais comme un grand imbécile, les bras ballants. Je prenais encore conscience que le jeune homme était bien maigrichon face à moi, ce qui me donnait tout le temps une drôle d'impression. A vrai dire, j'avais pas mal changé physiquement parlant ces dernières années, et étant encore un ado dans ma tête, mon corps d'adulte me semblait encore étranger à l'heure actuelle. De telle sorte que je ne me rendais pas toujours compte de ma stature plus imposante que je ne le pense. Et il commença à me sortir un nouveau flot de mots étranges. Comme quoi il aimait mon don, et que c'était sûrement grâce à lui que nous nous sommes rencontrés ce soir. Fort probable. Mais pourquoi aujourd'hui, ce soir, en cet instant ? Pourquoi fallait-il que je le rencontre dans ces conditions ? Impossible à dire. La chance est bien capricieuse, et surtout incompréhensible.

Finalement, mes muscles se relâchèrent un par un, mes épaules retombèrent et mon souffle se ralentit. Avais-je vraiment besoin de réfléchir ? Non. Je décidai donc de me laisser porter par le courant. Car rien n'avait de sens. Alors pourquoi chercher des causes ? Pas besoin de chercher toujours des réponses. Tout ce que je savais à cet instant, c'est que j'étais bien, sous la couverture, avec Clyde contre moi. Sa chaleur me transcendait. Son souffle me faisait languir. Et dans cette douceur, ma peau se mit à frissonner agréablement. Je fermai mes bras sur Clyde, je laissai tomber ma tête contre lui, dans le creux de son épaule. Mes mains parcouraient son dos, et caressaient lentement son échine. Je me sentais bien, tout simplement. Comme un retour à la maison. Un retour au origine. Malheureusement, dans cette étreinte ambigüe, je me surpris à penser à quelqu'un d'autre : Aurelian. Je ne me souviens pas avoir connu une telle étreinte depuis bien longtemps. Et malheureusement, cela remonte au moment où Aurelian me tendait les bras. Tant pis. Il n'était pas obligé de savoir. Il n'était pas obligé d'avoir conscience qu'un autre comble mes pensées. Le principal, c'est qu'on soit bien tous les deux, là, à cet instant, non ?

    « La chance, c'est bien compliqué tu sais ... »


Je passais une main dans ses cheveux, caressant sa tête, tandis que ma peau gelée reprenait vie au contact de la chaleur de Clyde. Et il y avait ces phrases inachevées, ces mots muets, que Clyde prononça. Les mots étaient si évidents, que j'arrivais à deviner la fin des phrases, sans qu'il ait besoin de les dire. C'était clair en fait. C'est comme si cette proximité physique entrainait une proximité mentale. A tel point qu'il me semblait presque que je pouvais deviner ses pensées et désirs. Avait-il envie de moi ? C'était bien dangereux. Je sais très bien que je suis un garçon qu'on dit toxique. Vous savez, ce genre de garçons ultra cool et génial en apparence, qui se révèlent être des êtres abjectes, qui cachent un côté bien plus sombre. Leur face solaire n'est qu'un masque, un attrait, un piège, pour tout ce qui ont la crédulité de croire qu'ils resteront sages et gentils. Je ne voulais pas lui faire de mal. Mais je ne pouvais m'empêcher de ressentir quelque chose pour lui. Du désir, et de l'envie. L'odeur de ses cheveux m'emplissait entièrement. Et bien que je ne voulais pas le blesser, une irrépressible se bousculait en moi afin de s'exprimer librement. Que devais-je faire ? J'ai fais ce que je devais faire : je me suis laissé porter par le courant.

    « Les gens sont irremplaçables Clyde. Parce qu'on est uniques, on est aussi irremplaçables ... »


Ça semblait dur et pessimiste ce que j'avais dis à cet instant, surtout pour Clyde qui semblait vouloir être tout pour moi à cet instant. Il voulait être mon Aurelian. Il voulait prendre le risque de m'approcher, et de devenir l'espace d'un instant une illusion. Devenir un faux Aurelian. Me donner l'illusion qu'il est là. Non. Ce n'était pas ce qu'il voulait. C'est ce que je voulais, moi, en fait. Que voulait-il, lui, au juste ? Voulait-il m'embrasser ? Voulait-il un coup d'un soir ? Je n'en savais rien, et au fond, ça ne m'importait plus à cet instant. Je me décollai un peu de lui, et j'attrapai entre mes mains son visage. Et je collai mon front contre le sien, fixant sa bouche et son menton. Nos cheveux se mélangeaient superbement bien. Je sentais son souffle se confondre au mien. Je sentais ses joues chaudes entre mes mains. Son front battait la mesure, et le mien également. J'avais chaud. Mon souffle se faisait haletant, tandis que mes mains tremblait doucement. Clyde, c'est vraiment ce que tu veux ou pas ? Je ne voulais pas lui faire peur, ou l'effrayer. Alors je m'arrêtais là, à quelques centimètres de lui. Je décidais de m'arrêter.

    « Toi aussi, tu es unique et irremplaçable ... »


Je me souvenais aussi de ces moments, avec Aurelian, où nous étions en sous-vêtements, sous la couverture, et qu'il me parlait de philosophie. Et c'était un de ses théories. Chaque être est unique, de telle sorte que personne ne peut le remplacer. Car chaque être vit ses propres expériences et relations, et de part les sentiments que ressentent les autres à son égard, il devient un être à part et unique. Si seulement à cet instant j'avais compris ce que ça signifiait ... Aurelian aimait la philosophie. Il aimait les hommes, et c'était un humaniste dans l'âme. Il avait foi en l'avenir, et en ce que les hommes sont capables, notamment par amour. Est-ce que tu serais fier de ce que j'ai fais pas amour pour toi, Aurelian ? Je ne pense pas. Au fond, je pense que j'ai mal réagi quand tu es parti. J'aurais mieux fais de me laisser porter par le courant, comme là, maintenant ...

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Mer 11 Avr - 0:41

J’ai peur. Je suis mort de trouille. Je n’ai jamais été vaillant, et le courage ne figure pas sur la liste de mes qualités. J’ai envie de sortir de là et partir en courant. Entre nous, je ne sais faire que peu de choses dans la vie : m’enfuir, pleurer puis me faire ramasser à la petite cuillère par un type au hasard. Jean-Camille, Tino, Judie, ils m’ont tendu la main et m’ont arraché à mon monde obscur, mais ils ne sont pas là, et c’est à moi de me débrouiller. À moi de décoder les messages flous de Nikolaï qui échoent comme des mots creux à mes oreilles. J’y comprends plus rien. N’était-ce pas une pique qu’il venait de me lancer ? Nikolaï m’effraie. Je me suis fait prendre dans un jeu bizarre. Les gens sont irremplaçables ? Il n’y a que ceux qui ont perdu des êtres chers qui s’aventurent à prononcer ce genre de phrase. Nikolaï est donc l’un deux. Ses mots me blessent, j’ai mal : son cœur est plein, d’un souvenir ou de sentiments encore brûlants : je n’en sais rien, mais il n’y a pas de place pour moi, même pas un minuscule centimètre-cube où je pourrais me terrer : rien. J’arrive trop tard, comme d’habitude. Moi ? Unique ? Quel autre genre de joli mensonge est-il capable de me susurrer à l’oreille ? Non, je me trompe : je suis bien unique. Je suis le seul à être comme ça. Et je l’espère. Car je ne souhaite à personne d’hériter d’une vie pourrie comme la mienne. Je suis un nul, un raté, un condensé de tout ce qu’il y a de plus inutile au monde placé dans un corps tout aussi naze. Un déchet qui ne sert à rien sauf à polluer votre belle planète. Pas un monstre, juste une coquille vide sans utilité. Il y a eu quelqu’un dans la vie de Nikolaï, et moi je suis le garçon minable qui tente tant bien que mal de donner ce qu’il possède d’affection. Celui qui ne réussira jamais à combler le manque laissé par une personne meilleure, celui qui déglutira amèrement en pensant que l’homme dans ses bras n’en a rien à foutre, celui qui offrira tout son amour pour remplir un cœur percé : c’est moi.

C’est tout drôle. Ça faisait longtemps que je n’avais pas été envahit par autant d’émotions.
Je voudrais exploser de colère quand je pense qu’une personne qui marche sur la même Terre que moi a eu l’affront de blesser Nikolaï. Ça me rend malade d’imaginer la présence en ce monde d’un être assez vil et méchant pour laisser derrière lui une expression aussi triste sur un visage aussi divin. Ça me dépasse, ça me révolte, si je le connaissais, je prierai sûrement Tino de lui régler son compte.
Je voudrais éclater en sanglots et déverser des torrents de larmes car cette petite phrase balancée au milieu de la conversation n’est ni plus ni moins un rejet. Nikolaï ne veut pas de moi, je ne lui suffirai jamais, je serais tout au plus un parasite, une tique, une sangsue : une saleté d’insecte qui s’appropriera ce qu’il pourra. Puis je me ferai arracher par une pince à épiler, ou brûler par un briquet et je n’aurai plus qu’à aller mourir dans un recoin de Virtus Insania.
Je voudrais me lever, éclater de rire et danser, parce qu’il a bien voulu m’accorder plus de cinq minutes de son temps, mieux que ça : il reste. Mon existence lui importe au moins au point de ne pas me laisser crever dans la plaine, c’est déjà magnifique pour moi. C’est de la chance, on pourrait dire que la félicité s’est écroulée sur moi ce soir, dans un sens.
Et je voudrais…

Oui, Clyde ? Tu voudrais quoi ? Difficile de mettre des mots dessus, quand on ne sait pas ce que c’est, n’est-ce pas ? à force de songer à ton dieu, et jusqu’où tu serais capable d’aller pour t’offrir à lui, tu t’étais détaché du monde réel. Tu sais ? L’espace-temps où la divinité en question est toute contre toi. Torturé ou non, Nikolaï conservait son piédestal, malheureux ou non, tu le vénérais toujours autant. Qu’il soit brillant comme le soleil ou obscur comme la nuit, il en restait fascinant, ensorcelant, grandiose. Vos fronts se touchaient maintenant. Vos souffles se mêlaient. Vos cheveux se mélangeaient. Vous étiez si proches que tu te demandais si tu en avais vraiment le droit. Est-ce que tes rétines vont cramer si tu le regardes trop ? Est-ce que les autorités célestes vont te taper sur les doigts si tu le caresses ? Ton cœur battait la chamade, tu avais chaud et tes mains devenaient moites. Tes yeux plantés dans les siens, tu ne pouvais ni les fermer ni les détourner, même si tu l’avais voulu, Nikolaï était trop captivant. Tu tournais au rouge cramoisi et entendais de là les battements de ton cœur qui explosaient ta cage thoracique : tu en avais mal à la poitrine. Au bout de quelques minutes, tu parvins à décrocher ton regard du sien pour le laisser errer le long de son visage. Nikolaï était beau à en tomber par terre, en fait cette pensée te rendait dingue : plus tu pensais ça, plus tu t’approchais dangereusement de la limite à ne pas dépasser pour ne pas déranger les conventions. Comme si mettre un mot sur cette admiration malformée pour Nikolaï allait te pousser dans un gouffre sans fin, ces profondeurs nommées « désir ». Tu te surprenais à vouloir les mêmes choses qu’une fille.
Une fille, Clyde.
Tes yeux pendaient à ses lèvres, tu respirais plus vite, il n’avait rien fait de plus, mais tu suffoquais presque. Tu avais « envie ». Pire, tu en mourrais d’envie. Tu ne savais pas ce que c’était, toi, pauvre adolescent coincé qui tombe dans les bras dans un monstre de désir qui connaît tout, qui sait tout et qui t’emmène avec lui dans les endroits les plus sombres de ton âme. Si Tino te voyait, il aurait honte de toi. D’ailleurs toi aussi, tu voudrais te cacher et étouffer les milles et un papillons qui s’agitent dans ton ventre et les interminables frissons qui te dévorent tout entier. Nikolaï l’a remarqué. Lui aussi tremble.


Les mains de Nikolaï parcouraient ton dos, et sans t’en rendre compte, tu gémissais doucement en te collant un peu plus contre lui. Tes yeux toujours collés à sa bouche, tu comprenais enfin une once de la situation : Nikolaï se laissait aller. Si c’était ce qu’il voulait, alors il l’aurait. Tu regrettais de ne pas pouvoir être la personne que Nikolaï chérissait le plus, tu n’étais pas assez bien pour lui, mais ça, tu le savais. Une larme s’échappa de tes yeux quand tu cédas à ses mains en te penchant vers ses lèvres et en chuchotant tristement, pour t’excuser de ta faiblesse, et de ton réconfort si peu efficace :

« Pardon, Nikolaï, de ne pas être autant irremplaçable. »


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Mer 11 Avr - 11:53

Ce soir, nous étions juste brillants. Clyde et moi, nous étions des astres, et quoique les autres auraient pu dire, nous continuions de briller inlassablement, sans faiblir, bien que nos coeurs étaient fragiles et que nos âmes vacillaient au contact de l'un et l'autre. C'est le soir de l'hésitation, mais aussi de l'épanouissement. Car ce soir, il fallait voir au delà du bien et du mal, il fallait que je me situe au delà du temps, c'est à dire du passé et de son défilé de souvenirs, et du futur et de ses espoirs infondés. Je le savais au fond de moi que ma rencontre avec Clyde n'était pas anodine. Je crois que le destin a décidé de me montrer la voie. Je commençais à comprendre que mon souvenir d'Aurelian n'était que des chaines qui alourdissaient mon coeur, et me foutaient à genoux, sous le poids de la culpabilité et des remords. Même si je pensais à Aurelian, et que je m'interdisais de vivre autre chose, je commençais à attendre autre chose de la vie. Je me suis surpris à rêver d'une vie meilleure, une vie où je n'aurais pas besoin d'attendre Aurelian. Une vie où j'aurais rencontré quelqu'un qui m'aurait fait oublié ce fantôme disparu. Alors ce soir, Clyde, il nous fallait juste briller sans cesse, il fallait qu'on se brûle la peau, à la chaleur de l'autre. Est-ce que ça avait un sens ? Peut être pas. Peut être pour lui. Et peut être secrètement pour moi aussi. Ton souffle dans mon cou. Tes frissons te parcouraient la peau, avant de venir mourir contre la mienne, qui pleine d'envie, se nourrissait de cette sensation fragile et subtile. Mes muscles se contractaient contre toi, te serrant un peu plus fortement contre moi. Si fort et si intense, qu'il me semblait presque qu'on aurait pu fusionner spontanément à cet instant, pour ne former qu'un seul esprit. Un esprit au delà du reste, au delà du monde. Car le monde peut bien s'écrouler autour de nous, sans qu'on puisse envisager autre chose. Il en était de même avec Aurelian.

Car notre monde s'effondrait à cette époque. Notre vie se décousait sous nos yeux. Nos pupilles étaient beaucoup trop dilatées pour qu'on puisse voir autre chose que l'autre. Nos membres étaient annihilés dans une torpeur artificielle. Et on vivait dans ce désespoir, dans lequel on s'était rencontrés, et finalement, on a laissé tomber le monde. On l'a quitté volontairement, car le monde ne voulait pas de nous, et nous ne voulions plus de lui. Alors il pouvait bien s'effondrer. Le ciel pouvait bien s'écrouler sur nos tête. On s'en foutait éperdument. Tant qu'il me tenait la main, j'étais prêt à affronter tout ça. J'ai toujours été comme ça. Si fort et si fragile en même temps. Incapable de pouvoir s'occuper de moi même, mais tellement protecteur envers ceux que j'aime. Clyde, est-ce que tu serais prêt aussi à vivre la fin du monde avec moi, si cela devait arriver ce soir ?

Ce soir, les fantômes se turent un instant. Car il se pencha sur moi, le fantôme de ceux que j' ai aimé s'est arrêté de me poursuivre. Aurelian, mais aussi Cassandre. Partie trop tôt, jolie imprudente, tu as su créer en moi le désir. Un poison aujourd'hui qui me remplit d'aigreur et de remords. Je ne le cache pas : elle aurait pu être tout pour moi. Elle aurait pu être mon remède. Ma solution. Un nouvel avenir. Je ne le saurais jamais. M'a-t-elle seulement aimé un seul instant ? Peut être pas. Si pour elle je n'étais qu'un poids, elle était pour moi une fascination. Lipovsky., où es-tu maintenant ? Je m'écartai légèrement de Clyde, juste pour le voir un peu mieux, et remarquer sa larme qui roulait sur sa joue.

    « Ne t'excuse pas Clyde ... »


Ma main essuyai d'un revers la petite goutte d'eau salée qui encombrait son visage. Je n'aimais pas le voir pleurer. Je n'ai jamais aimé voir les gens pleurer. Qui aime ça d'ailleurs ? Il faut être vraiment tordu pour trouver du plaisir dans la vue des larmes. Il faut avoir peu de considération pour la tristesse des autres. Ou être particulièrement égocentrique. Et comme dans un réflexe protecteur, je passais ma main derrière sa tête, dans ses cheveux, et je la collai contre la mienne, sur mon épaule. J'aurais voulu lui dire des choses rassurantes. Lui venir en aide d'une certaine façon. Lui faire comprendre quelque chose. Mais quoi ? Je ne le savais pas moi même. C'est à peine si j'arrivais à comprendre la situation qui se déroulait sous mes propres yeux.

    « Ne m'en veux pas, tu sais. J'ai mes faiblesses, et mes souvenirs en font partis je crois ... »


Je crois qu'il avait compris au fond ce qui clochait avec moi. Il devait en avoir conscience. Le contraire aurait été étonnant en réalité. Et un sentiment de honte me prenait la gorge, m'ordonnant de lui parler. M'ordonnant de le rassurer. Je ne voulais pas qu'il m'en veuille. Car même si je n'étais pas indifférent à son contact, à lui, je ne pouvais pas oublier tout ça en une seule nuit. Même si il est clair que c'est ce que j'aurais dû faire. Mais je ne pouvais pas. Des années n'y sont pas parvenues, alors comment cela pourrait se faire en une nuit ? Même si je prenais conscience de choses que je préférais ignorer auparavant, je crois qu'il était encore trop tôt. Alors pardonne moi Clyde. Pardonne moi d'être faible, de ne pas pouvoir voir plus loin qu'au bout de la nuit, d'être un homme plein de vieux souvenirs restrictifs. Désolé d'être ce que je suis, Clyde. J'aurais aimé te le faire comprendre, mais les mots restaient bloqués dans ma gorge. A tel point que j'avais envie de pleurer. Mais les larmes ne venaient pas. Car malgré tout, j'étais bien avec lui. J'étais bien là. Donc pourquoi se mettre à pleurer ?
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Mer 11 Avr - 15:18

Ses bras qui se referment autour de toi sont trop forts, trop lourds d’expériences douloureuses. Tes côtes te font mal, et tu te demandes si elles vont craquer sous la pression de cette étreinte. Est-ce que tes os vont se briser ? Est-ce que tu mourras comme les oiseaux que les enfants étouffent de leurs mains en croyant bien faire ? Tu te sentais Icare dans l’âme, toi et tes ailes de cire : tu savais pertinemment qu’à force de t’approcher, tu finirais par brûler au contact du Soleil et t’écraser misérablement au sol. Nikolaï t’enlaçait trop fort, et tu en voulais plus. Qu’il te serre jusqu’à se fondre en toi, ça ne te dérangeait pas, tu accompagnais même le mouvement en te blottissant plus profondément dans ses bras. Tu aurais voulu qu’il te dévore jusqu’à lécher tes os, pour être le nutriment qui fait bouger ses muscles, pour être la protéine qui nourrit son corps, pour n’être plus rien, mais un rien utile à Nikolaï.

Il a remarqué ta larme, il l’a essuyé d’un revers de la main et te rassures tant bien que mal. Toi tu te sens ridicule, à renifler comme un enfant qui retient l’eau de ses yeux en serrant les dents, tu as envie de craquer mais tu ne le feras pas. C’en est fini d’être égoïste et de pleurnicher en piquant des crises juste parce qu’il ne t’aimera jamais : il t’appréciera peut être, alors fais en sorte d’être un peu plus avenant que ça. Tu ne seras jamais premier, mais tu seras peut être dans le top dix, alors bats toi un peu, deviens ce qu’il attend que tu deviennes, moule toi dans le modèle qu’il te présente : bouge toi Clyde. Car si tu n’es pas capable de lui décrocher un sourire, ou de lui faire passer un moment agréable, alors tu n’as rien à faire ici, tu ferais mieux de dégager et laisser la place à quelqu’un de plus méritant que toi. Mais ça, pas moyen que tu le fasses, pour ton bien à toi. Dites à un croyant dévoué que l’être ultime n’est que foutaise, ineptie, mensonge, montrez lui en les preuves, et voyez s’il ne se jette pas par sa fenêtre. A quoi bon vivre, quand celui à qui l’on dédie sa vie n’existe pas ou n’est plus là, au final ? Nikolaï est vrai. Clyde a enfin retrouvé l’existence unique à laquelle se raccrocher. Son corps est chaud, le sang coule dans ses veines, son cœur bat dans sa poitrine : il est ici.

N’importe qui aurait compris que Nikolaï était humain. N’importe qui aurait pris conscience que Nikolaï n’était ni un Dieu, ni un surhomme. Tout le monde aurait eu la capacité de s’apercevoir que Nikolaï était un adolescent déprimé, qui traînait le boulet des souvenirs en marchant difficilement. Pas Clyde. Clyde n’admettait pas que cet homme qui le serrait pouvait être imparfait. Alors c’est avec étonnement qu’il accueillit les paroles du Springties. Des faiblesses ? Quel genre de faiblesses ? Est-ce qu’un Dieu peut commettre des erreurs ? Est-ce que quelqu’un qui est tant au dessus des autres peut se tromper ? N’est il pas la vérité absolue ? N’est il pas tout ce qu’il y a de plus beau ?

Clyde il y a quelque chose que tu ne sais pas : on ne tombe pas amoureux de quelqu’un pour ses qualités, oh non. On devient fou d’une personne à cause de ses défauts, des échecs de sa vie, des cicatrices qui recouvrent sa peau. Tous ces petits détails qui vous fendent l’âme et vous donnent envie de s’approprier l’autre, pour l’aider à se relever, le raccommoder, et le réparer, pour mieux le voir reprendre son envol. Et c’est sûrement pour ça, qu’inconsciemment, tu tombais toujours plus bas dans cet amour à sens unique en écoutant Nikolaï révéler ce qu’il a de mauvais. « Ne m’en veux pas » ? Clyde étouffa un rire de surprise. Il y avait des choses impossibles dans ce Monde, comme obliger Marilyn Manson à s’habiller en rose bonbon, ou contraindre la Terre à tourner dans un autre sens : pousser Clyde à en vouloir à Nikolaï était l’une d’entre elles.

« Jamais je ne t’en voudrais Nikolaï. Tu peux… »

Tu peux devenir le pire des sadiques, me frapper sans relâche, me casser les jambes, me tordre les poignets. Tu peux me cracher au visage devant toute l’école, m’étrangler, me marcher dessus, me traîner dans la boue. Tu peux me gifler, écrabouiller mon restant de fierté, me faire pleurer milles fois. Tu peux découper ma peau pour t’en faire une deuxième, m’arracher les yeux pour les donner aux corbeaux, extraire mon cœur de ma poitrine, le jeter par terre et le piétiner pendant des heures. Tu peux. Parce que malgré tout ce que tu pourrais faire, il y aura toujours un cadavre grelotant qui sera sur tes talons en cherchant ce que tu voudrais de lui. Le petit tas de cartilage qui te suivra partout, ce sera moi, Nikolaï. Je le deviendrais avec plaisir. Parce que je suis déjà fou de toi.

Le flot de paroles était resté dans sa gorge. Alors Clyde restait tremblotant dans les bras de Nikolaï, en bégayant des syllabes au hasard du discours passionné qui ne sortait pas. Tu en voulais à tes cordes vocales fébriles et à cette bouche qui n’articulait rien, tu stoppais ton charabia, mort de honte, et déçu de ne pas avoir pu t’exprimer. Bouleversé et chamboulé par tout ce que tu t’étais surpris à penser, une seconde crise d’hyperventilation avait pointé le bout de son nez. Dans la panique et la crainte de tomber à nouveau dans l’inconscience, tu t’empressais d’accomplir une dernière chose : il fallait qu’il comprenne. Même si les mots ne sortaient pas, il fallait faire autre chose pour qu’il sache.
Tes longs doigts frémissants s’étaient glissés dans ses paumes, et tu avais plongé ton visage dans ses mains. Agenouillé devant lui comme un fou devant son roi, en respirant bruyamment tu humais son odeur et posais tes lèvres sur ses phalanges. Tu embrassais ses mains si chères en espérant qu’il réponde à tes prières sourdes, celles qui crient et hurlent en toi : « Prends moi, prends moi tout entier. » La tête toujours enfouie dans ses mains, tu murmuras dans un soupir :

«  Tu peux tout me faire…Jamais… »

Tu détournas ta bouche pour reprendre ta respiration, et en t’étouffant toujours un peu plus, tu parvenais malgré tout à susurrer tes derniers mots :

« Jamais… je ne t’en voudrais jamais pour rien…  »

Clyde baisa à nouveau les mains de son dieu, en laissant sa gorge siffler comme elle le voulait : il ne se donnerait pas la peine de tenter de contrôler un corps indomptable. Car ton état était sûrement tout autant du aux faiblesses de tes poumons qu’au désir irrépressible qui montait en toi et écrasait ta raison.

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Sam 14 Avr - 14:54

C'était une fausse promesse. Moi aussi, j'ai cru ne jamais en vouloir à Aurelian. Après tout, à l'époque, qu'est-ce qui présageait ceci ? J'avais la chance pour moi, et un amour flamboyant dans le coeur. Je l'aimais plus que de raison, alors comment pouvais-je envisager le fait que je lui en voudrais un jour ? Dans ses moments là, on ne s'imagine pas que l'autre peut nous blesser. Ce n'est pas possible, car l'imagination est biaisée, et ne peut qu'envisager un monde parfait, gravitant autour d'un nouveau soleil. Un nouveau point d'intérêt. Car aimer, c'est ce moment où l'homme arrête de se regarder le nombril, et qu'il prend conscience qu'une autre personne lui est nécessaire dans ce monde, et que cette personne est en face de lui. C'est ça être amoureux. On réalise que le monde est imparfait quand on l'affronte seul, et que c'est un combat perdu d'avance, si personne ne vous vient en aide. Alors on se prend la main, et on change ce monde ingrat et sans forme, sans couleur et sombre, et on lui redonne les nuances qu'il mérite. On donne un sens à la vie, on illumine la nuit, on découvre des choses qui n'existaient pas. Et on revit en quelque sorte. C'est le mythe des androgynes au fond : un être est par nature incomplet, et il ne peut trouver sa plénitude qu'à partir du moment où il a retrouvé sa partie manquante. C'est un puzzle, un énigme, un casse-tête. Et je crois qu'il n'y a rien de plus beau. C'est lumineux et sombre à la fois. Parfois ça a le goût du sucre, et parfois ça devient amer. Mais ça brûle la peau, et ça chauffe les esprits. C'est comme de la drogue, ça vous envoie très haut, et parfois, ça vous ramène au plus bas. C'est dangereux, et c'est le plus beau des abris. C'est la vie qui se moque de la mort. C'est le temps qui s'arrête, et qui se tait.

Je sentais ses lèvres fines sur ma peau. Son doux baiser laissait une trace sur moi. Peut être dans mon coeur, plus que sur ma peau en elle même. Sur mon âme aussi. Comme si il venait d'embrasser celui que j'étais au fond. Je sentais sa fébrilité. Je sentais presque les battements de son pouls à travers ses lèvres. Son souffle s'échouait sur moi, de plus en plus haletant. Clyde, pourquoi tu te fais du mal ? Je ne savais pas ce qu'il attendait de moi. Espérait-il quelque chose venant de moi ? Devais-je lui offrir l'absolution ? Je n'en avais pas le pouvoir. Je ne suis qu'un homme parmi tant d'autres. Peut être même plus paumé que la plupart. Je n'ai rien d'exceptionnel. Je me masque derrière un semblant d'originalité, mais ce n'est qu'une tentative vaine de manifester mon existence. Ma preuve d'existence. Je suis accro à la merde que promet la drogue et l'alcool, et je cherche toujours à fuir. Je suis lâche, égoïste. Alors, que pouvait-il me trouver ? Un gars comme moi, ce n'est pas fréquentable. Un gars comme moi, ce n'est pas attachant. D'ailleurs, si j'avais été aussi exceptionnel, pourquoi m'aurait-il abandonné ?

J'attrapais de nouveau le visage de Clyde que je ramenais vivement devant moi. Mon regard se faisait perçant et profond. Comme si je cherchais à lui dire quelque chose par le regard. Comme si je voulais qu'il me comprenne. Voyait-il dans mes yeux ce que je cache ? Voyait-il ce garçon pour qui mon coeur s'emballe ? Sûrement pas. Car à cet instant, étrangement, je ne pensais pas à lui. Je sondais les yeux de Clyde, et mes pensées se diluaient inexorablement, sans que je sache pourquoi.

    « Ne dis pas ça, j't'en prie ... »


Et sur ses mots, mes lèvres s'écrasèrent sur les siennes, et je l'embrassai. Pas un simple baiser. Pas un bisous. Un baiser passionné. Quelque chose qui évoque l'amour, la passion, et le désir. Quelque chose de plus profond, et de plus complexe. Ces baisers dont on ignore la puissance. Notre esprit n'arrive plus réfléchir, et seul le geste compte. Seul le doux contact des lèvres importe. Je sentais qu'il respirait vite, et au fond, j'espérais presque que ce baiser lui coupe le souffle. Vanité quand tu nous tiens. Il est vrai que je me targue de plus tôt bien embrasser. Mais ça, c'est ça facile. Tout le monde peut le faire. A partir du moment où l'on embrasse avec conviction et passion, le baiser sera toujours réussi. Je me reculai doucement, les yeux fermés, puis je baissai un peu la tête, mes cheveux recouvrant mon visage.

    « Je ne veux pas te faire du mal ... »


Blesser des gens, je sais le faire. Embrasser des inconnus, ça aussi. Je peux coucher le premier soir. Et même m'enfuir le matin, avant que l'inconnu se réveille. Je peux être antipathique. Je peux dire des choses que je ne pense pas pour être blessant. J'ai parfois dû écraser des gens, car le monde de la nuit n'était pas tendre. Et pourtant, Clyde, je me refusais quoique ce soit. Je me refusais d'être blessant, méchant, cruel ou autre. Et ce baiser, je le regrettais presque. Pas qu'il ne m'avait pas plu. Mais qu'allait en penser Clyde ? Et si ça lui avait fait mal ?
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Dim 15 Avr - 18:52

Ces mains chaudes et rassurantes dans lesquelles tu plongeais ton visage, tu aurais voulu y rester toute la nuit. A sangloter sans trop savoir pourquoi, à t'étouffer tout seul, à rester là, juste pour sentir sa présence. Tu te perdais dans ses doigts, tu te rendais ivre de son odeur, tu fermais les yeux et tu coulais. Tu te noyais dans les bras de Nikolaï, mais pas comme quelqu'un qui ne sait pas nager et qui ouvre grand ses yeux d'horreur en perdant son souffle. Non. Toi tu autorisais l'eau à s'infiltrer dans tes poumons, à les remplir petit à petit, tu le laissais t'étouffer avec amour. Si seulement il pouvait y avoir des témoins, si seulement il y avait quelque chose, une raison quelconque qui te retiendrait de t'embourber dans tes sentiments qui ne mènent à rien, qui te restreindrait de t'autodétruire inutilement.

Tino où es-tu quand il commet les plus graves erreurs ? Judie que fais-tu quand il se perd dans un jeu effrayant ? Jean Camille, qu'est ce que tu attends pour débarquer et le raisonner ? Où êtes vous, vous tous ? N'êtes vous pas ses amis ? L'adoration qu'il portait à Nikolaï en était effrayante, horripilante, pourquoi s'acharnait il à offrir tout le souffle de sa vie à quelqu'un qu'il venait juste de rencontrer ? Il aurait mieux valu pour Clyde qu'il ne sorte jamais dans cette plaine, qu'il ne vienne jamais à cette fête, que Tino ne l'y invite jamais, qu'il ne rencontre jamais Tino, qu'il ne rentre jamais à Virtus Insania, que Synchronicity n'explose pas, qu'il ne passe pas ses années là bas, qu'il ne reçoive jamais la lettre, qu'il ne tue pas sa soeur, qu'il ne vive pas aux Shetlands. Il aurait mieux valu pour Clyde qu'il ne naisse pas, tout simplement.

Ma respiration s'emballait, mais je ne m'en préoccupais pas vraiment, je finirais bien par me calmer au bout d'un moment. Enfin c'est ce que je croyais. Mais Nikolaï n'était pas de cet avis. Je ne sais pas ce qu'il lui a pris quand il se mit à "m'embrasser". Car c'était bien ça non ? Même si ce que j'ai lu dans mes bouquins n'avait rien d'aussi violent, c'était bien un "baiser" non ? Il pressait ses lèvres contre les miennes si fort que je n'en respirais plus, j'avais peur, mais j'avais autre chose. Sous mes côtes, mon coeur battait si vite qu'il me blessait. Je m'agrippais à lui pour ne pas m'écrouler, mais j'avais sûrement griffé son dos sans faire exprès... Quelle mouche l'avait piqué ? N'était il pas dégoûté de moi ? Ne me trouvait il pas sale ? Mon corps, ma peau, mon front : tous brûlent. Si la crise cardiaque m'avait épargné de peu pour cette fois, l'hyperventilation, elle, ne faisait pas de cadeau. Il me relâchait enfin, j'entendais des mots, mais j'étais trop sonné pour en comprendre le sens.
Je glissai du lit pour m'écrouler sur le sol glacial et tenter désespérément de me raccrocher à un semblant de plénitude. Mais non, ça ne marchait pas, et à nouveau, je sombrais dans les abysses de mes propres faiblesses. Pourtant je ne voulais pas, non, moi je voulais remonter sur ce lit, je voulais être avec Nikolaï, je voulais qu'il puisse un peu compter sur moi. Mais non, ce corps ne le permet pas.

Même soutenir un désir un peu trop brûlant, ton corps ne le pouvait pas. Alors tu suffoquais par terre en tendant la main vers un sac en papier, près de la tête de lit. Tu ne l'atteignais pas : trop loin. Comme Nikolaï : toujours trop loin. Tu t'aplatissais de tout ton long sur les pavés froid, à bout de souffle et articulais difficilement, la gorge sifflante :

"Nikolaï... Tu peux... Me passer le sac ?..."

Tu toussais, puis reprenais tes inspirations et expirations démesurées, tu crachais tout tes poumons, en attendant qu'à nouveau, ce soit lui qui t'aide.

Juste une dernière fois, sors moi de ce pétrin, je te promets qu'après ça, je saurais t'être utile à quelque chose. Je tiens toujours mes promesses, Nikolaï. Alors s'il te plait... Juste une dernière fois...
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Dim 15 Avr - 20:59

Il y a des milliards de personnes sur Terre. Dans notre vie, notre toute petite vie, on ne peut en rencontrer qu'une poignée, comparé à l'immensité que le monde nous offre. Qu'à cela ne tienne, il nous faut faire ainsi, avec ces quelques milliers de gens que nous rencontrerons dans notre vie. Bien sûr, la plupart ne seront que des noms sur des visages. Des personnes sans vie pour nous. Juste une identité. Un nom de plus sur une longue liste. Après tout, on a conscience de leur existence, et eux ont conscience de la nôtre, mais ça s'arrête à ce niveau là. Il y a ces gens que l'on rencontre, et qui resteront à tout jamais. C'est comme ça. Ils se sont ancrés à nous à un moment clé de notre vie, pour ne plus jamais disparaitre. Ils nous supportent, nous aiment, nous rendent plus forts au quotidien. On les aime, et on leur veut tout le bonheur du monde, comme eux veulent notre bonheur. C'est sincère et désintéressé. On rencontre parfois des gens qui jouent un rôle clé dans notre vie, pour finalement sortir de notre existence. Parfois après une dispute. Parfois naturellement, car le temps a creusé un fossé entre nous. Les adieux sont les seules échappatoires souvent. On sait qu'ils laisseront des marques en nous. Des bons souvenirs, des souvenirs plus tristes, des cicatrices. Mais on sait aussi que ces personnes ont disparu de nos vies, et que même si elles ont compté un jour pour nous, il nous faut les oublier et passer à autre chose. C'est le chemin douloureux et nécessaire qui consiste en l'arrachement des êtes qui nous ont construit. Et au milieu de tout ça, il y a ces gens, dont on ne sait rien, qui débarquent dans votre vie et qui, subitement, chamboulent tout et changent la donne.

Clyde faisait parti de ces inclassables. De ces personnes pour qui, sans raison, on se prend d'affection. Ce n'est pas logique, c'est irrationnel. Mais on sent qu'il y a quelque chose. Quelque chose à protéger. Peut être quelque chose à trouver. Parfois, ça tient en une pensée. Clyde m'avait fait réfléchir sur moi même et sur le rapport que j'avais avec le souvenir poussiéreux et macabre d'Aurelian. Il m'avait fait prendre conscience qu'une autre vie était peut être à porté de main. Peut être que le soleil brillera pour moi. Peut être que mes doigts joueront de nouvelles mélodies, tandis que je chanterais ce qui pourra s'apparenter mon nouvel hymne. Peut être que j'aimerais encore, comme je l'ai aimé, au point de devenir fou. Peut être que mes pas fouleront la piste de danse dans un rythme impossible. Qui sait ? Tout ça s'ouvrait à moi, comme une nouvelle réalité. Un nouveau champ de possibilité. Grâce à toi Clyde, en quelque sorte, même si tu ne réalisais pas ce que cela impliquait et l'impact que tu as eu sur moi. Oh non, tu n'imagines même pas ...

En tâchant de rester calme, j'attrapai le sac en papier que me montrer Clyde, et je sortis de la couverture, pour me pencher sur lui. Ma peau frissonna au contact de l'air froid. Je mis ma main derrière sa tête, et je portai à sa bouche le sac, qu'il saisit peu après. Je le regardais, souffler avec précaution dans son petit sac. Pauvre Clyde. Une question me venait en tête, comme si cela était un problème : était-il heureux ? Il avait un visage si triste, une constitution si faible, une attitude si fragile. J'étais inquiet pour lui. Ce garçon m'intriguait véritablement, dans le sens où il ne correspondait en rien aux gens que j'ai pu rencontré jusqu'à présent.

    « Allez respire calmement. J'ai peut être été un peu brusque ... »


Je lui adressais un petit sourire gêné, montrant par là que j'étais désolé de l'avoir bousculé. Mais c'était la résultante d'un combat intérieur qui s'était opéré depuis ma rencontre avec le jeune homme. C'est l'expression d'une conclusion, d'une nouvelle félicité. Celle qui m'incitait à aller de l'avant. Qu'il fallait que je ris, souris, danse. C'était ça ce baiser, plus symbolique qu'autre chose. Je suis vraiment désolé Clyde. Si je pouvais réparer mes erreurs, je le ferais. Mais la chance n'a rien à voir avec ça. Quelle dommage.

Finalement, j'attrapai Clyde dans mes bras, et je le soulevai du sol. J'allongeai le garçon dans son lit, et je le recouvris de sa couverture. Sans un mot, je me glissai timidement à ses côtés, comme si c'était une demande secrète. Celle de pouvoir m'endormir ici cette nuit, à ses côtés. Car je ne voulais pas partir. Pas encore. Je voulais juste me reposer un instant. Juste fermer les yeux un petit peu. Ne pas être seul. Car je déteste être seul. Juste me reposer. C'était ce que je voulais. Clyde, accepterais-tu de partager ton lit avec un garçon comme moi ?

    « Je ... Est-ce que j'peux rester ? J'ai pas envie d'être seul, pour être sincère. »


Je le regardais, allongé contre lui dans ce lit. Je sentais sa chaleur contre ma peau encore trop froide. Mon torse battait la mesure de mon coeur qui se faisait lent. La nuit était bien avancée, et le temps se pressait tout contre moi. Je me blottissais contre la fatigue, et mon esprit se diluait au fur et à mesure. Dormir, c'était tout ce qu'il restait à faire. Clyde, accepte moi encore une fois s'il te plait. Je te jure qu'après j'arrêterais de t'importuner. J'en ai déjà trop fais je crois. Fais moi confiance, je ne serais plus un poids pour toi. Je t'en fais la promesse secrète.

Et je n’eus pas le temps d'entendre la réponse de Clyde, car mes yeux se fermèrent, doucement, pour ne plus s'ouvrir avant un moment. Je suppose que la réponse était oui, sinon il m'aurait réveillé pour me demander de partir. Ce qu'il ne fit pas d'ailleurs. Et mon sommeil se voulut réparateur et sans rêves. Très calme. Mais je me réveillai en sursaut. La lumière rosée du matin commençait à s'immiscer dans la chambre baigné de lueurs chaudes. Clyde dormait profondément. Je ne me sentis pas le coeur de la réveiller. Alors je rassemblai mes affaires calmement, sans faire le moindre bruit, et il est vrai que j'étais un habitué de ce petit tour de magie, qui consistait en ma disparition dès l'aube venu. Je ne pris pas la peine de me rhabiller. Les gens ont déjà vu un mec torse nu. D'un pas de loup je traversai la chambre, et j'ouvris la porte en prenant soin de ne pas la faire grincer. Je jetai un dernier regard sur Clyde. Il était vraiment adorable, en train de dormir. J'avais un peu honte de partir comme un voleur. Mais je n'étais qu'une créature de la nuit. Je devais disparaitre le jour venu. M'en aller. Je savais de toute façon que nos chemins finiraient pas se recroiser. Je savais qu'il finirait pas me retrouver. Je t'attendrais Clyde, ne t'en fais pas. On se reverra. Sans un bruit, je sortis dans le couloir, et je fermai la porte, fermant par la même occasion ce drôle d'épisode nocturne. Il y a des gens qu'on rencontre par hasard, et qui laisseront en vous ce petit quelque chose de nouveau. Qui vous donne un nouvel éclat. Mon coeur était un peu lourd à l'idée de laisser Clyde en plan. Mais ce n'était que partie remise. En attendant, j'avais juste envie de me griller une clope, et de me faire un rail. Le quotidien reprenait sa course, le soleil se levait, et moi j'errais jusque dans le parc, torse nu. Le froid matinale me fit frissonner, et j'allumais une cigarette que je m'empressais de fumer. C'était un beau matin. Un de ces matins qu'on aime admirer après une belle soirée.
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Mar 17 Avr - 12:03

L'aube, dans ses draps rosés, tapait à ta fenêtre pour te sortir des tiens. Elle s'immisçait dans ta chambre, envahissait tout l'espace et te prenait dans ses bras. Tu émergeais doucement, te hissant sur tes coudes et reprenais peu à peu tes esprits. Un peu trop même. La soirée de la veille défila en flash dans ta tête, et tu te retournais brusquement, pour découvrir à tes côtés une place vide. Encore tiède de la présence de quelqu'un, la couverture avait été rabattue, et les dalles avaient été foulées silencieusement pour qu'on ne te réveille pas. Nikolaï était parti. Tu t'asseyais dans ton lit, atterré, décomposé, les yeux dans le vide. Tu ramenais tes genoux contre ton torse, juste pour avoir quelque chose à serrer. Tu avais froid. Froid d'être seul à nouveau.

Je le savais pourtant. Je m'étais fait à l'idée que Nikolaï était de passage. Alors pourquoi ? Pourquoi ça fait si mal ? Pourquoi je ne parviens pas à me contenter d'hier soir ? C'était un beau moment. Le genre qui se produit exceptionnellement. Ces quelques heures hors du commun, où le monde ne se limite qu'à deux personnes : il y avait lui, il y avait moi, et c'était tout. D'un silencieux accord je l'avais autorisé à garder mon lit, et je l'avais dévisagé pendant des heures à la lumière bleutée de la lune. Je voulais porter mes doigts jusqu'à ses joues, caresser son front mais je n'osais pas. Je tremblais comme une feuille de l'avoir si près de moi, seulement quelques centimètres nous séparaient, et nous étions si proches que son souffle chaud se mélangeait au mien. J'avais lutté contre le sommeil autant que possible pour profiter encore un peu de Nikolaï, parce que j'avais ce mauvais pressentiment, ce sentiment étrange, que si je fermais les yeux tout ce que nous avions vécu partirait en fumée. Et apparemment, je n'avais pas eu tord. Pour être honnête, j'en venais à me demander si nous nous étions vraiment rencontré. Avais-je rêvé ou fabulé ? Etaient-ce les manifestations tordues de ma solitude dévorante ? Non, le matelas était encore chaud, je ne portais pas mon gant ridiculement rose, il y avait encore la serviette humide au pied du lit et la porte était restée entrebâillée. Ce n'était donc pas un songe, je m'étais juste fait abandonné. Juste ça, encore une fois.

Clyde serra le drap dans ses petits doigts et plongea sa tête dans ses genoux. Secoué par des sanglots déchirants, il ne ressemblait plus qu'à une vieille carcasse vide qui meurt de froid en versant toutes les larmes de son corps. L'eau salée ne s'arrêtaient jamais de couler sur ses joues rouges de les avoir trop frottées, et le chagrin le submergeait comme un raz de marée engloutit une île : une fois de plus, il se retrouvait seul. Soudain il se rappela vaguement d'une scène de la veille. Quand Nikolaï l'avait embrassé. Quand il lui avait dit quelque chose que Clyde n'avait su comprendre, trop occupé à se battre avec ses poumons. Maintenant il s'en souvenait, il lui avait dit qu'il ne voulait pas lui faire de mal. A ces mots qui sonnaient vide pour lui, à présent, ses pleurs reprirent de plus belle.

Tu aurais préféré ne pas le rencontrer finalement. Quand on s'habitue à être seul, on a moins mal, on souffre moins. On se fait à l'idée que personne ne pense à nous, là tout de suite, et que l'on ne doit penser à personne. On sait qu'on ne manque à personne, et vice versa. C'est bien comme ça, on se contrôle, on sait ce qu'on fait. On ne peut pas regretter quelque chose qu'on n’a jamais eu. Clyde, tu n'avais jamais aimé personne, alors tu t'en sortais comme ça, en te confinant dans ta solitude confortable. Mais maintenant c'est fini. Tu sais ce que ça fait d'être enlacé par quelqu'un qu'on chérit, et maintenant qu'il n'y a plus de bras pour te serrer, tu crèves de tristesse.
Tu replonges ton squelette grelottant sous tes couvertures en laissant tes larmes mouiller ton oreiller. Tu ne sais plus quel jour on est. Tu n'en as rien à foutre, de toutes façons. Tu ne sais pas quelle heure il est, et tu n'as pas envie de savoir. Tu ne sais pas quel est ton premier cours de la matinée, d'ailleurs tu n'iras pas. Tu n'as plus la force de rien faire, et tu pries pour qu'on te laisse te morfondre ton lit. Juste aujourd'hui, qu'on te laisse le temps de reprendre le rythme effréné de la vie à Virtus. Une vie sans Nikolaï.

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